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MARQUIS DE LA FRANQUERIE

 

LA MISSION DIVINE DE LA FRANCE

 

 

La vŽritŽ vous dŽlivrera. Saint JEAN.

 

A qui veut rŽgŽnŽrer une SociŽtŽ quelconque en dŽcadence,

on prescrit avec raison de la ramener ˆ ses origines.

LƒON XIII, Rerum novarum, 15 mai 1891

 

De parti de l'ordre, capable de rŽtablir la tranquillitŽ au milieu de la perturbation

des choses, il n'y en a qu'un : Le parti de ceux qui veulent Dieu, le parti de Dieu.

Pis X, E. Supremi, 4 oct 1903)

 

Il faut pour que la France soit sauvŽe, que Dieu y rentre en Ma”tre pour que j'y puisse rŽgner en Roi.

Comte de CHAMBORD.

 

Bien comprise, la fidŽlitŽ ˆ la Monarchie est un hommage rendu ˆ la majestŽ divine.

R. Mre Camille de Soyecourt, carmŽlite.

 

AVANT-PROPOS DE LA CINQUIéME ƒDITION

 

Le Christ, comme Dieu et mme comme Homme uni ˆ la Personne Divine, a droit de rŽgner sur le monde. Il est libre de choisir Ses instruments pour Žtablir Sa RoyautŽ. Si donc Il a choisi la France et ses rois, qu'on le veuille ou non, il faut bien s'incliner. Mais pour accepter, il convient que cette mission soit prouvŽe.

Trop nombreux affirment : ÇGesta Dei per FrancosÈ qui Žtabliraient difficilement la vŽritŽ de ce glorieux adage. Il nous a donc paru plus opportun que jamais (en prŽsence de l'anarchie spirituelle, intellectuelle et morale du monde moderne) d'exposer brivement cette mission providentielle de la France qui a valu ˆ notre pays d'tre, au dire de Jeanne d'Arc, Çle plus beau Royaume aprs celui du CielÈ.

Il faut que les Franais connaissent cette mission et en pŽntrent l'exceptionnelle grandeur afin qu'ils puissent tre les dociles instruments de la Providence dans l'exŽcution des desseins divins sur le monde et, par l'Žlan de leur dŽvouement et de leur amour envers Dieu se montrent dignes de cette mission qui est la clŽ de vožte de l'Histoire de France, l'explication de son passŽ et le garant de son avenir ; mission qui constitue, aprs celle du peuple d'Isra‘l, le privilge le plus glorieux et le plus transcendant qui ait jamais ŽtŽ accordŽ ˆ aucun peuple : promouvoir la ChrŽtientŽ et assurer le triomphe de la RoyautŽ du Christ sur le monde. Non fecit taliter omni nationi...

II importe Žgalement que les autres peuples et leurs Gouvernements se convainquent de la rŽalitŽ de cette mission divine de la France - tant de fois affirmŽe solennellement par Dieu ˆ la Pucelle et par tant de papes, au nom du Christ. Alors seulement ils s'inclineront devant la volontŽ divine et reconna”tront cette primautŽ du Roi et de la France sur tous les autres Souverains et ƒtats comme voulue et Žtablie par Dieu, en vue du bien commun des peuples, afin que triomphe la RoyautŽ Universelle du Christ, seule garante de la paix gŽnŽrale et de la prospŽritŽ dans la charitŽ et l'amour ici-bas, et de la bŽatitude Žternelle en vue de laquelle les hommes ont ŽtŽ crŽŽs.

Certains diront que l'auteur de cette Žtude fait le jeu d'un parti politique ou d'un nationalisme intransigeant, Žtroit et condamnable. Il s'y refuse et se situe sur un plan infiniment supŽrieur ˆ toutes ces contingences humaines, sur le seul plan solide, celui de la volontŽ de Dieu tant de fois affirmŽe. Car la seule rŽalitŽ qui importe et compte, la seule qui doive dicter tous les actes des ƒtats comme des individus est cette volontŽ divine devant laquelle, t™t ou tard, de grŽ ou de force, il faudra bien s'incliner.

Le seul problme ˆ rŽsoudre est donc le suivant :

Oui ou non, Dieu a-t-il voulu et affirmŽ que le Roi et la France insŽparables l'un de l'autre ont une mission divine ˆ remplir dans le monde, que la France est, par excellence, le Royaume de Dieu, et le Roi de France Son Lieutenant, en vue d'assurer le triomphe de la RoyautŽ universelle du Christ ?

Ce livre basŽ sur des documents irrŽfutables n'a pas d'autre but que d'apporter la rŽponse affirmative ˆ cette question, rŽsumŽe par ces deux fulgurantes et solennelles dŽclarations du pape GrŽgoire IX, Žcrivant ˆ saint Louis :

ÇAinsi, Dieu choisit la France de prŽfŽrence ˆ toutes les autres nations de la terre pour la protection de la Foi catholique et pour la dŽfense de la libertŽ religieuse. Pour ce motif, le royaume de france est le royaume de dieu ; les ennemis de la france sont les ennemis du christÈ ;

et de la Pucelle, proclamant au nom de Dieu :

ÇVous ne tiendrez pas le Royaume de France, de Dieu le Roi du Ciel... mais le tiendra le Roi Charles, vrai hŽritier, car Dieu le roi du ciel le veut.

ÇGentil Dauphin, vous serez lieutenant du roi des cieux qui est roi de france.

Çtous ceux qui guerroient au saint royaume de france, guerroient contre le roi JŽsus, roi du ciel et de tout le mondeÈ.

Puisse cette Žtude Žclairer les ‰mes et les intelligences et contribuer ainsi ˆ l'accomplissement des desseins d'infinie misŽricorde de Dieu sur le monde : ˆ savoir, gr‰ce ˆ l'action concertŽe du Souverain Pontife et du Roi de France, l'instauration et le triomphe du rgne conjoint du SacrŽ-CÏur et du CÏur ImmaculŽ de Marie.

15, 22, 25 aožt 1955.


LIVRE I

 

LA MISSION DIVINE DE LA FRANCE

 

ÇChaque Nation, comme chaque individu, a reu une mission qu'elle doit accomplirÈ a dit Joseph de Maistre. Celle de la France est d'exŽcuter les gestes de Dieu, ÇGesta Dei per FrancosÈ.

 

Et le grand Philosophe d'ajouter :

ÇLe ch‰timent des Franais sort de toutes les rgles ordinaires et la protection accordŽe ˆ la France en sort aussi ; mais ces deux prodiges rŽunis se multiplient l'un par l'autre, et prŽsentent un des spectacles les plus Žtonnants que l'Ïil humain ait jamais contemplŽs [5] È.

 

Strabon, le grand GŽographe de l'AntiquitŽ, semble l'avoir pressenti quand il Žcrit de la Gaule :

ÇPersonne ne pourrait douter, en contemplant cette Ïuvre de la Providence, quÕElle n'ait disposŽ ainsi ce Pays avec intention et non au hasardÈ.

 

En effet, Dieu a toujours prŽparŽ Ses voies. De toute ŽternitŽ, dans Sa prescience des ŽvŽnements, Il avait jetŽ Son dŽvolu sur notre pays et choisi notre peuple pour succŽder au peuple Juif et remplir, pendant l're chrŽtienne, la mission divine qui avait ŽtŽ assignŽe ˆ ce dernier sous l'Ancien Testament.

Cette mission a ŽtŽ et demeure la plus glorieuse, assurŽment, de toutes celles qu'Il a jamais confiŽes ˆ une nation. Aussi, parce que cette mission en raison mme de son importance fera encourir fatalement ˆ la France les assauts rŽpŽtŽs de l'Enfer dŽcha”nŽ, va-t-Il, dans Sa prescience des ŽvŽnements, lui donner un protecteur d'autant plus puissant que les attaques infernales seront plus farouches. Il choisit alors le plus puissant et le premier de tous les Anges, le Chef de toutes les Milices CŽlestes, le grand vainqueur de Satan: saint Michel, qui est associŽ ˆ toutes les grandes pages de notre histoire, inspira personnellement notre Jeanne d'Arc et lui dŽclara ÇJe suis Michel, le Protecteur de la France [6] È.

DŽjˆ, les peuplades de la Gaule croyaient ˆ l'immortalitŽ de l'‰me et mŽprisaient la mort et, bien avant la naissance du Christ, avaient le culte de la Vierge qui devait enfanter le Sauveur du Monde, culte que Notre-Dame de Chartres a continuŽ en le christianisant.

Dans la lutte engagŽe entre VercingŽtorix et CŽsar cinquante ans avant l'avnement du christianisme ne peut-on voir encore l'un des signes de la prŽdestination de notre pays, dont le jeune chef inflige ˆ Rome (c'est-ˆ-dire au paganisme officiel) la sanglante dŽfaite de Gergovie ? ƒphŽmre victoire, sans doute, puisque lÕhŽro•que chef gaulois est vaincu en dŽfinitive et que, magnanimement pour sauver son peuple des reprŽsailles romaines, il sÕoffre en holocauste, est tra”nŽ en esclave derrire le char de CŽsar et est ŽgorgŽ ˆ Rome dans cette prison Mamertine o, un sicle plus tard, le premier Vicaire du Christ, saint Pierre, sera crucifiŽ.

Autre marque de la prŽdestination de notre Pays : le seul tre qui ait volontairement apportŽ un soulagement matŽriel au Divin Ma”tre au cours de sa Passion, VŽronique, nՎtait-elle pas une Gauloise, originaire de Bazas ? Le premier converti du SacrŽ-CÏur, qui fut aussi le premier ˆ oser proclamer la divinitŽ du Sauveur, Longin, n'Žtait-il pas gaulois lui aussi ? N'est-il pas logique, puisque notre Patrie a une mission divine ˆ remplir, que Dieu ait voulu que ce soit une femme de chez nous qui transm”t au monde entier l'image de sa Sainte Face et qu'un soldat de notre Pays ouvr”t son CÏur adorable d'o devaient jaillir tous les trŽsors de gr‰ce, d'amour et de rŽsurrection qui, depuis lors, ne cessent d'embraser les ‰mes droites et qui doivent les irradier davantage encore ˆ l'approche des derniers temps.

Ajoutons encore qu'en mourant, Notre-Seigneur regardait du c™tŽ de l'Occident, et que, le jour de son Ascension glorieuse en montant au ciel, Son regard se portait toujours du mme c™tŽ, comme s'Il avait voulu unir dans un mme geste d'amour suprme Rome et notre France, Son Eglise et Son Royaume de prŽdilection [7] .

Enfin, les premiers ƒvangŽlistes qui apportent ˆ la Gaule Çla bonne NouvelleÈ sont Madeleine, Marthe et Lazare. Lazare, image de la rŽsurrection de la France. Madeleine, la grande pŽcheresse, mais l'‰me au grand repentir et au grand amour qui symbolise ˆ l'avance notre France pŽcheresse d'aujourd'hui, et notre France repentante et amoureuse de demain ; Madeleine, que le Christ a sauvŽe d'un regard et pour laquelle Il eut une toute particulire et tendre affection. En donnant ˆ notre Pays Ses amis de dilection, le Sauveur pour la premire fois lui donnait Son CÏur.

De son c™tŽ, la Vierge ImmaculŽe voulut Žgalement manifester avec Žclat l'amour dont Son CÏur dŽbordait pour notre Pays. A ces Amis de dilection que Son Fils envoie en Gaule, Elle confie ce qu'Elle a de plus sacrŽ au monde, le corps de Sa Mre, sainte Anne, pour qu'ils le dŽposent dans notre sol, pour bien montrer qu'Elle considŽrait que notre Peuple Žtait plus capable qu'aucun autre de La remplacer sur terre pour entourer cette tombe si chre de respect, de vŽnŽration et d'amour.

Puis, si l'on en croit le Martyrologe Romain, le Pape saint ClŽment envoie dans notre pays Denys de lÕArŽopage, converti par saint Paul et qui a assistŽ la Vierge ˆ ses derniers moments. Denys s'installe ˆ Lutce et fait de nombreuses conversions.

Aprs plusieurs arrestations et supplices, il est dŽcapitŽ avec quelques autres ChrŽtiens, sur la Colline de Mars, appelŽe depuis lors Mons Martyrum ou Montmartre [8] , et enseveli ˆ Saint-Denis. Ses restes furent, de tous temps, l'objet d'une vŽnŽration particulire, et il y a bien peu d'ŽvŽnements de notre Histoire auxquels l'Abbaye de Saint-Denis ne soit mlŽe. La Basilique est le sanctuaire o sont enterrŽs tous nos Rois et o est dŽposŽe la vieille Bannire qui nous a si souvent conduits ˆ la victoire au cri de ÇMont-joye Saint-DenisÈ. Aussi n'est-on pas surpris de voir un Allemand, l'auteur de ÇLa Mystique divine, magique et diabolique [9] È s'Žcrier :

ÇDŽtruisez la basilique de Saint-Denis : dispersez au vent les ossements de leurs Rois ; abattez, rŽduisez en cendres cette Basilique de Reims, o fut sacrŽ Klodowig, o prit naissance I'Empire des Francs, faux frres des nobles Germains ; incendiez cette CathŽdraleÈ.

 

Il avait bien compris, le misŽrable, ce que sont Reims et Saint-Denis : les deux symboles de notre Histoire Nationale. Il ne faisait, il est vrai, que continuer les traditions sauvages de sa race. DŽjˆ, au dŽbut des invasions barbares, le gŽnŽral romain CŽrialis disait trs justement aux Gaulois :

ÇLes mmes motifs de passer en Gaule subsistent toujours pour les Germains : l'amour des plaisirs, celui de l'argent, et le dŽsir de changer de lieu. On les verra toujours, quittant leurs solitudes et leurs marŽcages, se jeter sur les Gaules si fertiles, pour asservir vos champs et vos personnes... [10] È

 

CŽrialis avait dit vrai. Pendant plusieurs sicles, les tribus germaniques ne cessrent de ravager la Gaule. C'Žtait le temps o nos ƒvques prenaient la tte de la rŽsistance aux envahisseurs et mŽritrent de s'appeler les dŽfenseurs de la citŽ ; le temps o les Monastres Žtaient les refuges de la civilisation et o les moines dŽfrichaient non seulement le sol de notre France, mais son ‰me et y semaient ˆ profusion toutes les vertus qui devaient y germer en une Žclosion magnifique et nulle part ŽgalŽe. Comment ne pas citer saint Martin, le grand ap™tre de nos campagnes et le fondateur de LigugŽ... ? DŽjˆ, ˆ cette Žpoque, la foi rayonnait de la Gaule sur les autres Pays : saint Patrick qui convertit l'Irlande n'Žtait-il pas un disciple de lՃvque de Tours... ?

Au milieu du V sicle, pour ch‰tier le monde tombŽ dans l'arianisme, Dieu permit qu'Attila ravage‰t, avec ses Huns, les peuples hŽrŽtiques. Redoutable par son gŽnie et par sa cruautŽ, il mit tout ˆ feu et ˆ sang sur son passage, Žgorgeant les populations terrifiŽes. Quand le ch‰timent eut ŽtŽ assez grand, Dieu suscita alors un autre Chef pour vaincre celui qui s'appelait justement "le flŽau de Dieu" et sauver son Eglise : MŽrovŽe, le Roi des Francs. MŽrovŽe Žtait pa•en, mais il avait l'‰me gŽnŽreuse et le cÏur droit ; il souffrait de voir les tortures des populations chrŽtiennes et rŽsolut d'arrter l'envahisseur. Il le rencontra aux Champs Catalauniques, non loin de Reims, o son petit-fils, Clovis, devait tre baptisŽ et sacrŽ. Il tailla en pices les Huns qui s'enfuirent de l'autre c™tŽ du Rhin, laissant au vainqueur un immense butin. MŽrovŽe avait sauvŽ le monde chrŽtien et magnifiquement inaugurŽ les gestes de Dieu par les Francs. Aussi Dieu permit-Il qu'il donn‰t son nom ˆ la premire branche de nos Rois.

Comme s'Il voulait que notre Pays ne fžt Žtranger ˆ aucun des grands ŽvŽnements chrŽtiens, Dieu permit qu'il fžt mlŽ au triomphe de l'Eglise sur l'Empire Romain. L'homme choisi par le Christ pour tre le sauveur de la chrŽtientŽ fut Constantin l'Empereur des Gaules. Et cÕest sur notre sol, ˆ la tte de ses lŽgions, composŽes en partie d'hommes de chez nous que la croix lumineuse lui apparžt avec cette fulgurante promesse de victoire : In hoc signo vinces ! et qu'il se convertit [11] .

ÇQuand le temps fut arrivŽ, que l'Empire Romain devait tomber en Occident, Dieu, qui livra aux Barbares une si belle partie de cet Empire, et celle o Žtait Rome, devenue le Chef de la Religion, destina ˆ la France des Rois qui devaient tre les dŽfenseurs de l'Eglise. Pour les convertir ˆ la Foi, avec toute la belliqueuse Nation des Francs, Il suscita un saint Remy, homme apostolique, par lequel Il renouvela tous les miracles qu'on avait vus Žclater dans la fondation des plus cŽlbres ƒglises, comme le remarque saint Remy lui-mme dans son testament.

ÇCe grand Saint et ce nouveau Samuel, appelŽ pour sacrer les Rois, sacra ceux de France, en la personne de Clovis, comme il dit lui-mme, pour tre les perpŽtuels dŽfenseurs de l'ƒglise et des pauvres, qui est le plus digne objet de la RoyautŽ. Il les bŽnit et leurs successeurs, qu'il appelle toujours ses enfants, et priait Dieu, nuit et jour, qu'ils persŽvŽrassent dans la Foi : prire exaucŽe de Dieu avec une prŽrogative bien particulire, puisque la France est le seul Royaume de la ChrŽtientŽ qui n'a jamais vu sur le tr™ne que des Rois enfants de l'ƒglise [12] È.

 

Le savant Cardinal Baronius Žcrit dans ses Annales ecclŽsiastiques [13] :

ÇA la chute de I'Empire d'Occident, trois races de barbares occupaient les Gaules : les Goths, les Burgondes et les Francs.

ÇTout marchant ˆ la dŽrive, la Divine Providence destina ˆ survivre et ˆ s'Žpanouir dans les ‰ges futurs, le seul de ces peuples o devait s'Žpanouir aussi, au plus haut degrŽ, le culte de la piŽtŽ, de cette piŽtŽ dont ChildŽric fut la fleur et Clovis le fruit [14] .

ÇPour protŽger son Eglise naissante contre les flots envahissants de l'hŽrŽsie [15] et de la barbarie qui rŽgnaient sur tous les tr™nes d'Orient et d'Occident...

Ç...Dieu para”t avoir instituŽ les Rois de France et les a fait s'Žlever sur les ruines des peuples non Catholiques disparus.

ÇC'est pour cela que tous les peuples entachŽs d'hŽrŽsie... furent expulsŽs ou absorbŽs par les Francs, suivant la parole de Notre Seigneur : Tout arbre que n'a point plantŽ mon Pre sera arrachŽ (Mat, xv, 13)

ÇC'est pour cela que le Royaume des Francs s'est Žpanoui dans une riche et luxuriante vŽgŽtation arrosŽe par sa piŽtŽ...

ÇTout cela est d'une Žvidence qui se touche du doigt.

Ç...Il ne fallait rien moins qu'un tel saint (Remy), d'une telle vertu, d'une telle inspiration divine pour amener des tŽnbres de la gentilitŽ ˆ la lumire de lՃvangile, la noble Nation des Francs et son trs illustre Roi.

ÇComme il ne fallait rien moins qu'un tel Roi (Clovis), pour illustrer le premier de tous et ˆ jamais, son royaume de l'impŽrissable Žclat de la religion du Christ, pour entourer d'un amour sans dŽfaillance, d'une protection perpŽtuelle, cette mme religion du ChristÈ.

 

C'est ce que reconnaissait le Pape PŽlage Il :

ÇCe n'est pas en vain, ce n'est pas sans une admirable disposition que la Providence a placŽ la catholique France aux portes de l'Italie et non loin de Rome ; c'est un rempart qu'Elle mŽnageait ˆ toutes deux [16] È.

