HOMÉLIE XXX
Précédente Accueil Remonter

 

Accueil
Remonter
HOMÉLIE I
HOMÉLIE II
HOMÉLIE III
HOMÉLIE IV
HOMÉLIE V
HOMÉLIE VI
HOMÉLIE VII
HOMÉLIE VIII
HOMÉLIE IX
HOMÉLIE X
HOMELIE XI
HOMÉLIE XII
HOMÉLIE XIII
HOMÉLIE XIV
HOMÉLIE XV
HOMÉLIE XVI
HOMÉLIE XVII
HOMÉLIE XVIII
HOMÉLIE XIX
HOMÉLIE XX
HOMÉLIE XXI
HOMÉLIE XXII
HOMÉLIE XXIII
HOMÉLIE XXIV
HOMÉLIE XXV
HOMÉLIE XXVI
HOMÉLIE XXVII
HOMÉLIE XXVIII
HOMÉLIE XXIX
HOMÉLIE XXX

HOMÉLIE XXX. JE VOUS ÉCRIS CECI, ÉTANT ABSENT, AFIN DE N'AVOIR PAS LIEU, LORSQUE JE SERAI PRÉSENT, D'USER AVEC RIGUEUR DE LA PUISSANCE QUE LE SEIGNEUR M'A DONNÉE POUR ÉDIFIER ET NON POUR DÉTRUIRE. (XIII, 10.)

 

Analyse.

 

1. Saint Paul cherche, dans ses lettres, à inspirer la terreur, pour être dispensé de punir en réalité. — Qu'est-ce que se réjouir . — De la joie d'une bonne conscience Du saint baiser.

2. Apostrophe aux impudiques profanant les temples de Jésus-Christ.— Sur la grâce, l'amour, la communication du Père, du Fils et du Saint-Esprit.— Le Saint-Esprit est de la même essence que le Père et le Fils.

3. Dieu nous prouve son amour, surtout lorsqu’il nous commande de l'aimer. — Passages de l'Ecriture qui témoignent de l'amour d'un Dieu attentif à tous nos intérêts, jusqu'à s'oublier lui-même pour nous.

 

