Textes appartenant au site de : livres-mystique.com © Roland Soyer




 

  LIVRE II

 

LA MISSION DE LA FRANCE PROUVƒE PAR SON HISTOIRE

 

PREMIéRE PARTIE : LES DROITS DE DIEU CHARTE DE LA FRANCE JUSQUÕË 1789 .

 

de clovis ˆ saint louis

 

Un rapide coup d'Ïil sur notre Histoire montre, avec une Žclatante nettetŽ, que notre Pays est victorieux et prospre tant qu'il reste fidle ˆ sa vocation et rudement ch‰tiŽ quand il est infidle.

Clovis est vainqueur parce qu'il accomplit la volontŽ divine. Charles Martel ˆ Poitiers brise l'invasion musulmane qui menace le monde catholique : la protection divine se manifeste sans tarder en faveur de son fils. PŽpin monte sur le tr™ne comme Žtant le prince le plus digne de rŽgner. Le Pape ƒtienne Il vient lui-mme sacrer le nouveau Roi et, en lui, cette seconde branche de la Race Royale.

A peine le Souverain Pontife est-il rentrŽ ˆ Rome que le Roi des Lombards, assige la Ville ƒternelle. ƒtienne Il fait appel ˆ PŽpin

Ço francs, il est connu que parmi toutes les nations qui sont sous le soleil, la v™tre est la plus dŽvouŽe a l'ap™tre pierre.

ÇL'Eglise que lui a confiŽe JŽsus-Christ, Son Vicaire Vous en demande la dŽlivrance [122] È.

 

Et PŽpin de voler au secours du Pontife. Il passe deux fois les Alpes, Žcrase les Lombards et crŽe le domaine temporel du Pape.

La rŽcompense divine ne tarde pas : ˆ PŽpin le Bref succde Charlemagne. AnimŽ d'une foi profonde et douŽ d'une puissante intelligence, Charlemagne doit d'abord faire la guerre pour assurer la sŽcuritŽ de ses peuples contre les incursions des Saxons, des Slaves et des Avars ˆ l'Est, contre les Arabes en Espagne. Il organise contre eux des ǃtats militairesÈ et parvient par les armes ˆ converti les Saxons. Enfin, pour rŽpondre ˆ l'appel du Pape menacŽ, il dŽtruit le Royaume des Lombards ; aussi LŽon III, pendant la nuit de No‘l de l'an 800, ˆ Rome, couronne le Roi de France Empereur d'Occident.

L'Empereur gouverne avec une grande sagesse tous ses ƒtats, envoyant partout ses missi dominici pour contr™ler les actes et les jugements des Gouverneurs. La prospŽritŽ rena”t, la population se multiplie, les villes et les villages se dŽveloppent et pour assurer les communications, l'Empereur Žtablit un rŽseau de routes, construit des ponts, etc...

Son activitŽ ne s'arrte pas lˆ. Il veut donner ˆ ses peuples l'instruction et la foi ; aussi appelle-t-il auprs de lui les plus Žminentes sommitŽs et ˆ c™tŽ de chaque Žglise et de chaque monastre il Žtablit une Žcole. Il rŽalise pleinement le programme que son conseiller Alcuin lui soumet :

ÇIl vous appartient d'exalter et de conserver la Sainte Eglise de Dieu parmi le peuple chrŽtien et d'ouvrir ˆ tous la voie du salut Žternel ! È

 

Il aime ˆ participer aux discussions thŽologiques et ˆ prŽsider des conciles. Il pose le principe que les lois de l'Eglise sont lois de l'Etat. Ses Capitulaires sont un admirable code de lois chrŽtiennes. Il rŽforme les abus dans l'Eglise et choisit les Žvques parmi les prtres les plus dignes et les plus instruits. Son prestige est tel, mme en Orient, qu'il obtient la propriŽtŽ et les clefs du Saint SŽpulcre et exerce une sorte de protectorat sur la Terre Sainte [123] . En 802 parait un admirable capitulaire.

ÇQu'y lisons-nous ? Žcrit Monseigneur Baudrillart, que tous les hommes libres prendront l'engagement de se vouer au service de Dieu, et le dŽtail de leurs devoirs suit. Qu'y lisons-nous encore ? Que la raison d'tre de l'Empire c'est l'unitŽ de la foi et de la charitŽ entre tous ses membres ; que le but des conqutes de l'Empereur c'est l'extension de la foi catholique : car l'Empereur est le propagateur et le dŽfenseur de la religion chrŽtienne [124] È.

 

L'Empereur signe ses Capitulaires : Charles sous le rgne du Christ. Royal sacerdoce qui s'Žtend sur le. monde antique.

ÇLe Royaume de France embrassera toutes les limites de l'Empire RomainÈ avait dit saint Remy.

 

Tournons quelques pages :

Les derniers Carolingiens ne se montrant plus ˆ la hauteur de leur t‰che, c'est le Prince le plus digne de rŽgner qui monte sur le Tr™ne : Hugues Capet, Duc de France et Comte de Paris, descendant salique de PŽpin d'HŽristal, et non salique de Charlemagne par AdŽla•de, fille de Louis le DŽbonnaire et Žpouse de Robert Le Fort, le vainqueur des Normands.

Depuis plus d'un sicle, la Providence avait permis ˆ cette branche de la Famille Royale de se distinguer par les exploits de Robert le Fort, d'Eudes et de Robert, de Hugues le Grand et d'incarner trs rŽellement la grandeur et l'indŽpendance du Pays. Dieu avait ainsi prŽparŽ l'Žlection de Mont-Notre-Dame o fut choisi le nouveau Roi, gr‰ce ˆ l'influence de l'Archevque de Reims, AdalbŽron, au prestige et aux services d'Hugues Capet et de ses anctres.

Le nouveau Roi s'assure l'appui de l'Eglise et affirme le principe de l'hŽrŽditŽ m‰le en faisant sacrer de son vivant son fils Robert. La piŽtŽ de ce dernier et la clairvoyance d'Henri Ier qui fait prŽvaloir l'ordre de primogŽniture m‰le, assurent peu ˆ peu au Roi de France un prestige que saint GrŽgoire VII le Grand va proclamer au temps de Philippe Ier quand il Žcrira que les Rois de France sont Çautant au-dessus des autres monarques que les souverains sont au-dessus des particuliers [125] È.

Comment ne pas mentionner Žgalement Louis VI et son grand ministre, le moine Suger, ainsi que les deux Žminents thŽologiens qui illustrrent cette Žpoque saint Bernard et AbŽIard.

C'est ˆ ce moment que la politique pontificale et la politique royale vont suivre une direction parallle qui leur permettra ds lors de s'appuyer rŽciproquement. L'Eglise est-elle opprimŽe par le Saint Empire notamment lors des Žlections pontificales ? Le grand mouvement de libŽration partira de France, de Cluny, avec Hildebrand.

ÇA partir du XII et jusqu'ˆ la fin du XIII, le Roi de France vient gŽnŽralement en aide au Saint-Sige. En 1107 le Pape Pascal II, traquŽ par l'Empereur Henri V, se rŽfugie ˆ Paris o Philippe Ier et son fils Louis lui font le plus magnifique accueil ; c'est de Troyes en Champagne, au sein d'un Concile dՃvques franais, qu'il lance l'anathme contre l'Empereur d'Allemagne ; c'est en France aussi que vient Calixte Il et qu'il se met en mesure de terminer par un Concordat la querelle des investitures ; en France qu'aux heures les plus tragiques de la querelle du Sacerdoce et de l'Empire, les Papes viendront demander ˆ la Fille a”nŽe de l'Eglise aide et refuge. Alexandre III rŽsidera deux annŽes dans notre Patrie, et de Sens, o il aura transportŽ tout le gouvernement pontifical, il rŽgira l'Eglise Universelle [126] È.

C'est lui qui dŽclara la France Çun Royaume chŽri et bŽni de Dieu dont l'exaltation est insŽparable de celle de l'Eglise [127] È.

 

Aussi lorsque le Plantagenet menacera la France, c'est la PapautŽ qui l'arrtera, car elle se rend compte que la France est le centre rŽel de l'Žquilibre europŽen. CÕest la raison pour laquelle Innocent III (lors de son conflit avec Philippe-Auguste) loin de chercher ˆ disposer de la Couronne de France, comme il le fait de celles d'Allemagne et d'Angleterre, proclamera au contraire dans une de ses cŽlbres DŽcrŽtales, que le Roi de France n'a aucun supŽrieur au temporel [128] car il sait qu'il est la pierre angulaire de l'Europe chrŽtienne et que les principes qui guident sa conduite sont la vŽritŽ mme :

ÇA moi appartient le soin de tout ce qui touche le glaive temporel, disait Philippe-Auguste, le gouvernement du royaume me suffit. Je laisse aux hommes de Dieu ˆ traiter les choses du service de DieuÈ.

 

Le Roi avait le sens des choses surnaturelles ainsi que le prouve le fait suivant :

ÇLes Vaisseaux de Philippe-Auguste voguaient vers la Terre Sainte. En Sicile, ils furent assaillis par une violente tempte. Le Roi ne perdit pas contenance, il ranima le courage et la confiance des matelots : Il est minuit, dit-il, c'est l'heure o la communautŽ de Clairvaux chante Matines. Ces saints Moines ne nous oublient jamais. Ils vont apaiser le Christ ; ils vont prier pour nous, et leurs prires vont nous arracher au pŽrilÈ.

ÇPhilippe-Auguste Žtait un chrŽtien et comprenait que la prire attire sur le monde toutes les bŽnŽdictions [129] È.

 

Tout chrŽtien qu'il est, il n'hŽsite pas et il a raison ˆ s'opposer ˆ la politique pontificale s'il la juge dangereuse pour la France. Le cas se produit en 1198 lors de la succession impŽriale. MalgrŽ les avertissements lumineux du Roi, le Pape fait triompher la candidature d'Othon de Souabe qui, ˆ peine Žlu, se retourne contre son bienfaiteur. Alors le Souverain Pontife, humblement, reconna”t son erreur et fait appel au Roi de France :

ÇAh ! si nous avions pŽnŽtrŽ aussi bien que vous le caractre d'Othon, il ne nous aurait pas trompŽ ! Le fils impie persŽcute sa Mre... qui ne peut dŽsormais, avoir confiance en lui puisqu'il ne nous tient pas parole, ˆ nous, le Vicaire du Christ ! Nous vous parlons ˆ notre honte, car vous nous aviez bien dit de nous mŽfier de cet homme... [130] È.

 

Ainsi, l'histoire montre que si dans le domaine spirituel le Successeur de Pierre jouit de toutes les lumires du Saint-Esprit, il n'en est plus de mme dans les questions temporelles. C'est le Roi de France qui sur ce terrain en bŽnŽficie, car c'est lui qui a mission de par la volontŽ divine de les rŽgler et qui reoit d'en haut ˆ son Sacre les lumires et les gr‰ces nŽcessaires.

Grande leon qui prouve que le Pape et le Roi doivent l'un et l'autre rester dans leur domaine et demeurer toujours unis : le Pape Žclairant et guidant le Roi dans le domaine spirituel et le Roi Žclairant et guidant le Pape dans la politique temporelle.

Vers la fin du rgne de ce grand Roi, la protection divine va se manifester ostensiblement.

En 1214, l'Empereur d'Allemagne Othon, excommuniŽ depuis peu, veut ravir sa couronne ˆ Philippe Auguste, et envahir la France avec 200 000 hommes. Le Roi appelle toutes les paroisses de France : 60 000 volontaires rŽpondent...

Il va ˆ Saint-Denis, communie, prend l'oriflamme et part ˆ la bataille. Les Franais ont ˆ lutter contre un ennemi plus de trois fois supŽrieur; ils flŽchissent tout d'abord sous le nombre mais

Çsoudain, vers trois heures, du fond de la plaine ensoleillŽe, appara”t dŽployŽe la Sainte Oriflamme ; une force mystŽrieuse s'Žchappe de ses plis : sa vue dŽconcerte, puis Žpouvante les ennemis. Ils cdent, brisent leurs lignes et bient™t fuient de toutes parts... En ce jour, naquit la grande Patrie Franaise [131] È.

Pour longtemps, le pŽril allemand est ŽcartŽ ; l'Eglise et la France sont sauvŽes. Philippe Auguste a bien mŽritŽ de l'une et de l'autre. A son fils incombera une autre t‰che : dŽtruire l'hŽrŽsie albigeoise dont les consŽquences religieuses et politiques peuvent tre considŽrables, puisqu'elle aboutit ˆ un malthusianisme avant la lettre et ˆ l'extinction de la race. Louis VIII la combat hardiment et meurt au retour de l'expŽdition.

 

LA FRANCE ET SES ROIS ENTRAëNENT LE MONDE CHRƒTIEN AUX CROISADES

 

La France, le peuple par excellence de la foi et de l'hŽro•sme, devait tre la premire ˆ comprendre la grandeur d'une telle entreprise. Quoi de plus noble, de plus beau, de plus enflammant, pour des ‰mes chrŽtiennes et valeureuses, que d'aller dŽlivrer les Lieux Saints et le Tombeau du Christ des mains des infidles musulmans !

Nos Chansons de Geste ont prŽparŽ les esprits aux Croisades. Charles Martel, ˆ Poitiers, avait brisŽ l'invasion musulmane et sauvŽ la ChrŽtientŽ. Charlemagne, pendant tout son rgne, eut ˆ lutter contre les Sarrasins d'Espagne. Ce sont eux qui Žcrasrent l'arrire-garde de l'armŽe impŽriale, commandŽe par Roland, ˆ Roncevaux, le 15 aožt 778. Or, qui ne sait l'influence de la ÇChanson de RolandÈ sur nos a•eux, dans les ch‰teaux aussi bien que sous l'humble toit des chaumires. Trouvres et Troubadours, par leurs Chansons de Gestes, faisaient vibrer tous les cÏurs valeureux du XI sicle et des sicles suivants. L'une de ces chansons "Le plerinage de Charlemagne", si elle est moins connue que celle de Roland, n'en eut pas moins une influence capitale sur les esprits en y dŽposant les germes des ŽpopŽes futures que l'appel des Papes et des Rois de France allait faire germer un peu plus tard pour dŽlivrer le Tombeau du Christ des mains de ces mmes Musulmans. Le thme du "plerinage de Charlemagne" est le suivant :

ÇLe Grand Empereur rŽunit ses barons, c'est-ˆ-dire les hauts seigneurs de son vasselage, pour leur annoncer quÕil va faire un plerinage au Saint SŽpulcre et les douze pairs de dŽclarer qu'ils partiront avec lui; quatre vingt mille hommes vont les accompagner. Ils prennent le bourdon du plerin ˆ l'Abbaye de Saint-Denis sans quitter leurs armes, traversent la Bourgogne, la Bavire, l'Italie, la Grce, enfin nos plerins arrivent ˆ Constantinople. Ne dirait-on pas dŽjˆ l'histoire de la premire croisade ?

ÇArrivŽs ˆ JŽrusalem, ils vont adorer le tombeau du Christ. Dans l'Žglise de la Ville Sainte, le pote dŽcrit une scne apprŽciŽe par Gaston Paris dans les termes suivants :

ÇNotre vieille poŽsie hŽro•que n'a rien trouvŽ de plus beau pour nous reprŽsenter la majestŽ sainte de Charlemagne et de ses pairs que la scne de l'ƒglise de JŽrusalem o ils prennent place, sur le tr™ne et dans les douze chaises o JŽsus et Ses ap™tres s'Žtaient assis autrefois [132] È.

 

En vŽritŽ un tel rŽcit ne devait-il pas exalter la foi et enflammer les imaginations de tous les Seigneurs du Moyen åge qui ne rvaient que beaux coups d'ŽpŽe et combats hŽro•ques ?

Depuis longtemps dŽjˆ les plerins Žtaient nombreux qui allaient ˆ JŽrusalem et qui, ˆ leur retour, le soir, pendant les longues veillŽes d'hiver contaient leurs aventures et dŽcrivaient avec enthousiasme les Lieux Saints, les Žmotions de leur ‰me au Saint SŽpulcre, la splendeur des monuments, des sites, de la vŽgŽtation luxuriante, des forts de cdres et aussi le miroitement, le chatoiement et l'Žclat des Žtoffes et des Ïuvres d'art orientales. Combien, ˆ ces rŽcits, rvaient d'y partir ˆ leur tour !

Aussi, quand le monde chrŽtien apprit, coup sur coup, la prise de JŽrusalem (1070) sur les Fatimites dՃgypte par les Turcs Seldjoukides, sectaires intolŽrants de Mahomet, puis celle d'Antioche (1084), enfin l'invasion de l'Espagne par les Almoravides (1087), craignit-il, comme au temps de Charles Martel, une submersion totale de l'Europe et la pensŽe vint-elle ˆ beaucoup (en apprenant que les nouveaux ma”tres de JŽrusalem empchaient les plerinages) qu'il fallait briser la puissance musulmane et dŽlivrer le Tombeau du Christ des mains des Infidles.

Les esprits Žtaient mžrs pour des actions hŽro•ques. C'est ˆ un Pape Franais, et en France, que revint l'honneur de lancer l'appel au monde en faveur de la Croisade. Ce fut au Concile de Clermont :

ÇFranais qui m'Žcoutez, s'Žcria Urbain II, rappelez-vous les vertus de vos anctres. Plus qu'ˆ toute autre nation, Dieu vous a donnŽ la gloire des armes. CÕest de vous, surtout, que JŽrusalem attend le secours dont elle a besoin... Armez-vous du glaive des MacchabŽs et allez dŽfendre la maison d'Isra‘l. Dieu le veut !È

 

Dans toutes les provinces de France, un enthousiasme indescriptible accueillit l'appel du Souverain Pontife et de toutes parts retentit le cri de "Dieu le veut ! Dieu le veut !". Pierre l'Ermite se consacra ˆ prcher la croisade et entra”na les masses populaires.

Hommes, femmes, vieillards, enfants, tous voulurent partir. ÇVous jeunes gens, disaient les vieillards, vous combattrez par l'ŽpŽe. Qu'il nous soit permis de conquŽrir le Christ par la souffrance !È

Dans ses chroniques, Guibert de Nogent rapporte que, pour subvenir aux frais de la croisade, c'Žtait ˆ qui vendrait ses biens, sa maison, ses bijoux, etc...

Et voici que, par un miracle qui parut divin, et devait Çencore exalter les enthousiasmes, ˆ lÕaffreuse disette et aux flŽaux des annŽes passŽes succŽda brusquement une annŽe d'abondances et de bienfaits (1096) ; abondance en blŽ, en vin, en fruits de toutes sortes, comme si Dieu avait voulu directement favoriser l'Ïuvre de ceux qui allaient combattre pour Lui [133] È.

La Croisade populaire, malgrŽ les qualitŽs exceptionnelles de Pierre l'Ermite, Žchoua, faute d'organisation et de cadres militaires. La plupart moururent martyrs en Asie Mineure. Par contre, celle des Chevaliers rŽussit. Un million d'hommes y prirent part.

 

Philippe Ier, Roi de France, encouragea sa noblesse ˆ la croisade et envoya son frre, Hugues le Grand, Comte de Vermandois, qui reut le titre officiel de "porte-drapeau dŽ l'Eglise". AdŽmar de Monteil, ƒvque du Puy, dirigea la Croisade. Aprs avoir traversŽ l'Europe et reu l'appui de l'Empereur de Constantinople, les CroisŽs prirent successivement DorylŽe et Antioche. Mais les Turcs, sous les ordres de l'Emir Kerboga, contre-attaqurent et, d'assiŽgeants, les Franais devinrent assiŽgŽs dans Antioche.

Le miracle vint soutenir la foi des assiŽgŽs et enflammer leur courage :

ÇSaint AndrŽ serait apparu par trois fois ˆ Pierre BarthŽlemy pour lui faire conna”tre l'endroit o, sous l'autel de saint Pierre ˆ Antioche, la sainte lance qui avait PercŽ le sein du Christ crucifiŽ serait retrouvŽe... On exŽcuta les fouilles ˆ la place indiquŽe et la prŽcieuse relique apparut (14 juin 1098) [134] .

ÇAllŽgresse et transports ! D'un cri unanime, il fut dŽcidŽ de sortir aussit™t de la ville et de marcher contre Kerboga...

ÇAvant d'en venir aux mains, le 27 juin 1098, BohŽmond envoya cinq messagers ˆ l'Emir Kerboga pour lui enjoindre, de se retirerÈ.

 

Kerboga rŽpondit que Çles Francs avaient le choix entre leur conversion au croissant, ou la mortÈ.

Ç...Pour se prŽparer au combat, trois jours durant, les chevaliers chrŽtiens ježnrent, puis suivis de la foule des plerins, firent de pieuses processions d'une Žglise ˆ l'autre, se confessrent, communirent, distriburent des aum™nes et firent cŽlŽbrer des messes [135] È.

 

La Sainte Lance fut alors portŽe en tte des combattants. Au cours de la lutte, le secours du ciel se Manifesta :

ÇOn vit descendre, des montagnes, des masses innombrables de guerriers montŽs sur des chevaux blancs, prŽcŽdŽs de blancs Žtendards. Les n™tres ne pouvaient comprendre quels Žtaient ces guerriers, mais enfin, ils reconnurent que c'Žtait une armŽe de secours envoyŽe par le Christ et commandŽe par saint Georges [136] , saint Mercure et saint Demetrius. Ceci n'est pas un mensonge. Beaucoup l'ont vu !È, Žcrit l'auteur des ÇGestesÈ.

 

La victoire fut Žclatante et assura aux CroisŽs la possession de la Syrie tout entire.

Le 8 juillet, les CroisŽs Žtaient devant JŽrusalem. RepoussŽs d'abord une premire fois, ils firent, pieds nus, une grande procession autour des remparts de la Ville Sainte. On prcha sur la Montagne des Oliviers. Les CroisŽs s'embrassrent, se pardonnrent mutuellement leurs offenses, puis donnrent l'assaut. Aprs un jour et demi de lutte, la ville fut prise le 15 juillet.

Tous allrent, alors, Çpieds nus et pleurant pour une trop grande joie, auprs du Saint-SŽpulcre.

ÇO temps, si longtemps attendus, Žcrit Foucher de Chartres, temps mŽmorables entre tous ! Exploits qui surpassent tous les exploits du monde, car les fidles avaient de tout temps, du fond de leur cÏur, formŽ le vÏu de voir les lieux (o Dieu fait homme avait apportŽ le salut au genre humain par Sa naissance, Sa mort, Sa rŽsurrection) dŽlivrŽs de la domination pa•enne et, aprs avoir ŽtŽ si longtemps souillŽs par la superstition, rendus ˆ leur dignitŽ premire par la main des croyantsÈ.

 

Les Lieux Saints Žtaient dŽlivres, il fallait, ds lors, assurer la perpŽtuitŽ de cette Ïuvre grandiose. Aussi, AdŽmar de Monteil Žtant mort ˆ Antioche, les Chefs des CroisŽs dŽcidrent-ils de choisir parmi eux, un Roi. Ils prescrivirent des prires publiques afin que leur choix se port‰t sur le plus digne. L'Žlection eut lieu le 22 juillet ; Raymond de Toulouse Žlu, se rŽcusa : ÇJe ne veux pas porter une couronne d'or, dit-il, lˆ o le Roi des Rois a portŽ une couronne d'Žpines !È Godefroy de Bouillon fut alors proclamŽ Roi ; il prit l'humble titre d'avouŽ du saint-sŽpulcre. Mais dŽjˆ, les Turcs voulaient reprendre la lutte. Le 13 aožt 1099, Godefroy remporta une victoire dŽcisive sur le Kalife ˆ Ascalon. La Palestine Žtait ds lors assurŽe aux Francs.

