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PREMIéRE PARTIE : LES DROITS DE DIEU CHARTE DE LA FRANCE JUSQUÕË 1789 .
Un rapide coup d'Ïil sur notre Histoire montre, avec une clatante nettet, que notre Pays est victorieux et prospre tant qu'il reste fidle sa vocation et rudement chti quand il est infidle.
Clovis est vainqueur parce qu'il accomplit la volont divine. Charles Martel Poitiers brise l'invasion musulmane qui menace le monde catholique : la protection divine se manifeste sans tarder en faveur de son fils. Ppin monte sur le trne comme tant le prince le plus digne de rgner. Le Pape tienne Il vient lui-mme sacrer le nouveau Roi et, en lui, cette seconde branche de la Race Royale.
A peine le Souverain Pontife est-il rentr Rome que le Roi des Lombards, assige la Ville ternelle. tienne Il fait appel Ppin
Ço francs, il est connu que parmi toutes les nations qui sont sous le soleil, la vtre est la plus dvoue a l'aptre pierre.
ÇL'Eglise que lui a confie Jsus-Christ, Son Vicaire Vous en demande la dlivrance [122] È.
Et Ppin de voler au secours du Pontife. Il passe deux fois les Alpes, crase les Lombards et cre le domaine temporel du Pape.
La rcompense divine ne tarde pas : Ppin le Bref succde Charlemagne. Anim d'une foi profonde et dou d'une puissante intelligence, Charlemagne doit d'abord faire la guerre pour assurer la scurit de ses peuples contre les incursions des Saxons, des Slaves et des Avars l'Est, contre les Arabes en Espagne. Il organise contre eux des Çtats militairesÈ et parvient par les armes converti les Saxons. Enfin, pour rpondre l'appel du Pape menac, il dtruit le Royaume des Lombards ; aussi Lon III, pendant la nuit de Nol de l'an 800, Rome, couronne le Roi de France Empereur d'Occident.
L'Empereur gouverne avec une grande sagesse tous ses tats, envoyant partout ses missi dominici pour contrler les actes et les jugements des Gouverneurs. La prosprit renat, la population se multiplie, les villes et les villages se dveloppent et pour assurer les communications, l'Empereur tablit un rseau de routes, construit des ponts, etc...
Son activit ne s'arrte pas l. Il veut donner ses peuples l'instruction et la foi ; aussi appelle-t-il auprs de lui les plus minentes sommits et ct de chaque glise et de chaque monastre il tablit une cole. Il ralise pleinement le programme que son conseiller Alcuin lui soumet :
ÇIl vous appartient d'exalter et de conserver la Sainte Eglise de Dieu parmi le peuple chrtien et d'ouvrir tous la voie du salut ternel ! È
Il aime participer aux discussions thologiques et prsider des conciles. Il pose le principe que les lois de l'Eglise sont lois de l'Etat. Ses Capitulaires sont un admirable code de lois chrtiennes. Il rforme les abus dans l'Eglise et choisit les vques parmi les prtres les plus dignes et les plus instruits. Son prestige est tel, mme en Orient, qu'il obtient la proprit et les clefs du Saint Spulcre et exerce une sorte de protectorat sur la Terre Sainte
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. En 802 parait un admirable capitulaire.
ÇQu'y lisons-nous ? crit Monseigneur Baudrillart, que tous les hommes libres prendront l'engagement de se vouer au service de Dieu, et le dtail de leurs devoirs suit. Qu'y lisons-nous encore ? Que la raison d'tre de l'Empire c'est l'unit de la foi et de la charit entre tous ses membres ; que le but des conqutes de l'Empereur c'est l'extension de la foi catholique : car l'Empereur est le propagateur et le dfenseur de la religion chrtienne
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È.
L'Empereur signe ses Capitulaires : Charles sous le rgne du Christ. Royal sacerdoce qui s'tend sur le. monde antique.
ÇLe Royaume de France embrassera toutes les limites de l'Empire RomainÈ avait dit saint Remy.
Tournons quelques pages :
Les derniers Carolingiens ne se montrant plus la hauteur de leur tche, c'est le Prince le plus digne de rgner qui monte sur le Trne : Hugues Capet, Duc de France et Comte de Paris, descendant salique de Ppin d'Hristal, et non salique de Charlemagne par Adlade, fille de Louis le Dbonnaire et pouse de Robert Le Fort, le vainqueur des Normands.
Depuis plus d'un sicle, la Providence avait permis cette branche de la Famille Royale de se distinguer par les exploits de Robert le Fort, d'Eudes et de Robert, de Hugues le Grand et d'incarner trs rellement la grandeur et l'indpendance du Pays. Dieu avait ainsi prpar l'lection de Mont-Notre-Dame o fut choisi le nouveau Roi, grce l'influence de l'Archevque de Reims, Adalbron, au prestige et aux services d'Hugues Capet et de ses anctres.
Le nouveau Roi s'assure l'appui de l'Eglise et affirme le principe de l'hrdit mle en faisant sacrer de son vivant son fils Robert. La pit de ce dernier et la clairvoyance d'Henri Ier qui fait prvaloir l'ordre de primogniture mle, assurent peu peu au Roi de France un prestige que saint Grgoire VII le Grand va proclamer au temps de Philippe Ier quand il crira que les Rois de France sont Çautant au-dessus des autres monarques que les souverains sont au-dessus des particuliers
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È.
Comment ne pas mentionner galement Louis VI et son grand ministre, le moine Suger, ainsi que les deux minents thologiens qui illustrrent cette poque saint Bernard et AbIard.
C'est ce moment que la politique pontificale et la politique royale vont suivre une direction parallle qui leur permettra ds lors de s'appuyer rciproquement. L'Eglise est-elle opprime par le Saint Empire notamment lors des lections pontificales ? Le grand mouvement de libration partira de France, de Cluny, avec Hildebrand.
ÇA partir du XII et jusqu' la fin du XIII, le Roi de France vient gnralement en aide au Saint-Sige. En 1107 le Pape Pascal II, traqu par l'Empereur Henri V, se rfugie Paris o Philippe Ier et son fils Louis lui font le plus magnifique accueil ; c'est de Troyes en Champagne, au sein d'un Concile dÕvques franais, qu'il lance l'anathme contre l'Empereur d'Allemagne ; c'est en France aussi que vient Calixte Il et qu'il se met en mesure de terminer par un Concordat la querelle des investitures ; en France qu'aux heures les plus tragiques de la querelle du Sacerdoce et de l'Empire, les Papes viendront demander la Fille ane de l'Eglise aide et refuge. Alexandre III rsidera deux annes dans notre Patrie, et de Sens, o il aura transport tout le gouvernement pontifical, il rgira l'Eglise Universelle
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È.
C'est lui qui dclara la France Çun Royaume chri et bni de Dieu dont l'exaltation est insparable de celle de l'Eglise
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È.
Aussi lorsque le Plantagenet menacera la France, c'est la Papaut qui l'arrtera, car elle se rend compte que la France est le centre rel de l'quilibre europen. CÕest la raison pour laquelle Innocent III (lors de son conflit avec Philippe-Auguste) loin de chercher disposer de la Couronne de France, comme il le fait de celles d'Allemagne et d'Angleterre, proclamera au contraire dans une de ses clbres Dcrtales, que le Roi de France n'a aucun suprieur au temporel
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car il sait qu'il est la pierre angulaire de l'Europe chrtienne et que les principes qui guident sa conduite sont la vrit mme :
ÇA moi appartient le soin de tout ce qui touche le glaive temporel, disait Philippe-Auguste, le gouvernement du royaume me suffit. Je laisse aux hommes de Dieu traiter les choses du service de DieuÈ.
Le Roi avait le sens des choses surnaturelles ainsi que le prouve le fait suivant :
ÇLes Vaisseaux de Philippe-Auguste voguaient vers la Terre Sainte. En Sicile, ils furent assaillis par une violente tempte. Le Roi ne perdit pas contenance, il ranima le courage et la confiance des matelots : Il est minuit, dit-il, c'est l'heure o la communaut de Clairvaux chante Matines. Ces saints Moines ne nous oublient jamais. Ils vont apaiser le Christ ; ils vont prier pour nous, et leurs prires vont nous arracher au prilÈ.
ÇPhilippe-Auguste tait un chrtien et comprenait que la prire attire sur le monde toutes les bndictions
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È.
Tout chrtien qu'il est, il n'hsite pas et il a raison s'opposer la politique pontificale s'il la juge dangereuse pour la France. Le cas se produit en 1198 lors de la succession impriale. Malgr les avertissements lumineux du Roi, le Pape fait triompher la candidature d'Othon de Souabe qui, peine lu, se retourne contre son bienfaiteur. Alors le Souverain Pontife, humblement, reconnat son erreur et fait appel au Roi de France :
ÇAh ! si nous avions pntr aussi bien que vous le caractre d'Othon, il ne nous aurait pas tromp ! Le fils impie perscute sa Mre... qui ne peut dsormais, avoir confiance en lui puisqu'il ne nous tient pas parole, nous, le Vicaire du Christ ! Nous vous parlons notre honte, car vous nous aviez bien dit de nous mfier de cet homme...
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È.
Ainsi, l'histoire montre que si dans le domaine spirituel le Successeur de Pierre jouit de toutes les lumires du Saint-Esprit, il n'en est plus de mme dans les questions temporelles. C'est le Roi de France qui sur ce terrain en bnficie, car c'est lui qui a mission de par la volont divine de les rgler et qui reoit d'en haut son Sacre les lumires et les grces ncessaires.
Grande leon qui prouve que le Pape et le Roi doivent l'un et l'autre rester dans leur domaine et demeurer toujours unis : le Pape clairant et guidant le Roi dans le domaine spirituel et le Roi clairant et guidant le Pape dans la politique temporelle.
Vers la fin du rgne de ce grand Roi, la protection divine va se manifester ostensiblement.
En 1214, l'Empereur d'Allemagne Othon, excommuni depuis peu, veut ravir sa couronne Philippe Auguste, et envahir la France avec 200 000 hommes. Le Roi appelle toutes les paroisses de France : 60 000 volontaires rpondent...
Il va Saint-Denis, communie, prend l'oriflamme et part la bataille. Les Franais ont lutter contre un ennemi plus de trois fois suprieur; ils flchissent tout d'abord sous le nombre mais
Çsoudain, vers trois heures, du fond de la plaine ensoleille, apparat dploye la Sainte Oriflamme ; une force mystrieuse s'chappe de ses plis : sa vue dconcerte, puis pouvante les ennemis. Ils cdent, brisent leurs lignes et bientt fuient de toutes parts... En ce jour, naquit la grande Patrie Franaise
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È.
Pour longtemps, le pril allemand est cart ; l'Eglise et la France sont sauves. Philippe Auguste a bien mrit de l'une et de l'autre. A son fils incombera une autre tche : dtruire l'hrsie albigeoise dont les consquences religieuses et politiques peuvent tre considrables, puisqu'elle aboutit un malthusianisme avant la lettre et l'extinction de la race. Louis VIII la combat hardiment et meurt au retour de l'expdition.
LA FRANCE ET SES ROIS ENTRAëNENT LE MONDE CHRTIEN AUX CROISADES
La France, le peuple par excellence de la foi et de l'hrosme, devait tre la premire comprendre la grandeur d'une telle entreprise. Quoi de plus noble, de plus beau, de plus enflammant, pour des mes chrtiennes et valeureuses, que d'aller dlivrer les Lieux Saints et le Tombeau du Christ des mains des infidles musulmans !
Nos Chansons de Geste ont prpar les esprits aux Croisades. Charles Martel, Poitiers, avait bris l'invasion musulmane et sauv la Chrtient. Charlemagne, pendant tout son rgne, eut lutter contre les Sarrasins d'Espagne. Ce sont eux qui crasrent l'arrire-garde de l'arme impriale, commande par Roland, Roncevaux, le 15 aot 778. Or, qui ne sait l'influence de la ÇChanson de RolandÈ sur nos aeux, dans les chteaux aussi bien que sous l'humble toit des chaumires. Trouvres et Troubadours, par leurs Chansons de Gestes, faisaient vibrer tous les cÏurs valeureux du XI sicle et des sicles suivants. L'une de ces chansons "Le plerinage de Charlemagne", si elle est moins connue que celle de Roland, n'en eut pas moins une influence capitale sur les esprits en y dposant les germes des popes futures que l'appel des Papes et des Rois de France allait faire germer un peu plus tard pour dlivrer le Tombeau du Christ des mains de ces mmes Musulmans. Le thme du "plerinage de Charlemagne" est le suivant :
ÇLe Grand Empereur runit ses barons, c'est--dire les hauts seigneurs de son vasselage, pour leur annoncer quÕil va faire un plerinage au Saint Spulcre et les douze pairs de dclarer qu'ils partiront avec lui; quatre vingt mille hommes vont les accompagner. Ils prennent le bourdon du plerin l'Abbaye de Saint-Denis sans quitter leurs armes, traversent la Bourgogne, la Bavire, l'Italie, la Grce, enfin nos plerins arrivent Constantinople. Ne dirait-on pas dj l'histoire de la premire croisade ?
ÇArrivs Jrusalem, ils vont adorer le tombeau du Christ. Dans l'glise de la Ville Sainte, le pote dcrit une scne apprcie par Gaston Paris dans les termes suivants :
ÇNotre vieille posie hroque n'a rien trouv de plus beau pour nous reprsenter la majest sainte de Charlemagne et de ses pairs que la scne de l'glise de Jrusalem o ils prennent place, sur le trne et dans les douze chaises o Jsus et Ses aptres s'taient assis autrefois
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È.
En vrit un tel rcit ne devait-il pas exalter la foi et enflammer les imaginations de tous les Seigneurs du Moyen åge qui ne rvaient que beaux coups d'pe et combats hroques ?
Depuis longtemps dj les plerins taient nombreux qui allaient Jrusalem et qui, leur retour, le soir, pendant les longues veilles d'hiver contaient leurs aventures et dcrivaient avec enthousiasme les Lieux Saints, les motions de leur me au Saint Spulcre, la splendeur des monuments, des sites, de la vgtation luxuriante, des forts de cdres et aussi le miroitement, le chatoiement et l'clat des toffes et des Ïuvres d'art orientales. Combien, ces rcits, rvaient d'y partir leur tour !
Aussi, quand le monde chrtien apprit, coup sur coup, la prise de Jrusalem (1070) sur les Fatimites dÕgypte par les Turcs Seldjoukides, sectaires intolrants de Mahomet, puis celle d'Antioche (1084), enfin l'invasion de l'Espagne par les Almoravides (1087), craignit-il, comme au temps de Charles Martel, une submersion totale de l'Europe et la pense vint-elle beaucoup (en apprenant que les nouveaux matres de Jrusalem empchaient les plerinages) qu'il fallait briser la puissance musulmane et dlivrer le Tombeau du Christ des mains des Infidles.
Les esprits taient mrs pour des actions hroques. C'est un Pape Franais, et en France, que revint l'honneur de lancer l'appel au monde en faveur de la Croisade. Ce fut au Concile de Clermont :
ÇFranais qui m'coutez, s'cria Urbain II, rappelez-vous les vertus de vos anctres. Plus qu' toute autre nation, Dieu vous a donn la gloire des armes. CÕest de vous, surtout, que Jrusalem attend le secours dont elle a besoin... Armez-vous du glaive des Macchabs et allez dfendre la maison d'Isral. Dieu le veut !È
Dans toutes les provinces de France, un enthousiasme indescriptible accueillit l'appel du Souverain Pontife et de toutes parts retentit le cri de "Dieu le veut ! Dieu le veut !". Pierre l'Ermite se consacra prcher la croisade et entrana les masses populaires.
Hommes, femmes, vieillards, enfants, tous voulurent partir. ÇVous jeunes gens, disaient les vieillards, vous combattrez par l'pe. Qu'il nous soit permis de conqurir le Christ par la souffrance !È
Dans ses chroniques, Guibert de Nogent rapporte que, pour subvenir aux frais de la croisade, c'tait qui vendrait ses biens, sa maison, ses bijoux, etc...
Et voici que, par un miracle qui parut divin, et devait Çencore exalter les enthousiasmes, lÕaffreuse disette et aux flaux des annes passes succda brusquement une anne d'abondances et de bienfaits (1096) ; abondance en bl, en vin, en fruits de toutes sortes, comme si Dieu avait voulu directement favoriser l'Ïuvre de ceux qui allaient combattre pour Lui
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È.
La Croisade populaire, malgr les qualits exceptionnelles de Pierre l'Ermite, choua, faute d'organisation et de cadres militaires. La plupart moururent martyrs en Asie Mineure. Par contre, celle des Chevaliers russit. Un million d'hommes y prirent part.
Philippe Ier, Roi de France, encouragea sa noblesse la croisade et envoya son frre, Hugues le Grand, Comte de Vermandois, qui reut le titre officiel de "porte-drapeau d l'Eglise". Admar de Monteil, vque du Puy, dirigea la Croisade. Aprs avoir travers l'Europe et reu l'appui de l'Empereur de Constantinople, les Croiss prirent successivement Doryle et Antioche. Mais les Turcs, sous les ordres de l'Emir Kerboga, contre-attaqurent et, d'assigeants, les Franais devinrent assigs dans Antioche.
Le miracle vint soutenir la foi des assigs et enflammer leur courage :
ÇSaint Andr serait apparu par trois fois Pierre Barthlemy pour lui faire connatre l'endroit o, sous l'autel de saint Pierre Antioche, la sainte lance qui avait Perc le sein du Christ crucifi serait retrouve... On excuta les fouilles la place indique et la prcieuse relique apparut (14 juin 1098)
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ÇAllgresse et transports ! D'un cri unanime, il fut dcid de sortir aussitt de la ville et de marcher contre Kerboga...
ÇAvant d'en venir aux mains, le 27 juin 1098, Bohmond envoya cinq messagers l'Emir Kerboga pour lui enjoindre, de se retirerÈ.
Kerboga rpondit que Çles Francs avaient le choix entre leur conversion au croissant, ou la mortÈ.
Ç...Pour se prparer au combat, trois jours durant, les chevaliers chrtiens jenrent, puis suivis de la foule des plerins, firent de pieuses processions d'une glise l'autre, se confessrent, communirent, distriburent des aumnes et firent clbrer des messes
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È.
La Sainte Lance fut alors porte en tte des combattants. Au cours de la lutte, le secours du ciel se Manifesta :
ÇOn vit descendre, des montagnes, des masses innombrables de guerriers monts sur des chevaux blancs, prcds de blancs tendards. Les ntres ne pouvaient comprendre quels taient ces guerriers, mais enfin, ils reconnurent que c'tait une arme de secours envoye par le Christ et commande par saint Georges
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, saint Mercure et saint Demetrius. Ceci n'est pas un mensonge. Beaucoup l'ont vu !È, crit l'auteur des ÇGestesÈ.
La victoire fut clatante et assura aux Croiss la possession de la Syrie tout entire.
Le 8 juillet, les Croiss taient devant Jrusalem. Repousss d'abord une premire fois, ils firent, pieds nus, une grande procession autour des remparts de la Ville Sainte. On prcha sur la Montagne des Oliviers. Les Croiss s'embrassrent, se pardonnrent mutuellement leurs offenses, puis donnrent l'assaut. Aprs un jour et demi de lutte, la ville fut prise le 15 juillet.
Tous allrent, alors, Çpieds nus et pleurant pour une trop grande joie, auprs du Saint-Spulcre.
ÇO temps, si longtemps attendus, crit Foucher de Chartres, temps mmorables entre tous ! Exploits qui surpassent tous les exploits du monde, car les fidles avaient de tout temps, du fond de leur cÏur, form le vÏu de voir les lieux (o Dieu fait homme avait apport le salut au genre humain par Sa naissance, Sa mort, Sa rsurrection) dlivrs de la domination paenne et, aprs avoir t si longtemps souills par la superstition, rendus leur dignit premire par la main des croyantsÈ.
Les Lieux Saints taient dlivres, il fallait, ds lors, assurer la perptuit de cette Ïuvre grandiose. Aussi, Admar de Monteil tant mort Antioche, les Chefs des Croiss dcidrent-ils de choisir parmi eux, un Roi. Ils prescrivirent des prires publiques afin que leur choix se portt sur le plus digne. L'lection eut lieu le 22 juillet ; Raymond de Toulouse lu, se rcusa : ÇJe ne veux pas porter une couronne d'or, dit-il, l o le Roi des Rois a port une couronne d'pines !È Godefroy de Bouillon fut alors proclam Roi ; il prit l'humble titre d'avou du saint-spulcre. Mais dj, les Turcs voulaient reprendre la lutte. Le 13 aot 1099, Godefroy remporta une victoire dcisive sur le Kalife Ascalon. La Palestine tait ds lors assure aux Francs.