1. Il s'est aperçu qu'il a parlé rudement, surtout à la fin dl sa lettre. En effet, il avait commencé par dire : « Moi, Paul, moi-même, je vous conjure par la douceur, et par la  modestie de Jésus-Christ, moi qui étant présent parais bas parmi vous, au lieu qu'étant absent, j'agis envers vous avec hardiesse. Je vous prie, afin que, lorsque je serai présent, je ne sois point obligé d'user avec confiance de cette hardiesse qu'on m'attribue envers quelques-uns qui s'imaginent que nous nous conduisons selon la chair. Ayant en notre main le pouvoir de punir toute désobéissance lorsque vous aurez satisfait à tout ce que l'obéissance demande de vous ». Et encore : « J'appréhende qu'en arrivant auprès de vous, je ne vous trouve pas tels que je voudrais, et que vous ne me trouviez pas tel que vous voudriez» ; et encore : « Qu'ainsi Dieu ne m'humilie lorsque je serai arrivé auprès de vous, et que je ne sois obligé d'en pleurer a plusieurs qui, ayant déjà péché, n'ont pas fait pénitence de leur fornication et de leur impureté ». (II Cor. X, 1, 2, 6; XII, 20, 21.) Ensuite il avait ajouté : « Je vous ai prévenus et je vous préviens encore, au moment de vous aller voir, j'ai beau être loin de vous, je vous écris maintenant que, si je .reviens, je ne pardonnerai pas. Est-ce que vous voulez éprouver le Christ qui parle en moi ? » (II Cor. XIII, 2, 3.) Après ces paroles et beaucoup d'autres, sévères, incisives, amères, où il les harcèle, il sent le besoin de justifier tout ce qu'il a dit : « Je vous écris ceci, étant absent, afin de n'avoir pas lieu, lorsque je serai présent, d'user avec rigueur... » Je veux que ma rigueur soit tout entière dans mes lettres, je ne tiens pas à la mettre dans mes actions ; je veux que mes épîtres soient violentes, afin que les menaces y restent, sans aboutir à l'effet. Toutefois il donne, en se justifiant, une explication faite pour inspirer la terreur ; il montre que ce n'est pas lui qui doit punir, que c'est Dieu lui-même, car il ajoute : « De la puissance que le Seigneur m'a donnée »; et maintenant il montre que son désir n'est (182) pas du tout de faire servir sa puissance à leur châtiment, car il ajoute : «Pour édifier et non a pour détruire». Cette pensée, il ne l'indique qu'à mots couverts, comme je l'ai remarqué; mais voici une autre pensée, qu'il a livrée à leurs réflexions: c'est que, s'ils demeurent incorrigibles, c'est faire une oeuvre d'édification que de châtier de pareilles dispositions. C'est la vérité, l'apôtre ne l'ignore pas, et il a donné des preuves réelles de cette vérité. « Enfin, mes frères, soyez dans la joie, travaillez à être parfaits, consolez-vous, soyez unis d'esprit, vivez en paix ; et le Dieu d'amour et de paix sera avec vous (44) ». Qu'est-ce à dire : « Enfin, mes frères, réjouissez-vous ? » Vous nous avez affligés, remplis de craintes, d'angoisses, vous nous avez dit d'avoir peur, de trembler, comment pouvez-vous nous inviter à nous réjouir? C'est précisément pour cette raison que je vous invite à vous réjouir. Si, en effet, votre conduite répond à mes avertissements, rien ne viendra troubler la joie. J'ai fait tout ce qui dépendait de moi j'ai montré de la patience, j'ai attendu, je n'ai rien brusqué, j'ai exhorté, conseillé, inspiré la crainte, menacé, employé tous les moyens pour vous porter à cueillir le fruit du repentir. Ce qu'il faut maintenant, c'est que vous fassiez ce qui dépend de vous, et, de cette manière, votre joie ne se flétrira pas, « Travaillez à être parfaits ». Qu'est-ce. que cela veut dire : « Travaillez à être parfaits? » Devenez des hommes complets, remplissez-vous de ce qui vous manque Consolez-vous.— Comme les épreuves étaient grandes, comme les dangers étaient considérables, « Consolez-vous », leur dit-il, les uns les autres, et auprès de nous, et en vous corrigeant, en vous améliorant. Si la joie vient de la conscience, si vous êtes parfaits, rien ne manque à votre tranquillité, à votre consolation. Rien, en effet, ne console tant' qu'une conscience pure, quand les épreuves tomberaient sur nous par milliers. « Soyez unis d'esprit, vivez en paix » ; ce qu'il demandait dans la première épître, dès les premiers mots. Il peut se faire qu'il y ait accord dans les esprits, et qu'on ne vive pas en paix, comme dans le cas où l'on est d'accord sur l'enseignement de la foi, mais divisé par les affaires. Paul tient à l'union des esprits et à la paix tout ensemble. « Et le Dieu d'amour et de paix sera avec vous». L'apôtre ne se contente pas d'exhortations , d'avertissements, il y joint encore ses voeux. Ou il exprime les voeux qu'il forme, ou il prédit ce qui arrivera ; croyons plutôt qu'il fait, à la fois, les deux choses. Si vous tenez cette conduite, dit-il, ce qui signifie, si vous êtes unis d'esprit, si vous vivez en paix, Dieu sera avec vous ; car c'est le Dieu d'amour et de paix, ce sont là les biens qui le réjouissent et qui lui plaisent. Par là aussi vous aurez la- paix qui vient de son amour; par là, vous serez délivrés de tous les maux. C'est l'amour, de Dieu qui a sauvé la terre, quia terminé la guerre commencée depuis si longtemps, qui a mêlé la terre et le ciel,. qui a fait que les hommes sont devenus des anges. Donc aimons-le, cet amour, nous aussi; car d'innombrables biens sont les fruits de cet amour. C'est par lui que nous avons été sauvés, c'est par lui que nous viennent tous les présents d'un ineffable prix. Ensuite , pour provoquer cet amour au milieu des fidèles « Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser (43) ». Qu'est-ce à dire « Saint? » Non pas un baiser trompeur, perfide, comme celui de Judas à Jésus-Christ. Si le baiser nous a été donné, c'est pour être le foyer où s'embrase l'amour, pour enflammer l'affection, pour que nous nous aimions les uns les autres, comme les frères aiment leurs frères; comme les enfants aiment leurs- pères; comme les pères aiment leurs enfants; ou plutôt d'un amour bien plus vif ; ces sentiments-là viennent de la nature; les autres de la grâce. Voilà comment les âmes se lient entre elles, et voilà pourquoi, au retour d'un voyage, nous nous donnons le baiser mutuel, les âmes s'empressent de se réunir. La bouche est de tous nos organes, celui qui se plait le plus naturellement à déclarer l'amour.