ÇCet Empire Franc, si brusquement installŽ sur les confins de l'Asie Mineure se trouva d'ailleurs rapidement organisŽ. L'armŽe des Chevaliers, n'avait cessŽ d'tre ordonnŽe fŽodalement, avec les cadres et la hiŽrarchie Žtablie en France. Cette mme organisation fut portŽe en bloc sur les versants du Liban. Les villes du littoral acquirent une vie prospre par suite des relations qui se nourent avec l'Occident ; les plerins aux Lieux Saints devinrent de plus en plus nombreux ; enfin, des ordres mi-partis religieux et militaires, les Templiers et les Hospitaliers furent fondŽs pour dŽfendre la conqute [137] È.

 

L'Empire Franc de JŽrusalem ne dura gure qu'un sicle. En 1144, Edesse tomba au pouvoir des Musulmans. Alors, le Pape Eugne IV et le Roi de France Louis VII demandrent ˆ saint Bernard, AbbŽ de Clairvaux, de prcher la seconde Croisade. Il le fit ˆ VŽzelay, ˆ P‰ques 1146, en prŽsence du Roi et de la Reine, et souleva l'enthousiasme comme au temps de la Premire Croisade. L'Empereur d'Allemagne, lui-mme, voulut se joindre au Roi de France et leva une armŽe. Les deux Princes, aprs deux ans de lutte (1147-1149) Žchourent devant Damas et durent rentrer en Europe.

En 1188, les ChrŽtiens ayant ŽtŽ vaincus ˆ TibŽriade, l'Empire Franc de JŽrusalem s'effondra et la Ville Sainte retomba aux mains des Musulmans. Le Roi de France, Philippe Auguste, l'Empereur FrŽdŽric Barberousse et le Roi d'Angleterre, Richard CÏur de Lion, unirent leurs efforts pour tenter une troisime Croisade. Le seul rŽsultat fut la prise de Saint-Jean-d'Acre, le 13 juillet 1191, mais les ChrŽtiens obtinrent le libre accs permanent de la Ville Sainte.

Quinze ans aprs, ˆ l'appel d'innocent III et de Foulques, curŽ de Neuilly, Baudoin de Flandre, Simon de Monfort et Thibaut III, Comte de Champagne organisrent la quatrime Croisade. Ils ne purent fonder que l'ŽphŽmre Empire latin de Constantinople qui dura de 1204 ˆ 1261.

Les cinquime et sixime Croisades n'eurent aucun rŽsultat.

Les deux dernires Croisades furent organisŽes par saint Louis. Ayant fait vÏu de prendre la Croix s'il Žchappait ˆ une grave maladie, le Roi, guŽri, s'embarqua ˆ Aigues-Mortes en 1248, et fit voile vers lՃgypte. Damiette fut emportŽ d'assaut, mais les CroisŽs furent dŽfaits ˆ Mansourah et le Roi fait prisonnier.

La grandeur d'‰me et la noblesse du saint Roi en imposrent plus aux Arabes que s'il avait ŽtŽ victorieux.

ÇVraiment, Celui-ci est le plus fier ChrŽtien que nous ayons vu, disaient-ils, nous le gardons aux fers et il nous parle comme si nous Žtions ses captifs !È

 

Une fois libŽrŽ, saint Louis alla en Palestine (1250-1254) et obtint quelques avantages pour les chrŽtiens, puis il rentra en France. Seize ans plus tard,

Çle dernier effort de son rgne sera pour rŽpondre ˆ l'appel angoissŽ des Papes qui supplient l'Europe, dŽchirŽe par les guerres civiles, de s'unir contre l'Islam enivrŽ de ses rŽcentes victoires. S'il le faut, Louis IX partira seul. Mais, ™ merveilleux et saint combat ! ClŽment IV qui l'a souhaitŽe cette croisade voit le Roi de France si affaibli par la maladie, il le sait si nŽcessaire au royaume et ˆ la chrŽtientŽ que c'est lui maintenant qui le conjure de rester. J'irai, reprend Louis, et le Roi fait accepter du Pontife le sacrifice vers lequel il court. Il part. Il aborde ˆ Tunis.

ÇLa mort, presque la mort du martyre, est la rŽcompense d'un tel hŽro•sme chrŽtien. ƒchec politique apparent, mais qui achve de consacrer le saint Roi aux yeux du peuple dont il fut le ma”tre et le preÈ, Žcrit S. E. le Cardinal Baudrillart [138] .

 

Sans doute, le but immŽdiat des Croisades n'a pas ŽtŽ atteint, puisque le Tombeau du Christ est restŽ aux mains des Infidles ; mais les rŽsultats rŽels ont cependant ŽtŽ immenses :

Et tout d'abord l'appel d'Urbain II, au dire d'un Chroniqueur, Foulques de Chartres, Ça renouvelŽ la paixÈ entre nations rivales, entre seigneuries hostiles ; la fŽodalitŽ s'y est glorieusement affaiblie, si bien que l'affranchissement des communes a pu se produire sans heurt. Les Croisades ont donc permis au dire de M. Funck-Brentano Çle dŽveloppement et lÕaffermissement du pouvoir royal en France, et dans l'Eglise Catholique, l'accroissement de l'autoritŽ du Souverain PontifeÈ. Le commerce avec l'Orient est devenu beaucoup plus actif. Enfin, les croisades arrtrent pour un temps les invasions musulmanes... et la France acquit, en Orient, une influence considŽrable au profit de tous les ChrŽtiens qui sera consacrŽe, sous le rgne de Franois Ier, par les "Capitulations". Ainsi, l'‰me franaise qui n'avait voulu travailler que pour Dieu fit Çdu nom de Franais et du nom de ChrŽtien deux synonymes toujours vivants au cÏur des Orientaux [139] È. Enfin, les Croisades exaltrent la foi des peuples et assurrent la palme du martyre ˆ des multitudes d'‰mes.

L'un des contemporains, Guibert, abbŽ de Nogent, racontant tant d'exploits donna comme titre ˆ sa chronique : "Gesta Dei per Francos". Il ne pouvait mieux dire. En entra”nant le monde chrŽtien ˆ la dŽlivrance des Lieux saints, la France et nos Rois avaient Žcrit l'une des plus belles pages de notre histoire et, une fois de plus, accompli les Gestes de Dieu.

Ainsi, la grande ombre de Charlemagne surgit ˆ lÕorigine des Croisades ; saint Louis les illumine par son hŽro•sme (en mme temps qu'il sacre toute sa Race de l'aurŽole de la saintetŽ) et, demain, il sera donnŽ au Grand Roi, annoncŽ par tant de prophŽties, d'en assurer le triomphe par la dernire croisade qui dŽtruira ˆ tout jamais la secte de Mahomet et libŽrera les Lieux Saints, Ço, aprs un rgne des plus glorieux, il ira ˆ JŽrusalem, sur le Mont des Oliviers dŽposer sa ÇCouronne et son SceptreÈ.

 

L'INCARNATION VIVANTE DU ROI TRéS CHRƒTIEN : SAINT-LOUIS

 

Quels sicles que ceux du Moyen åge ! Sicles des Croisades et de la Chevalerie, de la ferveur et du dŽveloppement prodigieux des ordres religieux et de l'enseignement thŽologique (enseignement qui fut poussŽ ˆ un tel degrŽ dans notre France) gr‰ce ˆ des ma”tres comme saint Thomas d'Aquin et saint Bonaventure que Paris en devint le centre universel ˆ tel point que le LŽgat Pontifical pourra dire que ÇLa Gaule est le four o se cuit le pain intellectuel du monde entierÈ ; sicles o pour Žlever ˆ la gloire de Dieu et de Sa Divine Mre ces magnifiques cathŽdrales, l'‰me franaise, pŽtrie de foi et d'idŽal, crŽera un style qui sera le tŽmoin impŽrissable et l'image la plus parfaite de toutes ses nobles aspirations. Le style ogival qui est le style franais par excellence n'est-il pas en effet le symbole admirable de la foi et de la prire qui veulent s'Žlancer toujours plus haut vers le ciel ?

ÇLa Providence ne devait-Elle pas, autant que ce langage est permis, ˆ une telle nation, ˆ une telle sociŽtŽ, un chef de tous points digne d'elles ? Un Roi de France s'est rencontrŽ qui, prenant ˆ la lettre les promesses du baptme de Clovis et le sublime programme de Charlemagne, a rŽalisŽ, dans sa plŽnitude, l'idŽal mme de la Monarchie chrŽtienne : j'ai nommŽ saint Louis. Est-ce parce qu'il entend remplir auprs de ses sujets et jusque dans le reste de la ChrŽtientŽ le r™le de ÇSergent de DieuÈ que saint Louis nous appara”t comme par excellence, le roi trs chrŽtien ? Sans doute, mais ce ne serait point assez si plus que nul autre, il a mŽritŽ ce titre, c'est en raison de ses vertus chrŽtiennes, vertus privŽes ; c'est en vertu de sa politique chrŽtienne, vertus publiques. ChrŽtien, il l'est jusqu'ˆ la moelle [140] È

 

Fidle aux enseignements de sa mre et du cardinal romain de Saint-Ange, qui ont formŽ son ‰me, il dŽclare prŽfŽrer mourir plut™t que commettre un seul pŽchŽ mortel.

ÇLa prire est le perpŽtuel aliment de son ‰me ; mme dans ses chevauchŽes de guerre, il rŽcite les heures canoniales. Tout Roi et grand Roi qu'il puisse tre, il est agrŽgŽ au tiers ordre du pauvre d'Assise.

ÇIl est humble, il est mortifiŽ, misŽricordieux, charitable.

ÇMais surtout, il est juste et la justice est une vertu royale, vertu publique autant que privŽe. C'est sur le solide terrain de la justice que se rencontrent en lui le Roi et l'homme. ÇCherchez premirement le royaume de Dieu et Sa justice et le reste vous sera donnŽ par surcro”tÈ. Voilˆ l'unique rgle de sa conduite et cela ˆ tous risques.

Ç... Qu'il s'agisse de ses rapports avec ses sujets, ecclŽsiastiques, seigneurs, bourgeois, gens du menu peuple, la loi de justice imposŽe ˆ tous [141] È.

 

Cette justice, il la veut non seulement dans le Royaume, mais aussi dans ses rapports avec ses ennemis.

ÇO prodige ! Tous ses actes de justice lui tournent ˆ bien.

ÇLes barons, convaincus que Dieu est avec lui, cessent de le combattre ; ses frres acquirent de nouveaux domaines qui reviendront au royaume ; le roi d'Angleterre se reconna”t son vassal pour tout ce qu'il possde encore sur le sol franais et, de longtemps, il ne renouvellera plus ses incursions. Le Pape et l'Empereur le traitent en arbitre et c'est lui, le Roi capŽtien, qui fait figure d'empereur...

ÇC'est lui qui prend en mains les intŽrts de la chrŽtientŽ ; c'est lui qui rŽveille, parmi les princes et les peuples, l'idŽe de la croisade [142] È.

 

Aprs la Croisade, ÇrentrŽ dans le royaume, il y fait rŽgner la loi de Dieu ; ses enquteurs royaux, la plupart hommes d'Eglise, dominicains ou franciscains, recherchent et rŽpriment autant qu'ils le peuvent tous les abus. Pas plus que Philippe Auguste, pas mme ˆ l'Žgard de l'ƒglise qu'il aime tant, il ne flŽchira sur ses droits, quand il est sžr que ce sont des droits. Nulle usurpation n'est tolŽrŽe2È.

Il organise les corporations et sanctionne leurs us et coutumes recueillies sur son ordre par Etienne Boileau dans le Livre des MŽtiers. Il assure ainsi au pays une prospŽritŽ inconnue jusqu'alors. Il construit l'H™pital des Quinze-Vingt pour les aveugles pauvres, etc..

ÇLa Monarchie que Philippe Auguste avait faite puissante et redoutŽe, saint Louis la rend ˆ jamais respectable et, de ce prestige moral, il la couvrira jusqu'ˆ la fin : Fils de saint Louis, montez au ciel !È

ÇGrandeur morale mais aussi puissance rŽelle, car jamais la France ne connut, de l'Occident ˆ l'Orient, une prŽŽminence Žgale ˆ celle que lui avait assurŽe le plus juste et le plus vertueux de ses rois2È.

 

C'est le portrait mme du Roi, dont il Žtait l'ami et le familier, que trace saint Thomas d'Aquin dans son De regimine principum ainsi rŽsumŽ :

Çun roi doit tre pour son royaume ce que lՉme est pour le corps, ce que Dieu est pour le monde. il doit modeler son gouvernement sur le gouvernement divin. il doit consacrer tous ses soins a diriger ses peuples vers leur fin dernire, en les appliquant au bien et a la vertuÈ.

 

Aussi le Pape GrŽgoire IX, Žcrit-il au Saint Roi [143] :

ÇDieu, auquel obŽissent les lŽgions cŽlestes, ayant Žtabli ici-bas des Royaumes diffŽrents, suivant la diversitŽ des langues et des climats, a confŽrŽ ˆ un grand nombre de Gouvernements des missions spŽciales pour l'accomplissement de Ses desseins.

ÇEt comme autrefois Il prŽfŽra la tribu de Juda ˆ celles des autres fils de Jacob et comme Il la gratifia de bŽnŽdictions spŽciales, ainsi il choisit la Frange, de prŽfŽrence ˆ toutes les autres nations de la terre, pour la protection de la foi catholique et pour la defense de la libertŽ religieuse ; pour ce motif, la France est le royaume de Dieu mme, les ennemis de la France sont les ennemis du Christ.

Ç... la tribu de Juda Žtait la figure anticipŽe du royaume de France. la France, pour l'exaltation de la foi catholique, affronte les combats du Seigneur en orient et en occident. sous la conduite de ses illustres monarques, elle abat les ennemis de la libertŽ de l'Eglise.

Çun jour, par une disposition divine, elle arrache la terre sainte aux infidles; un autre jour, elle ramne l'empire de constantinople a l'obŽissance du sige romain.

Çde combien de pŽrils le zle de ses monarques a dŽlivrŽ l'Eglise !

ÇLa perversitŽ hŽrŽtique a-t-elle presque dŽtruit la foi dans l'Albigeois, la France ne cessera de la combattre, jusqu'ˆ ce qu'elle ait presque entirement extirpŽ le mal et rendu ˆ la Foi son ancien empire.

Çrien n'a pu lui faire perdre le dŽvouement a Dieu et a l'Eglise ; la, l'Eglise a toujours conservŽ sa vigueur ; bien plus, pour les dŽfendre, rois et peuples de France n'ont pas hŽsitŽ a rŽpandre leur sang et a se jeter dans de nombreux pŽrils...

Çnos prŽdŽcesseurs, les pontifes romains, considŽrant la suite non interrompue de si louables services, ont dans leurs besoins pressants recouru continuellement a la France ; et la France, persuadŽe qu'il s'agissait de la cause, non d'un homme mais de Dieu, n'a jamais refusŽ le secours demandŽ : bien plus, prŽvenant la demande, on l'a vue venir d'elle-mme prter le secours de sa puissance a l'Eglise en dŽtresse.

Çaussi nous est-il manifeste que le RŽdempteur a choisi le bŽni royaume de France, comme lÕexŽcuteur spŽcial de Ses divines volontŽs ; Il le porte suspendu autour de ses reins, en guise de carquois ;

ÇIl en tire ordinairement Ses flches d'Žlection quand avec l'arc de Son bras tout puissant Il veut dŽfendre la libertŽ de l'Eglise et de la foi, broyer l'impiŽtŽ et protŽger la justiceÈ.

 

LA PREMIéRE INFIDƒLITƒ DE LA FRANCE ENTRAëNE SON PREMIER CHåTIMENT

 

Nous avons vu jusqu'alors les bŽnŽdictions de Dieu tomber sur la France. HŽlas ! Le propre petit-fils de saint Louis, Philippe le Bel, va rompre avec cette glorieuse tradition ; il entre en lutte avec le Pape au sujet des imp™ts ˆ percevoir sur le ClergŽ et les monastres, refuse avec hauteur l'invitation que lui fait Boniface VIII de partir pour la croisade, puis fait arrter le LŽgat et confisquer ses biens. Le Souverain Pontife envoie sa bulle ÇAusculta Fili... È Le Roi la fait bržler et rŽpond par une lettre injurieuse. ExcommuniŽ, il saisit les biens ecclŽsiastiques confisquŽs prŽcŽdemment et convoque les Etats-GŽnŽraux qui ratifient sa conduite. Aprs l'attentat d'Anagni, il sera la cause indirecte du Grand Schisme d'Occident, en installant les Papes ˆ Avignon.

Sans doute, les erreurs et l'ambition dŽmesurŽe de Boniface VIII avaient pu impatienter lŽgitimement Philippe le Bel ; mais, le petit-fils de saint Louis, le Fils a”nŽ de l'ƒglise se devait ˆ lui-mme et devait ˆ ses Anctres et au monde chrŽtien de se dŽfendre par d'autres moyens. Le crime du Roi est patent ; c'est le premier depuis neuf cents ans. Il est national ; tous les corps de l'Etat l'ont approuvŽ.

Le ch‰timent va tre exemplaire !

Le Roi meurt jeune et accablŽ de remords ; ses trois Fils vont lui succŽder sur le tr™ne sans laisser d'hŽritier. La couronne passe ˆ la branche des Valois, voila le ch‰timent royal !

Çque ses jours soient abrŽgŽs, et qu'un autre reoive sa royautŽÈ [144] .

 

Pourtant Philippe le Bel a manifestŽ publiquement son repentir. Les recommandations qu'il fit ˆ son fils, sur son lit de mort et qui constituent son Testament en sont la preuve. CÕest un monument de sagesse et de foi chrŽtienne qui mŽrite d'tre citŽ :

ÇMon Fils, je vous parle devant tous ceux qui vous aiment, et dont le devoir est de vous servir ; faites-vous chŽrir de tous ceux ˆ qui vous commandez ; sans cela vous auriez et la malŽdiction de Dieu et la mienne.

ÇPremirement, aimez Dieu, craignez-Le, respectez l'Eglise, soyez-en le protecteur, le dŽfenseur, soutenez votre foi ; soyez un champion invincible du ciel. Ne vous lassez pas de faire le bien. Ayez des mÏurs sages et rŽglŽes. Ne vous montrez pas comme un fanfaron, un jongleur. Faites tant que, par vous et votre gouvernement, il apparaisse que vous tes fils de roi et Roi des Franais.

ÇPesez, oui, pesez ce que c'est quՐtre roi des Franais ; et, alors, montrez-vous tel, que Dieu soit glorifiŽ en vous et vos sujets consolŽs par la certitude d'avoir un bon Roi... Souvenez-vous que vous serez Roi de France, et honorez en vous-mme la dignitŽ royaleÈ.

 

La guerre de Cent Ans, voila le ch‰timent national

En 1346, ˆ CrŽcy, 30 000 Anglais battent 100 000 Franais.

En 1356, les 8 000 Anglais du Prince Noir mettent en dŽroute 50 000 Franais. O est le temps de Bouvines o 60 000 des n™tres taillent en pices 200 000 ennemis... ?

Charles V para”t clore la sŽrie de nos dŽsastres avec Duguesclin ; il n'en Žtait rien. Il fallait seulement que la France pžt reprendre haleine pour ne pas tre ŽcrasŽe dŽfinitivement par l'Angleterre. Aussi, l'expiation n'Žtant pas achevŽe, ˆ ce rgne rŽparateur succde le rgne interminable de Charles VI, qui devient fou ; la guerre civile s'ajoute ˆ la guerre Žtrangre ; Isabeau de Bavire trahit la France et la livre ˆ l'Angleterre par le honteux traitŽ de Troyes. La France n'est plus Çqu'un immense brigandage, une caverne de brigandsÈ nous dit un contemporain, Martin Berruyer, ƒvque du Mans [145] , qui ajoute :

ÇOn voyait se rŽaliser tout entier cet oracle d'OsŽe : plus de vŽritŽ, plus de science de Dieu sur la terre, un dŽluge de malŽdictions, de fourberies, d'homicides, de vols et d'adultres ; le sang par ruisseaux, la terre dans le deuil ; et tous ses habitants languissants, abattus...È

 

L'Archevque de Reims, JuvŽnal des Ursins, raconte dans sa Chronique de Charles VI qu'ˆ un conseil de rŽgence o son pre assistait et o l'on recherchait les causes des malheurs de la France, l'un des membres du conseil dit :

Çqu'il avait vu plusieurs histoires et que toutes les fois que les Papes et les Rois de France avaient ŽtŽ unis ensemble en bon amour, le Royaume de France avait ŽtŽ en bonne prospŽritŽ ; et il se doutait que les excommunications et malŽdictions que fit le Pape Boniface VIII sur Philippe le Bel jusqu'ˆ la cinquime gŽnŽration ne fussent cause des maux et calamitŽs que l'on voyait. Laquelle chose fut fort pesŽe et considŽrŽe par ceux de l'assemblŽe. È

 

humainement, c'en Žtait fait de la france. mais dieu veillait !

 

LA MISSION DE JEANNE D'ARC

 

Le Peuple priait ; le Dauphin Charles, lui aussi, n'espŽrait plus qu'en Dieu

ÇAdonc Seigneur mon Dieu, est-ce que ˆ cause de la conduite de ma Mre, je ne serais pas, ainsi que je l'ai cru, l'hŽritier lŽgitime du tr™ne et de la couronne de France ? S'il en est ainsi, inspirez-moi, Seigneur, auquel cas je suis dŽcidŽ ˆ rendre le Royaume ˆ qui il appartient et ˆ quitter le pouvoir pour me retirer en royaume ami. Au contraire, si je suis vŽritablement Fils du Roi et lŽgitime hŽritier de la Couronne, je Vous prie et demande de combattre pour moi et m'aider ˆ recouvrer mon royaume.

ÇSi les malheurs de la France sont arrivŽs ˆ cause de mes pŽchŽs, qu'il Vous plaise, Seigneur, de me punir tout seul, tout en m'Žpargnant rude prison et male mort ; mais si ces malheurs sont la consŽquence des pŽchŽs du Peuple veuillez bien apaiser Votre colre et pardonner [146]

 

Jeanne d'Arc ! Telle fut la rŽponse divine.

ÇLe 6 janvier 1412, Žcrit Mgr Debout, les habitants de Domremy sont rentrŽs chez eux aprs avoir assistŽ aux offices de la belle fte de lՃpiphanie. Soudain, ˆ chaque foyer, sans qu'aucun motif extŽrieur ait pu y donner lieu, un souffle d'allŽgresse pŽntre dans les cÏurs ; ŽtonnŽs, les bons villageois s'interrogent, ouvrent les portes, se mettent sur le seuil de leurs chaumires, examinent le firmament. C'est en vain : rien ne leur rŽvle la cause du sentiment de bonheur quÕils Žprouvent. Et voici que des tres sans raison, eux-mmes, partagent cette exubŽrance, les coqs battent des ailes et pendant deux heures font entendre leurs chants sonores et prolongŽs... È

 

Que se passe-t-il donc ? Pourtant tous ont l'‰me endeuillŽe ; le lendemain s'annonce encore plus sombre que la veille; pourquoi cette joie dŽlirante, subite, inexplicable et gŽnŽrale ?

Pourquoi ? parce quÕelle est nŽe notre Jeanne d'Arc : c'est la rŽponse de Dieu. Le Seigneur a voulu qu'ˆ la naissance de notre Pucelle tout comme ˆ celle de Son Divin Fils la terre tressaillit d'allŽgresse ˆ la venue de sa libŽratrice ; Il a voulu aussi comme pour bien marquer le sens monarchique de la mission de Jeanne quÕElle naqu”t en ce jour de lՃpiphanie, fte des Rois.

