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MARQUIS DE LA FRANQUERIE
La vrit vous dlivrera. Saint JEAN.
A qui veut rgnrer une Socit quelconque en dcadence,
on prescrit avec raison de la ramener ses origines.
LON XIII, Rerum novarum, 15 mai 1891
De parti de l'ordre, capable de rtablir la tranquillit au milieu de la perturbation
des choses, il n'y en a qu'un : Le parti de ceux qui veulent Dieu, le parti de Dieu.
Pis X, E. Supremi, 4 oct 1903)
Il faut pour que la France soit sauve, que Dieu y rentre en Matre pour que j'y puisse rgner en Roi.
Comte de CHAMBORD.
Bien comprise, la fidlit la Monarchie est un hommage rendu la majest divine.
R. Mre Camille de Soyecourt, carmlite.
Le Christ, comme Dieu et mme comme Homme uni la Personne Divine, a droit de rgner sur le monde. Il est libre de choisir Ses instruments pour tablir Sa Royaut. Si donc Il a choisi la France et ses rois, qu'on le veuille ou non, il faut bien s'incliner. Mais pour accepter, il convient que cette mission soit prouve.
Trop nombreux affirment : ÇGesta Dei per FrancosÈ qui tabliraient difficilement la vrit de ce glorieux adage. Il nous a donc paru plus opportun que jamais (en prsence de l'anarchie spirituelle, intellectuelle et morale du monde moderne) d'exposer brivement cette mission providentielle de la France qui a valu notre pays d'tre, au dire de Jeanne d'Arc, Çle plus beau Royaume aprs celui du CielÈ.
Il faut que les Franais connaissent cette mission et en pntrent l'exceptionnelle grandeur afin qu'ils puissent tre les dociles instruments de la Providence dans l'excution des desseins divins sur le monde et, par l'lan de leur dvouement et de leur amour envers Dieu se montrent dignes de cette mission qui est la cl de vote de l'Histoire de France, l'explication de son pass et le garant de son avenir ; mission qui constitue, aprs celle du peuple d'Isral, le privilge le plus glorieux et le plus transcendant qui ait jamais t accord aucun peuple : promouvoir la Chrtient et assurer le triomphe de la Royaut du Christ sur le monde. Non fecit taliter omni nationi...
II importe galement que les autres peuples et leurs Gouvernements se convainquent de la ralit de cette mission divine de la France - tant de fois affirme solennellement par Dieu la Pucelle et par tant de papes, au nom du Christ. Alors seulement ils s'inclineront devant la volont divine et reconnatront cette primaut du Roi et de la France sur tous les autres Souverains et tats comme voulue et tablie par Dieu, en vue du bien commun des peuples, afin que triomphe la Royaut Universelle du Christ, seule garante de la paix gnrale et de la prosprit dans la charit et l'amour ici-bas, et de la batitude ternelle en vue de laquelle les hommes ont t crs.
Certains diront que l'auteur de cette tude fait le jeu d'un parti politique ou d'un nationalisme intransigeant, troit et condamnable. Il s'y refuse et se situe sur un plan infiniment suprieur toutes ces contingences humaines, sur le seul plan solide, celui de la volont de Dieu tant de fois affirme. Car la seule ralit qui importe et compte, la seule qui doive dicter tous les actes des tats comme des individus est cette volont divine devant laquelle, tt ou tard, de gr ou de force, il faudra bien s'incliner.
Le seul problme rsoudre est donc le suivant :
Oui ou non, Dieu a-t-il voulu et affirm que le Roi et la France insparables l'un de l'autre ont une mission divine remplir dans le monde, que la France est, par excellence, le Royaume de Dieu, et le Roi de France Son Lieutenant, en vue d'assurer le triomphe de la Royaut universelle du Christ ?
Ce livre bas sur des documents irrfutables n'a pas d'autre but que d'apporter la rponse affirmative cette question, rsume par ces deux fulgurantes et solennelles dclarations du pape Grgoire IX, crivant saint Louis :
ÇAinsi, Dieu choisit la France de prfrence toutes les autres nations de la terre pour la protection de la Foi catholique et pour la dfense de la libert religieuse. Pour ce motif, le royaume de france est le royaume de dieu ; les ennemis de la france sont les ennemis du christÈ ;
et de la Pucelle, proclamant au nom de Dieu :
ÇVous ne tiendrez pas le Royaume de France, de Dieu le Roi du Ciel... mais le tiendra le Roi Charles, vrai hritier, car Dieu le roi du ciel le veut.
ÇGentil Dauphin, vous serez lieutenant du roi des cieux qui est roi de france.
Çtous ceux qui guerroient au saint royaume de france, guerroient contre le roi Jsus, roi du ciel et de tout le mondeÈ.
Puisse cette tude clairer les mes et les intelligences et contribuer ainsi l'accomplissement des desseins d'infinie misricorde de Dieu sur le monde : savoir, grce l'action concerte du Souverain Pontife et du Roi de France, l'instauration et le triomphe du rgne conjoint du Sacr-CÏur et du CÏur Immacul de Marie.
15, 22, 25 aot 1955.
LIVRE I
ÇChaque Nation, comme chaque individu, a reu une mission qu'elle doit accomplirÈ a dit Joseph de Maistre. Celle de la France est d'excuter les gestes de Dieu, ÇGesta Dei per FrancosÈ.
Et le grand Philosophe d'ajouter :
ÇLe chtiment des Franais sort de toutes les rgles ordinaires et la protection accorde la France en sort aussi ; mais ces deux prodiges runis se multiplient l'un par l'autre, et prsentent un des spectacles les plus tonnants que l'Ïil humain ait jamais contempls
[5]
È.
Strabon, le grand Gographe de l'Antiquit, semble l'avoir pressenti quand il crit de la Gaule :
ÇPersonne ne pourrait douter, en contemplant cette Ïuvre de la Providence, quÕElle n'ait dispos ainsi ce Pays avec intention et non au hasardÈ.
En effet, Dieu a toujours prpar Ses voies. De toute ternit, dans Sa prescience des vnements, Il avait jet Son dvolu sur notre pays et choisi notre peuple pour succder au peuple Juif et remplir, pendant l're chrtienne, la mission divine qui avait t assigne ce dernier sous l'Ancien Testament.
Cette mission a t et demeure la plus glorieuse, assurment, de toutes celles qu'Il a jamais confies une nation. Aussi, parce que cette mission en raison mme de son importance fera encourir fatalement la France les assauts rpts de l'Enfer dchan, va-t-Il, dans Sa prescience des vnements, lui donner un protecteur d'autant plus puissant que les attaques infernales seront plus farouches. Il choisit alors le plus puissant et le premier de tous les Anges, le Chef de toutes les Milices Clestes, le grand vainqueur de Satan: saint Michel, qui est associ toutes les grandes pages de notre histoire, inspira personnellement notre Jeanne d'Arc et lui dclara ÇJe suis Michel, le Protecteur de la France [6] È.
Dj, les peuplades de la Gaule croyaient l'immortalit de l'me et mprisaient la mort et, bien avant la naissance du Christ, avaient le culte de la Vierge qui devait enfanter le Sauveur du Monde, culte que Notre-Dame de Chartres a continu en le christianisant.
Dans la lutte engage entre Vercingtorix et Csar cinquante ans avant l'avnement du christianisme ne peut-on voir encore l'un des signes de la prdestination de notre pays, dont le jeune chef inflige Rome (c'est--dire au paganisme officiel) la sanglante dfaite de Gergovie ? phmre victoire, sans doute, puisque lÕhroque chef gaulois est vaincu en dfinitive et que, magnanimement pour sauver son peuple des reprsailles romaines, il sÕoffre en holocauste, est tran en esclave derrire le char de Csar et est gorg Rome dans cette prison Mamertine o, un sicle plus tard, le premier Vicaire du Christ, saint Pierre, sera crucifi.
Autre marque de la prdestination de notre Pays : le seul tre qui ait volontairement apport un soulagement matriel au Divin Matre au cours de sa Passion, Vronique, nÕtait-elle pas une Gauloise, originaire de Bazas ? Le premier converti du Sacr-CÏur, qui fut aussi le premier oser proclamer la divinit du Sauveur, Longin, n'tait-il pas gaulois lui aussi ? N'est-il pas logique, puisque notre Patrie a une mission divine remplir, que Dieu ait voulu que ce soit une femme de chez nous qui transmt au monde entier l'image de sa Sainte Face et qu'un soldat de notre Pays ouvrt son CÏur adorable d'o devaient jaillir tous les trsors de grce, d'amour et de rsurrection qui, depuis lors, ne cessent d'embraser les mes droites et qui doivent les irradier davantage encore l'approche des derniers temps.
Ajoutons encore qu'en mourant, Notre-Seigneur regardait du ct de l'Occident, et que, le jour de son Ascension glorieuse en montant au ciel, Son regard se portait toujours du mme ct, comme s'Il avait voulu unir dans un mme geste d'amour suprme Rome et notre France, Son Eglise et Son Royaume de prdilection
[7]
.
Enfin, les premiers vanglistes qui apportent la Gaule Çla bonne NouvelleÈ sont Madeleine, Marthe et Lazare. Lazare, image de la rsurrection de la France. Madeleine, la grande pcheresse, mais l'me au grand repentir et au grand amour qui symbolise l'avance notre France pcheresse d'aujourd'hui, et notre France repentante et amoureuse de demain ; Madeleine, que le Christ a sauve d'un regard et pour laquelle Il eut une toute particulire et tendre affection. En donnant notre Pays Ses amis de dilection, le Sauveur pour la premire fois lui donnait Son CÏur.
De son ct, la Vierge Immacule voulut galement manifester avec clat l'amour dont Son CÏur dbordait pour notre Pays. A ces Amis de dilection que Son Fils envoie en Gaule, Elle confie ce qu'Elle a de plus sacr au monde, le corps de Sa Mre, sainte Anne, pour qu'ils le dposent dans notre sol, pour bien montrer qu'Elle considrait que notre Peuple tait plus capable qu'aucun autre de La remplacer sur terre pour entourer cette tombe si chre de respect, de vnration et d'amour.
Puis, si l'on en croit le Martyrologe Romain, le Pape saint Clment envoie dans notre pays Denys de lÕAropage, converti par saint Paul et qui a assist la Vierge ses derniers moments. Denys s'installe Lutce et fait de nombreuses conversions.
Aprs plusieurs arrestations et supplices, il est dcapit avec quelques autres Chrtiens, sur la Colline de Mars, appele depuis lors Mons Martyrum ou Montmartre
[8]
, et enseveli Saint-Denis. Ses restes furent, de tous temps, l'objet d'une vnration particulire, et il y a bien peu d'vnements de notre Histoire auxquels l'Abbaye de Saint-Denis ne soit mle. La Basilique est le sanctuaire o sont enterrs tous nos Rois et o est dpose la vieille Bannire qui nous a si souvent conduits la victoire au cri de ÇMont-joye Saint-DenisÈ. Aussi n'est-on pas surpris de voir un Allemand, l'auteur de ÇLa Mystique divine, magique et diabolique
[9]
È s'crier :
ÇDtruisez la basilique de Saint-Denis : dispersez au vent les ossements de leurs Rois ; abattez, rduisez en cendres cette Basilique de Reims, o fut sacr Klodowig, o prit naissance I'Empire des Francs, faux frres des nobles Germains ; incendiez cette CathdraleÈ.
Il avait bien compris, le misrable, ce que sont Reims et Saint-Denis : les deux symboles de notre Histoire Nationale. Il ne faisait, il est vrai, que continuer les traditions sauvages de sa race. Dj, au dbut des invasions barbares, le gnral romain Crialis disait trs justement aux Gaulois :
ÇLes mmes motifs de passer en Gaule subsistent toujours pour les Germains : l'amour des plaisirs, celui de l'argent, et le dsir de changer de lieu. On les verra toujours, quittant leurs solitudes et leurs marcages, se jeter sur les Gaules si fertiles, pour asservir vos champs et vos personnes...
[10]
È
Crialis avait dit vrai. Pendant plusieurs sicles, les tribus germaniques ne cessrent de ravager la Gaule. C'tait le temps o nos vques prenaient la tte de la rsistance aux envahisseurs et mritrent de s'appeler les dfenseurs de la cit ; le temps o les Monastres taient les refuges de la civilisation et o les moines dfrichaient non seulement le sol de notre France, mais son me et y semaient profusion toutes les vertus qui devaient y germer en une closion magnifique et nulle part gale. Comment ne pas citer saint Martin, le grand aptre de nos campagnes et le fondateur de Ligug... ? Dj, cette poque, la foi rayonnait de la Gaule sur les autres Pays : saint Patrick qui convertit l'Irlande n'tait-il pas un disciple de lÕvque de Tours... ?
Au milieu du V sicle, pour chtier le monde tomb dans l'arianisme, Dieu permit qu'Attila ravaget, avec ses Huns, les peuples hrtiques. Redoutable par son gnie et par sa cruaut, il mit tout feu et sang sur son passage, gorgeant les populations terrifies. Quand le chtiment eut t assez grand, Dieu suscita alors un autre Chef pour vaincre celui qui s'appelait justement "le flau de Dieu" et sauver son Eglise : Mrove, le Roi des Francs. Mrove tait paen, mais il avait l'me gnreuse et le cÏur droit ; il souffrait de voir les tortures des populations chrtiennes et rsolut d'arrter l'envahisseur. Il le rencontra aux Champs Catalauniques, non loin de Reims, o son petit-fils, Clovis, devait tre baptis et sacr. Il tailla en pices les Huns qui s'enfuirent de l'autre ct du Rhin, laissant au vainqueur un immense butin. Mrove avait sauv le monde chrtien et magnifiquement inaugur les gestes de Dieu par les Francs. Aussi Dieu permit-Il qu'il donnt son nom la premire branche de nos Rois.
Comme s'Il voulait que notre Pays ne ft tranger aucun des grands vnements chrtiens, Dieu permit qu'il ft ml au triomphe de l'Eglise sur l'Empire Romain. L'homme choisi par le Christ pour tre le sauveur de la chrtient fut Constantin l'Empereur des Gaules. Et cÕest sur notre sol, la tte de ses lgions, composes en partie d'hommes de chez nous que la croix lumineuse lui appart avec cette fulgurante promesse de victoire : In hoc signo vinces ! et qu'il se convertit
[11]
.
ÇQuand le temps fut arriv, que l'Empire Romain devait tomber en Occident, Dieu, qui livra aux Barbares une si belle partie de cet Empire, et celle o tait Rome, devenue le Chef de la Religion, destina la France des Rois qui devaient tre les dfenseurs de l'Eglise. Pour les convertir la Foi, avec toute la belliqueuse Nation des Francs, Il suscita un saint Remy, homme apostolique, par lequel Il renouvela tous les miracles qu'on avait vus clater dans la fondation des plus clbres glises, comme le remarque saint Remy lui-mme dans son testament.
ÇCe grand Saint et ce nouveau Samuel, appel pour sacrer les Rois, sacra ceux de France, en la personne de Clovis, comme il dit lui-mme, pour tre les perptuels dfenseurs de l'glise et des pauvres, qui est le plus digne objet de la Royaut. Il les bnit et leurs successeurs, qu'il appelle toujours ses enfants, et priait Dieu, nuit et jour, qu'ils persvrassent dans la Foi : prire exauce de Dieu avec une prrogative bien particulire, puisque la France est le seul Royaume de la Chrtient qui n'a jamais vu sur le trne que des Rois enfants de l'glise
[12]
È.
Le savant Cardinal Baronius crit dans ses Annales ecclsiastiques
[13]
:
ÇA la chute de I'Empire d'Occident, trois races de barbares occupaient les Gaules : les Goths, les Burgondes et les Francs.
ÇTout marchant la drive, la Divine Providence destina survivre et s'panouir dans les ges futurs, le seul de ces peuples o devait s'panouir aussi, au plus haut degr, le culte de la pit, de cette pit dont Childric fut la fleur et Clovis le fruit
[14]
.
ÇPour protger son Eglise naissante contre les flots envahissants de l'hrsie
[15]
et de la barbarie qui rgnaient sur tous les trnes d'Orient et d'Occident...
Ç...Dieu parat avoir institu les Rois de France et les a fait s'lever sur les ruines des peuples non Catholiques disparus.
ÇC'est pour cela que tous les peuples entachs d'hrsie... furent expulss ou absorbs par les Francs, suivant la parole de Notre Seigneur : Tout arbre que n'a point plant mon Pre sera arrach (Mat, xv, 13)
ÇC'est pour cela que le Royaume des Francs s'est panoui dans une riche et luxuriante vgtation arrose par sa pit...
ÇTout cela est d'une vidence qui se touche du doigt.
Ç...Il ne fallait rien moins qu'un tel saint (Remy), d'une telle vertu, d'une telle inspiration divine pour amener des tnbres de la gentilit la lumire de lÕvangile, la noble Nation des Francs et son trs illustre Roi.
ÇComme il ne fallait rien moins qu'un tel Roi (Clovis), pour illustrer le premier de tous et jamais, son royaume de l'imprissable clat de la religion du Christ, pour entourer d'un amour sans dfaillance, d'une protection perptuelle, cette mme religion du ChristÈ.
C'est ce que reconnaissait le Pape Plage Il :
ÇCe n'est pas en vain, ce n'est pas sans une admirable disposition que la Providence a plac la catholique France aux portes de l'Italie et non loin de Rome ; c'est un rempart qu'Elle mnageait toutes deux
[16]
È.
Mission providentielle de la France, proclame par Grgoire IX crivant saint Louis :
ÇDe mme qu'autrefois la tribu de Juda reut d'en haut une bndiction toute spciale parmi les autres fils du Patriarche Jacob ; de mme le royaume de france est au-dessus de tous les autres peuples, couronn par Dieu lui-mme de prrogatives extraordinaires. la tribu de juda tait la figure anticipe du royaume de france
[17]
È.
