QUATRIÈME SÉRIE. LETTRES CCXXXI - CCLXX LETTRES SANS DATE.
Dans cette belle et éloquente lettre adressée aux païens de Madaure, saint Augustin ramasse ce qu'il y avait de plus capable de frapper leur esprit : on n'a jamais mieux parlé de l'établissement du christianisme. Il nous semble impossible qu'au temps où nous sommes, un homme du monde qui n'est pas chrétien, lise sans profit ces pages écrites il y a tant de siècles.
Charmante et curieuse lettre de saint Augustin adressée à un philosophe païen. Rien n'est plus attachant que cette façon pacifique et bienveillante de questionner un homme éclairé, encore retenu dans les ombres du polythéisme.
Longinien répond avec une tendre vénération et une crainte respectueuse : sa doctrine, un peu vague, est un néo-platonisme qui pense se donner de l'autorité en invoquant les noms d'Orphée, d'Agèse et de Trismégiste.
Saint Augustin se félicite de voir le débat engagé; il pose des questions précises; Longinien y répond sans doute, mais nous n'avons pas la suite de cette correspondance d'un intérêt si attachant.
Deutérius était évêque de Césarée ; saint Augustin lui dénonce et lui renvoie un sous-diacre convaincu du manichéisme. Il expose en peu de mots la doctrine des manichéens, en expliquant ce qu'on appelait parmi eux les auditeurs et les élus.
On trouvera dans cette lettre des détails sur les manichéens et surtout sur les priscillianistes ; ceux-ci avaient érigé le mensonge en précepte pour mieux cacher leur véritable doctrine; saint Augustin parle d'un hymne faussement attribué à Jésus-Christ, et que l'Eglise a rejeté. Nous croyons que Cérétius était un évêque des Gaules.
Un arien, d'un rang élevé, appelé Pascence, avait demandé à saint Augustin de conférer avec lui sur la sainte Trinité ; il y eut à Carthage, entre ce personnage et l'évêque d'Hippone une discussion qui n'eut pas de suite, parce que, contrairement à ce qui était convenu, Pascence ne voulut point consentir que des greffiers recueillissent les paroles de la conférence. Pascence, malgré sa haute dignité, n'était probablement pas un homme fort sérieux, et, de plus, n'était pas très-sincère ; il ne craignit pas de dire qu'il avait vaincu Augustin, et que l'évêque d'Hippone n'avait point osé exposer sa foi devant lui: Saint Augustin l' écrivit la lettre qu'on va lire ; on admirera la douce habileté de ses formes envers un homme qui méritait peu de ménagements ; et d'ailleurs il ne lui fait grâce de rien. Il expose sa foi, qui est celle de lEglise, sur le mystère de Dieu en trois personnes.
Saint Augustin, apprenant que Pascence répétait toujours les mêmes faussetés, lui écrit une seconde fois. Il lui demande de s'expliquer et l'engage à lire sa lettre à laquelle cet orgueilleux personnage avait fait un dédaigneux accueil.
Pascence se décide à répondre, et le malheureux n'a que des injures pour l'homme admirable qui lui avait dit la vérité et aurait voulu le ramener à la vraie foi.
Saint Augustin répond à la précédente lettre, sans rien perde de son calme et de sa dignité. Il se permet quelques traits pour remettre à sa place le personnage qui s'oublie, et puis il en vient à la question elle-même, parce que l'intérêt de la vérité demeure toujours présent à sa pensée.
Elpide était un laïque qui partageait les erreurs de l'arianisme ; il lui passa par l'esprit de vouloir éclairer saint Augustin sur la sainte Trinité ; il adressa à l'évêque d'Hippone une lettre qui ne nous est point parvenue , en même temps qu'un livre composé par un évêque arien. Elpide invitait aussi saint Augustin à consulter deux ariens qu'il disait fort savants. Notre Saint lui écrivit la lettre suivante.
