PSAUME CXVIII-XXXI
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TRENTE-UNIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.

INJUSTES PERSÉCUTIONS CONTRE L’ÉGLISE.

 

Rien ne motivait les persécutions contre l’Eglise, puisque l’Evangile ordonne la soumission aux pouvoirs terrestres, c’est à Dieu que s’est attachée l’Eglise pour triompher et remporter les dépouilles ou convertir ses persécuteurs. De là ce redoublement d’amour pour la loi de Dieu qu’on craint de violer, et cette prière faite sept fois le jour, ou un nombre complet. L’amour de la loi de Dieu nous préserve des chutes, mais le salut nous vient du Christ annoncé, parla loi, en des témoignages qui font notre espérance. Aussi le Prophète nous dit-il que ses voies sont en Dieu, en Dieu qui regarde les méchants, qui voit aussi les justes, c’est-à-dire qu’il a voulu marcher selon la volonté de Dieu.

 

1. Nous savons quelles persécutions les rois de la terre ont infligées au corps du Christ, c’est-à-dire à la sainte Eglise. Reconnaissons donc ses plaintes dans les paroles suivantes : « Les princes m’ont persécuté sans sujet, et mon coeur ne craint que votre parole 1». Qu’avaient fait aux royaumes de la terre, ces chrétiens à qui leur roi avait promis le royaume des cieux? En quoi ces promesses blessaient-elles des royaumes terrestres? Ce roi qu’ils servent a-t-il défendu à ses soldats de rendre et de payer aux rois de la terre ce qui leur est dû? Quand les Juifs le calomniaient à ce sujet, ne dit-il point: « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu 2?» « Ne prit-il pas, dans la gueule d’un poisson, de quoi payer lui-même le tribut? Son précurseur dit-il aux soldats de ce royaume, qui lui demandaient ce qu’ils devaient faire pour acquérir la vie éternelle : Quittez le baudrier, jetez vos armes, abandonnez votre roi, afin d’entrer dans la milice du Seigneur? Nullement, « mais gardez-vous de toute violence, de toute injure, et que votre solde vous suffise 1 ». Un des soldats les plus affectionnés de ce roi, son compagnon fidèle, ne dit-il pas à

 

1. Ps. CXVIII, 161. — 2. Matth. XVII, 21.— 3. Luc, III, 14.

 

ses frères d’armes, et en quelque sorte aux fourriers du Christ : « Que toute âme soit soumise aux puissances supérieures ? » Et un peu plus loin : « Rendez à chacun ce qui lui est dû ; le tribut à qui vous devez le tribut, l’impôt à qui vous devez l’impôt, la crainte à qui vous devez la crainte, l’honneur à qui l’honneur est dû. Ne soyez redevables envers personne, sinon de l’amour qui est dû à tous 1? » N’a-t-il pas ordonné à son Eglise de prier pour les rois? En quoi

donc les chrétiens ont-ils pu offenser ces rois? De quel devoir sont-ils en demeure? En quoi les chrétiens ont-ils désobéi aux rois de la terre? C’est donc réellement sans sujet que les rois de la terre ont persécuté les chrétiens? Mais écoute la suite: « Et mon coeur a tremblé à cause de vos paroles ». Assurément les paroles de ces hommes étaient effrayantes; bannissement, proscription, mort, déchirer avec des ongles de fer, brûler vif, condamner aux bêtes, déchirer les membres; mais j’ai redouté vos paroles plus encore : « Ne craignez point ceux qui tuent le corps, et ne peuvent plus rien ensuite ; mais craignez celui qui ala puissance de jeter en enfer

 

1. Rom. XIII, 1, 7-8.

 

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le corps et l’âme 1». Voilà vos paroles qui m’ont saisi de frayeur : et j’ai méprisé l’homme qui me persécutait, vaincu le diable mon séducteur.

2. Il est dit ensuite: « Je me réjouirai de vos oracles comme celui qui a remporté de  riches dépouilles 2 ». Les paroles qui l’ont fait craindre l’ont rendu victorieux ; car c’est aux vaincus que l’on enlève les dépouilles; et voilà qu’il a été dépouillé comme un vaincu, celui dont il est dit dans l’Evangile : « Nul n’entre dans la maison du fort, pour enlever ce qui lui appartient, si tout d’abord il n’enchaîne ce fort 3 ». Mais il se trouva beaucoup de dépouilles, quand, pris d’admiration pour les martyrs, les persécuteurs eux-mêmes embrassèrent la foi; quand ceux qui voulaient détruire notre roi en égorgeant ses soldats, vinrent eux-mêmes grossir ses rangs. Tout homme dès lors qui cède à la parole de Dieu, et craint d’être vaincu dans le combat, tressaille dans ces paroles qui l’ont rendu victorieux.