Mission providentielle de la France, proclamŽe par GrŽgoire IX Žcrivant ˆ saint Louis :

ÇDe mme qu'autrefois la tribu de Juda reut d'en haut une bŽnŽdiction toute spŽciale parmi les autres fils du Patriarche Jacob ; de mme le royaume de france est au-dessus de tous les autres peuples, couronnŽ par Dieu lui-mme de prŽrogatives extraordinaires. la tribu de juda Žtait la figure anticipŽe du royaume de france [17] È.

 

LE PACTE DE TOLBIAC

 

Trois grands saints de France se trouvent participer ˆ la Conversion de Clovis :

- saint Remy, dont nous allons voir les principaux Miracles en faveur de ce Prince et des Rois ses successeurs ;

- sainte Clotilde qui, par son exemple, a une grosse influence sur le Roi, son Žpoux ;

- et la Patronne de Paris [18] , l'amie de la Reine, sainte Genevive qui 30 ans auparavant avait sauvŽ la ville des hordes d'Attila (451), et lui Žvita la famine au moment o, encore entre les mains des Romains, elle Žtait assiŽgŽe par Clovis, dont elle avait prŽparŽ la conversion ds le rgne de ChildŽric, sans tre parvenue, malgrŽ sa trs grande influence, ˆ amener ce dernier prince aux lumires de la foi ; sainte Genevive qui voulait reconstruire un temple magnifique en l'honneur de saint Denis.

 

Comme tout se tient dans notre Histoire de France ! Il semble qu'un lien mystique unit tous ceux que Dieu a envoyŽs pour nous sauver miraculeusement ; saint Denis, qui aurait approchŽ la mre du Sauveur, et sainte Madeleine inspirent ˆ notre pays un culte tout spŽcialement confiant ˆ la Vierge qui, en retour, lui marque sa prŽdilection par ses nombreuses apparitions. Sainte Genevive revivifie le culte de saint Denis ; Jeanne d'Arc (que Dieu fait na”tre ˆ Domremy [19] ) renouvelle le pacte de Clovis et de saint Remy, et dŽpose en hommage ses armes ˆ l'Abbaye de Saint-Denis, etc... Comme si chacun d'eux voulait faire toucher du doigt au peuple de France, qu'il n'est qu'un des artisans du mme Ždifice ; qu'il ne fait que continuer l'Ïuvre du prŽcŽdent missionnaire divin ; et cela de par la volontŽ du Tout-Puissant !

Sur le point de succomber sous les forces ennemies ˆ Tolbiac, Clovis invoque le Dieu de Clotilde, le Christ, et promet de se convertir au Catholicisme s'il est vainqueur. Il obtient une victoire Žclatante contre les Allemands.

ÇC'est dans toute l'exaltation de sa victoire surnaturelle qu'il dicta, dans un magnifique Žlan de foi et de reconnaissance, le superbe dŽcret, vibrant d'enthousiasme et d'amour, qui voue la France ˆ jamais, aussi longtemps qu'elle existera au rgne de JŽsus-Christ, exigeant qu'il fžt placŽ comme loi constitutionnelle du Royaume des Francs [20] , la loi salique [21] que complŽtrent ses successeurs et dont voici quelques passages :

Çla nation des francs, illustre, ayant Dieu pour fondateur, forte sous les armes, ferme dans les traitŽs de paix, hardie, agile et rude au combat, depuis peu convertie a la foi catholique, libre d'hŽrŽsie.

Çelle Žtait encore sous une croyance barbare.

Çmais avec l'inspiration de Dieu, elle recherchait la clŽ de la science, selon la nature de ses qualitŽs, dŽsirant la justice, gardant la piŽtŽ.

Çalors la loi salique fut dictŽe par les chefs de cette nation qui en ce temps commandaient chez elle .....

Çpuis lorsque avec l'aide de Dieu, Clodwigh le chevelu, le beau, l'illustre roi des francs eut reu, le premier, le baptme catholique, tout ce qui dans ce pacte Žtait jugŽ peu convenable fut amendŽ avec clartŽ par les illustres rois Clodwigh, Childebert et Clotaire.

Çet ainsi fut dressŽ ce dŽcret :

Çvive le Christ qui aime les francs !

Çqu'il garde leur royaume et remplisse leurs chefs des lumires de Sa gr‰ce !

Çqu'il protge l'armŽe !

Çqu'il leur accorde des signes qui attestent leur foi, leur joie, la paix, la fŽlicitŽ !

Çque le Seigneur JŽsus-Christ dirige dans le chemin de piŽtŽ ceux qui gouvernent !

Çcar cette nation est celle qui, petite en nombre, mais brave et forte, secoua de sa tte le dur joug des romains et qui, aprs avoir reconnu la saintetŽ du baptme, orna somptueusement les corps des saints martyrs que les romains avaient consumŽs par le feu, mutilŽs par le fer, ou fait dŽchirer par les btes... È

 

Voilˆ notre premire Constitution !

Elle repose sur lՃvangile ! Deux phrases la rŽsument :

vive le christ, qui est roi de france !

vive le roi de france, qui est lieutenant du christ !

 

Ainsi, Ç la France a eu ce bonheur inespŽrŽ, unique au monde, d'avoir la premire b‰ti sa civilisation non pas sur une vŽritŽ philosophique ou religieuse quelconque, sur une vŽritŽ plus ou moins diminuŽe ou discutŽe, mais sur la vŽritŽ totale, intŽgrale, universelle, sur le catholicisme qui signifie la religion universelle. ÇQu'en est-il rŽsultŽ ?

ÇC'est que la France a fondŽ une civilisation merveilleuse comme le monde n'en a jamais vu, qu'elle est devenue cet astre lumineux qui a couvert le monde de sa lumire, de sa chaleur et de ses bienfaits.

ÇOn dit ÇLa civilisation franaiseÈ et on a raison ; mais cette civilisation n'est pas autre chose que la civilisation catholique, apostolique et romaine et elle nÕest dite franaise que parce que c'est la France qui en a tenu le flambeau !

ÇAujourd'hui encore, dans tout l'Orient, malgrŽ les Combes, les Clemenceau, les Briand, catholiques et franais sont synonymes, et tous les catholiques, fussent-ils espagnols, anglais ou italiens, etc... sont dŽsignŽs sous le nom gŽnŽrique de Francs !

ÇAh ! la France avait pris pour base la pierre angulaire mme de l'Eglise : le Christ ; quoi d'Žtonnant qu'elle ait bŽnŽficiŽ de l'universalitŽ du Christ et de l'Eglise ?

ÇEt voilˆ, pour le dire en passant, le vŽritable Internationalisme de la France ! Mais c'est celui de lՃvangile, non celui du Talmud ou de la libre pensŽe, celui de I'Eglise romaine, non celui de la synagogue de JŽrusalem, du temple de la rue Cadet ou de I'Eglise de Genve ! Mais cet internationalisme loin de dŽtruire la personnalitŽ de la France, la suppose ! Comment le flambeau de la VŽritŽ catholique rayonnera-t-il, si vous supprimez le porte-flambeau ? [22] È

 

LE BAPTISTéRE DE REIMS

 

Le miracle auquel on ne veut plus croire existe ˆ l'Žtat permanent : c'est notre histoire. On peut dire avec l'AbbŽ Vial [23] que

ÇLourdes, La Salette, Pontmain, Notre-Dame des Victoires, etc,... ne sont que les avant-derniers anneaux d'une longue cha”ne de miracles qui va du Baptistre de Reims, o est nŽe la France, ˆ la Basilique du SacrŽ-CÏur o elle ressuscitera, en passant par les cycles bŽnis de saint Bernard, de saint Louis, de Jeanne d'Arc, du CurŽ d'ArsÈ ; nous ajouterons aussi de sainte ThŽrse de I'Enfant JŽsus.

 

saint remy et le baptistre de reims sont pour la france ce que mo•se et le sina• furent pour le peuple juif.

 

Le 19 dŽcembre 1907, ˆ l'Archevque de Reims, Monseigneur Luon, nouvellement promu Cardinal, saint Pie X dŽclarait [24]  :

ÇReims conserve la source baptismale d'o est sortie toute la France ChrŽtienne, et elle est justement appelŽe pour cela le Diadme du Royaume. C'Žtait une heure tŽnŽbreuse pour l'ƒglise de JŽsus-Christ. Elle Žtait d'un c™tŽ combattue par les Ariens, de l'autre assaillie par les Barbares ; elle n'avait plus d'autre refuge que la prire pour invoquer l'heure de Dieu. Et l'heure de Dieu sonna ˆ Reims, en la fte de No‘l 496. Le baptme de Clovis marqua la naissance d'une grande nation : la tribu de Juda de l're nouvelle, qui prospŽra toujours tant qu'elle fut fidle ˆ l'orthodoxie, tant qu'elle maintint l'alliance du Sacerdoce et du Pouvoir public, tant qu'elle se montra, non en paroles, mais en actes, la Fille a”nŽe de l'ƒgliseÈ.

Dans la nuit de No‘l 496, ˆ minuit, au jour anniversaire et ˆ l'heure mme de Sa naissance, le Christ lors de la naissance spirituelle de notre France et de nos Rois voulut par un miracle Žclatant affirmer la mission divine de notre Pays et de la Race Royale de MŽrovŽe, au moment mme o saint Remy va proclamer cette mission au nom du Tout-Puissant, pour sanctionner solennellement les paroles divinement inspirŽes de Son ministre. A minuit, alors que le Roi, la Reine et leur suite sont lˆ,

Çsoudain, raconte Hincmar, Archevque de Reims, une lumire plus Žclatante que le soleil inonde lÕEglise ! le visage de lՎvque en est irradiŽ ! en mme temps retentit une voix : la paix soit avec vous ! c'est moi ! n'ayez point peur ! persŽvŽrez en ma dilection ! [25] È

 

Quand la voix eut parlŽ, ce fut une odeur cŽleste qui embauma l'atmosphre.

ÇLe Roi, la Reine, toute l'assistance ŽpouvantŽs, se jetrent aux pieds de saint Remy qui les rassura et leur dŽclara que c'est le propre de Dieu d'Žtonner au commencement de Ses visites et de rŽjouir ˆ la fin. ÇPuis soudainement illuminŽ d'une vision d'avenir, la face rayonnante, l'Ïil en feu, le nouveau Mo•se s'adressant directement ˆ Clovis, Chef du nouveau Peuple de Dieu, lui tint le langage identique quant au sens de l'ancien Mo•se ˆ l'Ancien Peuple de Dieu :

Çapprenez, mon fils, que le royaume de france est prŽdestinŽ par dieu a la dŽfense de lՎglise romaine qui est la seule vŽritable eglise du christ.

Çce royaume sera un jour grand entre tous les royaumes.

Çet il embrassera toutes les limites de l'empire romain !

Çet il soumettra tous les peuples a son sceptre !

Çil durera jusquՈ la fin des temps !

Çil sera victorieux et prospre tant qu'il sera fidle a la foi romaine.

Çmais il sera rudement ch‰tiŽ toutes les fois qu'il sera infidle a sa vocation [26] È.

Au IX sicle, Raban Maur, Archevque de Mayence, a rendu public le passage suivant qui aurait ŽtŽ prononcŽ Žgalement par saint Remy ˆ la fin de son allocution :

Çvers la fin des temps, un descendant des rois de france rŽgnera sur tout l'antique empire romain.

Çil sera le plus grand des rois de france et le dernier de sa race.

Çaprs un rgne des plus glorieux, il ira a jŽrusalem, sur le mont des oliviers, dŽposer sa couronne et son sceptre, et c'est ainsi que finira le saint empire romain et chrŽtien [27] È.

 

Commentant cette magnifique vision d'avenir, l'AbbŽ Vial Žcrit :

ÇLa prophŽtie comprend quatre points :

1¡ La vocation de la France : elle est le Soldat de Dieu !

2¡ Sa gloire future : elle sera sans Žgale !

3¡ Sa durŽe : celle de l'Eglise.

4¡ La sanction divine : rŽcompense ou ch‰timent uniques au monde, comme sa gloireÈ.

 

Et il ajoute en note :

ÇBien remarquer que la prophŽtie est faite directement ˆ la race, ˆ la postŽritŽ, ˆ la famille royale, Çsemini, generi regio, posteritatiÈ comme si la race Žtait aussi insŽparable de la France que la France est insŽparable de l'EgliseÈ.

 

 

LA SAINTE AMPOULE

 

Un nouveau miracle devait se produire le jour mme au Baptistre ; laissons parler Hincmar [28] .

ÇDŽs qu'on fut arrivŽ au baptistre, le clerc qui portait le chrme, sŽparŽ par la foule de l'officiant, ne put arriver ˆ le rejoindre.

ÇLe saint Chrme fit dŽfaut.

ÇLe pontife alors lve au ciel ses yeux en larmes et supplie le Seigneur de le secourir en cette nŽcessitŽ pressante.

Çsoudain appara”t, voltigeant ˆ portŽe de sa main, aux yeux ravis et ŽtonnŽs de l'immense foule, une blanche colombe tenant en son bec, une ampoule d'huile sainte dont le parfum dÕune inexprimable suavitŽ embauma toute lÕassistance.

dŽs que le prŽlat eut reu lÕampoule, la colombe disparut ! È

 

CÕest avec le saint chrme contenu dans cette ampoule, qu'ont ŽtŽ sacrŽs tous nos Rois [29] .

Comme au baptme du Christ, c'est Çle Saint-Esprit qui par l'effet d'une gr‰ce singulire apparut sous la forme d'une colombe et donna ce baume divin au pontife [30] È voulant assister visiblement au sacre du premier de nos Rois, pour marquer ainsi d'un signe sacrŽ de toute spŽciale prŽdilection notre Monarchie, consacrer tous nos Rois et imprimer sur leur front un caractre indŽlŽbile qui leur assurerait la PrimautŽ sur tous les autres Souverains de la terre ; enfin les munir de Ses sept dons pour qu'ils pussent accomplir leur mission providentielle dans le monde.

Ainsi, pour le Sacre de nos Rois, Dieu a voulu non d'une huile terrestre, mais d'une huile cŽleste afin que le Roi de France (tout comme le Christ) fut non pas fictivement mais trs rŽellement et vŽritablement Çl'ointÈ du Seigneur. Ce privilge unique Žtait reconnu dans le monde entier. Dans toutes les cŽrŽmonies diplomatiques, en effet, l'ambassadeur du Roi de France avait le pas sur ceux de tous les autres Souverains parce que son Ma”tre Žtait ÇsacrŽ d'une huile apportŽe du cielÈ ainsi que le reconna”t un dŽcret de la RŽpublique de Venise datŽ de 1558. Hommage universel rendu au miracle de la Sainte Ampoule et reconnaissance Žclatante de la prŽŽminence du Roi Trs ChrŽtien sur tous les autres Princes de la terre [31] .

CՎtait pour commŽmorer toutes ces merveilles que le peuple, ˆ chaque sacre ou dans chaque grande rŽjouissance publique, criait : No‘l ! No‘l ! Vive le roi ! No‘l ! No‘l !

 

A l'occasion de son baptme et de son sacre, Clovis reut des fŽlicitations de nombreux Žvques gaulois et Žtrangers; il est deux lettres qui, entre toutes, mŽritent d'tre mentionnŽes, celle de saint Avit, Žvque de Vienne.

ÇLe No‘l du Seigneur, Žcrit saint Avit [32] , est aussi le No‘l des Francs ; vous tes nŽ au Christ, le jour o le Christ est nŽ pour nous... Votre foi est notre victoire, et nous sommes les vainqueurs partout o vous combattez [33] È.

 

Et celle du Pape Anastase Il :

ÇGlorieux Fils, nous nous fŽlicitons que votre avnement ˆ la foi inaugure notre pontificat. Un si grand ŽvŽnement fait tressaillir de joie le sige de Pierre... Que la joie de votre Pre vous fasse cro”tre dans les saintes Ïuvres. Comblez nos dŽsirs, soyez notre couronne et que notre mre I'Eglise s'applaudisse des progrs du grand Roi qu'elle vient d'enfanter ˆ Dieu.

ÇIllustre et glorieux Fils, soyez sa gloire, soyez pour elle une colonne de fer !

ÇNous louons Dieu, qui Vous a retirŽ de la puissance des tŽnbres, pour faire d'un si grand Prince le dŽfenseur de Son eglise et opposer votre gloire aux attaques des pervers.

ÇContinuez donc cher et glorieux Fils, afin que le Dieu tout-puissant entoure votre sŽrŽnitŽ et votre royaume de Sa protection et commande ˆ Ses anges de vous protŽger dans toutes vos voies et vous donne la victoire sur tous vos ennemis [34] È.

 

LES ARMES DE FRANCE

 

Le Christ allait encore accomplir de nouveaux prodiges en faveur de Clovis :

ÇOn lit... en auculnes escriptures qu'en ce temps avoit un hermite, prudhomme et de saincte vie qui habitoit en un bois prs d'une fontaine, au lieu qui de prŽsent est appelŽ Joye-en-Val, en la chastellenie de Poissy, prs Paris auquel hermite ladicte Clotilde, femme dudict Roy Clovis avoit grande fiance et pour sa sainctetŽ le visitoit souvent et luy administroit ses nŽcessitez.

ÇEt advint un jour que ledict hermite estant en oraison, un ange s'apparut ˆ luy en luy disant qu'il feist raser les armes des trois croissans que ledict Clovis portoit en son escu (combien qu'aucuns disent que c'estoient trois crapeaux) et au lieu d'iceux portast un escu dont le champ fust d'azur, semŽ tout de fleurs de liz d'or, et luy dict que Dieu avoit ordonnŽ que les Rois de France port‰ssent doresnavant telles armes.

ÇLedict hermite revela ˆ la femme dudict Clovis son apparition ; laquelle incontinent feit effacer Iesdicts trois croissans ou crapeaux, et y feit mettre lesdictes fleurs de liz et les envoya audict Clovis son mari qui, pour lors, estoit en guerre contre le Roy Audoc, sarrazin qui estoit venu d'Allemagne ˆ grande multitude de gens, es parties de France et avoir son sige devant la place de Conflans Saincte Honorine, prs Pontoise.

ÇClovis se combattit et eut victoire : et combien que la bataille commenast en la ville, toutefois fut achevŽe en la montaigne, en laquelle est ˆ prŽsent la tour de Montjoye.

ÇEt lˆ fut pris premirement et nommŽ le cry des Franois et les armes, c'est ˆ savoir Montjoye et depuis y a ŽtŽ adjoustŽ Sainct Denis.

ÇEt, en la rŽvŽrence de la mission desdictes fleurs de liz, fut illec en la vallŽe fondŽe un monastre de religieux qui fut et encore est appelŽe l'abbaye de Joye-en-Val, pour la mission de la saincte Ampolle et desdictes fleurs de liz qui furent envoyŽes ˆ ce grand roy Clovis, premier roy chrestien.

ÇEnquoy appert Žvidemment que Dieu notre Pre et Sauveur a singulirement aimŽ les Rois de France et les a voulu dŽcorer et garnir de singulires gr‰ces et prŽŽminences pardessus tous autres rois et princes terriens et d'iceux faire les deffenseurs de la saincte Foy et Loy de JŽsus-Christ [35] È.

 

Et Guillaume de Nangis, dans la chronique de saint Louis, explique ainsi la signification symbolique des armes de France :

ÇPuisque Notre Pre JhŽsus-Christ veut espŽcialement sur tous autres royaumes, enluminer le royaume de France de Foy, de Sapience et de Chevalerie, li Roys de France accoustumrent en leurs armes ˆ porter la fleur de liz paincte par trois fueillŽes (feuilles), ainsi come se ils deissent ˆ tout le monde : Foi, Sapience et Chevalerie sont, par la provision et par la gr‰ce de Dieu, plus habondamment dans nostre royaume que en ces aultres, Les deux fueillŽes qui sont oeles (ailes) signifient Sapience et Chevalerie qui gardent et dŽfendent la tierce fueillŽe qui est au milieu de elles, plus longue et plus haute, par laquelle Foy est entendue et segneufiŽe, car elle est et doibt estre gouvernŽe par Sapience et deffendue par Chevalerie. Tant comme ces trois gr‰ces de Dieu seront fermement et ordŽnement joinctes ensemble au royaume de France, li royaume sera fort et ferme, et se il avient, que elles soient ostŽes et desseurŽes (sŽparŽes), le royaume cherra (tombera) en dŽsolacion et en destruiement [36] È.