Trois grands saints de France se trouvent participer la Conversion de Clovis :
- saint Remy, dont nous allons voir les principaux Miracles en faveur de ce Prince et des Rois ses successeurs ;
- sainte Clotilde qui, par son exemple, a une grosse influence sur le Roi, son poux ;
- et la Patronne de Paris
[18]
, l'amie de la Reine, sainte Genevive qui 30 ans auparavant avait sauv la ville des hordes d'Attila (451), et lui vita la famine au moment o, encore entre les mains des Romains, elle tait assige par Clovis, dont elle avait prpar la conversion ds le rgne de Childric, sans tre parvenue, malgr sa trs grande influence, amener ce dernier prince aux lumires de la foi ; sainte Genevive qui voulait reconstruire un temple magnifique en l'honneur de saint Denis.
Comme tout se tient dans notre Histoire de France ! Il semble qu'un lien mystique unit tous ceux que Dieu a envoys pour nous sauver miraculeusement ; saint Denis, qui aurait approch la mre du Sauveur, et sainte Madeleine inspirent notre pays un culte tout spcialement confiant la Vierge qui, en retour, lui marque sa prdilection par ses nombreuses apparitions. Sainte Genevive revivifie le culte de saint Denis ; Jeanne d'Arc (que Dieu fait natre Domremy
[19]
) renouvelle le pacte de Clovis et de saint Remy, et dpose en hommage ses armes l'Abbaye de Saint-Denis, etc... Comme si chacun d'eux voulait faire toucher du doigt au peuple de France, qu'il n'est qu'un des artisans du mme difice ; qu'il ne fait que continuer l'Ïuvre du prcdent missionnaire divin ; et cela de par la volont du Tout-Puissant !
Sur le point de succomber sous les forces ennemies Tolbiac, Clovis invoque le Dieu de Clotilde, le Christ, et promet de se convertir au Catholicisme s'il est vainqueur. Il obtient une victoire clatante contre les Allemands.
ÇC'est dans toute l'exaltation de sa victoire surnaturelle qu'il dicta, dans un magnifique lan de foi et de reconnaissance, le superbe dcret, vibrant d'enthousiasme et d'amour, qui voue la France jamais, aussi longtemps qu'elle existera au rgne de Jsus-Christ, exigeant qu'il ft plac comme loi constitutionnelle du Royaume des Francs
[20]
, la loi salique
[21]
que compltrent ses successeurs et dont voici quelques passages :
Çla nation des francs, illustre, ayant Dieu pour fondateur, forte sous les armes, ferme dans les traits de paix, hardie, agile et rude au combat, depuis peu convertie a la foi catholique, libre d'hrsie.
Çelle tait encore sous une croyance barbare.
Çmais avec l'inspiration de Dieu, elle recherchait la cl de la science, selon la nature de ses qualits, dsirant la justice, gardant la pit.
Çalors la loi salique fut dicte par les chefs de cette nation qui en ce temps commandaient chez elle .....
Çpuis lorsque avec l'aide de Dieu, Clodwigh le chevelu, le beau, l'illustre roi des francs eut reu, le premier, le baptme catholique, tout ce qui dans ce pacte tait jug peu convenable fut amend avec clart par les illustres rois Clodwigh, Childebert et Clotaire.
Çet ainsi fut dress ce dcret :
Çvive le Christ qui aime les francs !
Çqu'il garde leur royaume et remplisse leurs chefs des lumires de Sa grce !
Çqu'il protge l'arme !
Çqu'il leur accorde des signes qui attestent leur foi, leur joie, la paix, la flicit !
Çque le Seigneur Jsus-Christ dirige dans le chemin de pit ceux qui gouvernent !
Çcar cette nation est celle qui, petite en nombre, mais brave et forte, secoua de sa tte le dur joug des romains et qui, aprs avoir reconnu la saintet du baptme, orna somptueusement les corps des saints martyrs que les romains avaient consums par le feu, mutils par le fer, ou fait dchirer par les btes... È
Voil notre premire Constitution !
Elle repose sur lÕvangile ! Deux phrases la rsument :
vive le christ, qui est roi de france !
vive le roi de france, qui est lieutenant du christ !
Ainsi, Ç la France a eu ce bonheur inespr, unique au monde, d'avoir la premire bti sa civilisation non pas sur une vrit philosophique ou religieuse quelconque, sur une vrit plus ou moins diminue ou discute, mais sur la vrit totale, intgrale, universelle, sur le catholicisme qui signifie la religion universelle. ÇQu'en est-il rsult ?
ÇC'est que la France a fond une civilisation merveilleuse comme le monde n'en a jamais vu, qu'elle est devenue cet astre lumineux qui a couvert le monde de sa lumire, de sa chaleur et de ses bienfaits.
ÇOn dit ÇLa civilisation franaiseÈ et on a raison ; mais cette civilisation n'est pas autre chose que la civilisation catholique, apostolique et romaine et elle nÕest dite franaise que parce que c'est la France qui en a tenu le flambeau !
ÇAujourd'hui encore, dans tout l'Orient, malgr les Combes, les Clemenceau, les Briand, catholiques et franais sont synonymes, et tous les catholiques, fussent-ils espagnols, anglais ou italiens, etc... sont dsigns sous le nom gnrique de Francs !
ÇAh ! la France avait pris pour base la pierre angulaire mme de l'Eglise : le Christ ; quoi d'tonnant qu'elle ait bnfici de l'universalit du Christ et de l'Eglise ?
ÇEt voil, pour le dire en passant, le vritable Internationalisme de la France ! Mais c'est celui de lÕvangile, non celui du Talmud ou de la libre pense, celui de I'Eglise romaine, non celui de la synagogue de Jrusalem, du temple de la rue Cadet ou de I'Eglise de Genve ! Mais cet internationalisme loin de dtruire la personnalit de la France, la suppose ! Comment le flambeau de la Vrit catholique rayonnera-t-il, si vous supprimez le porte-flambeau ?
[22]
È
Le miracle auquel on ne veut plus croire existe l'tat permanent : c'est notre histoire. On peut dire avec l'Abb Vial
[23]
que
ÇLourdes, La Salette, Pontmain, Notre-Dame des Victoires, etc,... ne sont que les avant-derniers anneaux d'une longue chane de miracles qui va du Baptistre de Reims, o est ne la France, la Basilique du Sacr-CÏur o elle ressuscitera, en passant par les cycles bnis de saint Bernard, de saint Louis, de Jeanne d'Arc, du Cur d'ArsÈ ; nous ajouterons aussi de sainte Thrse de I'Enfant Jsus.
saint remy et le baptistre de reims sont pour la france ce que mose et le sina furent pour le peuple juif.
Le 19 dcembre 1907, l'Archevque de Reims, Monseigneur Luon, nouvellement promu Cardinal, saint Pie X dclarait [24] :
ÇReims conserve la source baptismale d'o est sortie toute la France Chrtienne, et elle est justement appele pour cela le Diadme du Royaume. C'tait une heure tnbreuse pour l'glise de Jsus-Christ. Elle tait d'un ct combattue par les Ariens, de l'autre assaillie par les Barbares ; elle n'avait plus d'autre refuge que la prire pour invoquer l'heure de Dieu. Et l'heure de Dieu sonna Reims, en la fte de Nol 496. Le baptme de Clovis marqua la naissance d'une grande nation : la tribu de Juda de l're nouvelle, qui prospra toujours tant qu'elle fut fidle l'orthodoxie, tant qu'elle maintint l'alliance du Sacerdoce et du Pouvoir public, tant qu'elle se montra, non en paroles, mais en actes, la Fille ane de l'gliseÈ.
Dans la nuit de Nol 496, minuit, au jour anniversaire et l'heure mme de Sa naissance, le Christ lors de la naissance spirituelle de notre France et de nos Rois voulut par un miracle clatant affirmer la mission divine de notre Pays et de la Race Royale de Mrove, au moment mme o saint Remy va proclamer cette mission au nom du Tout-Puissant, pour sanctionner solennellement les paroles divinement inspires de Son ministre. A minuit, alors que le Roi, la Reine et leur suite sont l,
Çsoudain, raconte Hincmar, Archevque de Reims, une lumire plus clatante que le soleil inonde lÕEglise ! le visage de lÕvque en est irradi ! en mme temps retentit une voix : la paix soit avec vous ! c'est moi ! n'ayez point peur ! persvrez en ma dilection !
[25]
È
Quand la voix eut parl, ce fut une odeur cleste qui embauma l'atmosphre.
ÇLe Roi, la Reine, toute l'assistance pouvants, se jetrent aux pieds de saint Remy qui les rassura et leur dclara que c'est le propre de Dieu d'tonner au commencement de Ses visites et de rjouir la fin. ÇPuis soudainement illumin d'une vision d'avenir, la face rayonnante, l'Ïil en feu, le nouveau Mose s'adressant directement Clovis, Chef du nouveau Peuple de Dieu, lui tint le langage identique quant au sens de l'ancien Mose l'Ancien Peuple de Dieu :
Çapprenez, mon fils, que le royaume de france est prdestin par dieu a la dfense de lÕglise romaine qui est la seule vritable eglise du christ.
Çce royaume sera un jour grand entre tous les royaumes.
Çet il embrassera toutes les limites de l'empire romain !
Çet il soumettra tous les peuples a son sceptre !
Çil durera jusquÕ la fin des temps !
Çil sera victorieux et prospre tant qu'il sera fidle a la foi romaine.
Çmais il sera rudement chti toutes les fois qu'il sera infidle a sa vocation
[26]
È.
Au IX sicle, Raban Maur, Archevque de Mayence, a rendu public le passage suivant qui aurait t prononc galement par saint Remy la fin de son allocution :
Çvers la fin des temps, un descendant des rois de france rgnera sur tout l'antique empire romain.
Çil sera le plus grand des rois de france et le dernier de sa race.
Çaprs un rgne des plus glorieux, il ira a jrusalem, sur le mont des oliviers, dposer sa couronne et son sceptre, et c'est ainsi que finira le saint empire romain et chrtien
[27]
È.
Commentant cette magnifique vision d'avenir, l'Abb Vial crit :
ÇLa prophtie comprend quatre points :
1¡ La vocation de la France : elle est le Soldat de Dieu !
2¡ Sa gloire future : elle sera sans gale !
3¡ Sa dure : celle de l'Eglise.
4¡ La sanction divine : rcompense ou chtiment uniques au monde, comme sa gloireÈ.
Et il ajoute en note :
ÇBien remarquer que la prophtie est faite directement la race, la postrit, la famille royale, Çsemini, generi regio, posteritatiÈ comme si la race tait aussi insparable de la France que la France est insparable de l'EgliseÈ.
Un nouveau miracle devait se produire le jour mme au Baptistre ; laissons parler Hincmar
[28]
.
ÇDs qu'on fut arriv au baptistre, le clerc qui portait le chrme, spar par la foule de l'officiant, ne put arriver le rejoindre.
ÇLe saint Chrme fit dfaut.
ÇLe pontife alors lve au ciel ses yeux en larmes et supplie le Seigneur de le secourir en cette ncessit pressante.
Çsoudain apparat, voltigeant porte de sa main, aux yeux ravis et tonns de l'immense foule, une blanche colombe tenant en son bec, une ampoule d'huile sainte dont le parfum dÕune inexprimable suavit embauma toute lÕassistance.
ds que le prlat eut reu lÕampoule, la colombe disparut ! È
CÕest avec le saint chrme contenu dans cette ampoule, qu'ont t sacrs tous nos Rois
[29]
.
Comme au baptme du Christ, c'est Çle Saint-Esprit qui par l'effet d'une grce singulire apparut sous la forme d'une colombe et donna ce baume divin au pontife
[30]
È voulant assister visiblement au sacre du premier de nos Rois, pour marquer ainsi d'un signe sacr de toute spciale prdilection notre Monarchie, consacrer tous nos Rois et imprimer sur leur front un caractre indlbile qui leur assurerait la Primaut sur tous les autres Souverains de la terre ; enfin les munir de Ses sept dons pour qu'ils pussent accomplir leur mission providentielle dans le monde.
Ainsi, pour le Sacre de nos Rois, Dieu a voulu non d'une huile terrestre, mais d'une huile cleste afin que le Roi de France (tout comme le Christ) fut non pas fictivement mais trs rellement et vritablement Çl'ointÈ du Seigneur. Ce privilge unique tait reconnu dans le monde entier. Dans toutes les crmonies diplomatiques, en effet, l'ambassadeur du Roi de France avait le pas sur ceux de tous les autres Souverains parce que son Matre tait Çsacr d'une huile apporte du cielÈ ainsi que le reconnat un dcret de la Rpublique de Venise dat de 1558. Hommage universel rendu au miracle de la Sainte Ampoule et reconnaissance clatante de la prminence du Roi Trs Chrtien sur tous les autres Princes de la terre
[31]
.
CÕtait pour commmorer toutes ces merveilles que le peuple, chaque sacre ou dans chaque grande rjouissance publique, criait : Nol ! Nol ! Vive le roi ! Nol ! Nol !
A l'occasion de son baptme et de son sacre, Clovis reut des flicitations de nombreux vques gaulois et trangers; il est deux lettres qui, entre toutes, mritent d'tre mentionnes, celle de saint Avit, vque de Vienne.
ÇLe Nol du Seigneur, crit saint Avit
[32]
, est aussi le Nol des Francs ; vous tes n au Christ, le jour o le Christ est n pour nous... Votre foi est notre victoire, et nous sommes les vainqueurs partout o vous combattez
[33]
È.
Et celle du Pape Anastase Il :
ÇGlorieux Fils, nous nous flicitons que votre avnement la foi inaugure notre pontificat. Un si grand vnement fait tressaillir de joie le sige de Pierre... Que la joie de votre Pre vous fasse crotre dans les saintes Ïuvres. Comblez nos dsirs, soyez notre couronne et que notre mre I'Eglise s'applaudisse des progrs du grand Roi qu'elle vient d'enfanter Dieu.
ÇIllustre et glorieux Fils, soyez sa gloire, soyez pour elle une colonne de fer !
ÇNous louons Dieu, qui Vous a retir de la puissance des tnbres, pour faire d'un si grand Prince le dfenseur de Son eglise et opposer votre gloire aux attaques des pervers.
ÇContinuez donc cher et glorieux Fils, afin que le Dieu tout-puissant entoure votre srnit et votre royaume de Sa protection et commande Ses anges de vous protger dans toutes vos voies et vous donne la victoire sur tous vos ennemis
[34]
È.
Le Christ allait encore accomplir de nouveaux prodiges en faveur de Clovis :
ÇOn lit... en auculnes escriptures qu'en ce temps avoit un hermite, prudhomme et de saincte vie qui habitoit en un bois prs d'une fontaine, au lieu qui de prsent est appel Joye-en-Val, en la chastellenie de Poissy, prs Paris auquel hermite ladicte Clotilde, femme dudict Roy Clovis avoit grande fiance et pour sa sainctet le visitoit souvent et luy administroit ses ncessitez.
ÇEt advint un jour que ledict hermite estant en oraison, un ange s'apparut luy en luy disant qu'il feist raser les armes des trois croissans que ledict Clovis portoit en son escu (combien qu'aucuns disent que c'estoient trois crapeaux) et au lieu d'iceux portast un escu dont le champ fust d'azur, sem tout de fleurs de liz d'or, et luy dict que Dieu avoit ordonn que les Rois de France portssent doresnavant telles armes.
ÇLedict hermite revela la femme dudict Clovis son apparition ; laquelle incontinent feit effacer Iesdicts trois croissans ou crapeaux, et y feit mettre lesdictes fleurs de liz et les envoya audict Clovis son mari qui, pour lors, estoit en guerre contre le Roy Audoc, sarrazin qui estoit venu d'Allemagne grande multitude de gens, es parties de France et avoir son sige devant la place de Conflans Saincte Honorine, prs Pontoise.
ÇClovis se combattit et eut victoire : et combien que la bataille commenast en la ville, toutefois fut acheve en la montaigne, en laquelle est prsent la tour de Montjoye.
ÇEt l fut pris premirement et nomm le cry des Franois et les armes, c'est savoir Montjoye et depuis y a t adjoust Sainct Denis.
ÇEt, en la rvrence de la mission desdictes fleurs de liz, fut illec en la valle fonde un monastre de religieux qui fut et encore est appele l'abbaye de Joye-en-Val, pour la mission de la saincte Ampolle et desdictes fleurs de liz qui furent envoyes ce grand roy Clovis, premier roy chrestien.
ÇEnquoy appert videmment que Dieu notre Pre et Sauveur a singulirement aim les Rois de France et les a voulu dcorer et garnir de singulires grces et prminences pardessus tous autres rois et princes terriens et d'iceux faire les deffenseurs de la saincte Foy et Loy de Jsus-Christ [35] È.
Et Guillaume de Nangis, dans la chronique de saint Louis, explique ainsi la signification symbolique des armes de France :
ÇPuisque Notre Pre Jhsus-Christ veut espcialement sur tous autres royaumes, enluminer le royaume de France de Foy, de Sapience et de Chevalerie, li Roys de France accoustumrent en leurs armes porter la fleur de liz paincte par trois fueilles (feuilles), ainsi come se ils deissent tout le monde : Foi, Sapience et Chevalerie sont, par la provision et par la grce de Dieu, plus habondamment dans nostre royaume que en ces aultres, Les deux fueilles qui sont oeles (ailes) signifient Sapience et Chevalerie qui gardent et dfendent la tierce fueille qui est au milieu de elles, plus longue et plus haute, par laquelle Foy est entendue et segneufie, car elle est et doibt estre gouverne par Sapience et deffendue par Chevalerie. Tant comme ces trois grces de Dieu seront fermement et ordnement joinctes ensemble au royaume de France, li royaume sera fort et ferme, et se il avient, que elles soient ostes et desseures (spares), le royaume cherra (tombera) en dsolacion et en destruiement
[36]
È.