ÇCet Empire Franc, si brusquement install sur les confins de l'Asie Mineure se trouva d'ailleurs rapidement organis. L'arme des Chevaliers, n'avait cess d'tre ordonne fodalement, avec les cadres et la hirarchie tablie en France. Cette mme organisation fut porte en bloc sur les versants du Liban. Les villes du littoral acquirent une vie prospre par suite des relations qui se nourent avec l'Occident ; les plerins aux Lieux Saints devinrent de plus en plus nombreux ; enfin, des ordres mi-partis religieux et militaires, les Templiers et les Hospitaliers furent fonds pour dfendre la conqute
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È.
L'Empire Franc de Jrusalem ne dura gure qu'un sicle. En 1144, Edesse tomba au pouvoir des Musulmans. Alors, le Pape Eugne IV et le Roi de France Louis VII demandrent saint Bernard, Abb de Clairvaux, de prcher la seconde Croisade. Il le fit Vzelay, Pques 1146, en prsence du Roi et de la Reine, et souleva l'enthousiasme comme au temps de la Premire Croisade. L'Empereur d'Allemagne, lui-mme, voulut se joindre au Roi de France et leva une arme. Les deux Princes, aprs deux ans de lutte (1147-1149) chourent devant Damas et durent rentrer en Europe.
En 1188, les Chrtiens ayant t vaincus Tibriade, l'Empire Franc de Jrusalem s'effondra et la Ville Sainte retomba aux mains des Musulmans. Le Roi de France, Philippe Auguste, l'Empereur Frdric Barberousse et le Roi d'Angleterre, Richard CÏur de Lion, unirent leurs efforts pour tenter une troisime Croisade. Le seul rsultat fut la prise de Saint-Jean-d'Acre, le 13 juillet 1191, mais les Chrtiens obtinrent le libre accs permanent de la Ville Sainte.
Quinze ans aprs, l'appel d'innocent III et de Foulques, cur de Neuilly, Baudoin de Flandre, Simon de Monfort et Thibaut III, Comte de Champagne organisrent la quatrime Croisade. Ils ne purent fonder que l'phmre Empire latin de Constantinople qui dura de 1204 1261.
Les cinquime et sixime Croisades n'eurent aucun rsultat.
Les deux dernires Croisades furent organises par saint Louis. Ayant fait vÏu de prendre la Croix s'il chappait une grave maladie, le Roi, guri, s'embarqua Aigues-Mortes en 1248, et fit voile vers lÕgypte. Damiette fut emport d'assaut, mais les Croiss furent dfaits Mansourah et le Roi fait prisonnier.
La grandeur d'me et la noblesse du saint Roi en imposrent plus aux Arabes que s'il avait t victorieux.
ÇVraiment, Celui-ci est le plus fier Chrtien que nous ayons vu, disaient-ils, nous le gardons aux fers et il nous parle comme si nous tions ses captifs !È
Une fois libr, saint Louis alla en Palestine (1250-1254) et obtint quelques avantages pour les chrtiens, puis il rentra en France. Seize ans plus tard,
Çle dernier effort de son rgne sera pour rpondre l'appel angoiss des Papes qui supplient l'Europe, dchire par les guerres civiles, de s'unir contre l'Islam enivr de ses rcentes victoires. S'il le faut, Louis IX partira seul. Mais, merveilleux et saint combat ! Clment IV qui l'a souhaite cette croisade voit le Roi de France si affaibli par la maladie, il le sait si ncessaire au royaume et la chrtient que c'est lui maintenant qui le conjure de rester. J'irai, reprend Louis, et le Roi fait accepter du Pontife le sacrifice vers lequel il court. Il part. Il aborde Tunis.
ÇLa mort, presque la mort du martyre, est la rcompense d'un tel hrosme chrtien. chec politique apparent, mais qui achve de consacrer le saint Roi aux yeux du peuple dont il fut le matre et le preÈ, crit S. E. le Cardinal Baudrillart
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Sans doute, le but immdiat des Croisades n'a pas t atteint, puisque le Tombeau du Christ est rest aux mains des Infidles ; mais les rsultats rels ont cependant t immenses :
Et tout d'abord l'appel d'Urbain II, au dire d'un Chroniqueur, Foulques de Chartres, Ça renouvel la paixÈ entre nations rivales, entre seigneuries hostiles ; la fodalit s'y est glorieusement affaiblie, si bien que l'affranchissement des communes a pu se produire sans heurt. Les Croisades ont donc permis au dire de M. Funck-Brentano Çle dveloppement et lÕaffermissement du pouvoir royal en France, et dans l'Eglise Catholique, l'accroissement de l'autorit du Souverain PontifeÈ. Le commerce avec l'Orient est devenu beaucoup plus actif. Enfin, les croisades arrtrent pour un temps les invasions musulmanes... et la France acquit, en Orient, une influence considrable au profit de tous les Chrtiens qui sera consacre, sous le rgne de Franois Ier, par les "Capitulations". Ainsi, l'me franaise qui n'avait voulu travailler que pour Dieu fit Çdu nom de Franais et du nom de Chrtien deux synonymes toujours vivants au cÏur des Orientaux
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È. Enfin, les Croisades exaltrent la foi des peuples et assurrent la palme du martyre des multitudes d'mes.
L'un des contemporains, Guibert, abb de Nogent, racontant tant d'exploits donna comme titre sa chronique : "Gesta Dei per Francos". Il ne pouvait mieux dire. En entranant le monde chrtien la dlivrance des Lieux saints, la France et nos Rois avaient crit l'une des plus belles pages de notre histoire et, une fois de plus, accompli les Gestes de Dieu.
Ainsi, la grande ombre de Charlemagne surgit lÕorigine des Croisades ; saint Louis les illumine par son hrosme (en mme temps qu'il sacre toute sa Race de l'aurole de la saintet) et, demain, il sera donn au Grand Roi, annonc par tant de prophties, d'en assurer le triomphe par la dernire croisade qui dtruira tout jamais la secte de Mahomet et librera les Lieux Saints, Ço, aprs un rgne des plus glorieux, il ira Jrusalem, sur le Mont des Oliviers dposer sa ÇCouronne et son SceptreÈ.
Quels sicles que ceux du Moyen åge ! Sicles des Croisades et de la Chevalerie, de la ferveur et du dveloppement prodigieux des ordres religieux et de l'enseignement thologique (enseignement qui fut pouss un tel degr dans notre France) grce des matres comme saint Thomas d'Aquin et saint Bonaventure que Paris en devint le centre universel tel point que le Lgat Pontifical pourra dire que ÇLa Gaule est le four o se cuit le pain intellectuel du monde entierÈ ; sicles o pour lever la gloire de Dieu et de Sa Divine Mre ces magnifiques cathdrales, l'me franaise, ptrie de foi et d'idal, crera un style qui sera le tmoin imprissable et l'image la plus parfaite de toutes ses nobles aspirations. Le style ogival qui est le style franais par excellence n'est-il pas en effet le symbole admirable de la foi et de la prire qui veulent s'lancer toujours plus haut vers le ciel ?
ÇLa Providence ne devait-Elle pas, autant que ce langage est permis, une telle nation, une telle socit, un chef de tous points digne d'elles ? Un Roi de France s'est rencontr qui, prenant la lettre les promesses du baptme de Clovis et le sublime programme de Charlemagne, a ralis, dans sa plnitude, l'idal mme de la Monarchie chrtienne : j'ai nomm saint Louis. Est-ce parce qu'il entend remplir auprs de ses sujets et jusque dans le reste de la Chrtient le rle de ÇSergent de DieuÈ que saint Louis nous apparat comme par excellence, le roi trs chrtien ? Sans doute, mais ce ne serait point assez si plus que nul autre, il a mrit ce titre, c'est en raison de ses vertus chrtiennes, vertus prives ; c'est en vertu de sa politique chrtienne, vertus publiques. Chrtien, il l'est jusqu' la moelle
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È
Fidle aux enseignements de sa mre et du cardinal romain de Saint-Ange, qui ont form son me, il dclare prfrer mourir plutt que commettre un seul pch mortel.
ÇLa prire est le perptuel aliment de son me ; mme dans ses chevauches de guerre, il rcite les heures canoniales. Tout Roi et grand Roi qu'il puisse tre, il est agrg au tiers ordre du pauvre d'Assise.
ÇIl est humble, il est mortifi, misricordieux, charitable.
ÇMais surtout, il est juste et la justice est une vertu royale, vertu publique autant que prive. C'est sur le solide terrain de la justice que se rencontrent en lui le Roi et l'homme. ÇCherchez premirement le royaume de Dieu et Sa justice et le reste vous sera donn par surcrotÈ. Voil l'unique rgle de sa conduite et cela tous risques.
Ç... Qu'il s'agisse de ses rapports avec ses sujets, ecclsiastiques, seigneurs, bourgeois, gens du menu peuple, la loi de justice impose tous
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È.
Cette justice, il la veut non seulement dans le Royaume, mais aussi dans ses rapports avec ses ennemis.
ÇO prodige ! Tous ses actes de justice lui tournent bien.
ÇLes barons, convaincus que Dieu est avec lui, cessent de le combattre ; ses frres acquirent de nouveaux domaines qui reviendront au royaume ; le roi d'Angleterre se reconnat son vassal pour tout ce qu'il possde encore sur le sol franais et, de longtemps, il ne renouvellera plus ses incursions. Le Pape et l'Empereur le traitent en arbitre et c'est lui, le Roi captien, qui fait figure d'empereur...
ÇC'est lui qui prend en mains les intrts de la chrtient ; c'est lui qui rveille, parmi les princes et les peuples, l'ide de la croisade
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È.
Aprs la Croisade, Çrentr dans le royaume, il y fait rgner la loi de Dieu ; ses enquteurs royaux, la plupart hommes d'Eglise, dominicains ou franciscains, recherchent et rpriment autant qu'ils le peuvent tous les abus. Pas plus que Philippe Auguste, pas mme l'gard de l'glise qu'il aime tant, il ne flchira sur ses droits, quand il est sr que ce sont des droits. Nulle usurpation n'est tolre2È.
Il organise les corporations et sanctionne leurs us et coutumes recueillies sur son ordre par Etienne Boileau dans le Livre des Mtiers. Il assure ainsi au pays une prosprit inconnue jusqu'alors. Il construit l'Hpital des Quinze-Vingt pour les aveugles pauvres, etc..
ÇLa Monarchie que Philippe Auguste avait faite puissante et redoute, saint Louis la rend jamais respectable et, de ce prestige moral, il la couvrira jusqu' la fin : Fils de saint Louis, montez au ciel !È
ÇGrandeur morale mais aussi puissance relle, car jamais la France ne connut, de l'Occident l'Orient, une prminence gale celle que lui avait assure le plus juste et le plus vertueux de ses rois2È.
C'est le portrait mme du Roi, dont il tait l'ami et le familier, que trace saint Thomas d'Aquin dans son De regimine principum ainsi rsum :
Çun roi doit tre pour son royaume ce que lÕme est pour le corps, ce que Dieu est pour le monde. il doit modeler son gouvernement sur le gouvernement divin. il doit consacrer tous ses soins a diriger ses peuples vers leur fin dernire, en les appliquant au bien et a la vertuÈ.
Aussi le Pape Grgoire IX, crit-il au Saint Roi
[143]
:
ÇDieu, auquel obissent les lgions clestes, ayant tabli ici-bas des Royaumes diffrents, suivant la diversit des langues et des climats, a confr un grand nombre de Gouvernements des missions spciales pour l'accomplissement de Ses desseins.
ÇEt comme autrefois Il prfra la tribu de Juda celles des autres fils de Jacob et comme Il la gratifia de bndictions spciales, ainsi il choisit la Frange, de prfrence toutes les autres nations de la terre, pour la protection de la foi catholique et pour la defense de la libert religieuse ; pour ce motif, la France est le royaume de Dieu mme, les ennemis de la France sont les ennemis du Christ.
Ç... la tribu de Juda tait la figure anticipe du royaume de France. la France, pour l'exaltation de la foi catholique, affronte les combats du Seigneur en orient et en occident. sous la conduite de ses illustres monarques, elle abat les ennemis de la libert de l'Eglise.
Çun jour, par une disposition divine, elle arrache la terre sainte aux infidles; un autre jour, elle ramne l'empire de constantinople a l'obissance du sige romain.
Çde combien de prils le zle de ses monarques a dlivr l'Eglise !
ÇLa perversit hrtique a-t-elle presque dtruit la foi dans l'Albigeois, la France ne cessera de la combattre, jusqu' ce qu'elle ait presque entirement extirp le mal et rendu la Foi son ancien empire.
Çrien n'a pu lui faire perdre le dvouement a Dieu et a l'Eglise ; la, l'Eglise a toujours conserv sa vigueur ; bien plus, pour les dfendre, rois et peuples de France n'ont pas hsit a rpandre leur sang et a se jeter dans de nombreux prils...
Çnos prdcesseurs, les pontifes romains, considrant la suite non interrompue de si louables services, ont dans leurs besoins pressants recouru continuellement a la France ; et la France, persuade qu'il s'agissait de la cause, non d'un homme mais de Dieu, n'a jamais refus le secours demand : bien plus, prvenant la demande, on l'a vue venir d'elle-mme prter le secours de sa puissance a l'Eglise en dtresse.
Çaussi nous est-il manifeste que le Rdempteur a choisi le bni royaume de France, comme lÕexcuteur spcial de Ses divines volonts ; Il le porte suspendu autour de ses reins, en guise de carquois ;
ÇIl en tire ordinairement Ses flches d'lection quand avec l'arc de Son bras tout puissant Il veut dfendre la libert de l'Eglise et de la foi, broyer l'impit et protger la justiceÈ.
Nous avons vu jusqu'alors les bndictions de Dieu tomber sur la France. Hlas ! Le propre petit-fils de saint Louis, Philippe le Bel, va rompre avec cette glorieuse tradition ; il entre en lutte avec le Pape au sujet des impts percevoir sur le Clerg et les monastres, refuse avec hauteur l'invitation que lui fait Boniface VIII de partir pour la croisade, puis fait arrter le Lgat et confisquer ses biens. Le Souverain Pontife envoie sa bulle ÇAusculta Fili... È Le Roi la fait brler et rpond par une lettre injurieuse. Excommuni, il saisit les biens ecclsiastiques confisqus prcdemment et convoque les Etats-Gnraux qui ratifient sa conduite. Aprs l'attentat d'Anagni, il sera la cause indirecte du Grand Schisme d'Occident, en installant les Papes Avignon.
Sans doute, les erreurs et l'ambition dmesure de Boniface VIII avaient pu impatienter lgitimement Philippe le Bel ; mais, le petit-fils de saint Louis, le Fils an de l'glise se devait lui-mme et devait ses Anctres et au monde chrtien de se dfendre par d'autres moyens. Le crime du Roi est patent ; c'est le premier depuis neuf cents ans. Il est national ; tous les corps de l'Etat l'ont approuv.
Le chtiment va tre exemplaire !
Le Roi meurt jeune et accabl de remords ; ses trois Fils vont lui succder sur le trne sans laisser d'hritier. La couronne passe la branche des Valois, voila le chtiment royal !
Çque ses jours soient abrgs, et qu'un autre reoive sa royautÈ
[144]
.
Pourtant Philippe le Bel a manifest publiquement son repentir. Les recommandations qu'il fit son fils, sur son lit de mort et qui constituent son Testament en sont la preuve. CÕest un monument de sagesse et de foi chrtienne qui mrite d'tre cit :
ÇMon Fils, je vous parle devant tous ceux qui vous aiment, et dont le devoir est de vous servir ; faites-vous chrir de tous ceux qui vous commandez ; sans cela vous auriez et la maldiction de Dieu et la mienne.
ÇPremirement, aimez Dieu, craignez-Le, respectez l'Eglise, soyez-en le protecteur, le dfenseur, soutenez votre foi ; soyez un champion invincible du ciel. Ne vous lassez pas de faire le bien. Ayez des mÏurs sages et rgles. Ne vous montrez pas comme un fanfaron, un jongleur. Faites tant que, par vous et votre gouvernement, il apparaisse que vous tes fils de roi et Roi des Franais.
ÇPesez, oui, pesez ce que c'est quÕtre roi des Franais ; et, alors, montrez-vous tel, que Dieu soit glorifi en vous et vos sujets consols par la certitude d'avoir un bon Roi... Souvenez-vous que vous serez Roi de France, et honorez en vous-mme la dignit royaleÈ.
La guerre de Cent Ans, voila le chtiment national
En 1346, Crcy, 30 000 Anglais battent 100 000 Franais.
En 1356, les 8 000 Anglais du Prince Noir mettent en droute 50 000 Franais. O est le temps de Bouvines o 60 000 des ntres taillent en pices 200 000 ennemis... ?
Charles V parat clore la srie de nos dsastres avec Duguesclin ; il n'en tait rien. Il fallait seulement que la France pt reprendre haleine pour ne pas tre crase dfinitivement par l'Angleterre. Aussi, l'expiation n'tant pas acheve, ce rgne rparateur succde le rgne interminable de Charles VI, qui devient fou ; la guerre civile s'ajoute la guerre trangre ; Isabeau de Bavire trahit la France et la livre l'Angleterre par le honteux trait de Troyes. La France n'est plus Çqu'un immense brigandage, une caverne de brigandsÈ nous dit un contemporain, Martin Berruyer, vque du Mans
[145]
, qui ajoute :
ÇOn voyait se raliser tout entier cet oracle d'Ose : plus de vrit, plus de science de Dieu sur la terre, un dluge de maldictions, de fourberies, d'homicides, de vols et d'adultres ; le sang par ruisseaux, la terre dans le deuil ; et tous ses habitants languissants, abattus...È
L'Archevque de Reims, Juvnal des Ursins, raconte dans sa Chronique de Charles VI qu' un conseil de rgence o son pre assistait et o l'on recherchait les causes des malheurs de la France, l'un des membres du conseil dit :
Çqu'il avait vu plusieurs histoires et que toutes les fois que les Papes et les Rois de France avaient t unis ensemble en bon amour, le Royaume de France avait t en bonne prosprit ; et il se doutait que les excommunications et maldictions que fit le Pape Boniface VIII sur Philippe le Bel jusqu' la cinquime gnration ne fussent cause des maux et calamits que l'on voyait. Laquelle chose fut fort pese et considre par ceux de l'assemble. È
humainement, c'en tait fait de la france. mais dieu veillait !
Le Peuple priait ; le Dauphin Charles, lui aussi, n'esprait plus qu'en Dieu
ÇAdonc Seigneur mon Dieu, est-ce que cause de la conduite de ma Mre, je ne serais pas, ainsi que je l'ai cru, l'hritier lgitime du trne et de la couronne de France ? S'il en est ainsi, inspirez-moi, Seigneur, auquel cas je suis dcid rendre le Royaume qui il appartient et quitter le pouvoir pour me retirer en royaume ami. Au contraire, si je suis vritablement Fils du Roi et lgitime hritier de la Couronne, je Vous prie et demande de combattre pour moi et m'aider recouvrer mon royaume.
ÇSi les malheurs de la France sont arrivs cause de mes pchs, qu'il Vous plaise, Seigneur, de me punir tout seul, tout en m'pargnant rude prison et male mort ; mais si ces malheurs sont la consquence des pchs du Peuple veuillez bien apaiser Votre colre et pardonner
[146]
!È
Jeanne d'Arc ! Telle fut la rponse divine.
ÇLe 6 janvier 1412, crit Mgr Debout, les habitants de Domremy sont rentrs chez eux aprs avoir assist aux offices de la belle fte de lÕpiphanie. Soudain, chaque foyer, sans qu'aucun motif extrieur ait pu y donner lieu, un souffle d'allgresse pntre dans les cÏurs ; tonns, les bons villageois s'interrogent, ouvrent les portes, se mettent sur le seuil de leurs chaumires, examinent le firmament. C'est en vain : rien ne leur rvle la cause du sentiment de bonheur quÕils prouvent. Et voici que des tres sans raison, eux-mmes, partagent cette exubrance, les coqs battent des ailes et pendant deux heures font entendre leurs chants sonores et prolongs... È
Que se passe-t-il donc ? Pourtant tous ont l'me endeuille ; le lendemain s'annonce encore plus sombre que la veille; pourquoi cette joie dlirante, subite, inexplicable et gnrale ?
Pourquoi ? parce quÕelle est ne notre Jeanne d'Arc : c'est la rponse de Dieu. Le Seigneur a voulu qu' la naissance de notre Pucelle tout comme celle de Son Divin Fils la terre tressaillit d'allgresse la venue de sa libratrice ; Il a voulu aussi comme pour bien marquer le sens monarchique de la mission de Jeanne quÕElle naqut en ce jour de lÕpiphanie, fte des Rois.
Saint Michel, le Chef des milices clestes, l'archange gardien de notre France et de nos Rois, le grand vainqueur de Satan, apparat l'humble bergre et pendant plusieurs annes l'inspire, la guide, demeure jusqu' la fin le chef de son Çcleste conseilÈ et lui affirme sa mission et ses droits sur notre Pays par ces paroles dfinitives :
ÇJe suis Michel, le protecteur de la France
[147]
È.