 

Les trois fleurs de lys du blason donnŽ par Dieu ˆ nos Rois ont d'autres significations plus belles encore que l'histoire, la science hŽraldique et les rŽvŽlations nous enseignent : Charles V fixa dŽfinitivement ˆ trois les fleurs de lys des armes de France qui souvent, Žtaient nombreuses et en semis. Il prit cette dŽcision en l'honneur et pour reprŽsenter les trois personnes de la Sainte TrinitŽ [37] . Elles reprŽsentent Žgalement la Sainte Famille et aussi le triangle symbolique manifestŽ ˆ la vŽnŽrable Philomne de Sainte Colombe : le Christ, Sa Divine Mre et Saint Michel, les trois grands vainqueurs de Lucifer [38] .

 

LE TESTAMENT DE SAINT REMY

 

Le testament de saint Remy a une importance capitale pour nous Franais ; c'est une vŽritable vision d'avenir qui prend une autoritŽ toute particulire du fait que le grand Pape saint Hormisdas Žcrivit ˆ saint Remy lorsqu'il l'institua en ces termes LŽgat pour toute la France [39]  :

ÇNous donnons tous nos pouvoirs pour tout le Royaume de notre cher Fils spirituel Clovis, que par la gr‰ce de Dieu vous avez converti avec toute sa Nation, par un apostolat et des miracles dignes du temps des Ap™tresÈ.

 

De ce testament saint Pie X disait le 13 dŽcembre 1908 ˆ lՃvque d'OrlŽans, lors de la lecture du DŽcret de bŽatification de Jeanne d'Arc [40] .

Çvous direz aux franais qu'ils fassent leur trŽsor des testaments de saint Remy, de Charlemagne, et de saint Louis, qui se rŽsument dans ces mots si souvent rŽpŽtŽs par lÕhŽro•ne dÕOrlŽans :

Çvive le Christ qui est Roi de France.

Ça ce titre seulement la France est grande parmi les nations. a cette clause dieu la protŽgera et la fera libre et glorieuse. a cette condition, on pourra lui appliquer ce qui dans les livres saints est dit dÕIsra‘l : que personne ne s'est rencontrŽ qui insult‰t ce peuple, sinon quand il s'est ŽloignŽ de dieu...È

 

Voici ce testament :

Çque le prŽsent testament [41] que j'ai Žcrit pour tre gardŽ respectueusement intact par mes successeurs les Žvques de reims, mes frres, soit aussi dŽfendu, protŽgŽ partout envers et contre tous par mes trs chers fils les rois de france par moi consacres au seigneur a leur baptme, par un don gratuit de Jƒsus-Christ et la gr‰ce du Saint-Esprit.

Çqu'en tout et toujours il garde la perpƒtuitƒ de sa force et l'inviolabilitŽ de sa durŽe...

Çmais par Žgard seulement pour cette race royale qu'avec tous mes fréres et co-ƒvæques de la germanie, de la gaule et la neustrie, j'ai choisie dƒlibƒrƒment pour regner jusqu'ˆ la fin des temps, au sommet de la majestŽ royale pour l'honneur de la sainte Eglise et la defense des humbles.

Çpar ƒgard pour cette race que j'ai baptisƒe, que j'ai reue dans mes bras ruisselante des eaux du baptme : cette race que j'ai marquŽe des sept dons du Saint-Esprit, que j'ai ointe de l'onction des rois, par le saint chræme du mæme Saint-Esprit, j'ai ordonnƒ ce qui suit :

 

I¡ malƒdictions

 

Çsi un jour cette race royale que j'ai tant de fois consacrŽe au seigneur, rendant le mal pour le bien, lui devenait hostile, envahissait Ses ƒglises, les dŽtruisait, les dŽvastait ;

Çque le coupable soit averti une premiére fois par tous les ƒvæques rƒunis du diocse de reims.

Çune deuxime fois par les Žglises rŽunies de reims et de tréves [42] .

Çune troisime fois par un tribunal de trois ou quatre archevques des gaules.

Çsi a la septiéme monition il persiste dans son crime, tréve a lÕindulgence ! place a la menace !

Çs'il est rebelle a tout, qu'il soit sƒparƒ du corps de l'Eglise par la formule inspirƒe aux ƒvæques par lÕEsprit-Saint : parce qu'il a persƒcutƒ l'indigent, le pauvre, au cÏur contrit ; parce qu'il ne s'est point souvenu de la misŽricorde ; parce qu'il a aimƒ la malƒdiction, elle lui arrivera ; et n'a point voulu de la bƒnƒdiction, elle s'Žloignera.

Çet tout ce que lÕEglise a l'habitude de chanter de judas le tra”tre et des mauvais Žvques, que toutes les Žglises le chantent de ce roi infidle.

Çparce que le seigneur a dit : tout ce que vous avez fait au plus petit des Miens, c'est a Moi que vous l'avez fait, et tout ce que vous ne leur avez pas fait, c'est a Moi que vous ne l'avez pas fait.

Çqu'a la malŽdiction finale on remplace seulement, comme il convient a la personne, le mot Žpiscopat par le mot royautŽ :

Çque ses jours soient abrƒgƒs et qu'un autre reoive sa royautƒ !

Çsi les archevques de reims, mes successeurs, nƒgligent ce devoir que je leur prescris, qu'ils reoivent pour eux la malŽdiction destinŽe au prince coupable, que leurs jours soient abrƒgƒs et qu'un autre occupe leur siége. È

 

II¡ bƒnƒdictions

 

Çsi notre seigneur jŽsus christ daigne Žcouter les prires que je rƒpands tous les jours en Sa prŽsence, spŽcialement pour la persƒvƒrance de cette race royale, suivant mes recommandations, dans le bon gouvernement de son royaume et le respect de la hiƒrarchie de la sainte Eglise de dieu.

Çqu'aux bƒnƒdictions de lÕEsprit-Saint dƒjˆ rƒpandues sur la tte royale s'ajoute la plŽnitude des bŽnŽdictions divines !

Çque de cette race sortent des rois et des empereurs [43] qui, confirmƒs dans la vƒritƒ et la justice pour le prŽsent et pour l'avenir suivant la volontƒ du seigneur pour l'extension de Sa sainte Eglise, puissent rƒgner et augmenter tous les jours leur puissance et mŽritent ainsi de s'asseoir sur le tr™ne de david dans la cŽleste jŽrusalem ou ils rŽgneront Žternellement avec le Seigneur. ainsi soit-il [44] È.

 

Ce testament signŽ du grand ƒvque le fut Žgalement par six autres ƒvques et d'autres Prtres. Trois de ces ƒvques sont rŽputŽs pour leur saintetŽ : saint Vedast, ƒvque d'Arras, saint MŽdard, ƒvque de Noyon, saint Loup, ƒvque de Soissons. Ils le signrent sous la formule suivante :

ÇX.... ƒvque.

ÇCelui que mon Pre Remy a maudit, je le maudis, celui qu'il a bŽni, je le bŽnis.

ÇEt j'ai signŽÈ.

 

Et Baronius, le savant Cardinal [45] , aprs onze sicles d'expŽrience, de constater :

ÇMalgrŽ les crimes de ses Rois, le Royaume de France n'a jamais passŽ sous une domination Žtrangre et le peuple Franais n'a jamais ŽtŽ rŽduit ˆ servir d'autres Peuples.

ÇC'est cela qui a ŽtŽ accordŽ par une promesse divine, aux prires de saint Remy, suivant la parole de David (Ps. 88): Si Mes Fils abandonnent Ma loi ; s'ils ne marchent point dans la voie de Mes Jugements ; s'ils profanent Mes justices et ne gardent point Mes commandements, Je visiterai leurs iniquitŽs avec la verge et leurs pŽchŽs avec le fouet ; mais Je nՎloignerai jamais de ce peuple Ma misŽricordeÈ.

 

En lisant le Testament de Saint Remy, ne croirait-on pas entendre Mo•se sur le Nebo :

ÇVoici que je vous mets aujourd'hui devant les yeux la bŽnŽdiction et la malŽdiction. La bŽnŽdiction, si vous obŽissez aux Commandements du Seigneur votre Dieu, que je vous prescris aujourd'hui ; la malŽdiction, si vous n'obŽissez point ˆ ces mmes commandements et vous retirez du chemin que je vous montre maintenant... (Deut. xi, 26-30).

 

LE SACRE DES ROIS DE FRANCE

 

ORIGINE DU SACRE DES ROIS

 

considŽrations gŽnŽrales

 

JŽsus-Christ, Roi des Rois, est le principe de toute RoyautŽ, puisque tout pouvoir Žmane de Lui, comme Dieu ; Il est le modle parfait des Rois de la terre. Il est Roi par droit hŽrŽditaire, comme Fils de Dieu, et Sa SouverainetŽ est infinie, Son pouvoir absolu. Il est Roi par le sacre, par l'onction : ÇDieu Vous a oint d'une huile de joie au-dessus de ceux qui ont ŽtŽ sacrŽs comme VousÈ. (Ps. xliv) et Çc'est Dieu, Son Pre qui le consacre de Sa propre mainÈ personne n'Žtant digne de sacrer le Christ.

C'est la RoyautŽ Universelle du Christ, c'est Son sacre qui ont ŽtŽ l'occasion de la chute de Lucifer et des mauvais anges. C'est aussi cette RoyautŽ et ce Sacre qui ont ŽtŽ pour saint Michel et les bons anges l'occasion de leur victoire. Il est donc logique que Satan poursuive d'une haine inextinguible tous les oints du Seigneur dont le r™le est d'tre des images du Christ-Roi, mais aussi, que ceux-ci jouissent de la spŽciale protection de saint Michel, le chef de toutes les milices cŽlestes.

C'est par le Sacre du Verbe que Lucifer a ŽtŽ vaincu, c'est par celui des Rois et des ƒvques reprŽsentants spirituels et temporels de la RoyautŽ du Christ qu'il continuera de l'tre. Aussi

ÇSatan qui veut anŽantir le bonheur de l'homme et qui tend par tous les moyens dont il dispose ˆ dŽtruire le rgne de Dieu pour mettre le sien ˆ sa place n'a pas trouvŽ de plus sžr moyen pour arriver ˆ son but que de faire dispara”tre le pouvoir pontifical et le pouvoir royal : le pontife et le roi qui sont les deux colonnes de l'Ždifice social sont l'objet des attaques particulires et constantes de l'enfer ; le pontife et le Roi qui sont les canaux des gr‰ces spirituelles et temporelles dont le Seigneur veut combler les Peuples ; les tŽmoins de Sa Providence ˆ travers les ‰ges ; les deux fils de l'huile sainte qui sont devant le Seigneur de la terre (Apoc. xi). Satan s'efforce de les supprimer (Zach. iv, 14) [46] È.

 

Mais le Christ ne pouvait descendre que d'une Famille Royale, aussi Dieu le Pre Žtablit-Il la RoyautŽ sur Isra‘l, comme Žtant la forme du Gouvernement Çla plus naturelle, la plus parfaite et celle qui pouvait le mieux assurer la paix et la durŽe de l'EtatÈ.

Non seulement Dieu Žtablit la RoyautŽ, mais Il choisit la Race Royale qui devait donner naissance ˆ Son Fils : ÇVous Žtablirez celui que le Seigneur votre Dieu aura choisi du nombre de vos frresÈ. Et Dieu fait choix de la Maison d'Isa•e. Mais avant de faire monter sur le tr™ne cette maison Il veut que les exemples et les fautes d'un Roi d'une autre race lui servent d'exemple, aussi ordonne-t-il au Grand Prtre Samuel de sacrer SaŸl.

 

Pour bien montrer ˆ quel point la gr‰ce du sacre est efficace, Il choisit un simple p‰tre sans instruction et sans intelligence :

ÇSamuel prit une petite fiole d'huile qu'il rŽpandit sur la tte de SaŸl et il le baisa et lui dit : cÕest le Seigneur qui par cette onction vous sacre prince sur Son hŽritageÈ. (I Rois, x, 1).

 

Le sacre est le lien qui unit le Roi ˆ Dieu et le canal par lequel la puissance, l'assistance et le rayonnement de la majestŽ divine se communiquent au Roi au moment o il devient l'oint du Seigneur Çpersonne sainte et sacrŽeÈ. (I Rois, ix, 15 ˆ 17 et x, 1 etc... )

Samuel ajoute ˆ SaŸl ÇEn mme temps l'esprit du Seigneur se saisira de vous et vous serez changŽ en un autre hommeÈ. (I Rois, x, 6).

Et le Livre des Rois (I, x, 9) constate ÇDieu lui changea le cÏur et lui en donna un autreÈ.

Ainsi, Çpar l'onction Dieu crŽa en lui une personne morale douŽe d'une grande supŽrioritŽ. De cet israŽlite simple, timide, irrŽsolu, Dieu fit un roi sage, prudent, plein de fermetŽ et d'Žnergie, capable de conduire dans sa voie la nation choisie [47] È.

Et Samuel termine son allocution au nouveau Roi par cette recommandation : ÇFaites hardiment tout ce qui se trouvera ˆ faire, parce que le Seigneur sera avec vousÈ. (I Rois, x, 7).

 

Il n'est donc pas nŽcessaire que le Roi soit un homme de gŽnie puisque Dieu supplŽe aux qualitŽs qui lui manquent par la vertu du sacre. Aussi, SaŸl est-il vainqueur en toutes circonstances, rŽalisant cette grande prophŽtie d'Isa•e vraie pour tous les temps : Çle joug tombera en pourriture en prŽsence du sacreÈ. (x, 17)

Mais SaŸl s'Žtant arrogŽ les droits du sacerdoce, il est rejetŽ. Dieu donne l'ordre ˆ Samuel Çde prendre l'huile sainte et d'aller ˆ BethlŽem o Il s'est choisi un Roi parmi les enfants d'Isa•e (I Rois, xvi, 1) : le plus jeune, David. Sacrez-le prŽsentement car c'est lui que J'ai choisiÈ. (I Rois, xvi, 12).

Ainsi, du vivant mme de SaŸl, David est le seul Roi lŽgitime, et pourtant il est inconnu de tous, (hors Dieu, le Grand Prtre et sa Famille) Roi cachŽ que Dieu ne veut pas faire conna”tre encore afin de le prŽparer ˆ sa mission future, et de le mettre ˆ l'abri des ennemis jusqu'au jour fixŽ par Sa Providence pour lÕaccomplissement de cette mission [48] .

Ds lors David est rempli de l'Esprit Saint ; tout ce qu'il entreprend rŽussit et seul il peut arrter la folie de SaŸl de l'esprit duquel Dieu s'est retirŽ, pour faire place ˆ Satan. L'esprit de David, en effet, Žtant

Çuni par le sacre ˆ l'Esprit de Dieu devient supŽrieur ˆ l'esprit mauvais et se trouve par ce secours en position de le dominer et de le vaincre. Voilˆ pourquoi l'institution de la RoyautŽ a une si grande importance et que Dieu a voulu, ainsi que le constate l'Ecriture, y mettre Lui-mme la main [49] È.

 

Par le sacre Dieu constitue donc un homme Son reprŽsentant officiel et le munit d'une armature divine pour dŽfendre la sociŽtŽ contre les attaques de l'enfer.

Aprs la mort de SaŸl, toutes les tribus d'Isra‘l vinrent trouver David ˆ HŽbron et lui dirent :

ÇNous sommes vos os et votre chairÈ. (II, Rois, v, 1).

ÇParoles remarquables qui rappellent celles qu'Adam applique ˆ Eve : Voilˆ maintenant l'os de mes os, la chair de ma chairÈ.

ÇComme l'homme doit tre uni ˆ son Žpouse, ainsi le peuple doit tre uni au Roi. Comme lÕhomme est le chef de la femme, ainsi le Roi est le chef et la tte du peuple et ne fait qu'un avec lui.

ÇC'est par la tte que la bŽnŽdiction de Dieu descend sur le corps tout entier : par le Roi qu'elle descend sur la sociŽtŽ. Ainsi, le Roi devient par le sacre la source et le canal des faveurs multiples de Dieu sur le peuple [50] È.

 

Cette Žtude sur le Sacre sous l'Ancien Testament n'Žtait pas inutile pour mieux Žclairer celle du Sacre de nos Rois, car les leons qui s'en dŽgagent s'appliquent Žgalement ˆ l're chrŽtienne.

 

sa signification

 

ÇLe sacre de nos Rois est la cŽrŽmonie la plus solennelle que la religion ait Žtablie pour rendre nos Monarques respectablesÈ, dit Alletz dans son CŽrŽmonial du Sacre.

Le sacre [51] est en France la consŽcration nŽcessaire de l'autoritŽ royale. ÇGentil DauphinÈ disait Jeanne d'Arc ˆ Charles VII, tant qu'il ne fut pas sacrŽ [52] .

L'Žminent BŽnŽdictin, Dom Besse, expose la signification du sacre dans une page magistrale, quÕil est impossible de ne pas reproduire :

ÇLe Roi prenait possession de son tr™ne le jour du sacre. JŽsus-Christ lui confŽrait dans la basilique de reims lÕinvestiture du royaume.

ÇIl recevait du prŽlat consŽcrateur, avec le caractre royal, les aptitudes au gouvernement. Nous les appelons, dans la langue chrŽtienne, les gr‰ces d'Žtat. un caractre sacrŽ s'imprimait sur toute sa personne, il en faisait un tre a part, un consacrŽ. Le Peuple ChrŽtien le prenait pour l'Žlu de dieu, l'oint du seigneur ; il voyait en Dieu la source des droits qui lui arrivaient par la naissance. De son c™tŽ, le Souverain acceptait sa fonction comme un mandat. il rŽgnait au nom du tout-puissant, en vertu d'une dŽlŽgation officielle.

ÇIl y avait plus encore : un lien religieux se formait entre le Roi et son Royaume pour s'adjoindre ˆ celui que le droit hŽrŽditaire avait dŽjˆ formŽ. Leur union devenait ainsi plus forte et plus fŽconde. le roi appartenait a la france et la france appartenait au roi. Le Roi lui devait le service d'un Gouvernement ferme, sage et chrŽtien. La France lui donnait toute sa fidŽlitŽ et son dŽvouement. lՎglise en consacrant cette union lui donnait un nouveau droit au respect public, ceux qui auraient tentŽ de le rompre se seraient rendus coupables d'un sacrilge. le sacre faisait du prince un homme ecclŽsiastique, sa souverainetŽ apparaissait comme une fonction sainte [53] È.

 

la ville du sacre

 

ÇReims est la ville du Sacre. Voilˆ le grand fait qui s'impose ; c'est une mission que la Providence lui donne. Elle y est prŽparŽe par son histoire. Le baptme de Clovis l'a marquŽe pour cette fin. Hugues Capet y reut l'onction royale... Quel chef-d'Ïuvre a germŽ de son sol sous l'influence des idŽes du Sacre ! Vous avez vu l'admirable Basilique de Sainte-Marie de Reims. C'est une ŽpopŽe de pierre. Elle a pour elle la majestŽ, la gr‰ce, l'harmonie et la force de rŽsistance.

ÇLa poussŽe vers le ciel de ses vožtes en fait un monument plus qu'humain. Elle est autre chose que l'Eglise-mre d'un vaste diocse ; force est d'y reconna”tre le Sanctuaire royal, la Basilique de la Monarchie ChrŽtienne... L'acte de foi en la RoyautŽ de JŽsus-Christ sur la France s'y affirme mieux qu'ailleurs... Notre-Dame de Reims est le tŽmoin dŽlicat et obstinŽ d'un passŽ glorieux ; elle est, en outre, le symbole prophŽtique de l'avenir. Saluons en elle le signe sensible de la France ChrŽtienne [54] È.