Les trois fleurs de lys du blason donn par Dieu nos Rois ont d'autres significations plus belles encore que l'histoire, la science hraldique et les rvlations nous enseignent : Charles V fixa dfinitivement trois les fleurs de lys des armes de France qui souvent, taient nombreuses et en semis. Il prit cette dcision en l'honneur et pour reprsenter les trois personnes de la Sainte Trinit
[37]
. Elles reprsentent galement la Sainte Famille et aussi le triangle symbolique manifest la vnrable Philomne de Sainte Colombe : le Christ, Sa Divine Mre et Saint Michel, les trois grands vainqueurs de Lucifer
[38]
.
Le testament de saint Remy a une importance capitale pour nous Franais ; c'est une vritable vision d'avenir qui prend une autorit toute particulire du fait que le grand Pape saint Hormisdas crivit saint Remy lorsqu'il l'institua en ces termes Lgat pour toute la France
[39]
:
ÇNous donnons tous nos pouvoirs pour tout le Royaume de notre cher Fils spirituel Clovis, que par la grce de Dieu vous avez converti avec toute sa Nation, par un apostolat et des miracles dignes du temps des AptresÈ.
De ce testament saint Pie X disait le 13 dcembre 1908 lÕvque d'Orlans, lors de la lecture du Dcret de batification de Jeanne d'Arc
[40]
.
Çvous direz aux franais qu'ils fassent leur trsor des testaments de saint Remy, de Charlemagne, et de saint Louis, qui se rsument dans ces mots si souvent rpts par lÕhrone dÕOrlans :
Çvive le Christ qui est Roi de France.
Ça ce titre seulement la France est grande parmi les nations. a cette clause dieu la protgera et la fera libre et glorieuse. a cette condition, on pourra lui appliquer ce qui dans les livres saints est dit dÕIsral : que personne ne s'est rencontr qui insultt ce peuple, sinon quand il s'est loign de dieu...È
Voici ce testament :
Çque le prsent testament
[41]
que j'ai crit pour tre gard respectueusement intact par mes successeurs les vques de reims, mes frres, soit aussi dfendu, protg partout envers et contre tous par mes trs chers fils les rois de france par moi consacres au seigneur a leur baptme, par un don gratuit de Jsus-Christ et la grce du Saint-Esprit.
Çqu'en tout et toujours il garde la perptuit de sa force et l'inviolabilit de sa dure...
Çmais par gard seulement pour cette race royale qu'avec tous mes fréres et co-væques de la germanie, de la gaule et la neustrie, j'ai choisie dlibrment pour regner jusqu' la fin des temps, au sommet de la majest royale pour l'honneur de la sainte Eglise et la defense des humbles.
Çpar gard pour cette race que j'ai baptise, que j'ai reue dans mes bras ruisselante des eaux du baptme : cette race que j'ai marque des sept dons du Saint-Esprit, que j'ai ointe de l'onction des rois, par le saint chræme du mæme Saint-Esprit, j'ai ordonn ce qui suit :
I¡ maldictions
Çsi un jour cette race royale que j'ai tant de fois consacre au seigneur, rendant le mal pour le bien, lui devenait hostile, envahissait Ses glises, les dtruisait, les dvastait ;
Çque le coupable soit averti une premiére fois par tous les væques runis du diocse de reims.
Çune deuxime fois par les glises runies de reims et de tréves
[42]
.
Çune troisime fois par un tribunal de trois ou quatre archevques des gaules.
Çsi a la septiéme monition il persiste dans son crime, tréve a lÕindulgence ! place a la menace !
Çs'il est rebelle a tout, qu'il soit spar du corps de l'Eglise par la formule inspire aux væques par lÕEsprit-Saint : parce qu'il a perscut l'indigent, le pauvre, au cÏur contrit ; parce qu'il ne s'est point souvenu de la misricorde ; parce qu'il a aim la maldiction, elle lui arrivera ; et n'a point voulu de la bndiction, elle s'loignera.
Çet tout ce que lÕEglise a l'habitude de chanter de judas le tratre et des mauvais vques, que toutes les glises le chantent de ce roi infidle.
Çparce que le seigneur a dit : tout ce que vous avez fait au plus petit des Miens, c'est a Moi que vous l'avez fait, et tout ce que vous ne leur avez pas fait, c'est a Moi que vous ne l'avez pas fait.
Çqu'a la maldiction finale on remplace seulement, comme il convient a la personne, le mot piscopat par le mot royaut :
Çque ses jours soient abrgs et qu'un autre reoive sa royaut !
Çsi les archevques de reims, mes successeurs, ngligent ce devoir que je leur prescris, qu'ils reoivent pour eux la maldiction destine au prince coupable, que leurs jours soient abrgs et qu'un autre occupe leur siége. È
II¡ bndictions
Çsi notre seigneur jsus christ daigne couter les prires que je rpands tous les jours en Sa prsence, spcialement pour la persvrance de cette race royale, suivant mes recommandations, dans le bon gouvernement de son royaume et le respect de la hirarchie de la sainte Eglise de dieu.
Çqu'aux bndictions de lÕEsprit-Saint dj rpandues sur la tte royale s'ajoute la plnitude des bndictions divines !
Çque de cette race sortent des rois et des empereurs
[43]
qui, confirms dans la vrit et la justice pour le prsent et pour l'avenir suivant la volont du seigneur pour l'extension de Sa sainte Eglise, puissent rgner et augmenter tous les jours leur puissance et mritent ainsi de s'asseoir sur le trne de david dans la cleste jrusalem ou ils rgneront ternellement avec le Seigneur. ainsi soit-il
[44]
È.
Ce testament sign du grand vque le fut galement par six autres vques et d'autres Prtres. Trois de ces vques sont rputs pour leur saintet : saint Vedast, vque d'Arras, saint Mdard, vque de Noyon, saint Loup, vque de Soissons. Ils le signrent sous la formule suivante :
ÇX.... vque.
ÇCelui que mon Pre Remy a maudit, je le maudis, celui qu'il a bni, je le bnis.
ÇEt j'ai signÈ.
Et Baronius, le savant Cardinal
[45]
, aprs onze sicles d'exprience, de constater :
ÇMalgr les crimes de ses Rois, le Royaume de France n'a jamais pass sous une domination trangre et le peuple Franais n'a jamais t rduit servir d'autres Peuples.
ÇC'est cela qui a t accord par une promesse divine, aux prires de saint Remy, suivant la parole de David (Ps. 88): Si Mes Fils abandonnent Ma loi ; s'ils ne marchent point dans la voie de Mes Jugements ; s'ils profanent Mes justices et ne gardent point Mes commandements, Je visiterai leurs iniquits avec la verge et leurs pchs avec le fouet ; mais Je nÕloignerai jamais de ce peuple Ma misricordeÈ.
En lisant le Testament de Saint Remy, ne croirait-on pas entendre Mose sur le Nebo :
ÇVoici que je vous mets aujourd'hui devant les yeux la bndiction et la maldiction. La bndiction, si vous obissez aux Commandements du Seigneur votre Dieu, que je vous prescris aujourd'hui ; la maldiction, si vous n'obissez point ces mmes commandements et vous retirez du chemin que je vous montre maintenant... (Deut. xi, 26-30).
LE SACRE DES ROIS DE FRANCE
ORIGINE DU SACRE DES ROIS
Jsus-Christ, Roi des Rois, est le principe de toute Royaut, puisque tout pouvoir mane de Lui, comme Dieu ; Il est le modle parfait des Rois de la terre. Il est Roi par droit hrditaire, comme Fils de Dieu, et Sa Souverainet est infinie, Son pouvoir absolu. Il est Roi par le sacre, par l'onction : ÇDieu Vous a oint d'une huile de joie au-dessus de ceux qui ont t sacrs comme VousÈ. (Ps. xliv) et Çc'est Dieu, Son Pre qui le consacre de Sa propre mainÈ personne n'tant digne de sacrer le Christ.
C'est la Royaut Universelle du Christ, c'est Son sacre qui ont t l'occasion de la chute de Lucifer et des mauvais anges. C'est aussi cette Royaut et ce Sacre qui ont t pour saint Michel et les bons anges l'occasion de leur victoire. Il est donc logique que Satan poursuive d'une haine inextinguible tous les oints du Seigneur dont le rle est d'tre des images du Christ-Roi, mais aussi, que ceux-ci jouissent de la spciale protection de saint Michel, le chef de toutes les milices clestes.
C'est par le Sacre du Verbe que Lucifer a t vaincu, c'est par celui des Rois et des vques reprsentants spirituels et temporels de la Royaut du Christ qu'il continuera de l'tre. Aussi
ÇSatan qui veut anantir le bonheur de l'homme et qui tend par tous les moyens dont il dispose dtruire le rgne de Dieu pour mettre le sien sa place n'a pas trouv de plus sr moyen pour arriver son but que de faire disparatre le pouvoir pontifical et le pouvoir royal : le pontife et le roi qui sont les deux colonnes de l'difice social sont l'objet des attaques particulires et constantes de l'enfer ; le pontife et le Roi qui sont les canaux des grces spirituelles et temporelles dont le Seigneur veut combler les Peuples ; les tmoins de Sa Providence travers les ges ; les deux fils de l'huile sainte qui sont devant le Seigneur de la terre (Apoc. xi). Satan s'efforce de les supprimer (Zach. iv, 14)
[46]
È.
Mais le Christ ne pouvait descendre que d'une Famille Royale, aussi Dieu le Pre tablit-Il la Royaut sur Isral, comme tant la forme du Gouvernement Çla plus naturelle, la plus parfaite et celle qui pouvait le mieux assurer la paix et la dure de l'EtatÈ.
Non seulement Dieu tablit la Royaut, mais Il choisit la Race Royale qui devait donner naissance Son Fils : ÇVous tablirez celui que le Seigneur votre Dieu aura choisi du nombre de vos frresÈ. Et Dieu fait choix de la Maison d'Isae. Mais avant de faire monter sur le trne cette maison Il veut que les exemples et les fautes d'un Roi d'une autre race lui servent d'exemple, aussi ordonne-t-il au Grand Prtre Samuel de sacrer Sal.
Pour bien montrer quel point la grce du sacre est efficace, Il choisit un simple ptre sans instruction et sans intelligence :
ÇSamuel prit une petite fiole d'huile qu'il rpandit sur la tte de Sal et il le baisa et lui dit : cÕest le Seigneur qui par cette onction vous sacre prince sur Son hritageÈ. (I Rois, x, 1).
Le sacre est le lien qui unit le Roi Dieu et le canal par lequel la puissance, l'assistance et le rayonnement de la majest divine se communiquent au Roi au moment o il devient l'oint du Seigneur Çpersonne sainte et sacreÈ. (I Rois, ix, 15 17 et x, 1 etc... )
Samuel ajoute Sal ÇEn mme temps l'esprit du Seigneur se saisira de vous et vous serez chang en un autre hommeÈ. (I Rois, x, 6).
Et le Livre des Rois (I, x, 9) constate ÇDieu lui changea le cÏur et lui en donna un autreÈ.
Ainsi, Çpar l'onction Dieu cra en lui une personne morale doue d'une grande supriorit. De cet isralite simple, timide, irrsolu, Dieu fit un roi sage, prudent, plein de fermet et d'nergie, capable de conduire dans sa voie la nation choisie
[47]
È.
Et Samuel termine son allocution au nouveau Roi par cette recommandation : ÇFaites hardiment tout ce qui se trouvera faire, parce que le Seigneur sera avec vousÈ. (I Rois, x, 7).
Il n'est donc pas ncessaire que le Roi soit un homme de gnie puisque Dieu supple aux qualits qui lui manquent par la vertu du sacre. Aussi, Sal est-il vainqueur en toutes circonstances, ralisant cette grande prophtie d'Isae vraie pour tous les temps : Çle joug tombera en pourriture en prsence du sacreÈ. (x, 17)
Mais Sal s'tant arrog les droits du sacerdoce, il est rejet. Dieu donne l'ordre Samuel Çde prendre l'huile sainte et d'aller Bethlem o Il s'est choisi un Roi parmi les enfants d'Isae (I Rois, xvi, 1) : le plus jeune, David. Sacrez-le prsentement car c'est lui que J'ai choisiÈ. (I Rois, xvi, 12).
Ainsi, du vivant mme de Sal, David est le seul Roi lgitime, et pourtant il est inconnu de tous, (hors Dieu, le Grand Prtre et sa Famille) Roi cach que Dieu ne veut pas faire connatre encore afin de le prparer sa mission future, et de le mettre l'abri des ennemis jusqu'au jour fix par Sa Providence pour lÕaccomplissement de cette mission [48] .
Ds lors David est rempli de l'Esprit Saint ; tout ce qu'il entreprend russit et seul il peut arrter la folie de Sal de l'esprit duquel Dieu s'est retir, pour faire place Satan. L'esprit de David, en effet, tant
Çuni par le sacre l'Esprit de Dieu devient suprieur l'esprit mauvais et se trouve par ce secours en position de le dominer et de le vaincre. Voil pourquoi l'institution de la Royaut a une si grande importance et que Dieu a voulu, ainsi que le constate l'Ecriture, y mettre Lui-mme la main [49] È.
Par le sacre Dieu constitue donc un homme Son reprsentant officiel et le munit d'une armature divine pour dfendre la socit contre les attaques de l'enfer.
Aprs la mort de Sal, toutes les tribus d'Isral vinrent trouver David Hbron et lui dirent :
ÇNous sommes vos os et votre chairÈ. (II, Rois, v, 1).
ÇParoles remarquables qui rappellent celles qu'Adam applique Eve : Voil maintenant l'os de mes os, la chair de ma chairÈ.
ÇComme l'homme doit tre uni son pouse, ainsi le peuple doit tre uni au Roi. Comme lÕhomme est le chef de la femme, ainsi le Roi est le chef et la tte du peuple et ne fait qu'un avec lui.
ÇC'est par la tte que la bndiction de Dieu descend sur le corps tout entier : par le Roi qu'elle descend sur la socit. Ainsi, le Roi devient par le sacre la source et le canal des faveurs multiples de Dieu sur le peuple
[50]
È.
Cette tude sur le Sacre sous l'Ancien Testament n'tait pas inutile pour mieux clairer celle du Sacre de nos Rois, car les leons qui s'en dgagent s'appliquent galement l're chrtienne.
ÇLe sacre de nos Rois est la crmonie la plus solennelle que la religion ait tablie pour rendre nos Monarques respectablesÈ, dit Alletz dans son Crmonial du Sacre.
Le sacre
[51]
est en France la conscration ncessaire de l'autorit royale. ÇGentil DauphinÈ disait Jeanne d'Arc Charles VII, tant qu'il ne fut pas sacr
[52]
.
L'minent Bndictin, Dom Besse, expose la signification du sacre dans une page magistrale, quÕil est impossible de ne pas reproduire :
ÇLe Roi prenait possession de son trne le jour du sacre. Jsus-Christ lui confrait dans la basilique de reims lÕinvestiture du royaume.
ÇIl recevait du prlat conscrateur, avec le caractre royal, les aptitudes au gouvernement. Nous les appelons, dans la langue chrtienne, les grces d'tat. un caractre sacr s'imprimait sur toute sa personne, il en faisait un tre a part, un consacr. Le Peuple Chrtien le prenait pour l'lu de dieu, l'oint du seigneur ; il voyait en Dieu la source des droits qui lui arrivaient par la naissance. De son ct, le Souverain acceptait sa fonction comme un mandat. il rgnait au nom du tout-puissant, en vertu d'une dlgation officielle.
ÇIl y avait plus encore : un lien religieux se formait entre le Roi et son Royaume pour s'adjoindre celui que le droit hrditaire avait dj form. Leur union devenait ainsi plus forte et plus fconde. le roi appartenait a la france et la france appartenait au roi. Le Roi lui devait le service d'un Gouvernement ferme, sage et chrtien. La France lui donnait toute sa fidlit et son dvouement. lÕglise en consacrant cette union lui donnait un nouveau droit au respect public, ceux qui auraient tent de le rompre se seraient rendus coupables d'un sacrilge. le sacre faisait du prince un homme ecclsiastique, sa souverainet apparaissait comme une fonction sainte
[53]
È.
ÇReims est la ville du Sacre. Voil le grand fait qui s'impose ; c'est une mission que la Providence lui donne. Elle y est prpare par son histoire. Le baptme de Clovis l'a marque pour cette fin. Hugues Capet y reut l'onction royale... Quel chef-d'Ïuvre a germ de son sol sous l'influence des ides du Sacre ! Vous avez vu l'admirable Basilique de Sainte-Marie de Reims. C'est une pope de pierre. Elle a pour elle la majest, la grce, l'harmonie et la force de rsistance.
ÇLa pousse vers le ciel de ses votes en fait un monument plus qu'humain. Elle est autre chose que l'Eglise-mre d'un vaste diocse ; force est d'y reconnatre le Sanctuaire royal, la Basilique de la Monarchie Chrtienne... L'acte de foi en la Royaut de Jsus-Christ sur la France s'y affirme mieux qu'ailleurs... Notre-Dame de Reims est le tmoin dlicat et obstin d'un pass glorieux ; elle est, en outre, le symbole prophtique de l'avenir. Saluons en elle le signe sensible de la France Chrtienne [54] È.
C'est prcisment parce que la Basilique incarne toute notre Histoire, parce que tout cÏur passionnment Franais y respire toutes les vertus de la race, que l'Allemagne s'est acharne, mais en vain, faire disparatre ce monument, imprissable tmoin de nos gloires passes et futures ! Les ruines se relvent, seul l'Ange a perdu son merveilleux sourire comme pour rappeler aux Franais la tristesse que lui cause le reniement de toutes leurs traditions. Mais le sourire refleurira sur ses lvres... quand reviendront les Lys.