A dix-sept ans, la petite bergre quitte son Pre, sa Mre, sa Famille, et son village et ses moutons ; elle s'en va, elle, l'humble fille (mais la Fille au grand cÏur) rendre son Roi la France et bouter l'Anglais. Elle surmonte tous les obstacles, traverse le pays, chappe miraculeusement aux brigands, aux Bourguignons, aux Anglais ; arrive Chinon, sans avoir jamais vu le Roi, qui s'est dguis en simple chevalier et qui a fait revtir l'un de ses seigneurs les insignes royaux, elle le reconnat et se jette ses pieds :
ÇEn nom Dieu, je sais bien que cÕest vous et non un autre qui tes le Roi, Gentil Dauphin... È
Tant qu'Il ne sera pas sacr et couronn, elle appellera toujours Charles ÇGentil DauphinÈ pour bien montrer que le pouvoir n'est lgitime qu'autant qu'il est de Dieu : omnis potestas nisi a Deo. Or ce pouvoir est confr au Roi par lÕonction sainte du Sacre.
Ç ...J'ai nom Jehanne la Pucelle et vous mande par moi le Roi des Cieux que vous serez sacr et couronn a Reims et que vous serez Lieutenant du Roi des Cieux qui est Roi de France !È
Elle affirme ainsi ds sa premire rencontre avec le Roi en prsence de toute la Cour le caractre divin de sa mission et la mission divine de la Monarchie Franaise. Afin de prouver au Roi sa mission, elle l'entrane au fond de la salle et lui rvle lui seul qui doute de sa lgitimit la prire qu'il a faite Dieu au cours d'une nuit de dtresse et lui apporte la rponse divine ; pour bien marquer au Roi que c'est Dieu qui parle par sa bouche, elle le tutoie :
ÇEh bien, je te dis, de la part de Messire, tu es le vrai hritier de France et fils du Roi, et Il m'envoie pour te conduire Reims y recevoir ton Sacre et la couronne, si tu le veux !È
Par cette affirmation fulgurante et qui ne peut tre que divine, Jehanne arrache au Roi tous ses doutes. Ds lors Charles VII ne doute plus de la mission de la Pucelle non plus que de lui-mme et de son droit. Elle lui a rendu la foi. Il accepte d'accomplir la volont divine, elle entreprend alors sa mission libratrice.
Elle sait que la guerre est l'ultima ratio d'un peuple en tat de lgitime dfense, que ce flau n'est justifi qu'autant que le droit est viol, que, dans ce cas seulement, la guerre devient non seulement lgitime, mais sainte et bnie de Dieu, aussi, avant de faire couler le sang, elle somme, au nom de Dieu, les Anglais de quitter le Royaume qu'ils ont injustement envahi :
ÇJhsus ! Maria !
ÇRoi d'Angleterre et vous, duc de Bedford qui vous dites rgent du Royaume de France...
Çfaites raison au Roi du Ciel de Son sang Royal.
ÇRendez au Roi, par la Pucelle, qui est envoye par Dieu le Roi du Ciel, les clefs de toutes les bonnes villes que vous avez prises et violes en France.
Çelle est venue de par Dieu rclamer le sang Royal.
Elle proclame hautement la face du monde que, seule la Race Royale des Francs, la Maison de France doit rgner sur notre Pays, et cela, de par la volont divine. Elle ajoute :
ÇElle est toute prte de faire la paix si vous lui voulez faire raison en quittant la France et payant le dommage que vous lui avez faitÈ.
Quelle leon de haute et chrtienne sagesse elle donne au monde. Elle sait en effet que le pardon et la charit ne doivent intervenir dans les relations internationales aussi bien qu'entre particuliers qu'une fois la justice pleinement satisfaite et le dommage intgralement rpar. Il et t bien utile, aprs les deux dernires conflagrations mondiales, de s'inspirer de cet enseignement.
Enfin, elle achve sa lettre par cette magnifique dclaration :
Çvous ne tiendrez point le royaume de France, de Dieu le Roi du Ciel... mais le tiendra le roi Charles, vrai hritier, car Dieu le Roi du Ciel le veut
[148]
È
Affirmant ainsi que si le Christ est Roi de l'univers, Il est plus spcialement le Roi de France, et proclamant, au nom de Dieu, que la Loi Salique, cette loi de succession au trne qui a assur la grandeur et l'unit de la France doit toujours tre respecte.
Et comme les Anglais ne rpondent pas, elle marche sur Orlans. Avant la bataille elle entend la Messe et communie, et son cuyer, Simon Beaucroix, dclare au Procs de rhabilitation : ÇJe me rappelle fort bien que Jeanne recommanda tous les hommes de l'arme de se confesser, de mettre leur conscience en ordre ; que Dieu alors leur viendrait en aide et qu'avec Son aide ils obtiendraient la victoireÈ.
en la fte de saint Michel, Patron de la France, elle dlivre miraculeusement Orlans.
Les jours suivants, elle met en droute, les armes de secours anglaises : c'est la miraculeuse campagne de la Loire. Ds lors, elle a suffisamment prouv la ralit de sa mission ; elle va sur l'ordre exprs de Dieu par un acte officiel, solennel, public, authentique et ainsi revtu de toutes les formes lgales d'un contrat, pour lui donner toute sa signification et sa porte aux yeux du peuple, renouveler le pacte conclu Tolbiac et aux fonts baptismaux de Reims, l'alliance du Christ et de la France :
ÇGentil Roi, il me plairait avant de descendre dans le cercueil, d'avoir votre palais et votre Royaume.
- Oh ! Jeanne, rpond Charles VII, mon palais et mon Royaume sont toi.
Notaire, crivez, dit la Pucelle inspire : Le 21 juin 4 heures du soir, l'an de Jsus-Christ 1429, le roi Charles VII donne son royaume Jeanne.
Çcrivez encore : Jeanne donne son tour la France Jsus-Christ.
Nos Seigneurs, dit-elle d'une voix forte, prsent c'est Jsus-Christ qui parle :
ÇMOI, SEIGNEUR TERNEL JE LA DONNE AU ROI CHARLES
[149]
È.
Jeanne interpelle les Seigneurs, la Cour, pour les prendre tmoin que c'est Jsus-Christ qui parle par sa bouche, et pour consacrer, par leur tmoignage et leur adhsion, ce pacte qui lie non seulement le Christ au Roi et le Roi au Christ, mais le peuple de France tout entier dans la personne de son Roi. Qu'elle est donc mouvante cette triple donation passe en bonne et due forme par devant notaires ! Elle est l'clair fulgurant qui explique, claire, illumine, irradie toute notre Histoire. elle est l'acte capital qui consacre la raison dÕtre de notre pays.
A la face de l'univers, elle proclame non seulement la royaut universelle du Christ sur le monde et plus particulirement sur notre Patrie, mais aussi la mission divine de la France et de la Maison de France. Car cet acte a une porte gnrale; ce n'est pas seulement Charles VII que Dieu confie le Royaume ; en sa personne, c'est toute la race royale pour bien montrer que la Race Royale est aussi insparable de la France que la France est insparable de l'glise et du Christ.
Le Pre Ayrolles crit de ce vritable contrat qui fait du Roi de France le Lieutenant du Christ :
ÇSi Charles VII et ses successeurs avaient compris, ils auraient fait enchsser le merveilleux parchemin dans l'or et la soie ; ils l'auraient entour de pierres prcieuses, car ils n'avaient pas dans leur trsor de diamant comparable. Ils l'auraient relu et mdit tous les jours. Non seulement ils seraient aujourd'hui sur le trne, mais l'univers serait dans les bras de Jsus-Christ et ce serait la France qui l'y aurait placÈ.
L'Alliance tant renouvele entre le Christ et la Monarchie, Jeanne d'Arc peut conduire le Dauphin Reims.
ÇC'est Reims maintenant qu'il me faut vous conduire... Venez donc au plus vite prendre la Couronne laquelle vous avez droit. Mon Conseil me tourmente on ne peut plus l-dessus !È
c'est donc bien la volont de Dieu que le roi soit sacr, et sacr a Reims.
Nous n'insisterons pas sur l'importance de ce fait, le lecteur connaissant dj toute la signification du Sacre par l'un des chapitres prcdents.
Le 17 juillet 1429 quand le Prlat conscrateur eut prononc la formule :
Çje te sacre Roi de France au nom du Pre et du Fils et du Saint-EspritÈ
aux cris enthousiastes de tous les assistants : ÇNol ! Nol ! Vive le Roi ; NOèL ! NOèL ! È, Jeanne en larmes (larmes de joie) se jette aux pieds du Roi :
ÇGentil prince, maintenant est excut le plaisir de Dieu, qui voulait que vous vinssiez a Reims pour y recevoir votre digne sacre, montrant que vous tes le vrai Roi et celui auquel le royaume doit appartenir !È
Trs justement, Monseigneur Delassus crit :
ÇEn dehors de la race de David, jamais dynastie n'a reu une pareille conscration
[150]
È.
Le jour mme elle crit au Duc de Bourgogne pour lui demander de faire la paix car :
ÇVous fais assavoir, de par le Roy du Ciel, mon droicturier et souverain Seigneur, pour votre bien et pour votre honneur et sur votre vie, que vous ne gagnerez point de bataille l'encontre des loyaux Franais et que tous ceux qui guerroient au dit saint Royaume de France guerroient contre le Roi Jesus, Roy du Ciel et de tout le monde... È
Sa mission est termine, elle a sauv la France en lui rendant son Roi, elle a consacr la mission divine de notre Pays et de notre Monarchie ; elle a sauv la chrtient, car en boutant l'Anglais hors de France, elle a empch le Protestantisme, qui devait svir en Angleterre au sicle suivant, de triompher de l'Eglise ; elle a proclam la Royaut Universelle du Christ.
ÇEt les portes de l'enfer ne prvaudront pas contre elleÈ Une fois de plus : Gesta Dei per Francos.
A la mission de Jeanne, il manquait encore une chose : l'aurole du sacrifice et du martyre, la prison, le procs et le bcher de Rouen. Comme le Christ, elle est trahie, livre ses ennemis, insulte, trane devant un tribunal ecclsiastique. Pour tous deux, pas d'avocats, pas de dbats contradictoires ; leurs juges sont leurs pires ennemis. Jeanne en appelle au Pape, il ne l'entend pas ; lÕpiscopat l'abandonne ou la trahit. Elle qui a sauv l'Eglise et la France, elle est condamne comme hrtique et schismatique ! Quelle douleur ne dut pas tre la sienne de se voir si injustement perscute, si odieusement condamne ! C'est seulement aprs qu'elle eut consomm son sacrifice jusqu'au martyre que la France fut compltement sauve, comme le monde le fut par la mort du Christ.
Mais pourquoi tant de haine, tant d'acharnement contre Jeanne ? Parce que tous les ennemis de la France et de nos Rois voulurent atteindre en elle le principe divin de la Monarchie Franaise. Or, pensrent-ils, quoi de plus efficace pour discrditer ce principe que de faire condamner comme hrtique et sorcire celle qui tait venue le sauver et le confirmer au nom de Dieu. Oui, vraiment notre Jeanne est la martyre par excellence du principe divin de la Monarchie Franaise.
Un dernier mot encore sur Jeanne d'Arc. Toutes ses prdictions se sont ralises jusqu' ce jour. Or, le samedi 10 mars, lors de son procs, au cours de l'interrogatoire de Cauchon, elle a dit que la Couronne de France Çdurera mille ans et plusÈ.
ÇJeanne a prdit que la France accomplirait un jour pour le salut de la Chrtient, un exploit grandiose qui dpasserait tout ce que l'univers a vu jusqu'ici. Le Monde sera donc un jour le tmoin de cette entreprise merveilleuse qui surpassera les Croisades et Lpante. Et, pour l'accomplir, il faut bien que la France se relve et reprenne sa noble pe de Dieu [151] !È.
Lors de la mort de la Pucelle, au milieu des flammes du bcher, le Saint-Esprit s'envola, sous la forme d'une colombe, pour bien marquer qu'Il inspirait et habitait l'me de la Vierge Martyre. Malgr l'acharnement des bourreaux et les ordres des Anglais, jamais le cÏur et les viscres de Jeanne ne purent etre consumes et ce cÏur, qui incarna si intensment celui de la France, continua battre au milieu des cendres... N'a-t-elle pas assur qu'elle reviendrait pour accomplir le Çplus beau fait qui jamais aura t fait pour la ChrtientÈ ?
Ses restes sacrs furent mis dans un sac et jets la Seine... Jeanne d'Arc est unique dans l'Histoire Universelle. Sa formation fut toute cleste. Nulle hrone ne peut lui tre compare, elle les dpasse toutes. Sa mission surpasse toutes les autres. Aprs la Vierge, Mre de Dieu, et co-Rdemptrice du Genre Humain, la Pucelle est la crature la plus merveilleuse qui ait jamais paru ici-bas
[152]
.
Au sicle suivant, les derniers Valois abandonnent leur rle de Fils an de l'glise. Ils vont tre chtis dans leur descendance.
Franois 1er pactise trop avec la Renaissance ; les mÏurs se relchent la Cour.
Il tolre que sa sÏur favorise les Protestants et, lui, le Roi Trs Chrtien, il fait alliance avec les Infidles. L'unit morale de la France est rompue et peu peu le Pays s'achemine vers les guerres de Religion ; les rpercussions de cette brche faite dans l'me franaise n'ont jamais cess, depuis lors, de se faire sentir : voil pour l'intrieur.
A l'extrieur, ce sont les dsastres de Pavie : ÇTout est perdu, fors l'honneur !È et cette ruineuse lutte de la Maison de France contre la Maison d'Autriche qui ne prendra fin que sous Louis XV.
ÇQuant au rgne d'Henri II, il est marqu par l'humiliant trait de Cateau-Cambrsis (juin 1559) par lequel le Roi, pour conserver Calais et les Trois vchs, devra abandonner 189 villes ou chteaux fortifis au del des Alpes ou dans les Pays-Bas et tous ses droits en Italie
[153]
È.
A la mort d'Henri II, c'est Catherine de Mdicis qui exerce le pouvoir en faveur des Protestants beaucoup plus que des Catholiques. Elle est, l'avance, le portrait frappant de nos Libraux, dont toute la conduite se rsume ainsi : mettre la vrit et l'erreur sur le mme pied ; c'est--dire favoriser l'erreur, qui n'a aucun droit, aux dpens de la vrit, qui les a tous.
Catherine de Mdicis veut tenir la balance gale entre les Catholiques et les Protestants, entre l'Eglise de Dieu et ceux qui incarnent l'orgueil humain en rvolte contre Dieu. Rsultat : les guerres de Religion prcipitent la France dans un flot de sang. Comme toujours en pareil cas les ennemis de l'Etat, les Protestants, font alliance avec leurs coreligionnaires d'Angleterre et d'Allemagne : la guerre civile s'ajoute la guerre trangre.
En 1589 s'teint la deuxime branche, celle des Valois ; de la mme manire que la premire.
ÇTrois frres se succdant galement, l'un l'autre, sur le trne disparaissent sans laisser d'hritier mle. Ce sont les fils d'Henri Il... Mais cette fois le chtiment s'aggrave.
ÇLa coupe des abominations a encore plus dbord que la premire fois, il faut que l'expiation soit plus accentue !
ÇOutre leurs scandales et leurs mÏurs infmes, les derniers Valois ont amoncel les crimes :
ÇCharles IX meurt bourrel de remords des massacres de la Saint-Barthlemy qu'il a ordonns.
ÇEt Henri III, aprs les assassinats qu'il a lui-mme perptrs, au milieu d'orgies et de criminelles dbauches, meurt assassin, aprs que les dlgus de la Nation lui avaient retir son pouvoir royal !
ÇDeuxime avertissement la race royale Captienne !
[154]
È.
Cette fois, il n'y a de chtiment que pour la dynastie, car la Nation a fait son devoir. Si le Roi a oubli le sien, les Catholiques, moins veules que de nos jours, ont constitu la Ligue et dfendent les droits imprescriptibles du ÇRoy du Ciel qui est Roy de France !È
Voici leur magnifique, serment : chaque Ligueur s'engage :
ÇA maintenir la double et insparable unit catholique et monarchique du ÇSaint royaume de FranceÈ, telle qu'elle fut fonde miraculeusement au baptistre de Reims, par saint Remy ; telle qu'elle y fut restaure miraculeusement, par Jeanne d'Arc ; telle qu'elle est inscrite dans la loi salique.
ÇA faire dans ce but le sacrifice de leurs biens et de leur vie ; a dfendre jusquÕ la mort les ligueurs asserments, a poursuivre jusquÕ la mort leurs ennemisÈ.
La Ligue a sauv l'Eglise et la France de l'hgmonie protestante. Les sacrifices et l'hrosme de ses membres valent au Pays l'un de ses plus grands Rois : Henri IV, pour monter sur le trne, doit abjurer le Protestantisme et revenir la religion de ses Pres.
Il accomplit ce grand acte l'Abbaye de Saint-Denis, en 1593 ; son sacre fait disparatre les dernires rsistances : vingt-trois jours aprs, il entre Paris aux acclamations d'un Peuple immense Çaffam de voir un RoiÈ.
En 1595 il bat les Espagnols Fontaine-Franaise, puis en 1601 le Duc de Savoie refusant de restituer le Marquisat de Saluces, il annexe la Bresse, le Bugey et le Pays de Gex qui s'ajoutent au Barn et au Comt de Foix, dj runis au Royaume en 1589.
Ayant trouv la France puise aprs les guerres de religion, le Roi, avec son ministre et ami Sully, restaure compltement le Royaume. Il relve l'industrie, notamment celle de la soie Lyon, cre des manufactures diverses, dveloppe le commerce, multiplie les routes et les ponts, creuse le canal de Briare et signe des traits de commerce avec les Puissances trangres.
Il porte tous ses soins la restauration de l'agriculture par une sage politique de protection du paysan et de dgrvement d'impts et rend confiance nos campagnes qui se repeuplent et redeviennent fertiles. Il fait rendre gorge aux voleurs, et, par de prudentes conomies, parvient non seulement rembourser les emprunts et rduire les impts, mais encore constituer un trsor de quarante millions, ce qui reprsenterait peut-tre plusieurs milliards de nos jours. Il favorise les entreprises coloniales et grce son appui, Champlain peut fonder Qubec.
Enfin, par la sagesse de ses choix dans la nomination des vques, il contribue puissamment la restauration religieuse du Royaume.
A la mort du bon et grand Roi, la France est redevenue le Pays le plus riche, le plus prospre et le plus peupl.
Le rgne de Louis XIII qui dbute par la reprise de la guerre religieuse et de la guerre trangre, n'est qu'une longue suite de triomphes et de prodiges accords par Dieu la France, dont le jeune Roi est profondment chrtien. Le ÇRoy du Ciel envoie Son LieutenantÈ le plus grand ministre qu'ait eu un Souverain: le Cardinal de Richelieu.
Apprenant la nomination de celui-ci au Conseil Royal, Sully s'crie :
ÇLe Roi a t comme inspir de Dieu en choisissant lÕvque de Luon pour ministre !È
Le Grand Cardinal a lui-mme expos au Roi son programme, digne de celui de la Pucelle, laquelle il vouait une grande admiration, et dont il avait le portrait sur son bureau :
ÇJe promis Votre Majest d'employer toute mon industrie et toute l'autorit qu'Il lui plairait de me donner : miner le parti huguenot, rabaisser l'orgueil des Grands, rduire tous les sujets leur devoir, et relever Son Nom dans les Nations trangres au point o Il devait treÈ.
Ce magnifique programme fut rigoureusement appliqu.
Les protestants avaient organis un vritable tat dans l'Etat, dont la capitale tait La Rochelle et avaient fait alliance avec l'Angleterre. Le sige fut entrepris, mais le Roi, sentant que la lutte serait chaude, voulut mettre son arme sous la protection divine et fit un double vÏu, si la victoire venait couronner ses armes :
1¡ de fonder une Eglise Notre-Dame-des-Victoires, si par sa faveur il tait victorieux de la place, mettant la couronne de France sous sa puissante protection.
2¡ que toutes les annes, par tout le Royaume, l'on ferait des processions, le jour de son entre dans les cieux, par son Assomption glorieuseÈ.
C'est ce vÏu que commmore le tableau de Carl Van Loo Notre-Dame-des-Victoires, au-dessus du matre-autel. La prire du Roi est exauce ; le Roi excute son vÏu.