Saint Michel, le Chef des milices cŽlestes, l'archange gardien de notre France et de nos Rois, le grand vainqueur de Satan, appara”t ˆ l'humble bergre et pendant plusieurs annŽes l'inspire, la guide, demeure jusqu'ˆ la fin le chef de son ÇcŽleste conseilÈ et lui affirme sa mission et ses droits sur notre Pays par ces paroles dŽfinitives :

ÇJe suis Michel, le protecteur de la France [147] È.

A dix-sept ans, la petite bergre quitte son Pre, sa Mre, sa Famille, et son village et ses moutons ; elle s'en va, elle, l'humble fille (mais la Fille au grand cÏur) rendre son Roi ˆ la France et bouter l'Anglais. Elle surmonte tous les obstacles, traverse le pays, Žchappe miraculeusement aux brigands, aux Bourguignons, aux Anglais ; arrivŽe ˆ Chinon, sans avoir jamais vu le Roi, qui s'est dŽguisŽ en simple chevalier et qui a fait revtir ˆ l'un de ses seigneurs les insignes royaux, elle le reconna”t et se jette ˆ ses pieds :

ÇEn nom Dieu, je sais bien que cÕest vous et non un autre qui tes le Roi, Gentil Dauphin... È

Tant qu'Il ne sera pas sacrŽ et couronnŽ, elle appellera toujours Charles ÇGentil DauphinÈ pour bien montrer que le pouvoir n'est lŽgitime qu'autant qu'il est de Dieu : omnis potestas nisi a Deo. Or ce pouvoir est confŽrŽ au Roi par lÕonction sainte du Sacre.

Ç ...J'ai nom Jehanne la Pucelle et vous mande par moi le Roi des Cieux que vous serez sacrŽ et couronnŽ a Reims et que vous serez Lieutenant du Roi des Cieux qui est Roi de France !È

 

Elle affirme ainsi ds sa premire rencontre avec le Roi en prŽsence de toute la Cour le caractre divin de sa mission et la mission divine de la Monarchie Franaise. Afin de prouver au Roi sa mission, elle l'entra”ne au fond de la salle et lui rŽvle ˆ lui seul qui doute de sa lŽgitimitŽ la prire qu'il a faite ˆ Dieu au cours d'une nuit de dŽtresse et lui apporte la rŽponse divine ; pour bien marquer au Roi que c'est Dieu qui parle par sa bouche, elle le tutoie :

ÇEh bien, je te dis, de la part de Messire, tu es le vrai hŽritier de France et fils du Roi, et Il m'envoie pour te conduire ˆ Reims y recevoir ton Sacre et la couronne, si tu le veux !È

Par cette affirmation fulgurante et qui ne peut tre que divine, Jehanne arrache au Roi tous ses doutes. Ds lors Charles VII ne doute plus de la mission de la Pucelle non plus que de lui-mme et de son droit. Elle lui a rendu la foi. Il accepte d'accomplir la volontŽ divine, elle entreprend alors sa mission libŽratrice.

Elle sait que la guerre est l'ultima ratio d'un peuple en Žtat de lŽgitime dŽfense, que ce flŽau n'est justifiŽ qu'autant que le droit est violŽ, que, dans ce cas seulement, la guerre devient non seulement lŽgitime, mais sainte et bŽnie de Dieu, aussi, avant de faire couler le sang, elle somme, au nom de Dieu, les Anglais de quitter le Royaume qu'ils ont injustement envahi :

ÇJhŽsus ! Maria !

ÇRoi d'Angleterre et vous, duc de Bedford qui vous dites rŽgent du Royaume de France...

Çfaites raison au Roi du Ciel de Son sang Royal.

ÇRendez au Roi, par la Pucelle, qui est envoyŽe par Dieu le Roi du Ciel, les clefs de toutes les bonnes villes que vous avez prises et violŽes en France.

Çelle est venue de par Dieu rŽclamer le sang Royal.

 

Elle proclame hautement ˆ la face du monde que, seule la Race Royale des Francs, la Maison de France doit rŽgner sur notre Pays, et cela, de par la volontŽ divine. Elle ajoute :

ÇElle est toute prte de faire la paix si vous lui voulez faire raison en quittant la France et payant le dommage que vous lui avez faitÈ.

Quelle leon de haute et chrŽtienne sagesse elle donne au monde. Elle sait en effet que le pardon et la charitŽ ne doivent intervenir dans les relations internationales aussi bien qu'entre particuliers qu'une fois la justice pleinement satisfaite et le dommage intŽgralement rŽparŽ. Il ežt ŽtŽ bien utile, aprs les deux dernires conflagrations mondiales, de s'inspirer de cet enseignement.

Enfin, elle achve sa lettre par cette magnifique dŽclaration :

Çvous ne tiendrez point le royaume de France, de Dieu le Roi du Ciel... mais le tiendra le roi Charles, vrai hŽritier, car Dieu le Roi du Ciel le veut [148] È

Affirmant ainsi que si le Christ est Roi de l'univers, Il est plus spŽcialement le Roi de France, et proclamant, au nom de Dieu, que la Loi Salique, cette loi de succession au tr™ne qui a assurŽ la grandeur et l'unitŽ de la France doit toujours tre respectŽe.

Et comme les Anglais ne rŽpondent pas, elle marche sur OrlŽans. Avant la bataille elle entend la Messe et communie, et son ƒcuyer, Simon Beaucroix, dŽclare au Procs de rŽhabilitation : ÇJe me rappelle fort bien que Jeanne recommanda ˆ tous les hommes de l'armŽe de se confesser, de mettre leur conscience en ordre ; que Dieu alors leur viendrait en aide et qu'avec Son aide ils obtiendraient la victoireÈ.

en la fte de saint Michel, Patron de la France, elle dŽlivre miraculeusement OrlŽans.

 

Les jours suivants, elle met en dŽroute, les armŽes de secours anglaises : c'est la miraculeuse campagne de la Loire. Ds lors, elle a suffisamment prouvŽ la rŽalitŽ de sa mission ; elle va sur l'ordre exprs de Dieu par un acte officiel, solennel, public, authentique et ainsi revtu de toutes les formes lŽgales d'un contrat, pour lui donner toute sa signification et sa portŽe aux yeux du peuple, renouveler le pacte conclu ˆ Tolbiac et aux fonts baptismaux de Reims, l'alliance du Christ et de la France :

ÇGentil Roi, il me plairait avant de descendre dans le cercueil, d'avoir votre palais et votre Royaume.

- Oh ! Jeanne, rŽpond Charles VII, mon palais et mon Royaume sont ˆ toi.

Notaire, Žcrivez, dit la Pucelle inspirŽe : Le 21 juin ˆ 4 heures du soir, l'an de JŽsus-Christ 1429, le roi Charles VII donne son royaume ˆ Jeanne.

ǃcrivez encore : Jeanne donne ˆ son tour la France ˆ JŽsus-Christ.

Nos Seigneurs, dit-elle d'une voix forte, ˆ prŽsent c'est JŽsus-Christ qui parle :

ÇMOI, SEIGNEUR ƒTERNEL JE LA DONNE AU ROI CHARLES [149] È.

 

Jeanne interpelle les Seigneurs, la Cour, pour les prendre ˆ tŽmoin que c'est JŽsus-Christ qui parle par sa bouche, et pour consacrer, par leur tŽmoignage et leur adhŽsion, ce pacte qui lie non seulement le Christ au Roi et le Roi au Christ, mais le peuple de France tout entier dans la personne de son Roi. Qu'elle est donc Žmouvante cette triple donation passŽe en bonne et due forme par devant notaires ! Elle est l'Žclair fulgurant qui explique, Žclaire, illumine, irradie toute notre Histoire. elle est l'acte capital qui consacre la raison dՐtre de notre pays.

 

A la face de l'univers, elle proclame non seulement la royautŽ universelle du Christ sur le monde et plus particulirement sur notre Patrie, mais aussi la mission divine de la France et de la Maison de France. Car cet acte a une portŽe gŽnŽrale; ce n'est pas seulement ˆ Charles VII que Dieu confie le Royaume ; en sa personne, c'est ˆ toute la race royale pour bien montrer que la Race Royale est aussi insŽparable de la France que la France est insŽparable de l'ƒglise et du Christ.

Le Pre Ayrolles Žcrit de ce vŽritable contrat qui fait du Roi de France le Lieutenant du Christ :

ÇSi Charles VII et ses successeurs avaient compris, ils auraient fait ench‰sser le merveilleux parchemin dans l'or et la soie ; ils l'auraient entourŽ de pierres prŽcieuses, car ils n'avaient pas dans leur trŽsor de diamant comparable. Ils l'auraient relu et mŽditŽ tous les jours. Non seulement ils seraient aujourd'hui sur le tr™ne, mais l'univers serait dans les bras de JŽsus-Christ et ce serait la France qui l'y aurait placŽÈ.

 

L'Alliance Žtant renouvelŽe entre le Christ et la Monarchie, Jeanne d'Arc peut conduire le Dauphin ˆ Reims.

ÇC'est ˆ Reims maintenant qu'il me faut vous conduire... Venez donc au plus vite prendre la Couronne ˆ laquelle vous avez droit. Mon Conseil me tourmente on ne peut plus lˆ-dessus !È

 

c'est donc bien la volontŽ de Dieu que le roi soit sacrŽ, et sacrŽ a Reims.

Nous n'insisterons pas sur l'importance de ce fait, le lecteur connaissant dŽjˆ toute la signification du Sacre par l'un des chapitres prŽcŽdents.

 

Le 17 juillet 1429 quand le PrŽlat consŽcrateur eut prononcŽ la formule :

Çje te sacre Roi de France au nom du Pre et du Fils et du Saint-EspritÈ

aux cris enthousiastes de tous les assistants : ÇNo‘l ! No‘l ! Vive le Roi ; NOèL ! NOèL ! È, Jeanne en larmes (larmes de joie) se jette aux pieds du Roi :

ÇGentil prince, maintenant est exŽcutŽ le plaisir de Dieu, qui voulait que vous vinssiez a Reims pour y recevoir votre digne sacre, montrant que vous tes le vrai Roi et celui auquel le royaume doit appartenir

 

Trs justement, Monseigneur Delassus Žcrit :

ÇEn dehors de la race de David, jamais dynastie n'a reu une pareille consŽcration [150] È.

 

Le jour mme elle Žcrit au Duc de Bourgogne pour lui demander de faire la paix car :

ÇVous fais assavoir, de par le Roy du Ciel, mon droicturier et souverain Seigneur, pour votre bien et pour votre honneur et sur votre vie, que vous ne gagnerez point de bataille ˆ l'encontre des loyaux Franais et que tous ceux qui guerroient au dit saint Royaume de France guerroient contre le Roi Jesus, Roy du Ciel et de tout le monde... È

 

Sa mission est terminŽe, elle a sauvŽ la France en lui rendant son Roi, elle a consacrŽ la mission divine de notre Pays et de notre Monarchie ; elle a sauvŽ la chrŽtientŽ, car en boutant l'Anglais hors de France, elle a empchŽ le Protestantisme, qui devait sŽvir en Angleterre au sicle suivant, de triompher de l'Eglise ; elle a proclamŽ la RoyautŽ Universelle du Christ.

ÇEt les portes de l'enfer ne prŽvaudront pas contre elleÈ Une fois de plus : Gesta Dei per Francos.

A la mission de Jeanne, il manquait encore une chose : l'aurŽole du sacrifice et du martyre, la prison, le procs et le bžcher de Rouen. Comme le Christ, elle est trahie, livrŽe ˆ ses ennemis, insultŽe, tra”nŽe devant un tribunal ecclŽsiastique. Pour tous deux, pas d'avocats, pas de dŽbats contradictoires ; leurs juges sont leurs pires ennemis. Jeanne en appelle au Pape, il ne l'entend pas ; lՃpiscopat l'abandonne ou la trahit. Elle qui a sauvŽ l'Eglise et la France, elle est condamnŽe comme hŽrŽtique et schismatique ! Quelle douleur ne dut pas tre la sienne de se voir si injustement persŽcutŽe, si odieusement condamnŽe ! C'est seulement aprs qu'elle eut consommŽ son sacrifice jusqu'au martyre que la France fut compltement sauvŽe, comme le monde le fut par la mort du Christ.

Mais pourquoi tant de haine, tant d'acharnement contre Jeanne ? Parce que tous les ennemis de la France et de nos Rois voulurent atteindre en elle le principe divin de la Monarchie Franaise. Or, pensrent-ils, quoi de plus efficace pour discrŽditer ce principe que de faire condamner comme hŽrŽtique et sorcire celle qui Žtait venue le sauver et le confirmer au nom de Dieu. Oui, vraiment notre Jeanne est la martyre par excellence du principe divin de la Monarchie Franaise.

 

Un dernier mot encore sur Jeanne d'Arc. Toutes ses prŽdictions se sont rŽalisŽes jusqu'ˆ ce jour. Or, le samedi 10 mars, lors de son procs, au cours de l'interrogatoire de Cauchon, elle a dit que la Couronne de France Çdurera mille ans et plusÈ.

ÇJeanne a prŽdit que la France accomplirait un jour pour le salut de la ChrŽtientŽ, un exploit grandiose qui dŽpasserait tout ce que l'univers a vu jusqu'ici. Le Monde sera donc un jour le tŽmoin de cette entreprise merveilleuse qui surpassera les Croisades et LŽpante. Et, pour l'accomplir, il faut bien que la France se relve et reprenne sa noble ŽpŽe de Dieu [151] !È.

Lors de la mort de la Pucelle, au milieu des flammes du bžcher, le Saint-Esprit s'envola, sous la forme d'une colombe, pour bien marquer qu'Il inspirait et habitait l'‰me de la Vierge Martyre. MalgrŽ l'acharnement des bourreaux et les ordres des Anglais, jamais le cÏur et les viscres de Jeanne ne purent etre consumŽes et ce cÏur, qui incarna si intensŽment celui de la France, continua ˆ battre au milieu des cendres... N'a-t-elle pas assurŽ qu'elle reviendrait pour accomplir le Çplus beau fait qui jamais aura ŽtŽ fait pour la ChrŽtientŽÈ ?

Ses restes sacrŽs furent mis dans un sac et jetŽs ˆ la Seine... Jeanne d'Arc est unique dans l'Histoire Universelle. Sa formation fut toute cŽleste. Nulle hŽro•ne ne peut lui tre comparŽe, elle les dŽpasse toutes. Sa mission surpasse toutes les autres. Aprs la Vierge, Mre de Dieu, et co-RŽdemptrice du Genre Humain, la Pucelle est la crŽature la plus merveilleuse qui ait jamais paru ici-bas [152] .

 

LES FAUTES DES DERNIERS VALOIS ENTRAëNENT LEUR CHåTIMENT

 

Au sicle suivant, les derniers Valois abandonnent leur r™le de Fils a”nŽ de l'ƒglise. Ils vont tre ch‰tiŽs dans leur descendance.

Franois 1er pactise trop avec la Renaissance ; les mÏurs se rel‰chent ˆ la Cour.

Il tolre que sa sÏur favorise les Protestants et, lui, le Roi Trs ChrŽtien, il fait alliance avec les Infidles. L'unitŽ morale de la France est rompue et peu ˆ peu le Pays s'achemine vers les guerres de Religion ; les rŽpercussions de cette brche faite dans l'‰me franaise n'ont jamais cessŽ, depuis lors, de se faire sentir : voilˆ pour l'intŽrieur.

A l'extŽrieur, ce sont les dŽsastres de Pavie : ÇTout est perdu, fors l'honneur !È et cette ruineuse lutte de la Maison de France contre la Maison d'Autriche qui ne prendra fin que sous Louis XV.

ÇQuant au rgne d'Henri II, il est marquŽ par l'humiliant traitŽ de Cateau-CambrŽsis (juin 1559) par lequel le Roi, pour conserver Calais et les Trois ƒvchŽs, devra abandonner 189 villes ou ch‰teaux fortifiŽs au delˆ des Alpes ou dans les Pays-Bas et tous ses droits en Italie [153] È.

 

A la mort d'Henri II, c'est Catherine de MŽdicis qui exerce le pouvoir en faveur des Protestants beaucoup plus que des Catholiques. Elle est, ˆ l'avance, le portrait frappant de nos LibŽraux, dont toute la conduite se rŽsume ainsi : mettre la vŽritŽ et l'erreur sur le mme pied ; c'est-ˆ-dire favoriser l'erreur, qui n'a aucun droit, aux dŽpens de la vŽritŽ, qui les a tous.

Catherine de MŽdicis veut tenir la balance Žgale entre les Catholiques et les Protestants, entre l'Eglise de Dieu et ceux qui incarnent l'orgueil humain en rŽvolte contre Dieu. RŽsultat : les guerres de Religion prŽcipitent la France dans un flot de sang. Comme toujours en pareil cas les ennemis de l'Etat, les Protestants, font alliance avec leurs coreligionnaires d'Angleterre et d'Allemagne : ˆ la guerre civile s'ajoute la guerre Žtrangre.

En 1589 s'Žteint la deuxime branche, celle des Valois ; de la mme manire que la premire.

ÇTrois frres se succŽdant Žgalement, l'un ˆ l'autre, sur le tr™ne disparaissent sans laisser d'hŽritier m‰le. Ce sont les fils d'Henri Il... Mais cette fois le ch‰timent s'aggrave.

ÇLa coupe des abominations a encore plus dŽbordŽ que la premire fois, il faut que l'expiation soit plus accentuŽe !

ÇOutre leurs scandales et leurs mÏurs inf‰mes, les derniers Valois ont amoncelŽ les crimes :

ÇCharles IX meurt bourrelŽ de remords des massacres de la Saint-BarthŽlemy qu'il a ordonnŽs.

ÇEt Henri III, aprs les assassinats qu'il a lui-mme perpŽtrŽs, au milieu d'orgies et de criminelles dŽbauches, meurt assassinŽ, aprs que les dŽlŽguŽs de la Nation lui avaient retirŽ son pouvoir royal !

ÇDeuxime avertissement ˆ la race royale CapŽtienne ! [154] È.

Cette fois, il n'y a de ch‰timent que pour la dynastie, car la Nation a fait son devoir. Si le Roi a oubliŽ le sien, les Catholiques, moins veules que de nos jours, ont constituŽ la Ligue et dŽfendent les droits imprescriptibles du ÇRoy du Ciel qui est Roy de France !È

 

Voici leur magnifique, serment : chaque Ligueur s'engage :

ÇA maintenir la double et insŽparable unitŽ catholique et monarchique du ÇSaint royaume de FranceÈ, telle qu'elle fut fondŽe miraculeusement au baptistre de Reims, par saint Remy ; telle qu'elle y fut restaurŽe miraculeusement, par Jeanne d'Arc ; telle qu'elle est inscrite dans la loi salique.

ÇA faire dans ce but le sacrifice de leurs biens et de leur vie ; a dŽfendre jusquՈ la mort les ligueurs assermentŽs, a poursuivre jusquՈ la mort leurs ennemisÈ.

 

La Ligue a sauvŽ l'Eglise et la France de l'hŽgŽmonie protestante. Les sacrifices et l'hŽro•sme de ses membres valent au Pays l'un de ses plus grands Rois : Henri IV, pour monter sur le tr™ne, doit abjurer le Protestantisme et revenir ˆ la religion de ses Pres.

Il accomplit ce grand acte ˆ l'Abbaye de Saint-Denis, en 1593 ; son sacre fait dispara”tre les dernires rŽsistances : vingt-trois jours aprs, il entre ˆ Paris aux acclamations d'un Peuple immense ÇaffamŽ de voir un RoiÈ.

En 1595 il bat les Espagnols ˆ Fontaine-Franaise, puis en 1601 le Duc de Savoie refusant de restituer le Marquisat de Saluces, il annexe la Bresse, le Bugey et le Pays de Gex qui s'ajoutent au BŽarn et au ComtŽ de Foix, dŽjˆ rŽunis au Royaume en 1589.

Ayant trouvŽ la France ŽpuisŽe aprs les guerres de religion, le Roi, avec son ministre et ami Sully, restaure compltement le Royaume. Il relve l'industrie, notamment celle de la soie ˆ Lyon, crŽe des manufactures diverses, dŽveloppe le commerce, multiplie les routes et les ponts, creuse le canal de Briare et signe des traitŽs de commerce avec les Puissances Žtrangres.

Il porte tous ses soins ˆ la restauration de l'agriculture par une sage politique de protection du paysan et de dŽgrvement d'imp™ts et rend confiance ˆ nos campagnes qui se repeuplent et redeviennent fertiles. Il fait rendre gorge aux voleurs, et, par de prudentes Žconomies, parvient non seulement ˆ rembourser les emprunts et ˆ rŽduire les imp™ts, mais encore ˆ constituer un trŽsor de quarante millions, ce qui reprŽsenterait peut-tre plusieurs milliards de nos jours. Il favorise les entreprises coloniales et gr‰ce ˆ son appui, Champlain peut fonder QuŽbec.

Enfin, par la sagesse de ses choix dans la nomination des ƒvques, il contribue puissamment ˆ la restauration religieuse du Royaume.

A la mort du bon et grand Roi, la France est redevenue le Pays le plus riche, le plus prospre et le plus peuplŽ.

 

LE RéGNE DE LOUIS XIII ET LA CONSƒCRATION DE LA FRANCE A LA VIERGE

 

Le rgne de Louis XIII qui dŽbute par la reprise de la guerre religieuse et de la guerre Žtrangre, n'est qu'une longue suite de triomphes et de prodiges accordŽs par Dieu ˆ la France, dont le jeune Roi est profondŽment chrŽtien. Le ÇRoy du Ciel envoie ˆ Son LieutenantÈ le plus grand ministre qu'ait eu un Souverain: le Cardinal de Richelieu.

Apprenant la nomination de celui-ci au Conseil Royal, Sully s'Žcrie :

ÇLe Roi a ŽtŽ comme inspirŽ de Dieu en choisissant lՃvque de Luon pour ministre !È

Le Grand Cardinal a lui-mme exposŽ au Roi son programme, digne de celui de la Pucelle, ˆ laquelle il vouait une grande admiration, et dont il avait le portrait sur son bureau :

ÇJe promis ˆ Votre MajestŽ d'employer toute mon industrie et toute l'autoritŽ qu'Il lui plairait de me donner ˆ : miner le parti huguenot, rabaisser l'orgueil des Grands, rŽduire tous les sujets ˆ leur devoir, et relever Son Nom dans les Nations Žtrangres au point o Il devait treÈ.

Ce magnifique programme fut rigoureusement appliquŽ.

 

Fondation de Notre-Dame-des-Victoires et institution de la Procession du 15 aožt

 

Les protestants avaient organisŽ un vŽritable Žtat dans l'Etat, dont la capitale Žtait La Rochelle et avaient fait alliance avec l'Angleterre. Le sige fut entrepris, mais le Roi, sentant que la lutte serait chaude, voulut mettre son armŽe sous la protection divine et fit un double vÏu, si la victoire venait couronner ses armes :

1¡ de fonder une Eglise ˆ Notre-Dame-des-Victoires, si par sa faveur il Žtait victorieux de la place, mettant la couronne de France sous sa puissante protection.

2¡ que toutes les annŽes, par tout le Royaume, l'on ferait des processions, le jour de son entrŽe dans les cieux, par son Assomption glorieuseÈ.

C'est ce vÏu que commŽmore le tableau de Carl Van Loo ˆ Notre-Dame-des-Victoires, au-dessus du ma”tre-autel. La prire du Roi est exaucŽe ; le Roi exŽcute son vÏu.