2. On peut encore , à propos de ce saint baiser, faire une autre réflexion. Quelle est-elle? Nous sommes le temple de Jésus-Christ, (II Cor. VI, 16); ce sont donc les vestibules, le portique du temple que nous baisons, quand nous nous donnons les uns aux autres le baiser mutuel. Ne voyez-vous pas combien de per. sonnes baisent les vestibules mêmes de cette église, les uns abaissant leur tête, les autres y appuyant leur main, et approchant leur main de leur bouche ? C'est par ces issues, par ces portes qu'est entre le Christ, qu'il entre pour venir à nous dans la communion. Vous qui participez aux mystères, vous savez ce que (183) je dis. Ce n'est pas un honneur vulgaire qui est fait à notre bouche, lorsqu'elle reçoit le corps du souverain Maître. Voilà surtout pourquoi nous donnons le baiser. Ecoutez nos paroles, vous qui faites entendre des choses honteuses, vous qui proférez des outrages, et frémissez d'horreur en pensant quelle est cette bouche que vous déshonorez; écoutez vous qui donnez de honteux baisers; écoutez les oracles que Dieu a prononcés par une bouche comme la vôtre, et sachez donc conserver votre bouche pure de toute souillure. Il a parlé de la vie à venir, de la résurrection, de l'immortalité, de la mort qui n'est pas une mort, de mille autres vérités ineffables. C'est comme un sanctuaire d'où partent des oracles, que la bouche du prêtre, pour celui qui doit être initié.

Ecoutons tout ce qui est rempli de redoutables mystères. Cet homme, depuis les temps de ses premiers parents, a perdu ce qui fait la vie, il s'approche pour redemander sa vie, il interroge pour savoir quels sont les moyens de la retrouver, de la reconquérir. Alors Dieu lui fait entendre, par ses oracles, comment on trouve la vie, et la bouche du prêtre est plus saintement redoutable que le propitiatoire même. Car ce propitiatoire antique ne faisait jamais entendre une voix pareille; il ne s'agissait pour lui que d'intérêts bien moindres, des guerres et de la paix d'ici-bas; mais chez nous, on ne parle que du ciel, et de la vie future, et de choses nouvelles, et qui dépassent les esprits. Après avoir dit : « Saluez-vous les uns les autres, par un saint baiser », l'apôtre ajoute : « Tous les saints vous saluent », voulant encore, par ces paroles, leur donner de bonnes espérances. C'est pour leur tenir lieu du saint baiser; il se sert de la formule de la salutation, pour les réunir tous ensemble; c'est la même bouche qui donne le baiser et qui fait entendre ces paroles. Voyez-vous comment l'apôtre les réunit tous, aussi bien ceux que séparent de longues distances, que ceux qui vivent les uns auprès des autres, et cela, soit par le baiser, soit par ses lettres? « Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et l'amour de Dieu le Père, et la communication du Saint-Esprit soit avec vous tous. Amen (13) ». Après les salutations, les baisers, dont le but est d'opérer l'union des fidèles , vient , pour terminer, une prière pour cimenter l'union des fidèles avec Dieu.