3. Mais de peur que nous n’en venions à croire que cette crainte a jeté dans son âme quelque haine contre la parole de Dieu, le Prophète qui avait déjà dit: « Vos paroles m’ont fait tressaillir », langage qu’il n’eût pu tenir, s’il eût eu de la haine, ajoute néanmoins : « J’ai eu l’injustice en horreur, en abomination; mais j’ai aimé votre loi 4 ». Ainsi, cette crainte qu’il ressentait pour la parole de Dieu, loin de lui en inspirer la haine, la lui a fait au. contraire aimer plus parfaitement, car il n’y a point de différence entre la loi et les paroles de Dieu. A Dieu ne plaise que la crainte bannisse l’amour, quand cette crainte est chaste ! Un fils pieux a pour son père de la crainte et de l’amour; une chaste épouse craint son époux, de peur d’en être abandonnée; elle l’aime, afin de le posséder. Si donc l’on doit craindre et aimer ùn père qui est un homme, un époux qui est un homme, combien plutôt doit-on craindre et aimer notre Père qui est dans les cieux 5; cet Epoux plus beau que les enfants des hommes, non d’une beauté corporelle, mais d’une beauté spirituelle ! Eh ! qui aime la loi de Dieu, sinon l’homme qui aime Dieu? Et pour un fils bien né, qu’a de fâcheux la loi d’un père? Est ce parce qu il

 

1. Matth. X, 18. — 2. Ps. CXVII, 162. — 3. Matth. XII, 19. — 4. Ps. CXVIII, 163. — 5. Matth. V, 9.

 

châtie tous ceux qu’il aime, et qu’il frappe tout homme qu’il reçoit parmi ses enfants 1? Mépriser ces décrets de Dieu, c’est renoncer à ses promesses. Il nous faut donc louer les jugements de Dieu même sous son fouet, si nous voulons jouir des récompenses qu’il promet.

4. C’est là ce que fait autre interlocuteur:  « Sept fois le jour », dit-il, « je vous ai loué sur la justice de vos décrets 2». « Sept fois le jour», c’est-à-dire toujours. Ce nombre, en effet, désigne ordinairement une totalité; c’est pourquoi, après les six jours de la création, Dieu donna le septième au repos 3 ; et la révolution de sept jours forme les temps et les siècles. Tel est encore le motif qui a fait dire: « Le juste tombera sept fois en un jour, et se relèvera » ; c’est-à-dire, le juste ne périt point, quelles que soient ses humiliations, pourvu qu’il ne pèche point, autrement il ne serait plus juste. Alors cette expression : il tombe sept fois, désigne ici toutes les tribulations qui affligent le juste, et comme dans toutes ces tribulations il trouve un accroissement de justice. Il est dit : Il se relèvera. Les paroles suivantes nous indiquent suffisamment le sens de celles-ci ; on lit en effet : « Quant aux impies, le mal les affaiblira 4». Dès lors, pour le juste, tomber et se relever signifie n’être point affaibli par le malheur. C’est donc avec raison que l’Eglise a loué Dieu sept fois le jour sur les jugements de sa justice, puisqu’au temps où Dieu commença le jugement par sa propre maison 5, loin d’être affaiblie par les persécutions, elle fut glorifiée par les couronnes des martyrs.

5. « Paix abondante à ceux qui aiment votre loi; pour eux elle n’est point un scandale 6». Est-ce la loi qui n’est point scandale à ceux qui aiment la loi, ou pour ceux qui aiment cette loi n’y a-t-il scandale d’aucune part? Ces deux sens conviennent à ces paroles. Aimer en effet la loi de Dieu, c’est respecter dans cette loi ce que l’on ne comprend point, et si le juste y trouve un sens qui lui paraît absurde, il croit plutôt que son intelligence est en défaut, et qu’il y a là un grand mystère qui lui échappé. La loi de Dieu n’est donc point un scandale pour lui. Mais pour ne trouver absolument aucun sujet de scandale, qu’il ne jette point les yeux sur les hommes, quelque sainte que soit leur

 

1. Hébr. XII, 6 — 2. Ps. CXVIII, 161 — 3. Gen. II, 2. ­— 4. Prov. XXXV, 16. — 5. I Pierre, IV, 17. — 6. Ps. CXVIII, 165.

 

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profession, de peur qu’en voyant tomber ceux dont il appréciait la vertu, il ne périsse lui-même par le scandale; h’iais qu’il aime la loi de Dieu, et il aura une paix profonde sans aucun scandale, car il peut l’aimer en toute sûreté, puisqu’elle ne connaît point le péché, quelque pécheurs que soient ceux qui l’ont embrassée.