Le 9 dcembre 1629 a, lieu la pose de la premire pierre sur laquelle est grave en lettres d'or l'inscription latine :
ÇLouis XIII, par la grce de Dieu, Roi Trs Chrtien de France et de Navarre, vaincu nulle part, victorieux partout, au souvenir de tant de victoires qui lui sont venues du Ciel, spcialement de Celle qui a terrass l'hrsie, a rig ce temple aux Frres Augustins dchausss du Couvent de Paris, en monument insigne de sa pit, et l'a ddi la Vierge Marie, Mre de Dieu, sous le titre de Notre-Dame-des-Victoires, l'an du Seigneur 1629, le 9 du mois de dcembre, de son rgne le XXÈ.
L'Archevque de Paris relate la crmonie en un document officiel, crit en latin ; nous en donnons la traduction car il rsume la plus grande partie du rgne de Louis XIII.
ÇLouis XIII, Roi Trs Chrtien de France et de Navarre, invincible, victorieux, la terreur des ennemis, l'honneur des princes, l'exemple de la postrit : prince vraiment catholique, vraiment juste, et vraiment pieux envers la Bienheureuse Vierge Marie.
ÇAprs avoir vaincu les Calvinistes, hrtiques et rebelles de son Royaume, auteurs de maux innombrables envers les Catholiques fidles par la ruine ou l'incendie de leurs glises ; la profanation des choses les plus saintes ; le massacre des prtres, des religieux et d'un trs grand nombre d'autres catholiques ; par cet acte de suprme impit qui consiste fouler aux pieds le Saint Sacrement de l'Eucharistie ; par la rupture et la souillure de la Croix et des Images des Saints et l'incendie de leurs reliques ; par la perptration horrible d'autres cruauts et sacrilges vraiment inous.
ÇAprs avoir soumis de gr ou de force, en deux ans, cent cinquante villes de ces mmes hrtiques et avoir partout rtabli le vrai culte du vrai Dieu et de la Vierge Marie.
ÇAprs avoir vaincu La Rochelle, ville clbre dans le monde entier, en enchanant les flots de l'ocan, malgr les efforts des Rois et des princes conjurs ; La Rochelle, ville inexpugnable autant par l'obstination de ses habitants que par la protection de la nature, firement enserre dans sa triple ceinture de murailles, sans compter celle des flots gonfls de lÕocan ; La Rochelle, qui, ayant autrefois sa puissance, avait secou le joug de tant de Rois ; La Rochelle, le plus solide boulevard de l'hrsie.
ÇAprs avoir disloqu ses murailles jusque dans leurs fondements, combl ses fosss, dispers sur terre et sur mer les Anglais venus son secours ;
ÇAprs avoir chass les Espagnols de la Valteline, pacifi la querelle des Gnois, avec le duc de Savoie, dfendu les droits du duc de Mantoue contre les Espagnols et les Savoyards, ses armes tant partout victorieuses, le Roi trs pieusement reconnaissant de tant et de si grandes grces et victoires reues de Dieu par la protection de la Vierge, Sa Mre, s'est dclar le fondateur royal de l'Eglise des Augustins Dchausss de Paris dont il a voulu, par une pit insigne, poser la premire pierre, de ses mains royales, et Dieu l'a ddie en l'honneur de Notre-Dame-des-Victoires. Cette premire pierre ayant t bnite par l'illustrissime et rvrendissime Seigneur Jean Franois de Gondy, Archevque de Paris, en prsence du Prvt et des diles de la Ville, le 9 du mois de dcembre de l'an 1629È.
Voici maintenant quelques extraits des lettres patentes du Roi :
ÇLouis, par la grce de Dieu, Roy de France et de Navarre, a tous prsents et a venir, salut.
ÇLes Roys nos prdcesseurs ont tellement chry la pit et, avec des soins particuliers, recherch l'augmentation de lÕEglise catholique, apostolique et romaine, que les frquents tmoignages qu'ils ont rendu de leur insigne dvotion leur ont acquis le titre et l'minente qualit de fils an d'icelle.
ÇQualit qui nous est en telle recommandation que nous nous proposons de faire toujours des actions qui en soient dignes, moyennant la grce et assistance divines, que nous implorons et implorerons toute notre vie, pour n'en point faire qui semblent y contrarier...
ÇPour marque jamais de la pit que Nous avons la glorieuse Vierge Marie, et pour tmoignage de la singulire affection que Nous portons au dit ordre des Religieux Augustins Dchausss, Nous avons voulu tre fondateur de leur Eglise, et couvent de Nostre bonne ville de Paris, laquelle nous avons ddie a nostre-dame-des-victoires, en actions de grces de tant de glorieuses victoires que le ciel nous a favorablement dparties par l'entremise de la Vierge, et assister en personne en l'action de la dite fondation et toutes les crmonies et solennits qui y ont t faites par Nostre aim et fal Conseiller en Nostre Conseil d'Etat le sieur Archevque de Paris, le 9 du prsent mois... È
Toute Ïuvre de Dieu est longue et difficile. La naissance de celui qui sera le Roi Soleil en est la preuve et montre que la persvrance base sur la Foi est toujours exauce.
Au milieu de tant de victoires, une douleur profonde attriste continuellement Louis XIII et Anne d'Autriche. Depuis vingt-deux ans qu'ils sont maris, le Roi et la Reine n'ont aucun hritier. Vainement, multiplient-ils les prires et les plerinages. Pourtant, jamais ils ne dsesprrent de la bont de Dieu. Aussi, leur confiance fut-elle rcompense par un miracle.
C'est le tout petit nombre des Franais qui sait que la naissance de Louis XIV fut trs rellement miraculeuse, encore la plupart du temps n'a-t-il qu'une connaissance trs superficielle de la question. Mais ce qui est peu prs totalement ignor, ce sont les manifestations surnaturelles qui se rattachent cette naissance et prouvent quel point Notre Seigneur et Sa Divine Mre aiment la France et nos Rois. Ces manifestations ont t consignes par crit, sous la foi du serment, au fur et mesure qu'elles se produisaient. Elles offrent donc une garantie incontestable, d'autant plus que la plupart sont antrieures et de beaucoup cette naissance. Elles sont au nombre de quatre.
La premire en date est celle dont fut l'objet la Rvrende Mre Jeanne de Matel qui reut le 3 octobre 1627 (onze ans avant la naissance) le message suivant de Notre Seigneur :
ÇJe magnifierai Ma misricorde sur votre Reine et la visiterai comme J'ai visit sainte lisabeth, la rendant mre. J'ai piti des humiliations de cette bonne PrincesseÈ.
Dix ans aprs, en 1637, le Ciel lui annonce la nouvelle de la prochaine naissance d'un Dauphin ; enfin, dans la nuit du samedi au dimanche 5 septembre 1638 au moment mme de la naissance :
ÇJe vis cet enfant bni, crit la pieuse religieuse ; cette vue mit dans mon me tant de joie que nos sÏurs s'aperurent d'une extraordinaire jubilation en moi, sans que je leur dise la cause, tel point que l'une d'elles appela les autres sÏurs et leur dit : Venez voir notre Mre dont la face est rayonnante
[155]
È.
SÏur Marguerite du Saint Sacrement, Carmlite de Beaune, qui depuis des annes suppliait le Ciel de donner un Dauphin la France, fut son tour l'objet des faveurs divines et le 2 fvrier 1632, au cours d'une extase, le Sacr-CÏur lui dit:
ÇPuise, Mon pouse, ce que tu veux dans Mon CÏur. Je t'accorde le Dauphin que tu demandes et tu ne mourras point sans avoir la joie et la consolation de voir Ma promesse accomplieÈ.
Le 15 dcembre 1637, quelques jours aprs la conception de l'Enfant, Notre Seigneur lui dit que la Reine tait enceinte ; enfin, le jour de la naissance, Il lui annona la bonne nouvelle.
Une autre Religieuse, SÏur Germaine, de Clermont, en 1637 envoye par Louis XIII et Anne d'Autriche en plerinage Notre Dame de Grce de Gignac, prs de Lodve, pour obtenir un hritier, affirma qu'tant en prires, elle reut de la Sainte Vierge l'assurance que bientt la France aurait un Dauphin.
Enfin, la Vierge, tenant un enfant, apparat un religieux Augustin de Notre-Dame-des-Victoires, le frre Fiacre
[156]
.
ÇElle est vtue d'une robe bleue seme d'toiles, les cheveux flottant sur les paules et porte trois couronnes sur la tte :
Çmon enfant, lui dit-elle, n'ayez pas peur, je suis la Mre de Dieu ! ce n'est pas mon Fils, c'est l'enfant que Dieu veut donner a la FranceÈ.
Les apparitions se renouvelant, l'Autorit religieuse intervient et reconnat l'exactitude des faits. La Reine connat la merveilleuse nouvelle le 5 dcembre 1637 ; neuf mois aprs, jour pour jour, le 5 septembre 1638 nat louis xiv qui reoit au Baptme le nom de Louis-Dieudonn, le Grand Roi qui donna son nom son sicle et porta son apoge la gloire de la France !
On conoit l'intervention divine dans un vnement aussi important pour le monde que la naissance de Louis XIV.
Il est une leon qui se dgage de cette naissance miraculeuse : y a-t-il un argument plus catgorique et plus magnifique pour prouver que la Royaut est bien le rgime qui seul convient la France ? La Vierge aurait-Elle accord au Roi un hritier pour le Trne si la Monarchie n'tait pas de droit divin, de volont divine ? Surtout quand l'Histoire montre que la Reine du Ciel tint rpter tant de fois ce miracle : pour Philippe-Auguste, Louis VIII, saint Louis, Philippe le Hardi, Charles VIII, Louis XIV, le Grand Dauphin, le Duc de Bourgogne, le Dauphin fils de Louis XV, les enfants de Louis XVI [157] .
Le Roi, en plein accord avec le Cardinal de Richelieu et le Pre Joseph du Tremblai, grce lÕinfluence de l'anglique Louise de La Fayette, voulait tmoigner avec clat sa reconnaissance Marie pour ses victoires. Il attendait la premire occasion favorable. Aussi, ds qu'il eut la certitude de la grossesse de la Reine, et sans mme attendre la naissance pour savoir quel serait le sexe de l'enfant, mais pleinement confiant en Marie, il consacra la France et sa Couronne la Sainte Vierge. Le 10 fvrier 1638, alors que la Reine tait miraculeusement enceinte depuis deux mois, il publia l'Edit suivant :
ÇLouis, par la grce de Dieu roi de France et de Navarre, Dieu qui lve les rois au trne de leur grandeur, non content de nous avoir donn lÕesprit qu'Il dpart tous les princes de la terre pour la conduite de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spcial et de notre personne et de notre tat, que nous ne pouvons considrer le bonheur du cours de notre rgne, sans y voir autant d'effets merveilleux de Sa bont, que d'accidents qui nous pouvaient perdre.
ÇLorsque nous sommes entrs au gouvernement de cette couronne, la faiblesse de notre ge donna sujet quelques mauvais esprits d'en troubler la tranquillit ; mais cette main divine soutint avec tant de force la justice de notre cause, que l'on vit en mme temps la naissance et la fin de ces pernicieux desseins. En divers autres temps, l'artifice des hommes et la malice du diable ayant suscit et foment des divisions non moins dangereuses pour notre couronne que prjudiciables au repos de notre maison, il Lui a plu en dtourner le mal avec autant de douceur que de justice.
ÇLa rbellion de l'hrsie ayant aussi form un parti dans l'Etat, qui n'avait d'autre but que de partager notre autorit, Il s'est servi de nous pour en abattre l'orgueil, et a permis que nous ayons relev Ses saints autels en tous les lieux o la violence de cet injuste parti en avait t les marques.
ÇSi nous avons entrepris la protection de nos allis, Il a donn des succs si heureux nos armes, qu' la vue de toute l'Europe, contre l'esprance de tout le monde, nous les avons rtablis en la possession de leurs tats dont ils avaient t dpouills.
ÇSi les plus grandes forces des ennemis de cette couronne se sont rallies pour conspirer sa ruine, Il a confondu leurs ambitieux desseins pour faire voir toutes les nations que, comme Sa providence a fond cet tat, Sa bont le conserve et Sa puissance le dfend.
ÇTant de grces si videntes font que, pour n'en diffrer pas la reconnaissance, sans attendre la paix, qui nous viendra de la mme main dont nous les avons reus, et que nous dsirons avec ardeur pour en faire sentir les fruits aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru tre obligs, nous prosternant aux pieds de Sa majest divine que nous adorons en trois personnes, ceux de la Sainte Vierge et de la sacre Croix, o nous vnrons l'accomplissement des mystres de notre Rdemption par la vie et la mort du Fils de Dieu en notre chair, de nous consacrer la grandeur de Dieu par Son Fils rabaiss jusqu' nous et ce Fils par Sa Mre leve jusqu' Lui ; en la protection de laquelle nous mettons particulirement notre personne, notre tat, notre couronne et tous nos sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte Trinit, par son intercession et de toute la cour cleste par son autorit et exemple, nos mains n'tant pas assez pures pour prsenter nos offrandes la puret mme, nous croyons que celles qui ont t dignes de le porter, les rendront hosties agrables et c'est chose bien raisonnable qu'ayant t mdiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos actions de grces.
ÇA ces causes, nous avons dclar et dclarons que, prenant la trs sainte et trs glorieuse Vierge pour protectrice spciale de notre Royaume, nous lui consacrons particulirement notre personne, notre tat, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et dfendre avec tant de soin ce royaume contre l'effort de tous ses ennemis, que, soit qu'il souffre le flau de la guerre, ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons Dieu de tout notre cÏur, il ne sorte point des voies de la grce qui conduisent celles de la gloire.
ÇEt afin que la postrit ne puisse manquer suivre nos volonts en ce sujet, pour monument et marque immortelle de la conscration prsente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le Grand Autel de l'Eglise Cathdrale de Paris avec une image de la Vierge qui tienne en ses bras celle de son prcieux Fils descendu de la Croix et o nous serons reprsents aux pieds du Fils et de la Mre comme leur offrant notre couronne et notre sceptre.
ÇNous admonestons le sieur Archevque de Paris et nanmoins lui enjoignons que tous les ans le jour et fte de l'Assomption, il fasse faire commmoration de notre prsente dclaration la Grand'Messe qui se dira en son Eglise Cathdrale et qu'aprs les Vpres du dit jour, il soit fait une procession en la dite Eglise laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines et le corps de ville, avec pareille crmonie que celle qui s'observe aux processions gnrales les plus solennelles ; ce que nous voulons aussi tre fait en toutes les glises tant paroissiales que celles de Paris.
ÇExhortons pareillement tous les Archevesques et Evesques de notre royaume et nanmoins leur enjoignons de faire clbrer la mme solennit en leurs glises Episcopales et autres glises de leur diocse: entendant qu' la dite crmonie les Cours de Parlement et autres compagnies souveraines et les Principaux officiers de ville y soient prsents; et d'autant qu'il y a plusieurs piscopales qui ne sont pas ddies la Vierge, nous exhortons les dits Archevesques et Evesques en ce cas de lui ddier la principale chapelle des dites glises pour y tre faite la dite crmonie et d'y lever un autel avec un ornement convenable une action si clbre et d'admonester tous nos peuples d'avoir une dvotion particulire la Vierge, d'implorer en ce jour sa protection afin que sous une si puissante patronne notre royaume soit couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu'il jouisse largement d'une bonne paix ; que Dieu y soit servi et rserv si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement la dernire fin pour laquelle nous avons t crs ; car tel est notre plaisirÈ.
Cet dit fut mis excution le 15 aot suivant. tant Abbeville, le Roi
Çs'avana dvotement vers le prlat qui officiait au grand Autel ; puis, au moment de la Conscration, la main gauche sur le cÏur, la droite leve jusqu' la hauteur du Saint Sacrement, il voua son Royaume la Vierge, La suppliant de prendre ses tats et sa Personne sous Sa puissante protection... afin qu'au mme temps que la Vierge prit possession du Ciel, il La mette en possession de la France, qu'au mme jour que la Sainte Trinit Lui mit le diadme sur la tte, il dpose le sien Ses pieds, et qu'en mme jour Elle soit couronne la tte par la main de Dieu et aux pieds par la main d'un Monarque Franais... È
Et le Roi scella son vÏu d'une Communion fervente.
Le 5 septembre suivant naissait celui qui devait tre le Roi Soleil.
Par cet Acte magnifique et grandiose, Louis XIII donnait la Reine du Ciel un droit de proprit total et irrvocable, pour le prsent et pour l'avenir, sur la France et sur la Race Royale. Non seulement le Roi avait agi dans la plnitude de son pouvoir royal, mais tous les corps de lÕEtat en lÕenregistrant et le peuple en s'y associant avec une magnifique ardeur l'avaient consacr.
C'est pourquoi, qu'on le veuille ou non, la France demeurera, jusqu' la fin des temps, le spcial Royaume de Marie et jouira, de ce fait, de toutes les grces et de tous les privilges qui dcoulent logiquement d'un tel droit d'absolue proprit de la Vierge sur "Son Royaume" et sur la Race Royale qui se sont ainsi totalement donns Elle. Ce droit Marial constitue, l'heure actuelle, la garantie formelle, absolue, que la France rentrera dans l'Ordre voulu par Dieu et ne sera pas rejete tout jamais; et que, le voulussent-ils, les ennemis de la France ne pourront jamais la dtruire, Marie ne peut pas (Elle n'en a pas le droit, allions-nous crire) abandonner dfinitivement au pouvoir de Satan ce qui Lui appartient spcialement, sans encourir du mme coup, une diminution dfinitive de Sa Toute Puissance, de Sa Souverainet, de Sa Royaut ; ce qui est une impossibilit.
Le rgne de Louis XIII s'acheva dans la gloire. De plus, l'action surnaturelle de saint Franois de Sales, de sainte Jeanne de Chantal, de saint Vincent de Paul, de sainte Louise de Marillac, de saint Franois Rgis, de la Vnrable Marguerite de Veyny d'Arbouse, de Marie des Valles, de saint Jean Eudes, du Cardinal de Brulle, de Monsieur Olier, et de tant d'Ordres Religieux qui se rformrent, s'installrent ou se fondrent, fit clore ce magnifique renouveau chrtien du XVII sicle, qui, tout comme le Grand Sicle, lui-mme, est issu directement du rgne de Louis le Juste et de son Acte de Conscration de la France la Vierge.
Louis XIII pouvait mourir, sa mission tait accomplie. Quelques annes aprs, sentant sa mort prochaine, le Roi demanda saint Vincent de Paul pour l'assister. ÇVincent tait le prtre du Royaume auquel il avait le plus de confiance
[158]
È.
Aussi faudrait-il citer toute la page o M. Arthur Loth raconte les conversations difiantes du Souverain et du saint, ainsi que les derniers instants du Prince expirant Çentre les bras de Vincent de Paul, grande et douce agonie d'un pieux Roi, consomme au milieu des entretiens d'un saint. Depuis que je suis sur la terre, crivait Vincent, je n'ai vu mourir personne plus chrtiennementÈ.
ÇJe suis ravi d'aller DieuÈ dit le Roi en rendant le dernier soupir.
Louis XIII voulut toujours mettre sa vie en harmonie avec sa conscience. Sa saintet lui valut de faire des miracles : telle la gurison d'une jeune fille muette qui il rendit la parole Surgres, lors du sige de La Rochelle, gurison qui dtermina la conversion du duc de la Trmoille, calviniste. A deux reprises la rception du saint Viatique gurit instantanment le Roi. La veille de sa mort, celui-ci eut la vision prophtique de la bataille et de la victoire de Rocroi, remporte par ses troupes le 19 mai, cinq jours aprs sa mort (14 mai 1643).
Un jour viendra peut-tre o l'glise, aprs avoir tudi la vie, les vertus et les miracles du pieux et grand roi, fera monter Louis le Juste sur les autels1.
ÇIl y a en Lui assez d'toffe pour faire quatre rois et un honnte hommeÈ. Mazarin
La rponse de Marie la Conscration de la France ne se fait pas attendre : c'est le rgne prestigieux du Roi Soleil. Au point de vue politique, notre Pays atteint son apoge et y acquiert une gloire incomparable. La prosprit conomique est non moins remarquable et la production franaise est considre l'tranger comme la premire du monde grce son got, son lgance et sa perfection. Les Beaux-Arts, la Littrature, l'Histoire, la Philosophie, lÕloquence, les Sciences sacres et profanes grce une pliade d'hommes dont un seul et suffi immortaliser une poque connaissent le plus merveilleux panouissement, et l'esprit franais, l'esprit humain atteint alors un degr d'quilibre, de mesure, de pondration, d'ordre et de grandeur tel qu'il ne s'leva jamais plus haut. Au point de vue religieux, les sminaires se multiplient de toutes parts pour former le Clerg ; l'vanglisation des populations est poursuivie mthodiquement et avec un zle admirable par de nombreux Ordres ; l'effort dans le domaine de l'ducation et de l'instruction n'est pas moins efficace ; les Ïuvres d'assistance et de charit se dveloppent un point insouponn ; quant l'apostolat missionnaire, Monseigneur Prunel
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n'hsite pas dire que, l comme ailleurs, nous sommes encore aujourd'hui tributaires du XVII sicle qui nous a montr la voie suivre. A tous points de vue, le XVII sicle est un chef-d'Ïuvre. Il ne le fut que parce qu'un homme sut lui insuffler sa propre grandeur, et cet homme est prcisment celui que la Vierge avait donn la France. Alors qu'un Napolon lui-mme n'a pas laiss son nom son poque, le XVII sicle est "le sicle de Louis XIV" ; tel est l'arrt port par le Tribunal de l'Histoire.