Avant le Sacre, des prires publiques sont ordonnes dans le Royaume. Le Roi jene pendant trois jours et se confesse afin de communier la Messe du Sacre. A l'Eglise, tous les Corps de l'Etat sont reprsents.
ÇLa France assiste au Sacre de son Roi. Elle a pleine conscience de ce qui se passe devant ses yeux. c'est Jsus-Christ qui va lui donner son souverain. Sa prsence est un acte de foi qui s'lve jusqu' Dieu, source du pouvoir dans les Socits... la france entire, roi et sujets, fait hommage dÕelle-mme Dieu, Jsus-Christ. Tous communient la mme pense catholique qui rayonne sur l'ordre politique et social. Les ides et les sentiments entranent l'union des cÏurs et des esprits. Cette union des mes concourt ncessairement l'unit Nationale
[55]
È.
Quelques-unes des prires et des formules du Sacre montreront l'importance de cette crmonie et des serments qui y sont prononcs tant au point de vue National que Catholique, si tant est que l'on puisse sparer l'un de l'autre. A l'arrive du Roi :
ÇVoil que Je vais envoyer Mon Ange devant vous pour vous garder. Si vous coutez Mes paroles et si vous les observez, Je serai l'ennemi de vos ennemis et J'affligerai ceux qui vous affligeront, et Mon Ange marchera devant vous
[56]
È.
Le Grand Prieur de Saint-Remy, en remettant la Sainte Ampoule au Prlat conscrateur :
ÇMonseigneur, je remets entre vos mains ce prcieux trsor envoy du Ciel au grand saint Remy, pour le sacre de Clovis et des Rois ses successeurs...È
L'oraison suivante est rcite par le Conscrateur :
ÇPrions. Dieu Tout Puissant et ternel qui par un effet de Votre bont avez voulu que la race des Rois de France ret l'onction sainte avec le baume qui est ici prsent et que Vous avez envoy du Ciel au saint vque Remy, faites que notre Roi, Votre Serviteur, ne s'carte jamais de Votre service et qu'il soit dlivr, par Votre misricorde, de toute infirmit, par Notre-SeigneurÈ.
Puis le Roi prte les serments suivants :
ÇJe promets de conserver chacun de vous (les vques), et aux glises qui vous sont confies, les privilges canoniques, les droits et la juridiction dont vous jouissez, et de vous protger et dfendre autant que je le pourrai, avec le secours de Dieu, comme il est du devoir d'un Roi, dans son Royaume, de protger chaque vque, et l'Eglise qui est commise ses soins.
Et aprs que le Peuple a accept le Roi pour son Souverain, celui-ci la main sur lÕvangile :
ÇJe promets, au nom de Jsus-Christ, au Peuple Chrtien qui m'est soumis :
ÇPremirement de faire conserver en tous temps l'Eglise de Dieu, la paix par le peuple chrtien.
ÇD'empcher les personnes de tous rangs de commettre des rapines et des iniquits de quelque nature qu'elles soient.
ÇDe faire observer la justice et la misricorde dans les jugements, afin que Dieu, qui est la source de la clmence et de la misricorde, daigne la rpandre sur moi et sur vous aussi.
Çde m'appliquer sincrement, et selon mon pouvoir, a expulser de toutes les terres soumises ma domination les hrtiques nommment condamns par lÕEglise.
ÇJe confirme par serment toutes les choses nonces ci-dessus : Qu'ainsi Dieu et Ses Saints vangiles me soient en aide
[57]
È.
Et Dom Besse de conclure :
Çle serment lie le souverain a Dieu dont il est le reprsentant sur terre. Dieu lui a donn le royaume ; il promet de le gouverner conformment a Ses volonts. il y a entre eux un contrat. lÕEglise en est le tmoinÈ.
Aprs le serment, le Roi se
Çprosterne tout de son long, les vques, le Clerg, tout le monde flchit les genoux. Le spectacle est grandiose. C'est la France entire qui est l, suppliante. Le Ciel est entrouvert au-dessus de la Basilique. Dieu, entour de la Cour de Ses Saints, contemple. Il bnit. C'est la France qu'il bnit en la personne de son Chef. Il lui donne tout ce qui peut rendre son Gouvernement prospre
[58]
È.
Puis, avant de procder l'onction sainte, le Prlat conscrateur remet l'pe entre les mains du Roi et dit :
ÇPrenez cette pe, qui vous est donne avec la Bndiction du Seigneur; afin que par elle et par la force de l'Esprit Saint, vous puissiez rsister tous vos ennemis, et les surmonter, protger et dfendre la sainte Eglise, le Royaume qui vous est confi et le camp du Seigneur, par le secours de Jsus-Christ, le triomphateur invincible. Prenez, dis-je, de nos mains consacres par l'autorit des saints Aptres, cette pe dont nous vous avons ceint, ainsi qu'on en a ceint les rois, et qui, bnite par notre ministre, est destine de Dieu pour la dfense de Sa sainte Eglise. Souvenez-vous de celui dont le prophte Daniel a parl ainsi dans ses psaumes : o vous qui tes le fort dÕIsral ! prenez votre pe et disposez-vous au combat ; afin que par son secours vous exerciez la justice, vous brisiez la mchoire des injustes; que vous protgiez et dfendiez la sainte Eglise de Dieu et de Ses enfants ; que vous n'ayez pas moins d'horreur pour les ennemis secrets
[59]
du nom chrtien que pour ceux qui le sont ouvertement, et que vous travailliez les perdre ; que vous protgiez avec bont les veuves et les orphelins ; que vous rpariez les dsordres ; que vous conserviez ce qui a t tabli ; que vous punissiez l'injustice ; que vous affermissiez tout ce qui a t mis dans l'ordre ; afin que, couvert de gloire par la pratique de toutes ces vertus et faisant rgner la justice, vous mritiez de rgner avec notre Sauveur, dont vous tes l'image, et qui rgne avec le Pre et le Saint-Esprit dans les sicles des sicles. Ainsi soit-ilÈ.
Et un peu plus loin, en ceignant le Roi de son pe :
ÇPasse le glaive autour de tes reins, trs puissant, et souviens-toi que les saints ont vaincu les royaumes, non avec le glaive, mais avec leur foi...È
Puis : ÇSeigneur, daignez le combler des bndictions de Votre grce spirituelle et revtez-le de la plnitude de Votre puissance. Que la rose du Ciel, la graisse de la terre, procure dans ses tats une abondance de bl, de vin et d'huile, et que par Vos divines largesses la terre soit couverte de fruits pendant de longues annes... afin que sous son rgne les peuples jouissent de la sant. qu'il soit le plus puissant des rois... Que pour la suite des sicles, il naisse de lui des Successeurs son trneÈ.
Ensuite a lieu la prparation du Saint Chrme, pendant laquelle le chÏur chante les versets suivants par lesquels l'Eglise affirme que c'est le Saint-Esprit qui est venu en personne apporter le baume destin au Sacre de nos Rois :
ÇLe bienheureux Remy, ayant pris de ce baume cleste, sanctifia d'une grce sans fond la race illustre des Franais en mme temps que leur noble Roi et les enrichit de tous les dons du Saint-Esprit.
Çqui par l'effet d'une grce singulire, apparut sous la forme d'une colombe et donna ce baume divin au pontife
[60]
.
Enfin a lieu le sacre proprement dit :
Çje vous sacre roi avec cette huile sanctifie, au nom du Pre, du Fils et du Saint-EspritÈ.
Pendant le sacre la prire suivante est rcite :
Ç...Qu'il rprime tous ses ennemis visibles et invisibles ; qu'il n'abandonne pas ses droits sur les royaumes des Saxons, des Merciens, des Peuples du Nord et des Cimbres ; qu'en inspirant ces peuples des sentiments de paix, il change leurs cÏurs et qu'il les rappelle leur ancienne fidlit ;... que sa puissance inspire de la terreur aux infidles... È
Puis le Prlat conscrateur remet au Roi la main de justice en disant :
ÇRecevez cette verge de vertu et d'quit : qu'elle vous serve pacifier les pieux, et terrifier les mchants, mettre les errants dans le bon chemin, corriger les orgueilleux et relever les humblesÈ.
Ensuite, c'est le couronnement :
Çrecevez la couronne de votre royaume, au nom du Pre, du Fils et du Saint-EspritÈ.
ÇComprenez quÕelle symbolise la gloire de la Saintet, l'honneur et la force de la puissance. N'oubliez point que par elle, vous participez notre ministre. Si nous sommes les Pasteurs et les Recteurs des mes, chargs de leurs besoins intrieurs, soyez dans les choses extrieures le vritable serviteur de Dieu. assistez vaillamment la sainte Eglise contre toutes les adversits : acquittez-vous utilement de la fonction royale, que vous avez reue de Dieu et qui vous est remise par le ministre de notre bndiction au nom des Aptres et de tous les saintsÈ.
ÇQu'Il tablisse autour de vous Ses bons anges pour vous garder, vous accompagner et vous suivre toujours et en tous lieux... Qu'Il tourne le cÏur de vos ennemis vers la paix et la douceur, qu'Il couvre d'une confusion salutaire ceux qui vous perscuteraient et vous haraient avec obstination... Qu'Il vous fasse toujours triompher de vos ennemis invisibles...È.
Puis, s'adressant Dieu :
ÇSoyez son aide et sa protection dans toutes les occasions, ainsi que de ceux en faveur de qui il vous imploreraÈ.
Dom Besse crit :
ÇOn ne peut clbrer avec plus de force l'union des Reprsentants de l'glise et de celui qui personnifie l'Etat... LÕvque en intronisant le Souverain dans l'glise, lui assigne sa fonction ecclsiastique. Il n'appartient pas au Clerg, mais le Sacre le met au-dessus des simples Fidles ; sa place est entre la hirarchie qui gouverne et la masse du Peuple Chrtien qui est gouverne. on comprend ds lors les honneurs liturgiques dcerns aux rois et le caractre religieux de leur autorit et aussi de leur personne... le roi est un enfant privilgi de l'glise. elle veut tre pour lui une auxiliaire...
[61]
È
Nous ne pouvons passer sous silence ce que dit du Sacre de nos Rois l'un des Thologiens les plus estims, Monseigneur Delassus.
ÇL'onction sainte donnait la personne du Roi la France, de telle sorte que le roi appartenait plus au pays qu'il ne s'appartenait a lui-mme. aprs les tats de lÕEglise, c'est en France que la royaut tait la plus dgage des liens terrestres, la plus spiritualise, peut-on dire, le roi tait plus vritablement le pre de son peuple que de ses propres enfants. Il devait sacrifier ceux-ci celui-l ; et il savait le faire, comme les tables de marbre de Versailles en font foi. Ou plutt ses enfants n'taient plus lui, c'taient les Çfils de FranceÈ.
Çl'onction sainte donnait au roi un certain caractre de saintet
[62]
, non point de cette saintet qui rend l'homme capable de voir Dieu tel qu'Il est dans les splendeurs ternelles, mais de celle qui tablit des rapports particuliers entre Dieu et telle ou telle de Ses cratures, c'est saint Thomas d'Aquin qui les a qualifies de ce nom : saintet. Et il donne en preuve de leur existence ce qui s'est pass au Baptme de Clovis et ce que Dieu a renouvel de sicle en sicle jusqu' nos jours
[63]
È.
L'minent thologien ajoute :
ÇLe sacre de ses rois a longtemps t un privilge rserv la France. Aucun empereur romain, ni Constantin, ni Thodose n'avait demand l'Eglise de conscration religieuse. Quand le moment vint o la Providence voulut avoir en France des rois protecteurs du Saint-Sige et propagateurs de la Foi catholique, saint Remy, comme un nouveau Samuel, donna l'onction sainte au fondateur de la monarchie franaise.
Ce ne fut que bien plus tard que l'Espagne voulut avoir, elle aussi, un roi oint de l'Huile sainte. L'Angleterre, puis les autres nations de lÕEurope, exprimrent ensuite le mme dsir.
Mais le sacre des rois de France a conserv un crmonial particulier...
ÇLe roi de France tait sacr avec le Saint Chrme, la plus noble des Huiles Saintes, celle qui est employe au sacre des vques (auquel on mlangeait une parcelle de lÕhuile apporte du Ciel par le Saint-Esprit et conserve dans la Sainte Ampoule). Lorsque d'autres rois demandrent l'Eglise de les sacrer eux aussi, elle ne voulut leur appliquer que l'huile des catchumnes.
ÇLe roi tait oint la tte d'abord, comme l'vque, pour montrer que de mme que l'vque a la premire dignit dans le clerg, le roi de France avait la prminence sur tous les souverains...
[64]
È
Les prires suivantes complteront bien l'ide que les Franais doivent se faire du sacre de leurs Rois
Çqu'il soit honore plus que les rois des autres nations : qu'il rgne heureusement sur ses peuples : que les nations le comblent de louanges et clbrent toute sa magnanimit È.
ÇBnissez, Seigneur, la force de notre Prince et cooprez toutes ses Ïuvres ; et que par Votre bndiction le pays de sa domination soit rempli des fruits de la terre, des fruits du ciel, de la rose des valles, des fruits du soleil et de la lune, de ceux du haut des montagnes et des collines ternelles ; de ceux que la terre donne en abondance de son sein... È
Et celle-ci que rcite le prlat conscrateur, aprs avoir conduit le Roi sur son trne et en le tenant par le bras droit :
ÇTenez-vous debout et restez ainsi jusqu' ce que vous teniez la succession paternelle qui vous est dlgue en vertu du droit hrditaire, par l'autorit du Dieu tout-puissant et dont nous vous mettons en possession, nous et tous les vques et tous les serviteurs de Dieu ; et comme vous voyez le clerg plus prs des saints autels que le reste des fidles, plus vous devez avoir attention a le maintenir dans la place la plus honorable, et en tous lieux convenables, afin que le mdiateur de Dieu et des hommes vous tablisse le mdiateur du clerg et du peupleÈ.
Le Roi s'assied sur son trne et cette dernire :
ÇPrions : Dieu, Auteur ineffable du monde, crateur du genre humain, qui consolidez les trnes, qui avez choisi ds le sein de Votre fidle ami, notre Patriarche Abraham, le Roi qui devait venir dans la suite des sicles, par l'intercession de la bienheureuse Marie toujours vierge et de tous les saints, enrichissez de Votre fconde bndiction ce Roi insigne et son arme ; fixez-le sur son trne inbranlablement, visitez-le, comme Vous avez visit Mose dans le buisson ardent... rpandez sur lui cette bndiction cleste et cette rose de sagesse que le bienheureux David reut... soyez-lui contre l'arme de ses ennemis une cuirasse, un casque qui le garantisse de l'adversit, la sagesse qui le modre dans la prosprit, le bouclier qui le protge sans cesse. Faites que ses peuples lui restent fidles, que les grands vivent en paix, qu'ils s'attachent la charit et s'loignent de la cupidit, qu'ils observent la justice et la vrit dans leurs discours. Que ce peuple, charg de la bndiction ternelle, se multiplie sous son gouvernement. Que tous tressaillent dans la paix et la victoire. Que Celui qui vit et rgne avec Vous dans l'unit du Saint Esprit, Dieu, dans tous les sicles des sicles, daigne nous exaucer. Ainsi soit-ilÈ.
A la fin du sacre l'Officiant s'crie :
vivat rex in ¾ternum !
vive le roi pour l'ternit !
ÇLa messe continue. Le Roi fait la Sainte-Communion
[65]
. Il s'associe de la sorte au Sacrifice Eucharistique. Ses nergies divines descendent en son me et le pntrent tout entier pour confirmer I'Ïuvre Sainte qui vient de s'accomplir. Quand l'office liturgique est termin, les vques laissent le Roi au peuple. Il lui appartient sans rserve
[66]
et c'est pour faire des miracles en sa faveur. Alors la Basilique rsonne des ovations de ceux qui ont le bonheur d'assister cette grandiose crmonie ; les cloches mlent leurs joyeux sons l'enthousiasme gnral et le peuple, dehors, ne cesse d'acclamer son Roi au cri mille fois rpt par nos Pres et que bientt, esprons-le, nous crierons, nous aussi :
nol ! nol ! vive le roi ! nol ! nol !
Aprs le festin royal, le Roi, accompagn de la Reine, se promne sans garde au milieu de son peuple et s'entretient avec les uns et les autres, comme un pre au milieu de ses enfants ; le peuple peut l'approcher, lui parler sans protocole.
Ainsi, chaque changement de rgne, chaque sacre, la France demandait Dieu, et l'Eglise ratifiait sa demande, si le Roi, qu'Elle reconnaissait l'an de tous les Princes de la terre, et le peuple, restaient fidles leur mission privilgie de Protecteurs de l'Eglise : la bndiction et le secours divins ; des Hritiers pour la Couronne ; une population toujours plus nombreuse et forte ; la force pour l'Arme ; la victoire, en cas de guerre ; la prosprit dans la paix ; la justice, la charit, la concorde entre tous ; l'abondance de tous les biens.
Aussi, la Protection Divine tait-elle manifeste et toujours plus abondante sur la France que sur les autres Peuples. On ne connaissait ni la haine entre citoyens, ni la crise de la natalit, ni la dgnrescence de la race, ni la pauvret, ni la famine, etc... Toutes ces maldictions s'abattaient sur notre Pays, s'il venait s'carter de la route lui trace par Dieu Lui-mme pour l'expiation de ses pchs.
Dans tous les domaines, la France l'emportait sur les autres Empires.
C'est qu'alors, Roi et Peuple demandaient leur pain quotidien au Dieu Tout-Puissant. Comme ils cherchaient d'abord le royaume de Dieu, Dieu leur donnait tout le reste par surcrot.
LES MIRACLES DES ROIS DE FRANCE
LA GURISON DES CROUELLES
Les marques de la faveur divine ne s'arrtrent pas l ; tant de miracles, Dieu en ajouta un qu'Il accorda tous les Rois de France : le pouvoir de gurir miraculeusement les crouelles.