Où sont maintenant ceux qui disent que le Saint-Esprit n'ayant pas été nommé au commencement des épîtres n'est pas de la même substance? Le voilà nommé maintenant avec le Père et le Fils. Indépendamment de cette réflexion, on peut en faire une autre, c'est que l'apôtre dit, dans son épître aux Colossiens : « Que la grâce et la paix vous soient données par Dieu notre Père » (Coloss. I, 3) ; et il passe le Fils sous silence, et il n'ajoute pas, comme dans toutes les épîtres, et par Notre-Seigneur Jésus-Christ. Sera-ce donc une raison pour que le Fils ne soit pas non plus de la même substance ? Mais c'est le comble de la démence. Car ce qui prouve le plus que le Fils est de la même substance, c'est la diversité même des phrases de Paul. Nous n'exprimons pas ici une simple conjecture; voyez dans quelles circonstances il nomme le Fils et l'Esprit, en passant le Père sous silence. Il écrit aux Corinthiens et leur dit : « Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et dans l'Esprit de notre Dieu ». (I Cor. VI, 11.) Eh quoi donc, répondez-moi, n'avaient. ils pas été baptisés au nom du Père? Donc ils n'avaient été ni lavés ni sanctifiés. Mais ils avaient été baptisés, baptisés, par conséquent, comme le sont ceux qu'on baptise. Comment donc se fait-il que l'apôtre n'ait pas ajouté : vous avez été lavés au nom du Père ? C'est qu'il lui est indifférent de mentionner tantôt telle personne, tantôt telle autre, et vous trouverez la preuve du peu d'importance que l'apôtre y attache dans un grand nombre de passages des épîtres. En effet, il écrit aux Romains : « Je vous conjure donc, par la miséricorde de Dieu » (Rom. XII, 1); assurément la miséricorde appartient également au Fils; et : « Je vous conjure; par la charité du Saint-Esprit » (Rom. XV, 30); assurément la charité appartient également au Père. Pourquoi donc ne parle-t-il pas de la miséricorde du Fils, ni de la charité du Père? Parce que ce sont des vérités évidentes, reconnues de tous. De là son silence. On trouvera aussi, à propos des dons divins, la même indifférence dans les paroles. Car en disant: «Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et l'amour de Dieu le Père, et la communication du Saint-Esprit » , il n'en dit pas moins ailleurs la communication du Fils et l'amour de l'Esprit. Car «Je vous conjure », dit-il, par (184) l'amour de l'Esprit. Et dans l'épître aux Corinthiens : « Il est fidèle, ce Dieu par qui vous avez été appelés à la communication de son Fils ». ( I Cor. I, 9.) Ainsi, la Trinité est indivisible, et où se trouve la communication de l'Esprit, se trouve aussi celle du Fils; et où se trouve la grâce du Fils, se trouve aussi celle du Père et du Saint-Esprit : « Car la grâce », dit-il, « vous vient de Dieu le Père ». Et, dans un autre passage, après avoir énuméré les nombreuses espèces de grâces, il ajoute: « Or, ce qui opère toutes ces choses, c'est un seul et même Esprit, distribuant ces dons en particulier à chacun, selon qu'il lui plaît ». (I Cor. XII, 11.) Ce que je dis, ce n'est pas pour confondre les personnes, loin de moi cette erreur, mais pour reconnaître, tout à la fois, la propriété qui les distingue, et l'unité de leur essence.