Le rgne du Grand Roi se divise en deux parties bien distinctes : les victoires clatantes jusque vers 1682, puis les revers. Le philosophe en cherche la cause et ne la trouve pas ; le catholique, se rappelant la vocation divine de la France, y voit le doigt de Dieu.
Dans la premire partie de son rgne, et malgr le scandale de sa vie prive, le Roi reste ÇLieutenant du Roi du CielÈ dans sa politique. Ne se montre-t-il pas le Dfenseur de la Chrtient en envoyant Coligny et six mille hommes l'Empereur contre les Turcs ; et le Duc de Beaufort bombarder les pirates Alger et Tunis et aider Venise dfendre Candie ?
Aussi met-il Çlauriers sur lauriers, victoires sur victoireÈ aux traits de Westphalie, charte de la politique trangre, il ajoute ceux des Pyrnes (1659), d'Aix-la-Chapelle (1668) et de Nimgue (1679). C'est ce dernier qui lui vaut le titre de "Grand". Malheureusement, son toile va plir.
Il entre en opposition avec Rome au sujet de la Rgale, puis runit l'Assemble du Clerg de France qui rdige la fameuse Dclaration schismatique de 1682. Sans doute convient-il en toute justice de reconnatre avec Dom Besse que ces quatre articles de 1682 sont beaucoup plus la rsultante des Parlements que du Roi. Un auteur qui est gnralement svre l'gard de Louis XIV, M. Gurin, reconnat Çqu'il fut plus modr, plus loyal qu'aucun de ses Conseillers. Il alla trop loin dans la voie o ils le poussrent ; mais il eut la gloire de s'arrter de lui-mme et jamais il ne donna de preuve plus marque de sagesse que lorsqu'il congdia brusquement l'Assemble le 29 juin 1682... È Le 14 septembre 1693, il rtractait ses erreurs par lettre autographe au Souverain Pontife :
ÇJe suis bien aise de faire savoir Votre Saintet que j'ai donn les ordres ncessaires pour que les choses contenues dans mon dit du 22 mars 1682 touchant la Dclaration faite par le Clerg de France, quoi les conjonctures passes m'avaient oblig, ne soient pas observesÈ.
ÇLes vques qui s'taient compromis en 1682, crit Dom Besse, rparrent leur faute par un dsaveu. Il y eut de nouveau entre la Cour de Rome et celle de Versailles des relations empreintes d'une confiance mutuelle. >
Au plus vif de sa lutte contre le Saint Sige, le Sacr-CÏur, le 17 juin 1689, apparat Marguerite-Marie et rappelle ainsi, au Roi comme au Pape, la mission divine de la France et de sa Race Royale
[161]
:
ÇFais savoir au fils an de Mon Sacr-CÏur que comme sa naissance temporelle, a t obtenue par la dvotion aux mrites de Ma sainte Enfance
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, de mme il obtiendra sa naissance de grce et de gloire ternelle par la conscration qu'il fera de lui-mme Mon cÏur adorable qui veut triompher du sien et par son entremise de celui des grands de la terre.
ÇIl veut rgner dans son palais ; tre peint dans ses tendards et grav dans ses armes, pour les rendre victorieuses de tous ses ennemis en abattant a ses pieds ces ttes orgueilleuses et superbes pour le rendre triomphant de tous les ennemis de la sainte EgliseÈ.
Dans sa troisime lettre date du mois dÕaot, Çvrai trait d'alliance offensive et dfensive entre le Sacr-CÏur et son fils anÈ, dit l'abb Vial, Marguerite-Marie demande au nom de Dieu :
ÇDe faire un difice ou serait le tableau de ce Divin CÏur pour y recevoir les hommages du Roi et de la cour.
ÇDe plus ce Divin CÏur veut se rendre protecteur et dfenseur de sa sacre personne contre tous ses ennemis visibles et invisibles dont il la veut dfendre et mettre son salut en assurance par ce moyenÈ.
ÇCÕest pourquoi Il l'a choisi, comme son fidle ami, pour faire autoriser la messe en Son honneur par le Saint-Sige apostolique et en obtenir tous les autres privilges qui doivent accompagner la dvotion de ce Divin CÏur, par laquelle il lui veut dpartir les trsors de Ses grces de sanctification et de salut en rpandant avec abondance Ses bndictions sur toutes ses entreprises qu'il fera russir Sa gloire, en donnant un heureux succs ses armes pour le faire triompher de la malice de ses ennemis...
ÇMais comme Dieu a choisi le Rvrend Pre de la Chaise pour l'excution de ce dessein, par le pouvoir qu'il lui a donn sur le cÏur de notre grand roi, ce sera lui de faire russir la chose
[163]
... È
Sous l'influence de ses conseillers religieux, le Roi ne rpondit pas l'appel divin et, depuis lors, il ne connut plus gure que les revers ; et les malheurs les plus effroyables s'abattirent sur la famille Royale
[164]
. C'tait le chtiment divin. Le Roi l'avait compris et, appelant Marly le Marchal de Villars pour lui remettre le commandement de sa dernire arme, suprme espoir de salut (70 000 hommes contre 120 000) il lui dit en pleurant :
ÇVous voyez mon tat ; Dieu me punit, je l'ai bien mrit !
ÇS'il vous arrive malheur, vous l'crirez moi seul. Je monterai cheval, je passerai par Paris, votre lettre la main. Je connais les Franais. Je vous amnerai deux cent mille hommes et nous mourrons ensemble, ou nous sauverons l'Etat !È
Le Roi monta cheval, mais ce fut pour annoncer au peuple : ÇMes enfants, Victoire ! Victoire !È et le peuple de le suivre, ivre d'enthousiasme, Notre-Dame chanter le Te Deum.
Les larmes (larmes si mouvantes) et le repentir du grand Roi avaient flchi la colre cleste. La Providence avait exauc le Roi, dont la vie prive depuis trente ans tait exemplaire et qui tait revenu la pratique intgrale de ses devoirs religieux : la paix fut faite ; mais une paix qui brisait le cÏur du Monarque : c'est Guillaume III et le principe protestant qui sortent vainqueurs de cette lutte : le prtendu droit des peuples contre l'autorit lgitime des souverains : le duc d'Anjou, Philippe V, reste roi d'Espagne, mais renonce pour lui et ses hritiers la couronne de France
[165]
. (Traits d'Utrecht 1713 et de Rastadt 1714).
Ds lors le Protestantisme ne cessa de grandir et d'tendre ses bras de pieuvre sur tout le vieux monde, enserrant tous les jours davantage le Catholicisme. Les traits de 1919 ne seront que la conscration de l'hgmonie des puissances protestantes et l'abaissement des puissances catholiques, prlude de la domination juive sur le monde
[166]
. Mais l'heure de Dieu est proche ; Il renversera, comme des chteaux de cartes, tous les projets et toutes les constructions de cette conjuration impie qui dure depuis deux sicles ; et ce, au moment prcis o Satan croira l'emporter dfinitivement.
Quelles qu'aient t les consquences de ces traits, le Roi avait sauv l'honneur, il pouvait mourir. ÇCette mort fut celle d'un saintÈ crit l'abb Vial. Jamais Roi n'avait port si haut l'clat de la majest royale, jamais prince ne sut allier plus de magnificence une plus grande simplicit ; jamais Souverain n'eut plus conscience de la grandeur et des devoirs de sa charge que Louis XIV !
La premire partie du rgne de Louis XV est heureuse ; la paix dure plusieurs annes et permet au Royaume de relever ses ruines causes par les dernires guerres de Louis XIV.
Le Roi pouse une pieuse princesse, Marie Leczinska, en 1725, et, comme en 1728, ils n'ont que deux filles et dsirent un hritier pour leur couronne Çle jour de l'immacule Conception, 8 dcembre 1728, dans une communion fervente laquelle le clerg et le peuple s'unirent, ils supplirent Dieu de donner un hritier au trneÈ.
Ils furent exaucs le 4 septembre 1729.
ÇChose extraordinaire, que nous ne dirons jamais assez, crit l'abb Vial, des dix enfants de Louis XV, ce fut le seul hritier salique.
ÇMme fait, rptons-le, pour Louis XIV, n lui-mme miraculeusement. Des six enfants qu'il eut de sa femme Marie-Thrse, un seul hritier salique survcut : le Grand Dauphin dont la naissance fut obtenue, comme la sienne, par les prires du Frre Fiacre. Comme si Dieu avait voulu marquer, l'vidence, que ces trois hritiers n'avaient t obtenus que parce qu'ils avaient t demands !È
La Providence continue Ses bienfaits parce que la Famille Royale tout entire reste profondment chrtienne ; la seule guerre qui clate est rapidement mene et rapporte, la mort de Stanislas, la Lorraine et le comt de Bar la France.
Mais hlas, bientt, non seulement le Roi se jette dans la dbauche, mais encore il laisse les philosophes empoisonner l'opinion publique. La faveur divine cesse.
La guerre de Succession d'Autriche est une trs grosse erreur diplomatique et le trait dÕAix-la-Chapelle ne donne la France aucun avantage. On se bat Çpour le Roi de PrusseÈ et le peuple crie : Ç Bte comme la paix !È
Un chef-d'Ïuvre diplomatique, qui en temps normal et d sauver la France et mme viter au monde catholique les deux sicles de secousses qu'il vient de traverser, parce qu'il runissait, sur terre comme sur mer, les puissances catholiques contre les puissances protestantes le renversement des alliances, complt par le Pacte de Famille, aboutit deux rsultats dont les consquences seront trs graves :
1¡ La guerre de Sept Ans, qui se termine par un dsastre et la perte de nos colonies au trait de Paris ;
2¡ L'opinion publique simpliste, excite contre l'Autriche, par les philosophes vendus la Prusse et l'Angleterre, ne comprend pas la pense royale : un foss se creuse entre la Monarchie et le peuple, qui sera l'une des causes de la Rvolution, ainsi que l'explique remarquablement M. Jacques Bainville dans son Histoire de deux peuples.
Malgr ses fautes, Dieu n'est pas inexorable pour Louis XV. Les prires de la Reine et du Dauphin avant leur mort, celles des princesses royales et surtout de Madame Louise, Carmlite, flchissent la colre divine. Le 4 mai 1774, le Roi chasse sa favorite : ÇJe me dois Dieu et mon peuple; il faut que vous vous retiriez!È Il se confesse, malgr son entourage de courtisans dbauchs, et le 8, comme on lui apporte le Saint Viatique, il se jette hors du lit, voulant tre genoux pour communier. Ds lors il est rconcili avec Dieu et meurt chrtiennement le 10 mai.
Les Historiens, en gnral, n'accordent au rgne de Louis XVI qu'une place tout fait injuste et laissent, systmatiquement, dans l'ombre les bienfaits et les gloires que le Royaume en a retirs. Aussi, la priode de 1774 1789 devient-elle incomprhensible, alors que ce rgne, s'il ne s'tait achev par la Rvolution, et t l'un des meilleurs et des plus glorieux
[167]
.
Tous les tmoignages sont d'accord : jamais, auparavant, le commerce ne fut plus florissant, ni la bourgeoisie plus riche ; la prosprit tait gnrale.
La rorganisation de l'Arme et la reconstitution de la Marine, poursuivies sous l'impulsion personnelle du Roi, avec une remarquable persvrance, permirent d'arracher l'Angleterre le sceptre des mers, de venger le Trait de Paris et d'assurer l'Indpendance Amricaine. Grce ces victoires, le Comte de Vergennes put reprendre la traditionnelle action pacificatrice de notre diplomatie admirable rsultat de la conduite la plus habile et la plus honnte. Jamais, peut-tre, la politique royale ne s'leva une conception plus sre et plus haute du rle que devait jouer la France dans le monde.
De tels rsultats suffiraient assurer la gloire d'un rgne.
Malheureusement, on ne veut voir que la situation financire du Royaume, assurment mauvaise, mais non catastrophique, sans chercher les raisons du dficit.
En stricte justice, deux points sont examiner :
1¡ Les causes qui provoqurent la crise financire taient-elles normales et lgitimes ?
2¡ La crise tait-elle insoluble ?
Les causes sont au nombre de quatre.
1¡ La rorganisation de la marine, grce laquelle la France va pouvoir venger le trait de Paris.
2¡ La rorganisation de l'arme, qui a permis la Rvolution et l'Empire de tenir tte victorieusement pendant vingt ans l'Europe coalise. On oublie trop souvent, en effet, que Napolon ne se servit jamais que de l'artillerie et des fusils perfectionns sous Louis XVI.
3¡ La guerre de l'Indpendance Amricaine, qui cota fort cher l'poque, mais dont les avantages furent infiniment plus grands, puisqu'ils se firent sentir prs d'un sicle et demi aprs ; vritable capital amass pour l'avenir. En effet, par le Trait de Versailles, la France vengeait le Trait de Paris, elle arrachait l'Angleterre sa suprmatie maritime et, en proclamant l'Indpendance Amricaine, s'assurait pour l'avenir un appui rendu possible par la fraternit d'armes des deux peuples l'origine mme de la vie de l'un d'eux. Si les Amricains sont entrs en guerre, en 1917, aux cts des Allis, peut-tre le doit-on, en partie, au rgne de Louis XVI.
4¡ Les emprunts contracts par le gouvernement Amricain pour lui permettre de crer les organes qui constituent un tat. Le Roi ne rclama jamais ni capital ni intrt
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, ce dont les Amricains paraissent de nos jours avoir compltement perdu le souvenir !
Ainsi donc, les dpenses qui provoqurent la crise financire sont trs lgitimes et ne sont pas comparer avec les avantages qu'elles ont permis de raliser. Enfin, il apparat trs nettement que la situation n'tait pas insurmontable. Nous laissons la parole l'minent historien qu'tait M. Jacques Bainville : ÇDeux faits vont rpondre : le dficit, d'aprs le compte-rendu de Brienne tait de cent soixante millions sur une dpense d'un demi-milliard. La France comptait alors environ vingt-cinq millions d'habitants, c'tait une affaire de six sept francs par tte. D'autre part le service des emprunts absorbait la moiti des recettes. Une proportion semblable a sembl excessive et irrmdiable jusqu'au jour o nos budgets d'aprs-guerre ont montr une proportion encore plus forte. On ne peut donc pas dire que la situation ft dsespre
[169]
È.
La Rvolution n'avait pas de raison d'tre.
Jamais Roi ne fut plus passionn pour le bonheur de son peuple que Louis XVI : Ç Depuis deux heures, dit-il Malesherbes, je recherche en ma mmoire si durant le cours de mon rgne j'ai donn volontairement mes sujets quelque juste motif de plainte contre moi. Eh bien ! Je vous le jure comme un homme qui va paratre devant Dieu, j'ai constamment voulu le bonheur de mon peuple et je n'ai pas fait un seul vÏu qui lui ft contraireÈ.
Jamais peuple ne fut plus ingrat envers son Roi, exception faite du peuple Juif l'gard du Christ.
Pourquoi la Rvolution a-t-elle eu lieu ? Comment a-t-elle pu tre prpare et par qui ? C'est ce que nous verrons dans un prochain ouvrage
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.
Ds maintenant, nous dirons que l'une des principales causes est le relvement maritime de la France. En effet en 1762 Lord Chatham s'crie :
Çque les ministres de sa majest n'oublient jamais le principe directeur de toute notre politique la seule chose que lÕAngleterre ait a craindre ici-bas, c'est de voir la France devenir une puissance maritime, commerciale et coloniale !È
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Ce fut prcisment I'Ïuvre de Louis XVI.
Le Roi, en effet, arracha l'Angleterre le sceptre des mers et, grce son appui, les Insurgs d'Amrique purent secouer le joug anglais.
En 1789, la France possde 71 Vaisseaux de ligne, 64 Frgates, 45 Corvettes, 35 Gabarres, soit 272 units navales munies des derniers perfectionnements; quatre-vingt mille Officiers et Marins. Le ÇGrand CorpsÈ fond par Suffren compte les plus beaux noms.
Les Arsenaux travaillent jour et nuit. Nous avons trois grands Ports militaires et six petits. Louis XVI veut crer un port formidable en face de Portsmouth : Cherbourg. Les cartes marines sont refaites d'aprs les expditions envoyes cet effet dans les diverses parties du Monde, etc...
Notre Etat-Major a un tel renom que Catherine II, les Rois de Naples, de Sude, de Danemark, sollicitent et obtiennent de Louis XVI que nos officiers aillent instruire leurs quipages.
On comprend ce cri d'angoisse et de haine de Lord Chatham aux Communes :
Çla gloire de lÕAngleterre est passe ; elle faisait, hier, la loi aux autres ; aujourd'hui, elle doit la subir. lÕAngleterre ne parviendra jamais a la suprmatie des mers tant que la dynastie des Bourbons existera !È
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L'Angleterre va se venger : huit ans aprs nos victoires, la Rvolution commence ; elle ouvre l're de la dbcle ; neuf ans aprs la prise de la Bastille, il ne reste plus rien de notre marine : Aboukir, Trafalgar. Depuis lors nous n'avons jamais pu nous relever. L'Angleterre avait bien vu que quiconque a la matrise des Mers, possde en mme temps celle du monde.
Mais on se ferait une ide incomplte du but qu'elle a poursuivi dans la Rvolution de 1789, si on n'y voyait pas un des pisodes de la lutte gante qui se livre depuis l'origine du monde, celle du mal contre le bien, de Satan contre Dieu. En fait, l'Angleterre veut sans doute affaiblir la France mais, excutrice des secrets desseins des loges, elle poursuit la fille ane de lÕEglise, et son but suprme est d'abaisser Rome. la maonnerie sent bien que, pour assurer son hgmonie mondiale, le catholicisme lui barre la route ; il lui faut tout d'abord abattre le roi trs chrtien pour rendre la France impuissante et ainsi dsarmer le pape.
C'est l'Angleterre, en effet, que Satan a choisie ce moment pour excuter ses desseins. Son Çsplendide isolementÈ la met l'abri des incursions de ses voisins, son anticatholicisme farouche est un lment indispensable, ses colonies lui permettent d'tendre son action sur le monde entier.
En 1717, Londres, se runissent les dlgus de toutes les sectes secrtes : Kabbalistes juifs, alchimistes, rose-croix, dbris des Templiers, etc... Le Gouvernement anglais, gagn aux projets criminels de la Judo-Maonnerie, fonde dans toute l'Europe, entre 1725 et 1750, les loges o se prparera le travail secret destin saper les gouvernements qui doivent tre renverss et diriger les autres dans le sens voulu par la secte.
La Langue Franaise, tant la plus universellement rpandue, va servir de canal pour pervertir les lites dans le monde : les francs-maons Voltaire, d'Alembert, Diderot, etc... tout imprgns des doctrines sataniques, composent l'Encyclopdie. Leur travail de trahison leur est grassement pay par les Rois d'Angleterre et de Prusse qui sont trop heureux de dtruire la Monarchie Franaise.
Voltaire, qui flicite Frdric Il de sa victoire de Rossbach sur les Franais, recommande ses collaborateurs :
ÇMentez, mentez sans cesse, il en restera toujours quelque choseÈ. Et il se vante d'Çcraser l'InfmeÈ, et pour lui, l'infme c'est Dieu.
Diderot, de son ct, crit en 1768 : ÇLe genre humain ne sera heureux que quand on aura trangl le dernier roi avec les boyaux du dernier prtreÈ.
Enfin un futur conventionnel, Mercier, dans un ouvrage aujourd'hui Introuvable, L'an 2440, crit dans le chapitre intitul : Pas si loign qu'on le pense :
ÇLa souverainet absolue est abolie par les tats Gnraux, la Monarchie n'est plus, la Bastille est renverse, les Monastres sont abolis, les moines maris, le divorce permis, le Pape dpossd de ses tats. O Rome que je te hais... È
Ainsi, ds la fin du rgne de Louis XV, toute la rvolution est annonce. Quand Louis XVI monte sur le Trne, la Maonnerie, par l'intermdiaire de Turgot, cherche dissuader le Roi de se faire sacrer afin de sculariser la Royaut Chrtienne. N'ayant pu y parvenir, elle fait afficher sur les murs de Reims, le jour du Sacre, la menace suivante : sacr le 11, massacr le 12, et d'Alembert crit au Roi de Prusse son dpit de voir que la "philosophie" n'est pas encore assez puissante pour empcher cette crmonie.