Comme le montre trs bien Claude de Seyssel, Archevque de Turin, ce privilge n'est pas accord tel ou tel de nos Rois titre personnel, mais exclusivement la fonction de Roi de France, quel qu'en soit le dtenteur, ds qu'il est l'hritier lgitime de la couronne et qu'il a t sacr.
ÇQuant l'origine de ce don, crit M. Frantz Funck-Brentano, d'aprs la croyance gnrale, dont on trouve trace jusque dans les crits de saint Thomas d'Aquin
[67]
, elle se serait galement rattache l'onction par la Sainte Ampoule
[68]
È.
Certains auteurs la font remonter "Saint Marcoul
[69]
".
Ce miracle n'tait possible au Roi qu'autant qu'Il tait en tat de grce et venait de recevoir la Sainte Communion. Le Roi touchait les malades, puis les embrassait, en disant : ÇDieu te gurisse, le roi te toucheÈ.
Non seulement nos Rois pouvaient accomplir ce miracle en France, mais encore l'tranger ; c'est ainsi que l'on vit Jean II, aprs la bataille de Poitiers, prisonnier Londres, et Franois Ier, aprs Pavie, Madrid, gurir Çbien des malheureux atteints de semblables maladies
[70]
È.
ÇMarie-Thrse, la femme de Louis XIV, avait fait disposer une maison Poissy o taient reus et logs les malheureux qui venaient souvent de contres lointaines afin de se faire toucher par le Roi : ils y attendaient le jour fix pour la crmonieÈ.
On cite mme des Jsuites qui furent envoys de Portugal, d'Espagne, etc., dans notre pays par leur Compagnie, pour tre guris par le Roi de France.
Les derniers miracles, enregistrs avec le plus grand soin, se produisirent au sacre de Charles X en 1825
[71]
.
Dans la Revue de Philosophie
[72]
, le Docteur Robert Van der Elst, dans la magistrale critique qu'il fait du livre de M. Bloch, Les Rois Thaumaturges, affirme la gurison des crouelles et conclut :
ÇLe fait ne s'explique donc que par une cause transcendante. Et cette cause, c'est la prdilection marque par Dieu envers la Dynastie des Rois de France. Est-ce parce qu'ils sont Rois ? Non, certes, car les Rois des autres Pays ne sont pas favoriss du mme prestige. Est-ce parce qu'ils sont saints ? Non, pas davantage, car ils le sont trs ingalement et quelques-uns ne le sont pas. Qu'y a-t-il donc en eux qui justifie cette sorte d'alliance entre leur race et Dieu? Eh ! prcisment la vocation de leur rgne ! Ils sont Rois pour concourir au rgne de Dieu. Ils sont de la race lue pour cette fonction, ils reoivent ce privilge la faon d'une grce, sans doute immrite comme toute grce, mais motive par leur devoir sur le sens duquel le peuple est ainsi renseign. C'est ce que rappelle le trait de Regimine Principum, commenc par saint Thomas, achev sans doute par le docte Tolome, imbu, quoi qu'il en soit, de la pense de l'Ange de l'Ecole. De ce point de vue, pour l'esprit humain affam de justes rapports et non de probabilits, indfiniment discutables, une claire relation s'tablit entre deux ordres de faits ingalement patents : d'une part la destine de la France, surnaturellement soumise, dans l'intention de Clovis, aux fins de lÕEglise et parfois honore, comme au temps de Jeanne d'Arc, d'une libration miraculeuse ; d'autre part le privilge des Rois qui n'est qu'un moyen de leur influence et un motif de leur confiance en Dieu, subordonnes elles-mmes aux fins que ce privilge signifieÈ.
Au surplus, ces miracles sont attests dans la bulle de canonisation de saint Louis (11 aot 1297) ; le Souverain Pontife, Boniface VIII, prend soin de distinguer les miracles que faisait le saint Roi en vertu de sa saintet et ceux qu'il faisait de par sa dignit de Roi de France, la gurison des crouelles ; et Benot XIV crit :
ÇCitons, par exemple, le privilge qu'ont les Rois de France de gurir les crouelles, non par une vertu qui leur est inne, mais par une grce qui leur a t accorde gratuitement soit lorsque Clovis embrassa la foi, soit lorsque saint Marcoul l'obtint de Dieu pour tous les Rois de France
[73]
È.
Enfin, saint Franois de Sales, dans ses Controverses pour convertir les Protestants, s'appuie, entre autres miracles certains, indubitables sur ceux que faisaient les Rois de France pour montrer que la Çvraye Eglise doit reluire en miraclesÈ et que l'Eglise catholique romaine est la seule vraie parce qu'elle seule jouit du miracle. Il crit :
ÇLe bon pre Louys de Grenade, en son Introduction sur le Symbole
[74]
rcite plusieurs Çmiracles rcens et irrprochables. Entre autres, il produit la gurison que les Roys de France catholiques ont faict, de nostre aage mesme, de l'incurable maladie des crouelles, ne disant autre que ces paroles : Dieu te gurit, le Roy te touche n'y employant autre disposition que de se confesser et communier ce jour-l
[75]
È.
Ces deux seules conditions mises par Dieu s'expliquent :
Sans l'tat de grce, l'me tant loigne de Son Crateur est hors d'tat de pouvoir faire aucun bien, plus forte raison un miracle.
N'est-il pas logique aussi que la Communion soit ncessaire dans une Ïuvre de charit et d'amour comme la gurison de malades incurables. Le Christ n'est-Il pas la source de tout amour et de toute charit, et la Communion n'est-elle pas le moyen par lequel Il se donne et nous nous donnons Lui pour qu'Il vive en nous. Quoi d'tonnant alors qu'au moment o Il vit rellement dans le cÏur du Roi, Son Oint et Son Reprsentant dans l'ordre temporel, Il accomplisse des miracles par son bras ?
Ainsi, Dieu a voulu orner le front de nos Rois d'un rayon de Sa Puissance, et Il a choisi l'un des plus beaux : celui du miracle source de la sant, c'est--dire du bien le plus prcieux l'homme aprs la foi. Comme s'Il avait voulu montrer notre France qu'elle ne recouvrera sa force et sa sant que par son retour aux traditions monarchiques, qui ont assur sa gloire et sa prosprit dans le pass. Privilge unique dans sa permanence puisqu'il ne dpend que du Roi une fois sacr d'en prodiguer sans cesse les effets.
Dans le mme ouvrage saint Franois de Sales s'appuie sur le miracle pour prouver la divinit de l'glise
[76]
.
ÇDieu donnait tmoignages la foy qu'il annonait par miracles. Dieu mit en mains de Moyse ces instruments afin qu'il fust creu (Exod. iv) dont Notre-Seigneur dit que s'il n'eus faict des miracles, les Juifs n'eussent pas t obligs de Le croire. (Jean. xv, 24).
Ç... Pour vray ce que nous avons toujours veu, en toutes sortes de saisons, accompagner l'Eglise, nous ne pouvons que nous ne lÕappelions proprit de l'Eglise; la vraye Eglise doncques fait paratre sa saintet par miracles... È
ÇL'Eglise a toujours t accompagne de miracles solides et bien assurs, comme ceux de son Espoux, doncques c'est la vraye Eglise car me servant en cas pareil de la rayson du bon Nicodme (Jean, iii, 2) je diray : nulla societas potuit facere quae haec facit, tam illustria aut tam constanter, nisi Dominus fuerit cum illa
[77]
... Ç ainsy oyant qu'en l'Eglise se font de si solemnelz miracles, il faut conclure que vere Dominus est in loco isto
[78]
. (Gen. xxviii, 16)... La nostre doncques seule est la vraye EgliseÈ.
Ce raisonnement irrfutable s'applique rigoureusement aussi la Royaut Franaise. il s'ensuit donc qu'en France le seul rgime politique voulu par Dieu est la royaut, puisque, seule, elle a t tablie miraculeusement et qu'au cours des ges, elle a toujours joui de privilges miraculeux, a elle seule accordes par Dieu. les autres rgimes sont donc seulement permis par Dieu pour le chtiment des fautes de notre pays. Que si ces autres formes de gouvernement prtendent la lgitimit, avec saint Franois de Sales on leur Çimposera silence avec ces saintes paroles : si filii Abrahae estis, opera Abrahae facite !
[79]
(Jean viii, 39).
Et saint Francois de Sales ajoute pour nous obliger croire, sous peine de pch, la vrit de ce qui repose sur le miracle
[80]
:
Ç Si Nostre Seigneur n'eust faist tant de miracles on n'eust pas pch de ne le croire pas... Saint Pol tmoigne que Dieu confirmait la foy par miracle (Heb. ii, v. 4) doncques le miracle est une juste rayson de croire, une juste preuve de la foy, et un argument pregnant pour persuader les hommes crance ; car si ainsy n'estait, nostre Dieu ne s'en fut pas servi.
ÇL o il plaict la bont de Dieu d'en fayre pour confirmation de quelque article, nous sommes obligs de le croire. Car, ou le miracle est une juste persuasion et confirmation ou non - si c'est une juste persuasion, doncques en quel temps qu'ils se fassent ils nous obligent les prendre pour une trs ferme rayson, aussy le sont-ils. Tu es Deus qui facis mirabilia
[81]
, dict David (Ps. lxxvi, 14) au Dieu tout puissant, doncques ce qui est confirm par miracles est confirm de la part de Dieu ; or Dieu ne peut estre autheur ni confirmateur du mensonge, ce doncques qui est confirm par miracles ne peut tre mensonge, ainsi pure vritÈ.
la royaut est donc bien la seule vrit politique en France.
LE JEUDI SAINT DES ROIS DE FRANCE
Pour montrer quel point l'institution monarchique en France tait chrtienne, qu'il nous soit permis de rappeler les crmonies qui avaient lieu chaque anne la Cour le Jeudi Saint. Nous emprunterons son rcit M. Paul Gruyer
[82]
:
ÇC'est le pieux Roi Robert qui, aux lointains alentours de l'an mil, institua l'usage par les Rois de France de laver les pieds des pauvres le Jeudi Saint de chaque anne et de clbrer la Cne en leur honneur. Cette coutume qui courbait devant des malheureux la Majest Royale, avait t pratique dj par les Empereurs Grecs de Byzance, et c'est de l qu'elle tait venue en Europe.
ÇLe nombre des pauvres amens au palais pour cette crmonie fut d'abord illimit. Il se rduisit par la suite et au dbut du XVII sicle, Henri IV rgnant, il avait t dfinitivement fix treize garons ou fillettes
[83]
, ce nombre symbolisant Jsus-Christ et les douze Aptres. Si le Roi tait empch, le Dauphin le remplaait...
Ç... On les assied le long d'un banc, le dos tourn contre la table o le Roi les doit servir, et le visage vers la chaire o le Grand Aumnier, ou autre Prlat qui a t choisi, doit faire l'exhortation. Celle-ci termine, on chante le Miserere, puis le Roi s'avance vers les Enfants et prostern deux genoux, il commence laver le pied droit au premier, et le baise, et ainsi continue aux autres... Les enfants passent ensuite avec leur banc de l'autre ct de la table o ils sont servis par le Roi chacun de treize plats de bois, les uns pleins de lgumes, les autres de poisson, et d'une petite cruche pleine de vin sur laquelle on met trois pains ou chauds. Puis le Roi passe au cou chacun d'eux une bourse de cuir rouge dans laquelle il y a treize cus d'or, laquelle est prsente sa Majest par le Trsorier des Aumniers.
ÇCe sont toujours comme par le pass, les Princes du sang royal ou autres Princes et Nobles qui tendent les plats au Roi...
ÇDerrire les Enfants, il y a un Aumnier servant qui prend tous les plats sitt que le Roi les a mis sur la table, et les remet dans des paniers ou corbeilles, qui sont tenus par les Pres et Mres ou Parents des enfants, auxquels le tout appartient.
ÇFinalement, le Roi se rend la Messe avec une grande suite et l'issue, avec un cierge blanc en main, suivi des mmes Princes et Seigneurs, il accompagne le Saint-Sacrement depuis l'autel o la Messe a t dite, jusque dans un oratoire qu'on lui a prpar, o il est pos en grande dvotion.
Ç... Une crmonie parallle se droula jusqu' la Rvolution, galement dans les grands appartements de la Reine. Elle aussi y servait les petits pauvres, assiste par les Princesses de la Famille Royale et par des Duchesses qui lui tendaient les platsÈ.
Quel magnifique exemple chrtien donnait ainsi le Roi de France.
Ajoutons que saint Louis, tous les vendredis, accomplissait ce geste qui grandissait la majest royale et que bien souvent, au cours de sa sortie matinale quand il rencontrait des pauvres, il ne manquait pas de les ramener au palais royal o lui-mme tenait les servir table, voyant en chacun d'eux un membre souffrant de Jsus-Christ.
On comprend que devant de pareils faits
Çl'Eglise ait encourag ds avant le XIII sicle, et Rome mme, la prire pour le Roi de France.
ÇA Saint-Louis-des-Franais, on lit sur chacun des piliers, qui font face la porte d'entre : Quiconque prie pour le Roi de France gagne dix jours d'indulgences accords par le Pape Innocent IV
[84]
È.
Inscriptions et indulgences existent encore.
La Famille est d'institution divine et est la cellule sur laquelle repose la socit tout entire. Monseigneur Delassus dans son admirable ouvrage L'Esprit Familial dmontre cette vrit tous les chelons de la socit humaine : famille, corporation, cit, tat. Il prouve que toutes les institutions qui s'appuient sur la famille et la favorisent sont dans l'ordre naturel, c'est--dire dans l'ordre voulu par Dieu et qu'au contraire toutes celles qui combattent la famille ou simplement ne reposent pas sur elle sont voues la disparition parce que contraires la loi naturelle et donc la volont divine.
ÇSi les peuples, crit-il, ne sont construits que de familles vivantes et si les lois imposes par Dieu la famille doivent tre les lois de toute socit, il est ncessaire que les tats reproduisent en eux quelque chose du type primitif [85] È.
C'est pourquoi la Royaut est le rgime normal parce quÕelle a pour base la famille et ne se perptue que par la famille ; elle repose donc sur la loi naturelle et est donc dans l'ordre voulu par Dieu.
ÇLa Patrie, ce fut l'origine le territoire de la famille, la terre du pre. Le mot s'tendit la seigneurie, et au royaume entier, le Roi tant le Pre du peuple. L'ensemble des territoires sur lesquels sÕexerait l'autorit du Roi s'appelait donc ÇPatrieÈ [86] .
Dom Besse remarque que les Monarchies chrtiennes de l'Europe, sont toutes I'Ïuvre d'une famille.
ÇCette famille est aime et respecte comme la premire du pays. Elle personnifie ses traditions et ses gloires. Sa prosprit et celle du pays n'en font qu'une. Elle porte en elle les esprances de l'avenir. Tous le savent et vivent en paix [87] È.
Mais alors que la France, l'Allemagne et l'Italie sont toutes trois issues du dmembrement de l'Empire de Charlemagne, il convient de remarquer que tandis qu'il fallut dix sicles aux deux dernires pour parvenir leur unit, la France prit immdiatement figure de nation.
A quoi notre pays dut-il ce privilge ?
A la Loi Salique et au mariage qu'il avait contract de par la grce et la volont divines avec sa dynastie. Aucune autre Maison Royale ne poussa aussi loin le respect de l'esprit familial, et c'est ce qui fit sa force.
Renan lui-mme le reconnat :
ÇA toute nationalit correspond une dynastie en laquelle s'incarne le gnie et les intrts de la nation ; une conscience nationale n'est fixe et ferme que quand elle a contract un mariage indissoluble avec une famille qui s'engage par le contrat n'avoir aucun intrt distinct de celui de la Nation. Jamais cette identification ne fut aussi parfaite qu'entre la maison captienne et la France. Ce fut plus qu'une royaut, ce fut un sacerdoce [88] È.
Mais aussi, Dieu bnit manifestement la Famille de nos Rois :
ÇC'est Dieu en effet, dans ses desseins sur la France, qui a permis que dans cette grande ligne captienne, o l'on ne compte pas pendant plus de trois sicles un seul prince adultrin, l'hritier direct ne manqut jamais au trne, en sorte que l'on a vu sans interruption, depuis Hugues Capet jusqu' Philippe le Long, le Fils an du Roi dfunt succder rgulirement son Pre
[89]
È.
C'est l'esprit familial de nos Rois qui prsida la formation de l'unit territoriale de la France :
ÇLe principe de la Monarchie franaise tait que rien de ce qui avait fait partie l'origine ou avait t comme on disait du domaine de la couronne ne pouvait tre alin. Lorsque, par droit d'hritage fodal, partage successoral ou constitution d'apanage, une province est distraite du domaine royal, elle ne cesse point pour cela de faire partie intgrante de la monarchie et, quelque jour venir, elle fera retour au domaine inalinable de la couronne. Or, les juristes et les conseillers de nos Rois soutiennent sans admettre la discussion, que le fondateur de la Monarchie Franaise, le Franc Clovis, rgna sur toute la Gaule et que toutes les terres qui avaient fait ,partie du Regnum Francorurn de Clovis doivent en droit faire retour la Couronne
[90]
È parce que c'tait la terre des Pres.
Or, Clovis rgnait sur un territoire limit par le Rhin, le Jura, les Alpes et les Pyrnes. Il s'en suit donc qu'aprs les grands partages du Trait de Verdun entre les petits-fils de Charlemagne, nos Rois ne vont jamais cesser de tendre se rapprocher de la frontire naturelle et reprendre province province la ÇTerre des PresÈ et c'est par la famille qu'ils y parviendront. Dieu a permis en effet que les dtenteurs de ces provinces les uns aprs les autres n'eussent plus d'hritiers mles, et que leurs filles fussent demandes en mariage par les Fils de nos Rois.