 

C'est prŽcisŽment parce que la Basilique incarne toute notre Histoire, parce que tout cÏur passionnŽment Franais y respire toutes les vertus de la race, que l'Allemagne s'est acharnŽe, mais en vain, ˆ faire dispara”tre ce monument, impŽrissable tŽmoin de nos gloires passŽes et futures ! Les ruines se relvent, seul l'Ange a perdu son merveilleux sourire comme pour rappeler aux Franais la tristesse que lui cause le reniement de toutes leurs traditions. Mais le sourire refleurira sur ses lvres... quand reviendront les Lys.

 

la cŽrŽmonie du sacre

 

Avant le Sacre, des prires publiques sont ordonnŽes dans le Royaume. Le Roi ježne pendant trois jours et se confesse afin de communier ˆ la Messe du Sacre. A l'Eglise, tous les Corps de l'Etat sont reprŽsentŽs.

ÇLa France assiste au Sacre de son Roi. Elle a pleine conscience de ce qui se passe devant ses yeux. c'est JŽsus-Christ qui va lui donner son souverain. Sa prŽsence est un acte de foi qui s'Žlve jusqu'ˆ Dieu, source du pouvoir dans les SociŽtŽs... la france entire, roi et sujets, fait hommage dÕelle-mme ˆ Dieu, JŽsus-Christ. Tous communient ˆ la mme pensŽe catholique qui rayonne sur l'ordre politique et social. Les idŽes et les sentiments entra”nent l'union des cÏurs et des esprits. Cette union des ‰mes concourt nŽcessairement ˆ l'unitŽ Nationale [55] È.

 

Quelques-unes des prires et des formules du Sacre montreront l'importance de cette cŽrŽmonie et des serments qui y sont prononcŽs tant au point de vue National que Catholique, si tant est que l'on puisse sŽparer l'un de l'autre. A l'arrivŽe du Roi :

ÇVoilˆ que Je vais envoyer Mon Ange devant vous pour vous garder. Si vous Žcoutez Mes paroles et si vous les observez, Je serai l'ennemi de vos ennemis et J'affligerai ceux qui vous affligeront, et Mon Ange marchera devant vous [56] È.

 

Le Grand Prieur de Saint-Remy, en remettant la Sainte Ampoule au PrŽlat consŽcrateur :

ÇMonseigneur, je remets entre vos mains ce prŽcieux trŽsor envoyŽ du Ciel au grand saint Remy, pour le sacre de Clovis et des Rois ses successeurs...È

 

L'oraison suivante est rŽcitŽe par le ConsŽcrateur :

ÇPrions. Dieu Tout Puissant et Žternel qui par un effet de Votre bontŽ avez voulu que la race des Rois de France režt l'onction sainte avec le baume qui est ici prŽsent et que Vous avez envoyŽ du Ciel au saint ƒvque Remy, faites que notre Roi, Votre Serviteur, ne s'Žcarte jamais de Votre service et qu'il soit dŽlivrŽ, par Votre misŽricorde, de toute infirmitŽ, par Notre-SeigneurÈ.

 

Puis le Roi prte les serments suivants :

ÇJe promets de conserver ˆ chacun de vous (les ƒvques), et aux ƒglises qui vous sont confiŽes, les privilges canoniques, les droits et la juridiction dont vous jouissez, et de vous protŽger et dŽfendre autant que je le pourrai, avec le secours de Dieu, comme il est du devoir d'un Roi, dans son Royaume, de protŽger chaque ƒvque, et l'Eglise qui est commise ˆ ses soins.

 

Et aprs que le Peuple a acceptŽ le Roi pour son Souverain, celui-ci la main sur lՃvangile :

ÇJe promets, au nom de JŽsus-Christ, au Peuple ChrŽtien qui m'est soumis :

ÇPremirement de faire conserver en tous temps ˆ l'Eglise de Dieu, la paix par le peuple chrŽtien.

ÇD'empcher les personnes de tous rangs de commettre des rapines et des iniquitŽs de quelque nature qu'elles soient.

ÇDe faire observer la justice et la misŽricorde dans les jugements, afin que Dieu, qui est la source de la clŽmence et de la misŽricorde, daigne la rŽpandre sur moi et sur vous aussi.

Çde m'appliquer sincrement, et selon mon pouvoir, a expulser de toutes les terres soumises ˆ ma domination les hŽrŽtiques nommŽment condamnŽs par lÕEglise.

ÇJe confirme par serment toutes les choses ŽnoncŽes ci-dessus : Qu'ainsi Dieu et Ses Saints ƒvangiles me soient en aide [57] È.

Et Dom Besse de conclure :

Çle serment lie le souverain a Dieu dont il est le reprŽsentant sur terre. Dieu lui a donnŽ le royaume ; il promet de le gouverner conformŽment a Ses volontŽs. il y a entre eux un contrat. lÕEglise en est le tŽmoinÈ.

 

Aprs le serment, le Roi se

Çprosterne tout de son long, les ƒvques, le ClergŽ, tout le monde flŽchit les genoux. Le spectacle est grandiose. C'est la France entire qui est lˆ, suppliante. Le Ciel est entrouvert au-dessus de la Basilique. Dieu, entourŽ de la Cour de Ses Saints, contemple. Il bŽnit. C'est la France qu'il bŽnit en la personne de son Chef. Il lui donne tout ce qui peut rendre son Gouvernement prospre [58] È.

 

Puis, avant de procŽder ˆ l'onction sainte, le PrŽlat consŽcrateur remet l'ŽpŽe entre les mains du Roi et dit :

ÇPrenez cette ŽpŽe, qui vous est donnŽe avec la BŽnŽdiction du Seigneur; afin que par elle et par la force de l'Esprit Saint, vous puissiez rŽsister ˆ tous vos ennemis, et les surmonter, protŽger et dŽfendre la sainte Eglise, le Royaume qui vous est confiŽ et le camp du Seigneur, par le secours de JŽsus-Christ, le triomphateur invincible. Prenez, dis-je, de nos mains consacrŽes par l'autoritŽ des saints Ap™tres, cette ŽpŽe dont nous vous avons ceint, ainsi qu'on en a ceint les rois, et qui, bŽnite par notre ministre, est destinŽe de Dieu pour la dŽfense de Sa sainte Eglise. Souvenez-vous de celui dont le prophte Daniel a parlŽ ainsi dans ses psaumes : o vous qui tes le fort dÕIsra‘l ! prenez votre ŽpŽe et disposez-vous au combat ; afin que par son secours vous exerciez la justice, vous brisiez la m‰choire des injustes; que vous protŽgiez et dŽfendiez la sainte Eglise de Dieu et de Ses enfants ; que vous n'ayez pas moins d'horreur pour les ennemis secrets [59] du nom chrŽtien que pour ceux qui le sont ouvertement, et que vous travailliez ˆ les perdre ; que vous protŽgiez avec bontŽ les veuves et les orphelins ; que vous rŽpariez les dŽsordres ; que vous conserviez ce qui a ŽtŽ Žtabli ; que vous punissiez l'injustice ; que vous affermissiez tout ce qui a ŽtŽ mis dans l'ordre ; afin que, couvert de gloire par la pratique de toutes ces vertus et faisant rŽgner la justice, vous mŽritiez de rŽgner avec notre Sauveur, dont vous tes l'image, et qui rgne avec le Pre et le Saint-Esprit dans les sicles des sicles. Ainsi soit-ilÈ.

 

Et un peu plus loin, en ceignant le Roi de son ŽpŽe :

ÇPasse le glaive autour de tes reins, ™ trs puissant, et souviens-toi que les saints ont vaincu les royaumes, non avec le glaive, mais avec leur foi...È

Puis : ÇSeigneur, daignez le combler des bŽnŽdictions de Votre gr‰ce spirituelle et revtez-le de la plŽnitude de Votre puissance. Que la rosŽe du Ciel, la graisse de la terre, procure dans ses Žtats une abondance de blŽ, de vin et d'huile, et que par Vos divines largesses la terre soit couverte de fruits pendant de longues annŽes... afin que sous son rgne les peuples jouissent de la santŽ. qu'il soit le plus puissant des rois... Que pour la suite des sicles, il naisse de lui des Successeurs ˆ son tr™neÈ.

 

Ensuite a lieu la prŽparation du Saint Chrme, pendant laquelle le chÏur chante les versets suivants par lesquels l'Eglise affirme que c'est le Saint-Esprit qui est venu en personne apporter le baume destinŽ au Sacre de nos Rois :

ÇLe bienheureux Remy, ayant pris de ce baume cŽleste, sanctifia d'une gr‰ce sans fond la race illustre des Franais en mme temps que leur noble Roi et les enrichit de tous les dons du Saint-Esprit.

Çqui par l'effet d'une gr‰ce singulire, apparut sous la forme d'une colombe et donna ce baume divin au pontife [60] .

 

Enfin a lieu le sacre proprement dit :

Çje vous sacre roi avec cette huile sanctifiŽe, au nom du Pre, du Fils et du Saint-EspritÈ.

Pendant le sacre la prire suivante est rŽcitŽe :

Ç...Qu'il rŽprime tous ses ennemis visibles et invisibles ; qu'il n'abandonne pas ses droits sur les royaumes des Saxons, des Merciens, des Peuples du Nord et des Cimbres ; qu'en inspirant ˆ ces peuples des sentiments de paix, il change leurs cÏurs et qu'il les rappelle ˆ leur ancienne fidŽlitŽ ;... que sa puissance inspire de la terreur aux infidles... È

 

Puis le PrŽlat consŽcrateur remet au Roi la main de justice en disant :

ÇRecevez cette verge de vertu et d'ŽquitŽ : qu'elle vous serve ˆ pacifier les pieux, et ˆ terrifier les mŽchants, ˆ mettre les errants dans le bon chemin, ˆ corriger les orgueilleux et ˆ relever les humblesÈ.

 

Ensuite, c'est le couronnement :

Çrecevez la couronne de votre royaume, au nom du Pre, du Fils et du Saint-EspritÈ.

ÇComprenez quÕelle symbolise la gloire de la SaintetŽ, l'honneur et la force de la puissance. N'oubliez point que par elle, vous participez ˆ notre ministre. Si nous sommes les Pasteurs et les Recteurs des ‰mes, chargŽs de leurs besoins intŽrieurs, soyez dans les choses extŽrieures le vŽritable serviteur de Dieu. assistez vaillamment la sainte Eglise contre toutes les adversitŽs : acquittez-vous utilement de la fonction royale, que vous avez reue de Dieu et qui vous est remise par le ministre de notre bŽnŽdiction au nom des Ap™tres et de tous les saintsÈ.

ÇQu'Il Žtablisse autour de vous Ses bons anges pour vous garder, vous accompagner et vous suivre toujours et en tous lieux... Qu'Il tourne le cÏur de vos ennemis vers la paix et la douceur, qu'Il couvre d'une confusion salutaire ceux qui vous persŽcuteraient et vous ha•raient avec obstination... Qu'Il vous fasse toujours triompher de vos ennemis invisibles...È.

 

Puis, s'adressant ˆ Dieu :

ÇSoyez son aide et sa protection dans toutes les occasions, ainsi que de ceux en faveur de qui il vous imploreraÈ.

 

Dom Besse Žcrit :

ÇOn ne peut cŽlŽbrer avec plus de force l'union des ReprŽsentants de l'ƒglise et de celui qui personnifie l'Etat... LՃvque en intronisant le Souverain dans l'ƒglise, lui assigne sa fonction ecclŽsiastique. Il n'appartient pas au ClergŽ, mais le Sacre le met au-dessus des simples Fidles ; sa place est entre la hiŽrarchie qui gouverne et la masse du Peuple ChrŽtien qui est gouvernŽe. on comprend ds lors les honneurs liturgiques dŽcernŽs aux rois et le caractre religieux de leur autoritŽ et aussi de leur personne... le roi est un enfant privilŽgiŽ de l'Žglise. elle veut tre pour lui une auxiliaire... [61] È

 

Nous ne pouvons passer sous silence ce que dit du Sacre de nos Rois l'un des ThŽologiens les plus estimŽs, Monseigneur Delassus.

ÇL'onction sainte donnait la personne du Roi ˆ la France, de telle sorte que le roi appartenait plus au pays qu'il ne s'appartenait a lui-mme. aprs les Žtats de lÕEglise, c'est en France que la royautŽ Žtait la plus dŽgagŽe des liens terrestres, la plus spiritualisŽe, peut-on dire, le roi Žtait plus vŽritablement le pre de son peuple que de ses propres enfants. Il devait sacrifier ceux-ci ˆ celui-lˆ ; et il savait le faire, comme les tables de marbre de Versailles en font foi. Ou plut™t ses enfants n'Žtaient plus ˆ lui, c'Žtaient les Çfils de FranceÈ.

Çl'onction sainte donnait au roi un certain caractre de saintetŽ [62] , non point de cette saintetŽ qui rend l'homme capable de voir Dieu tel qu'Il est dans les splendeurs Žternelles, mais de celle qui Žtablit des rapports particuliers entre Dieu et telle ou telle de Ses crŽatures, c'est saint Thomas d'Aquin qui les a qualifiŽes de ce nom : saintetŽ. Et il donne en preuve de leur existence ce qui s'est passŽ au Baptme de Clovis et ce que Dieu a renouvelŽ de sicle en sicle jusqu'ˆ nos jours [63] È.

 

L'Žminent thŽologien ajoute :

ÇLe sacre de ses rois a longtemps ŽtŽ un privilge rŽservŽ ˆ la France. Aucun empereur romain, ni Constantin, ni ThŽodose n'avait demandŽ ˆ l'Eglise de consŽcration religieuse. Quand le moment vint o la Providence voulut avoir en France des rois protecteurs du Saint-Sige et propagateurs de la Foi catholique, saint Remy, comme un nouveau Samuel, donna l'onction sainte au fondateur de la monarchie franaise.

 

Ce ne fut que bien plus tard que l'Espagne voulut avoir, elle aussi, un roi oint de l'Huile sainte. L'Angleterre, puis les autres nations de lÕEurope, exprimrent ensuite le mme dŽsir.

Mais le sacre des rois de France a conservŽ un cŽrŽmonial particulier...

ÇLe roi de France Žtait sacrŽ avec le Saint Chrme, la plus noble des Huiles Saintes, celle qui est employŽe au sacre des Žvques (auquel on mŽlangeait une parcelle de lÕhuile apportŽe du Ciel par le Saint-Esprit et conservŽe dans la Sainte Ampoule). Lorsque d'autres rois demandrent ˆ l'Eglise de les sacrer eux aussi, elle ne voulut leur appliquer que l'huile des catŽchumnes.

ÇLe roi Žtait oint ˆ la tte d'abord, comme l'Žvque, pour montrer que de mme que l'Žvque a la premire dignitŽ dans le clergŽ, le roi de France avait la prŽŽminence sur tous les souverains... [64] È

 

Les prires suivantes complŽteront bien l'idŽe que les Franais doivent se faire du sacre de leurs Rois

Çqu'il soit honore plus que les rois des autres nations : qu'il rgne heureusement sur ses peuples : que les nations le comblent de louanges et cŽlbrent toute sa magnanimitŽ È.

ÇBŽnissez, Seigneur, la force de notre Prince et coopŽrez ˆ toutes ses Ïuvres ; et que par Votre bŽnŽdiction le pays de sa domination soit rempli des fruits de la terre, des fruits du ciel, de la rosŽe des vallŽes, des fruits du soleil et de la lune, de ceux du haut des montagnes et des collines Žternelles ; de ceux que la terre donne en abondance de son sein... È

 

Et celle-ci que rŽcite le prŽlat consŽcrateur, aprs avoir conduit le Roi sur son tr™ne et en le tenant par le bras droit :

ÇTenez-vous debout et restez ainsi jusqu'ˆ ce que vous teniez la succession paternelle qui vous est dŽlŽguŽe en vertu du droit hŽrŽditaire, par l'autoritŽ du Dieu tout-puissant et dont nous vous mettons en possession, nous et tous les ƒvques et tous les serviteurs de Dieu ; et comme vous voyez le clergŽ plus prs des saints autels que le reste des fidles, plus vous devez avoir attention a le maintenir dans la place la plus honorable, et en tous lieux convenables, afin que le mŽdiateur de Dieu et des hommes vous Žtablisse le mŽdiateur du clergŽ et du peupleÈ.

 

Le Roi s'assied sur son tr™ne et cette dernire :

ÇPrions : Dieu, Auteur ineffable du monde, crŽateur du genre humain, qui consolidez les tr™nes, qui avez choisi ds le sein de Votre fidle ami, notre Patriarche Abraham, le Roi qui devait venir dans la suite des sicles, par l'intercession de la bienheureuse Marie toujours vierge et de tous les saints, enrichissez de Votre fŽconde bŽnŽdiction ce Roi insigne et son armŽe ; fixez-le sur son tr™ne inŽbranlablement, visitez-le, comme Vous avez visitŽ Mo•se dans le buisson ardent... rŽpandez sur lui cette bŽnŽdiction cŽleste et cette rosŽe de sagesse que le bienheureux David reut... soyez-lui contre l'armŽe de ses ennemis une cuirasse, un casque qui le garantisse de l'adversitŽ, la sagesse qui le modre dans la prospŽritŽ, le bouclier qui le protge sans cesse. Faites que ses peuples lui restent fidles, que les grands vivent en paix, qu'ils s'attachent ˆ la charitŽ et s'Žloignent de la cupiditŽ, qu'ils observent la justice et la vŽritŽ dans leurs discours. Que ce peuple, chargŽ de la bŽnŽdiction Žternelle, se multiplie sous son gouvernement. Que tous tressaillent dans la paix et la victoire. Que Celui qui vit et rgne avec Vous dans l'unitŽ du Saint Esprit, Dieu, dans tous les sicles des sicles, daigne nous exaucer. Ainsi soit-ilÈ.

 

A la fin du sacre l'Officiant s'Žcrie :

vivat rex in ¾ternum !

vive le roi pour l'ŽternitŽ !

 

ÇLa messe continue. Le Roi fait la Sainte-Communion [65] . Il s'associe de la sorte au Sacrifice Eucharistique. Ses Žnergies divines descendent en son ‰me et le pŽntrent tout entier pour confirmer I'Ïuvre Sainte qui vient de s'accomplir. Quand l'office liturgique est terminŽ, les ƒvques laissent le Roi au peuple. Il lui appartient sans rŽserve [66] et c'est pour faire des miracles en sa faveur. Alors la Basilique rŽsonne des ovations de ceux qui ont le bonheur d'assister ˆ cette grandiose cŽrŽmonie ; les cloches mlent leurs joyeux sons ˆ l'enthousiasme gŽnŽral et le peuple, dehors, ne cesse d'acclamer son Roi au cri mille fois rŽpŽtŽ par nos Pres et que bient™t, espŽrons-le, nous crierons, nous aussi :

no‘l ! no‘l ! vive le roi ! no‘l ! no‘l !

 

Aprs le festin royal, le Roi, accompagnŽ de la Reine, se promne sans garde au milieu de son peuple et s'entretient avec les uns et les autres, comme un pre au milieu de ses enfants ; le peuple peut l'approcher, lui parler sans protocole.

Ainsi, ˆ chaque changement de rgne, ˆ chaque sacre, la France demandait ˆ Dieu, et l'Eglise ratifiait sa demande, si le Roi, qu'Elle reconnaissait l'a”nŽ de tous les Princes de la terre, et le peuple, restaient fidles ˆ leur mission privilŽgiŽe de Protecteurs de l'Eglise : la bŽnŽdiction et le secours divins ; des HŽritiers pour la Couronne ; une population toujours plus nombreuse et forte ; la force pour l'ArmŽe ; la victoire, en cas de guerre ; la prospŽritŽ dans la paix ; la justice, la charitŽ, la concorde entre tous ; l'abondance de tous les biens.

Aussi, la Protection Divine Žtait-elle manifeste et toujours plus abondante sur la France que sur les autres Peuples. On ne connaissait ni la haine entre citoyens, ni la crise de la natalitŽ, ni la dŽgŽnŽrescence de la race, ni la pauvretŽ, ni la famine, etc... Toutes ces malŽdictions s'abattaient sur notre Pays, s'il venait ˆ s'Žcarter de la route ˆ lui tracŽe par Dieu Lui-mme pour l'expiation de ses pŽchŽs.

