CHAPITRE 1.

COMMENT TOUTE ILLUMINATION DIVINE,
QUI PAR LA BONTÉ CÉLESTE PASSE AUX CRÉATURES,
DEMEURE SIMPLE EN SOI, MALGRÉ LA DIVERSITÉ DE SES EFFETS,
ET UNIT LES CHOSES QU'ELLE TOUCHE DE SES RAYONS.



ARGUMENT :

- I. On enseigne que toute lumière, toute Grâce spirituelle nous vient du Père et nous ramène à lui.
- II. Après une invocation au Christ, on se propose d'expliquer les hiérarchies célestes, au moyen des oracles divins, qui,
sous la multiplicité du sens figuré, cachent la simplicité du sens littéral.
- III. On montre que, pour se proportionner ? nos forces, l' Écriture représente sous des figures matérielles les choses spirituelles et célestes, et l'on indique comment de ces grossiers symboles notre âme peut s'élever aux contemplations les plus sublimes.


I. Toute grâce excellente, tout don parfait vient d'en haut, et descend du Père des lumières (1) Il y a plus : toute émanation de splendeur que la céleste bienfaisance laisse déborder sur l'homme, réagit en lui comme principe de simplification spirituelle et de céleste union, et par sa force propre, le ramène vers l'unité souveraine et la déifique simplicité du Père. Car toutes choses Viennent de Dieu et retournent à Dieu, comme disent les saintes Lettres (2).

II. C'est pourquoi , sous l'invocation de Jésus, la lumière du Père, oui, la vraie lumière qui éclaire tout homme venant an monde (3) et par qui nous avons obtenu d'aborder le Père , source de lumière, élevons un regard attentif vers l'éclat des divins oracles que nous ont transmis nos maîtres : là, étudions avec bonne volonté ce qui fut révélé, sous le voile de la figure et du symbole , touchant les hiérarchies des esprits célestes. Puis, ayant contemplé d'un œil tranquille et pur ces splendeurs primitives , ineffables, par lesquelles le Père, abîme de divinité, nous manifeste sous des types matériels les bienheureux ordres des anges, replions-nous sur le principe infiniment simple d'où ces splendeurs dérivent. Ce n'est pas à dire toutefois que, jamais elles existent en dehors de l'unité qui fait leur fond; car, lorsque s'attempérant par providentielle bonté aux besoins de l'homme pour le spiritualiser et le rendre un , elles se répandent heureusement en rayons multiples, alors même elles gardent essentiellement une identité immuable et une permanente unité ; et sous leur puissante influence , quiconque les accueille, comme il doit, se simplifie et devient un, au degré où il en est personnellement capable. Effectivement ce principe originel de divine lumière ne nous est accessible, qu'autant qu'il se voile sous la variété de mystérieux symboles, et qu'avec amour et sagesse il descend pour ainsi dire, au niveau de notre nature.

III. Aussi le suprême et divin législateur a fait que notre sainte hiérarchie fit une sublime imitation des hiérarchies célestes; et i1 a symbolisé les armées invisibles sous des traits palpables et sous des formes composées, afin qu'en rapport avec notre nature, ces institutions saintement figuratives l'élevassent jusqu'à la hauteur et à la pureté des types qu'elles représentent . Car ce n'est qu'à l'aide d'emblèmes matériels que notre intelligence grossière peut contempler et reproduire la constitution des ordres célestes. Dans ce plan, les pompes visibles du ciel nous rappellent les beautés invisibles, les parfums qui embaument les sens, représentent les suavités spirituelles; l'éclat des flambeaux est le signe de l'illumination mystique; le rassasiement des intelligences par la contemplation a son emblème dans 1'introduction de la sainte doctrine, la divine et paisible harmonie des cieux est figurée par la subordination des divers ordres de fidèles, et l'union avec Jésus-Christ par la réception de la divine Eucharistie. Et ainsi de toute autre grâce, les natures célestes y participant d'une façon qui n'est pas de la terre, et l'homme seulement par le moyen de signes sensibles. C'est donc pour nous diviniser en ]a forme où cela se pouvait que nous avons été miséricordieusement initiés au secret des hiérarchies célestes par la notre qui en est comme le rudiment, et associés à elles dans la participation aux choses sacrées; et les paroles de la sainte Écriture ne dépeignent les pures intelligences sous des images matérielles, que pour nous faire passer du corps à l'esprit, et des pieux symboles à la sublimité des pures essences.



(1) Epit.Jacob, I,17. -(2) Epit. Rom.,11, 36. -(3) S.Jean., I, 8.