Aussi, de Lionne remarque-t-il dans ses instructions au baron de Boisnebourg (7 juin 1659) que la France n'a jamais Çrien retenu au seul titre de conqutes et si elle a eu parfois quelques avantages, 'a a t des choses qui se trouvaient d'ailleurs appartenir nos Rois, par succession, confiscation, change ou mme achatÈ.
CÕest qu'en effet, le Roi, en bon Pre de Famille, ne veut arrondir son domaine que par des moyens honntes. Les instructions que donne le Cardinal de Richelieu ce sujet sont admirables et mritent d'tre cites. Il veut une Çpaix sre, juste et raisonnable. On veut traiter de bonne foi et sans prtendre autre avantage que ce que la raison doit accorder un chacunÈ, crit-il son agent en Espagne, Pujol, le 8 novembre 1637. Le Grand Cardinal s'inspire des mmoires que les juristes de la Couronne, les Godefroy, les Dupuy, les Lebrait, les Delorme et autres ont tablis. Il les fait contrler par des docteurs en thologie pour savoir s'ils sont vrais Çau point de vue de la conscienceÈ.
Pour prendre un territoire comme un particulier pour revendiquer un bien, le Prince doit invoquer des titres lgitimes. Aussi rprouve-t-il toute conqute qu'il considre comme un acte violent et injuste et il se refuse conseiller son Matre des procds que la conscience, l'honneur du Roi, la dignit et l'intrt de l'Etat interdisent
[91]
.
Tels furent les principes que les Rois de France s'efforcrent toujours de faire triompher dans les relations internationales, afin que la justice ft satisfaite, parce que la justice, seule, respectant l'ordre voulu par Dieu, peut, seule, assurer la paix, l'apaisement des passions et la prosprit gnrale.
Quelle magnifique leon de droiture et d'honntet ! Comme le monde a besoin que le Roi de France vienne rtablir Çle rgne de Dieu afin que tout le reste lui soit donn par surcrotÈ.
C'est l'esprit familial, galement, qui prsidait aux rapports du Roi et de ses sujets. Le gouvernement royal avait conserv le caractre familial. L'autorit du Roi tait peu prs celle du Pre de Famille. Comme le Pre de famille, il tait la source de toute justice : ÇSummun justiti¾ caputÈ crit Fulbert de Chartres au XI sicle.
Il traitait ses sujets avec une entire familiarit, se promenait pied, sans escorte dans les rues de Paris, comme le Pre au milieu de ses enfants. Chacun l'abordait, lui parlait. Son palais tait ouvert tout venant. Il mangeait devant ses sujets, en famille. Car, crit Lacatelle, en 1665, ÇLe Roi veut que ses sujets entrent librementÈ.
ÇNommer le Roi Pre du Peuple, dit La Bruyre, c'est moins faire son loge que sa dfinitionÈ.
La Famille Royale ne s'appartenait pas, elle appartenait la France et la France prenait part intensment tous les vnements heureux ou douloureux de la Maison de France ; pour tout le Pays, c'taient des vnements de famille. Une naissance tait-elle attendue, la Reine devait accoucher en public. Ds le XII sicle la naissance de Philippe-Auguste, le 21 avril 1165, des scnes d'amour dlirant se produisent, la maison du Roi est entoure, envahie Çde palatins, de bourgeois qui attendent fivreusement la dlivrance de la Reine. C'est un fils ! La Reine pleure de joie ; la nouvelle vole de bouche en bouche ; elle court d'une extrmit de la France l'autre avec une rapidit surprenante : Paris s'veille dans la joie ; les rues et les places s'illuminent. Les trompettes retentissent au coin des carrefours ; les cloches sonnent toute vole.
Un Anglais, Graug de Barri, rveill par la joie populaire, crit :
ÇJe saute de mon lit, je cours la fentre et j'aperois deux pauvres vieilles qui, portant chacune un cierge allum, gesticulaient et couraient comme des folles. Je leur demande ce qu'elles ont :
ÇNous avons un Roi que Dieu nous a donn rpond l'une d'elles ; un superbe hritier royal par la main de qui votre roi vous recevra un jour honte et malheur
[92]
È.
Les Princes de la Maison Royale savaient mourir pour dfendre la France. Les tables de marbre de Versailles en font foi : plus de trente d'entre eux furent tus, sans compter tous ceux qui, blesss, versrent leur sang gnreux.
Il est un fait unique dans les annales de l'Histoire. Alors qu'en Angleterre, les Plantagenets, les Tudor, les Lancastre, les Hanovre, etc ... ; en Allemagne, les Hohenstanffen, les Habsbourg, les Lorraine, les Hohenzollern ... ; en Autriche, les Habsbourg et les Lorraine ; en Espagne, les Habsbourg et les Bourbons ; en Italie, de nombreux princes et notamment les Bourbons et les Savoie ; en Russie, les Romanoff.... etc., rgnrent sans jamais adopter le nom du pays, en France le premier de nos Rois a donn le nom de sa race la France et la France son tour a donn le sien notre Famille Royale en signe d'union indissoluble : nos Rois sont tous de la Maison de France, et alors mme que cette Famille ne rgne plus sur la Patrie, elle demeure et demeurera toujours la Maison de France et l'histoire a montr que la sparation momentane entre les deux conjoints avait des consquences dsastreuses pour le Pays.
C'est que Dieu avait choisi de toute ternit la race royale des Francs pour la faire rgner jusqu' la fin des temps sur la France et que cette sparation est contraire la volont divine.
Jamais aucune Maison Souveraine n'a t passionnment aime par son peuple comme l'a t la Maison de France, mais aussi, aucune n'a t digne et n'a mrit de l'tre comme elle.
Michelet lui-mme le constate, qui crit :
ÇDes entrailles de la France sort un cri tendre, d'accent profond : ÇMon Roi !È
Et Tocqueville dit trs justement :
ÇLa nation avait pour le Roi tout la fois la tendresse qu'on a pour un Pre et le respect qu'on ne doit qu' Dieu !È
M. F. Funck-Brentano a montr quel point tait demeur vivant dans le cÏur des Franais l'amour du Roi lors de la Rvolution :
ÇIssu du Pre de Famille, le Roi tait demeur dans l'me populaire, instinctivement et sans qu'elle s'en rendt compte, le Pre auprs duquel on cherche soutien et abri. Vers lui, travers les sicles s'taient ports les regards dans les moments de dtresse ou de besoin. Et voici que brusquement, par le violent contrecoup de la prise de la Bastille, cette grande autorit paternelle est renverse. Et c'est parmi le peuple de France un malaise, un effroi vague, irrflchi.
ÇOh, les rumeurs sinistres ! les brigands !... Et le Pre n'est plus l !
ÇLa ÇGrande PeurÈ est la dernire page de l'histoire de la Royaut en France. Il n'en est pas de plus touchante, de plus glorieuse pour elle, il n'en est pas o apparaisse mieux le caractre des relations qui, traditionnellement, naturellement, s'taient tablies entre le Roi et le pays
[93]
È.
L'ide paternelle que l'on se faisait de la Monarchie avant la Rvolution ne serait pas complte si nous ne rappelions la sublime page de dvouement des Çotages de Louis XVIÈ
[94]
. Aprs le retour de Varennes, nombre de royalistes sentirent planer la menace de mort sur le Roi ; l'un d'eux, Farmain de Rozoi, lana un admirable appel demandant que les vrais royalistes s'offrissent en otage la place du Roi.
L'appel fut entendu : de tous les points du Pays et de toutes les classes de la nation parvinrent des adhsions enthousiastes et d'autant plus mritoires que chacun de ceux qui rpondait se dsignait aux reprsailles des rvolutionnaires. Les hommes se proposrent comme otages du Roi ! ; les femmes, de la Reine. Nous citerons seulement deux de ces rponses particulirement touchantes :
ÇJe suis pauvre, crit un paysan de Vaas prs Chteau-du-Loir, si l'on ne me juge pas indigne d'un tel honneur, j'irai prendre les fers ( la place du Roi) ; et si je n'ai point assez d'argent, je vendrai mes boucles, ma montre pour subvenir aux frais du voyageÈ.
ÇJe ne suis point aristocrate, dclare une simple fille de la campagne, mais je suis jeune et sensible et les malheurs de Louis dchirent mon cÏur. S'il est condamn, s'il doit prir, je m'offre comme victime sa place. JulieÈ.
Le voil le vrai cÏur de la France
LE CHRIST CLEF DE VOóTE DE L'ANCIENNE FRANCE
ET ROI UNIVERSEL DES SIéCLES ET DE L'TERNIT
Nous venons de voir que le Roi, reprsentant de Dieu sur la terre, et le gouvernement Royal, avaient pour base l'autorit religieuse et familiale. Deux autres exemples montrent que toute la vie de l'ancienne France reposait sur la religion du Christ : la Chevalerie et les Corporations.
Le jeune Chevalier, avant que d'tre arm, devait jener et passer une nuit en prires devant le Tabernacle, puis se confesser et communier. Il jurait solennellement alors, devant le Saint Sacrement, de dfendre I'Eglise, son Roi, le faible, le pauvre, la veuve, l'orphelin et d'tre toujours courageux, loyal et gnreux.
Quant aux Corporations de Mtiers, elles trouvent, le plus souvent, leur origine dans l'hommage fait Dieu, et chacune d'elles tient l'honneur de vnrer son Saint Patron
[95]
.
De mme que le Christ est Roi de France, il est le Chef suprme de la Chevalerie et des Corporations.
le roi, la noblesse, le peuple, tous reconnaissent la royaut du Christ qui est en toute vrit la clef de vote de l'ancienne France
CÕest ce quÕaffirmait le plus grand vque du XIX sicle, le Cardinal Pie, quand il crivait justement :
ÇJsus-Christ, c'est la pierre angulaire de notre Pays, la rcapitulation de notre Pays, le sommaire de notre Histoire ; Jsus-Christ, c'est tout notre avenirÈ. (t. X. p. 493).
Aussi fut-ce pour tous les Catholiques du monde mais plus spcialement pour les Franais une grande joie et une immense esprance, au milieu des douleurs prsentes, de voir le Pape Pie XI, dont ce sera le plus beau titre de gloire, proclamer la Royaut Universelle du Christ et instituer la Fte annuelle du Christ-Roi. Elle sera la source d'inluctables bndictions sur le monde et, tout particulirement sur la France, qui a t la premire promouvoir le grand mouvement
[96]
dont l'encyclique Quas Primas a t le magnifique couronnement ; sur cette France dont le Christ disait Marie Lataste, le 28 novembre 1843
[97]
:
ÇLe Premier Roi, le premier Souverain de la France, c'est Moi.
ÇJe suis le Matre de tous les peuples, de toutes les nations, de tous les royaumes, de tous les empires, de toutes les dominations ; Je suis particulirement le Matre de la FranceÈ.
CONCLUSION DU LIVRE I : VERS LÕAVENIR
LA LOI SALIQUE ET LE CHOIX DIVIN
Joseph de Maistre relevant cette expression de l'Ecriture : ÇC'est moi qui fais les RoisÈ ajoute :
ÇCeci n'est point une mtaphore, mais une loi du monde politique. Dieu fait les rois au pied de la lettre. Il prpare les races royales ; Il les mrit au milieu d'un nuage qui cache leur origine. Elles paraissent ainsi couronnes de gloire et d'honneurÈ.
C'est Dieu en effet qui tablit la Royaut. Il la fit reposer sur deux principes qui se compltent rciproquement : la primogniture mle et l'hrdit. Il voulut, en outre, choisir la Race Royale par excellence ! celle de David, parce quÕelle devait donner naissance Son Divin Fils. Mais, si le principe de l'hrdit mle tait intangible
[98]
, il n'en tait pas de mme de celui de la primogniture. Dans des cas exceptionnels, Dieu se rservait, en effet, d'y droger en faveur du Prince le plus digne de rgner.
Ainsi, parmi les enfants d'Isae, il choisit non l'Ane mais le plus jeune, le huitime, David :
ÇJe l'tablirai le premier n d'entre ses frres et Je l'lverai au-dessus des rois de la terre
[99]
È.
Ce n'est pas non plus l'an de David que Dieu choisit pour succder son pre mais le dixime, Salomon, choix divin reconnu et admis par l'an, Adonias :
ÇVous savez que la couronne m'appartenait et que tout Isral m'avait choisi par prfrence pour tre son roi mais le royaume a t transfr et il est pass mon frre, parce que c'est le Seigneur qui le lui a donn
[100]
È.
C'est ce que David lui-mme tint affirmer plusieurs reprises
[101]
.
En France, il en est absolument de mme. Dans son Testament, incontestablement inspir et que saint Pie X recommandait aux franais comme un trsor, saint Remy proclame que Dieu a Çchoisi dlibrmentÈ la Race de Mrove Çpour rgner jusqu' la fin des tempsÈ sur notre Pays. Le grand thaumaturge affirme formellement l'unit de race de nos Rois, il ajoute pour mieux confirmer notre foi et illuminer nos intelligences :
ÇQu'en tout et toujours il garde la perptuit de sa force et l'inviolabilit de sa dure !È
Il s'en suit donc que Mrovingiens, Carolingiens et Captiens sont trois branches d'une seule et mme race. Cette unit de race de tous nos Rois tait considre comme une tradition au Moyen-Age et jusqu'avant la Rvolution : dans la salle du Trne de l'ancien Palais Royal Paris (incendie en 1618 et sur l'emplacement de laquelle a t construite la salle des Pas Perdus de l'actuel Palais de Justice) sous la statue de Ppin le Bref, l'inscription suivante tait grave dans la pierre en caractres gothiques :
ÇPpin, Fils de Charles le Martel, de la ligne de Clotaire second, fut lu RoyÈ.
Plusieurs auteurs parlent de cette tradition que Piganiol de la Force dfendit dans sa Description de la France, publie avec autorisation et privilge de Louis XIV, en date du 20 Juin 1714 :
ÇLe Royaume de France a commenc l'an de l're vulgaire 420 et depuis ce temps-l, a toujours t successif de mle en mle et gouvern par 65 Rois, tous issus de la mme maison, quoique de trois races diffrentes, ainsi que je le prouverai dans un autre ouvrage... È
[102]
.
Sans aller jusque-l, les Bndictins ont cependant nettement dmontr sinon l'unit des trois races, du moins celle des Carolingiens et des Captiens, dont l'auteur commun est Ppin d'Hristal, Pre de Charles Martel, qui a donn le jour aux premiers, et de Childebrand d'o sont issus les seconds.
Il n'est pas sans intrt d'ajouter qu'indpendamment de leur ascendance salique avec les Mrovingiens, les Carolingiens et les Captiens descendent galement par voie fminine de Clovis et de Clotaire Il par Blitilde, fille de ce dernier et mre de saint Arnoul, aeul de Ppin d'Hristal ; et que les Captiens descendent de Charlemagne par Adlade, fille de Louis le Dbonnaire, qui pousa Robert le Fort.
Quant au choix divin sur les membres les plus dignes de la famille Royale, il s'est exerc galement en France. Piganiol de la Force continue :
ÇLa Loi Salique, qui est la Loi Fondamentale de cette Monarchie, en exclut les filles et elle a toujours t inviolablement observe leur gard. Elle l'a t aussi quant aux mles, mais il y eut de la diffrence dans la manire. Sous les deux premires races, les Franais lisaient pour leur Roi le Prince le plus digne de leur commander, pourvu qu'il fut issu par mle du sang royal ; c'est cette libert de choix que Ppin et Hugues Capet furent redevables de leur lection, quoiqu'ils ne fussent pas les plus proches hritiers de leurs prdcesseurs. Dans la troisime race au contraire, les Princes issus du sang royal par mles ont toujours t appels la Royaut par l'ordre et la prrogative de leur naissance, le plus proche a toujours exclu celui qui l'tait moinsÈ
[103]
.
Ainsi la Providence a voulu choisir les trois branches de la Race Royale au moment o dans Sa prescience des vnements Elle savait que chacune d'elles serait la plus digne de rgner et assigna chacune une mission particulire, les Mrovingiens devant catchiser les peuples, les Carolingiens les baptiser et les Captiens les sanctifier.
A l'origine le choix se portait donc sur le plus digne, le plus courageux, parmi les Princes de la Race Royale et non pas forcment sur l'an, l'image de ce qui s'tait pass dans l'Ancien Testament. On comprend cependant que sous la troisime branche on ait t amen fixer d'une manire rigoureuse l'ordre de succession au Trne, afin d'assurer plus de tranquillit, de stabilit, de continuit au Royaume et pour viter les comptitions.
ÇDe quoi demain sera-t-il faitÈ ? C'est le secret de Dieu. Ce que l'on peut dire, sans tre tax de lgret, c'est qu'en prsence de la perturbation gnrale et des catastrophes imminentes il semble bien que le monde touche la fin des temps et soit la veille de la restauration miraculeuse de la Royaut annonce par prs de deux cents prophties
[104]
, que le Roi qui montera sur le Trne sera vraisemblablement le Grand Monarque qui doit tre le plus grand de tous les Rois et le dernier de Sa Race. Dans ce cas il ne serait plus ncessaire que la Providence portt son choix forcment sur l'An, mais sur le plus saint et le plus digne.
Les dcisions du Concile de Paris viennent confirmer le choix divin :
ÇQue nul d'entre les Rois ne se figure que son royaume lui vient de ses anctres : mais qu'il croie humblement et sincrement qu'il le tient de Dieu, de ce Dieu qui a dit par son prophte Jrmie aux enfants d'Isral :
ÇVous direz vos matres : c'est Moi qui, par Ma puissance et par Mon bras tendu ai fait la terre, l'homme et les animaux qui sont sur la surface de la terre, et Je la donne qui il Me plat (Jrmie xxvii, 5).
ÇCeux qui croient que la royaut leur vient de leurs anctres plutt que de Dieu sont de ceux que le Seigneur rprimande par la bouche de Son prophte en disant : Ils ont rgn, mais pas par Moi ; ils ont t princes, mais Je ne les ai pas connusÈ.
