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PRÉFACE DE L'AUTEUR.
Favoriser le retour du clergé catholique vers l'étude des saints Pères, en lui présentant sous son vrai jour le plus beau modèle des prédicateurs, et édifier les fidèles, en leur faisant connaître un saint dont les vertus sublimes, sans cesser d'être simples, offrent, comme dans un miroir, le portrait sincère de la vie chrétienne, selon l'expression de saint François de Sales tel est le double but que nous nous sommes proposé, en publiant cette histoire de saint Jean Chrysostome. Les traductions nombreuses des chefs-d'oeuvre que nous ont laissés les saints Pères, tant de l'Eglise grecque que de l'Eglise latine; les éditions nouvelles qui se multiplient de jour en jour; les grandes questions soulevées en France sur la nécessité de donner à leurs écrits une plus large part dans l'enseignement public et dans les écoles; la satisfaction que le Ministre et le Conseil de l'instruction publique ont accordée sur ce point aux justes désirs de l'épiscopat français et des parents chrétiens : tout atteste le mouvement qui ramène les esprits sérieux vers ces monuments que nous ont légués la science et la piété de ces hommes apostoliques suscités de Dieu dans les premiers siècles de l'Église pour établir, propager et défendre la doctrine de notre divin Maître. Le clergé, en particulier, a compris qu'au milieu des faux systèmes qui se sont succédé depuis un demi-siècle , le peuple avait besoin qu'on lui rappelât sans cesse la tradition catholique dans toute sa simplicité primitive; que la meilleure méthode pour ramener à la foi les esprits égarés ou indifférents, c'était de leur exposer l'enseignement de l'Évangile à la manière des apôtres et des premiers apologistes de la religion. Or, nous croyons qu'il serait difficile de suivre dans cette voie de meilleurs guides que les saints Pères, et en particulier que saint Jean Chrysostome. Où trouver ailleurs que dans les ouvrages du saint évêque de Constantinople une explication plus sûre, plus claire, et, pour ainsi dire, plus populaire de la sainte Écriture? Où trouver un cours de prédication morale plus complet, une connaissance du coeur humain plus étendue, une charité plus évangélique pour son troupeau? A le voir captiver ses auditeurs par des images vives, présentes et liées aux incidents de leur vie , ne croirait-on pas qu'il est un conseiller public pour leur ville, en même temps qu'un guide et un consolateur pour chaque âme fidèle? Comme il semble identifier ses intérêts avec ceux de son peuple ! C'est par là qu'il commence leur conversion. Aimons-les et faisons-leur du bien, dit-il lui-même, ils seront à moitié convaincus. Puis, dans tous ses sermons, dans toutes ses homélies, quelle sève de foi et de piété ! quelle connaissance de Dieu, de la religion et de ses mystères! quelle force de raisonnement! quelle chaleureuse éloquence! Oui, on peut bien, dans une certaine mesure, appliquer aux écrits de saint Jean Chrysostome ce que saint Paul a dit des Livres saints : Ils sont utiles pour instruire de la vérité, pour réfuter les erreurs, pour corriger le dérèglement des moeurs et pour former à la justice, afin que l'homme soit parfait, étant bien préparé à toute sorte de bonnes oeuvres (2 Timoth., cap. III, v. 16.) Nous avons donc cru que, comme on l'avait fait pour saint Jérôme, saint Augustin et saint Bernard, nous pouvions être utile au clergé et surtout aux jeunes prédicateurs, en les invitant par une histoire développée de la vie de saint Chrysostome et une analyse complète de ses ouvrages, à puiser à pleines mains dans ces immenses trésors que le saint évêque nous a laissés, et qui ont si souvent soutenu l'éloquence des Bourdaloue et des Bossuet. Mais si la vie et les écrits de saint Jean Chrysostome méritent d'être approfondis de plus en plus par ceux que leur vocation attache au ministère pénible et consolant de la parole sainte, cette histoire, nous aimons à le penser, ne sera pas moins utile aux simples fidèles qui la liront dans les sentiments où elle a été composée, c'est-à-dire en vue des progrès de leurs âmes. Le premier fruit qu'ils retireront de cette lecture sera un attachement plus ferme à la religion, une reconnaissance plus vive pour Dieu qui les a fait naître dans la vraie foi; car ils trouveront dans cette vie une preuve solide de la vérité du Christianisme. Toute l'histoire de notre saint peut se résumer en deux mots : Charité ardente et illimitée pour les hommes; dévouement à Dieu et à la vérité poussé jusqu'au sacrifice de tout soi-même. Or, si Bossuet a pu tirer de la perpétuité de la tradition catholique et de la succession non-interrompue des pontifes romains un argument irrésistible en faveur de la foi, ne peut-on pas appliquer le même raisonnement à la perpétuité de la charité et du martyre dans la religion catholique, et s'écrier comme lui: Quelle consolation aux enfants de Dieu ! mais aussi quelle conviction de la vérité, quand ils voient que du vertueux Pie IX, qui siège avec tant de douceur et de sollicitude sur le trône pontifical, on