TH. DE CANTORBÉRY
Précédente Accueil Remonter Suivante

 

Accueil
Remonter
INTRODUCTION
JACQUES DE VARAZZE
PROLOGUE
AVENT
ANDRÉ
NICOLAS
LUCIE
THOMAS
NATIVITÉ
ANASTASIE
ÉTIENNE
JEAN
INNOCENTS
TH. DE CANTORBÉRY
SILVESTRE
CIRCONCISION
ÉPIPHANIE
PAUL ERMITE
REMI
HILAIRE
MACHAIRE
FÉLIX / PINCIO
MARCEL
ANTOINE
FABIEN
SÉBASTIEN
AGNÈS
VINCENT
BASILE
JEAN L'AUMONIER
CONV. DE S. PAUL
PAULE
JULIEN
SEPTUAGÉSIME
SEXAGÉSIME
QUINQUAGÉSIME
QUADRAGÉSIME
IGNACE
PURIFICATION
BLAISE
AGATHE
VAST
AMAND
VALENTIN
JULIENNE
CHAIRE DE S. PIERRE
MATHIAS
GRÉGOIRE
LONGIN
SOPHIE
BENOÎT
PATRICE
ANNONCIATION
TIMOTHÉE
PASSION
RÉSURRECTION
SECOND
MARIE L'EGYPTIENNE
AMBROISE
GEORGES
MARC
MARCELLIN
VITAL

SAINT THOMAS DE CANTORBÉRY *

 

Thomas veut dire abyme, jumeau, et coupé. Abyme, c'est-à-dire, profond en humilité, ce qui est clair par son cilice, et , en lavant les pieds des pauvres ; jumeau, car dans sa prélature, il eut deux qualités éminentes, celle de la parole et celle de l’exemple. Il fut coupé dans son martyre.

 

Thomas de Cantorbéry, restant à la cour du roi d'Angleterre vit commettre différentes actions contraires . à la religion; il se retira alors pour se mettre sous la conduite de l’archevêque de Cantorbéry qui le nomma son archidiacre. Il se rendit cependant aux instances

 

* Tirée de sa vie écrite par plus de dix auteurs contemporains.

 

111

 

de l’archevêque qui lui conseilla de conserver la charge de chancelier du roi, afin que, par la prudence, dont il était excellemment doué, il devînt un obstacle au mal que les méchants pourraient exercer contre l’église. Le roi avait pour lui tant d'affection que, lors du décès de l’archevêque, il voulut l’élever sur le siège épiscopal. Après de longues résistances, il consentit à recevoir ce fardeau sur les épaules. Mais tout aussitôt il fut changé en un autre homme: il était devenu parfait, il mortifiait sa chair par le cilice et parles jeûnes ; car il portait non seulement un cilice au lieu de chemise, mais il avait des caleçons de poil de chèvre qui le couvraient jusqu'aux genoux. Il employait une telle adresse à cacher sa sainteté que, tout en conservant une honnêteté exquise, sous des habits convenables et n'ayant que des meubles décents, il se conformait aux moeurs de chacun. Tous les jours, il lavait à genoux les pieds de treize pauvres auxquels il donnait un repas et quatre pièces d'argent. Le roi s'efforçait de le faire plier à sa volonté au détriment de l’église, en exigeant qu'il sanctionnât; lui aussi, des coutumes dont ses prédécesseurs avaient joui contre les libertés ecclésiastiques. Il n'y voulut jamais consentir, et il s'attira ainsi la haine du roi et des princes. Pressé un jour par le roi, lui et quelques évêques, sous l’influence de la mort dont on les menaçait et trompé par les conseils de plusieurs grands personnages, il consentit de bouche à céder au voeu du monarque; mais s'apercevant qu'il pourrait en résulter bientôt un grand détriment pour les âmes, il s'imposa dès lors de plus rigoureuses mortifications il cessa de dire la messe, jusqu'à ce qu'il (112) eût pu obtenir d'être relevé, par le souverain Pontife, des suspenses qu'il croyait avoir encourues. Requis de confirmer par écrit ce qu'il avait promis de bouche, il résista au roi avec énergie, prit lui-même sa croix pour sortir de la cour, aux clameurs des impies qui disaient : « Saisissez le voleur, à mort le traître: » Deux personnages éminents et pleins de foi vinrent alors lui assurer avec serment qu'une foule de grands avaient juré sa mort. L'homme de Dieu, qui craignait pour l’église plus encore que pour lui, prit la fuite, et vint trouver à Sens le juge Alexandre, et avec des recommandations pour le monastère de Pontigny, il arriva en France. De son côté, le roi envoya à Rome demander des légats afin de terminer le différend mais il n'éprouva que dés refus, ce qui l’irrita plus encore contre le prélat. Il mit la saisie sur tous ses biens et sur ceux de ses amis, exila tous es membres de sa famille, sans avoir aucun égard pour la condition ou le sexe, le rang ou l’âge des individus. Quant au saint, tous les jours, il priait pour le roi et pour le royaume d'Angleterre. Il eut alors une révélation qu'il rentrerait dans son église, et qu'il recevrait du Christ la palme du martyre. Après sept ans d'exil, il lui fut accordé de revenir et fut reçu avec de grands honneurs.