ÇOr, tre ignor de Dieu, c'est tre rprouv. C'est pourquoi quiconque commande temporellement aux hommes doit croire que l'empire lui est confi par Dieu et non par les hommesÈ.
Les uns rgnent par la grce de Dieu, les autres par Sa permission. Ceux qui rgnent avec pit, justice et misricorde rgnent, sans aucun doute, par la grce de Dieu. Les Çautres ne rgnent pas par Sa grce, mais seulement par Sa permission. Et c'est d'eux que le Seigneur a dit par le prophte Ose : Je te donnerai un Roi dans Ma fureur. C'est d'eux dont parle Job lorsqu'il dit : C'est Dieu qui fait rgner l'hypocrite cause des pchs du peuple
[105]
È.
Notre Seigneur ne disait-il pas galement Marie Lataste, Religieuse du Sacr-CÏur, le 29 novembre 1843, au sujet de la France :
ÇJe lui ai suscit des Rois, elle en a choisi d'autres son gr... Ne voit-elle pas que Je me sers de sa volont pour la punir, pour lui faire lever les yeux vers moi ?
[106]
Une autre me privilgie crit :
ÇMalgr ce que je dis de prparer les voies de Dieu, Notre Seigneur veut me cacher jusqu'au dernier moment celui qu'Il trouvera digne d'tre le Sauveur de la France. Et Notre Seigneur demande le concours des hommes par une foi docile et humble dans Ses avertissements.
ÇQue l'homme fasse ce qu'il doit faire, et Dieu fera le resteÈ.
Et elle explique :
ÇOn voit que la mauvaise volont des hommes change les desseins que Dieu avait sur euxÈ
[107]
.
Qui donc rgnera ? De trs nombreuses prophties parlent du roi cach connu de Dieu seul
[108]
. C'est donc le secret de Dieu qui veut Se rserver de choisir le plus digne d'entre les Princes de la Maison de France.
Le devoir est donc d'attendre l'heure de Dieu avec confiance et pour l'avancer de vivre dans la prire et le sacrifice en faisant rayonner autour de nous la vrit tout entire, dans tous les domaines, vrit qui sera l'assise indestructible du Trne de demain.
Ainsi c'est Dieu qui a choisi sous l'Ancien Testament la Race de David et sous le Nouveau celle de Clovis. Nous en trouvons une nouvelle preuve dans les constatations de Blanc de Saint-Bonnet :
ÇQuand Celui qui sonde les cÏurs et les reins choisit une famille parmi toutes les autres, Son choix est rel et divin. Celle-ci le prouve bientt (quoique la libert lui reste pour recueillir ou dissiper ses dons) en fournissant plus de lgislateurs, de guerriers, et de saints que les familles les plus nobles, bien qu'en ce point celles-ci l'emportent dj sur les autres dans une proportion prodigieuse
[109]
.
ÇL'Ïuvre qu'elle accomplt, ajoute Mgr Delassus, marque la main qui l'a choisie la soutient et la guide
[110]
.
Cette Ïuvre c'est la France :
ÇParti du nant, crit Taine, le Roi de France a fait un tat compact qui (au moment o clate la Rvolution) renferme 26 millions d'habitants et qui est alors le plus puissant de l'Europe. Dans tout l'intervalle, il a t le chef de la dfense publique, le librateur du pays contre les trangers.
ÇAu dedans, ds le XII sicle, le casque en tte et toujours par les chemins, il est grand justicier, il dmolit les tours des brigands fodaux, il rprime les excs des forts, il protge les opprims, il abolit les guerres prives, il tablit l'ordre et la paix : Ïuvre immense qui de Louis le Gros saint Louis, de Philippe le Bel Charles VII et Louis XI, de Henri IV Louis XIII et Louis XIV se continue sans s'interrompre.
ÇCependant toutes les choses utiles excutes par son ordre ou dveloppes sous son patronage, routes, canaux, asiles, universits, acadmies, tablissements de pit, de refuge, d'ducation, de sciences, d'industrie et de commerce portent sa marque et le proclament bienfaiteur public [111] .
C'est aussi l'ordre et la paix assure dans le monde et les conditions favorables au dveloppement et au rayonnement de l'glise dont la Royaut Franaise a toujours t le bouclier et l'pe ; c'est l'apostolat des Rois, Princes ou Princesses de la Maison de France qui convertit l'Angleterre, la Saxe
[112]
etc.. Leur vaillance qui brise l'invasion musulmane et entrane le monde chrtien aux Croisades ; enfin ce sont les premires missions auxquelles ils assurent leur protection, leur appui et leurs subsides et qui amneront peu peu la conversion du Nouveau monde.
Le rayonnement de la Maison de France dans le monde est unique : elle compte treize couronnes terrestres dont sept de Rois et deux d'Empereur.
ÇAu point de vue surnaturel sa primaut s'accentue : de toutes les maisons souveraines catholiques, elle s'honore d'tre celle qui a le nombre le plus considrable de saints avrs : sans compter les canonisations en cours et celles dont les procs ne sont pas encore ouverts
[113]
.
Ainsi, c'est Dieu le Pre qui a choisi la Tribu de Juda et la Maison de David, pour rgner sur Isral, parce qu'elle devait donner le jour Dieu le Fils, et c'est le Christ qui a choisi la Maison de Clovis pour rgner sur la France. C'est, de par la volont divine, la mme loi qui rgissait la succession au Trne dans la Royaut d'Isral et dans la Royaut Franaise. Ce ne sont pas les seuls rapprochements que l'on peut faire entre le Peuple de Dieu sous l'Ancien Testament et la ÇTribu de Juda de l're nouvelleÈ. Il en est d'autres qui mritent de retenir l'attention et d'tre mdits, notamment les promesses et les serments solennels faits par Dieu David et Clovis par lesquels Il s'engage formellement maintenir leur Race sur le Trne jusqu' la fin des temps.
ÇVous direz donc maintenant ceci Mon serviteur David, ordonne Dieu au prophte Nathan : Voici ce que dit le Seigneur des Armes : Je vous ai choisi lorsque vous meniez patre les troupeaux, afin que vous fussiez le chef de Mon peuple d'Isral. Partout o vous avez t, Je ne vous ai point abandonn... De plus le Seigneur vous promet qu'Il fera votre Maison puissante. Et lorsque vos jours seront accomplis et que vous serez endormi avec vos pres, Je mettrai sur votre trne, aprs vous, votre fils et Je rendrai le trne de son royaume inbranlable jamais. S'il commet quelques fautes, Je le punirai, mais Je ne retirerai point Ma misricorde, comme Je l'ai retire Sal que J'ai cart de devant Ma face. votre maison sera stable; vous verrez votre royaume subsister ternellement et votre trne s'affermira pour jamaisÈ
[114]
.
Or, Dieu voulut de nombreuses fois confirmer ce serment:
ÇLe Seigneur a fait David un serment trs vritable et Il ne le trompera point. J'tablirai, lui a-t-Il dit, sur votre Trne le fruit de votre ventre
[115]
È.
ÇVous avez voulu assurer votre serviteur de l'tablissement de sa Maison, mme pour les sicles a venir
[116]
È
Le Psaume LXXXVIII est lumineux sur ce point :
ÇJe conserverai David ternellement Ma misricorde et Je ferai subsister sa race dans tous les sicles et son trne autant que les cieux. Si ses enfants abandonnent Ma loi et s'ils ne marchent pas dans Mes prceptes, s'ils violent la Justice de Mes ordonnances et s'ils ne gardent pas Mes commandements, Je visiterai avec la verge leurs iniquits et Je punirai leurs pchs par des plaies diffrentes ; mais Je ne retirerai point de dessus lui Ma misricorde et Je ne manquerai point la vrit des promesses que Je lui ai faites. Je ne violerai point Mon alliance et Je ne rendrai point inutiles les paroles qui sont sorties de Mes lvres : J'ai fait David un serment irrvocable par Mon saint Nom et Je ne lui mentirai point: Je lui ai promis que sa race demeurera ternellement et que son trne sera ternel en Ma prsence comme le soleil... È
Ainsi Dieu a fait David le serment irrvocable que ses descendants rgneraient jusqu' la fin des temps et les termes de ces serments sont tels qu'ils ne s'appliquent pas seulement au sens mystique en la personne du Christ qui rgnera sur le monde ternellement, mais la race elle-mme. Que sont-ils devenus, quel trne occupent-ils donc les fils de ces Rois qui rgnaient sur le Peuple lu de l'Ancien Testament ? Saint Remy va clairer le mystre :
ÇPar gard seulement pour cette race royale (de Clovis) qu'avec tous mes frres et co-vques de la Germanie, de la Gaule et de la Neustrie, j'ai choisie dlibrment pour rgner jusqu' la fin des temps au sommet de la majest royale pour l'honneur de la Sainte Eglise et la dfense des humbles... j'ai arrt ce qui suit...
[117]
È suivent les maldictions en cas d'infidlits et les bndictions s'ils persvrent dans les voies du Seigneur.
Et il achve :
ÇQue de cette race sortent des Rois et des Empereurs qui confirms dans la vrit et la justice pour le prsent et pour l'avenir suivant la volont du Seigneur, pour l'extension de la Sainte Eglise, puissent rgner et augmenter tous les jours leur puissance et mriter ainsi de s'asseoir sur le trne de David dans la cleste Jrusalem o ils rgneront ternellement avec le Seigneur
[118]
È.
C'est la rptition du serment fait par Dieu David.
Pourquoi tant de miracles l'origine de notre Royaut ? Pourquoi ces privilges uniques accords aux seuls Rois de France, celui de n'tre sacrs qu'avec une huile sainte apporte spcialement du ciel par le Saint-Esprit lui-mme et cet autre de gurir miraculeusement les crouelles ? Pourquoi ce sacre spcial institu par l'Eglise pour les seuls Rois de France ? Pourquoi cette Loi Salique dont la raison profonde, essentielle, fondamentale est que nos Rois soient toujours de la mme race ? Pourquoi tant de miracles au cours de notre Histoire, tant d'apparitions du Sacr-CÏur, de Sa Divine Mre, et de Saint Michel ? Pourquoi la mission de notre Jeanne d'Arc dont le but essentiel tait de maintenir et de sauver le sang royal ? Pourquoi la Royaut Franaise est-elle la seule qui ait t fonde par le miracle, qui se maintienne par le miracle et se perptue par le miracle ? Pourquoi ce privilge unique ?
Parce que la Race de nos Rois n'est autre que celle de David
[119]
afin que cette Race divine en un de ses Membres puisse rgner jusqu' la fin des temps et que ce soient toujours des Princes de la Race du Christ qui soient les principaux auxiliaires de l'tablissement du rgne du Sacr-CÏur sur le monde grce leur Royaut sur le Peuple lu du Nouveau Testament.
De par Dieu Jeanne dÕArc nÕcrivait-elle pas au Roi dÕAngleterre : ÇFaites raison au Roi du Ciel de Son sang royal !
[120]
È
Nous pouvons donc essayer maintenant de donner une dfinition de la Royaut Franaise :
La Royaut en France est de choix divin. Dieu l'a institue pour dfendre l'glise et assurer le rgne universel du Sacr-CÏur et du CÏur Immacul de Marie. Il la conserve par la Loi Salique, grce laquelle le Souverain sort toujours de la mme Race (celle du Christ) lue par le Seigneur au temps de David et confirme par saint Remy et sainte Jeanne d'Arc. Il la gouverne en Se rservant de choisir comme Roi dans cette Race le prince le plus saint et le plus digne de rgner, la loi de primogniture mle s'appliquant normalement hors le cas d'lection divine. Le Souverain est donc Roi directement par la grce de Dieu et non par l'autorit du Sige-Apostolique.
A Dieu revient l'lection, la nation le consentement, au Sacerdoce le Sacre de l'lu.
Nous sommes tents d'ajouter que les trois branches de nos Rois, issues de la mme Race, sont comme une image de la Trinit Une.
C'est la seule explication satisfaisante (mais combien fulgurante) de la mission divine de la France et de notre Royaut, et de la prdilection du Christ, de la Vierge et de saint Michel sur nos Rois et notre Pays. Il n'en est pas de plus belle, de plus pure et de plus glorieuse...
ÇO Dieu tout puissant et ternel, qui avez tabli lÕempire des Francs pour tre par le monde l'instrument de Votre trs divine volont, le glaive et le bouclier de Votre sainte Eglise : nous Vous prions, prvenez toujours et en tout lieu de la cleste lumire les fils suppliants des Francs, afin qu'ils voient toujours efficacement ce qu'il faut faire pour Votre rgne en ce monde, et que, pour faire ainsi qu'ils auront vu, ils soient jusqu' la fin fortifis de charit et de courageÈ.
ÇPrions encore pour les rois trs chrtiens, afin que notre Dieu et Seigneur fasse que leur soient soumises toutes les nations barbares, pour notre paix perptuelle
[121]
È.
Le texte de la premire prire a t modernis. Nous le donnons dans sa forme actuelle, car il est plus facile rciter :
Prire des Francs
Dieu Tout-puissant et ternel, qui pour servir d'instrument Votre divine volont dans le monde, et pour le triomphe et la dfense de Votre Sainte Eglise, avez tabli l'empire des Francs, clairez toujours et partout leurs fils de Vos divines lumires, afin qu'ils voient ce qu'ils doivent faire pour tablir Votre rgne dans le monde et que, persvrant dans la charit et dans la force, ils ralisent ce qu'ils auront vu devoir faire. Par Notre-Seigneur Jsus-Christ, Roi de France.
[5]
Considrations sur la France, ch. II, p. 8 et p. 27.
[6]
Voir : de la Franquerie : Mmoire pour le renouvellement de la Conscration de la France Saint Michel, prfac par S. Exc.. Monseigneur de la VillerabeI, vque dÕAnnecy.
[7]
Voir les recherches de saint Ignace de Loyola par les Bollandistes.
[8]
A l'endroit mme o a t difi le Sacr-CÏur.
[9]
Voir Santo : Les crimes allemands et La chane infernale et ses 33 anneaux.
[10]
P. Champion : Galerie des Rois, p. 22.
[11]
La tradition bourguignonne place l'apparition de la Croix dans la rgion de Paray-le-Monial (cf. le muse du Hiron Paray-le-Monial), d'autres disent que ce fut lorsqu'il traversait les Alpes.
[12]
Bossuet : Politique tire de l'Ecriture Sainte, L.v. VII, art. 6, 14 prop.
[13]
C¾sar Baronius, Annales ecclesiastici, 1593-1607, t. IV, p. 420. Bibli. Nat. H. 106.
[14]
ÇDeproratis penitus rebus Divina Providentia factum est ut ejus tantum modo gentis regnum ad posteros feliciter propagaretur, penes quam cultus pietatis foret excellentius effulsurus, cujus in Childerico ut dictum est flores apparuerunt, in Clodoveo autem collecti sunt fructusÈ.
[15]
LÕArianisme.
[16]
Migne : Patrologiae cursus completus, patres latini, t. LXXII, p. 706, Bibl. Nat. A, de 112 329.
[17]
Labbe, Tome XI, p. 366 et 367. Lettre rappele par saint Pie X le 13 dcembre 1908 lors de la batification de Jeanne d'Arc (actes de Pie X, t. V, p. 204 et 205).
[18]
ÇA sa mort en 512, sainte Genevive avait t inhume, par ordre de la Reine (sainte Clotilde), avec les membres de la famille royale. Tous nos souverains eurent en grande vnration la mmoire de la Patronne de Paris ; beaucoup se plurent enrichir son tombeau. En 1757, Louis XV fit construire, par Soufflot, sur un plan grandiose, une basilique nouvelle qui devait remplacer la vieille glise mrovingienne. On sait que la Rvolution Franaise (cette entreprise satanique, disait Pie IX) fit brler publiquement, puis jeter la Seine, en novembre 1793 les reliques de sainte Genevive. La chasse fut envoye la Monnaie et un dcret de la Convention transforma la basilique en Panthon pour la spulture des grands hommes. Marat fut l'un des premiers htes de l'glise profane. Le gouvernement tutlaire de la Restauration rendit la basilique au culte de sainte Genevive... En 1885, la 3 Rpublique a de nouveau dsaffect la basilique et en a fait un Panthon dans lequel, ct de Voltaire et de Rousseau, elle a plac Zola le pornographe, le cÏur du mtque Gambetta, complice de Bismarck, et les cendres de Jaurs le mauvais FranaisÈ. Commandant Dublaix : A. F., Chronique religieuse, 26 aot 1925).
[19]
C'est--dire La Maison de Remy.
[20]
De Maricourt et de la Morlire : La vraie Histoire de France.
[21]
Traduction de l'abb Lemann d'aprs les Leges Salic¾ illustrat¾ de Godefroy Wandelin (Anvers 1649).
[22]
Abb Vial : Jeanne dÕArc et la Monarchie, chapitre II, p. 26 et 27.
[23]
Abb Vial, op. cit. p. 62, sans oublier les apparitions de la rue du Bac et de Pellevoisin.
[24]
Bulletin du Diocse de Reims, 28 dc. 1907, p. 621.
[25]
Migne : Patr. lat. T. CXXV, p. 1159 et 1160.
Hincmar : Vita Sancti Remigii, Cap. 36 et sv. Bibl. Nat. A, 112 329.
[26]
Migne. Patr. lat. CXXXV, p. 51 et sv.
Flodoard : Historia Ecclesi¾ Remensis. Lib. 1, cap. 13. Bibl. Nat. A. 112 329.
[27]
Voir : Bloc Catholique, mars-avril 1923, n¡ 187, p. 51 : Les Francs, peuple lu de Dieu, par le Marquis de la Vauzelle.
[28]
Hincmar : Vita Sancti Remigii, cap. XXXVIII, (Migne, t. 125, p. 1160).