La Secte redouble d'efforts : pour dcerveler les esprits, elle fonde partout des socits de lectures et de penses et fait imprimer Londres d'innombrables pamphlets et libelles contre la Religion et la Royaut que ses affilis distribuent secrtement jusque dans les campagnes. Elle pousse dans les postes les plus importants ses cratures aprs la mort du Cardinal de Fleury, qui avait vu clair dans son jeu. Bientt de nombreux ministres font partie des loges, le clerg et jusqu' des vques sont affilis, la censure des livres est dirige par un initi et pour se procurer des fonds, la secte russit faire nommer la garde du Trsor Royal l'un de ses chefs, Savalette de Lange.
Ds 1781, le Pre Beauregard Notre-Dame s'crie, dvoilant 12 ans l'avance le culte de la desse raison et la profanation dont la basilique sera l'objet :
ÇOui, c'est au Roi et la Religion que les philosophes en veulent : la hache et le marteau sont dans leurs mains, ils n'attendent que l'instant favorable pour renverser le Trne et l'Autel... Et toi, divinit infme du paganisme, impudique Vnus, tu viens ici mme prendre audacieusement la place du Dieu vivant... È
Les Convents de Wilhemsbad (1782) et de Francfort (1786) dcrtent l'assassinat de Louis XVI, si bien qu'en 1789, lors de l'entre du Roi aux tats Gnraux, Mirabeau, l'un des initis, dsignant Louis XVI du doigt dira tout haut : ÇVoil la victimeÈ.
Au retour du Convent de Francfort, le Comte de Virieu, enfin dsabus, dira :
ÇJe ne vous rvlerai pas ce qui s'est pass. Ce que je puis seulement vous dire c'est que tout ceci est autrement srieux que vous ne pensez. La conspiration est si bien ourdie qu'il sera, pour ainsi dire, impossible la Monarchie et l'Eglise d'y chapperÈ. Et il se retira aussitt de la secte ds qu'il vit qu'elle poursuivait la ruine de la Religion, le dshonneur de la Reine et la mort du Roi
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La Reine devait tre la premire atteinte parce que la Maonnerie, a dit Mirabeau, connaissait
Çson caractre, sa justesse d'esprit et sa fermet. C'tait donc elle qui serait le premier objet de l'attaque comme la premire et la plus forte barrire du trne et comme la sentinelle qui veille de plus prs la sret du MonarqueÈ.
La secte monte alors de toute pice l'Affaire du Collier
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pour dshonorer la Reine et discrditer la Monarchie et l'Eglise. M. Funck-Brentano prouve irrfutablement l'innocence de Marie-Antoinette et ajoute : ÇLa vertu mme de la Reine, sa puret leur taient une insulte et c'est cette puret qu'ils s'efforcent de dtruireÈ. La brche tait ouverte dans le Çfront populaire de la MonarchieÈ, ds lors la Maonnerie soutenue par les subsides de Philippe d'Orlans le futur citoyen galit et aussi par ceux du Comte de Provence, rpand profusion des pamphlets et des libelles infmes et immondes contre la Reine
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pendant que les Cagliostro, Saint-Germain et autres agents judo-maons achvent de tourner toutes les ttes par le spiritisme.
Le travail de perversion gnrale des esprits tant suffisamment avanc, le Comit Central du Grand Orient envoie en juin 1788 toutes les loges de province les instructions secrtes pour dclencher la rvolution en 1789. La circulaire est difiante :
ÇAussitt que vous aurez reu le paquet ci-joint, vous en accuserez rception. Vous y joindrez le serment d'excuter fidlement et ponctuellement tous les ordres qui vous arriveront sous la mme forme, sans vous mettre en pense de savoir de quelle main ils partent ni comment ils vous arrivent. Si vous refusez ce serment ou si vous y manquez, vous serez regard comme ayant viol celui que vous avez fait votre entre dans l'ordre des frres. Souvenez-vous de l'aqua tophana ; souvenez-vous des poignards qui attendent les tratres ! È
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A ce moment, il y a 629 loges en France dont 63 Paris, 442 en province rparties dans 282 villes, 39 aux Colonies et 69 dans l'arme et la marine qui, toutes, obissent au mme mot d'ordre secret. Ce sont les Loges qui prparent les lections aux Assembles des Notables et qui, ayant obtenu la convocation des tats Gnraux, rdigent les Cahiers de dolance, tous dans les mmes termes en Bretagne, comme en Bigorre, en Dauphin, comme en Alsace ou dans l'ële de France, et font lire les initis : sur 605 dputs, 477 sont francs-maons. Un peu plus tard, la Convention, 27 prtres apostats sigeront !
La prise de la Bastille devait tre le signal de la Rvolution. Alors, on put assister ce spectacle : la France entire, le mme jour, la mme heure fait les mmes demandes, le peuple se soulve au mme moment ; les mmes rumeurs circulent : les brigands.
ÇLes Franais d'alors semblent obir une sorte d'harmonie prtablie qui leur fait faire les mmes actes et prononcer les mmes paroles partout, en mme temps, et qui connat les faits et gestes de tels bourgeois du Dauphin ou de l'Auvergne, sait l'histoire de toutes les villes de France au mme momentÈ.
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Partout le mot d'ordre maonnique s'excutait.
Une des devises de la Maonnerie tait ÇLilia destrue pedibusÈ et lors de la crmonie initiatique de l'un des hauts grads de la secte, celui de Chevalier Kadosch, le rcipiendaire devait jurer haine la Papaut et la Royaut et plonger un poignard dans le cÏur de deux mannequins couronns, l'un d'une tiare et l'autre de la Couronne de France. Toute la Rvolution est essentiellement maonnique, et donc satanique. Quand Louis XVI et Marie-Antoinette dcouvrirent la main de la secte, il tait trop tard
ÇQue n'ai-je cru il y a onze ans tout ce que je vois aujourd'hui, dit le Roi en 1792 un ami fidle, on me l'avait, ds lors, tout annoncÈ.
ÇPrenez bien garde, l-bas, toute association de francs-maons, c'est par cette voie que tous les monstres d'ici comptent d'arriver dans tous les pays au mme butÈ, crivit son tour la Reine son frre, l'Empereur Lopold, le 17 aot 1790.
ÇOn ne saurait mettre en doute que la Rvolution, qui fit tomber la tte de Louis XVI, n'ait voulu abattre le principe de l'autorit divineÈ
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On ne saurait douter non plus qu'il fallait un chtiment pour les crimes du peuple comme pour les fautes de ses Rois : ce fut la Rvolution.
Il fallait aussi des victimes expiatoires : ce furent Louis XVI, Marie-Antoinette, Madame lisabeth et les martyrs de la Terreur, sans oublier Louis XVII dont la survie ne fut qu'un long et crucifiant calvaire. Aussi, n'est-on pas surpris de voir l'glise s'acheminer peu peu vers la canonisation de tous ceux qui furent excuts ou massacrs par les sans-culottes : les Bienheureuses Filles de la Charit d'Arras ; les trente-deux Bienheureuses Martyres d'Orange, les seize Carmlites de Compigne, les Martyrs des Carmes, de l'Abbaye et de la Force, les Prtres dports des ëles de la Charente et de la Guyane, les SÏurs de la Charit d'Angers, les onze Ursulines de Valenciennes, SÏur Rutan de Dax, etc., etc., sans oublier le saint Pape Pie VI, mort prisonnier de la Rpublique Valence la suite de traitements indignes (29 aot 1799). La Royaut s'effondre, sous les coups sataniques de la Maonnerie, dans une apothose de saintet et de martyre
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:
Madame Louise de France, fille de Louis XV, la Vnrable prieure du Carmel de Saint-Denis. Son Frre, le Dauphin, dont la vie toute de pit et de foi fut exemplaire et qui fut le pre de trois martyrs ou saints : Le Roi Louis XVI, martyr, Madame lisabeth, martyre, La Vnrable Marie-Clotilde, Reine de Sardaigne.
Ajoutons encore cette couronne cleste, la Reine Marie-Antoinette, martyre, contre laquelle les sectes diaboliques se sont acharnes avec d'autant plus de haine que son caractre tait plus noble, plus grand et plus nergique.
Ce sont autant de protecteurs clestes qui viendront se joindre tant d'autres, au ct de saint Louis et de Jeanne d'Arc, pour intercder en faveur de notre France.
Trois documents montreront, mieux qu'aucun autre, la pit du Roi. Le premier est trop peu connu ; c'est la lettre qu'il crivit le 2 juillet 1790 au Pape au sujet de la Constitution Civile du Clerg.
Ç... Trs Saint Pre, c'est en vous seul que j'ai mis mon espoir. Le petit fils de saint Louis, soumis au Successeur de saint Pierre, Vous demande non seulement des conseils, mais des ordres qu'il s'empressera de faire excuter...
ÇMais le temps presse; l'esprit impur a souffl. Trs Saint Pre, soyez l'interprte du Ciel. Htez-Vous de prononcer ; soyez l'Ange de lumire qui dissipe les tnbres. J'attends avec impatience Votre dcision, cette Bulle que rclame le Clerg et que Vous demande le Fils An de I'Eglise, toujours fidle au Saint-Sige. LouisÈ.
Le Roi ne signa la Constitution Civile du Clerg que parce que les deux Archevques, dsigns par le Pape pour le conseiller, ne lui firent pas connatre la dcision pontificale.
Louis XVI avait un culte tout spcial envers le Sacr-CÏur ; aussi formula-t-il le vÏu suivant :
ÇSi par un effet de la bont infinie de Dieu, je recouvre ma libert, je promets solennellement :
1¡ De rvoquer, le plus tt que faire se pourra, les lois qui me seront indiques soit par le Pape, soit par un Concile, soit par quatre vques choisis parmi les plus clairs et les plus vertueux de mon Royaume, comme contraires la puret et l'intgrit de la Foi, la discipline et la juridiction spirituelle de la Sainte Eglise Catholique, Apostolique et Romaine et notamment la Constitution Civile du Clerg ;
2¡ De rtablir sans dlai tous les Pasteurs lgitimes et tous les bnfices institus par lÕEglise, dont ils ont t injustement dpouills par les Dcrets d'une puissance incomptente.
3¡ De prendre, dans l'intervalle d'une anne, tant auprs du Pape qu'auprs des vques de mon Royaume, toutes les mesures qu'il faudra pour tablir, en suivant les formes liturgiques, une fte solennelle en l'honneur du Sacr-CÏur de Jsus.
4¡ D'aller moi-mme en personne... et de prononcer... un acte solennel de la conscration de ma personne, de ma Famille et de mon Royaume au Sacr-CÏur de Jsus, avec promesse de donner tous mes Sujets l'exemple du culte et de la dvotion qui sont dus ce CÏur adorable... È
Mais coup sr, le plus beau monument que l'on puisse invoquer en faveur de Louis XVI, est son admirable Testament :
ÇAu nom de la Sainte-Trinit, du Pre, du Fils et du Saint-Esprit, aujourd'hui vingt-cinquime jour de Dcembre 1792, moi, Louis XVI de nom, Roi de France, tant depuis plus de quatre mois enferm avec ma Famille dans la Tour du Temple Paris par ceux qui taient mes sujets, et priv de toute communication quelconque, mme depuis le onze courant avec ma Famille, de plus impliqu dans un procs dont il est impossible de prvoir l'issue, cause des passions, des haines et dont on ne trouve aucun prtexte, aucun moyen dans aucune loi existante, n'ayant que Dieu pour tmoin de mes penses, et auquel je puisse m'adresser, je dclare ici, en sa prsence, mes dernires volonts et mes sentiments.
ÇJe laisse mon me Dieu, mon Crateur, je Le prie de la recevoir dans Sa misricorde, de ne pas la juger d'aprs ses mrites mais par ceux de Notre Seigneur Jsus-Christ, qui s'est offert en sacrifice Dieu, Son Pre, pour nous autres Hommes quelqu'indignes que nous en fussions, et moi le premier.
ÇJe meurs dans l'union de notre Mre la Sainte Eglise Catholique et Romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession ininterrompue de saint Pierre auquel Jsus-Christ les avait confis. Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et dans les commandements de Dieu et de l'glise, les Sacrements et les Mystres tels que l'glise les enseigne et les a toujours enseigns ; je n'ai jamais prtendu me rendre juge dans les diffrentes manires d'expliquer tous les Dogmes, qui dchirent l'Eglise de Jsus-Christ, mais je m'en suis rapport et m'en rapporterai toujours, si Dieu m'accorde vie, aux dcisions que les Suprieurs ecclsiastiques unis la Sainte Eglise Catholique donnent et donneront, conformment la discipline de l'Eglise suivie depuis Jsus-Christ.
ÇJe plains de tout mon cÏur nos Frres qui peuvent tre dans l'erreur; mais je ne prtends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jsus-Christ, suivant ce que la charit chrtienne nous enseigne. Je prie Dieu de recevoir la confession que je Lui en ai faite et surtout le repentir profond que j'ai d'avoir mis mon nom quoique cela ft contraire ma volont des actes qui peuvent tre contraires la discipline et la croyance de l'Eglise catholique, laquelle je suis toujours rest sincrement uni de cÏur.
ÇJe prie tous ceux que je pourrais avoir offenss par inadvertance de me pardonner, comme je pardonne tous ceux qui se sont faits mes ennemis.
ÇJe recommande mes enfants ma femme et la prie d'en faire surtout de bons chrtiens ; de ne leur faire regarder les grandeurs de ce monde, s'ils sont condamns les prouver, que comme des biens dangereux et prissables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de lÕternit.
ÇJe recommande mon fils, s'il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu'il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu'il ne peut faire le bonheur des peuples qu'en rgnant suivant les lois.
ÇJe finis en dclarant devant Dieu et prt paratre devant Lui que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancs contre moi.
ÇFait la Tour du Temple le 25 dcembre 1792. LouisÈ.
Ce document est insparable de l'allocution prononce, par le Souverain Pontife, Pie VI, au Consistoire du 11 juin 1793 ; c'est la condamnation formelle de la Rvolution, de la Rpublique et des principes nouveaux. Cette allocution est une admirable prface au Syllabus de Pie IX. En voici le texte :
ÇVnrables Frres, comment notre voix n'est-elle point touffe dans ce moment par nos larmes et par nos sanglots? N'est-ce pas plutt par nos gmissements que par nos paroles, qu'il convient d'exprimer cette douleur sans bornes que nous sommes obligs de retracer devant vous en vous retraant le spectacle que l'on vit Paris le 21 du mois de janvier dernier,
ÇLe Roi trs Chrtien Louis XVI a t condamn au dernier supplice par une conjuration impie et ce jugement s'est excut. Nous vous rappellerons en peu de mots les dispositions et les motifs de la sentence. la convention nationale n'avait ni droit ni autorit pour la prononcer.
Çen effet, aprs avoir aboli LA MONARCHIE LE MEILLEUR DES GOUVERNEMENTS, elle avait transporte toute la puissance publique au peuple, qui ne se conduit ni par raison, ni par conseil, ne se forme sur aucun point des ides justes, apprcie peu de choses par la vrit et en value un grand nombre d'aprs l'opinion ; qui est toujours inconstant, facile a etre trompe, entran a tous les excs, ingrat, arrogant, cruel. La portion la plus froce de ce peuple, peu satisfaite dÕavoir dgrad la majest de son Roi, et dtermine lui arracher la vie, voulut qu'il fut jug par ses propres accusateurs qui sÕtaient dclars hautement ses plus implacables ennemis. Dj, ds l'ouverture du procs, on avait appel, tour tour, parmi les Juges quelques Dputs plus particulirement connus par leurs mauvaises dispositions, pour mieux s'assurer de faire prvaloir l'avis de la condamnation par la pluralit des opinions.
ÇOn ne put cependant pas assez en augmenter le nombre pour obtenir que le Roi ft immol en vertu d'une majorit lgale. a quoi ne devait-on pas sÕattendre et quel jugement excrable a tous les sicles ne pouvait-on pas pressentir, en voyant le concours de tant de juges pervers, et de tant de manÏuvres employes pour capter les suffrages.
ÇToutefois, plusieurs d'entre eux ayant recul d'horreur au moment de consommer un si grand forfait, on imagina de revenir aux opinions, et les conjurs ayant ainsi vot de nouveau, prononcrent que la condamnation tait lgitimement dcrte. Nous passerons ici sous silence une foule dÕautres injustices, de nullits et dÕinvalidits que l'on peut lire dans les plaidoyers des Avocats et dans les papiers publics. Nous ne relevons pas non plus tout ce que le Roi fut contraint d'endurer avant d'tre conduit au supplice : sa longue dtention dans diverses prisons d'o il ne sortait jamais que pour tre conduit la barre de la Convention, lÕassassinat de son Confesseur, sa sparation de la famille Royale qu'il aimait si tendrement ; enfin cet amas de tribulations rassembl sur lui pour multiplier ses humiliations et ses souffrances. Il est impossible de ne pas en tre pntr d'horreur quand on n'a point abjur tout sentiment d'humanit. L'indignation redouble encore de ce que le caractre unanimement reconnu de ce Prince tait naturellement doux et bienfaisant; que sa clmence, sa patience, son amour pour son peuple furent toujours inaltrables...
ÇMais ce que nous ne saurions pas surtout passer sous silence, c'est l'opinion universelle qu'il a donne de sa vertu par son testament, crit de sa main, man du fond de son me, imprim et rpandu dans toute l'Europe. quelle haute ide on y conoit de sa vertu ! quel zle pour la religion catholique ! quel caractre d'une pit vritable envers dieu ! Quelle douleur, quel repentir d'avoir appos son nom malgr lui des dcrets si contraires la discipline et la Foi orthodoxe de l'Eglise. Prt succomber sous le poids de tant d'adversits qui sÕaggravaient de jour en jour sur sa tte, il pouvait dire comme Jacques Ier, Roi d'Angleterre, qu'on le calomniait dans les Assembles du peuple, non pour avoir commis un crime, mais parce qu'il tait Roi, ce que l'on regardait comme le plus grand de tous les crimes...
Çet qui pourra jamais douter que ce monarque n'ait t principalement immole en haine de la foi et par un esprit de fureur contre les dogmes catholiques ? dj depuis longtemps les calvinistes avaient commenc a conjurer en France la ruine de la religion catholique. mais pour y parvenir, il fallut prparer les esprits et abreuver les peuples de ces principes impies que les novateurs n'ont ensuite cess de rpandre dans des livres qui ne respiraient que la perfidie et la sdition. c'est dans cette vue qu'ils se sont ligus avec des philosophes pervers. L'Assemble Gnrale du Clerg de France de 1755 avait dcouvert et dnonc les abominables complots de ces artisans d'impit. Et Nous-mme aussi, ds le commencement de notre Pontificat, prvoyant les excrables manÏuvres d'un parti si perfide, nous annonmes le pril imminent qui menaait l'Europe dans notre lettre Encyclique adresse tous les vques de l'Eglise Catholique...
ÇSi l'on et cout nos reprsentations et nos avis, nous n'aurions pas gmir maintenant de cette vaste conjuration trame contre les rois et contre les empires.
ÇCes hommes dpravs s'aperurent bientt qu'ils avanaient rapidement dans leurs projets, ils reconnurent que le moment d'accomplir leurs desseins tait enfin arriv ; ils commencrent a professer hautement, dans un livre imprim en 1787, cette maxime d'Hugues Rosaire ou bien d'un autre Auteur qui a pris ce nom, que c'tait une action louable que d'assassiner un souverain qui refusait d'embrasser la rforme ou de se charger de dfendre les intrts des Protestants en faveur de leur religion.
ÇCette doctrine ayant t publie peu de temps avant que Louis ft tomb dans le dplorable tat auquel il a t rduit, tout le monde a pu voir clairement quelle tait la premire source de ses malheurs. Il doit donc passer pour constant qu'ils sont tous venus des mauvais livres qui paraissaient en France, et qu'il faut les regarder comme les fruits naturels de cet arbre empoisonn.