Dans tous les domaines, la France l'emportait sur les autres Empires.

C'est qu'alors, Roi et Peuple demandaient leur pain quotidien au Dieu Tout-Puissant. Comme ils cherchaient d'abord le royaume de Dieu, Dieu leur donnait tout le reste par surcro”t.

 

LES MIRACLES DES ROIS DE FRANCE

 

LA GUƒRISON DES ƒCROUELLES

 

Les marques de la faveur divine ne s'arrtrent pas lˆ ; ˆ tant de miracles, Dieu en ajouta un qu'Il accorda ˆ tous les Rois de France : le pouvoir de guŽrir miraculeusement les Žcrouelles.

Comme le montre trs bien Claude de Seyssel, Archevque de Turin, ce privilge n'est pas accordŽ ˆ tel ou tel de nos Rois ˆ titre personnel, mais exclusivement ˆ la fonction de Roi de France, quel qu'en soit le dŽtenteur, ds qu'il est l'hŽritier lŽgitime de la couronne et qu'il a ŽtŽ sacrŽ.

ÇQuant ˆ l'origine de ce don, Žcrit M. Frantz Funck-Brentano, d'aprs la croyance gŽnŽrale, dont on trouve trace jusque dans les Žcrits de saint Thomas d'Aquin [67] , elle se serait Žgalement rattachŽe ˆ l'onction par la Sainte Ampoule [68] È.

 

Certains auteurs la font remonter ˆ "Saint Marcoul [69] ".

Ce miracle n'Žtait possible au Roi qu'autant qu'Il Žtait en Žtat de gr‰ce et venait de recevoir la Sainte Communion. Le Roi touchait les malades, puis les embrassait, en disant : ÇDieu te guŽrisse, le roi te toucheÈ.

Non seulement nos Rois pouvaient accomplir ce miracle en France, mais encore ˆ l'Žtranger ; c'est ainsi que l'on vit Jean II, aprs la bataille de Poitiers, prisonnier ˆ Londres, et Franois Ier, aprs Pavie, ˆ Madrid, guŽrir Çbien des malheureux atteints de semblables maladies [70] È.

ÇMarie-ThŽrse, la femme de Louis XIV, avait fait disposer une maison ˆ Poissy o Žtaient reus et logŽs les malheureux qui venaient souvent de contrŽes lointaines afin de se faire toucher par le Roi : ils y attendaient le jour fixŽ pour la cŽrŽmonieÈ.

 

On cite mme des JŽsuites qui furent envoyŽs de Portugal, d'Espagne, etc., dans notre pays par leur Compagnie, pour tre guŽris par le Roi de France.

Les derniers miracles, enregistrŽs avec le plus grand soin, se produisirent au sacre de Charles X en 1825 [71] .

Dans la Revue de Philosophie [72] , le Docteur Robert Van der Elst, dans la magistrale critique qu'il fait du livre de M. Bloch, Les Rois Thaumaturges, affirme la guŽrison des Žcrouelles et conclut :

ÇLe fait ne s'explique donc que par une cause transcendante. Et cette cause, c'est la prŽdilection marquŽe par Dieu envers la Dynastie des Rois de France. Est-ce parce qu'ils sont Rois ? Non, certes, car les Rois des autres Pays ne sont pas favorisŽs du mme prestige. Est-ce parce qu'ils sont saints ? Non, pas davantage, car ils le sont trs inŽgalement et quelques-uns ne le sont pas. Qu'y a-t-il donc en eux qui justifie cette sorte d'alliance entre leur race et Dieu? Eh ! prŽcisŽment la vocation de leur rgne ! Ils sont Rois pour concourir au rgne de Dieu. Ils sont de la race Žlue pour cette fonction, ils reoivent ce privilge ˆ la faon d'une gr‰ce, sans doute immŽritŽe comme toute gr‰ce, mais motivŽe par leur devoir sur le sens duquel le peuple est ainsi renseignŽ. C'est ce que rappelle le traitŽ de Regimine Principum, commencŽ par saint Thomas, achevŽ sans doute par le docte TolomŽe, imbu, quoi qu'il en soit, de la pensŽe de l'Ange de l'Ecole. De ce point de vue, pour l'esprit humain affamŽ de justes rapports et non de probabilitŽs, indŽfiniment discutables, une claire relation s'Žtablit entre deux ordres de faits inŽgalement patents : d'une part la destinŽe de la France, surnaturellement soumise, dans l'intention de Clovis, aux fins de lÕEglise et parfois honorŽe, comme au temps de Jeanne d'Arc, d'une libŽration miraculeuse ; d'autre part le privilge des Rois qui n'est qu'un moyen de leur influence et un motif de leur confiance en Dieu, subordonnŽes elles-mmes aux fins que ce privilge signifieÈ.

 

Au surplus, ces miracles sont attestŽs dans la bulle de canonisation de saint Louis (11 aožt 1297) ; le Souverain Pontife, Boniface VIII, prend soin de distinguer les miracles que faisait le saint Roi en vertu de sa saintetŽ et ceux qu'il faisait de par sa dignitŽ de Roi de France, la guŽrison des Žcrouelles ; et Beno”t XIV Žcrit :

ÇCitons, par exemple, le privilge qu'ont les Rois de France de guŽrir les Žcrouelles, non par une vertu qui leur est innŽe, mais par une gr‰ce qui leur a ŽtŽ accordŽe gratuitement soit lorsque Clovis embrassa la foi, soit lorsque saint Marcoul l'obtint de Dieu pour tous les Rois de France [73] È.

 

Enfin, saint Franois de Sales, dans ses Controverses pour convertir les Protestants, s'appuie, entre autres miracles certains, indubitables sur ceux que faisaient les Rois de France pour montrer que la Çvraye Eglise doit reluire en miraclesÈ et que l'Eglise catholique romaine est la seule vraie parce qu'elle seule jouit du miracle. Il Žcrit :

ÇLe bon pre Louys de Grenade, en son Introduction sur le Symbole [74] rŽcite plusieurs Çmiracles rŽcens et irrŽprochables. Entre autres, il produit la guŽrison que les Roys de France catholiques ont faict, de nostre aage mesme, de l'incurable maladie des Žcrouelles, ne disant autre que ces paroles : Dieu te guŽrit, le Roy te touche n'y employant autre disposition que de se confesser et communier ce jour-lˆ [75] È.

 

Ces deux seules conditions mises par Dieu s'expliquent :

Sans l'Žtat de gr‰ce, l'‰me Žtant ŽloignŽe de Son CrŽateur est hors d'Žtat de pouvoir faire aucun bien, ˆ plus forte raison un miracle.

N'est-il pas logique aussi que la Communion soit nŽcessaire dans une Ïuvre de charitŽ et d'amour comme la guŽrison de malades incurables. Le Christ n'est-Il pas la source de tout amour et de toute charitŽ, et la Communion n'est-elle pas le moyen par lequel Il se donne et nous nous donnons ˆ Lui pour qu'Il vive en nous. Quoi d'Žtonnant alors qu'au moment o Il vit rŽellement dans le cÏur du Roi, Son Oint et Son ReprŽsentant dans l'ordre temporel, Il accomplisse des miracles par son bras ?

Ainsi, Dieu a voulu orner le front de nos Rois d'un rayon de Sa Puissance, et Il a choisi l'un des plus beaux : celui du miracle source de la santŽ, c'est-ˆ-dire du bien le plus prŽcieux ˆ l'homme aprs la foi. Comme s'Il avait voulu montrer ˆ notre France qu'elle ne recouvrera sa force et sa santŽ que par son retour aux traditions monarchiques, qui ont assurŽ sa gloire et sa prospŽritŽ dans le passŽ. Privilge unique dans sa permanence puisqu'il ne dŽpend que du Roi une fois sacrŽ d'en prodiguer sans cesse les effets.

Dans le mme ouvrage saint Franois de Sales s'appuie sur le miracle pour prouver la divinitŽ de l'ƒglise [76] .

ÇDieu donnait tŽmoignages ˆ la foy qu'il annonait par miracles. Dieu mit en mains de Moyse ces instruments afin qu'il fust creu (Exod. iv) dont Notre-Seigneur dit que s'il n'eus faict des miracles, les Juifs n'eussent pas ŽtŽ obligŽs de Le croire. (Jean. xv, 24).

Ç... Pour vray ce que nous avons toujours veu, en toutes sortes de saisons, accompagner l'Eglise, nous ne pouvons que nous ne lÕappelions propriŽtŽ de l'Eglise; la vraye Eglise doncques fait para”tre sa saintetŽ par miracles... È

ÇL'Eglise a toujours ŽtŽ accompagnŽe de miracles solides et bien assurŽs, comme ceux de son Espoux, doncques c'est la vraye Eglise car me servant en cas pareil de la rayson du bon Nicodme (Jean, iii, 2) je diray : nulla societas potuit facere quae haec facit, tam illustria aut tam constanter, nisi Dominus fuerit cum illa [77] ... Ç ainsy oyant qu'en l'Eglise se font de si solemnelz miracles, il faut conclure que vere Dominus est in loco isto [78] . (Gen. xxviii, 16)... La nostre doncques seule est la vraye EgliseÈ.

 

Ce raisonnement irrŽfutable s'applique rigoureusement aussi ˆ la RoyautŽ Franaise. il s'ensuit donc qu'en France le seul rŽgime politique voulu par Dieu est la royautŽ, puisque, seule, elle a ŽtŽ Žtablie miraculeusement et qu'au cours des ‰ges, elle a toujours joui de privilges miraculeux, a elle seule accordes par Dieu. les autres rŽgimes sont donc seulement permis par Dieu pour le ch‰timent des fautes de notre pays. Que si ces autres formes de gouvernement prŽtendent ˆ la lŽgitimitŽ, avec saint Franois de Sales on leur Çimposera silence avec ces saintes paroles : si filii Abrahae estis, opera Abrahae facite ! [79] (Jean viii, 39).

Et saint Francois de Sales ajoute pour nous obliger ˆ croire, sous peine de pŽchŽ, ˆ la vŽritŽ de ce qui repose sur le miracle [80]  :

Ç Si Nostre Seigneur n'eust faist tant de miracles on n'eust pas pŽchŽ de ne le croire pas... Saint Pol tŽmoigne que Dieu confirmait la foy par miracle (Heb. ii, v. 4) doncques le miracle est une juste rayson de croire, une juste preuve de la foy, et un argument pregnant pour persuader les hommes ˆ crŽance ; car si ainsy n'estait, nostre Dieu ne s'en fut pas servi.

ÇLˆ o il plaict ˆ la bontŽ de Dieu d'en fayre pour confirmation de quelque article, nous sommes obligŽs de le croire. Car, ou le miracle est une juste persuasion et confirmation ou non - si c'est une juste persuasion, doncques en quel temps qu'ils se fassent ils nous obligent ˆ les prendre pour une trs ferme rayson, aussy le sont-ils. Tu es Deus qui facis mirabilia [81] , dict David (Ps. lxxvi, 14) au Dieu tout puissant, doncques ce qui est confirmŽ par miracles est confirmŽ de la part de Dieu ; or Dieu ne peut estre autheur ni confirmateur du mensonge, ce doncques qui est confirmŽ par miracles ne peut tre mensonge, ainsi pure vŽritŽÈ.

 

la royautŽ est donc bien la seule vŽritŽ politique en France.

 

LE JEUDI SAINT DES ROIS DE FRANCE

 

Pour montrer ˆ quel point l'institution monarchique en France Žtait chrŽtienne, qu'il nous soit permis de rappeler les cŽrŽmonies qui avaient lieu chaque annŽe ˆ la Cour le Jeudi Saint. Nous emprunterons son rŽcit ˆ M. Paul Gruyer [82] :

ÇC'est le pieux Roi Robert qui, aux lointains alentours de l'an mil, institua l'usage par les Rois de France de laver les pieds des pauvres le Jeudi Saint de chaque annŽe et de cŽlŽbrer la Cne en leur honneur. Cette coutume qui courbait devant des malheureux la MajestŽ Royale, avait ŽtŽ pratiquŽe dŽjˆ par les Empereurs Grecs de Byzance, et c'est de lˆ qu'elle Žtait venue en Europe.

ÇLe nombre des pauvres amenŽs au palais pour cette cŽrŽmonie fut d'abord illimitŽ. Il se rŽduisit par la suite et au dŽbut du XVII sicle, Henri IV rŽgnant, il avait ŽtŽ dŽfinitivement fixŽ ˆ treize garons ou fillettes [83] , ce nombre symbolisant JŽsus-Christ et les douze Ap™tres. Si le Roi Žtait empchŽ, le Dauphin le remplaait...

Ç... On les assied le long d'un banc, le dos tournŽ contre la table o le Roi les doit servir, et le visage vers la chaire o le Grand Aum™nier, ou autre PrŽlat qui a ŽtŽ choisi, doit faire l'exhortation. Celle-ci terminŽe, on chante le Miserere, puis le Roi s'avance vers les Enfants et prosternŽ ˆ deux genoux, il commence ˆ laver le pied droit au premier, et le baise, et ainsi continue aux autres... Les enfants passent ensuite avec leur banc de l'autre c™tŽ de la table o ils sont servis par le Roi chacun de treize plats de bois, les uns pleins de lŽgumes, les autres de poisson, et d'une petite cruche pleine de vin sur laquelle on met trois pains ou ŽchaudŽs. Puis le Roi passe au cou ˆ chacun d'eux une bourse de cuir rouge dans laquelle il y a treize Žcus d'or, laquelle est prŽsentŽe ˆ sa MajestŽ par le TrŽsorier des Aum™niers.

ÇCe sont toujours comme par le passŽ, les Princes du sang royal ou autres Princes et Nobles qui tendent les plats au Roi...

ÇDerrire les Enfants, il y a un Aum™nier servant qui prend tous les plats sit™t que le Roi les a mis sur la table, et les remet dans des paniers ou corbeilles, qui sont tenus par les Pres et Mres ou Parents des enfants, auxquels le tout appartient.

ÇFinalement, le Roi se rend ˆ la Messe avec une grande suite et ˆ l'issue, avec un cierge blanc en main, suivi des mmes Princes et Seigneurs, il accompagne le Saint-Sacrement depuis l'autel o la Messe a ŽtŽ dite, jusque dans un oratoire qu'on lui a prŽparŽ, o il est posŽ en grande dŽvotion.

Ç... Une cŽrŽmonie parallle se dŽroula jusqu'ˆ la RŽvolution, Žgalement dans les grands appartements de la Reine. Elle aussi y servait les petits pauvres, assistŽe par les Princesses de la Famille Royale et par des Duchesses qui lui tendaient les platsÈ.

 

Quel magnifique exemple chrŽtien donnait ainsi le Roi de France.

Ajoutons que saint Louis, tous les vendredis, accomplissait ce geste qui grandissait la majestŽ royale et que bien souvent, au cours de sa sortie matinale quand il rencontrait des pauvres, il ne manquait pas de les ramener au palais royal o lui-mme tenait ˆ les servir ˆ table, voyant en chacun d'eux un membre souffrant de JŽsus-Christ.

On comprend que devant de pareils faits

Çl'Eglise ait encouragŽ ds avant le XIII sicle, et ˆ Rome mme, la prire pour le Roi de France.

ÇA Saint-Louis-des-Franais, on lit sur chacun des piliers, qui font face ˆ la porte d'entrŽe : Quiconque prie pour le Roi de France gagne dix jours d'indulgences accordŽs par le Pape Innocent IV [84] È.

Inscriptions et indulgences existent encore.

 

LE ROI PéRE DE LA FRANCE ET DE TOUS SES SUJETS

 

La Famille est d'institution divine et est la cellule sur laquelle repose la sociŽtŽ tout entire. Monseigneur Delassus dans son admirable ouvrage L'Esprit Familial dŽmontre cette vŽritŽ ˆ tous les Žchelons de la sociŽtŽ humaine : famille, corporation, citŽ, ƒtat. Il prouve que toutes les institutions qui s'appuient sur la famille et la favorisent sont dans l'ordre naturel, c'est-ˆ-dire dans l'ordre voulu par Dieu et qu'au contraire toutes celles qui combattent la famille ou simplement ne reposent pas sur elle sont vouŽes ˆ la disparition parce que contraires ˆ la loi naturelle et donc ˆ la volontŽ divine.

ÇSi les peuples, Žcrit-il, ne sont construits que de familles vivantes et si les lois imposŽes par Dieu ˆ la famille doivent tre les lois de toute sociŽtŽ, il est nŽcessaire que les ƒtats reproduisent en eux quelque chose du type primitif [85] È.

 

C'est pourquoi la RoyautŽ est le rŽgime normal parce quÕelle a pour base la famille et ne se perpŽtue que par la famille ; elle repose donc sur la loi naturelle et est donc dans l'ordre voulu par Dieu.

ÇLa Patrie, ce fut ˆ l'origine le territoire de la famille, la terre du pre. Le mot s'Žtendit ˆ la seigneurie, et au royaume entier, le Roi Žtant le Pre du peuple. L'ensemble des territoires sur lesquels sÕexerait l'autoritŽ du Roi s'appelait donc ÇPatrieÈ [86] .

 

Dom Besse remarque que les Monarchies chrŽtiennes de l'Europe, sont toutes I'Ïuvre d'une famille.

ÇCette famille est aimŽe et respectŽe comme la premire du pays. Elle personnifie ses traditions et ses gloires. Sa prospŽritŽ et celle du pays n'en font qu'une. Elle porte en elle les espŽrances de l'avenir. Tous le savent et vivent en paix [87] È.

Mais alors que la France, l'Allemagne et l'Italie sont toutes trois issues du dŽmembrement de l'Empire de Charlemagne, il convient de remarquer que tandis qu'il fallut dix sicles aux deux dernires pour parvenir ˆ leur unitŽ, la France prit immŽdiatement figure de nation.

 

A quoi notre pays dut-il ce privilge ?

A la Loi Salique et au mariage qu'il avait contractŽ de par la gr‰ce et la volontŽ divines avec sa dynastie. Aucune autre Maison Royale ne poussa aussi loin le respect de l'esprit familial, et c'est ce qui fit sa force.

Renan lui-mme le reconna”t :

ÇA toute nationalitŽ correspond une dynastie en laquelle s'incarne le gŽnie et les intŽrts de la nation ; une conscience nationale n'est fixe et ferme que quand elle a contractŽ un mariage indissoluble avec une famille qui s'engage par le contrat ˆ n'avoir aucun intŽrt distinct de celui de la Nation. Jamais cette identification ne fut aussi parfaite qu'entre la maison capŽtienne et la France. Ce fut plus qu'une royautŽ, ce fut un sacerdoce [88] È.

 

Mais aussi, Dieu bŽnit manifestement la Famille de nos Rois :

ÇC'est Dieu en effet, dans ses desseins sur la France, qui a permis que dans cette grande lignŽe capŽtienne, o l'on ne compte pas pendant plus de trois sicles un seul prince adultŽrin, l'hŽritier direct ne manqu‰t jamais au tr™ne, en sorte que l'on a vu sans interruption, depuis Hugues Capet jusqu'ˆ Philippe le Long, le Fils a”nŽ du Roi dŽfunt succŽder rŽgulirement ˆ son Pre [89] È.

 

C'est l'esprit familial de nos Rois qui prŽsida ˆ la formation de l'unitŽ territoriale de la France :

ÇLe principe de la Monarchie franaise Žtait que rien de ce qui avait fait partie ˆ l'origine ou avait ŽtŽ comme on disait du domaine de la couronne ne pouvait tre aliŽnŽ. Lorsque, par droit d'hŽritage fŽodal, partage successoral ou constitution d'apanage, une province est distraite du domaine royal, elle ne cesse point pour cela de faire partie intŽgrante de la monarchie et, quelque jour ˆ venir, elle fera retour au domaine inaliŽnable de la couronne. Or, les juristes et les conseillers de nos Rois soutiennent sans admettre la discussion, que le fondateur de la Monarchie Franaise, le Franc Clovis, rŽgna sur toute la Gaule et que toutes les terres qui avaient fait ,partie du Regnum Francorurn de Clovis doivent en droit faire retour ˆ la Couronne [90] È parce que c'Žtait la terre des Pres.