 

Le 9 dŽcembre 1629 a, lieu la pose de la premire pierre sur laquelle est gravŽe en lettres d'or l'inscription latine :

ÇLouis XIII, par la gr‰ce de Dieu, Roi Trs ChrŽtien de France et de Navarre, vaincu nulle part, victorieux partout, au souvenir de tant de victoires qui lui sont venues du Ciel, spŽcialement de Celle qui a terrassŽ l'hŽrŽsie, a ŽrigŽ ce temple aux Frres Augustins dŽchaussŽs du Couvent de Paris, en monument insigne de sa piŽtŽ, et l'a dŽdiŽ ˆ la Vierge Marie, Mre de Dieu, sous le titre de Notre-Dame-des-Victoires, l'an du Seigneur 1629, le 9 du mois de dŽcembre, de son rgne le XXÈ.

 

L'Archevque de Paris relate la cŽrŽmonie en un document officiel, Žcrit en latin ; nous en donnons la traduction car il rŽsume la plus grande partie du rgne de Louis XIII.

ÇLouis XIII, Roi Trs ChrŽtien de France et de Navarre, invincible, victorieux, la terreur des ennemis, l'honneur des princes, l'exemple de la postŽritŽ : prince vraiment catholique, vraiment juste, et vraiment pieux envers la Bienheureuse Vierge Marie.

ÇAprs avoir vaincu les Calvinistes, hŽrŽtiques et rebelles de son Royaume, auteurs de maux innombrables envers les Catholiques fidles par la ruine ou l'incendie de leurs Žglises ; la profanation des choses les plus saintes ; le massacre des prtres, des religieux et d'un trs grand nombre d'autres catholiques ; par cet acte de suprme impiŽtŽ qui consiste ˆ fouler aux pieds le Saint Sacrement de l'Eucharistie ; par la rupture et la souillure de la Croix et des Images des Saints et l'incendie de leurs reliques ; par la perpŽtration horrible d'autres cruautŽs et sacrilges vraiment inou•s.

ÇAprs avoir soumis de grŽ ou de force, en deux ans, cent cinquante villes de ces mmes hŽrŽtiques et avoir partout rŽtabli le vrai culte du vrai Dieu et de la Vierge Marie.

ÇAprs avoir vaincu La Rochelle, ville cŽlbre dans le monde entier, en encha”nant les flots de l'ocŽan, malgrŽ les efforts des Rois et des princes conjurŽs ; La Rochelle, ville inexpugnable autant par l'obstination de ses habitants que par la protection de la nature, firement enserrŽe dans sa triple ceinture de murailles, sans compter celle des flots gonflŽs de lÕocŽan ; La Rochelle, qui, ayant autrefois sa puissance, avait secouŽ le joug de tant de Rois ; La Rochelle, le plus solide boulevard de l'hŽrŽsie.

ÇAprs avoir disloquŽ ses murailles jusque dans leurs fondements, comblŽ ses fossŽs, dispersŽ sur terre et sur mer les Anglais venus ˆ son secours ;

ÇAprs avoir chassŽ les Espagnols de la Valteline, pacifiŽ la querelle des GŽnois, avec le duc de Savoie, dŽfendu les droits du duc de Mantoue contre les Espagnols et les Savoyards, ses armes Žtant partout victorieuses, le Roi trs pieusement reconnaissant de tant et de si grandes gr‰ces et victoires reues de Dieu par la protection de la Vierge, Sa Mre, s'est dŽclarŽ le fondateur royal de l'Eglise des Augustins DŽchaussŽs de Paris dont il a voulu, par une piŽtŽ insigne, poser la premire pierre, de ses mains royales, et ˆ Dieu l'a dŽdiŽe en l'honneur de Notre-Dame-des-Victoires. Cette premire pierre ayant ŽtŽ bŽnite par l'illustrissime et rŽvŽrendissime Seigneur Jean Franois de Gondy, Archevque de Paris, en prŽsence du PrŽv™t et des ƒdiles de la Ville, le 9 du mois de dŽcembre de l'an 1629È.

 

Voici maintenant quelques extraits des lettres patentes du Roi :

ÇLouis, par la gr‰ce de Dieu, Roy de France et de Navarre, a tous prŽsents et a venir, salut.

ÇLes Roys nos prŽdŽcesseurs ont tellement chŽry la piŽtŽ et, avec des soins particuliers, recherchŽ l'augmentation de lÕEglise catholique, apostolique et romaine, que les frŽquents tŽmoignages qu'ils ont rendu de leur insigne dŽvotion leur ont acquis le titre et l'Žminente qualitŽ de fils a”nŽ d'icelle.

ÇQualitŽ qui nous est en telle recommandation que nous nous proposons de faire toujours des actions qui en soient dignes, moyennant la gr‰ce et assistance divines, que nous implorons et implorerons toute notre vie, pour n'en point faire qui semblent y contrarier...

ÇPour marque ˆ jamais de la piŽtŽ que Nous avons ˆ la glorieuse Vierge Marie, et pour tŽmoignage de la singulire affection que Nous portons au dit ordre des Religieux Augustins DŽchaussŽs, Nous avons voulu tre fondateur de leur Eglise, et couvent de Nostre bonne ville de Paris, laquelle nous avons dŽdiŽe a nostre-dame-des-victoires, en actions de gr‰ces de tant de glorieuses victoires que le ciel nous a favorablement dŽparties par l'entremise de la Vierge, et assister en personne en l'action de la dite fondation et ˆ toutes les cŽrŽmonies et solennitŽs qui y ont ŽtŽ faites par Nostre aimŽ et fŽal Conseiller en Nostre Conseil d'Etat le sieur Archevque de Paris, le 9 du prŽsent mois... È

 

Naissance miraculeuse de Louis XIV

 

Toute Ïuvre de Dieu est longue et difficile. La naissance de celui qui sera le Roi Soleil en est la preuve et montre que la persŽvŽrance basŽe sur la Foi est toujours exaucŽe.

Au milieu de tant de victoires, une douleur profonde attriste continuellement Louis XIII et Anne d'Autriche. Depuis vingt-deux ans qu'ils sont mariŽs, le Roi et la Reine n'ont aucun hŽritier. Vainement, multiplient-ils les prires et les plerinages. Pourtant, jamais ils ne dŽsespŽrrent de la bontŽ de Dieu. Aussi, leur confiance fut-elle rŽcompensŽe par un miracle.

C'est le tout petit nombre des Franais qui sait que la naissance de Louis XIV fut trs rŽellement miraculeuse, encore la plupart du temps n'a-t-il qu'une connaissance trs superficielle de la question. Mais ce qui est ˆ peu prs totalement ignorŽ, ce sont les manifestations surnaturelles qui se rattachent ˆ cette naissance et prouvent ˆ quel point Notre Seigneur et Sa Divine Mre aiment la France et nos Rois. Ces manifestations ont ŽtŽ consignŽes par Žcrit, sous la foi du serment, au fur et ˆ mesure qu'elles se produisaient. Elles offrent donc une garantie incontestable, d'autant plus que la plupart sont antŽrieures et de beaucoup ˆ cette naissance. Elles sont au nombre de quatre.

La premire en date est celle dont fut l'objet la RŽvŽrende Mre Jeanne de Matel qui reut le 3 octobre 1627 (onze ans avant la naissance) le message suivant de Notre Seigneur :

ÇJe magnifierai Ma misŽricorde sur votre Reine et la visiterai comme J'ai visitŽ sainte ƒlisabeth, la rendant mre. J'ai pitiŽ des humiliations de cette bonne PrincesseÈ.

Dix ans aprs, en 1637, le Ciel lui annonce la nouvelle de la prochaine naissance d'un Dauphin ; enfin, dans la nuit du samedi au dimanche 5 septembre 1638 au moment mme de la naissance :

ÇJe vis cet enfant bŽni, Žcrit la pieuse religieuse ; cette vue mit dans mon ‰me tant de joie que nos sÏurs s'aperurent d'une extraordinaire jubilation en moi, sans que je leur dise la cause, ˆ tel point que l'une d'elles appela les autres sÏurs et leur dit : Venez voir notre Mre dont la face est rayonnante [155] È.

 

SÏur Marguerite du Saint Sacrement, CarmŽlite de Beaune, qui depuis des annŽes suppliait le Ciel de donner un Dauphin ˆ la France, fut ˆ son tour l'objet des faveurs divines et le 2 fŽvrier 1632, au cours d'une extase, le SacrŽ-CÏur lui dit:

ÇPuise, Mon ƒpouse, ce que tu veux dans Mon CÏur. Je t'accorde le Dauphin que tu demandes et tu ne mourras point sans avoir la joie et la consolation de voir Ma promesse accomplieÈ.

 

Le 15 dŽcembre 1637, quelques jours aprs la conception de l'Enfant, Notre Seigneur lui dit que la Reine Žtait enceinte ; enfin, le jour de la naissance, Il lui annona la bonne nouvelle.

Une autre Religieuse, SÏur Germaine, de Clermont, en 1637 envoyŽe par Louis XIII et Anne d'Autriche en plerinage ˆ Notre Dame de Gr‰ce de Gignac, prs de Lodve, pour obtenir un hŽritier, affirma qu'Žtant en prires, elle reut de la Sainte Vierge l'assurance que bient™t la France aurait un Dauphin.

Enfin, la Vierge, tenant un enfant, appara”t ˆ un religieux Augustin de Notre-Dame-des-Victoires, le frre Fiacre [156] .

ÇElle est vtue d'une robe bleue semŽe d'Žtoiles, les cheveux flottant sur les Žpaules et porte trois couronnes sur la tte :

Çmon enfant, lui dit-elle, n'ayez pas peur, je suis la Mre de Dieu ! ce n'est pas mon Fils, c'est l'enfant que Dieu veut donner a la FranceÈ.

Les apparitions se renouvelant, l'AutoritŽ religieuse intervient et reconna”t l'exactitude des faits. La Reine conna”t la merveilleuse nouvelle le 5 dŽcembre 1637 ; neuf mois aprs, jour pour jour, le 5 septembre 1638 na”t louis xiv qui reoit au Baptme le nom de Louis-DieudonnŽ, le Grand Roi qui donna son nom ˆ son sicle et porta ˆ son apogŽe la gloire de la France !

On conoit l'intervention divine dans un ŽvŽnement aussi important pour le monde que la naissance de Louis XIV.

Il est une leon qui se dŽgage de cette naissance miraculeuse : y a-t-il un argument plus catŽgorique et plus magnifique pour prouver que la RoyautŽ est bien le rŽgime qui seul convient ˆ la France ? La Vierge aurait-Elle accordŽ au Roi un hŽritier pour le Tr™ne si la Monarchie n'Žtait pas de droit divin, de volontŽ divine ? Surtout quand l'Histoire montre que la Reine du Ciel tint ˆ rŽpŽter tant de fois ce miracle : pour Philippe-Auguste, Louis VIII, saint Louis, Philippe le Hardi, Charles VIII, Louis XIV, le Grand Dauphin, le Duc de Bourgogne, le Dauphin fils de Louis XV, les enfants de Louis XVI [157] .

 

ConsŽcration de la France ˆ la Vierge

 

Le Roi, en plein accord avec le Cardinal de Richelieu et le Pre Joseph du Tremblai, gr‰ce ˆ lÕinfluence de l'angŽlique Louise de La Fayette, voulait tŽmoigner avec Žclat sa reconnaissance ˆ Marie pour ses victoires. Il attendait la premire occasion favorable. Aussi, ds qu'il eut la certitude de la grossesse de la Reine, et sans mme attendre la naissance pour savoir quel serait le sexe de l'enfant, mais pleinement confiant en Marie, il consacra la France et sa Couronne ˆ la Sainte Vierge. Le 10 fŽvrier 1638, alors que la Reine Žtait miraculeusement enceinte depuis deux mois, il publia l'Edit suivant :

ÇLouis, par la gr‰ce de Dieu roi de France et de Navarre, Dieu qui Žlve les rois au tr™ne de leur grandeur, non content de nous avoir donnŽ lÕesprit qu'Il dŽpart ˆ tous les princes de la terre pour la conduite de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spŽcial et de notre personne et de notre Žtat, que nous ne pouvons considŽrer le bonheur du cours de notre rgne, sans y voir autant d'effets merveilleux de Sa bontŽ, que d'accidents qui nous pouvaient perdre.

ÇLorsque nous sommes entrŽs au gouvernement de cette couronne, la faiblesse de notre ‰ge donna sujet ˆ quelques mauvais esprits d'en troubler la tranquillitŽ ; mais cette main divine soutint avec tant de force la justice de notre cause, que l'on vit en mme temps la naissance et la fin de ces pernicieux desseins. En divers autres temps, l'artifice des hommes et la malice du diable ayant suscitŽ et fomentŽ des divisions non moins dangereuses pour notre couronne que prŽjudiciables au repos de notre maison, il Lui a plu en dŽtourner le mal avec autant de douceur que de justice.

ÇLa rŽbellion de l'hŽrŽsie ayant aussi formŽ un parti dans l'Etat, qui n'avait d'autre but que de partager notre autoritŽ, Il s'est servi de nous pour en abattre l'orgueil, et a permis que nous ayons relevŽ Ses saints autels en tous les lieux o la violence de cet injuste parti en avait ™tŽ les marques.

ÇSi nous avons entrepris la protection de nos alliŽs, Il a donnŽ des succs si heureux ˆ nos armes, qu'ˆ la vue de toute l'Europe, contre l'espŽrance de tout le monde, nous les avons rŽtablis en la possession de leurs Žtats dont ils avaient ŽtŽ dŽpouillŽs.

ÇSi les plus grandes forces des ennemis de cette couronne se sont ralliŽes pour conspirer sa ruine, Il a confondu leurs ambitieux desseins pour faire voir ˆ toutes les nations que, comme Sa providence a fondŽ cet Žtat, Sa bontŽ le conserve et Sa puissance le dŽfend.

ÇTant de gr‰ces si Žvidentes font que, pour n'en diffŽrer pas la reconnaissance, sans attendre la paix, qui nous viendra de la mme main dont nous les avons reus, et que nous dŽsirons avec ardeur pour en faire sentir les fruits aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru tre obligŽs, nous prosternant aux pieds de Sa majestŽ divine que nous adorons en trois personnes, ˆ ceux de la Sainte Vierge et de la sacrŽe Croix, o nous vŽnŽrons l'accomplissement des mystres de notre RŽdemption par la vie et la mort du Fils de Dieu en notre chair, de nous consacrer ˆ la grandeur de Dieu par Son Fils rabaissŽ jusqu'ˆ nous et ˆ ce Fils par Sa Mre ŽlevŽe jusqu'ˆ Lui ; en la protection de laquelle nous mettons particulirement notre personne, notre ƒtat, notre couronne et tous nos sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte TrinitŽ, par son intercession et de toute la cour cŽleste par son autoritŽ et exemple, nos mains n'Žtant pas assez pures pour prŽsenter nos offrandes ˆ la puretŽ mme, nous croyons que celles qui ont ŽtŽ dignes de le porter, les rendront hosties agrŽables et c'est chose bien raisonnable qu'ayant ŽtŽ mŽdiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos actions de gr‰ces.

ÇA ces causes, nous avons dŽclarŽ et dŽclarons que, prenant la trs sainte et trs glorieuse Vierge pour protectrice spŽciale de notre Royaume, nous lui consacrons particulirement notre personne, notre ƒtat, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et dŽfendre avec tant de soin ce royaume contre l'effort de tous ses ennemis, que, soit qu'il souffre le flŽau de la guerre, ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons ˆ Dieu de tout notre cÏur, il ne sorte point des voies de la gr‰ce qui conduisent ˆ celles de la gloire. 

ÇEt afin que la postŽritŽ ne puisse manquer ˆ suivre nos volontŽs en ce sujet, pour monument et marque immortelle de la consŽcration prŽsente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le Grand Autel de l'Eglise CathŽdrale de Paris avec une image de la Vierge qui tienne en ses bras celle de son prŽcieux Fils descendu de la Croix et o nous serons reprŽsentŽs aux pieds du Fils et de la Mre comme leur offrant notre couronne et notre sceptre.

ÇNous admonestons le sieur Archevque de Paris et nŽanmoins lui enjoignons que tous les ans le jour et fte de l'Assomption, il fasse faire commŽmoration de notre prŽsente dŽclaration ˆ la Grand'Messe qui se dira en son Eglise CathŽdrale et qu'aprs les Vpres du dit jour, il soit fait une procession en la dite Eglise ˆ laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines et le corps de ville, avec pareille cŽrŽmonie que celle qui s'observe aux processions gŽnŽrales les plus solennelles ; ce que nous voulons aussi tre fait en toutes les Žglises tant paroissiales que celles de Paris.

ÇExhortons pareillement tous les Archevesques et Evesques de notre royaume et nŽanmoins leur enjoignons de faire cŽlŽbrer la mme solennitŽ en leurs ƒglises Episcopales et autres ƒglises de leur diocse: entendant qu'ˆ la dite cŽrŽmonie les Cours de Parlement et autres compagnies souveraines et les Principaux officiers de ville y soient prŽsents; et d'autant qu'il y a plusieurs Žpiscopales qui ne sont pas dŽdiŽes ˆ la Vierge, nous exhortons les dits Archevesques et Evesques en ce cas de lui dŽdier la principale chapelle des dites ƒglises pour y tre faite la dite cŽrŽmonie et d'y Žlever un autel avec un ornement convenable ˆ une action si cŽlbre et d'admonester tous nos peuples d'avoir une dŽvotion particulire ˆ la Vierge, d'implorer en ce jour sa protection afin que sous une si puissante patronne notre royaume soit ˆ couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu'il jouisse largement d'une bonne paix ; que Dieu y soit servi et rŽservŽ si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement ˆ la dernire fin pour laquelle nous avons ŽtŽ crŽŽs ; car tel est notre plaisirÈ.

 

Cet Ždit fut mis ˆ exŽcution le 15 aožt suivant. ƒtant ˆ Abbeville, le Roi

Çs'avana dŽvotement vers le prŽlat qui officiait au grand Autel ; puis, au moment de la ConsŽcration, la main gauche sur le cÏur, la droite ŽlevŽe jusqu'ˆ la hauteur du Saint Sacrement, il voua son Royaume ˆ la Vierge, La suppliant de prendre ses ƒtats et sa Personne sous Sa puissante protection... afin qu'au mme temps que la Vierge prit possession du Ciel, il La mette en possession de la France, qu'au mme jour que la Sainte TrinitŽ Lui mit le diadme sur la tte, il dŽpose le sien ˆ Ses pieds, et qu'en mme jour Elle soit couronnŽe ˆ la tte par la main de Dieu et aux pieds par la main d'un Monarque Franais... È

 

Et le Roi scella son vÏu d'une Communion fervente.

Le 5 septembre suivant naissait celui qui devait tre le Roi Soleil.

 

Par cet Acte magnifique et grandiose, Louis XIII donnait ˆ la Reine du Ciel un droit de propriŽtŽ total et irrŽvocable, pour le prŽsent et pour l'avenir, sur la France et sur la Race Royale. Non seulement le Roi avait agi dans la plŽnitude de son pouvoir royal, mais tous les corps de lÕEtat en lÕenregistrant et le peuple en s'y associant avec une magnifique ardeur l'avaient consacrŽ.

C'est pourquoi, qu'on le veuille ou non, la France demeurera, jusqu'ˆ la fin des temps, le spŽcial Royaume de Marie et jouira, de ce fait, de toutes les gr‰ces et de tous les privilges qui dŽcoulent logiquement d'un tel droit d'absolue propriŽtŽ de la Vierge sur "Son Royaume" et sur la Race Royale qui se sont ainsi totalement donnŽs ˆ Elle. Ce droit Marial constitue, ˆ l'heure actuelle, la garantie formelle, absolue, que la France rentrera dans l'Ordre voulu par Dieu et ne sera pas rejetŽe ˆ tout jamais; et que, le voulussent-ils, les ennemis de la France ne pourront jamais la dŽtruire, Marie ne peut pas (Elle n'en a pas le droit, allions-nous Žcrire) abandonner dŽfinitivement au pouvoir de Satan ce qui Lui appartient spŽcialement, sans encourir du mme coup, une diminution dŽfinitive de Sa Toute Puissance, de Sa SouverainetŽ, de Sa RoyautŽ ; ce qui est une impossibilitŽ.

Le rgne de Louis XIII s'acheva dans la gloire. De plus, l'action surnaturelle de saint Franois de Sales, de sainte Jeanne de Chantal, de saint Vincent de Paul, de sainte Louise de Marillac, de saint Franois RŽgis, de la VŽnŽrable Marguerite de Veyny d'Arbouse, de Marie des VallŽes, de saint Jean Eudes, du Cardinal de BŽrulle, de Monsieur Olier, et de tant d'Ordres Religieux qui se rŽformrent, s'installrent ou se fondrent, fit Žclore ce magnifique renouveau chrŽtien du XVII sicle, qui, tout comme le Grand Sicle, lui-mme, est issu directement du rgne de Louis le Juste et de son Acte de ConsŽcration de la France ˆ la Vierge.

 

Louis XIII pouvait mourir, sa mission Žtait accomplie. Quelques annŽes aprs, sentant sa mort prochaine, le Roi demanda saint Vincent de Paul pour l'assister. ÇVincent Žtait le prtre du Royaume auquel il avait le plus de confiance [158] È.

Aussi faudrait-il citer toute la page o M. Arthur Loth raconte les conversations Ždifiantes du Souverain et du saint, ainsi que les derniers instants du Prince expirant Çentre les bras de Vincent de Paul, grande et douce agonie d'un pieux Roi, consommŽe au milieu des entretiens d'un saint. Depuis que je suis sur la terre, Žcrivait Vincent, je n'ai vu mourir personne plus chrŽtiennementÈ.

ÇJe suis ravi d'aller ˆ DieuÈ dit le Roi en rendant le dernier soupir.

Louis XIII voulut toujours mettre sa vie en harmonie avec sa conscience. Sa saintetŽ lui valut de faire des miracles : telle la guŽrison d'une jeune fille muette ˆ qui il rendit la parole ˆ Surgres, lors du sige de La Rochelle, guŽrison qui dŽtermina la conversion du duc de la TrŽmoille, calviniste. A deux reprises la rŽception du saint Viatique guŽrit instantanŽment le Roi. La veille de sa mort, celui-ci eut la vision prophŽtique de la bataille et de la victoire de Rocroi, remportŽe par ses troupes le 19 mai, cinq jours aprs sa mort (14 mai 1643).

Un jour viendra peut-tre o l'ƒglise, aprs avoir ŽtudiŽ la vie, les vertus et les miracles du pieux et grand roi, fera monter Louis le Juste sur les autels1.

 

LOUIS XIV [159]

 

ÇIl y a en Lui assez d'Žtoffe pour faire quatre rois et un honnte hommeÈ. Mazarin

 

La rŽponse de Marie ˆ la ConsŽcration de la France ne se fait pas attendre : c'est le rgne prestigieux du Roi Soleil. Au point de vue politique, notre Pays atteint son apogŽe et y acquiert une gloire incomparable. La prospŽritŽ Žconomique est non moins remarquable et la production franaise est considŽrŽe ˆ l'Žtranger comme la premire du monde gr‰ce ˆ son gožt, ˆ son ŽlŽgance et ˆ sa perfection. Les Beaux-Arts, la LittŽrature, l'Histoire, la Philosophie, lՃloquence, les Sciences sacrŽes et profanes gr‰ce ˆ une plŽiade d'hommes dont un seul ežt suffi ˆ immortaliser une Žpoque connaissent le plus merveilleux Žpanouissement, et l'esprit franais, l'esprit humain atteint alors ˆ un degrŽ d'Žquilibre, de mesure, de pondŽration, d'ordre et de grandeur tel qu'il ne s'Žleva jamais plus haut. Au point de vue religieux, les sŽminaires se multiplient de toutes parts pour former le ClergŽ ; l'ŽvangŽlisation des populations est poursuivie mŽthodiquement et avec un zle admirable par de nombreux Ordres ; l'effort dans le domaine de l'Žducation et de l'instruction n'est pas moins efficace ; les Ïuvres d'assistance et de charitŽ se dŽveloppent ˆ un point insouponnŽ ; quant ˆ l'apostolat missionnaire, Monseigneur Prunel [160] n'hŽsite pas ˆ dire que, lˆ comme ailleurs, nous sommes encore aujourd'hui tributaires du XVII sicle qui nous a montrŽ la voie ˆ suivre. A tous points de vue, le XVII sicle est un chef-d'Ïuvre. Il ne le fut que parce qu'un homme sut lui insuffler sa propre grandeur, et cet homme est prŽcisŽment celui que la Vierge avait donnŽ ˆ la France. Alors qu'un NapolŽon lui-mme n'a pas laissŽ son nom ˆ son Žpoque, le XVII sicle est "le sicle de Louis XIV" ; tel est l'arrt portŽ par le Tribunal de l'Histoire.