Un personnage, appelé Létus avait formé le dessein d'embrasser une sainte vie; il était parti d'Hippone avec les intentions les plus sérieuses et les plus chrétiennes; mais sa pieuse entreprise se trouva bientôt traversée par tous ses proches et surtout par sa mère. Saint Augustin lui écrivit pour soutenir son courage et lui marquer quels sont les devoirs d'un chrétien en face d'une mère qui s'efforce de l'arrêter dans la voie évangélique.
Saint Augustin écrit pour empêcher un chrétien de se désoler outre mesure de la perte de choses temporelles.
Saint Augustin répond à son saint ami Possidius, qui l'avait consulté pour savoir s'il devait interdire certaines parures parmi les chrétiens. On trouvera ici des détails qui sont d'intéressants traits de moeurs de cette époque, et l'on s'étonnera de la persistance de certaines pratiques païennes au milieu d'un peuple converti à la foi de l'Evangile.
Saint Augustin fait voir en peu de mots ce qu'il y a de faux et d'absurde dans la doctrine qui mettrait les péchés des hommes sur le compte du destin.
Saint Augustin intervient auprès d'un maître impitoyable pour empêcher qu'il exige que des paysans le payent deux fois.
Les souffrances des gens de bien en présence des prospérités des méchants.
Nécessité de supporter les maux dans le monde et dans l'Eglise.
Un jeune évoque avait frappé d'excommunication un personnage appelé Classicien et avait cru devoir envelopper dans lanathème toute sa famille; saint Augustin, alors d'un âge avancé, demande à son jeune collègue comment il entend justifier un acte semblable.
Réclamations élevées contre un prêtre du diocèse d'Hippone; saint Augustin écrit pour que les droits qu'on vent faire valoir ne portent pas un trop grand dommage aux fidèles qui lui sont chers; il refuse d'admettre contre ses prêtres des accusations portées par des hérétiques.
Cette courte lettre est un témoignage de l'ancienne coutume de l'Eglise de recevoir les orphelins sous sa tutelle.
Saint Augustin semble reprocher à un de ses collègues de proposer avec trop de hâte et trop peu de discernement un mari pour la jeune fille placée sous la tutelle de l'Eglise.
L'évêque Bénénatus, renonçant apparemment à ses premières vues, avait proposé pour la jeune orpheline un parti que saint Augustin aurait pu accepter; mais l'évêque d'Hippone ne veut rien précipiter, d'autant plus que la jeune fille semble témoigner l'intention de se consacrer à la vie religieuse.
Rusticus désirait que son fils épousât la jeune orpheline; saint Augustin lui répond qu'il ne saurait consentir à ce projet d'union, parce que son fils est encore païen.
Courte exhortation à marcher dans la voie du Christ.
Saint Augustin répond à une lettre obligeante d'un personnage qu'il ne connaissait pas et dont l'arrivée à Hippone était prochaine.
Martien était un ami des premières années de saint Augustin; mais il était resté païen, malgré l'exemple et les exhortations de notre Saint. Enfin, vint le jour où Martien entra dans la voie chrétienne; à cette nouvelle, l'évêque d'Hippone fut heureux; il écrivit à son ami la lettre suivante; on verra ce qu'il dit de l'amitié et des grandes conditions sans lesquelles toute amitié demeure incomplète.
Un veuf, ancien ami de saint Augustin et qui vivait dans la débauche n'avait pas craint de demander au saint évêque un écrit à la louange de sa femme morte, comme pour le consoler de sa douleur ; l'évêque d'Hippone lui répond avec fine très-belle sévérité , et lui dit qu'il n'obtiendra rien de lui à moins qu'il ne change de vie.
Audax se plaint d'avoir trop peu reçu de saint Augustin et voudrait recevoir davantage; les louanges qu'il lui donne sont pour nous le témoignage du sentiment des contemporains.
Saint Augustin repousse les éloges qu'on lui adresse ; il propose à Audax de lire ses ouvrages ou de venir le voir : c'est la seul moyen de répondre au désir que celui-ci témoigne de s'instruire.
Saint Augustin adresse des reproches et des conseils à une femme mariée.
