L'AMOUR DU PROCHAIN

 

 

Appliquons ces considérations à l'amour du prochain. Si nous voulons aimer le prochain pour jouir de sa compagnie en Dieu, notre choix est bon. Mais si ce choix est suivi de désirs honteux ou d'actions déréglées, il s'en trouve corrompu.

 

Dans l'amour de Dieu, nous n'avons pas à nous soucier de lui rendre service, car il est notre Dieu et n'a pas besoin de nos biens. Dans la charité mutuelle, par contre, ayant besoin les uns des autres, nous devons avoir le souci de nous aider mutuellement. D'où notre désir et notre action doivent viser chacun deux objets. Nous devons désirer jouir les uns des autres en Dieu et désirer les uns pour les autres la grâce de jouir de Dieu. Quant à notre action, l'homme étant composé de corps et d'âme, notre activité doit tendre à faire du bien aux autres, au spirituel comme au temporel, dans la mesure de nos moyens. Ici encore, plus notre charité sera remplie d'affection plus elle sera agréable.

 

Dans les chapitres 23 à 30, saint Aelred applique cette doctrine de la charité aux cinq « affectus » que nous avons mentionnés plus haut p. 65.