ÇAussi, a-t-on publi dans la vie imprime de l'impie Voltaire, que le genre humain lui devait d'ternelles actions de grces comme au premier auteur de la Rvolution Franaise,
ÇC'est lui, dit-on qui en excitant le peuple sentir et a employer ses forces, a fait tomber la premire barrire du despotisme : le pouvoir religieux et sacerdotal. si l'on nÕeut pas bris ce joug, on n'aurait jamais bris celui des tyrans. lÕun et lÕautre se tenaient si troitement unis que le premier, une fois secou, le second devait lÕtre bientt aprs. En clbrant comme le triomphe de Voltaire la chute de lÕAutel et du Trne, on exalte la renomme et la gloire de tous les crivains impies comme d'autant de gnraux d'une arme victorieuse. Aprs avoir ainsi entran, par toutes sortes d'artifices, une trs grande portion du peuple dans leur parti pour mieux lÕattirer encore par leurs Ïuvres et par leurs promesses, ou plutt pour en faire leur jouet dans toutes les provinces de la France, les factieux se sont servis du mot spcieux de libert, ils en ont arbor les trophes et ils ont Invit de tous cts la multitude se runir sous ses drapeaux. C'est bien l, vritablement, cette libert philosophique qui tend corrompre les esprits, dpraver les mÏurs, renverser toutes les lois et toutes les institutions reues. Aussi fut-ce pour cette raison que l'Assemble du Clerg de France tmoigna tant d'horreur pour une pareille libert, quand elle commenait se glisser dans l'esprit du peuple par les maximes les plus fallacieuses. Ce fut encore pour les mmes motifs que nous crmes devoir, nous-mmes, la dnoncer et la caractriser en ces termes :
ÇLes philosophes effrns entreprennent de briser les liens qui unissent tous les hommes entre eux, qui les attachent aux Souverains et les contiennent dans le devoir. Ils disent et rptent jusqu' satit que l'homme nat libre et qu'il n'est soumis l'autorit de personne. Ils reprsentent, en consquence, la Socit comme un amas d'idiots dont la stupidit se prosterne devant les prtres et devant les rois qui les oppriment, de sorte que l'accord entre le Sacerdoce et l'Empire n'est autre chose qu'une barbare conjuration contre la libert naturelle de l'homme. Ces avocats tant vants du genre humain ont ajout au mot fameux et trompeur de libert cet autre nom d'galit qui ne l'est pas moins. Comme si entre des hommes qui sont runis en socit et qui ont des dispositions intellectuelles si diffrentes, des gots si opposs et une activit si drgle, si dpendante de leur cupidit individuelle, il ne devait y avoir personne qui runt la force et l'autorit ncessaires pour contraindre, rprimer, ramener au devoir ceux qui s'en cartent, afin que la Socit, bouleverse par tant de passions diverses et dsordonnes, ne soit prcipite dans l'anarchie et ne tombe pas en dissolution.
Ç... Aprs sÕtre tablis, selon l'expression de saint Hilaire de Poitiers, Rformateurs des Pouvoirs publics et arbitres de la religion, tandis que le principal objet est au contraire de propager partout un esprit de soumission et dÕobissance, ces novateurs ont entrepris de donner une constitution a lÕEglise elle-mme par de nouveaux dcrets inous jusquÕ ce jour.
Çc'est de ce laboratoire qu'est sortie une constitution sacrilge que nous avons rfute dans notre rponse du 10 mars 1791 l'exposition des principes qui nous avait t soumise par cent trente vques. on peut appliquer convenablement ce sujet ces paroles de saint cyprien : comment se fait-il que les chrtiens soient jugs par des hrtiques, les hommes sains par des malades... les juges par des coupables, les prtres par des sacrilges.
Çque reste-t-il donc de plus que de soumettre lÕEglise au capitole ? tous les franais qui se montraient encore fidles dans les diffrents ordres de lÕtat et qui refusaient avec fermet de se lier par un serment a cette nouvelle constitution, taient aussitt accabls de revers et vous a la mort. on s'est ht de les massacrer indistinctement ; on a fait subir les traitements les plus barbares a un grand nombre d'ecclsiastiques. on a gorg des vques... ceux que l'on perscutait avec moins de rigueur se voyaient arrachs de leurs foyers et relgus dans des pays trangers, sans aucune distinction dÕge, de sexe, de condition. on avait dcrt que chacun tait libre d'exercer la religion qu'il choisirait, comme si toutes les religions conduisaient au salut ternel ; et cependant la seule religion catholique tait proscrite.
Çseule, elle voyait couler le sang de ses disciples dans les places publiques, sur les grands chemins et dans leurs propres maisons. on eut dit qu'elle tait devenue un crime capital. ils ne pouvaient trouver aucune sret dans les tats voisins ou ils taient venus chercher asile... tel est le caractre constant des hrsies. tel a toujours t, ds les premiers sicles de lÕEglise, l'esprit des hrtiques, spcialement dvelopp de notre temps par les manÏuvres tyranniques des calvinistes qui ont cherche persvramment a multiplier leurs proslytes par toutes sortes de menaces et de violences. d'aprs cette suite ininterrompue dÕimpits qui ont pris leur origine en France, aux yeux de qui n'est-il pas dmontr qu'il faut imputer a la haine de la religion les premires trames de ces complots qui troublent et branlent toute lÕEurope ? personne ne peut nier que la mme cause n'ait amen la mort funeste de Louis xvi. On s'est efforc, il est vrai, de charger ce Prince de plusieurs dlits d'un ordre purement politique. Mais, le principal reproche qu'on ait lev contre lui, portait sur l'inaltrable fermet avec laquelle il refusa d'approuver et de sanctionner le dcret de dportation des prtres, et la lettre qu'il crivit a l'vque de Clermont pour lui annoncer qu'il tait bien rsolu de rtablir en France, ds qu'il le pourrait, le culte catholique. tout cela ne suffit-il pas pour qu'on puisse croire et soutenir, sans tmrit, que Louis fut un Martyr ?
Ç ...Mais, d'aprs ce que nous avons entendu, on opposera ici, peut-tre, comme un obstacle premptoire au martyre de Louis, la sanction qu'il a donne la Constitution, que nous avons dj rfute dans notre susdite rponse aux vques de France. Plusieurs personnes nient le fait et affirment que lorsqu'on prsenta cette Constitution la signature du Roi, il hsita, recueilli dans ses penses, et refusa son seing de peur que l'apposition de son nom ne produist tous les effets d'une approbation formelle. L'un de ses ministres que l'on nomme, et en qui le Roi avait alors une grande confiance, lui reprsenta que sa signature ne prouverait autre chose que l'exacte conformit de la copie avec l'original, de manire que nous, qui cette Constitution allait tre adresse, nous ne pouvions sans aucun prtexte lever le moindre soupon sur son authenticit.
ÇIl parat que ce fut cette simple observation qui le dtermina aussitt donner sa signature. CÕest aussi ce qu'il insinue lui-mme dans son testament quand il dit que son seing lui fut arrach contre son propre vÏu.
ÇEt, en effet, il nÕaurait pas t consquent et se serait mis en contradiction avec lui-mme, si, aprs avoir approuv volontairement la Constitution du Clerg de France, il lÕeut rejete ensuite avec la plus inbranlable fermet, comme il fit lorsquÕil refusa de sanctionner le Dcret de dportation des Prtres non asserments, et lorsqu'il crivit lÕvque de Clermont quÕil tait dtermin rtablir en France le culte catholique.
ÇMais quoi qu'il en soit de ce fait, car nous n'en prenons pas sur nous la responsabilit, et quand mme nous avouerions que Louis, sduit par dfaut de rflexion ou par erreur, approuva rellement la constitution au moment ou il la souscrivit serions-nous obligs pour cela de changer de sentiment au sujet de son martyre ? non, sans doute. si nous avions un pareil dessein, nous en serions dtourns par sa rtractation subsquente aussi certaine que solennelle et par sa mort mme qui fut vote comme nous lÕavons dmontr ci-dessus, en haine de la Religion Catholique, de sorte qu'il parait difficile que l'on puisse rien contester de la gloire de son martyre.
Ç ÉAppuy sur cette raison, celle du Pape Benot XIV, et voyant que la rtractation de Louis XVI, crite de sa propre main et constate encore par l'effusion d'un sang si pur, est certaine et incontestable, Nous ne croyons pas nous loigner du principe de Benot XIV, non pas, il est vrai, en prononant dans ce moment un Dcret pareil celui que nous venons de citer, mais en persistant dans l'opinion que nous nous somme forme du martyre de ce Prince, nonobstant toute approbation qu'il avait donne la Constitution Civile du Clerg quelle quÕelle et t.
ÇAh ! France ! Ah ! France ! toi que nos prdcesseurs appelaient le miroir de la chrtient et l'inbranlable appui de la foi, toi qui, par ton zle pour la croyance chrtienne et par ta pit filiale, envers le sige apostolique, ne marche pas la suite des autres nations, mais les prcde toutes, que tu nous es contraire aujourd'hui ! de quel esprit dÕhostilit, tu parais anime, contre la vritable religion !
ÇCombien la fureur que tu lui tmoignes surpasse dj les excs de tous ceux qui se sont montrs jusquÕ prsent ses perscuteurs les plus implacables ! et cependant tu ne peux pas ignorer, quand mme tu le voudrais, que la religion est la gardienne la plus sre et le plus solide fondement des empires, puisquÕelle rprime galement les abus dÕautorit dans les puissances qui gouvernent, et les carts de la licence dans les sujets qui obissent. Et cÕest pour cela que les factieux adversaires des prrogatives royales cherchent les anantir et sÕefforcent dÕamener dÕabord le renoncement la foi catholique
ÇAh ! encore une fois, France ! Tu demandais mme auparavant un roi catholique. Tu disais que les lois fondamentales du royaume ne permettaient point de reconnatre un roi qui ne fut pas catholique, et c'est prcisment parce qu'il tait catholique que tu viens de l'assassiner ! È
ÇTa rage contre ce Monarque s'est montre telle, que son supplice mme n'a pu ni l'assouvir, ni l'apaiser. Tu as voulu encore la signaler aprs sa mort sur ses tristes dpouilles ; car tu as ordonn, que son cadavre ft transport et inhum sans aucun appareil d'une honorable spulture.
ÇO jour de triomphe pour Louis XVI qui Dieu a donn et la patience dans les tribulations, et la victoire au milieu de son supplice !
Çnous avons la confiance qu'il a heureusement chang une couronne royale toujours fragile et des lis qui se seraient fltris bientt, contre cet autre diadme imprissable que les anges ont tiss de lis immortels.
ÇSaint Bernard nous apprend dans ses lettres au Pape Eugne, son disciple, ce qu'exige de nous dans ces circonstances notre ministre apostolique, lorsquÕil exhorte multiplier ses soins afin que les incrdules se convertissent la Foi, que ceux qui sont convertis ne s'garent plus et que ceux qui sont gars rentrent dans le droit chemin. Nous avons, nous aussi, pour modle la conduite de Clment vi, notre prdcesseur, qui ne cessa de poursuivre la punition de lÕassassinat d'Andr, roi de sicile, en infligeant les peines les plus fortes a ses meurtriers et a leurs complices, comme on peut le voir dans ses Lettres Apostoliques. Mais que pouvons-nous tenter, que pouvons-nous attendre, quand il s'agit d'un peuple qui, non seulement n'a eu aucun gard pour nos monitions mais qui s'est encore permis, envers Nous, les offenses, les usurpations, les outrages et les calomnies les plus rvoltants ; et qui est enfin parvenu cet excs d'audace et de dlire, de composer sous notre nom des lettres supposes et parfaitement assorties toutes les nouvelles erreurs.
ÇLaissons-le donc s'endurcir dans sa dpravation puisqu'elle a pour lui tant d'attraits, et esprons que le sang innocent de Louis crie en quelque sorte et intercde pour que la France reconnaisse et dteste son obstination accumuler sur elle tant de crimes, et qu'elle se souvienne des chtiments effroyables qu'un Dieu juste, Vengeur des forfaits, a souvent infligs des Peuples qui avaient commis des attentats beaucoup moins normes.
ÇTelles sont les rflexions que nous avons juges les plus propres vous offrir quelques consolations dans un si horrible dsastre.
ÇC'est pourquoi pour achever ce qui nous reste dire, nous vous invitons au Service solennel que nous clbrerons avec vous pour le repos de l'me du Roi Louis XVI, quoique les prires funbres puissent paratre superflues quand il s'agit d'un chrtien qu'on croit avoir mrit la palme du martyre, puisque Saint Augustin dit que l'glise ne prie pas pour les martyrs, mais quÕelle se recommande plutt leurs prires...
[180]
È.
Joseph de Maistre crit sur le rgicide de Louis XVI cette page terrible et vritablement prophtique :
ÇUn des plus grands crimes qu'on puisse commettre, c'est sans doute l'attentat contre la souverainet, nul n'ayant des suites plus terribles. Si la souverainet rside sur une tte, et que cette tte tombe victime de l'attentat, le crime augmente d'atrocit. Mais si ce souverain n'a mrit son sort par aucun crime ; si ses vertus mmes ont arm contre lui la main des coupables, le crime n'a plus de nom. A ces traits on reconnat la mort de Louis XVI ; mais ce quÕil est important de remarquer, c'est que jamais un plus grand crime n'eut plus de complicesÉ
ÇIl faut encore faire une observation importante, c'est que tout attentat commis contre la souverainet au nom de la nation est toujours plus ou moins un crime nationalÉ
ÇOr, tous les crimes nationaux contre la souverainet sont punis sans dlai et d'une manire terrible ; cÕest une loi qui n'a jamais souffert d'exceptionÉ
Ç Chaque goutte de sang de Louis XVI en cotera des torrents la France ! quatre millions de Franais peut-tre payeront de leurs ttes le grand crime national d'une insurrection antireligieuse et anti-sociale, couronne par un rgicide
[181]
È.
Ç Et comment pourrait-il en tre autrement puisque, depuis lors, la France est un corps sans tte : or un corps qui n'a pas sa tte, si bien organis que vous le supposiez, n'est qu'un cadavre
[182]
.
Ç C'est pourquoi depuis cette date fatale du 21 janvier 1793, pas un de nos checs nationaux qui n'ait scell quelque ruine, sinon dfinitive, tout au moins fort durable, puisque le dommage en a subsist jusqu' nous. Et pas un succs, pas une gloire, pas une conqute, pas un bonheur national qui n'ait eu les lendemains les plus douloureux. La suite de nos Rois reprsente la plus admirable continuit d'un accroissement historique, et l'assassinat d l'un d'eux donne le signal des mouvements inverses qui, malgr la multitude des compensations provisoires, prennent dans leur ensemble la forme d'une rgression. Pour le progrs social comme pour les mÏurs, pour l'ordre politique comme pour l'tendue territoriale ou le nombre des habitants par rapport celui des autres tats d'Europe, la France est tombe au-dessous de ce qu'elle tait en 1793. Premier fait ! Second fait ! avec des ressources admirables et d'incomparables moyens, la France tend persvrer dans la chute en raison mme des principes qui la dterminrent il y a 116 ans (aujourd'hui plus de 200) son rgicide È.
Ç Il est donc vrai qu'en coupant la tte son Roi, la France a commis un suicide
[183]
È.
Le rgicide vint ajouter notre Monarchie le plus beau fleuron : A la Royaut, saint Louis avait donn l'aurole de la saintet, Henri IV de la bont, Louis XIII de la justice, Louis XIV de la gloire et de la grandeur jusque dans le malheur, Louis XV de l'lan du repentir clair par la foi sur son lit de mort. Il lui manquait le sceau du martyr : Louis XVI l'en sacra.
par l'assassinat monstrueux de son roi
[184]
, la France a rompu le pacte plus que millnaire qui la liait au Christ. ds lors la suite de notre histoire n'est qu'une longue srie de chtiments qui continueront jusqu'au jour ou notre patrie reviendra au bercail divin pour reprendre en main l'pe de Dieu.
Ce jour viendra inluctablement, car si la rvolution satanique l'emporta, son triomphe ne fut pas sans une lutte acharne, atroce, grce au soulvement hroque de la Vende.
ÇSeule ou presque seule de toutes les provinces franaises, la Vende eut la fiert de ne pas courber la tte sous l'ouragan rvolutionnaire. Semblable l'Archange saint Michel, champion des droits de Dieu contre le premier des rvolutionnaires, Lucifer, elle n'hsita point dresser les forces du bien contre celles du mal... Elle dfendit, au prix de son sang, cet ordre social chrtien qui avait fait, pendant des sicles, l'honneur et la force de la France.
ÇSurtout, c'est grce la rsistance acharne et indomptable de la Vende que la France put recouvrer ses liberts religieusesÈ.
La Vende a donc sauv la Foi et l'honneur de la France et permis les rsurrections futures de notre Patrie. Nous ne proclamerons jamais assez et sa gloire, et notre reconnaissance !
[185]
On se ferait une ide incomplte du rle de nos Rois si l'on n'tudiait pas succinctement leur esprit d'apostolat.
Dj au temps des Mrovingiens, Clovis subjugue les hrtiques et fait triompher l'glise Romaine de l'hrsie Arienne. Puis ses successeurs encouragent et appuient l'vanglisation des peuples voisins ; des Princesses franques, maries des Rois paens ou hrtiques, convertissent leurs poux et leurs peuples telle que Berthe, reine d'Angleterre en 597.
Les Carolingiens convertissent les Saxons et les Germains.
Quant aux Captiens, non seulement ils entranent le monde aux Croisades et dposent en Orient le germe des futures moissons apostoliques
[186]
, mais, ds que la prosprit intrieure et la paix extrieure leur en laissent la possibilit, ils tournent leurs regards vers l'apostolat missionnaire :
ÇLa principale intention du Roy estant qu'on travaille estendre la Religion Catholique, Apostolique et Romaine et qu'on instruise les sauvagesÈ, crit le Pre du Tertre dfinissant ainsi la pense fondamentale qui prside la colonisation sous l'Ancien Rgime.
ÇCe qui frappe l'historien, quand il tudie les interventions du pouvoir central dans la fondation de nos vieilles colonies, c'est d'y trouver plus que des proccupations commerciales et politiques, le dsir de civiliser et d'vangliser, de faire natre aux lointains rivages une nouvelle France catholique et aptre, et cela, qu'il s'agisse de Richelieu ou de Colbert.
ÇAinsi, la vocation missionnaire de la France s'inscrit dans les actes officiels : elle est reconnue, affirme, favorise, traduite en obligations juridiques trs prcises par les gouvernants qui n'ont d'autre pense que de remplir en chrtiens leurs devoirs de chefs dÕtats ou de ministres, mais qui savent que la France a dans l'Eglise, un rle jouer et qu'il n'y a rien qui la grandisse et l'ennoblisse comme l'apostolat missionnaire
[187]
È, comme de faire connatre et aimer le Christ, comme de lui donner des mes. Une fois de plus : Gesta Dei per Francos !
Notre premier colonisateur, Jacques Cartier, dbarque-t-il au Canada, dont il prend possession au nom du Roi, le 24 juillet 1534, il y plante une croix, voulant que son premier acte ft un hommage de sa conqute au Christ.
Henri IV envoie-t-il Champlain pour roccuper le Canada, celui-ci (au dire de G. Goyau) est, par excellence, "l'explorateur aptre". Le Roi lui envoie des missionnaires pour conqurir Dieu les sauvages.
Aprs la mort du Roi, la Reine, Marie de Mdicis, soutient les missions et fait travailler les Dames de la Cour aux ornements qui leur sont destins. En 1615, quand Champlain repart, il emmne de nouveaux missionnaires, les Franciscains, et lve la chapelle autour de laquelle va surgir la ville de Qubec. Pour vangliser les Peaux-Rouges, il demande l'envoi de bonnes familles de paysans chrtiens qui apprendront aux sauvages cultiver leur terre et leur me par "l'exemple".
Peu aprs, le Pre Joseph, grce l'appui de Louis XIII, organise de nouvelles missions en Orient. Le Roi de France, dans ces rgions, est si bien considr comme le protecteur des chrtiens, que notre ambassadeur crit son matre qu' Naxos et Scio ÇLa fleur de lys et le nom du Roi sont en mme honneur que dans la propre FranceÈ
[188]
. Prsent au Roi par le Pre Joseph en 1626, l'Archevque de Naxos lui attesta la popularit persistante de la France dont le Roi prenait place dans les prires publiques, immdiatement aprs le Pape. L'ambassadeur de France tait, en effet, le protecteur de la population des Cyclades contre les exactions des fonctionnaires ottomans3. Des missions sont fondes Constantinople, Smyrne, Alep, Beyrouth, Sidon, en Chypre et en Perse, etc... Le Roi les soutenait par de nombreuses libralits, tel point qu'en 1633 Çle Saint Sige consentit ce que les missionnaires dsigns par le Roi, pussent se rendre leur poste sans autre approbation que celle du Nonce en France3È.
A la mme poque, en 1626, Richelieu fonde, pour les Antilles, la Compagnie des Isles, dont le but, dit-il, est Çle peuplement des les dcouvertes et la conversion la Religion Catholique, Apostolique et Romaine des sauvages indignesÈ. Le 29 avril 1627, le Cardinal fonde la Compagnie des Cent Associs pour le Canada, laquelle il impose les conditions suivantes :
ÇLa Compagnie de la Nouvelle France s'engage ne faire passer au Canada que les Franais catholiques, en transporter ds 1628 de deux trois cents et jusqu' quatre mille pendant les quinze annes suivantes ; se charger, trois ans durant, de la nourriture et de l'entretien des transports ; pourvoir, pendant quinze ans, aux frais du culte et la subsistance de trois prtres dans chaque poste de mission. Enfin, des avantages considrables seront faits aux sauvages convertis qui seront senss et rputs naturels franais
[189]
È.