 

Or, Clovis rŽgnait sur un territoire limitŽ par le Rhin, le Jura, les Alpes et les PyrŽnŽes. Il s'en suit donc qu'aprs les grands partages du TraitŽ de Verdun entre les petits-fils de Charlemagne, nos Rois ne vont jamais cesser de tendre ˆ se rapprocher de la frontire naturelle et ˆ reprendre province ˆ province la ÇTerre des PresÈ et c'est par la famille qu'ils y parviendront. Dieu a permis en effet que les dŽtenteurs de ces provinces les uns aprs les autres n'eussent plus d'hŽritiers m‰les, et que leurs filles fussent demandŽes en mariage par les Fils de nos Rois.

Aussi, de Lionne remarque-t-il dans ses instructions au baron de Boisnebourg (7 juin 1659) que la France n'a jamais Çrien retenu au seul titre de conqutes et si elle a eu parfois quelques avantages, 'a a ŽtŽ ˆ des choses qui se trouvaient d'ailleurs appartenir ˆ nos Rois, par succession, confiscation, Žchange ou mme achatÈ.

CÕest qu'en effet, le Roi, en bon Pre de Famille, ne veut arrondir son domaine que par des moyens honntes. Les instructions que donne le Cardinal de Richelieu ˆ ce sujet sont admirables et mŽritent d'tre citŽes. Il veut une Çpaix sžre, juste et raisonnable. On veut traiter de bonne foi et sans prŽtendre autre avantage que ce que la raison doit accorder ˆ un chacunÈ, Žcrit-il ˆ son agent en Espagne, Pujol, le 8 novembre 1637. Le Grand Cardinal s'inspire des mŽmoires que les juristes de la Couronne, les Godefroy, les Dupuy, les Lebrait, les Delorme et autres ont Žtablis. Il les fait contr™ler par des docteurs en thŽologie pour savoir s'ils sont vrais Çau point de vue de la conscienceÈ.

Pour prendre un territoire comme un particulier pour revendiquer un bien, le Prince doit invoquer des titres lŽgitimes. Aussi rŽprouve-t-il toute conqute qu'il considre comme un acte violent et injuste et il se refuse ˆ conseiller ˆ son Ma”tre des procŽdŽs que la conscience, l'honneur du Roi, la dignitŽ et l'intŽrt de l'Etat interdisent [91] .

Tels furent les principes que les Rois de France s'efforcrent toujours de faire triompher dans les relations internationales, afin que la justice fžt satisfaite, parce que la justice, seule, respectant l'ordre voulu par Dieu, peut, seule, assurer la paix, l'apaisement des passions et la prospŽritŽ gŽnŽrale.

Quelle magnifique leon de droiture et d'honntetŽ ! Comme le monde a besoin que le Roi de France vienne rŽtablir Çle rgne de Dieu afin que tout le reste lui soit donnŽ par surcro”tÈ.

C'est l'esprit familial, Žgalement, qui prŽsidait aux rapports du Roi et de ses sujets. Le gouvernement royal avait conservŽ le caractre familial. L'autoritŽ du Roi Žtait ˆ peu prs celle du Pre de Famille. Comme le Pre de famille, il Žtait la source de toute justice : ÇSummun justiti¾ caputÈ Žcrit Fulbert de Chartres au XI sicle.

Il traitait ses sujets avec une entire familiaritŽ, se promenait ˆ pied, sans escorte dans les rues de Paris, comme le Pre au milieu de ses enfants. Chacun l'abordait, lui parlait. Son palais Žtait ouvert ˆ tout venant. Il mangeait devant ses sujets, en famille. Car, Žcrit Lacatelle, en 1665, ÇLe Roi veut que ses sujets entrent librementÈ.

ÇNommer le Roi Pre du Peuple, dit La Bruyre, c'est moins faire son Žloge que sa dŽfinitionÈ.

 

La Famille Royale ne s'appartenait pas, elle appartenait ˆ la France et la France prenait part intensŽment ˆ tous les ŽvŽnements heureux ou douloureux de la Maison de France ; pour tout le Pays, c'Žtaient des ŽvŽnements de famille. Une naissance Žtait-elle attendue, la Reine devait accoucher en public. Ds le XII sicle ˆ la naissance de Philippe-Auguste, le 21 avril 1165, des scnes d'amour dŽlirant se produisent, la maison du Roi est entourŽe, envahie Çde palatins, de bourgeois qui attendent fiŽvreusement la dŽlivrance de la Reine. C'est un fils ! La Reine pleure de joie ; la nouvelle vole de bouche en bouche ; elle court d'une extrŽmitŽ de la France ˆ l'autre avec une rapiditŽ surprenante : Paris s'Žveille dans la joie ; les rues et les places s'illuminent. Les trompettes retentissent au coin des carrefours ; les cloches sonnent ˆ toute volŽe.

Un Anglais, GŽraug de Barri, rŽveillŽ par la joie populaire, Žcrit :

ÇJe saute de mon lit, je cours ˆ la fentre et j'aperois deux pauvres vieilles qui, portant chacune un cierge allumŽ, gesticulaient et couraient comme des folles. Je leur demande ce qu'elles ont :

ÇNous avons un Roi que Dieu nous a donnŽ rŽpond l'une d'elles ; un superbe hŽritier royal par la main de qui votre roi ˆ vous recevra un jour honte et malheur [92] È.

 

Les Princes de la Maison Royale savaient mourir pour dŽfendre la France. Les tables de marbre de Versailles en font foi : plus de trente d'entre eux furent tuŽs, sans compter tous ceux qui, blessŽs, versrent leur sang gŽnŽreux.

Il est un fait unique dans les annales de l'Histoire. Alors qu'en Angleterre, les Plantagenets, les Tudor, les Lancastre, les Hanovre, etc ... ; en Allemagne, les Hohenstanffen, les Habsbourg, les Lorraine, les Hohenzollern ... ; en Autriche, les Habsbourg et les Lorraine ; en Espagne, les Habsbourg et les Bourbons ; en Italie, de nombreux princes et notamment les Bourbons et les Savoie ; en Russie, les Romanoff.... etc., rŽgnrent sans jamais adopter le nom du pays, en France le premier de nos Rois a donnŽ le nom de sa race ˆ la France et la France ˆ son tour a donnŽ le sien ˆ notre Famille Royale en signe d'union indissoluble : nos Rois sont tous de la Maison de France, et alors mme que cette Famille ne rgne plus sur la Patrie, elle demeure et demeurera toujours la Maison de France et l'histoire a montrŽ que la sŽparation momentanŽe entre les deux conjoints avait des consŽquences dŽsastreuses pour le Pays.

C'est que Dieu avait choisi de toute ŽternitŽ la race royale des Francs pour la faire rŽgner jusqu'ˆ la fin des temps sur la France et que cette sŽparation est contraire ˆ la volontŽ divine.

Jamais aucune Maison Souveraine n'a ŽtŽ passionnŽment aimŽe par son peuple comme l'a ŽtŽ la Maison de France, mais aussi, aucune n'a ŽtŽ digne et n'a mŽritŽ de l'tre comme elle.

Michelet lui-mme le constate, qui Žcrit :

ÇDes entrailles de la France sort un cri tendre, d'accent profond : ÇMon Roi !È

 

Et Tocqueville dit trs justement :

ÇLa nation avait pour le Roi tout ˆ la fois la tendresse qu'on a pour un Pre et le respect qu'on ne doit qu'ˆ Dieu !È

 

M. F. Funck-Brentano a montrŽ ˆ quel point Žtait demeurŽ vivant dans le cÏur des Franais l'amour du Roi lors de la RŽvolution :

ÇIssu du Pre de Famille, le Roi Žtait demeurŽ dans l'‰me populaire, instinctivement et sans qu'elle s'en rend”t compte, le Pre auprs duquel on cherche soutien et abri. Vers lui, ˆ travers les sicles s'Žtaient portŽs les regards dans les moments de dŽtresse ou de besoin. Et voici que brusquement, par le violent contrecoup de la prise de la Bastille, cette grande autoritŽ paternelle est renversŽe. Et c'est parmi le peuple de France un malaise, un effroi vague, irrŽflŽchi.

ÇOh, les rumeurs sinistres ! les brigands !... Et le Pre n'est plus lˆ !

ÇLa ÇGrande PeurÈ est la dernire page de l'histoire de la RoyautŽ en France. Il n'en est pas de plus touchante, de plus glorieuse pour elle, il n'en est pas o apparaisse mieux le caractre des relations qui, traditionnellement, naturellement, s'Žtaient Žtablies entre le Roi et le pays [93] È.

 

L'idŽe paternelle que l'on se faisait de la Monarchie avant la RŽvolution ne serait pas complte si nous ne rappelions la sublime page de dŽvouement des Çotages de Louis XVIÈ [94] . Aprs le retour de Varennes, nombre de royalistes sentirent planer la menace de mort sur le Roi ; l'un d'eux, Farmain de Rozoi, lana un admirable appel demandant que les vrais royalistes s'offrissent en otage ˆ la place du Roi.

L'appel fut entendu : de tous les points du Pays et de toutes les classes de la nation parvinrent des adhŽsions enthousiastes et d'autant plus mŽritoires que chacun de ceux qui rŽpondait se dŽsignait aux reprŽsailles des rŽvolutionnaires. Les hommes se proposrent comme otages du Roi ! ; les femmes, de la Reine. Nous citerons seulement deux de ces rŽponses particulirement touchantes :

ÇJe suis pauvre, Žcrit un paysan de Vaas prs Ch‰teau-du-Loir, si l'on ne me juge pas indigne d'un tel honneur, j'irai prendre les fers (ˆ la place du Roi) ; et si je n'ai point assez d'argent, je vendrai mes boucles, ma montre pour subvenir aux frais du voyageÈ.

ÇJe ne suis point aristocrate, dŽclare une simple fille de la campagne, mais je suis jeune et sensible et les malheurs de Louis dŽchirent mon cÏur. S'il est condamnŽ, s'il doit pŽrir, je m'offre comme victime ˆ sa place. JulieÈ.

Le voilˆ le vrai cÏur de la France

 

LE CHRIST CLEF DE VOóTE DE L'ANCIENNE FRANCE

 

ET ROI UNIVERSEL DES SIéCLES ET DE L'ƒTERNITƒ

 

Nous venons de voir que le Roi, reprŽsentant de Dieu sur la terre, et le gouvernement Royal, avaient pour base l'autoritŽ religieuse et familiale. Deux autres exemples montrent que toute la vie de l'ancienne France reposait sur la religion du Christ : la Chevalerie et les Corporations.

Le jeune Chevalier, avant que d'tre armŽ, devait ježner et passer une nuit en prires devant le Tabernacle, puis se confesser et communier. Il jurait solennellement alors, devant le Saint Sacrement, de dŽfendre I'Eglise, son Roi, le faible, le pauvre, la veuve, l'orphelin et d'tre toujours courageux, loyal et gŽnŽreux.

Quant aux Corporations de MŽtiers, elles trouvent, le plus souvent, leur origine dans l'hommage fait ˆ Dieu, et chacune d'elles tient ˆ l'honneur de vŽnŽrer son Saint Patron [95] .

De mme que le Christ est Roi de France, il est le Chef suprme de la Chevalerie et des Corporations.

le roi, la noblesse, le peuple, tous reconnaissent la royautŽ du Christ qui est en toute vŽritŽ la clef de vožte de l'ancienne France

CÕest ce quÕaffirmait le plus grand ƒvque du XIX sicle, le Cardinal Pie, quand il Žcrivait justement :

ÇJŽsus-Christ, c'est la pierre angulaire de notre Pays, la rŽcapitulation de notre Pays, le sommaire de notre Histoire ; JŽsus-Christ, c'est tout notre avenirÈ. (t. X. p. 493).

 

Aussi fut-ce pour tous les Catholiques du monde mais plus spŽcialement pour les Franais une grande joie et une immense espŽrance, au milieu des douleurs prŽsentes, de voir le Pape Pie XI, dont ce sera le plus beau titre de gloire, proclamer la RoyautŽ Universelle du Christ et instituer la Fte annuelle du Christ-Roi. Elle sera la source d'inŽluctables bŽnŽdictions sur le monde et, tout particulirement sur la France, qui a ŽtŽ la premire ˆ promouvoir le grand mouvement [96] dont l'encyclique Quas Primas a ŽtŽ le magnifique couronnement ; sur cette France dont le Christ disait ˆ Marie Lataste, le 28 novembre 1843 [97] :

ÇLe Premier Roi, le premier Souverain de la France, c'est Moi.

ÇJe suis le Ma”tre de tous les peuples, de toutes les nations, de tous les royaumes, de tous les empires, de toutes les dominations ; Je suis particulirement le Ma”tre de la FranceÈ.

 

CONCLUSION DU LIVRE I : VERS LÕAVENIR

 

LA LOI SALIQUE ET LE CHOIX DIVIN

 

Joseph de Maistre relevant cette expression de l'Ecriture : ÇC'est moi qui fais les RoisÈ ajoute :

ÇCeci n'est point une mŽtaphore, mais une loi du monde politique. Dieu fait les rois au pied de la lettre. Il prŽpare les races royales ; Il les mžrit au milieu d'un nuage qui cache leur origine. Elles paraissent ainsi couronnŽes de gloire et d'honneurÈ.

 

C'est Dieu en effet qui Žtablit la RoyautŽ. Il la fit reposer sur deux principes qui se compltent rŽciproquement : la primogŽniture m‰le et l'hŽrŽditŽ. Il voulut, en outre, choisir la Race Royale par excellence ! celle de David, parce quÕelle devait donner naissance ˆ Son Divin Fils. Mais, si le principe de l'hŽrŽditŽ m‰le Žtait intangible [98] , il n'en Žtait pas de mme de celui de la primogŽniture. Dans des cas exceptionnels, Dieu se rŽservait, en effet, d'y dŽroger en faveur du Prince le plus digne de rŽgner.

Ainsi, parmi les enfants d'Isa•e, il choisit non l'A”nŽe mais le plus jeune, le huitime, David :

ÇJe l'Žtablirai le premier nŽ d'entre ses frres et Je l'Žlverai au-dessus des rois de la terre [99] È.

 

Ce n'est pas non plus l'a”nŽ de David que Dieu choisit pour succŽder ˆ son pre mais le dixime, Salomon, choix divin reconnu et admis par l'a”nŽ, Adonias :

ÇVous savez que la couronne m'appartenait et que tout Isra‘l m'avait choisi par prŽfŽrence pour tre son roi mais le royaume a ŽtŽ transfŽrŽ et il est passŽ ˆ mon frre, parce que c'est le Seigneur qui le lui a donnŽ [100] È.

C'est ce que David lui-mme tint ˆ affirmer ˆ plusieurs reprises [101] .

En France, il en est absolument de mme. Dans son Testament, incontestablement inspirŽ et que saint Pie X recommandait aux franais comme un trŽsor, saint Remy proclame que Dieu a Çchoisi dŽlibŽrŽmentÈ la Race de MŽrovŽe Çpour rŽgner jusqu'ˆ la fin des tempsÈ sur notre Pays. Le grand thaumaturge affirme formellement l'unitŽ de race de nos Rois, il ajoute pour mieux confirmer notre foi et illuminer nos intelligences :

ÇQu'en tout et toujours il garde la perpŽtuitŽ de sa force et l'inviolabilitŽ de sa durŽe !È

 

Il s'en suit donc que MŽrovingiens, Carolingiens et CapŽtiens sont trois branches d'une seule et mme race. Cette unitŽ de race de tous nos Rois Žtait considŽrŽe comme une tradition au Moyen-Age et jusqu'avant la RŽvolution : dans la salle du Tr™ne de l'ancien Palais Royal ˆ Paris (incendiŽe en 1618 et sur l'emplacement de laquelle a ŽtŽ construite la salle des Pas Perdus de l'actuel Palais de Justice) sous la statue de PŽpin le Bref, l'inscription suivante Žtait gravŽe dans la pierre en caractres gothiques :

ÇPŽpin, Fils de Charles le Martel, de la lignŽe de Clotaire second, fut Žlu RoyÈ.

 

Plusieurs auteurs parlent de cette tradition que Piganiol de la Force dŽfendit dans sa Description de la France, publiŽe avec autorisation et privilge de Louis XIV, en date du 20 Juin 1714 :

ÇLe Royaume de France a commencŽ l'an de l're vulgaire 420 et depuis ce temps-lˆ, a toujours ŽtŽ successif de m‰le en m‰le et gouvernŽ par 65 Rois, tous issus de la mme maison, quoique de trois races diffŽrentes, ainsi que je le prouverai dans un autre ouvrage... È [102] .

Sans aller jusque-lˆ, les BŽnŽdictins ont cependant nettement dŽmontrŽ sinon l'unitŽ des trois races, du moins celle des Carolingiens et des CapŽtiens, dont l'auteur commun est PŽpin d'HŽristal, Pre de Charles Martel, qui a donnŽ le jour aux premiers, et de Childebrand d'o sont issus les seconds.

Il n'est pas sans intŽrt d'ajouter qu'indŽpendamment de leur ascendance salique avec les MŽrovingiens, les Carolingiens et les CapŽtiens descendent Žgalement par voie fŽminine de Clovis et de Clotaire Il par Blitilde, fille de ce dernier et mre de saint Arnoul, a•eul de PŽpin d'HŽristal ; et que les CapŽtiens descendent de Charlemagne par AdŽla•de, fille de Louis le DŽbonnaire, qui Žpousa Robert le Fort.

Quant au choix divin sur les membres les plus dignes de la famille Royale, il s'est exercŽ Žgalement en France. Piganiol de la Force continue :

ÇLa Loi Salique, qui est la Loi Fondamentale de cette Monarchie, en exclut les filles et elle a toujours ŽtŽ inviolablement observŽe ˆ leur Žgard. Elle l'a ŽtŽ aussi quant aux m‰les, mais il y eut de la diffŽrence dans la manire. Sous les deux premires races, les Franais Žlisaient pour leur Roi le Prince le plus digne de leur commander, pourvu qu'il fut issu par m‰le du sang royal ; c'est ˆ cette libertŽ de choix que PŽpin et Hugues Capet furent redevables de leur Žlection, quoiqu'ils ne fussent pas les plus proches hŽritiers de leurs prŽdŽcesseurs. Dans la troisime race au contraire, les Princes issus du sang royal par m‰les ont toujours ŽtŽ appelŽs ˆ la RoyautŽ par l'ordre et la prŽrogative de leur naissance, le plus proche a toujours exclu celui qui l'Žtait moinsÈ [103] .

 

Ainsi la Providence a voulu choisir les trois branches de la Race Royale au moment o dans Sa prescience des ŽvŽnements Elle savait que chacune d'elles serait la plus digne de rŽgner et assigna ˆ chacune une mission particulire, les MŽrovingiens devant catŽchiser les peuples, les Carolingiens les baptiser et les CapŽtiens les sanctifier.

A l'origine le choix se portait donc sur le plus digne, le plus courageux, parmi les Princes de la Race Royale et non pas forcŽment sur l'a”nŽ, ˆ l'image de ce qui s'Žtait passŽ dans l'Ancien Testament. On comprend cependant que sous la troisime branche on ait ŽtŽ amenŽ ˆ fixer d'une manire rigoureuse l'ordre de succession au Tr™ne, afin d'assurer plus de tranquillitŽ, de stabilitŽ, de continuitŽ au Royaume et pour Žviter les compŽtitions.

ÇDe quoi demain sera-t-il faitÈ ? C'est le secret de Dieu. Ce que l'on peut dire, sans tre taxŽ de lŽgretŽ, c'est qu'en prŽsence de la perturbation gŽnŽrale et des catastrophes imminentes il semble bien que le monde touche ˆ la fin des temps et soit ˆ la veille de la restauration miraculeuse de la RoyautŽ annoncŽe par prs de deux cents prophŽties [104] , que le Roi qui montera sur le Tr™ne sera vraisemblablement le Grand Monarque qui doit tre le plus grand de tous les Rois et le dernier de Sa Race. Dans ce cas il ne serait plus nŽcessaire que la Providence port‰t son choix forcŽment sur l'A”nŽ, mais sur le plus saint et le plus digne.

