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106 LETTRE CCLVI.
Courte exhortation à marcher dans la voie du Christ.
AUGUSTIN A SON HONORABLE SEIGNEUR, A SON CHER ET BIEN-AIMÉ FRÈRE CHRISTIN, SALUT DANS LE SEIGNEUR.
Dans votre lettre vous m'exprimez le désir d'en recevoir une de moi. Notre frère Jacques m'est arrivé comme un irrécusable témoin de ce désir; il m'a dit sur vous plus de douces choses éprouvées par lui-même que votre petit papier n'aurait pu en contenir. Je vous en félicite; je rends grâces au Seigneur notre Dieu de vous avoir donné un coeur si chrétien, car cette piété est l'ouvrage de sa miséricorde , honorable seigneur, cher et bien-aimé frère. Vous demandez que je vous gagne par mes lettres; mais je le fais par mon amour, qui est au-dessus de toutes les lettres; et je sais que vous comprenez bien à quoi je voudrais vous gagner. Quant à vouloir me lire, je craindrais que votas ne trouvassiez chez moi plus de paroles que d'éloquence. Voici une courte réflexion dont vous sentirez toute la vérité, si vous y appliquez chaque jour votre pensée lorsque, dans le chemin qui mène à Dieu, on fuit, par de lâches appréhensions, les choses les plus aisées et les plus fructueuses, on souffre, dans le laborieux chemin du monde, ce qu'il y a de plus pénible et de plus stérile. Conservez-vous et avancez dans le Christ, ô mon honorable seigneur, cher et bien-aimé frère.
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