Le rgne du Grand Roi se divise en deux parties bien distinctes : les victoires Žclatantes jusque vers 1682, puis les revers. Le philosophe en cherche la cause et ne la trouve pas ; le catholique, se rappelant la vocation divine de la France, y voit le doigt de Dieu.

Dans la premire partie de son rgne, et malgrŽ le scandale de sa vie privŽe, le Roi reste ÇLieutenant du Roi du CielÈ dans sa politique. Ne se montre-t-il pas le DŽfenseur de la ChrŽtientŽ en envoyant Coligny et six mille hommes ˆ l'Empereur contre les Turcs ; et le Duc de Beaufort bombarder les pirates ˆ Alger et ˆ Tunis et aider Venise ˆ dŽfendre Candie ?

Aussi met-il Çlauriers sur lauriers, victoires sur victoireÈ aux traitŽs de Westphalie, charte de la politique Žtrangre, il ajoute ceux des PyrŽnŽes (1659), d'Aix-la-Chapelle (1668) et de Nimgue (1679). C'est ce dernier qui lui vaut le titre de "Grand". Malheureusement, son Žtoile va p‰lir.

 

Il entre en opposition avec Rome au sujet de la RŽgale, puis rŽunit l'AssemblŽe du ClergŽ de France qui rŽdige la fameuse DŽclaration schismatique de 1682. Sans doute convient-il en toute justice de reconna”tre avec Dom Besse que ces quatre articles de 1682 sont beaucoup plus la rŽsultante des Parlements que du Roi. Un auteur qui est gŽnŽralement sŽvre ˆ l'Žgard de Louis XIV, M. GuŽrin, reconna”t Çqu'il fut plus modŽrŽ, plus loyal qu'aucun de ses Conseillers. Il alla trop loin dans la voie o ils le poussrent ; mais il eut la gloire de s'arrter de lui-mme et jamais il ne donna de preuve plus marquŽe de sagesse que lorsqu'il congŽdia brusquement l'AssemblŽe le 29 juin 1682... È Le 14 septembre 1693, il rŽtractait ses erreurs par lettre autographe au Souverain Pontife :

ÇJe suis bien aise de faire savoir ˆ Votre SaintetŽ que j'ai donnŽ les ordres nŽcessaires pour que les choses contenues dans mon ƒdit du 22 mars 1682 touchant la DŽclaration faite par le ClergŽ de France, ˆ quoi les conjonctures passŽes m'avaient obligŽ, ne soient pas observŽesÈ.

ÇLes ƒvques qui s'Žtaient compromis en 1682, Žcrit Dom Besse, rŽparrent leur faute par un dŽsaveu. Il y eut de nouveau entre la Cour de Rome et celle de Versailles des relations empreintes d'une confiance mutuelle. >

 

Au plus vif de sa lutte contre le Saint Sige, le SacrŽ-CÏur, le 17 juin 1689, appara”t ˆ Marguerite-Marie et rappelle ainsi, au Roi comme au Pape, la mission divine de la France et de sa Race Royale [161]  :

ÇFais savoir au fils a”nŽ de Mon SacrŽ-CÏur que comme sa naissance temporelle, a ŽtŽ obtenue par la dŽvotion aux mŽrites de Ma sainte Enfance [162] , de mme il obtiendra sa naissance de gr‰ce et de gloire Žternelle par la consŽcration qu'il fera de lui-mme ˆ Mon cÏur adorable qui veut triompher du sien et par son entremise de celui des grands de la terre.

ÇIl veut rŽgner dans son palais ; tre peint dans ses Žtendards et gravŽ dans ses armes, pour les rendre victorieuses de tous ses ennemis en abattant a ses pieds ces ttes orgueilleuses et superbes pour le rendre triomphant de tous les ennemis de la sainte EgliseÈ.

Dans sa troisime lettre datŽe du mois dÕaožt, Çvrai traitŽ d'alliance offensive et dŽfensive entre le SacrŽ-CÏur et son fils a”nŽÈ, dit l'abbŽ Vial, Marguerite-Marie demande au nom de Dieu :

ÇDe faire un Ždifice ou serait le tableau de ce Divin CÏur pour y recevoir les hommages du Roi et de la cour.

ÇDe plus ce Divin CÏur veut se rendre protecteur et dŽfenseur de sa sacrŽe personne contre tous ses ennemis visibles et invisibles dont il la veut dŽfendre et mettre son salut en assurance par ce moyenÈ.

ÇCÕest pourquoi Il l'a choisi, comme son fidle ami, pour faire autoriser la messe en Son honneur par le Saint-Sige apostolique et en obtenir tous les autres privilges qui doivent accompagner la dŽvotion de ce Divin CÏur, par laquelle il lui veut dŽpartir les trŽsors de Ses gr‰ces de sanctification et de salut en rŽpandant avec abondance Ses bŽnŽdictions sur toutes ses entreprises qu'il fera rŽussir ˆ Sa gloire, en donnant un heureux succs ˆ ses armes pour le faire triompher de la malice de ses ennemis...

ÇMais comme Dieu a choisi le RŽvŽrend Pre de la Chaise pour l'exŽcution de ce dessein, par le pouvoir qu'il lui a donnŽ sur le cÏur de notre grand roi, ce sera ˆ lui de faire rŽussir la chose [163] ... È

 

Sous l'influence de ses conseillers religieux, le Roi ne rŽpondit pas ˆ l'appel divin et, depuis lors, il ne connut plus gure que les revers ; et les malheurs les plus effroyables s'abattirent sur la famille Royale [164] . C'Žtait le ch‰timent divin. Le Roi l'avait compris et, appelant ˆ Marly le MarŽchal de Villars pour lui remettre le commandement de sa dernire armŽe, suprme espoir de salut (70 000 hommes contre 120 000) il lui dit en pleurant :

ÇVous voyez mon Žtat ; Dieu me punit, je l'ai bien mŽritŽ !

ÇS'il vous arrive malheur, vous l'Žcrirez ˆ moi seul. Je monterai ˆ cheval, je passerai par Paris, votre lettre ˆ la main. Je connais les Franais. Je vous amnerai deux cent mille hommes et nous mourrons ensemble, ou nous sauverons l'Etat !È

 

Le Roi monta ˆ cheval, mais ce fut pour annoncer au peuple : ÇMes enfants, Victoire ! Victoire !È et le peuple de le suivre, ivre d'enthousiasme, ˆ Notre-Dame chanter le Te Deum.

Les larmes (larmes si Žmouvantes) et le repentir du grand Roi avaient flŽchi la colre cŽleste. La Providence avait exaucŽ le Roi, dont la vie privŽe depuis trente ans Žtait exemplaire et qui Žtait revenu ˆ la pratique intŽgrale de ses devoirs religieux : la paix fut faite ; mais une paix qui brisait le cÏur du Monarque : c'est Guillaume III et le principe protestant qui sortent vainqueurs de cette lutte : le prŽtendu droit des peuples contre l'autoritŽ lŽgitime des souverains : le duc d'Anjou, Philippe V, reste roi d'Espagne, mais renonce pour lui et ses hŽritiers ˆ la couronne de France [165] . (TraitŽs d'Utrecht 1713 et de Rastadt 1714).

Ds lors le Protestantisme ne cessa de grandir et d'Žtendre ses bras de pieuvre sur tout le vieux monde, enserrant tous les jours davantage le Catholicisme. Les traitŽs de 1919 ne seront que la consŽcration de l'hŽgŽmonie des puissances protestantes et l'abaissement des puissances catholiques, prŽlude de la domination juive sur le monde [166] . Mais l'heure de Dieu est proche ; Il renversera, comme des ch‰teaux de cartes, tous les projets et toutes les constructions de cette conjuration impie qui dure depuis deux sicles ; et ce, au moment prŽcis o Satan croira l'emporter dŽfinitivement.

Quelles qu'aient ŽtŽ les consŽquences de ces traitŽs, le Roi avait sauvŽ l'honneur, il pouvait mourir. ÇCette mort fut celle d'un saintÈ Žcrit l'abbŽ Vial. Jamais Roi n'avait portŽ si haut l'Žclat de la majestŽ royale, jamais prince ne sut allier ˆ plus de magnificence une plus grande simplicitŽ ; jamais Souverain n'eut plus conscience de la grandeur et des devoirs de sa charge que Louis XIV !

 

LOUIS XV

 

La premire partie du rgne de Louis XV est heureuse ; la paix dure plusieurs annŽes et permet au Royaume de relever ses ruines causŽes par les dernires guerres de Louis XIV.

Le Roi Žpouse une pieuse princesse, Marie Leczinska, en 1725, et, comme en 1728, ils n'ont que deux filles et dŽsirent un hŽritier pour leur couronne Çle jour de l'immaculŽe Conception, 8 dŽcembre 1728, dans une communion fervente ˆ laquelle le clergŽ et le peuple s'unirent, ils supplirent Dieu de donner un hŽritier au tr™neÈ.

Ils furent exaucŽs le 4 septembre 1729.

ÇChose extraordinaire, que nous ne dirons jamais assez, Žcrit l'abbŽ Vial, des dix enfants de Louis XV, ce fut le seul hŽritier salique.

ÇMme fait, rŽpŽtons-le, pour Louis XIV, nŽ lui-mme miraculeusement. Des six enfants qu'il eut de sa femme Marie-ThŽrse, un seul hŽritier salique survŽcut : le Grand Dauphin dont la naissance fut obtenue, comme la sienne, par les prires du Frre Fiacre. Comme si Dieu avait voulu marquer, ˆ l'Žvidence, que ces trois hŽritiers n'avaient ŽtŽ obtenus que parce qu'ils avaient ŽtŽ demandŽs !È

 

La Providence continue Ses bienfaits parce que la Famille Royale tout entire reste profondŽment chrŽtienne ; la seule guerre qui Žclate est rapidement menŽe et rapporte, ˆ la mort de Stanislas, la Lorraine et le comtŽ de Bar ˆ la France.

Mais hŽlas, bient™t, non seulement le Roi se jette dans la dŽbauche, mais encore il laisse les philosophes empoisonner l'opinion publique. La faveur divine cesse.

La guerre de Succession d'Autriche est une trs grosse erreur diplomatique et le traitŽ dÕAix-la-Chapelle ne donne ˆ la France aucun avantage. On se bat Çpour le Roi de PrusseÈ et le peuple crie : Ç Bte comme la paix !È

Un chef-d'Ïuvre diplomatique, qui en temps normal ežt dž sauver la France et mme Žviter au monde catholique les deux sicles de secousses qu'il vient de traverser, parce qu'il rŽunissait, sur terre comme sur mer, les puissances catholiques contre les puissances protestantes le renversement des alliances, complŽtŽ par le Pacte de Famille, aboutit ˆ deux rŽsultats dont les consŽquences seront trs graves :

1¡ La guerre de Sept Ans, qui se termine par un dŽsastre et la perte de nos colonies au traitŽ de Paris ;

2¡ L'opinion publique simpliste, excitŽe contre l'Autriche, par les philosophes vendus ˆ la Prusse et ˆ l'Angleterre, ne comprend pas la pensŽe royale : un fossŽ se creuse entre la Monarchie et le peuple, qui sera l'une des causes de la RŽvolution, ainsi que l'explique remarquablement M. Jacques Bainville dans son Histoire de deux peuples.

MalgrŽ ses fautes, Dieu n'est pas inexorable pour Louis XV. Les prires de la Reine et du Dauphin avant leur mort, celles des princesses royales et surtout de Madame Louise, CarmŽlite, flŽchissent la colre divine. Le 4 mai 1774, le Roi chasse sa favorite : ÇJe me dois ˆ Dieu et ˆ mon peuple; il faut que vous vous retiriez!È Il se confesse, malgrŽ son entourage de courtisans dŽbauchŽs, et le 8, comme on lui apporte le Saint Viatique, il se jette hors du lit, voulant tre ˆ genoux pour communier. Ds lors il est rŽconciliŽ avec Dieu et meurt chrŽtiennement le 10 mai.

 

LOUIS XVI, LE ROI MARTYR

 

Les Historiens, en gŽnŽral, n'accordent au rgne de Louis XVI qu'une place tout ˆ fait injuste et laissent, systŽmatiquement, dans l'ombre les bienfaits et les gloires que le Royaume en a retirŽs. Aussi, la pŽriode de 1774 ˆ 1789 devient-elle incomprŽhensible, alors que ce rgne, s'il ne s'Žtait achevŽ par la RŽvolution, ežt ŽtŽ l'un des meilleurs et des plus glorieux [167] .

Tous les tŽmoignages sont d'accord : jamais, auparavant, le commerce ne fut plus florissant, ni la bourgeoisie plus riche ; la prospŽritŽ Žtait gŽnŽrale.

La rŽorganisation de l'ArmŽe et la reconstitution de la Marine, poursuivies sous l'impulsion personnelle du Roi, avec une remarquable persŽvŽrance, permirent d'arracher ˆ l'Angleterre le sceptre des mers, de venger le TraitŽ de Paris et d'assurer l'IndŽpendance AmŽricaine. Gr‰ce ˆ ces victoires, le Comte de Vergennes put reprendre la traditionnelle action pacificatrice de notre diplomatie admirable rŽsultat de la conduite la plus habile et la plus honnte. Jamais, peut-tre, la politique royale ne s'Žleva ˆ une conception plus sžre et plus haute du r™le que devait jouer la France dans le monde.

De tels rŽsultats suffiraient ˆ assurer la gloire d'un rgne.

Malheureusement, on ne veut voir que la situation financire du Royaume, assurŽment mauvaise, mais non catastrophique, sans chercher les raisons du dŽficit.

En stricte justice, deux points sont ˆ examiner :

1¡ Les causes qui provoqurent la crise financire Žtaient-elles normales et lŽgitimes ?

2¡ La crise Žtait-elle insoluble ?

Les causes sont au nombre de quatre.

1¡ La rŽorganisation de la marine, gr‰ce ˆ laquelle la France va pouvoir venger le traitŽ de Paris.

2¡ La rŽorganisation de l'armŽe, qui a permis ˆ la RŽvolution et ˆ l'Empire de tenir tte victorieusement pendant vingt ans ˆ l'Europe coalisŽe. On oublie trop souvent, en effet, que NapolŽon ne se servit jamais que de l'artillerie et des fusils perfectionnŽs sous Louis XVI.

3¡ La guerre de l'IndŽpendance AmŽricaine, qui cožta fort cher ˆ l'Žpoque, mais dont les avantages furent infiniment plus grands, puisqu'ils se firent sentir prs d'un sicle et demi aprs ; vŽritable capital amassŽ pour l'avenir. En effet, par le TraitŽ de Versailles, la France vengeait le TraitŽ de Paris, elle arrachait ˆ l'Angleterre sa suprŽmatie maritime et, en proclamant l'IndŽpendance AmŽricaine, s'assurait pour l'avenir un appui rendu possible par la fraternitŽ d'armes des deux peuples ˆ l'origine mme de la vie de l'un d'eux. Si les AmŽricains sont entrŽs en guerre, en 1917, aux c™tŽs des AlliŽs, peut-tre le doit-on, en partie, au rgne de Louis XVI.

4¡ Les emprunts contractŽs par le gouvernement AmŽricain pour lui permettre de crŽer les organes qui constituent un ƒtat. Le Roi ne rŽclama jamais ni capital ni intŽrt [168] , ce dont les AmŽricains paraissent de nos jours avoir compltement perdu le souvenir !

Ainsi donc, les dŽpenses qui provoqurent la crise financire sont trs lŽgitimes et ne sont pas ˆ comparer avec les avantages qu'elles ont permis de rŽaliser. Enfin, il appara”t trs nettement que la situation n'Žtait pas insurmontable. Nous laissons la parole ˆ l'Žminent historien qu'Žtait M. Jacques Bainville : ÇDeux faits vont rŽpondre : le dŽficit, d'aprs le compte-rendu de Brienne Žtait de cent soixante millions sur une dŽpense d'un demi-milliard. La France comptait alors environ vingt-cinq millions d'habitants, c'Žtait une affaire de six ˆ sept francs par tte. D'autre part le service des emprunts absorbait la moitiŽ des recettes. Une proportion semblable a semblŽ excessive et irrŽmŽdiable jusqu'au jour o nos budgets d'aprs-guerre ont montrŽ une proportion encore plus forte. On ne peut donc pas dire que la situation fžt dŽsespŽrŽe [169] È.

La RŽvolution n'avait pas de raison d'tre.

Jamais Roi ne fut plus passionnŽ pour le bonheur de son peuple que Louis XVI : Ç Depuis deux heures, dit-il ˆ Malesherbes, je recherche en ma mŽmoire si durant le cours de mon rgne j'ai donnŽ volontairement ˆ mes sujets quelque juste motif de plainte contre moi. Eh bien ! Je vous le jure comme un homme qui va para”tre devant Dieu, j'ai constamment voulu le bonheur de mon peuple et je n'ai pas fait un seul vÏu qui lui fžt contraireÈ.

Jamais peuple ne fut plus ingrat envers son Roi, exception faite du peuple Juif ˆ l'Žgard du Christ.

Pourquoi la RŽvolution a-t-elle eu lieu ? Comment a-t-elle pu tre prŽparŽe et par qui ? C'est ce que nous verrons dans un prochain ouvrage [170] .

Ds maintenant, nous dirons que l'une des principales causes est le relvement maritime de la France. En effet en 1762 Lord Chatham s'Žcrie :

Çque les ministres de sa majestŽ n'oublient jamais le principe directeur de toute notre politique la seule chose que lÕAngleterre ait a craindre ici-bas, c'est de voir la France devenir une puissance maritime, commerciale et coloniale [171]

Ce fut prŽcisŽment I'Ïuvre de Louis XVI.

Le Roi, en effet, arracha ˆ l'Angleterre le sceptre des mers et, gr‰ce ˆ son appui, les InsurgŽs d'AmŽrique purent secouer le joug anglais.

En 1789, la France possde 71 Vaisseaux de ligne, 64 FrŽgates, 45 Corvettes, 35 Gabarres, soit 272 unitŽs navales munies des derniers perfectionnements; quatre-vingt mille Officiers et Marins. Le ÇGrand CorpsÈ fondŽ par Suffren compte les plus beaux noms.

Les Arsenaux travaillent jour et nuit. Nous avons trois grands Ports militaires et six petits. Louis XVI veut crŽer un port formidable en face de Portsmouth : Cherbourg. Les cartes marines sont refaites d'aprs les expŽditions envoyŽes ˆ cet effet dans les diverses parties du Monde, etc...

Notre Etat-Major a un tel renom que Catherine II, les Rois de Naples, de Sude, de Danemark, sollicitent et obtiennent de Louis XVI que nos officiers aillent instruire leurs Žquipages.

On comprend ce cri d'angoisse et de haine de Lord Chatham aux Communes :

Çla gloire de lÕAngleterre est passŽe ; elle faisait, hier, la loi aux autres ; aujourd'hui, elle doit la subir. lÕAngleterre ne parviendra jamais a la suprŽmatie des mers tant que la dynastie des Bourbons existera [172]

L'Angleterre va se venger : huit ans aprs nos victoires, la RŽvolution commence ; elle ouvre l're de la dŽb‰cle ; neuf ans aprs la prise de la Bastille, il ne reste plus rien de notre marine : Aboukir, Trafalgar. Depuis lors nous n'avons jamais pu nous relever. L'Angleterre avait bien vu que quiconque a la ma”trise des Mers, possde en mme temps celle du monde.

 

Mais on se ferait une idŽe incomplte du but qu'elle a poursuivi dans la RŽvolution de 1789, si on n'y voyait pas un des Žpisodes de la lutte gŽante qui se livre depuis l'origine du monde, celle du mal contre le bien, de Satan contre Dieu. En fait, l'Angleterre veut sans doute affaiblir la France mais, exŽcutrice des secrets desseins des loges, elle poursuit la fille a”nŽe de lÕEglise, et son but suprme est d'abaisser Rome. la maonnerie sent bien que, pour assurer son hŽgŽmonie mondiale, le catholicisme lui barre la route ; il lui faut tout d'abord abattre le roi trs chrŽtien pour rendre la France impuissante et ainsi dŽsarmer le pape.

C'est l'Angleterre, en effet, que Satan a choisie ˆ ce moment pour exŽcuter ses desseins. Son Çsplendide isolementÈ la met ˆ l'abri des incursions de ses voisins, son anticatholicisme farouche est un ŽlŽment indispensable, ses colonies lui permettent d'Žtendre son action sur le monde entier.

En 1717, ˆ Londres, se rŽunissent les dŽlŽguŽs de toutes les sectes secrtes : Kabbalistes juifs, alchimistes, rose-croix, dŽbris des Templiers, etc... Le Gouvernement anglais, gagnŽ aux projets criminels de la JudŽo-Maonnerie, fonde dans toute l'Europe, entre 1725 et 1750, les loges o se prŽparera le travail secret destinŽ ˆ saper les gouvernements qui doivent tre renversŽs et ˆ diriger les autres dans le sens voulu par la secte.

La Langue Franaise, Žtant la plus universellement rŽpandue, va servir de canal pour pervertir les Žlites dans le monde : les francs-maons Voltaire, d'Alembert, Diderot, etc... tout imprŽgnŽs des doctrines sataniques, composent l'EncyclopŽdie. Leur travail de trahison leur est grassement payŽ par les Rois d'Angleterre et de Prusse qui sont trop heureux de dŽtruire la Monarchie Franaise.

Voltaire, qui fŽlicite FrŽdŽric Il de sa victoire de Rossbach sur les Franais, recommande ˆ ses collaborateurs :

ÇMentez, mentez sans cesse, il en restera toujours quelque choseÈ. Et il se vante d'ǎcraser l'Inf‰meÈ, et pour lui, l'inf‰me c'est Dieu.

Diderot, de son c™tŽ, Žcrit en 1768 : ÇLe genre humain ne sera heureux que quand on aura ŽtranglŽ le dernier roi avec les boyaux du dernier prtreÈ.

Enfin un futur conventionnel, Mercier, dans un ouvrage aujourd'hui Introuvable, L'an 2440, Žcrit dans le chapitre intitulŽ : Pas si ŽloignŽ qu'on le pense :

ÇLa souverainetŽ absolue est abolie par les ƒtats GŽnŽraux, la Monarchie n'est plus, la Bastille est renversŽe, les Monastres sont abolis, les moines mariŽs, le divorce permis, le Pape dŽpossŽdŽ de ses ƒtats. O Rome que je te hais... È

 

Ainsi, ds la fin du rgne de Louis XV, toute la rŽvolution est annoncŽe. Quand Louis XVI monte sur le Tr™ne, la Maonnerie, par l'intermŽdiaire de Turgot, cherche ˆ dissuader le Roi de se faire sacrer afin de sŽculariser la RoyautŽ ChrŽtienne. N'ayant pu y parvenir, elle fait afficher sur les murs de Reims, le jour du Sacre, la menace suivante : sacrŽ le 11, massacrŽ le 12, et d'Alembert Žcrit au Roi de Prusse son dŽpit de voir que la "philosophie" n'est pas encore assez puissante pour empcher cette cŽrŽmonie.