Une vierge , nommée Sapida, avait un frère diacre à Carthage; elle lui avait fait une tunique, mais le diacre mourut avant de pouvoir s'en servir. Sapida écrivit à saint Augustin pour le supplier d'accepter cette tunique et de la porter lui-même ; elle lui demandait cette faveur comme une grande consolation. L'évêque d'Hippone reçut le vêtement, consentit à s'en servir, et adressa à Sapida la lettre suivante, si pleine de choses touchantes et de belles pensées.
Une pieuse femme qui probablement habitait l'Espagne, avait écrit à saint Augustin pour lui exprimer sa tristesse en voyant son pays livré au travail de l'erreur; l'évêque d'Hippone, dans sa réponse, lui dit ce qu'il a souvent répété, c'est que les uvres du mal en ce monde profitent à l'avancement religieux des amis de Dieu.
Saint Augustin répond à une dame chrétienne qui lui avait signalé les opinions d'un novatien qu'elle connaissait; la secte farouche des novatiens n'admettait pas à la pénitence après le baptême. On sait que le chef de cette secte fut un prêtre ambitieux et fanatique qui se déclara contre l'élection de saint Corneille; l'antipape Novatien n'avait pas de génie et a laissé peu de traces.
Florentine était une jeune fille très-appliquée à l'étude des choses religieuses; elle attendait une lettre de saint Augustin pour oser lui adresser des questions sur les vérités chrétiennes; l'évêque d'Hippone lui écrit avec une bonté admirable et une étonnante modestie. Ceux qui enseignent recevront ici d'utiles leçons.
La petite lettre qu'on va lire est tout ce qui nous reste de la correspondance de saint Augustin avec Fabiola. On tonnait l'histoire de cette descendante des Fabius. Mariée d'abord à un débauché, elle se sépara de lui pour en épouser un autre du vivant de son premier mari; elle avait usé du bénéfice des lois romaines; mais le christianisme condamnait ce second mariage. Fabiola, jeune encore, était veuve de son second mari, lorsqu'elle apprit que ses secondes noces avaient été contraires à la loi chrétienne. La veille de Pâques, on vit cette Romaine, d'un si grand nom et d'une si éclatante vie, couverte d'un sac, pâle et les cheveux épars, se mettre au rang des pénitents publics dans la basilique de Saint-Jean-de-Latran. Depuis ce temps, sa vie fut celle d'une sainte. Elle servit les malades avec tout l'héroïsme de la charité ; c'est à elle qu'on doit les premiers hôpitaux que l'Italie ait connus. Fabiola avait distribué aux pauvres tous ses biens. Dans un voyage aux lieux saints , elle vit saint Jérôme qu'elle eut pour guide et pour maître dans l'étude des divines Ecritures. Chassée de la Judée par l'invasion des Huns, elle revint à Rome où elle mourut. Saint Jérôme, dans une lettre à Océanus, a fait le panégyrique de Fabiola avec beaucoup d'animation et de verve.
Saint Augustin avait emprunté, pour libérer un catholique d'Hippone qui, poursuivi par ses créanciers et voulant échapper à la contrainte par corps, s'était réfugié dans l'Eglise. Le catholique ayant fait d'inutiles efforts pour trouver la somme que l'évêque s'était engagé à rendre au prêteur, saint Augustin, alors absent, s'adresse à la charité des fidèles d'Hippone.
Saint Augustin, infirme et vieux , s'excuse de ne pouvoir se mettre en route pendant l'hiver pour aller assister à la dédicace d'une église.
Celui qui a écrit cette lettre nous est inconnu ; il exprime affectueusement à saint Augustin le regret de ne pas l'avoir rencontré dans une ville d'Afrique où il espérait le joindre, et où il avait seulement trouvé un doua ami de l'évêque d'Hippone, Sévère, évêque de Milève, dont nos lecteurs savent le nom (1). On a quelquefois attribué cette lettre à saint Jérôme. On oubliait que ce grand commentateur des divines Ecritures n'est jamais allé en Afrique.