PSAUME CXVIII-IX
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NEUVIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.

LA VIE EN ÉCHANGE DE LA MORT.

 

C’est l’orgueil qui nous détourne de Dieu comme il en détourna le premier homme. Il tourne en dérision les enfants de Dieu qui demandent à être délivrés des opprobres, non pour eux, mais pour le préjudice que se font à eux-mêmes les insulteurs. Et ces blasphémateurs s’abstiennent comme aujourd’hui. Le Christ a prié pour ceux qui s’élevaient contre lui, et leur a ainsi communiqué la vie en échange de cette mort qu’ils donnaient à ses membres.

 

1. Les versets que nous allons expliquer dans notre psaume nous font souvenir de la cause de nos misères. Car le Prophète dit: « Mon âme a souhaité de désirer vos justifications en tout temps 1 »; c’est-à-dire et dans la prospérité, et dans l’adversité; puisque dans les travaux et dans les souffrances de cette vie nous devons trouver goût dans la justice; non, nous ne devons pas en faire nos délices exclusivement dans les moments paisibles, de manière à l’abandonner dans les temps de trouble; elle doit nous être chère en tout temps; maintenant il ajoute: « Vous avez châtié les superbes; maudits soient ceux qui s’écartent de vos préceptes 2 ». Ce sont les superbes qui s’écartent des préceptes de Dieu. Or, autre chose est de ne point tes accomplir à cause de notre faiblesse ou de notre ignorance, et autre chose de s’en détourner par orgueil, comme l’ont fait ceux qui nous ont engendrés pour mourir. Ils prirent goût à cette parole : «Vous serez comme des dieux 3», et dans cette pensée orgueilleuse, ils se détournèrent du précepte du Seigneur, qu’ils connaissaient formellement, et qu’ils pouvaient très-facilement accomplir, puisque nulle faiblesse ne les en détournait, n.e les empêchait, ne les retardait. Et voilà que toute cette vie si pénible, si calamiteuse de l’homme devenu mortel, est comme un châtiment héréditaire de l’orgueil. Quand le Seigneur dit à Adam : « Où es-tu ? »il n’ignorait point où il était; mais il lui reprochait son orgueil : sa question ne venait point du désir de connaître où il était, c’est-à-dire dans quelle misère il était tombé, mais de l’en avertir par un reproche. Voyez comme le Prophète, après avoir dit : « Vous avez

1. Ps. CXVIII, 20.— 2. Id. 21. — 3. Gen. III, 5. — 4. Id. 9.

 

réprimandé les superbes », n’ajoute point: Malédiction à ceux qui ont abandonné vos préceptes, de peur qu’on n’arrête sa pensée uniquement sur le péché du premier homme; mais il dit : « Malédiction à ceux qui abandonnent». Car il voulait par cet exemple jeter l’effroi chez tous les hommes, leur apprendre à ne point se détourner des préceptes du Seigneur, à aimer la justice en tout temps, et à recouvrer par le travail de cette vie ce que nous avons perdu dans les délices du paradis.

2. Mais comme ces reproches si sévères ne font point courber la tête aux orgueilleux, comme le supplice de la mort et du travail qui pèse sur eux ne réprime point leur insolence, comme ils imitent le ton hautain de ceux qui tombent, et tournent en dérision l’humilité de ceux qui se relèvent, voilà que le corps du Christ intercède en leur faveur et s’écrie : « Eloignez de moi l’opprobre et le mépris, parce que j’ai recherché vos témoignages 1 ». En grec, ces testimonia, ou témoignages s’appellent martyria, expression qui a passé dans le latin. De là vient que nous ne donnons plus le nom de « témoins », comme nous pourrions dire en latin testes, mais le nom grec de martyrs à ceux qui ont enduré divers tourments pour rendre témoignage au Christ. Cette expression étant donc plus familière et plus élégante, entendons ces paroles comme si le psaume portait: « Eloignez de moi l’opprobre et le mépris, parce que j’ai recherché vos martyres ». Mais quand le corps du Christ nous tient ce langage, croirons-nous qu’il regarde comme une peine d’entendre les outrages et les insultes des impies et des superbes; quand c’est là un moyen de hâter

 