Quelques jours avant le martyre de Thomas, un jeune homme mourut et ressuscita miraculeusement et il disait avoir été conduit jusqu'au rang le plus élevé des saints où il avait vu une place vide parmi les apôtres. Il demanda à qui appartenait cette place, un ange lui répondit qu'elle était réservée par le Seigneur à un illustre prêtre anglais. Un ecclésiastique (113) qui tous les jours célébrait la messe en l’honneur de, la Bienheureuse Vierge, fut accusé auprès de l’archevêque qui le fit comparaître devant lui et le suspendit de son office, comme idiot et ignorant. Or, le bienheureux Thomas avait caché sous son lit son cilice qu'il, devait recoudre quand il en aurait le temps; la bienheureuse Marie apparut au prêtre et lui dit : « Allez dire à l’archevêque que celle pour l’amour de laquelle vous disiez vos messes a recousu son cilice qui est à tel endroit et qu'elle y a laissé le fil rouge dont elle s'est servi. Elle vous envoie pour qu'il ait à lever, l’interdit dont il vous a frappé. » Thomas en entendant cela et trouvant tout ainsi qu'il avait été dit, fut saisi, et en relevant le prêtre de son interdit, il lui recommanda de tenir cela sous le secret. Il défendit, comme auparavant les droits de l’Église et il ne se laissa fléchir ni par la violence, ni par les prières du roi. Comme donc on ne pouvait l’abattre en aucune manière, voici venir avec leurs armes des soldats du roi qui demandent à grands. cris où  est l’archevêque. Il alla au-devant d'eux et leur dit : «Me voici, que voulez-vous? » «Nous venons, répondent-ils, pour te tuer tu n'as pas plus long temps à vivre. » Il leur dit : « Je suis prêt à mourir pour Dieu, pour la défense de la justice et la liberté de l’Église. Donc si c'est, à moi que vous en voulez, de la part du Dieu tout-puissant et sous peine d'anathème, je vous défends de faire tel marque ce soit à ceux qui sont ici, et je, recommande la cause de l’Église et moi-même à Dieu, à la bienheureuse Marie, à tous les saints et à saint Denys. » Après quoi sa tête vénérable tombe sous le glaive des impies, la (114) couronne de son chef est coupée, sa cervelle jaillit sur le pavé de l’église et il est sacré martyr du Seigneur l’an 1174. Comme les clercs commençaient Requiem aeternam de la messe des morts qu'ils allaient célébrer pour lui, tout aussitôt, dit-on, les choeurs des anges interrompent la voix des chantres et entonnent la messe d'un martyr : Laetabitur justus in Domino, que les autres clercs continuent. Ce changement est vraiment l’ouvrage de la droite du TrèsHaut, que le chant de la tristesse ait été changé en un cantique de louange, quand celui pour lequel on venait de commencer les prières des morts, se trouve à l’instant partager les honneurs des hymnes des martyrs. Il était vraiment doué d'une haute sainteté ce martyr glorieux du Seigneur auquel les anges donnent ce témoignage d'honneur si éclatant en l’inscrivant eux-mêmes par avance au catalogue des martyrs. Ce saint souffrit donc la mort pour l’Église, dans une église; dans le lieu saint, dans un temps saint, entre les mains des prêtres et des religieux, afin que parussent au grand jour et la sainteté du patient et la cruauté des persécuteurs. Le Seigneur daigna opérer beaucoup d'autres miracles par son saint, car en considération de ses mérites, furent rendus aux aveugles la vue, aux sourds l’ouïe, aux boiteux le marcher, aux morts la vie. L'eau dans laquelle on lavait les linges trempés de son sang, guérit beaucoup de malades. Par coquetterie et afin de paraître plus belle, une dame d'Angleterre désirait avoir des yeux vairons et pour cela elle vint, après en avoir fait le veau, nu-pieds au tombeau de saint Thomas. En se levant après sa prière, elle (115) se trouva tout à fait aveugle; elle se repentit alors et commença à prier saint Thomas de lui rendre au moins les yeux tels qu'elle les avait, sans parler d'yeux vairons, et ce fut à peine si elle put l’obtenir.

Un plaisant avait apporté dans un vase, à son maître à table, de l’eau ordinaire au lieu de l’eau de saint Thomas. Ce maître lui dit : « Si tu ne  m’as jamais rien volé, que saint Thomas te laisse apporter l’eau, mais si tu es coupable de vol, que cette eau s'évapore aussitôt. » Le serviteur, qui savait avoir rempli le vase; il n'y avait qu'un instant, y consentit. Chose merveilleuse ! On découvrit le vase, et il fut trouvé vide et de cette manière le serviteur fut reconnu menteur et convaincu d'être fin voleur. Un oiseau, auquel on avait appris à parler, était poursuivi par un aide, quand il se mit à crier ces mots qu'on lui avait fait retenir: « Saint Thomas, au secours, aide-moi. L'aigle tomba mort à l’instant et l’oiseau fut sauvé. Un particulier que saint Thomas avait beaucoup aimé tomba gravement malade; il alla à son tombeau prier pour recouvrer la santé : ce qu'il obtint à souhait. Mais en revenant guéri, il se prit à penser que cette guérison n'était peut-être pas avantageuse à son âme. Alors il retourna prier au tombeau et demanda que si sa guérison ne devait pas lui être utile pour son salut, son infirmité lui revînt, et il en fut ainsi qu'auparavant. La vengeance divine s'exerça sur ceux qui l’avaient massacré : les uns se mettaient les doigts en lambeaux avec les dents, le corps des autres: tombait en pourriture ; ceux-ci moururent de paralysie, ceux-là succombèrent misérablement dans des accès de folie.

 

Haut du document  

 

  Précédente Accueil Remonter Suivante