La Secte redouble d'efforts : pour dŽcerveler les esprits, elle fonde partout des sociŽtŽs de lectures et de pensŽes et fait imprimer ˆ Londres d'innombrables pamphlets et libelles contre la Religion et la RoyautŽ que ses affiliŽs distribuent secrtement jusque dans les campagnes. Elle pousse dans les postes les plus importants ses crŽatures aprs la mort du Cardinal de Fleury, qui avait vu clair dans son jeu. Bient™t de nombreux ministres font partie des loges, le clergŽ et jusqu'ˆ des ƒvques sont affiliŽs, la censure des livres est dirigŽe par un initiŽ et pour se procurer des fonds, la secte rŽussit ˆ faire nommer ˆ la garde du TrŽsor Royal l'un de ses chefs, Savalette de Lange.

 

Ds 1781, le Pre Beauregard ˆ Notre-Dame s'Žcrie, dŽvoilant 12 ans ˆ l'avance le culte de la dŽesse raison et la profanation dont la basilique sera l'objet :

ÇOui, c'est au Roi et ˆ la Religion que les philosophes en veulent : la hache et le marteau sont dans leurs mains, ils n'attendent que l'instant favorable pour renverser le Tr™ne et l'Autel... Et toi, divinitŽ inf‰me du paganisme, impudique VŽnus, tu viens ici mme prendre audacieusement la place du Dieu vivant... È

 

Les Convents de Wilhemsbad (1782) et de Francfort (1786) dŽcrtent l'assassinat de Louis XVI, si bien qu'en 1789, lors de l'entrŽe du Roi aux ƒtats GŽnŽraux, Mirabeau, l'un des initiŽs, dŽsignant Louis XVI du doigt dira tout haut : ÇVoilˆ la victimeÈ.

Au retour du Convent de Francfort, le Comte de Virieu, enfin dŽsabusŽ, dira :

ÇJe ne vous rŽvŽlerai pas ce qui s'est passŽ. Ce que je puis seulement vous dire c'est que tout ceci est autrement sŽrieux que vous ne pensez. La conspiration est si bien ourdie qu'il sera, pour ainsi dire, impossible ˆ la Monarchie et ˆ l'Eglise d'y ŽchapperÈ. Et il se retira aussit™t de la secte ds qu'il vit qu'elle poursuivait la ruine de la Religion, le dŽshonneur de la Reine et la mort du Roi [173] .

 

La Reine devait tre la premire atteinte parce que la Maonnerie, a dit Mirabeau, connaissait

Çson caractre, sa justesse d'esprit et sa fermetŽ. C'Žtait donc elle qui serait le premier objet de l'attaque comme la premire et la plus forte barrire du tr™ne et comme la sentinelle qui veille de plus prs ˆ la sžretŽ du MonarqueÈ.

La secte monte alors de toute pice l'Affaire du Collier [174] pour dŽshonorer la Reine et discrŽditer la Monarchie et l'Eglise. M. Funck-Brentano prouve irrŽfutablement l'innocence de Marie-Antoinette et ajoute : ÇLa vertu mme de la Reine, sa puretŽ leur Žtaient une insulte et c'est cette puretŽ qu'ils s'efforcent de dŽtruireÈ. La brche Žtait ouverte dans le Çfront populaire de la MonarchieÈ, ds lors la Maonnerie soutenue par les subsides de Philippe d'OrlŽans le futur citoyen ƒgalitŽ et aussi par ceux du Comte de Provence, rŽpand ˆ profusion des pamphlets et des libelles inf‰mes et immondes contre la Reine [175] pendant que les Cagliostro, Saint-Germain et autres agents judŽo-maons achvent de tourner toutes les ttes par le spiritisme.

Le travail de perversion gŽnŽrale des esprits Žtant suffisamment avancŽ, le ComitŽ Central du Grand Orient envoie en juin 1788 ˆ toutes les loges de province les instructions secrtes pour dŽclencher la rŽvolution en 1789. La circulaire est Ždifiante :

ÇAussit™t que vous aurez reu le paquet ci-joint, vous en accuserez rŽception. Vous y joindrez le serment d'exŽcuter fidlement et ponctuellement tous les ordres qui vous arriveront sous la mme forme, sans vous mettre en pensŽe de savoir de quelle main ils partent ni comment ils vous arrivent. Si vous refusez ce serment ou si vous y manquez, vous serez regardŽ comme ayant violŽ celui que vous avez fait ˆ votre entrŽe dans l'ordre des frres. Souvenez-vous de l'aqua tophana ; souvenez-vous des poignards qui attendent les tra”tres ! È [176]

 

A ce moment, il y a 629 loges en France dont 63 ˆ Paris, 442 en province rŽparties dans 282 villes, 39 aux Colonies et 69 dans l'armŽe et la marine qui, toutes, obŽissent au mme mot d'ordre secret. Ce sont les Loges qui prŽparent les Žlections aux AssemblŽes des Notables et qui, ayant obtenu la convocation des ƒtats GŽnŽraux, rŽdigent les Cahiers de dolŽance, tous dans les mmes termes en Bretagne, comme en Bigorre, en DauphinŽ, comme en Alsace ou dans l'ële de France, et font Žlire les initiŽs : sur 605 dŽputŽs, 477 sont francs-maons. Un peu plus tard, ˆ la Convention, 27 prtres apostats siŽgeront !

La prise de la Bastille devait tre le signal de la RŽvolution. Alors, on put assister ˆ ce spectacle : la France entire, le mme jour, ˆ la mme heure fait les mmes demandes, le peuple se soulve au mme moment ; les mmes rumeurs circulent : les brigands.

ÇLes Franais d'alors semblent obŽir ˆ une sorte d'harmonie prŽŽtablie qui leur fait faire les mmes actes et prononcer les mmes paroles partout, en mme temps, et qui conna”t les faits et gestes de tels bourgeois du DauphinŽ ou de l'Auvergne, sait l'histoire de toutes les villes de France au mme momentÈ. [177]

 

Partout le mot d'ordre maonnique s'exŽcutait.

Une des devises de la Maonnerie Žtait ÇLilia destrue pedibusÈ et lors de la cŽrŽmonie initiatique de l'un des hauts gradŽs de la secte, celui de Chevalier Kadosch, le rŽcipiendaire devait jurer haine ˆ la PapautŽ et ˆ la RoyautŽ et plonger un poignard dans le cÏur de deux mannequins couronnŽs, l'un d'une tiare et l'autre de la Couronne de France. Toute la RŽvolution est essentiellement maonnique, et donc satanique. Quand Louis XVI et Marie-Antoinette dŽcouvrirent la main de la secte, il Žtait trop tard

ÇQue n'ai-je cru il y a onze ans tout ce que je vois aujourd'hui, dit le Roi en 1792 ˆ un ami fidle, on me l'avait, ds lors, tout annoncŽÈ.

ÇPrenez bien garde, lˆ-bas, ˆ toute association de francs-maons, c'est par cette voie que tous les monstres d'ici comptent d'arriver dans tous les pays au mme butÈ, Žcrivit ˆ son tour la Reine ˆ son frre, l'Empereur LŽopold, le 17 aožt 1790.

ÇOn ne saurait mettre en doute que la RŽvolution, qui fit tomber la tte de Louis XVI, n'ait voulu abattre le principe de l'autoritŽ divineÈ [178] .

 

On ne saurait douter non plus qu'il fallait un ch‰timent pour les crimes du peuple comme pour les fautes de ses Rois : ce fut la RŽvolution.

 

Il fallait aussi des victimes expiatoires : ce furent Louis XVI, Marie-Antoinette, Madame ƒlisabeth et les martyrs de la Terreur, sans oublier Louis XVII dont la survie ne fut qu'un long et crucifiant calvaire. Aussi, n'est-on pas surpris de voir l'ƒglise s'acheminer peu ˆ peu vers la canonisation de tous ceux qui furent exŽcutŽs ou massacrŽs par les sans-culottes : les Bienheureuses Filles de la CharitŽ d'Arras ; les trente-deux Bienheureuses Martyres d'Orange, les seize CarmŽlites de Compigne, les Martyrs des Carmes, de l'Abbaye et de la Force, les Prtres dŽportŽs des ëles de la Charente et de la Guyane, les SÏurs de la CharitŽ d'Angers, les onze Ursulines de Valenciennes, SÏur Rutan de Dax, etc., etc., sans oublier le saint Pape Pie VI, mort prisonnier de la RŽpublique ˆ Valence ˆ la suite de traitements indignes (29 aožt 1799). La RoyautŽ s'effondre, sous les coups sataniques de la Maonnerie, dans une apothŽose de saintetŽ et de martyre [179] :

Madame Louise de France, fille de Louis XV, la VŽnŽrable prieure du Carmel de Saint-Denis. Son Frre, le Dauphin, dont la vie toute de piŽtŽ et de foi fut exemplaire et qui fut le pre de trois martyrs ou saints : Le Roi Louis XVI, martyr, Madame ƒlisabeth, martyre, La VŽnŽrable Marie-Clotilde, Reine de Sardaigne.

Ajoutons encore ˆ cette couronne cŽleste, la Reine Marie-Antoinette, martyre, contre laquelle les sectes diaboliques se sont acharnŽes avec d'autant plus de haine que son caractre Žtait plus noble, plus grand et plus Žnergique.

Ce sont autant de protecteurs cŽlestes qui viendront se joindre ˆ tant d'autres, au c™tŽ de saint Louis et de Jeanne d'Arc, pour intercŽder en faveur de notre France.

 

Trois documents montreront, mieux qu'aucun autre, la piŽtŽ du Roi. Le premier est trop peu connu ; c'est la lettre qu'il Žcrivit le 2 juillet 1790 au Pape au sujet de la Constitution Civile du ClergŽ.

Ç... Trs Saint Pre, c'est en vous seul que j'ai mis mon espoir. Le petit fils de saint Louis, soumis au Successeur de saint Pierre, Vous demande non seulement des conseils, mais des ordres qu'il s'empressera de faire exŽcuter...

ÇMais le temps presse; l'esprit impur a soufflŽ. Trs Saint Pre, soyez l'interprte du Ciel. H‰tez-Vous de prononcer ; soyez l'Ange de lumire qui dissipe les tŽnbres. J'attends avec impatience Votre dŽcision, cette Bulle que rŽclame le ClergŽ et que Vous demande le Fils A”nŽ de I'Eglise, toujours fidle au Saint-Sige. LouisÈ.

 

Le Roi ne signa la Constitution Civile du ClergŽ que parce que les deux Archevques, dŽsignŽs par le Pape pour le conseiller, ne lui firent pas conna”tre la dŽcision pontificale.

Louis XVI avait un culte tout spŽcial envers le SacrŽ-CÏur ; aussi formula-t-il le vÏu suivant :

ÇSi par un effet de la bontŽ infinie de Dieu, je recouvre ma libertŽ, je promets solennellement :

1¡ De rŽvoquer, le plus t™t que faire se pourra, les lois qui me seront indiquŽes soit par le Pape, soit par un Concile, soit par quatre ƒvques choisis parmi les plus ŽclairŽs et les plus vertueux de mon Royaume, comme contraires ˆ la puretŽ et ˆ l'intŽgritŽ de la Foi, ˆ la discipline et ˆ la juridiction spirituelle de la Sainte Eglise Catholique, Apostolique et Romaine et notamment la Constitution Civile du ClergŽ ;

2¡ De rŽtablir sans dŽlai tous les Pasteurs lŽgitimes et tous les bŽnŽfices instituŽs par lÕEglise, dont ils ont ŽtŽ injustement dŽpouillŽs par les DŽcrets d'une puissance incompŽtente.

3¡ De prendre, dans l'intervalle d'une annŽe, tant auprs du Pape qu'auprs des ƒvques de mon Royaume, toutes les mesures qu'il faudra pour Žtablir, en suivant les formes liturgiques, une fte solennelle en l'honneur du SacrŽ-CÏur de JŽsus.

4¡ D'aller moi-mme en personne... et de prononcer... un acte solennel de la consŽcration de ma personne, de ma Famille et de mon Royaume au SacrŽ-CÏur de JŽsus, avec promesse de donner ˆ tous mes Sujets l'exemple du culte et de la dŽvotion qui sont dus ˆ ce CÏur adorable... È

 

Mais ˆ coup sžr, le plus beau monument que l'on puisse invoquer en faveur de Louis XVI, est son admirable Testament :

ÇAu nom de la Sainte-TrinitŽ, du Pre, du Fils et du Saint-Esprit, aujourd'hui vingt-cinquime jour de DŽcembre 1792, moi, Louis XVI de nom, Roi de France, Žtant depuis plus de quatre mois enfermŽ avec ma Famille dans la Tour du Temple ˆ Paris par ceux qui Žtaient mes sujets, et privŽ de toute communication quelconque, mme depuis le onze courant avec ma Famille, de plus impliquŽ dans un procs dont il est impossible de prŽvoir l'issue, ˆ cause des passions, des haines et dont on ne trouve aucun prŽtexte, aucun moyen dans aucune loi existante, n'ayant que Dieu pour tŽmoin de mes pensŽes, et auquel je puisse m'adresser, je dŽclare ici, en sa prŽsence, mes dernires volontŽs et mes sentiments.

ÇJe laisse mon ‰me ˆ Dieu, mon CrŽateur, je Le prie de la recevoir dans Sa misŽricorde, de ne pas la juger d'aprs ses mŽrites mais par ceux de Notre Seigneur JŽsus-Christ, qui s'est offert en sacrifice ˆ Dieu, Son Pre, pour nous autres Hommes quelqu'indignes que nous en fussions, et moi le premier.

ÇJe meurs dans l'union de notre Mre la Sainte Eglise Catholique et Romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession ininterrompue de saint Pierre auquel JŽsus-Christ les avait confiŽs. Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et dans les commandements de Dieu et de l'ƒglise, les Sacrements et les Mystres tels que l'ƒglise les enseigne et les a toujours enseignŽs ; je n'ai jamais prŽtendu me rendre juge dans les diffŽrentes manires d'expliquer tous les Dogmes, qui dŽchirent l'Eglise de JŽsus-Christ, mais je m'en suis rapportŽ et m'en rapporterai toujours, si Dieu m'accorde vie, aux dŽcisions que les SupŽrieurs ecclŽsiastiques unis ˆ la Sainte Eglise Catholique donnent et donneront, conformŽment ˆ la discipline de l'Eglise suivie depuis JŽsus-Christ.

ÇJe plains de tout mon cÏur nos Frres qui peuvent tre dans l'erreur; mais je ne prŽtends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en JŽsus-Christ, suivant ce que la charitŽ chrŽtienne nous enseigne. Je prie Dieu de recevoir la confession que je Lui en ai faite et surtout le repentir profond que j'ai d'avoir mis mon nom quoique cela fžt contraire ˆ ma volontŽ ˆ des actes qui peuvent tre contraires ˆ la discipline et ˆ la croyance de l'Eglise catholique, ˆ laquelle je suis toujours restŽ sincrement uni de cÏur.

ÇJe prie tous ceux que je pourrais avoir offensŽs par inadvertance de me pardonner, comme je pardonne ˆ tous ceux qui se sont faits mes ennemis.

ÇJe recommande mes enfants ˆ ma femme et la prie d'en faire surtout de bons chrŽtiens ; de ne leur faire regarder les grandeurs de ce monde, s'ils sont condamnŽs ˆ les Žprouver, que comme des biens dangereux et pŽrissables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de lՃternitŽ.

ÇJe recommande ˆ mon fils, s'il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu'il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu'il ne peut faire le bonheur des peuples qu'en rŽgnant suivant les lois.

ÇJe finis en dŽclarant devant Dieu et prt ˆ para”tre devant Lui que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancŽs contre moi.

ÇFait ˆ la Tour du Temple le 25 dŽcembre 1792. LouisÈ.

 

Ce document est insŽparable de l'allocution prononcŽe, par le Souverain Pontife, Pie VI, au Consistoire du 11 juin 1793 ; c'est la condamnation formelle de la RŽvolution, de la RŽpublique et des principes nouveaux. Cette allocution est une admirable prŽface au Syllabus de Pie IX. En voici le texte :

ÇVŽnŽrables Frres, comment notre voix n'est-elle point ŽtouffŽe dans ce moment par nos larmes et par nos sanglots? N'est-ce pas plut™t par nos gŽmissements que par nos paroles, qu'il convient d'exprimer cette douleur sans bornes que nous sommes obligŽs de retracer devant vous en vous retraant le spectacle que l'on vit ˆ Paris le 21 du mois de janvier dernier,

ÇLe Roi trs ChrŽtien Louis XVI a ŽtŽ condamnŽ au dernier supplice par une conjuration impie et ce jugement s'est exŽcutŽ. Nous vous rappellerons en peu de mots les dispositions et les motifs de la sentence. la convention nationale n'avait ni droit ni autoritŽ pour la prononcer.

Çen effet, aprs avoir aboli LA MONARCHIE LE MEILLEUR DES GOUVERNEMENTS, elle avait transporte toute la puissance publique au peuple, qui ne se conduit ni par raison, ni par conseil, ne se forme sur aucun point des idŽes justes, apprŽcie peu de choses par la vŽritŽ et en Žvalue un grand nombre d'aprs l'opinion ; qui est toujours inconstant, facile a etre trompe, entra”nŽ a tous les excs, ingrat, arrogant, cruel. La portion la plus fŽroce de ce peuple, peu satisfaite dÕavoir dŽgradŽ la majestŽ de son Roi, et dŽterminŽe ˆ lui arracher la vie, voulut qu'il fut jugŽ par ses propres accusateurs qui sՎtaient dŽclarŽs hautement ses plus implacables ennemis. DŽjˆ, ds l'ouverture du procs, on avait appelŽ, tour ˆ tour, parmi les Juges quelques DŽputŽs plus particulirement connus par leurs mauvaises dispositions, pour mieux s'assurer de faire prŽvaloir l'avis de la condamnation par la pluralitŽ des opinions.

ÇOn ne put cependant pas assez en augmenter le nombre pour obtenir que le Roi fžt immolŽ en vertu d'une majoritŽ lŽgale. a quoi ne devait-on pas sÕattendre et quel jugement exŽcrable a tous les sicles ne pouvait-on pas pressentir, en voyant le concours de tant de juges pervers, et de tant de manÏuvres employŽes pour capter les suffrages.

ÇToutefois, plusieurs d'entre eux ayant reculŽ d'horreur au moment de consommer un si grand forfait, on imagina de revenir aux opinions, et les conjurŽs ayant ainsi votŽ de nouveau, prononcrent que la condamnation Žtait lŽgitimement dŽcrŽtŽe. Nous passerons ici sous silence une foule dÕautres injustices, de nullitŽs et dÕinvaliditŽs que l'on peut lire dans les plaidoyers des Avocats et dans les papiers publics. Nous ne relevons pas non plus tout ce que le Roi fut contraint d'endurer avant d'tre conduit au supplice : sa longue dŽtention dans diverses prisons d'o il ne sortait jamais que pour tre conduit ˆ la barre de la Convention, lÕassassinat de son Confesseur, sa sŽparation de la famille Royale qu'il aimait si tendrement ; enfin cet amas de tribulations rassemblŽ sur lui pour multiplier ses humiliations et ses souffrances. Il est impossible de ne pas en tre pŽnŽtrŽ d'horreur quand on n'a point abjurŽ tout sentiment d'humanitŽ. L'indignation redouble encore de ce que le caractre unanimement reconnu de ce Prince Žtait naturellement doux et bienfaisant; que sa clŽmence, sa patience, son amour pour son peuple furent toujours inaltŽrables...

ÇMais ce que nous ne saurions pas surtout passer sous silence, c'est l'opinion universelle qu'il a donnŽe de sa vertu par son testament, Žcrit de sa main, ŽmanŽ du fond de son ‰me, imprimŽ et rŽpandu dans toute l'Europe. quelle haute idŽe on y conoit de sa vertu ! quel zle pour la religion catholique ! quel caractre d'une piŽtŽ vŽritable envers dieu ! Quelle douleur, quel repentir d'avoir apposŽ son nom malgrŽ lui ˆ des dŽcrets si contraires ˆ la discipline et ˆ la Foi orthodoxe de l'Eglise. Prt ˆ succomber sous le poids de tant d'adversitŽs qui sÕaggravaient de jour en jour sur sa tte, il pouvait dire comme Jacques Ier, Roi d'Angleterre, qu'on le calomniait dans les AssemblŽes du peuple, non pour avoir commis un crime, mais parce qu'il Žtait Roi, ce que l'on regardait comme le plus grand de tous les crimes...

Çet qui pourra jamais douter que ce monarque n'ait ŽtŽ principalement immole en haine de la foi et par un esprit de fureur contre les dogmes catholiques ? dŽjˆ depuis longtemps les calvinistes avaient commencŽ a conjurer en France la ruine de la religion catholique. mais pour y parvenir, il fallut prŽparer les esprits et abreuver les peuples de ces principes impies que les novateurs n'ont ensuite cessŽ de rŽpandre dans des livres qui ne respiraient que la perfidie et la sŽdition. c'est dans cette vue qu'ils se sont liguŽs avec des philosophes pervers. L'AssemblŽe GŽnŽrale du ClergŽ de France de 1755 avait dŽcouvert et dŽnoncŽ les abominables complots de ces artisans d'impiŽtŽ. Et Nous-mme aussi, ds le commencement de notre Pontificat, prŽvoyant les exŽcrables manÏuvres d'un parti si perfide, nous annon‰mes le pŽril imminent qui menaait l'Europe dans notre lettre Encyclique adressŽe ˆ tous les ƒvques de l'Eglise Catholique...

ÇSi l'on ežt ŽcoutŽ nos reprŽsentations et nos avis, nous n'aurions pas ˆ gŽmir maintenant de cette vaste conjuration tramŽe contre les rois et contre les empires.

ÇCes hommes dŽpravŽs s'aperurent bient™t qu'ils avanaient rapidement dans leurs projets, ils reconnurent que le moment d'accomplir leurs desseins Žtait enfin arrivŽ ; ils commencrent a professer hautement, dans un livre imprimŽ en 1787, cette maxime d'Hugues Rosaire ou bien d'un autre Auteur qui a pris ce nom, que c'Žtait une action louable que d'assassiner un souverain qui refusait d'embrasser la rŽforme ou de se charger de dŽfendre les intŽrts des Protestants en faveur de leur religion.

ÇCette doctrine ayant ŽtŽ publiŽe peu de temps avant que Louis fžt tombŽ dans le dŽplorable Žtat auquel il a ŽtŽ rŽduit, tout le monde a pu voir clairement quelle Žtait la premire source de ses malheurs. Il doit donc passer pour constant qu'ils sont tous venus des mauvais livres qui paraissaient en France, et qu'il faut les regarder comme les fruits naturels de cet arbre empoisonnŽ.