[29]
La sainte ampoule fut brise en 1793 par le rvolutionnaire Ruhl, mais : ÇUn ecclsiastique et un magistrat de cette ville qui, dans ces temps affreux craignirent de compromettre un grand nombre de gens de bien, s'ils enlevaient ce prcieux vase, avaient eu le soin d'en retirer une partie du baume qu'il contenait. Partag entre cet ecclsiastique et ce magistrat, ce baume a t gard religieusement. En 1819, les parcelles en ont t runies dans le tombeau de saint Remy sous la garde du Cur de Saint-Remy de Reims, et des preuves authentiques, constates dans un procs-verbal lequel a t dpos au greffe du Tribunal de Reims, ne laissent aucun doute sur la fidle conservation de ce prcieux monument du sacre de ClovisÈ. Clausel de Coussergues : Du Sacre des Rois de France, mai 1825, p. 127.
[30]
Crmonial du Sacre des Rois de France : Prire saint Remy.
[31]
Sur lÕauthenticit de tous ces faits, voir l'tude que nous avons publie dans le Bloc Anti-Rvolutionnaire n¡ de janvier-fvrier 1933 sous le titre : Dom Mabillon, dfenseur des privilges miraculeux des Rois de France.
Clausel de Coussergues : op. cit.
Abb de Vertot : Dissertation sur la Sainte Ampoule. (Histoire de l'Acadmie des Inscriptions et Belles Lettres, II, p. 619, 1736).
Annales Benedict : toutes les tudes de Dom Mabillon sur ces questions.
Chanoine Desailly : L'authenticit du grand testament de saint Remy, Dumoulin Paris.
[32]
Acta Sanctorurn, 12 octobris, Sanctus Remigius.
[33]
Cit par Zeller : Les Francs Mrovingiens : Clovis et ses fils, p. 34
[34]
Anast. II, p. Il ad Clod. t. VI, Conc. Col. 1282, cit par Bossuet : Politique tire de l'Ecriture Sainte, t. I, livre VII, p. 529, ed. Delestre Boulage 1822, et par Zeller : op. cit. p. 38.
[35]
Nicolle Gilles : Histoire de France (1492).
[36]
Cit par Monseigneur Delassus : L'Esprit familial, p. 225, note 1.
[37]
Voir l'acte d'enregistrement des lettres de fondation du Couvent et de la chapelle des Clestins de Limay (Seine-et-Oise) par le Roi Charles V, en l'honneur de la Sainte Trinit. L'original de la charte de fondation existe aux Archives Dpartementales de Seine-et-Oise et ce document a t publi intgralement par Antoine Becquet dans : l'Histoire des Clestins de France.
[38]
Voir : Comte de Place : Problmes hraldiques.
Pre Pie de Langogne : Vie de la Vnrable Philomne de Sainte Colombe.
[39]
Migne, t. 125, p. 1168. Hincmar : Vita Sancti Remigii cap. LIV. Baronius, Annales Ecclesiastici t. VI, p. 635.
[40]
Actes de saint Pie X, t. V, pp. 204 et 205.
[41]
Migne, t. 135, p. 60 68. Flodoard, Historia Remensis Ecclesi¾, lib. I. ch. XVIII (Testamentum ab ipso editum).
[42]
Ainsi, l'origine mme de notre histoire, nous trouvons indique, comme frontire naturelle de notre pays, la rive gauche du Rhin.
[43]
Comme les Rois de France ont t fidles ! Le nombre des couronnes que leur race a portes est l pour le prouver ; la Race Royale de France a rgn en effet en France, en Lorraine, en Allemagne, en Hongrie, en Pologne, en Savoie, en Italie, Constantinople, en Espagne, Parme, Naples, en Sicile, au Portugal, en Autriche, au Brsil, etc...
[44]
L'authenticit indiscutable de ce document capital pour notre Histoire a t prouve par l'Abb Dessailly, de l'Acadmie de Reims, dans un ouvrage fondamental et dcisif sur la question : L'authenticit du grand Testament de saint Remy, publi au sicle dernier, chez Dumoulin, Paris. Nous y renvoyons nos lecteurs.
[45]
Csar Baronius : Annales t. VI, Bibl. Nation. H. 106, p. 635 et 636.
[46]
Dans ce chapitre nous nous sommes inspir de la remarquable tude Dieu, la Royaut et le salut de la France, malheureusement puise.
[47]
Dieu, la Royaut et le salut de la France, p. 54.
[48]
David est la prfiguration parfaite du grand Roi que Dieu va rvler et qui va monter sur le Trne de France. Roi qui, pour les mme raisons, restera cach jusqu'au dernier moment.
[49]
Dieu, la Royaut et le salut de la France, pp. 67 et 68.
[50]
Dieu, la Royaut et le salut de la France, pp, 74 et 75.
[51]
Toutes les prires et conscrations reproduites dans ce chapitre sont spciales aux Rois de France, l'exception de celles prcdes dÕun astrisque.
On pourra comparer les textes du Pontificale Romanum Clmentis VIII ac Urbani VIII jussu editum et a Benedicto XIV recognitum et castigatum... avec ceux de Alletz : Crmonial du Sacre, 1775, Clausel de Coussergues : Du sacre des Rois de France, 1825.
[52]
Madame de Witt-Guizot Les chroniqueurs de France, t. III : Jeanne d'Arc et la guerre de cent ans, p. 714.
[53]
Dom Besse : Eglise et Monarchie, ch. VIII, p. 240 et 255.
[54]
Dom Besse, id., p. 240 et 255.
[55]
Dom Besse, id., p. 235.
[56]
Cet Ange est saint Michel, le grand vainqueur de Satan, auquel tous les Rois de France, l'exception de Louis XV, se sont consacrs. L'Archange saint Michel est donc le spcial protecteur de nos Rois et de notre France.
Voir notre tude : Mmoire pour servir une nouvelle conscration de la France Saint Michel, honore d'une prface de S. E. Monseigneur du Bois de la Villerabel, vque dÕAnnecy.
[57]
CÕest une vritable constitution.
[58]
Dom Besse, op. cit, p. 261.
[59]
Un peu plus loin une autre oraison dit : ÇQu'Il vous fasse triompher de vos ennemis invisiblesÈ.
Une autre encore : ÇQuÕIl loigne de vous tous ceux qui voudraient vous nuireÈ.
Ainsi, par la rptition ritre de ces formules, Dieu semble vouloir mettre nos Rois en garde l'avance contre les agissements des socits secrtes et notamment de la judo-maonnerie.
La chose est d'autant plus certaine que Notre Seigneur Lui-mme au cours de ses apparitions Marguerite-Marie remploie dessein la mme formule : ÇCe Divin CÏur se veut rendre protecteur et dfenseur de sa sacre personne (celle du Roi) contre tous ses ennemis visibles et invisiblesÈ. 5 lettre, du 28 aot 1689.
[60]
ÇGentem Francorum inclytam, simul cum Rege nobili, beatus Remigius sumpto cÏlitus Christmate, sacra sanctificavit gurgite atque Spiritus Sancti, plene ditavit munere. Qui dono singularis grati¾, in columba apparuit et divinum Christma cÏlitus pontifici ministravitÈ.
[61]
Dom Besse, op. cit., p. 266 270.
[62]
ÇNous trouvons, crit saint Thomas d'Aquin, une preuve de cette saintet dans les gestes des Francs et du Bienheureux Remy. Nous la trouvons dans la Sainte Ampoule apporte d'en haut par une colombe pour servir au sacre de Clovis et de ses successeurs, et dans les signes, prodiges, et diverses cures opres par euxÈ. (De Regimine Principum, II 16.)
[63]
Mgr Delassus : Le Problme de l'heure prsente, t. II, p. 604.
[64]
Mgr Delassus, op. cit, pp. 602 et 604.
[65]
Sous les deux espces. Clausel de Coussergues, p. 646.
[66]
Dom Besse : dito, p. 269.
[67]
De Regimine Principum.
[68]
Frantz Funck-Brentano : L'ancienne France : le Roi, p. 177.
[69]
Mgr Delassus, op. cit., pp. 215 et suivantes.
[70]
Relation Chigi : comparer galement avec les tmoignages de Saint-Simon, du Marquis de Sourches, d'Argenson, etc...
[71]
Mgr Delassus, op. cit., p. 66, et l'Esprit familial, p. 215 et suivantes.
[72]
Revue de Philosophie, novembre-dcembre 1925, p. 621.
[73]
Mgr Delassus, op. cit., p. 606, De Canon. Sanct, livre IV, ch. III.
[74]
Pre Louis de Grenade : Introduction sur ce symbole pars Il, chap. XXIX, VIII.
[75]
Saint Franois de Sales op. cit. p. 102 et 103, 1re Partie ch. III. Article VII, Grande dition d'Annecy (1892).
[76]
Saint Franois de Sales, op. cit., pp, 100 108.
[77]
ÇIl n'est aucune socit qui puisse faire ce que celle-ci fait, ni des choses aussi clatantes, ni d'une manire aussi constante, si Dieu n tait avec ElleÈ.
[78]
ÇVraiment le Seigneur est dans ce lieuÈ.
[79]
ÇSi vous tes les fils d'Abraham, faites les Ïuvres dÕAbrahamÈ.
[80]
Saint Franois de Sales, op. cit. Les rgles de la foi. ch. VII, art. 1. pp. 319 et 320.
[81]
ÇTu es Dieu, Toi qui fais ces merveilles !È
[82]
Paul Gruyer : Quand les Rois de France lavaient les pieds des pauvres.
[83]
Le chiffre de 13 Pauvres a t adopt depuis saint Grgoire le Grand parce qu'un jour, ayant invit 12 pauvres, il s'en trouva un treizime qui, la crmonie finie, disparut mystrieusement comme il tait venu, et l'on pensa que c'tait Notre Seigneur Lui-mme.
[84]
Abb Delassus : Louis XVI et sa batification, p. 17.
[85]
Mgr Delassus : L'esprit familial, dans la famille, dans la cit, dans l'Etat, p. 31.
[86]
F. Funck-Brentano : L'Ancienne France, le Roi.
[87]
Mgr Delassus, id note 1, p. 20.
[88]
Renan : Rponse au discours de rception l'Acadmie Franaise de Jules Claretie.
[89]
Mgr Delassus, id., note 1, p. 26.
[90]
E. Babelon : Le Rhin dans l'Histoire.
[91]
Voir : Louis Batiffol : Richelieu et l'Alsace (Revue Historique, nov., dc. 1921).
[92]
Mgr Delassus, id., d'aprs Luchaire.
[93]
Frantz Funck-Brentano, op. cit., p. 397.
[94]
Ed. Pilon : Les otages de Louis XVI. (A. F. du 17 janvier 1935).
[95]
Voir G. Fagniez : tude sur l'industrie et la Classe Industrielle Paris aux XIII et XIV sicles. H. Blanc : Les Corporations de Mtiers, p. 83 et suiv.
[96]
La Ligue Apostolique des Nations et la Socit pour le Rgne Social de N.-S. J.-C. ont t fondes dans ce but.
Le R. P. Thotime de Saint-Just a crit un livre magistral sur le sujet : La Royaut Sociale de Notre Seigneur Jsus-Christ, d'aprs le Cardinal Pie.
[97]
Abb Pascal Darbens : Vie de Marie Lataste, t. III, p. 395.
[98]
Rois II, ch. VII. La loi des enfants dÕAdam, dont il est question au verset 19, nÕest autre que la future loi salique, quant lÕhrdit. CÕest ce qui ressort nettement de tout ce chapitre.
[99]
Ps. 88 - Rois, livre I, xvi, 1 - 13.
[100]
Rois, Livre III, ii, 15.
[101]
Paralipomnes I, xviii, 4 - 10 ; xix, 1 et 23 25.
[102]
Piganiol de la Force : Description de la France, Tome 1 p. 7.
[103]
Piganiol de la Force : Description de la France, Tome 1 p. 7.
[104]
Voir : Elie Daniel : Serait-ce vraiment la fin des temps ?
[105]
Conc. Paris. Lib. II, cap. 5 ap. Coletti IX, 753.
[106]
Abb Darbins : Vie de Marie Lataste, Tome III, p. 398.
[107]
crits de Marie Josphe p. 63.
[108]
C'est ce qui ressort presque chaque page d'un manuscrit indit qui nous a t confi ; celui du Docteur Imbert-Gourbeyre sur les rvlations de Marie-Julie concernant le grand Monarque. Le principe du choix divin s'en dgage aussi, non moins lumineusement.
[109]
Blanc de Saint Bonnet : La Lgitimit – La monarchie Franaise.
Et Mgr Delassus note sur ce sujet : ÇPour ce qui est de la saintet il suffit pour s'en convaincre de parcourir n'importe quelle vie des Saints. En s'en tenant au Brviaire on s'aperoit (l'observation est de M. Blanc de Saint Bonnet) que les familles nobles runies en ont produit plus de trente sept sur cent et les seules familles royales six, c'est--dire plus du vingtime. Mme au dix-huitime sicle o la noblesse tait si dchue, les Filles de nos Rois taient des saintes et leurs petit fils des hros. En admettant une famille noble sur cent et une famille royale ou princire sur deux cent mille, on aurait cette proportion : le mme nombre de familles a produit dans la noblesse cinquante fois plus de saints que dans le peuple et dans les maisons royales quatre cents fois plus que dans la noblesse ou vingt mille fois plus que dans le peuple. Que sont, devant ces faits les dclarations de la dmocratie mme chrtienne sur les vertus du peuple et les vices des grands ! Des sots se font un argument contre l'institution monarchique des dsordres de Louis XV. Ils ne songent point aux sductions dont il n'a cess d'tre entour et devant lesquelles ils auraient fait eux sans doute meilleure figure. Ils ne songent pas non plus aux saints dont il tait le fils et le pre. Ils ne songent point l'incroyable puissance de vertu qu'il a fallu une famille plonge depuis huit sicles dans le bain dissolvant des plus grandes prosprits pour ne point retomber, dans l'gosme et produire encore au bout de ce temps la saintetÈ. (L'Esprit familial, note de la p. 22)
[110]
Mgr Delassus : L'Esprit familial, p. 22.
[111]
Taine : Les origines de la France Contemporaine ; L'Ancien Rgime, pp. 14 et 15.
[112]
Berthe, princesse franque convertit son mari, le Roi Ethelbert en 597. Charlemagne convertit les Saxons et Hedwige d'Anjou, princesse captienne qui pousa Jagellon, Grand Duc de Lithuanie, convertit son peuple ; etc...
[113]
L. de Beauriez : Robert le Fort et les origines de la race captienne, p. 106 et 107. Cet auteur ne mentionne que les saints et les couronnes de la branche captienne ; il y a lieu dÕajouter ces chiffres les saints et les couronnes des branches mrovingiennes et carolingiennes.
[114]
Rois, ii, 7, 8 et suivants.
[115]
Paralipom. I, xvii, 7 15 ; 26, 27.
[116]
Paralipom. I, xvii, 17..
[117]
Psaume cxxxi, 11.
[118]
Voir le texte complet au chapitre six : Le Testament de saint Remy.
[119]
Cette filiation est videmment impossible dmontrer historiquement encore que l'on sache que tous les peuples l'origine viennent de l'Orient et que la plupart des historiens et chroniqueurs vivants aux premiers sicles de l're chrtienne nous aient transmis des traditions affirmant l'origine troyenne des Francs, ainsi qu'en font foi les rcits d'Aethius, de saint Jrme, d'Hunibadd, de Frdgaire, de saint Grgoire de Tours, d'Aimon, de Roricon, de Draire ainsi que les grandes Chroniques de Saint Denis et les Annales de Quedlinburg, sans oublier non plus certaines chartes royales de Dagobert et de Charles le Chauve. Sans doute, on peut trouver dans ces rcits ou documents des anachronismes certains et des dtails peuvent n'y pas tre rigoureusement exacts mais la science historique est impuissante dmontrer que le fonds est faux. Quel curieux rapprochement faire entre les mots de Galile et de Gaulonie, spares par le Jourdain, et la Gaule et les Gaulois que les Grecs appellent Galates ! N'est-ce pas de l que sont partis les Gaulois ?... Pourquoi ce nom de Gaule implant sur la terre Celte, comme plus tard le nom de France implant sur la terre de Gaule ? D'o venaient eux-mmes les Francs qui avaient donn leur nom la Franconie, Francfort sur le Mein ? Si on cherchait bien sur les anciennes cartes de Palestine, on trouverait bien aussi une Franconie, comme on y trouve une Gaulonie. Les tribus se sont succd, pousses les unes les autres jusqu'au moment o la Providence a voulu que les tribus d'Isral se rpandissent avec leurs chefs travers l'Europe et que les descendants de la Maison de Juda vinssent en Gaule qui, dans les dcrets ternels, devait tre, le nouveau peuple choisi, Isral ayant rejet l'Arche d'AllianceÈ. (Comte de Place : Problmes Hraldiques, p. 11)
La science hraldique confirme cette filiation. C'est ce qui ressort de l'ouvrage ci-dessus cit du Comte de Place. C'est aussi ce qu'affirme une me privilgie.
Parlant de la mission de Jeanne dÕArc, Mgr Delassus crit : ÇEn dehors de la race de David, jamais dynastie nÕa reu une pareille conscrationÈ. La Mission posthume de sainte Jeanne dÕArc et le Rgne social de Notre-Seigneur Jsus-Christ, p. 247.
[120]
Ayroles : La vraie Jeanne dÕArc, t. III, p. 74, 220, 621, etc. Chronique de Tournay, etc.
[121]
Ces deux prires ont t publies par le Cardinal Pitra dans sa Vie de saint Lger, Introduction, p. xxii. La premire est tire d'un missel du ix sicle et remonterait an vii sicle. La seconde tire des vieux Missels gallicans, passa dans la liturgie romaine o elle est jamais conserve. Cf. Missal. Rom. feria in Parasceve