3. Demeurons donc attachés à ces dogmes, maintenons-en la pureté, et emparons-nous de l'amour de Dieu. D'abord, nous n'avions pour lui que de la haine, et il a commencé par nous aimer; nous étions ses ennemis, et il nous a communiqué ses faveurs; maintenant nous l'aimons et il veut nous aimer. Demeurons donc attachés à son amour, de manière à être aimés de lui. Si, quand nous sommes aimés des hommes puissants, nous devenons redoutables pour tous, à plus forte raison, quand c'est Dieu qui nous aime. Nos biens, nos corps, notre vie même, quoi qu'il faille donner; livrons tout pour son amour, ne ménageons  rien. Il ne suffit pas des paroles qui disent que nous ressentons cet amour, il faut des actions qui le prouvent; ce n'est pas seulement par des paroles, c'est aussi par des actions qu'il a prouvé son amour pour nous. Montrez donc, vous aussi, montrez, par vos actions, que vous l’aimez, que vous cherchez son plaisir; car vous profiterez ainsi doublement. Il n'a aucun besoin de nous; et que c'est bien là la plus belle preuve de la pureté de son amour, que de n'avoir aucun besoin, et de ne pas cesser de tout faire pour être aimé de nous ! Aussi Moïse disait-il : « Que demande de vous le Seigneur votre Dieu, sinon que vous l'aimiez, que vous soyez prêts à marcher dans ses voies?» (Deut. X, 12.) De sorte que c'est surtout en vous invitant à l'aimer, qu'il montre son amour pour vous. Rien n'assure aussi solidement notre salut que de l'aimer. Voyez donc comme tous ses commandements tendent à notre repos, à notre salut et à notre gloire. Quand il dit : « Bienheureux les miséricordieux; bienheureux ceux qui ont le coeur pur; bienheureux ceux qui sont doux; bienheureux les pauvres d'esprit; bienheureux les pacifiques » (Matth. V, 7, 8, 4, 3, 9), lui-même n'en retire aucun fruit, c'est pour nous embellir de la sagesse des vertus qu'il nous donne ces commandements; quand il dit : « J'ai eu faim », ce n'est pas qu'il ait besoin de nous, c'est pour répandre sur vous l'onction de la bonté. Car il pouvait, même en se passant de vous, nourrir le pauvre, mais il a voulu réserver en votre faveur le plus précieux de tous les trésors; de là ces commandements. Si le soleil, qui n'est qu'une créature, n'a ancien besoin de nos yeux, (car il subsiste, gardant l'éclat qui lui est propre, alors même que nul ne le contemple), si c'est nous qui recevons de lui des bienfaits, en jouissant de ses rayons, à combien plus forte raison faut-il appliquer de telles paroles à Dieu. Mais encore une autre preuve, écoutez : Quelle idée vous faites-vous de la distance entre Dieu et nous? est-ce comme entre les moucherons et nous? faut-il concevoir un intervalle beaucoup plus grand encore? Evidemment, la distance est bien plus considérable, distance infinie. Si donc nous, gale la vaine gloire gonfle, nous n'avons besoin ni du secours des moucherons, ni de la gloire qu'ils donnent, à bien plus forte raison faut-il appliquer cette réflexion à Dieu, si fort au-dessus de toutes les passions de l'homme et de tous les besoins. Il ne jouit de nous qu'en raison des bienfaits que nous recevons dé lui, du plaisir qu'il prend à notre salut. Voilà pourquoi, si souvent, il s'oublie pour vous. « Si un  fidèle », dit l'apôtre, a une femme infidèle, « et si elle consent à demeurer avec lui, qu'il ne la renvoie pas. Celui qui renvoie sa femme, si ce n'est en cas d'adultère, la rend adultère ». ( I Cor. VII, 12; Matth. V, 32.) Comprenez-vous l'ineffable bonté ? Si la femme est adultère, dit-il, je ne vous force pas à la cohabitation; et si elle est infidèle, je ne l’interdis pas. Voyez encore; dans le cas d'une offense, voici ce que j'ordonne: C'est qu'avant de m'apporter son offrande, celui qui a quelque chose. contre quelqu'un, coure à qui l'a offensé : « Si, lorsque, vous présenterez votre offrande, vous vous souvenez que votre frère a quelque chose contre vous, laissez là votre don; au pied de l'autel, et allez vous (185) réconcilier auparavant avec votre frère, et puis vous reviendrez offrir votre don». (Ibid. V, 23,24.) Et la parabole de l'enfant prodigue? n'est-ce pas encore la preuve de la même bonté? Quand il eut mangé tant d'argent, son père eut pitié de lui, et lui pardonna; quand l'homme sans entrailles réclame cent deniers à son compagnon d'esclavage, le maître appelle le méchant et le livre au châtiment; c'est ainsi que les preuves abondent de cette bonté qui veut votre soulagement et votre repos. Le roi barbare allait pécher contre là femme de l'homme juste, et Dieu lui dit: «Je vous ai préservé d'un péché contre moi ». (Gen. XX, 6.) Paul persécutait les apôtres, et Dieu lui dit: « Pourquoi me persécutez-vous? » (Act. IX, 4.) D'autres ont faim, et il dit lui-même qu'il a faim, qu'il est nu, errant, étranger, voulant par là fléchir votre coeur et vous porter à la miséricorde. Donc, considérant l'étendue de l'amour qu'il a toujours montré et qu'il continue de montrer, lui qui veut bien se faire connaître à nous, ce qui est la source la plus abondante de tous les biens, la lumière de l'intelligence, l'enseignement de la vertu; lui, qui nous fait une loi de la vie la plus aimable, qui a tout fait à cause de nous, qui nous a donné son Fils, qui nous a promis sa royauté, qui nous a préparé les biens inénarrables et la vie la plus heureuse, faisons de notre côté, par nos actions,,par nos discours, faisons tout pour nous rendre dignes de son amour et pour mériter les biens à venir; puissions-nous tous entrer dans ce partage, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

Traduit pur M. C. PORTELETTE.

 

 

FIN DES HOMÉLIES SUR LA SECONDE ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS.

 

 

Haut du document

 

 

 

Précédente Accueil Remonter