ÇAussi, a-t-on publiŽ dans la vie imprimŽe de l'impie Voltaire, que le genre humain lui devait d'Žternelles actions de gr‰ces comme au premier auteur de la RŽvolution Franaise,

ÇC'est lui, dit-on qui en excitant le peuple ˆ sentir et a employer ses forces, a fait tomber la premire barrire du despotisme : le pouvoir religieux et sacerdotal. si l'on nÕeut pas brisŽ ce joug, on n'aurait jamais brisŽ celui des tyrans. lÕun et lÕautre se tenaient si Žtroitement unis que le premier, une fois secouŽ, le second devait lՐtre bient™t aprs. En cŽlŽbrant comme le triomphe de Voltaire la chute de lÕAutel et du Tr™ne, on exalte la renommŽe et la gloire de tous les Žcrivains impies comme d'autant de gŽnŽraux d'une armŽe victorieuse. Aprs avoir ainsi entra”nŽ, par toutes sortes d'artifices, une trs grande portion du peuple dans leur parti pour mieux lÕattirer encore par leurs Ïuvres et par leurs promesses, ou plut™t pour en faire leur jouet dans toutes les provinces de la France, les factieux se sont servis du mot spŽcieux de libertŽ, ils en ont arborŽ les trophŽes et ils ont InvitŽ de tous c™tŽs la multitude ˆ se rŽunir sous ses drapeaux. C'est bien lˆ, vŽritablement, cette libertŽ philosophique qui tend ˆ corrompre les esprits, ˆ dŽpraver les mÏurs, ˆ renverser toutes les lois et toutes les institutions reues. Aussi fut-ce pour cette raison que l'AssemblŽe du ClergŽ de France tŽmoigna tant d'horreur pour une pareille libertŽ, quand elle commenait ˆ se glisser dans l'esprit du peuple par les maximes les plus fallacieuses. Ce fut encore pour les mmes motifs que nous cržmes devoir, nous-mmes, la dŽnoncer et la caractŽriser en ces termes :

ÇLes philosophes effrŽnŽs entreprennent de briser les liens qui unissent tous les hommes entre eux, qui les attachent aux Souverains et les contiennent dans le devoir. Ils disent et rŽptent jusqu'ˆ satiŽtŽ que l'homme na”t libre et qu'il n'est soumis ˆ l'autoritŽ de personne. Ils reprŽsentent, en consŽquence, la SociŽtŽ comme un amas d'idiots dont la stupiditŽ se prosterne devant les prtres et devant les rois qui les oppriment, de sorte que l'accord entre le Sacerdoce et l'Empire n'est autre chose qu'une barbare conjuration contre la libertŽ naturelle de l'homme. Ces avocats tant vantŽs du genre humain ont ajoutŽ au mot fameux et trompeur de libertŽ cet autre nom d'ŽgalitŽ qui ne l'est pas moins. Comme si entre des hommes qui sont rŽunis en sociŽtŽ et qui ont des dispositions intellectuelles si diffŽrentes, des gožts si opposŽs et une activitŽ si dŽrŽglŽe, si dŽpendante de leur cupiditŽ individuelle, il ne devait y avoir personne qui rŽun”t la force et l'autoritŽ nŽcessaires pour contraindre, rŽprimer, ramener au devoir ceux qui s'en Žcartent, afin que la SociŽtŽ, bouleversŽe par tant de passions diverses et dŽsordonnŽes, ne soit prŽcipitŽe dans l'anarchie et ne tombe pas en dissolution.

Ç... Aprs sՐtre Žtablis, selon l'expression de saint Hilaire de Poitiers, RŽformateurs des Pouvoirs publics et arbitres de la religion, tandis que le principal objet est au contraire de propager partout un esprit de soumission et dÕobŽissance, ces novateurs ont entrepris de donner une constitution a lÕEglise elle-mme par de nouveaux dŽcrets inou•s jusquՈ ce jour.

Çc'est de ce laboratoire qu'est sortie une constitution sacrilge que nous avons rŽfutŽe dans notre rŽponse du 10 mars 1791 ˆ l'exposition des principes qui nous avait ŽtŽ soumise par cent trente Žvques. on peut appliquer convenablement ˆ ce sujet ces paroles de saint cyprien : comment se fait-il que les chrŽtiens soient jugŽs par des hŽrŽtiques, les hommes sains par des malades... les juges par des coupables, les prtres par des sacrilges.

Çque reste-t-il donc de plus que de soumettre lÕEglise au capitole ? tous les franais qui se montraient encore fidles dans les diffŽrents ordres de lՎtat et qui refusaient avec fermetŽ de se lier par un serment a cette nouvelle constitution, Žtaient aussit™t accablŽs de revers et vouŽs a la mort. on s'est h‰tŽ de les massacrer indistinctement ; on a fait subir les traitements les plus barbares a un grand nombre d'ecclŽsiastiques. on a ŽgorgŽ des Žvques... ceux que l'on persŽcutait avec moins de rigueur se voyaient arrachŽs de leurs foyers et relŽguŽs dans des pays Žtrangers, sans aucune distinction dՉge, de sexe, de condition. on avait dŽcrŽtŽ que chacun Žtait libre d'exercer la religion qu'il choisirait, comme si toutes les religions conduisaient au salut Žternel ; et cependant la seule religion catholique Žtait proscrite.

Çseule, elle voyait couler le sang de ses disciples dans les places publiques, sur les grands chemins et dans leurs propres maisons. on eut dit qu'elle Žtait devenue un crime capital. ils ne pouvaient trouver aucune sžretŽ dans les Žtats voisins ou ils Žtaient venus chercher asile... tel est le caractre constant des hŽrŽsies. tel a toujours ŽtŽ, ds les premiers sicles de lÕEglise, l'esprit des hŽrŽtiques, spŽcialement dŽveloppŽ de notre temps par les manÏuvres tyranniques des calvinistes qui ont cherche persŽvŽramment a multiplier leurs prosŽlytes par toutes sortes de menaces et de violences. d'aprs cette suite ininterrompue dÕimpiŽtŽs qui ont pris leur origine en France, aux yeux de qui n'est-il pas dŽmontrŽ qu'il faut imputer a la haine de la religion les premires trames de ces complots qui troublent et Žbranlent toute lÕEurope ? personne ne peut nier que la mme cause n'ait amenŽ la mort funeste de Louis xvi. On s'est efforcŽ, il est vrai, de charger ce Prince de plusieurs dŽlits d'un ordre purement politique. Mais, le principal reproche qu'on ait ŽlevŽ contre lui, portait sur l'inaltŽrable fermetŽ avec laquelle il refusa d'approuver et de sanctionner le dŽcret de dŽportation des prtres, et la lettre qu'il Žcrivit a l'Žvque de Clermont pour lui annoncer qu'il Žtait bien rŽsolu de rŽtablir en France, ds qu'il le pourrait, le culte catholique. tout cela ne suffit-il pas pour qu'on puisse croire et soutenir, sans tŽmŽritŽ, que Louis fut un Martyr ?

Ç ...Mais, d'aprs ce que nous avons entendu, on opposera ici, peut-tre, comme un obstacle pŽremptoire au martyre de Louis, la sanction qu'il a donnŽe ˆ la Constitution, que nous avons dŽjˆ rŽfutŽe dans notre susdite rŽponse aux ƒvques de France. Plusieurs personnes nient le fait et affirment que lorsqu'on prŽsenta cette Constitution ˆ la signature du Roi, il hŽsita, recueilli dans ses pensŽes, et refusa son seing de peur que l'apposition de son nom ne produis”t tous les effets d'une approbation formelle. L'un de ses ministres que l'on nomme, et en qui le Roi avait alors une grande confiance, lui reprŽsenta que sa signature ne prouverait autre chose que l'exacte conformitŽ de la copie avec l'original, de manire que nous, ˆ qui cette Constitution allait tre adressŽe, nous ne pouvions sans aucun prŽtexte Žlever le moindre soupon sur son authenticitŽ.

ÇIl para”t que ce fut cette simple observation qui le dŽtermina aussit™t ˆ donner sa signature. CÕest aussi ce qu'il insinue lui-mme dans son testament quand il dit que son seing lui fut arrachŽ contre son propre vÏu.

ÇEt, en effet, il nÕaurait pas ŽtŽ consŽquent et se serait mis en contradiction avec lui-mme, si, aprs avoir approuvŽ volontairement la Constitution du ClergŽ de France, il lÕeut rejetŽe ensuite avec la plus inŽbranlable fermetŽ, comme il fit lorsquÕil refusa de sanctionner le DŽcret de dŽportation des Prtres non assermentŽs, et lorsqu'il Žcrivit ˆ lՃvque de Clermont quÕil Žtait dŽterminŽ ˆ rŽtablir en France le culte catholique.

ÇMais quoi qu'il en soit de ce fait, car nous n'en prenons pas sur nous la responsabilitŽ, et quand mme nous avouerions que Louis, sŽduit par dŽfaut de rŽflexion ou par erreur, approuva rŽellement la constitution au moment ou il la souscrivit serions-nous obligŽs pour cela de changer de sentiment au sujet de son martyre ? non, sans doute. si nous avions un pareil dessein, nous en serions dŽtournŽs par sa rŽtractation subsŽquente aussi certaine que solennelle et par sa mort mme qui fut votŽe comme nous lÕavons dŽmontrŽ ci-dessus, en haine de la Religion Catholique, de sorte qu'il parait difficile que l'on puisse rien contester de la gloire de son martyre.

Ç ÉAppuyŽ sur cette raison, celle du Pape Beno”t XIV, et voyant que la rŽtractation de Louis XVI, Žcrite de sa propre main et constatŽe encore par l'effusion d'un sang si pur, est certaine et incontestable, Nous ne croyons pas nous Žloigner du principe de Beno”t XIV, non pas, il est vrai, en prononant dans ce moment un DŽcret pareil ˆ celui que nous venons de citer, mais en persistant dans l'opinion que nous nous somme formŽe du martyre de ce Prince, nonobstant toute approbation qu'il avait donnŽe ˆ la Constitution Civile du ClergŽ quelle quÕelle ežt ŽtŽ.

ÇAh ! France ! Ah ! France ! toi que nos prŽdŽcesseurs appelaient le miroir de la chrŽtientŽ et l'inŽbranlable appui de la foi, toi qui, par ton zle pour la croyance chrŽtienne et par ta piŽtŽ filiale, envers le sige apostolique, ne marche pas ˆ la suite des autres nations, mais les prŽcde toutes, que tu nous es contraire aujourd'hui ! de quel esprit dÕhostilitŽ, tu parais animŽe, contre la vŽritable religion !

ÇCombien la fureur que tu lui tŽmoignes surpasse dŽjˆ les excs de tous ceux qui se sont montrŽs jusquՈ prŽsent ses persŽcuteurs les plus implacables ! et cependant tu ne peux pas ignorer, quand mme tu le voudrais, que la religion est la gardienne la plus sžre et le plus solide fondement des empires, puisquÕelle rŽprime Žgalement les abus dÕautoritŽ dans les puissances qui gouvernent, et les Žcarts de la licence dans les sujets qui obŽissent. Et cÕest pour cela que les factieux adversaires des prŽrogatives royales cherchent ˆ les anŽantir et sÕefforcent dÕamener dÕabord le renoncement ˆ la foi catholique

ÇAh ! encore une fois, France ! Tu demandais mme auparavant un roi catholique. Tu disais que les lois fondamentales du royaume ne permettaient point de reconna”tre un roi qui ne fut pas catholique, et c'est prŽcisŽment parce qu'il Žtait catholique que tu viens de l'assassiner ! È

ÇTa rage contre ce Monarque s'est montrŽe telle, que son supplice mme n'a pu ni l'assouvir, ni l'apaiser. Tu as voulu encore la signaler aprs sa mort sur ses tristes dŽpouilles ; car tu as ordonnŽ, que son cadavre fžt transportŽ et inhumŽ sans aucun appareil d'une honorable sŽpulture.

ÇO jour de triomphe pour Louis XVI ˆ qui Dieu a donnŽ et la patience dans les tribulations, et la victoire au milieu de son supplice !

Çnous avons la confiance qu'il a heureusement ŽchangŽ une couronne royale toujours fragile et des lis qui se seraient flŽtris bient™t, contre cet autre diadme impŽrissable que les anges ont tissŽ de lis immortels.

ÇSaint Bernard nous apprend dans ses lettres au Pape Eugne, son disciple, ce qu'exige de nous dans ces circonstances notre ministre apostolique, lorsquÕil exhorte ˆ multiplier ses soins afin que les incrŽdules se convertissent ˆ la Foi, que ceux qui sont convertis ne s'Žgarent plus et que ceux qui sont ŽgarŽs rentrent dans le droit chemin. Nous avons, nous aussi, pour modle la conduite de ClŽment vi, notre prŽdŽcesseur, qui ne cessa de poursuivre la punition de lÕassassinat d'AndrŽ, roi de sicile, en infligeant les peines les plus fortes a ses meurtriers et a leurs complices, comme on peut le voir dans ses Lettres Apostoliques. Mais que pouvons-nous tenter, que pouvons-nous attendre, quand il s'agit d'un peuple qui, non seulement n'a eu aucun Žgard pour nos monitions mais qui s'est encore permis, envers Nous, les offenses, les usurpations, les outrages et les calomnies les plus rŽvoltants ; et qui est enfin parvenu ˆ cet excs d'audace et de dŽlire, de composer sous notre nom des lettres supposŽes et parfaitement assorties ˆ toutes les nouvelles erreurs.

ÇLaissons-le donc s'endurcir dans sa dŽpravation puisqu'elle a pour lui tant d'attraits, et espŽrons que le sang innocent de Louis crie en quelque sorte et intercde pour que la France reconnaisse et dŽteste son obstination ˆ accumuler sur elle tant de crimes, et qu'elle se souvienne des ch‰timents effroyables qu'un Dieu juste, Vengeur des forfaits, a souvent infligŽs ˆ des Peuples qui avaient commis des attentats beaucoup moins Žnormes.

ÇTelles sont les rŽflexions que nous avons jugŽes les plus propres ˆ vous offrir quelques consolations dans un si horrible dŽsastre.

ÇC'est pourquoi pour achever ce qui nous reste ˆ dire, nous vous invitons au Service solennel que nous cŽlŽbrerons avec vous pour le repos de l'‰me du Roi Louis XVI, quoique les prires funbres puissent para”tre superflues quand il s'agit d'un chrŽtien qu'on croit avoir mŽritŽ la palme du martyre, puisque Saint Augustin dit que l'ƒglise ne prie pas pour les martyrs, mais quÕelle se recommande plut™t ˆ leurs prires... [180] È.

 

Joseph de Maistre Žcrit sur le rŽgicide de Louis XVI cette page terrible et vŽritablement prophŽtique :

ÇUn des plus grands crimes qu'on puisse commettre, c'est sans doute l'attentat contre la souverainetŽ, nul n'ayant des suites plus terribles. Si la souverainetŽ rŽside sur une tte, et que cette tte tombe victime de l'attentat, le crime augmente d'atrocitŽ. Mais si ce souverain n'a mŽritŽ son sort par aucun crime ; si ses vertus mmes ont armŽ contre lui la main des coupables, le crime n'a plus de nom. A ces traits on reconna”t la mort de Louis XVI ; mais ce quÕil est important de remarquer, c'est que jamais un plus grand crime n'eut plus de complicesÉ

ÇIl faut encore faire une observation importante, c'est que tout attentat commis contre la souverainetŽ au nom de la nation est toujours plus ou moins un crime nationalÉ

ÇOr, tous les crimes nationaux contre la souverainetŽ sont punis sans dŽlai et d'une manire terrible ; cÕest une loi qui n'a jamais souffert d'exceptionÉ

Ç Chaque goutte de sang de Louis XVI en cožtera des torrents ˆ la France ! quatre millions de Franais peut-tre payeront de leurs ttes le grand crime national d'une insurrection antireligieuse et anti-sociale, couronnŽe par un rŽgicide [181] È.

Ç Et comment pourrait-il en tre autrement puisque, depuis lors, la France est un corps sans tte : or un corps qui n'a pas sa tte, si bien organisŽ que vous le supposiez, n'est qu'un cadavre [182] .

Ç C'est pourquoi depuis cette date fatale du 21 janvier 1793, pas un de nos Žchecs nationaux qui n'ait scellŽ quelque ruine, sinon dŽfinitive, tout au moins fort durable, puisque le dommage en a subsistŽ jusqu'ˆ nous. Et pas un succs, pas une gloire, pas une conqute, pas un bonheur national qui n'ait eu les lendemains les plus douloureux. La suite de nos Rois reprŽsente la plus admirable continuitŽ d'un accroissement historique, et l'assassinat dŽ l'un d'eux donne le signal des mouvements inverses qui, malgrŽ la multitude des compensations provisoires, prennent dans leur ensemble la forme d'une rŽgression. Pour le progrs social comme pour les mÏurs, pour l'ordre politique comme pour l'Žtendue territoriale ou le nombre des habitants par rapport ˆ celui des autres ƒtats d'Europe, la France est tombŽe au-dessous de ce qu'elle Žtait en 1793. Premier fait ! Second fait ! avec des ressources admirables et d'incomparables moyens, la France tend ˆ persŽvŽrer dans la chute en raison mme des principes qui la dŽterminrent il y a 116 ans (aujourd'hui plus de 200) ˆ son rŽgicide È.

Ç Il est donc vrai qu'en coupant la tte ˆ son Roi, la France a commis un suicide [183] È.

 

Le rŽgicide vint ajouter ˆ notre Monarchie le plus beau fleuron : A la RoyautŽ, saint Louis avait donnŽ l'aurŽole de la saintetŽ, Henri IV de la bontŽ, Louis XIII de la justice, Louis XIV de la gloire et de la grandeur jusque dans le malheur, Louis XV de l'Žlan du repentir ŽclairŽ par la foi sur son lit de mort. Il lui manquait le sceau du martyr : Louis XVI l'en sacra.

par l'assassinat monstrueux de son roi [184] , la France a rompu le pacte plus que millŽnaire qui la liait au Christ. ds lors la suite de notre histoire n'est qu'une longue sŽrie de ch‰timents qui continueront jusqu'au jour ou notre patrie reviendra au bercail divin pour reprendre en main l'ŽpŽe de Dieu.

Ce jour viendra inŽluctablement, car si la rŽvolution satanique l'emporta, son triomphe ne fut pas sans une lutte acharnŽe, atroce, gr‰ce au soulvement hŽro•que de la VendŽe.

ÇSeule ou presque seule de toutes les provinces franaises, la VendŽe eut la fiertŽ de ne pas courber la tte sous l'ouragan rŽvolutionnaire. Semblable ˆ l'Archange saint Michel, champion des droits de Dieu contre le premier des rŽvolutionnaires, Lucifer, elle n'hŽsita point ˆ dresser les forces du bien contre celles du mal... Elle dŽfendit, au prix de son sang, cet ordre social chrŽtien qui avait fait, pendant des sicles, l'honneur et la force de la France.

ÇSurtout, c'est gr‰ce ˆ la rŽsistance acharnŽe et indomptable de la VendŽe que la France put recouvrer ses libertŽs religieusesÈ.

La VendŽe a donc sauvŽ la Foi et l'honneur de la France et permis les rŽsurrections futures de notre Patrie. Nous ne proclamerons jamais assez et sa gloire, et notre reconnaissance ! [185]

 

LÕESPRIT APOSTOLIQUE DE LA ROYAUTƒ FRAN‚AISE

 

On se ferait une idŽe incomplte du r™le de nos Rois si l'on n'Žtudiait pas succinctement leur esprit d'apostolat.

DŽjˆ au temps des MŽrovingiens, Clovis subjugue les hŽrŽtiques et fait triompher l'ƒglise Romaine de l'hŽrŽsie Arienne. Puis ses successeurs encouragent et appuient l'ŽvangŽlisation des peuples voisins ; des Princesses franques, mariŽes ˆ des Rois pa•ens ou hŽrŽtiques, convertissent leurs Žpoux et leurs peuples telle que Berthe, reine d'Angleterre en 597.

Les Carolingiens convertissent les Saxons et les Germains.

Quant aux CapŽtiens, non seulement ils entra”nent le monde aux Croisades et dŽposent en Orient le germe des futures moissons apostoliques [186] , mais, ds que la prospŽritŽ intŽrieure et la paix extŽrieure leur en laissent la possibilitŽ, ils tournent leurs regards vers l'apostolat missionnaire :

ÇLa principale intention du Roy estant qu'on travaille ˆ estendre la Religion Catholique, Apostolique et Romaine et qu'on instruise les sauvagesÈ, Žcrit le Pre du Tertre dŽfinissant ainsi la pensŽe fondamentale qui prŽside ˆ la colonisation sous l'Ancien RŽgime.

ÇCe qui frappe l'historien, quand il Žtudie les interventions du pouvoir central dans la fondation de nos vieilles colonies, c'est d'y trouver plus que des prŽoccupations commerciales et politiques, le dŽsir de civiliser et d'ŽvangŽliser, de faire na”tre aux lointains rivages une nouvelle France catholique et ap™tre, et cela, qu'il s'agisse de Richelieu ou de Colbert.

ÇAinsi, la vocation missionnaire de la France s'inscrit dans les actes officiels : elle est reconnue, affirmŽe, favorisŽe, traduite en obligations juridiques trs prŽcises par les gouvernants qui n'ont d'autre pensŽe que de remplir en chrŽtiens leurs devoirs de chefs dՃtats ou de ministres, mais qui savent que la France a dans l'Eglise, un r™le ˆ jouer et qu'il n'y a rien qui la grandisse et l'ennoblisse comme l'apostolat missionnaire [187] È, comme de faire conna”tre et aimer le Christ, comme de lui donner des ‰mes. Une fois de plus : Gesta Dei per Francos !

 

Notre premier colonisateur, Jacques Cartier, dŽbarque-t-il au Canada, dont il prend possession au nom du Roi, le 24 juillet 1534, il y plante une croix, voulant que son premier acte fžt un hommage de sa conqute au Christ.

Henri IV envoie-t-il Champlain pour rŽoccuper le Canada, celui-ci (au dire de G. Goyau) est, par excellence, "l'explorateur ap™tre". Le Roi lui envoie des missionnaires pour conquŽrir ˆ Dieu les sauvages.

Aprs la mort du Roi, la Reine, Marie de MŽdicis, soutient les missions et fait travailler les Dames de la Cour aux ornements qui leur sont destinŽs. En 1615, quand Champlain repart, il emmne de nouveaux missionnaires, les Franciscains, et Žlve la chapelle autour de laquelle va surgir la ville de QuŽbec. Pour ŽvangŽliser les Peaux-Rouges, il demande l'envoi de bonnes familles de paysans chrŽtiens qui apprendront aux sauvages ˆ cultiver leur terre et leur ‰me par "l'exemple".

Peu aprs, le Pre Joseph, gr‰ce ˆ l'appui de Louis XIII, organise de nouvelles missions en Orient. Le Roi de France, dans ces rŽgions, est si bien considŽrŽ comme le protecteur des chrŽtiens, que notre ambassadeur Žcrit ˆ son ma”tre qu'ˆ Naxos et ˆ Scio ÇLa fleur de lys et le nom du Roi sont en mme honneur que dans la propre FranceÈ [188] . PrŽsentŽ au Roi par le Pre Joseph en 1626, l'Archevque de Naxos lui attesta la popularitŽ persistante de la France dont le Roi prenait place dans les prires publiques, immŽdiatement aprs le Pape. L'ambassadeur de France Žtait, en effet, le protecteur de la population des Cyclades contre les exactions des fonctionnaires ottomans3. Des missions sont fondŽes ˆ Constantinople, Smyrne, Alep, Beyrouth, Sidon, en Chypre et en Perse, etc... Le Roi les soutenait par de nombreuses libŽralitŽs, ˆ tel point qu'en 1633 Çle Saint Sige consentit ˆ ce que les missionnaires dŽsignŽs par le Roi, pussent se rendre ˆ leur poste sans autre approbation que celle du Nonce en France3È.