En 1639, la Mre Marie de l'Incarnation part au Canada et fonde hpital, cole, etc... Ds 1641, elle a plus de 50 fillettes duquer et plus de 700 sauvages assister spirituellement et temporellement. En 1658, Mgr de Martigny-Laval est nomm Vicaire Apostolique ; un sminaire est rig en 1663 et Qubec devient sige dÕvch ds 1674. Grce l'esprit surnaturel du Gouvernement Royal, le Catholicisme va se rpandre dans toute l'Amrique du Nord. Les expditions du Pre Marquette et de Cavelier de la Salle permettent de fonder de nombreuses missions en Louisiane, Hudson, Saint-Laurent, Natchez, Illinois, etc...
Le territoire du Canada et des tats-Unis actuels a t arros du sang de nos missionnaires et vanglis par eux : plus de vingt-cinq vchs aux tats-Unis ont eu, pour premiers vques ou fondateurs, des Franais. Et la perte de notre premier Empire Colonial sera une catastrophe, non seulement au point de vue national, mais aussi catholique, car l'Angleterre y introduira le protestantisme et luttera sournoisement contre le Catholicisme.
Dans la fondation de toutes nos colonies ou tablissements, les mmes proccupations apostoliques guident nos Rois : sur les ctes du Sngal, Madagascar, lÕële Bourbon, etc... ainsi que dans lÕInde avec Martin, Dupleix etc... et en Indochine.
Il n'est pas sans intrt de constater que, dans ce dernier Pays dont l'Assemble du Clerg de France de 1655 se proccupe, les vques missionnaires Nos Seigneurs Pallu et de la Motte Lambert prconisent ds 1658 l'instauration et le dveloppement des vocations religieuses des deux sexes. A la fin du XVIII sicle, Mgr Pigneau de Behaine, grce l'appui de Louis XVI, peut faire rayonner le catholicisme dans toutes les principauts constituant l'Indochine actuelle.
L'Ordonnance du Roi en date du 24 novembre 1781, manifeste une proccupation trs vive dÕvanglisation :
Ç Voulons que nos dits Gouverneurs, Lieutenant Gnral et Intendant fassent honorer et respecter les dits suprieurs et missionnaires dans les fonctions de leur ministre... (art. III).
Ç Le Prfet Apostolique veillera particulirement ce que les esclaves, dans chaque paroisse, reoivent de leur cur les instructions ncessaires et les sacrements de l'Eglise ; et dans le cas o il aurait connaissance de ngligence ou empchements de la part des matres en donnera avis au Gouverneur, Lieutenant Gnral ou Intendant afin quÕil y soit par eux pourvuÉ È (art. X).
La Rvolution et lÕEmpire arrtent net l'essor colonial et missionnaire de la France. Avec la Restauration, lÕvanglisation reprend et la conqute de l'Algrie rend possible, non seulement la reconstitution de notre actuel Empire Colonial, mais encore la magnifique renaissance des Ïuvres et la cration ou l'panouissement des Instituts religieux consacrs aux Missions, dans nos propres Colonies, comme aussi dans le monde entier. Aussi, la France est-elle le Pays qui assure lÕEglise le plus grand nombre de missionnaires, et ceux qui obtiennent les rsultats les plus beaux. Un exemple entre beaucoup d'autres le prouve nettement : alors que les missionnaires allemands, pendant 26 ans, avaient converti pniblement 25 000 noirs au Cameroun, les Pres du Saint-Esprit Franais, qui remplacrent en 1916 les Allemands, en convertirent en quinze ans dix fois plus. Malheureusement, les principes maonniques, sur lesquels repose la Rpublique, portent leurs fruits et tendent tuer le recrutement missionnaire, lutter sournoisement contre les missions, dtruire les bases de notre Empire colonial et faire disparatre ainsi l'influence de la France dans le monde.
La Royaut avait donn notre politique coloniale une impulsion et des mthodes bases sur lÕapostolat catholique et l'vanglisation des peuplades indignes. Dans ce domaine galement il est ncessaire que le Roi revienne pour restaurer cette politique qui lui permettra de sauver ce qui reste de l'Empire et, par la France, de donner le monde Jsus-Christ.
[122]
Labbe : Acta conciliorum et epistol¾ decretales, ac Çconstitutiones Summorum PontificumÈ Parigiis 1714 1715, t. 6, pars. 2, p. 16, ab anno 1086 ab annum 1215. Bibl. nat. 446.
[123]
CÕest Charlemagne, croyons-nous, qu'il faut faire remonter l'usage diplomatique qui veut que les peuples musulmans d'Asie et d'Afrique (Turquie, Perse, Indes, Algrie et Tunisie) dcernent au seul Roi de France, parmi tous les autres souverains, le titre d'Empereur et de Padichah, titre que prenait le Roi dans ses rapports avec eux. Le Chancelier de la Sublime Porte libellait ainsi ses lettres au Roi : ÇAu plus illustre des grands princes de la religion de Jsus, l'lite des puissants souverains de la nation du Messie, l'arbitre des intrts publics des peuples nazarens... le prsent Empereur et PadichahÉÈ
Voir l'tude de M. Dehrain (Journal des Dbats, 5 mai 1935).
[124]
Mgr Baudrillard : La Vocation de la France, p. 15, d. Flammarion.
[125]
Grgoire VII, Magn. Ep. Lib IV, cp. 6, tome II, col. 795.
[126]
Mgr Baudrillart, op. cit., p. 21.
[127]
Alexandre III : Epst. XXX t. X, Conc. Col. 1 212. C'est galement ce qu'affirmait Grgoire XI : t. XI, Conc. Col. 367.
[128]
J. Leclerc : Chrtient mdivale et Socit des Nations, Etudes n¡ 15, 5 aot 1932.
[129]
R. P. Janvier, Carme 1924, premire Confrence, p. 32.
[130]
Cit par Andr Rousseaux : La politique religieuse de la Monarchie.
[131]
Chanoine de Roquetaillade : Les grands plerinages de France, Saint Denis, p. 30.
[132]
F. Funck-Brentano : Les croisades, p. 5 et 6.
[133]
Funck-Brentano : op. cit., p. 16.
[134]
Les Chroniques Monastiques disent que c'est Robert II, Comte de Flandre, qu'apparut saint Andr. D'autres auteurs disent un prtre qui aurait confi la chose au Comte Robert. Ce dernier fit chercher la Lance qui fut trouve et, en reconnaissance, il fit vÏu de fonder le monastre qui n'est autre que l'Abbaye Bndictine de Saint Andr prs Bruges. Le Comte de Flandre tait alors vassal du Roi de France.
[135]
Funck-Brentano : op. cit., p. 67 et 69.
[136]
Nous pensons que c'est saint Michel, le Chef de toutes les milices clestes, qui vint avec une lgion d'Anges sauver les Chrtiens et leur donner la victoire sur les infidles, ainsi quÕil le fera plus tard, au sige de P Tang, en Chine, pendant la guerre des Boxers.
[137]
Funck-Brentano : op. cit., p. 91 et 92.
[138]
S. E. le Cardinal Baudrillart : Vocation Catholique de la France, p. 26.
[139]
Id., p. 23.
[140]
Id. p. 24.
[141]
Id. p. 25.
[142]
Id. p. 26.
[143]
Labbe, op. cit, t. IX, p. 366 et 367, cit par saint Pie X la Batification de Jeanne d'Arc, 13 dcembre 1908. Documentation Catholique. Actes de Pie X, t. V, p. 204 et 205.
[144]
Testament de saint Remy.
[145]
Lettre de lÕvque du Mans, le 27 avril 1456 pour le procs de Rhabilitation. (Traduction du P. Ayroles : La Vraie Jeanne d'Arc, t. I, p. 46.)
[146]
Prire faite secrtement une nuit par Charles VII ; c'est cette prire que, par une inspiration cleste, Jeanne d'Arc va rvler au Roi, comme preuve de sa mission divine.
[147]
Voir notre tude : Mmoire pour servir une nouvelle conscration de la France Saint Michel.
[148]
Ayroles : La vraie Jeanne dÕArc, IV, p. 44 et III, p. 74. Delassus : Mission Posthume de Sainte Jeanne d'Arc, p. 447.
[149]
P. Thotime de Saint-Just : La Royaut Sociale de N. S. J.-C., d'aprs le Cardinal Pie, p. 17.
[150]
Mgr Delassus, op. cit., p. 47. Voir p. de la prsente tude l'explication de cette conscration par Dieu de notre Race Royale.
[151]
Chanoine Coub, Revue O Salutaris, juillet 1903.
[152]
Consulter pour ce chapitre : R. P. Ayroles : La vraie Jeanne d'Arc. - Jeanne d'Arc sur les autels et la rgnration de la France.
Chan. Ph. Dunand : Histoire complte de Jeanne dÕArc.
Ed. Richer : Histoire de la Pucelle d'Orlans.
R. P. Clrissac : La mission de Sainte Jeanne d'Arc. Abb Vial : Jeanne d'Arc et la Monarchie.
Colonel Billard : Jeanne d'Arc et ses juges.
M.-L. Amiet : La condamnation de Jeanne d'Arc.
G. Guilbert : La Mission divine et royale de Jeanne d'Arc.
Dom Monnoyeur : Le Trait de Jean Gerson sur la Pucelle .- Sainte Jeanne d'Arc hraut de la Royaut du Christ.
Mgr Delassus : La Mission posthume de sainte Jeanne d'Arc et la Royaut Sociale de Notre Seigneur Jsus-Christ.
R. P. Pie de Langogne : Jeanne dÕArc devant la Congrgation des Rites.
[153]
Abb Vial, op. cit., p. 309.
[154]
G. Cherchay : Rponse aux objections concernant la brochure : Qui rgnera ?.
[155]
Abb Penaud : La Vnrable Jeanne de Matel, t. II, pp. 380 et suiv.
[156]
Voir : Vie du Frre Fiacre, par le P. Gabriel de Sainte-Claire. Les vitraux de Notre-Dame-des-Victoires relatent le fait.
[157]
Voir : la Franquerie : La Vierge Marie dans l'Histoire de France, Appendice IV, p. 315.
[158]
Mgr Debout : Saint Vincent de Paul, p. 119.
Voir : R. P. Rousselet, S.J. : Le Lys sacr, 1631, p. 304 et 1304 1310.
R.P. Girard : Îuvres du R. P. Dinet, Confesseur de Louis XIII, et l'ouvrage de A. Bazin.
Pour tudier la grandeur et la saintet de Louis XIII, qui fut l'un de nos plus grands Rois, nous renvoyons le lecteur aux deux tudes suivantes : de la Franquerie : La Vierge Marie dans l'Histoire de France, prface du Cardinal Baudrillart.
Michel Christian : Notre Dame de France, prface de S. Ex. Monseigneur Harscout, vque de Chartres et Prsident des Congrs Marials Nationaux.
[159]
Cette lecture doit tre complte par le livre de Dominique Godbout, L'orgueil et la dchance, de la vielle France et de la Nouvelle France, ditions saint-Rmi, dans lequel l'auteur, ami du Marquis de La Franquerie, rappellent les trahisons des derniers Bourbons qui ont mrit le chtment de la Rvolution Franaise.
[160]
Mgr Prunel ; La renaissance catholique en France au XVII sicle.
[161]
De 1684 1709, la Reine du Ciel apparat frquemment Benote Rencurel pour lui rvler les dangers que court le Roi et la faire prier afin de les carter. Elle dtourne ainsi du Roi et du Royaume les maux qui les menacent ou tout au moins empche les catastrophes irrparables. A plusieurs reprises, la Vierge Immacule insiste pour bien nous faire comprendre l'importance de la vie du Roi : ÇQu'il vive longtemps !È dit-elle ; ÇSÕil venait mourir, ce serait un malheur pour la FranceÈ. ÇS'il venait mourir, la France serait perdue !È Quelle leon Marie ne donne-t-Elle pas notre peuple de France en lui prouvant ainsi quel point la prosprit gnrale et la paix dpendent de la Vie du Roi.
Le lecteur que cette question intressera voudra bien se reporter notre tude : La Vierge Marie dans l'Histoire de France, ch XV : Le sicle de Louis XIV, sicle de Marie, p. 169 et sv,
ainsi qu' lÕhommage publi par les P. Missionnaires de N. D. du Laus : Notre Dame du Laus et la vnrable SÏur Benote, d'aprs les manuscrits authentiques, qui contient tous les documents. Gap, 1895, 532 p.
[162]
Dvotion dont sÏur Marguerite du Carmel de Beaune fut la grande propagatrice. Voir : Abb Brmond : Histoire littraire du sentiment religieux en France.
[163]
Monseigneur Bougaud : Histoire de la Bienheureuse Marguerite-Marie.
[164]
de la Franquerie : La Conscration de la France et le drapeau du Sacr-CÏur, seule esprance de salut.
Nous reviendrons dans un prochain ouvrage sur les diverses responsabilits ; celle du Roi est trs attnue ; les influences religieuses qui s'exercrent sur Lui portent la responsabilit de l'inaction royale.
[165]
Cette clause est une violation formelle de la loi Salique, loi fondamentale du Royaume ; or, cette loi est voulue par Dieu, personne ne peut la violer impunment. La nullit de cette clause est donc absolue puisqu'elle est contraire la justice et n'a t impose que par la force, en violation des traditions vitales du royaume. Contre le droit divin, il n'y a pas de lois humaines qui vaillent. Au surplus la tradition royale voulait que si nos Rois taient contraints par la violence de cder un droit indiscutable et certain, la revendication en restt ouverte jusqu' ce que justice leur ft rendue (dt-elle le rester durant plusieurs sicles) ce droit tant considr comme imprescriptible. Voir ce sujet la thse de S. A. R. le Prince Sixte de Bourbon de Parme : Les Traits d'Utrecht et les lois fondamentales du Royaume, et notre plaquette : Le Droit Royal historique en France.
[166]
Voir notre prochaine tude : La politique occulte de la judo-maonnerie et de l'Angleterre contre la France du XVIII sicle nos jours.
[167]
Bernard Fay : Louis XVI ou la fin d'un monde. Cet ouvrage est une magnifique rhabilitation du Roi Louis XVI. Mais nous ne pouvons admettre l'vident parti-pris de l'auteur contre la Reine Marie-Antoinette.
[168]
La Convention se fit rembourser les emprunts d'Etat, mais jamais les prts de la cassette royale, ni ceux des particuliers, ne l'ont t, en dpit des promesses verbales de la mission amricaine.
[169]
Bainville, Histoire de France, p. 320.
[170]
La politique occulte de la Judo-Maonnerie et de l'Angleterre contre la France du XVIII sicle nos jours.
[171]
O. Havard : La rvolution dans nos ports de guerre, t. 1, p. 25. On lira avec beaucoup d'intrt cette remarquable tude pour connatre l'immense effort maritime, dont Louis XVI a t l'me, et la duplicit anglaise.
[172]
O. Havard, t. II, p. 47.
[173]
Marquis Costa de Beauregard : Le roman d'un Royaliste, souvenirs du Comte de Virieu.
[174]
Funck-Brentano : L'affaire du collier. - La mort de la Reine.
[175]
L. Gautherot : L'Agonie de Marie-Antoinette.
[176]
L. d'Estampes et CI. Jannet : La Franc-Maonnerie et la Rvolution, p. 198. L. Dast : Marie-Antoinette et le complot maonnique.
[177]
A. Cochin et G. Charpentier : La Campagne lectorale de 1789 en Bourgogne.
Voir galement : Taine : L'Ancien Rgime, p. 518, 519.
Carien : La Vrit sur l'Ancien Rgime et la Rvolution.
Ricaud : La Bigorre et les Hautes-Pyrnes pendant la Rvolution.
A. Young : Voyages en France (1789-1790).
Dast : Marie-Antoinette et le complot maonnique.
De Lannoy : La Rvolution Prpare par la franc-maonnerie.
M. Talmeyr : La franc-maonnerie et la Rvolution Franaise.
L. d'Estampes et CI. Jannet : La Franc-Maonnerie et la Rvolution.
Barruel : Mmoires pour servir l'histoire du jacobinisme 1805.
Le Franc : Le voile lev pour les curieux ou le secret de la Rvolution rvl l'aide de la Franc-Maonnerie (1792).
A. Cochin : Les Socits de pense et la dmocratie moderne.
Et les ouvrages de N. S. Jouin, et Delassus.
[178]
Abb Delassus : Louis XVI et sa batification.
[179]
Voir : Vie de la Rv. Mre Thrse de Saint-Augustin, prieure du Carmel de Saint-Denis.
E. M. du L. : Madame lisabeth de France (s'adresser au Carmel de Meaux).
A. Dechne : Le Dauphin, fils de Louis XV.
A. G. : Le vrai Louis XVI, Royaut douloureuse, Royaut glorieuse.
Abb A. Delassus : Louis XVI, les preuves de son martyre en haine de la Religion ; Louis XVI, Roi et Martyr et sa batification ; Louis XVI et sa batification.
L. Dast : Marie-Antoinette et le complot maonnique, etc...
Mis de la Franquerie : De la Saintet de la Maison Royale de France. Louis XVI, Roi et Martyr. Madame lisabeth de France.
R. P. Charton : Les Saints de la Famille Captienne.
O. Friedrichs : Marie-Antoinette calomnie, etc...
[180]
Traduction de M. l'Abb Delassus dans : Louis XVI Roi et martyr, sa batification.
[181]
J de Maistre. Considrations sur la France, chap. II, p. 11 13.
L'Histoire prouve que Joseph de Maistre a mme t au-dessous de la ralit : Aprs une tude approfondie, M. de Broc, dans : La France et la Rvolution, tablit que, dans la seule priode de 1792 1800, la Rvolution a caus la mort de trois millions de Franais : un million morts de misre, un million en Vende et au cours des multiples excutions Paris et en Provence, un million tombs pendant les guerres rvolutionnaires. Ce chiffre de trois millions est trs incomplet ; il y a lieu en effet, dÕy ajouter :
1¡ les victimes de toutes les guerres que la France a subies de 1800 nos jours, ces guerres et invasions tant la consquences directe de la Rvolution et des principes de 1789 ;
2¡ les victimes des guerres civiles et des rvolutions dont la France a t la victime depuis ce moment et qui en sont galement la consquence ;
3¡ celles du Code civil, dont le principe rvolutionnaire et antifamilial du partage forc a eu pour consquence la dnatalit, les familles ne voulant plus quÕun enfant par foyer pour lui transmettre le patrimoine intact qui lui permettra de maintenir son rang dans la Socit, et pour viter le partage des terres que le morcellement indfini rend improductives ;
4¡ celles des doctrines criminelles du malthusianisme, etc... issues galement de la dchristianisation des masses, autre consquence de la rvolution et de ses principes sataniques ;
5¡ qu'on y ajoute enfin l'augmentation de population que ces millions de victimes ou d'enfants qui auraient d natre n'auraient pas manqu de procrer et l'on s'expliquera pourquoi la population de la France (qui tait la plus importante de l'Europe en 1789 et permettait notre Pays de tenir victorieusement tte, seul, contre les autres coaliss, est tombe si bas... si bas mme quÕil lui serait bien difficile de dfendre son territoire dans le cas o elle serait attaque par ses voisins. Tragique consquence et terrible chtiment divin de la Rvolution auxquels on songe trop peu...
[182]
Cardinal Pie.
[183]
Mgr Delassus p. 42, note 1.
[184]
ÇLe meurtre du 21 janvier est au point de vue de l'idaliste, l'acte de matrialisme le plus hideux, la profession la plus honteuse qu'on ait jamais faite dÕingratitude, de bassesse, de roturire vilenie et d'oubli du pass. Ce jour-l commmore un suicideÈ. (Renan). ÇLe jour o la France trancha la tte son Roi, elle la trancha du mme coup tous les Pres de familleÈ. (Honor de Balzac).
[185]
Voir de la Franquerie : La Vierge Marie dans l'Histoire de France, ch. XVII : Vendens et Chouans sauvent l'honneur de la France, p. 223 et sv. Nous ne saurions trop recommander nos lecteurs I'Ïuvre admirable du Souvenir Venden qui lutte victorieusement pour maintenir dans nos Provinces de l'Ouest les grandes traditions catholiques et franaises et entretient dans ces Rgions le culte des grandes leons et des sublimes exemples laisss par les hros et les martyrs de la Vende leurs descendants et au reste des Franais.
[186]
A l'exemple de Berthe, Redwige dÕAnjou, par la conversion de son poux Jagellon, grand Duc de Lithuanie, obtient celle de tout son peuple.
[187]
E. Jarry : Les Missions coloniales franaises. Almanach Catholique Franais 1931, p. 264.
[188]
G. Fagniez : Le Pre Joseph et Richelieu, pp. 326 et 356, T. I.
[189]
G. Goyau : Origines Religieuses du Canada, pp. 56, 57.
[190]
C'est ce que constatait le marchal Lyautey dans son discours de rception l'Acadmie Franaise.