Les dŽcisions du Concile de Paris viennent confirmer le choix divin :

ÇQue nul d'entre les Rois ne se figure que son royaume lui vient de ses anctres : mais qu'il croie humblement et sincrement qu'il le tient de Dieu, de ce Dieu qui a dit par son prophte JŽrŽmie aux enfants d'Isra‘l :

ÇVous direz ˆ vos ma”tres : c'est Moi qui, par Ma puissance et par Mon bras Žtendu ai fait la terre, l'homme et les animaux qui sont sur la surface de la terre, et Je la donne ˆ qui il Me pla”t (JŽrŽmie xxvii, 5).

ÇCeux qui croient que la royautŽ leur vient de leurs anctres plut™t que de Dieu sont de ceux que le Seigneur rŽprimande par la bouche de Son prophte en disant : Ils ont rŽgnŽ, mais pas par Moi ; ils ont ŽtŽ princes, mais Je ne les ai pas connusÈ.

ÇOr, tre ignorŽ de Dieu, c'est tre rŽprouvŽ. C'est pourquoi quiconque commande temporellement aux hommes doit croire que l'empire lui est confiŽ par Dieu et non par les hommesÈ.

 

Les uns rgnent par la gr‰ce de Dieu, les autres par Sa permission. Ceux qui rgnent avec piŽtŽ, justice et misŽricorde rgnent, sans aucun doute, par la gr‰ce de Dieu. Les Çautres ne rgnent pas par Sa gr‰ce, mais seulement par Sa permission. Et c'est d'eux que le Seigneur a dit par le prophte OsŽe : Je te donnerai un Roi dans Ma fureur. C'est d'eux dont parle Job lorsqu'il dit : C'est Dieu qui fait rŽgner l'hypocrite ˆ cause des pŽchŽs du peuple [105] È.

Notre Seigneur ne disait-il pas Žgalement ˆ Marie Lataste, Religieuse du SacrŽ-CÏur, le 29 novembre 1843, au sujet de la France :

ÇJe lui ai suscitŽ des Rois, elle en a choisi d'autres ˆ son grŽ... Ne voit-elle pas que Je me sers de sa volontŽ pour la punir, pour lui faire lever les yeux vers moi ? [106]

 

Une autre ‰me privilŽgiŽe Žcrit :

ÇMalgrŽ ce que je dis de prŽparer les voies de Dieu, Notre Seigneur veut me cacher jusqu'au dernier moment celui qu'Il trouvera digne d'tre le Sauveur de la France. Et Notre Seigneur demande le concours des hommes par une foi docile et humble dans Ses avertissements.

ÇQue l'homme fasse ce qu'il doit faire, et Dieu fera le resteÈ.

 

Et elle explique :

ÇOn voit que la mauvaise volontŽ des hommes change les desseins que Dieu avait sur euxÈ [107] .

Qui donc rŽgnera ? De trs nombreuses prophŽties parlent du roi cachŽ connu de Dieu seul [108] . C'est donc le secret de Dieu qui veut Se rŽserver de choisir le plus digne d'entre les Princes de la Maison de France.

Le devoir est donc d'attendre l'heure de Dieu avec confiance et pour l'avancer de vivre dans la prire et le sacrifice en faisant rayonner autour de nous la vŽritŽ tout entire, dans tous les domaines, vŽritŽ qui sera l'assise indestructible du Tr™ne de demain.

Ainsi c'est Dieu qui a choisi sous l'Ancien Testament la Race de David et sous le Nouveau celle de Clovis. Nous en trouvons une nouvelle preuve dans les constatations de Blanc de Saint-Bonnet :

ÇQuand Celui qui sonde les cÏurs et les reins choisit une famille parmi toutes les autres, Son choix est rŽel et divin. Celle-ci le prouve bient™t (quoique la libertŽ lui reste pour recueillir ou dissiper ses dons) en fournissant plus de lŽgislateurs, de guerriers, et de saints que les familles les plus nobles, bien qu'en ce point celles-ci l'emportent dŽjˆ sur les autres dans une proportion prodigieuse [109] .

ÇL'Ïuvre qu'elle accompl”t, ajoute Mgr Delassus, marque la main qui l'a choisie la soutient et la guide [110] .

 

Cette Ïuvre c'est la France :

ÇParti du nŽant, Žcrit Taine, le Roi de France a fait un ƒtat compact qui (au moment o Žclate la RŽvolution) renferme 26 millions d'habitants et qui est alors le plus puissant de l'Europe. Dans tout l'intervalle, il a ŽtŽ le chef de la dŽfense publique, le libŽrateur du pays contre les Žtrangers.

ÇAu dedans, ds le XII sicle, le casque en tte et toujours par les chemins, il est grand justicier, il dŽmolit les tours des brigands fŽodaux, il rŽprime les excs des forts, il protge les opprimŽs, il abolit les guerres privŽes, il Žtablit l'ordre et la paix : Ïuvre immense qui de Louis le Gros ˆ saint Louis, de Philippe le Bel ˆ Charles VII et Louis XI, de Henri IV ˆ Louis XIII et Louis XIV se continue sans s'interrompre.

ÇCependant toutes les choses utiles exŽcutŽes par son ordre ou dŽveloppŽes sous son patronage, routes, canaux, asiles, universitŽs, acadŽmies, Žtablissements de piŽtŽ, de refuge, d'Žducation, de sciences, d'industrie et de commerce portent sa marque et le proclament bienfaiteur public [111] .

 

C'est aussi l'ordre et la paix assurŽe dans le monde et les conditions favorables au dŽveloppement et au rayonnement de l'ƒglise dont la RoyautŽ Franaise a toujours ŽtŽ le bouclier et l'ŽpŽe ; c'est l'apostolat des Rois, Princes ou Princesses de la Maison de France qui convertit l'Angleterre, la Saxe [112] etc.. Leur vaillance qui brise l'invasion musulmane et entra”ne le monde chrŽtien aux Croisades ; enfin ce sont les premires missions auxquelles ils assurent leur protection, leur appui et leurs subsides et qui amneront peu ˆ peu la conversion du Nouveau monde.

Le rayonnement de la Maison de France dans le monde est unique : elle compte treize couronnes terrestres dont sept de Rois et deux d'Empereur.

ÇAu point de vue surnaturel sa primautŽ s'accentue : de toutes les maisons souveraines catholiques, elle s'honore d'tre celle qui a le nombre le plus considŽrable de saints avŽrŽs : sans compter les canonisations en cours et celles dont les procs ne sont pas encore ouverts [113] .

 

Ainsi, c'est Dieu le Pre qui a choisi la Tribu de Juda et la Maison de David, pour rŽgner sur Isra‘l, parce qu'elle devait donner le jour ˆ Dieu le Fils, et c'est le Christ qui a choisi la Maison de Clovis pour rŽgner sur la France. C'est, de par la volontŽ divine, la mme loi qui rŽgissait la succession au Tr™ne dans la RoyautŽ d'Isra‘l et dans la RoyautŽ Franaise. Ce ne sont pas les seuls rapprochements que l'on peut faire entre le Peuple de Dieu sous l'Ancien Testament et la ÇTribu de Juda de l're nouvelleÈ. Il en est d'autres qui mŽritent de retenir l'attention et d'tre mŽditŽs, notamment les promesses et les serments solennels faits par Dieu ˆ David et ˆ Clovis par lesquels Il s'engage formellement ˆ maintenir leur Race sur le Tr™ne jusqu'ˆ la fin des temps.

ÇVous direz donc maintenant ceci ˆ Mon serviteur David, ordonne Dieu au prophte Nathan : Voici ce que dit le Seigneur des ArmŽes : Je vous ai choisi lorsque vous meniez pa”tre les troupeaux, afin que vous fussiez le chef de Mon peuple d'Isra‘l. Partout o vous avez ŽtŽ, Je ne vous ai point abandonnŽ... De plus le Seigneur vous promet qu'Il fera votre Maison puissante. Et lorsque vos jours seront accomplis et que vous serez endormi avec vos pres, Je mettrai sur votre tr™ne, aprs vous, votre fils et Je rendrai le tr™ne de son royaume inŽbranlable ˆ jamais. S'il commet quelques fautes, Je le punirai, mais Je ne retirerai point Ma misŽricorde, comme Je l'ai retirŽe ˆ SaŸl que J'ai ŽcartŽ de devant Ma face. votre maison sera stable; vous verrez votre royaume subsister Žternellement et votre tr™ne s'affermira pour jamaisÈ [114] .

 

Or, Dieu voulut de nombreuses fois confirmer ce serment:

ÇLe Seigneur a fait ˆ David un serment trs vŽritable et Il ne le trompera point. J'Žtablirai, lui a-t-Il dit, sur votre Tr™ne le fruit de votre ventre [115] È.

ÇVous avez voulu assurer votre serviteur de l'Žtablissement de sa Maison, mme pour les sicles a venir [116] È

 

Le Psaume LXXXVIII est lumineux sur ce point :

ÇJe conserverai ˆ David Žternellement Ma misŽricorde et Je ferai subsister sa race dans tous les sicles et son tr™ne autant que les cieux. Si ses enfants abandonnent Ma loi et s'ils ne marchent pas dans Mes prŽceptes, s'ils violent la Justice de Mes ordonnances et s'ils ne gardent pas Mes commandements, Je visiterai avec la verge leurs iniquitŽs et Je punirai leurs pŽchŽs par des plaies diffŽrentes ; mais Je ne retirerai point de dessus lui Ma misŽricorde et Je ne manquerai point ˆ la vŽritŽ des promesses que Je lui ai faites. Je ne violerai point Mon alliance et Je ne rendrai point inutiles les paroles qui sont sorties de Mes lvres : J'ai fait ˆ David un serment irrŽvocable par Mon saint Nom et Je ne lui mentirai point: Je lui ai promis que sa race demeurera Žternellement et que son tr™ne sera Žternel en Ma prŽsence comme le soleil... È

 

Ainsi Dieu a fait ˆ David le serment irrŽvocable que ses descendants rŽgneraient jusqu'ˆ la fin des temps et les termes de ces serments sont tels qu'ils ne s'appliquent pas seulement au sens mystique en la personne du Christ qui rŽgnera sur le monde Žternellement, mais ˆ la race elle-mme. Que sont-ils devenus, quel tr™ne occupent-ils donc les fils de ces Rois qui rŽgnaient sur le Peuple ƒlu de l'Ancien Testament ? Saint Remy va Žclairer le mystre :

ÇPar Žgard seulement pour cette race royale (de Clovis) qu'avec tous mes frres et co-Žvques de la Germanie, de la Gaule et de la Neustrie, j'ai choisie dŽlibŽrŽment pour rŽgner jusqu'ˆ la fin des temps au sommet de la majestŽ royale pour l'honneur de la Sainte Eglise et la dŽfense des humbles... j'ai arrtŽ ce qui suit... [117] È suivent les malŽdictions en cas d'infidŽlitŽs et les bŽnŽdictions s'ils persŽvrent dans les voies du Seigneur.

 

Et il achve :

ÇQue de cette race sortent des Rois et des Empereurs qui confirmŽs dans la vŽritŽ et la justice pour le prŽsent et pour l'avenir suivant la volontŽ du Seigneur, pour l'extension de la Sainte Eglise, puissent rŽgner et augmenter tous les jours leur puissance et mŽriter ainsi de s'asseoir sur le tr™ne de David dans la cŽleste JŽrusalem o ils rŽgneront Žternellement avec le Seigneur [118] È.

C'est la rŽpŽtition du serment fait par Dieu ˆ David.

Pourquoi tant de miracles ˆ l'origine de notre RoyautŽ ? Pourquoi ces privilges uniques accordŽs aux seuls Rois de France, celui de n'tre sacrŽs qu'avec une huile sainte apportŽe spŽcialement du ciel par le Saint-Esprit lui-mme et cet autre de guŽrir miraculeusement les Žcrouelles ? Pourquoi ce sacre spŽcial instituŽ par l'Eglise pour les seuls Rois de France ? Pourquoi cette Loi Salique dont la raison profonde, essentielle, fondamentale est que nos Rois soient toujours de la mme race ? Pourquoi tant de miracles au cours de notre Histoire, tant d'apparitions du SacrŽ-CÏur, de Sa Divine Mre, et de Saint Michel ? Pourquoi la mission de notre Jeanne d'Arc dont le but essentiel Žtait de maintenir et de sauver le sang royal ? Pourquoi la RoyautŽ Franaise est-elle la seule qui ait ŽtŽ fondŽe par le miracle, qui se maintienne par le miracle et se perpŽtue par le miracle ? Pourquoi ce privilge unique ?

Parce que la Race de nos Rois n'est autre que celle de David [119] afin que cette Race divine en un de ses Membres puisse rŽgner jusqu'ˆ la fin des temps et que ce soient toujours des Princes de la Race du Christ qui soient les principaux auxiliaires de l'Žtablissement du rgne du SacrŽ-CÏur sur le monde gr‰ce ˆ leur RoyautŽ sur le Peuple Žlu du Nouveau Testament.

De par Dieu Jeanne dÕArc nՎcrivait-elle pas au Roi dÕAngleterre : ÇFaites raison au Roi du Ciel de Son sang royal ! [120] È

 

Nous pouvons donc essayer maintenant de donner une dŽfinition de la RoyautŽ Franaise :

La RoyautŽ en France est de choix divin. Dieu l'a instituŽe pour dŽfendre l'ƒglise et assurer le rgne universel du SacrŽ-CÏur et du CÏur ImmaculŽ de Marie. Il la conserve par la Loi Salique, gr‰ce ˆ laquelle le Souverain sort toujours de la mme Race (celle du Christ) Žlue par le Seigneur au temps de David et confirmŽe par saint Remy et sainte Jeanne d'Arc. Il la gouverne en Se rŽservant de choisir comme Roi dans cette Race le prince le plus saint et le plus digne de rŽgner, la loi de primogŽniture m‰le s'appliquant normalement hors le cas d'Žlection divine. Le Souverain est donc Roi directement par la gr‰ce de Dieu et non par l'autoritŽ du Sige-Apostolique.

A Dieu revient l'Žlection, ˆ la nation le consentement, au Sacerdoce le Sacre de l'ƒlu.

Nous sommes tentŽs d'ajouter que les trois branches de nos Rois, issues de la mme Race, sont comme une image de la TrinitŽ Une.

C'est la seule explication satisfaisante (mais combien fulgurante) de la mission divine de la France et de notre RoyautŽ, et de la prŽdilection du Christ, de la Vierge et de saint Michel sur nos Rois et notre Pays. Il n'en est pas de plus belle, de plus pure et de plus glorieuse...

ÇO Dieu tout puissant et Žternel, qui avez Žtabli lÕempire des Francs pour tre par le monde l'instrument de Votre trs divine volontŽ, le glaive et le bouclier de Votre sainte Eglise : nous Vous prions, prŽvenez toujours et en tout lieu de la cŽleste lumire les fils suppliants des Francs, afin qu'ils voient toujours efficacement ce qu'il faut faire pour Votre rgne en ce monde, et que, pour faire ainsi qu'ils auront vu, ils soient jusqu'ˆ la fin fortifiŽs de charitŽ et de courageÈ.

ÇPrions encore pour les rois trs chrŽtiens, afin que notre Dieu et Seigneur fasse que leur soient soumises toutes les nations barbares, pour notre paix perpŽtuelle [121] È.

 

Le texte de la premire prire a ŽtŽ modernisŽ. Nous le donnons dans sa forme actuelle, car il est plus facile ˆ rŽciter :

 

Prire des Francs

Dieu Tout-puissant et ƒternel, qui pour servir d'instrument ˆ Votre divine volontŽ dans le monde, et pour le triomphe et la dŽfense de Votre Sainte Eglise, avez Žtabli l'empire des Francs, Žclairez toujours et partout leurs fils de Vos divines lumires, afin qu'ils voient ce qu'ils doivent faire pour Žtablir Votre rgne dans le monde et que, persŽvŽrant dans la charitŽ et dans la force, ils rŽalisent ce qu'ils auront vu devoir faire. Par Notre-Seigneur JŽsus-Christ, Roi de France.


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[5] ConsidŽrations sur la France, ch. II, p. 8 et p. 27.

[6] Voir : de la Franquerie : MŽmoire pour le renouvellement de la ConsŽcration de la France ˆ Saint Michel, prŽfacŽ par S. Exc.. Monseigneur de la VillerabeI, ƒvque dÕAnnecy.

[7] Voir les recherches de saint Ignace de Loyola par les Bollandistes.

[8] A l'endroit mme o a ŽtŽ ŽdifiŽ le SacrŽ-CÏur.

[9] Voir Santo : Les crimes allemands et La cha”ne infernale et ses 33 anneaux.

[10] P. Champion : Galerie des Rois, p. 22.

[11] La tradition bourguignonne place l'apparition de la Croix dans la rŽgion de Paray-le-Monial (cf. le musŽe du HiŽron ˆ Paray-le-Monial), d'autres disent que ce fut lorsqu'il traversait les Alpes.

[12] Bossuet : Politique tirŽe de l'Ecriture Sainte, L.v. VII, art. 6, 14 prop.

[13] C¾sar Baronius, Annales ecclesiastici, 1593-1607, t. IV, p. 420. Bibli. Nat. H. 106.

[14] ÇDeproratis penitus rebus Divina Providentia factum est ut ejus tantum modo gentis regnum ad posteros feliciter propagaretur, penes quam cultus pietatis foret excellentius effulsurus, cujus in Childerico ut dictum est flores apparuerunt, in Clodoveo autem collecti sunt fructusÈ.

[15] LÕArianisme.

[16] Migne : Patrologiae cursus completus, patres latini, t. LXXII, p. 706, Bibl. Nat. A, de 112 ˆ 329.

[17] Labbe, Tome XI, p. 366 et 367. Lettre rappelŽe par saint Pie X le 13 dŽcembre 1908 lors de la bŽatification de Jeanne d'Arc (actes de Pie X, t. V, p. 204 et 205).

[18] ÇA sa mort en 512, sainte Genevive avait ŽtŽ inhumŽe, par ordre de la Reine (sainte Clotilde), avec les membres de la famille royale. Tous nos souverains eurent en grande vŽnŽration la mŽmoire de la Patronne de Paris ; beaucoup se plurent ˆ enrichir son tombeau. En 1757, Louis XV fit construire, par Soufflot, sur un plan grandiose, une basilique nouvelle qui devait remplacer la vieille Žglise mŽrovingienne. On sait que la RŽvolution Franaise (cette entreprise satanique, disait Pie IX) fit bržler publiquement, puis jeter ˆ la Seine, en novembre 1793 les reliques de sainte Genevive. La chasse fut envoyŽe ˆ la Monnaie et un dŽcret de la Convention transforma la basilique en PanthŽon pour la sŽpulture des grands hommes. Marat fut l'un des premiers h™tes de l'Žglise profanŽe. Le gouvernement tutŽlaire de la Restauration rendit la basilique au culte de sainte Genevive... En 1885, la 3 RŽpublique a de nouveau dŽsaffectŽ la basilique et en a fait un PanthŽon dans lequel, ˆ c™tŽ de Voltaire et de Rousseau, elle a placŽ Zola le pornographe, le cÏur du mŽtque Gambetta, complice de Bismarck, et les cendres de Jaurs le mauvais FranaisÈ. Commandant Dublaix : A. F., Chronique religieuse, 26 aožt 1925).

[19] C'est-ˆ-dire La Maison de Remy.

[20] De Maricourt et de la Morlire : La vraie Histoire de France.

[21] Traduction de l'abbŽ Lemann d'aprs les Leges Salic¾ illustrat¾ de Godefroy Wandelin (Anvers 1649).

[22] AbbŽ Vial : Jeanne dÕArc et la Monarchie, chapitre II, p. 26 et 27.

[23] AbbŽ Vial, op. cit. p. 62, sans oublier les apparitions de la rue du Bac et de Pellevoisin.

[24] Bulletin du Diocse de Reims, 28 dŽc. 1907, p. 621.