1. Ps. CXVIII, 22.

 

sa couronne? Pourquoi donc demander à Dieu d’en être délivré comme d’un fardeau pénible et insupportable, sinon, comme je l’ai dit, parce que le Prophète prie pour ses ennemis, en voyant combien il leur est dangereux de faire aux chrétiens un crime du nom béni de Jésus-Christ; de n’avoir comme les Juifs que des sarcasmes pour la croix, remède suprême qui produit dans les âmes l’humilité chrétienne, laquelle peut seule guérir cet orgueil dont l’enflure a produit notre chute, et que nourrissent et font croître nos chutes journalières? Que le corps de Jésus-Christ prie donc en leur faveur, lui qui déjà sait aimer ses ennemis 1; qu’il dise au Seigneur: «Eloignez de moi l’outrage et le mépris, parce que j’ai recherché vos martyres » ; c’est-à-dire, délivrez-moi de ces outrages que j’entends, de ce mépris que j’endure par cet unique motif que j’ai recherché vos martyres, Car mes ennemis que vous m’ordonnez d’aimer, qui courent de plus en plus à la mort et à leur perte, en méprisant vos martyres, et en me chargeant de calomnies, revivront et reviendront de leurs égarements, s’ils révèrent en moi vos témoignages. Voilà ce qui est arrivé, ce que nous voyons. Voilà que le témoignage du Christ, loin d’être un opprobre aux yeux des hommes et du monde, est devenu un grand honneur: voilà que la mort des justes est précieuse, non-seulement devant Dieu 2, mais encore devant les hommes; voilà que ses martyrs, loin d’être en butte au mépris, sont au contraire comblés d’honneur; le plus jeune des deux fils qui déchirait son héritage, dans le petit nombre des chrétiens qui le possédaient avant lui, en vue des pourceaux qu’il faisait paître, ou plutôt des démons qu’il adorait, voilà que maintenant il relève les martyrs devant ces peuples si grands et si nombreux, il prêche ce qu’il insultait, il comble d’honneurs ceux qu’il méprisait, il était mort, et le voilà ressuscité, il était perdu et le voilà retrouvé 3. Tel est le grand succès de conversion, d’amélioration et de rédemption de ses ennemis pour lequel le corps du Christ disait : « Eloignez de moi, Seigneur, l’opprobre et le mépris ». Et comme si on lui demandait pour quel motif il est outragé et méprisé, il ajoute : « Parce que j’ai recherché vos martyres ».

3. Où est donc maintenant cet opprobre?

 

1. Matth. V, 44. — 2. Ps. CXV, 15. — 3. Luc, XV, 12—24.

 

Où est ce mépris? Tout est passé, tout s’est évanoui; et comme ceux qui étaient perdus sont retrouvés, les mépris ont disparu. Mais quand l’Eglise faisait cette prière, elle souffrait effectivement ces douleurs. « Voilà que les u princes se sont assis », dit le Prophète, « et ils ont parlé contre moi l ». La violence de la persécution venait de ce qu’elle était décrétée par des princes qui étaient assis, c’est-à-dire élevés sur les tribunaux de la justice. Applique ces paroles à notre chef, et tu trouveras que les princes des Juifs s’assirent, cherchant entre eux les moyens de perdre le Christ 2. Applique ces paroles au corps, ou à l’Eglise, et tu verras que les rois ont médité, ont ordonné la ruine des chrétiens sur la terre. « Voilà que les princes se sont assis, et ont parlé contre moi; quant à votre serviteur, il s’exerçait dans vos ordonnances 3 ». Si tu veux connaître quel était cet exercice, vois ce qu’ajoute le Prophète: « Car vos témoignages sont ma préoccupation, et vos justifications sont tout mon conseil». Souviens-toi que ces témoignages, comme nous l’avons dit, sont des martyres; souviens-toi également que dans les justifications du Seigneur, la plus admirable comme la plus difficile est d’aimer ses ennemis. Tels étaient donc les exercices du corps de Jésus, qu’il méditait son témoignage, et qu’il aimait ceux qui le poursuivaient 4 de leurs outrages, et de leurs injures à cause des témoignages qu’il rendait au Christ. Car ce n’était point pour lui qu’il suppliait, nous l’avons déjà remarqué, mais bien plutôt pour eux qu’il disait: « Eloignez de moi tout opprobre et tout mépris. Voilà que les princes se sont assis, et ils parlaient contre moi ; mais votre serviteur s’exerçait dans vos justifications». En quelle manière? « Car vos témoignages sont ma préoccupation, et vos justifications sont tout mon conseil 5 ». Conseil contre conseil : le conseil des princes qui étaient assis fut de perdre les martyrs que l’on trouvait; et le conseil des martyrs, de retrouver leurs ennemis qui se perdaient. Les premiers rendaient le mal pour le bien, les seconds le bien pour le mal. Faut-il s’étonner après cela, si les uns ont succombé en donnant la mort, et les autres triomphé en mourant? Faut-il, dis-je, s’étonner que, sous le feu de la persécution païenne, les martyrs

 

1. Ps. CXVIII, 23 — 2. Matth. XXVI, 3.— 3. Ps. CXVIII, 24.— 4. Matth. V, 44. — 5. Ps. CXVIII, 22.

 

aient souffert avec tant de patience la mort du temps, et que les païens, à la prière des martyrs, aient pu arriver à la vie éternelle? Le corps du Christ n’est-il point exercé de manière qu’il médite les témoignages du Seigneur. et qu’il appelle sur les persécuteurs des témoins, les biens du ciel, en échange de leur malice?

 

 

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