remonte jusqu'à Jésus-Christ même, l'auteur de notre foi, sans cesser de rencontrer dans l'Église catholique les deux marques incommunicables qu'il lui a laissées pour la distinguer de toutes les fausses religions : la charité immense pour les hommes, le martyre pour la vérité? Saint Chrysostome est un de ces innombrables héritiers de la charité de Jésus-Christ pour les hommes, et l'un des plus glorieux témoins de la foi que puisse nous offrir l'histoire de l'Église. Sa vie nous rappelle involontairement, dans la succession des siècles, les noms bénis de ces hommes généreux, de ces évêques surtout, qui se sont dévoués, corps et biens, au soulagement de leurs frères, ou qui ont su verser leur sang plutôt que de trahir la foi, depuis saint Étienne jusqu'au vénérable prélat que nous avons vu de nos yeux, dans nos dernières commotions politiques, donner sa vie pour ses brebis. Telle est la première leçon que les fidèles recueilleront de cette vie. prise dans son ensemble. Mais si nous entrons dans les détails de cette vie si intéressante, si nous réfléchissons à la manière dont ce généreux évêque a conquis le titre de saint, nous serons forcés de convenir qu'il ne tient qu'à nous de parvenir à la même gloire, d'obtenir la même couronne, sinon de la part des hommes, du moins des mains du Seigneur. Qui nous empêcherait, en effet, de suivre de près ou de loin un si parfait modèle? Il n'est pas, certes, de ceux dont saint François de Sales dit qu'ils sont plutôt des sujets d'admiration que d'imitation. Cette tendre piété pour sa mère, cet amour de la solitude, cette frayeur des dignités ecclésiastiques, cette constante application aux devoirs du sacerdoce et de l'épiscopat, cette ardeur infatigable pour procurer le bien des âmes, cette fermeté douce pour le maintien des vérités de la foi, cette condescendance pour le pécheur repentant, ce zèle pour réprimer les abus, cette autorité sans faste et sans orgueil, ce talent qui s'oublie et rapporte tout à Dieu : ce sont là des vertus que tout chrétien peut et doit pratiquer dans les limites de sa vocation, s'il veut être agréable à Dieu. Pour arriver à cette sainteté, il n'a point à faire d'actions extraordinaires; il n'a qu'à remplir tous les devoirs de son état, en animant toutes ses couvres de l'esprit de foi et de charité; saint Jean Chrysostome n'a pas fait autre chose. Quant à la persécution qui termina sa vie, elle nous offre aussi un exemple à imiter. Quiconque vit dans le monde est exposé à combattre les combats du Seigneur; nous imiterons ce généreux confesseur, en ne rougissant jamais de notre foi, et en ne voyant dans les ennemis qui nous poursuivent que des instruments dont la Providence se sert pour éprouver notre vertu. Disons maintenant quelques mots des auteurs que nous avons consultés et de notre travail. Parmi les anciens, nous citerons Pallade, ami du saint, député pour sa cause à Horne où il présenta un mémoire en forme de dialogue; Socrate, Sozomène et Théodoret, auteursdel'Histoire ecclésiastique; Georges, patriarche d'Alexandrie, qui vivait au septième siècle; l'empereur Léon, surnommé le Sage; un auteur anonyme et Siméon Métaphraste, qui ont écrit dans le dixième siècle. Nous avons trouvé chez les modernes Godefroy Herman, docteur de Sorbonne, qui publia la Vie de saint Chrysostome, en 1641 ; Tillemont, dom Henry Cellier, les Bollandistes et les Bénédictins. On le voit, les secours ne nous ont pas manqué. Mais tous ces auteurs, quelque respectables qu'ils soient, ne méritaient pas cependant un égal degré de confiance : les uns sont exacts, les autres prévenus ou mal informés; ceux-ci sont trop crédules, ceux-là trop méfiants et trop sévères, pour ne pas dire injustes dans leur critique. Nous avons tâché, en comparant les différents témoignages, de démêler le vrai d'avec le faux, et d'éviter également cette crédulité qui admet tout sans preuves et sans motifs, et cette critique déraisonnable qui, se défiant de la puissance et de la bonté de Dieu, rejette impitoyablement tous les faits qui ne sont point conformes à l'ordre naturel, au mépris des témoignages les plus authentiques qui en établissent la certitude. Tous ces auteurs que nous avons cités nous ont été fort utiles pour l'ordre chronologique et l'arrangement des faits ; quant à la substance même de l'histoire, au récit proprement dit, nous avons tout trouvé dans les traités et les discours de saint Jean Chrysostome. C'est lui le plus souvent qui raconte sa vie; nous le laissons parler le plus que nous pouvons, et assurément c'est ce que nous devions faire. A lui donc revient tout le mérite de l'ouvrage que nous publions à sa gloire. Vous depuis plusieurs années à la prédication, nous n'avons eu en vue que le bien des âmes. Notre but sera atteint, si notre travail, tel qu'il est, peut contribuer à l'édification des fidèles, ou inspirer à quelqu'un l'idée d'écrire cette histoire d'une manière plus digne du saint qui en est l'objet et plus propre à produire les fruits que nous en espérons. Haut du document
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