A la mme Žpoque, en 1626, Richelieu fonde, pour les Antilles, la Compagnie des Isles, dont le but, dit-il, est Çle peuplement des ”les dŽcouvertes et la conversion ˆ la Religion Catholique, Apostolique et Romaine des sauvages indignesÈ. Le 29 avril 1627, le Cardinal fonde la Compagnie des Cent AssociŽs pour le Canada, ˆ laquelle il impose les conditions suivantes :

ÇLa Compagnie de la Nouvelle France s'engage ˆ ne faire passer au Canada que les Franais catholiques, ˆ en transporter ds 1628 de deux ˆ trois cents et jusqu'ˆ quatre mille pendant les quinze annŽes suivantes ; ˆ se charger, trois ans durant, de la nourriture et de l'entretien des transportŽs ; ˆ pourvoir, pendant quinze ans, aux frais du culte et ˆ la subsistance de trois prtres dans chaque poste de mission. Enfin, des avantages considŽrables seront faits aux sauvages convertis qui seront sensŽs et rŽputŽs naturels franais [189] È.

En 1639, la Mre Marie de l'Incarnation part au Canada et fonde h™pital, Žcole, etc... Ds 1641, elle a plus de 50 fillettes ˆ Žduquer et plus de 700 sauvages ˆ assister spirituellement et temporellement. En 1658, Mgr de Martigny-Laval est nommŽ Vicaire Apostolique ; un sŽminaire est ŽrigŽ en 1663 et QuŽbec devient sige dՃvchŽ ds 1674. Gr‰ce ˆ l'esprit surnaturel du Gouvernement Royal, le Catholicisme va se rŽpandre dans toute l'AmŽrique du Nord. Les expŽditions du Pre Marquette et de Cavelier de la Salle permettent de fonder de nombreuses missions en Louisiane, Hudson, Saint-Laurent, Natchez, Illinois, etc...

Le territoire du Canada et des ƒtats-Unis actuels a ŽtŽ arrosŽ du sang de nos missionnaires et ŽvangŽlisŽ par eux : plus de vingt-cinq ƒvchŽs aux ƒtats-Unis ont eu, pour premiers ƒvques ou fondateurs, des Franais. Et la perte de notre premier Empire Colonial sera une catastrophe, non seulement au point de vue national, mais aussi catholique, car l'Angleterre y introduira le protestantisme et luttera sournoisement contre le Catholicisme.

Dans la fondation de toutes nos colonies ou Žtablissements, les mmes prŽoccupations apostoliques guident nos Rois : sur les c™tes du SŽnŽgal, ˆ Madagascar, ˆ lÕële Bourbon, etc... ainsi que dans lÕInde avec Martin, Dupleix etc... et en Indochine.

Il n'est pas sans intŽrt de constater que, dans ce dernier Pays dont l'AssemblŽe du ClergŽ de France de 1655 se prŽoccupe, les ƒvques missionnaires Nos Seigneurs Pallu et de la Motte Lambert prŽconisent ds 1658 l'instauration et le dŽveloppement des vocations religieuses des deux sexes. A la fin du XVIII sicle, Mgr Pigneau de Behaine, gr‰ce ˆ l'appui de Louis XVI, peut faire rayonner le catholicisme dans toutes les principautŽs constituant l'Indochine actuelle.

L'Ordonnance du Roi en date du 24 novembre 1781, manifeste une prŽoccupation trs vive dՎvangŽlisation :

Ç Voulons que nos dits Gouverneurs, Lieutenant GŽnŽral et Intendant fassent honorer et respecter les dits supŽrieurs et missionnaires dans les fonctions de leur ministre... (art. III).

Ç Le PrŽfet Apostolique veillera particulirement ˆ ce que les esclaves, dans chaque paroisse, reoivent de leur curŽ les instructions nŽcessaires et les sacrements de l'Eglise ; et dans le cas o il aurait connaissance de nŽgligence ou empchements de la part des ma”tres en donnera avis au Gouverneur, Lieutenant GŽnŽral ou Intendant afin quÕil y soit par eux pourvuÉ È (art. X).

La RŽvolution et lÕEmpire arrtent net l'essor colonial et missionnaire de la France. Avec la Restauration, lՎvangŽlisation reprend et la conqute de l'AlgŽrie rend possible, non seulement la reconstitution de notre actuel Empire Colonial, mais encore la magnifique renaissance des Ïuvres et la crŽation ou l'Žpanouissement des Instituts religieux consacrŽs aux Missions, dans nos propres Colonies, comme aussi dans le monde entier. Aussi, la France est-elle le Pays qui assure ˆ lÕEglise le plus grand nombre de missionnaires, et ceux qui obtiennent les rŽsultats les plus beaux. Un exemple entre beaucoup d'autres le prouve nettement : alors que les missionnaires allemands, pendant 26 ans, avaient converti pŽniblement 25 000 noirs au Cameroun, les Pres du Saint-Esprit Franais, qui remplacrent en 1916 les Allemands, en convertirent en quinze ans dix fois plus. Malheureusement, les principes maonniques, sur lesquels repose la RŽpublique, portent leurs fruits et tendent ˆ tuer le recrutement missionnaire, ˆ lutter sournoisement contre les missions, ˆ dŽtruire les bases de notre Empire colonial et ˆ faire dispara”tre ainsi l'influence de la France dans le monde.

La RoyautŽ avait donnŽ ˆ notre politique coloniale une impulsion et des mŽthodes basŽes sur lÕapostolat catholique et l'ŽvangŽlisation des peuplades indignes. Dans ce domaine Žgalement il est nŽcessaire que le Roi revienne pour restaurer cette politique qui lui permettra de sauver ce qui reste de l'Empire et, par la France, de donner le monde ˆ JŽsus-Christ.

Retoursuite

[122] Labbe : Acta conciliorum et epistol¾ decretales, ac Çconstitutiones Summorum PontificumÈ Parigiis 1714 ˆ 1715, t. 6, pars. 2, p. 16, ab anno 1086 ab annum 1215. Bibl. nat. 446.

[123] CÕest ˆ Charlemagne, croyons-nous, qu'il faut faire remonter l'usage diplomatique qui veut que les peuples musulmans d'Asie et d'Afrique (Turquie, Perse, Indes, AlgŽrie et Tunisie) dŽcernent au seul Roi de France, parmi tous les autres souverains, le titre d'Empereur et de Padichah, titre que prenait le Roi dans ses rapports avec eux. Le Chancelier de la Sublime Porte libellait ainsi ses lettres au Roi : ÇAu plus illustre des grands princes de la religion de JŽsus, l'Žlite des puissants souverains de la nation du Messie, l'arbitre des intŽrts publics des peuples nazarŽens... le prŽsent Empereur et PadichahÉÈ

Voir l'Žtude de M. DehŽrain (Journal des DŽbats, 5 mai 1935).

[124] Mgr Baudrillard : La Vocation de la France, p. 15, Žd. Flammarion.

[125] GrŽgoire VII, Magn. Ep. Lib IV, cp. 6, tome II, col. 795.

[126] Mgr Baudrillart, op. cit., p. 21.

[127] Alexandre III : Epst. XXX t. X, Conc. Col. 1 212. C'est Žgalement ce qu'affirmait GrŽgoire XI : t. XI, Conc. Col. 367.

[128] J. Leclerc : ChrŽtientŽ mŽdiŽvale et SociŽtŽ des Nations, Etudes n¡ 15, 5 aožt 1932.

[129] R. P. Janvier, Carme 1924, premire ConfŽrence, p. 32.

[130] CitŽ par AndrŽ Rousseaux : La politique religieuse de la Monarchie.

[131] Chanoine de Roquetaillade : Les grands plerinages de France, Saint Denis, p. 30.

[132] F. Funck-Brentano : Les croisades, p. 5 et 6.

[133] Funck-Brentano : op. cit., p. 16.

[134] Les Chroniques Monastiques disent que c'est ˆ Robert II, Comte de Flandre, qu'apparut saint AndrŽ. D'autres auteurs disent ˆ un prtre qui aurait confiŽ la chose au Comte Robert. Ce dernier fit chercher la Lance qui fut trouvŽe et, en reconnaissance, il fit vÏu de fonder le monastre qui n'est autre que l'Abbaye BŽnŽdictine de Saint AndrŽ prs Bruges. Le Comte de Flandre Žtait alors vassal du Roi de France.

[135] Funck-Brentano : op. cit., p. 67 et 69.

[136] Nous pensons que c'est saint Michel, le Chef de toutes les milices cŽlestes, qui vint avec une lŽgion d'Anges sauver les ChrŽtiens et leur donner la victoire sur les infidles, ainsi quÕil le fera plus tard, au sige de PŽ Tang, en Chine, pendant la guerre des Boxers.

[137] Funck-Brentano : op. cit., p. 91 et 92.

[138] S. E. le Cardinal Baudrillart : Vocation Catholique de la France, p. 26.

[139] Id., p. 23.

[140] Id. p. 24.

[141] Id. p. 25.

[142] Id. p. 26.

[143] Labbe, op. cit, t. IX, p. 366 et 367, citŽ par saint Pie X ˆ la BŽatification de Jeanne d'Arc, 13 dŽcembre 1908. Documentation Catholique. Actes de Pie X, t. V, p. 204 et 205.

[144] Testament de saint Remy.

[145] Lettre de lՃvque du Mans, le 27 avril 1456 pour le procs de RŽhabilitation. (Traduction du P. Ayroles : La Vraie Jeanne d'Arc, t. I, p. 46.)

[146] Prire faite secrtement une nuit par Charles VII ; c'est cette prire que, par une inspiration cŽleste, Jeanne d'Arc va rŽvŽler au Roi, comme preuve de sa mission divine.

[147] Voir notre Žtude : MŽmoire pour servir ˆ une nouvelle consŽcration de la France ˆ Saint Michel.

[148] Ayroles : La vraie Jeanne dÕArc, IV, p. 44 et III, p. 74. Delassus : Mission Posthume de Sainte Jeanne d'Arc, p. 447.

[149] P. ThŽotime de Saint-Just : La RoyautŽ Sociale de N. S. J.-C., d'aprs le Cardinal Pie, p. 17.

[150] Mgr Delassus, op. cit., p. 47. Voir p. de la prŽsente Žtude l'explication de cette consŽcration par Dieu de notre Race Royale.

[151] Chanoine CoubŽ, Revue O Salutaris, juillet 1903.

[152] Consulter pour ce chapitre : R. P. Ayroles : La vraie Jeanne d'Arc. - Jeanne d'Arc sur les autels et la rŽgŽnŽration de la France.

Chan. Ph. Dunand : Histoire complte de Jeanne dÕArc.

Ed. Richer : Histoire de la Pucelle d'OrlŽans.

R. P. ClŽrissac : La mission de Sainte Jeanne d'Arc. AbbŽ Vial : Jeanne d'Arc et la Monarchie.

Colonel Billard : Jeanne d'Arc et ses juges.

M.-L. Amiet : La condamnation de Jeanne d'Arc.

G. Guilbert : La Mission divine et royale de Jeanne d'Arc.

Dom Monnoyeur : Le TraitŽ de Jean Gerson sur la Pucelle .- Sainte Jeanne d'Arc hŽraut de la RoyautŽ du Christ.

Mgr Delassus : La Mission posthume de sainte Jeanne d'Arc et la RoyautŽ Sociale de Notre Seigneur JŽsus-Christ.

R. P. Pie de Langogne : Jeanne dÕArc devant la CongrŽgation des Rites.

[153] AbbŽ Vial, op. cit., p. 309.

[154] G. Cherchay : RŽponse aux objections concernant la brochure : Qui rŽgnera ?.

[155] AbbŽ Penaud : La VŽnŽrable Jeanne de Matel, t. II, pp. 380 et suiv.

[156] Voir : Vie du Frre Fiacre, par le P. Gabriel de Sainte-Claire. Les vitraux de Notre-Dame-des-Victoires relatent le fait.

[157] Voir : la Franquerie : La Vierge Marie dans l'Histoire de France, Appendice IV, p. 315.

[158] Mgr Debout : Saint Vincent de Paul, p. 119.

Voir : R. P. Rousselet, S.J. : Le Lys sacrŽ, 1631, p. 304 et 1304 ˆ 1310.

R.P. Girard : Îuvres du R. P. Dinet, Confesseur de Louis XIII, et l'ouvrage de A. Bazin.

Pour Žtudier la grandeur et la saintetŽ de Louis XIII, qui fut l'un de nos plus grands Rois, nous renvoyons le lecteur aux deux Žtudes suivantes : de la Franquerie : La Vierge Marie dans l'Histoire de France, prŽface du Cardinal Baudrillart.

Michel Christian : Notre Dame de France, prŽface de S. Ex. Monseigneur Harscou‘t, ƒvque de Chartres et PrŽsident des Congrs Marials Nationaux.

[159] Cette lecture doit tre complŽtŽe par le livre de Dominique Godbout, L'orgueil et la dŽchŽance, de la vielle France et de la Nouvelle France, Žditions saint-RŽmi, dans lequel l'auteur, ami du Marquis de La Franquerie, rappellent les trahisons des derniers Bourbons qui ont mŽritŽ le ch‰tment de la RŽvolution Franaise.

[160] Mgr Prunel ; La renaissance catholique en France au XVII sicle.

[161] De 1684 ˆ 1709, la Reine du Ciel appara”t frŽquemment ˆ Beno”te Rencurel pour lui rŽvŽler les dangers que court le Roi et la faire prier afin de les Žcarter. Elle dŽtourne ainsi du Roi et du Royaume les maux qui les menacent ou tout au moins empche les catastrophes irrŽparables. A plusieurs reprises, la Vierge ImmaculŽe insiste pour bien nous faire comprendre l'importance de la vie du Roi : ÇQu'il vive longtemps !È dit-elle ; ÇSÕil venait ˆ mourir, ce serait un malheur pour la FranceÈ. ÇS'il venait ˆ mourir, la France serait perdue !È Quelle leon Marie ne donne-t-Elle pas ˆ notre peuple de France en lui prouvant ainsi ˆ quel point la prospŽritŽ gŽnŽrale et la paix dŽpendent de la Vie du Roi.

Le lecteur que cette question intŽressera voudra bien se reporter ˆ notre Žtude : La Vierge Marie dans l'Histoire de France, ch XV : Le sicle de Louis XIV, sicle de Marie, p. 169 et sv,

ainsi qu'ˆ lÕhommage publiŽ par les P. Missionnaires de N. D. du Laus : Notre Dame du Laus et la vŽnŽrable SÏur Beno”te, d'aprs les manuscrits authentiques, qui contient tous les documents. Gap, 1895, 532 p.

[162] DŽvotion dont sÏur Marguerite du Carmel de Beaune fut la grande propagatrice. Voir : AbbŽ BrŽmond : Histoire littŽraire du sentiment religieux en France.

[163] Monseigneur Bougaud : Histoire de la Bienheureuse Marguerite-Marie.

[164] de la Franquerie : La ConsŽcration de la France et le drapeau du SacrŽ-CÏur, seule espŽrance de salut.

Nous reviendrons dans un prochain ouvrage sur les diverses responsabilitŽs ; celle du Roi est trs attŽnuŽe ; les influences religieuses qui s'exercrent sur Lui portent la responsabilitŽ de l'inaction royale.

[165] Cette clause est une violation formelle de la loi Salique, loi fondamentale du Royaume ; or, cette loi est voulue par Dieu, personne ne peut la violer impunŽment. La nullitŽ de cette clause est donc absolue puisqu'elle est contraire ˆ la justice et n'a ŽtŽ imposŽe que par la force, en violation des traditions vitales du royaume. Contre le droit divin, il n'y a pas de lois humaines qui vaillent. Au surplus la tradition royale voulait que si nos Rois Žtaient contraints par la violence de cŽder un droit indiscutable et certain, la revendication en rest‰t ouverte jusqu'ˆ ce que justice leur fžt rendue (džt-elle le rester durant plusieurs sicles) ce droit Žtant considŽrŽ comme imprescriptible. Voir ˆ ce sujet la thse de S. A. R. le Prince Sixte de Bourbon de Parme : Les TraitŽs d'Utrecht et les lois fondamentales du Royaume, et notre plaquette : Le Droit Royal historique en France.

[166] Voir notre prochaine Žtude : La politique occulte de la judŽo-maonnerie et de l'Angleterre contre la France du XVIII sicle ˆ nos jours.

[167] Bernard Fay : Louis XVI ou la fin d'un monde. Cet ouvrage est une magnifique rŽhabilitation du Roi Louis XVI. Mais nous ne pouvons admettre l'Žvident parti-pris de l'auteur contre la Reine Marie-Antoinette.

[168] La Convention se fit rembourser les emprunts d'Etat, mais jamais les prts de la cassette royale, ni ceux des particuliers, ne l'ont ŽtŽ, en dŽpit des promesses verbales de la mission amŽricaine.

[169] Bainville, Histoire de France, p. 320.

[170] La politique occulte de la JudŽo-Maonnerie et de l'Angleterre contre la France du XVIII sicle ˆ nos jours.

[171] O. Havard : La rŽvolution dans nos ports de guerre, t. 1, p. 25. On lira avec beaucoup d'intŽrt cette remarquable Žtude pour conna”tre l'immense effort maritime, dont Louis XVI a ŽtŽ l'‰me, et la duplicitŽ anglaise.

[172] O. Havard, t. II, p. 47.

[173] Marquis Costa de Beauregard : Le roman d'un Royaliste, souvenirs du Comte de Virieu.

[174] Funck-Brentano : L'affaire du collier. - La mort de la Reine.

[175] L. Gautherot : L'Agonie de Marie-Antoinette.

[176] L. d'Estampes et CI. Jannet : La Franc-Maonnerie et la RŽvolution, p. 198. L. DastŽ : Marie-Antoinette et le complot maonnique.

[177] A. Cochin et G. Charpentier : La Campagne Žlectorale de 1789 en Bourgogne.

Voir Žgalement : Taine : L'Ancien RŽgime, p. 518, 519.

Carien : La VŽritŽ sur l'Ancien RŽgime et la RŽvolution.

Ricaud : La Bigorre et les Hautes-PyrŽnŽes pendant la RŽvolution.

A. Young : Voyages en France (1789-1790).

DastŽ : Marie-Antoinette et le complot maonnique.

De Lannoy : La RŽvolution PrŽparŽe par la franc-maonnerie.

M. Talmeyr : La franc-maonnerie et la RŽvolution Franaise.

L. d'Estampes et CI. Jannet : La Franc-Maonnerie et la RŽvolution.

Barruel : MŽmoires pour servir ˆ l'histoire du jacobinisme 1805.

Le Franc : Le voile levŽ pour les curieux ou le secret de la RŽvolution rŽvŽlŽ ˆ l'aide de la Franc-Maonnerie (1792).

A. Cochin : Les SociŽtŽs de pensŽe et la dŽmocratie moderne.

Et les ouvrages de N. S. Jouin, et Delassus.

[178] AbbŽ Delassus : Louis XVI et sa bŽatification.

[179] Voir : Vie de la RŽv. Mre ThŽrse de Saint-Augustin, prieure du Carmel de Saint-Denis.

E. M. du L. : Madame ƒlisabeth de France (s'adresser au Carmel de Meaux).

A. Dechne : Le Dauphin, fils de Louis XV.

A. G. : Le vrai Louis XVI, RoyautŽ douloureuse, RoyautŽ glorieuse.

AbbŽ A. Delassus : Louis XVI, les preuves de son martyre en haine de la Religion ; Louis XVI, Roi et Martyr et sa bŽatification ; Louis XVI et sa bŽatification.

L. DastŽ : Marie-Antoinette et le complot maonnique, etc...

Mis de la Franquerie : De la SaintetŽ de la Maison Royale de France. Louis XVI, Roi et Martyr. Madame ƒlisabeth de France.

R. P. Charton : Les Saints de la Famille CapŽtienne.

O. Friedrichs : Marie-Antoinette calomniŽe, etc...

[180] Traduction de M. l'AbbŽ Delassus dans : Louis XVI Roi et martyr, sa bŽatification.

[181] J de Maistre. ConsidŽrations sur la France, chap. II, p. 11 ˆ 13.

L'Histoire prouve que Joseph de Maistre a mme ŽtŽ au-dessous de la rŽalitŽ : Aprs une Žtude approfondie, M. de Broc, dans : La France et la RŽvolution, Žtablit que, dans la seule pŽriode de 1792 ˆ 1800, la RŽvolution a causŽ la mort de trois millions de Franais : un million morts de misre, un million en VendŽe et au cours des multiples exŽcutions ˆ Paris et en Provence, un million tombŽs pendant les guerres rŽvolutionnaires. Ce chiffre de trois millions est trs incomplet ; il y a lieu en effet, dÕy ajouter :

1¡ les victimes de toutes les guerres que la France a subies de 1800 ˆ nos jours, ces guerres et invasions Žtant la consŽquences directe de la RŽvolution et des principes de 1789 ;

2¡ les victimes des guerres civiles et des rŽvolutions dont la France a ŽtŽ la victime depuis ce moment et qui en sont Žgalement la consŽquence ;

3¡ celles du Code civil, dont le principe rŽvolutionnaire et antifamilial du partage forcŽ a eu pour consŽquence la dŽnatalitŽ, les familles ne voulant plus quÕun enfant par foyer pour lui transmettre le patrimoine intact qui lui permettra de maintenir son rang dans la SociŽtŽ, et pour Žviter le partage des terres que le morcellement indŽfini rend improductives ;

4¡ celles des doctrines criminelles du malthusianisme, etc... issues Žgalement de la dŽchristianisation des masses, autre consŽquence de la rŽvolution et de ses principes sataniques ;

5¡ qu'on y ajoute enfin l'augmentation de population que ces millions de victimes ou d'enfants qui auraient dž na”tre n'auraient pas manquŽ de procrŽer et l'on s'expliquera pourquoi la population de la France (qui Žtait la plus importante de l'Europe en 1789 et permettait ˆ notre Pays de tenir victorieusement tte, seul, contre les autres coalisŽs, est tombŽe si bas... si bas mme quÕil lui serait bien difficile de dŽfendre son territoire dans le cas o elle serait attaquŽe par ses voisins. Tragique consŽquence et terrible ch‰timent divin de la RŽvolution auxquels on songe trop peu...

[182] Cardinal Pie.

[183] Mgr Delassus p. 42, note 1.

[184] ÇLe meurtre du 21 janvier est au point de vue de l'idŽaliste, l'acte de matŽrialisme le plus hideux, la profession la plus honteuse qu'on ait jamais faite dÕingratitude, de bassesse, de roturire vilenie et d'oubli du passŽ. Ce jour-lˆ commŽmore un suicideÈ. (Renan). ÇLe jour o la France trancha la tte ˆ son Roi, elle la trancha du mme coup ˆ tous les Pres de familleÈ. (HonorŽ de Balzac).

[185] Voir de la Franquerie : La Vierge Marie dans l'Histoire de France, ch. XVII : VendŽens et Chouans sauvent l'honneur de la France, p. 223 et sv. Nous ne saurions trop recommander ˆ nos lecteurs I'Ïuvre admirable du Souvenir VendŽen qui lutte victorieusement pour maintenir dans nos Provinces de l'Ouest les grandes traditions catholiques et franaises et entretient dans ces RŽgions le culte des grandes leons et des sublimes exemples laissŽs par les hŽros et les martyrs de la VendŽe ˆ leurs descendants et au reste des Franais.

[186] A l'exemple de Berthe, Redwige dÕAnjou, par la conversion de son Žpoux Jagellon, grand Duc de Lithuanie, obtient celle de tout son peuple.

[187] E. Jarry : Les Missions coloniales franaises. Almanach Catholique Franais 1931, p. 264.

[188] G. Fagniez : Le Pre Joseph et Richelieu, pp. 326 et 356, T. I.

[189] G. Goyau : Origines Religieuses du Canada, pp. 56, 57.

[190] C'est ce que constatait le marŽchal Lyautey dans son discours de rŽception ˆ l'AcadŽmie Franaise.

Retoursuite