[25] Migne : Patr. lat. T. CXXV, p. 1159 et 1160.

Hincmar : Vita Sancti Remigii, Cap. 36 et sv. Bibl. Nat. A, 112 ˆ 329.

[26] Migne. Patr. lat. CXXXV, p. 51 et sv.

Flodoard : Historia Ecclesi¾ Remensis. Lib. 1, cap. 13. Bibl. Nat. A. 112 ˆ 329.

[27] Voir : Bloc Catholique, mars-avril 1923, n¡ 187, p. 51 : Les Francs, peuple Žlu de Dieu, par le Marquis de la Vauzelle.

[28] Hincmar : Vita Sancti Remigii, cap. XXXVIII, (Migne, t. 125, p. 1160).

[29] La sainte ampoule fut brisŽe en 1793 par le rŽvolutionnaire Ruhl, mais : ÇUn ecclŽsiastique et un magistrat de cette ville qui, dans ces temps affreux craignirent de compromettre un grand nombre de gens de bien, s'ils enlevaient ce prŽcieux vase, avaient eu le soin d'en retirer une partie du baume qu'il contenait. PartagŽ entre cet ecclŽsiastique et ce magistrat, ce baume a ŽtŽ gardŽ religieusement. En 1819, les parcelles en ont ŽtŽ rŽunies dans le tombeau de saint Remy sous la garde du CurŽ de Saint-Remy de Reims, et des preuves authentiques, constatŽes dans un procs-verbal lequel a ŽtŽ dŽposŽ au greffe du Tribunal de Reims, ne laissent aucun doute sur la fidle conservation de ce prŽcieux monument du sacre de ClovisÈ. Clausel de Coussergues : Du Sacre des Rois de France, mai 1825, p. 127.

[30] CŽrŽmonial du Sacre des Rois de France : Prire ˆ saint Remy.

[31] Sur lÕauthenticitŽ de tous ces faits, voir l'Žtude que nous avons publiŽe dans le Bloc Anti-RŽvolutionnaire n¡ de janvier-fŽvrier 1933 sous le titre : Dom Mabillon, dŽfenseur des privilges miraculeux des Rois de France.

Clausel de Coussergues : op. cit.

AbbŽ de Vertot : Dissertation sur la Sainte Ampoule. (Histoire de l'AcadŽmie des Inscriptions et Belles Lettres, II, p. 619, 1736).

Annales Benedict : toutes les Žtudes de Dom Mabillon sur ces questions.

Chanoine Desailly : L'authenticitŽ du grand testament de saint Remy, Dumoulin ˆ Paris.

[32] Acta Sanctorurn, 12 octobris, Sanctus Remigius.

[33] CitŽ par Zeller : Les Francs MŽrovingiens : Clovis et ses fils, p. 34

[34] Anast. II, Žp. Il ad Clod. t. VI, Conc. Col. 1282, citŽ par Bossuet : Politique tirŽe de l'Ecriture Sainte, t. I, livre VII, p. 529, ed. Delestre Boulage 1822, et par Zeller : op. cit. p. 38.

[35] Nicolle Gilles : Histoire de France (1492).

[36] CitŽ par Monseigneur Delassus : L'Esprit familial, p. 225, note 1.

[37] Voir l'acte d'enregistrement des lettres de fondation du Couvent et de la chapelle des CŽlestins de Limay (Seine-et-Oise) par le Roi Charles V, en l'honneur de la Sainte TrinitŽ. L'original de la charte de fondation existe aux Archives DŽpartementales de Seine-et-Oise et ce document a ŽtŽ publiŽ intŽgralement par Antoine Becquet dans : l'Histoire des CŽlestins de France.

[38] Voir : Comte de Place : Problmes hŽraldiques.

Pre Pie de Langogne : Vie de la VŽnŽrable Philomne de Sainte Colombe.

[39] Migne, t. 125, p. 1168. Hincmar : Vita Sancti Remigii cap. LIV. Baronius, Annales Ecclesiastici t. VI, p. 635.

[40] Actes de saint Pie X, t. V, pp. 204 et 205.

[41] Migne, t. 135, p. 60 ˆ 68. Flodoard, Historia Remensis Ecclesi¾, lib. I. ch. XVIII (Testamentum ab ipso editum).

[42] Ainsi, ˆ l'origine mme de notre histoire, nous trouvons indiquŽe, comme frontire naturelle de notre pays, la rive gauche du Rhin.

[43] Comme les Rois de France ont ŽtŽ fidles ! Le nombre des couronnes que leur race a portŽes est lˆ pour le prouver ; la Race Royale de France a rŽgnŽ en effet en France, en Lorraine, en Allemagne, en Hongrie, en Pologne, en Savoie, en Italie, ˆ Constantinople, en Espagne, ˆ Parme, ˆ Naples, en Sicile, au Portugal, en Autriche, au BrŽsil, etc...

[44] L'authenticitŽ indiscutable de ce document capital pour notre Histoire a ŽtŽ prouvŽe par l'AbbŽ Dessailly, de l'AcadŽmie de Reims, dans un ouvrage fondamental et dŽcisif sur la question : L'authenticitŽ du grand Testament de saint Remy, publiŽ au sicle dernier, chez Dumoulin, ˆ Paris. Nous y renvoyons nos lecteurs.

[45] CŽsar Baronius : Annales t. VI, Bibl. Nation. H. 106, p. 635 et 636.

[46] Dans ce chapitre nous nous sommes inspirŽ de la remarquable Žtude Dieu, la RoyautŽ et le salut de la France, malheureusement ŽpuisŽe.

[47] Dieu, la RoyautŽ et le salut de la France, p. 54.

[48] David est la prŽfiguration parfaite du grand Roi que Dieu va rŽvŽler et qui va monter sur le Tr™ne de France. Roi qui, pour les mme raisons, restera cachŽ jusqu'au dernier moment.

[49] Dieu, la RoyautŽ et le salut de la France, pp. 67 et 68.

[50] Dieu, la RoyautŽ et le salut de la France, pp, 74 et 75.

[51] Toutes les prires et consŽcrations reproduites dans ce chapitre sont spŽciales aux Rois de France, ˆ l'exception de celles prŽcŽdŽes dÕun astŽrisque.

On pourra comparer les textes du Pontificale Romanum ClŽmentis VIII ac Urbani VIII jussu editum et a Benedicto XIV recognitum et castigatum... avec ceux de Alletz : CŽrŽmonial du Sacre, 1775, Clausel de Coussergues : Du sacre des Rois de France, 1825.

[52] Madame de Witt-Guizot Les chroniqueurs de France, t. III : Jeanne d'Arc et la guerre de cent ans, p. 714.

[53] Dom Besse : Eglise et Monarchie, ch. VIII, p. 240 et 255.

[54] Dom Besse, id., p. 240 et 255.

[55] Dom Besse, id., p. 235.

[56] Cet Ange est saint Michel, le grand vainqueur de Satan, auquel tous les Rois de France, ˆ l'exception de Louis XV, se sont consacrŽs. L'Archange saint Michel est donc le spŽcial protecteur de nos Rois et de notre France.

Voir notre Žtude : MŽmoire pour servir ˆ une nouvelle consŽcration de la France ˆ Saint Michel, honorŽe d'une prŽface de S. E. Monseigneur du Bois de la Villerabel, ƒvque dÕAnnecy.

[57] CÕest une vŽritable constitution.

[58] Dom Besse, op. cit, p. 261.

[59] Un peu plus loin une autre oraison dit : ÇQu'Il vous fasse triompher de vos ennemis invisiblesÈ.

Une autre encore : ÇQuÕIl Žloigne de vous tous ceux qui voudraient vous nuireÈ.

Ainsi, par la rŽpŽtition rŽitŽrŽe de ces formules, Dieu semble vouloir mettre nos Rois en garde ˆ l'avance contre les agissements des sociŽtŽs secrtes et notamment de la judŽo-maonnerie.

La chose est d'autant plus certaine que Notre Seigneur Lui-mme au cours de ses apparitions ˆ Marguerite-Marie rŽemploie ˆ dessein la mme formule : ÇCe Divin CÏur se veut rendre protecteur et dŽfenseur de sa sacrŽe personne (celle du Roi) contre tous ses ennemis visibles et invisiblesÈ. 5 lettre, du 28 aožt 1689.

[60] ÇGentem Francorum inclytam, simul cum Rege nobili, beatus Remigius sumpto cÏlitus Christmate, sacra sanctificavit gurgite atque Spiritus Sancti, plene ditavit munere. Qui dono singularis grati¾, in columba apparuit et divinum Christma cÏlitus pontifici ministravitÈ.

[61] Dom Besse, op. cit., p. 266 ˆ 270.

[62] ÇNous trouvons, Žcrit saint Thomas d'Aquin, une preuve de cette saintetŽ dans les gestes des Francs et du Bienheureux Remy. Nous la trouvons dans la Sainte Ampoule apportŽe d'en haut par une colombe pour servir au sacre de Clovis et de ses successeurs, et dans les signes, prodiges, et diverses cures opŽrŽes par euxÈ. (De Regimine Principum, II 16.)

[63] Mgr Delassus : Le Problme de l'heure prŽsente, t. II, p. 604.

[64] Mgr Delassus, op. cit, pp. 602 et 604.

[65] Sous les deux espces. Clausel de Coussergues, p. 646.

[66] Dom Besse : dito, p. 269.

[67] De Regimine Principum.

[68] Frantz Funck-Brentano : L'ancienne France : le Roi, p. 177.

[69] Mgr Delassus, op. cit., pp. 215 et suivantes.

[70] Relation Chigi : comparer Žgalement avec les tŽmoignages de Saint-Simon, du Marquis de Sourches, d'Argenson, etc...

[71] Mgr Delassus, op. cit., p. 66, et l'Esprit familial, p. 215 et suivantes.

[72] Revue de Philosophie, novembre-dŽcembre 1925, p. 621.

[73] Mgr Delassus, op. cit., p. 606, De Canon. Sanct, livre IV, ch. III.

[74] Pre Louis de Grenade : Introduction sur ce symbole pars Il, chap. XXIX, VIII.

[75] Saint Franois de Sales op. cit. p. 102 et 103, 1re Partie ch. III. Article VII, Grande Ždition d'Annecy (1892).

[76] Saint Franois de Sales, op. cit., pp, 100 ˆ 108.

[77] ÇIl n'est aucune sociŽtŽ qui puisse faire ce que celle-ci fait, ni des choses aussi Žclatantes, ni d'une manire aussi constante, si Dieu n Žtait avec ElleÈ.

[78] ÇVraiment le Seigneur est dans ce lieuÈ.

[79] ÇSi vous tes les fils d'Abraham, faites les Ïuvres dÕAbrahamÈ.

[80] Saint Franois de Sales, op. cit. Les rgles de la foi. ch. VII, art. 1. pp. 319 et 320.

[81] ÇTu es Dieu, Toi qui fais ces merveilles !È

[82] Paul Gruyer : Quand les Rois de France lavaient les pieds des pauvres.

[83] Le chiffre de 13 Pauvres a ŽtŽ adoptŽ depuis saint GrŽgoire le Grand parce qu'un jour, ayant invitŽ 12 pauvres, il s'en trouva un treizime qui, la cŽrŽmonie finie, disparut mystŽrieusement comme il Žtait venu, et l'on pensa que c'Žtait Notre Seigneur Lui-mme.

[84] AbbŽ Delassus : Louis XVI et sa bŽatification, p. 17.

[85] Mgr Delassus : L'esprit familial, dans la famille, dans la citŽ, dans l'Etat, p. 31.

[86] F. Funck-Brentano : L'Ancienne France, le Roi.

[87] Mgr Delassus, id note 1, p. 20.

[88] Renan : RŽponse au discours de rŽception ˆ l'AcadŽmie Franaise de Jules Claretie.

[89] Mgr Delassus, id., note 1, p. 26.

[90] E. Babelon : Le Rhin dans l'Histoire.

[91] Voir : Louis Batiffol : Richelieu et l'Alsace (Revue Historique, nov., dŽc. 1921).

[92] Mgr Delassus, id., d'aprs Luchaire.

[93] Frantz Funck-Brentano, op. cit., p. 397.

[94] Ed. Pilon : Les otages de Louis XVI. (A. F. du 17 janvier 1935).

[95] Voir G. Fagniez : ƒtude sur l'industrie et la Classe Industrielle ˆ Paris aux XIII et XIV sicles. H. Blanc : Les Corporations de MŽtiers, p. 83 et suiv.

[96] La Ligue Apostolique des Nations et la SociŽtŽ pour le Rgne Social de N.-S. J.-C. ont ŽtŽ fondŽes dans ce but.

Le R. P. ThŽotime de Saint-Just a Žcrit un livre magistral sur le sujet : La RoyautŽ Sociale de Notre Seigneur JŽsus-Christ, d'aprs le Cardinal Pie.

[97] AbbŽ Pascal Darbens : Vie de Marie Lataste, t. III, p. 395.

[98] Rois II, ch. VII. La loi des enfants dÕAdam, dont il est question au verset 19, nÕest autre que la future loi salique, quant ˆ lÕhŽrŽditŽ. CÕest ce qui ressort nettement de tout ce chapitre.

[99] Ps. 88 - Rois, livre I, xvi, 1 - 13.

[100] Rois, Livre III, ii, 15.

[101] Paralipomnes I, xviii, 4 - 10 ; xix, 1 et 23 ˆ 25.

[102] Piganiol de la Force : Description de la France, Tome 1 p. 7.

[103] Piganiol de la Force : Description de la France, Tome 1 p. 7.

[104] Voir : Elie Daniel : Serait-ce vraiment la fin des temps ?

[105] Conc. Paris. Lib. II, cap. 5 ap. Coletti IX, 753.

[106] AbbŽ Darbins : Vie de Marie Lataste, Tome III, p. 398.

[107] ƒcrits de Marie Josphe p. 63.

[108] C'est ce qui ressort presque ˆ chaque page d'un manuscrit inŽdit qui nous a ŽtŽ confiŽ ; celui du Docteur Imbert-Gourbeyre sur les rŽvŽlations de Marie-Julie concernant le grand Monarque. Le principe du choix divin s'en dŽgage aussi, non moins lumineusement.

[109] Blanc de Saint Bonnet : La LŽgitimitŽLa monarchie Franaise.

Et Mgr Delassus note sur ce sujet : ÇPour ce qui est de la saintetŽ il suffit pour s'en convaincre de parcourir n'importe quelle vie des Saints. En s'en tenant au BrŽviaire on s'aperoit (l'observation est de M. Blanc de Saint Bonnet) que les familles nobles rŽunies en ont produit plus de trente sept sur cent et les seules familles royales six, c'est-ˆ-dire plus du vingtime. Mme au dix-huitime sicle o la noblesse Žtait si dŽchue, les Filles de nos Rois Žtaient des saintes et leurs petit fils des hŽros. En admettant une famille noble sur cent et une famille royale ou princire sur deux cent mille, on aurait cette proportion : le mme nombre de familles a produit dans la noblesse cinquante fois plus de saints que dans le peuple et dans les maisons royales quatre cents fois plus que dans la noblesse ou vingt mille fois plus que dans le peuple. Que sont, devant ces faits les dŽclarations de la dŽmocratie mme chrŽtienne sur les vertus du peuple et les vices des grands ! Des sots se font un argument contre l'institution monarchique des dŽsordres de Louis XV. Ils ne songent point aux sŽductions dont il n'a cessŽ d'tre entourŽ et devant lesquelles ils auraient fait eux sans doute meilleure figure. Ils ne songent pas non plus aux saints dont il Žtait le fils et le pre. Ils ne songent point ˆ l'incroyable puissance de vertu qu'il a fallu ˆ une famille plongŽe depuis huit sicles dans le bain dissolvant des plus grandes prospŽritŽs pour ne point retomber, dans l'Žgo•sme et produire encore au bout de ce temps la saintetŽÈ. (L'Esprit familial, note de la p. 22)

[110] Mgr Delassus : L'Esprit familial, p. 22.

[111] Taine : Les origines de la France Contemporaine ; L'Ancien RŽgime, pp. 14 et 15.

[112] Berthe, princesse franque convertit son mari, le Roi Ethelbert en 597. Charlemagne convertit les Saxons et Hedwige d'Anjou, princesse capŽtienne qui Žpousa Jagellon, Grand Duc de Lithuanie, convertit son peuple ; etc...

[113] L. de Beauriez : Robert le Fort et les origines de la race capŽtienne, p. 106 et 107. Cet auteur ne mentionne que les saints et les couronnes de la branche capŽtienne ; il y a lieu dÕajouter ˆ ces chiffres les saints et les couronnes des branches mŽrovingiennes et carolingiennes.

[114] Rois, ii, 7, 8 et suivants.

[115] Paralipom. I, xvii, 7 ˆ 15 ; 26, 27.

[116] Paralipom. I, xvii, 17..

[117] Psaume cxxxi, 11.

[118] Voir le texte complet au chapitre six : Le Testament de saint Remy.

[119] Cette filiation est Žvidemment impossible ˆ dŽmontrer historiquement encore que l'on sache que tous les peuples ˆ l'origine viennent de l'Orient et que la plupart des historiens et chroniqueurs vivants aux premiers sicles de l're chrŽtienne nous aient transmis des traditions affirmant l'origine troyenne des Francs, ainsi qu'en font foi les rŽcits d'Aethius, de saint JŽr™me, d'Hunibadd, de FrŽdŽgaire, de saint GrŽgoire de Tours, d'Aimon, de Roricon, de Draire ainsi que les grandes Chroniques de Saint Denis et les Annales de Quedlinburg, sans oublier non plus certaines chartes royales de Dagobert et de Charles le Chauve. Sans doute, on peut trouver dans ces rŽcits ou documents des anachronismes certains et des dŽtails peuvent n'y pas tre rigoureusement exacts mais la science historique est impuissante ˆ dŽmontrer que le fonds est faux. Quel curieux rapprochement ˆ faire entre les mots de GalilŽe et de Gaulonie, sŽparŽes par le Jourdain, et la Gaule et les Gaulois que les Grecs appellent Galates ! N'est-ce pas de lˆ que sont partis les Gaulois ?... Pourquoi ce nom de Gaule implantŽ sur la terre Celte, comme plus tard le nom de France implantŽ sur la terre de Gaule ? D'o venaient eux-mmes les Francs qui avaient donnŽ leur nom ˆ la Franconie, ˆ Francfort sur le Mein ? Si on cherchait bien sur les anciennes cartes de Palestine, on trouverait bien aussi une Franconie, comme on y trouve une Gaulonie. Les tribus se sont succŽdŽ, poussŽes les unes les autres jusqu'au moment o la Providence a voulu que les tribus d'Isra‘l se rŽpandissent avec leurs chefs ˆ travers l'Europe et que les descendants de la Maison de Juda vinssent en Gaule qui, dans les dŽcrets Žternels, devait tre, le nouveau peuple choisi, Isra‘l ayant rejetŽ l'Arche d'AllianceÈ. (Comte de Place : Problmes HŽraldiques, p. 11)

La science hŽraldique confirme cette filiation. C'est ce qui ressort de l'ouvrage ci-dessus citŽ du Comte de Place. C'est aussi ce qu'affirme une ‰me privilŽgiŽe.

Parlant de la mission de Jeanne dÕArc, Mgr Delassus Žcrit : ÇEn dehors de la race de David, jamais dynastie nÕa reu une pareille consŽcrationÈ. La Mission posthume de sainte Jeanne dÕArc et le Rgne social de Notre-Seigneur JŽsus-Christ, p. 247.

[120] Ayroles : La vraie Jeanne dÕArc, t. III, p. 74, 220, 621, etc. Chronique de Tournay, etc.

[121] Ces deux prires ont ŽtŽ publiŽes par le Cardinal Pitra dans sa Vie de saint LŽger, Introduction, p. xxii. La premire est tirŽe d'un missel du ix sicle et remonterait an vii sicle. La seconde tirŽe des vieux Missels gallicans, passa dans la liturgie romaine o elle est ˆ jamais conservŽe. Cf. Missal. Rom. feria in Parasceve

 

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