6. « J’attendais votre salut, ô mon Dieu, et j’ai aimé vos préceptes 1 ». De quoi eût servi aux justes de l’ancienne loi d’aimer les préceptes du Seigneur, si le Christ, qui est le soleil de Dieu, ne les eût délivrés, lui dont l’Esprit leur donnait de pouvoir aimer la loi? Si donc ils attendaient le salut de celui dont ils aimaient les préceptes, combien plus était nécessaire Jésus, c’est-à-dire le salut de Dieu, pour sauver ceux qui n’aimaient point ses préceptes? On peut, en effet, voir dans cette parole prophétique les saints d’aujourd’hui, depuis que l’Evangile est prêché; car ceux qui aiment les commandements attendent le Christ, afin qu’à l’apparition du Christ, qui est notre vie, nous aussi nous apparaissions aussi dans la gloire 2.

7. « Mon âme », dit-il, « a gardé vos témoignages, je les ai aimés souverainement 3 »; ou comme on lit en certains exemplaires « elle les a aimés », c’est-à-dire « mon âme » les a aimés; c’est garder les témoignages de Dieu que ne point y renoncer. Tel est le devoir des martyrs, puisque martyres et témoignages sont identiques. Mais comme il ne sert de rien d’endurer les flammes pour les témoignages de Dieu, si l’on n’a point la charité 4, le Prophète ajoute : « Je les ai aimés souverainement ». Auparavant il avait dit: « J’ai aimé vos commandements »; puis, au verset suivant: « J’ai gardé et aimé vos commandements » ; puis ensuite, ce sont les témoignages et les préceptes qu’il a gardés. Voici le texte : « J’ai gardé vos préceptes et vos témoignages 5». Celui qui les aime les garde pleinement et avec joie. Mais il arrive souvent qu’en gardant les préceptes de Dieu, nous avons pour ennemis ceux qui ne veulent point qu’on les garde; c’est alors qu’il faut les garder avec plus de courage, de peur que la persécution ne fasse apostasier.

8. Après avoir proclamé ce qu’il a fait, le Prophète l’attribue à Dieu qui lui en a donné

 

1. Ps. CXVIII, 166.— 2. Coloss. III, 4. — 3. Ps. CXVIII, 166. — 4.Cor. XIV, 13. — 5. Ps. CXVIII, 168.

 

la force, et s’écrie : « Toutes mes voies, ô mon Dieu, sont en votre présence » . Ce qui m’a fait garder vos préceptes et votre témoignage, c’est que toutes mes voies sont en votre présence. Comme si le Prophète disait à Dieu: «Si vous aviez détourné de moi votre face, j’eusse été troublé, et je n’aurais gardé ni vos témoignages ni vos préceptes. Si donc je les ai gardés, c’est que toutes mes voies sont en votre présence ». Il veut nous faire comprendre que Dieu regarde ses voies d’un oeil propice et secourable; tel est le sens de cette prière : Ne détournez point de moi votre face 1. Car si la face du Seigneur est sur tous ceux qui font le mal, c’est afin de perdre leur mémoire 2. Ce n’est point en ce sens que notre interlocuteur dit que Dieu regarde ses voies, mais dans le sens qu’il a dit que Dieu connaît la voie des justes 3, et que le Seigneur dit à Moïse : « Je te connais entre tous les autres 4». S’il ne trouvait, dans cette croyance, que le Seigneur a les yeux sur ses voies, il ne dirait point qu’il a gardé les préceptes et les témoignages du Seigneur, parce que toutes ses voies sont en présence de Dieu. Il comprend cette parole : « Servez le Seigneur dans la crainte, et réjouissez-vous en lui avec tremblement; embrassez la discipline, de peur que la colère du Seigneur ne vous fasse dévier de la voie des justes 5 ». Mais cette voie ne serait point celle de la justice, si elle n’était en présence du Seigneur. Telle est la crainte que veut nous inculquer saint Paul, quand il dit: « Opérez votre salut avec crainte et avec tremblement » ; et pour nous donner raison de cette recommandation, « c’est Dieu », nous dit-il, « qui opère en nous le vouloir et le faire selon sa volonté 6 ». Ainsi les voies des justes sont sous le regard du Seigneur, afin qu’il redresse leurs pas, et c’est de ces voies qu’il est dit dans les Proverbes: « Ce sont les voies de droite que connaît le Seigneur , mais les voies perverses sont à gauche 7 »; afin de nous faire comprendre que le Seigneur ne connaît point ces dernières, puisqu’il dira aux méchants : « Je ne vous connais point 8 ». Or, afin de nous montrer combien il est avantageux que Dieu connaisse les voies droites, ou les voies des justes, le Prophète ajoute: « C’est lui qui doit redresser

 

1. Ps. XXVI, 9.—  2. Id. XXXIII, 17. — 3. Id. I, 16.— 4. Exod. XXXIII, 17.— 5. Ps. II, 11, 12. — 6. Philipp. II, 12,-13.— 7. Prov. IV, 27.— 8. Matth. VII, 23.

 

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vos pas, et conduire vos voies en paix 1 ». C’est pourquoi le même Prophète ajoute encore: «J’ai gardé vos préceptes et vos témoignages». Et comme si nous lui demandions comment il l’a pu : « C’est », répond-il, « parce que toutes mes voies sont en votre présence, ô mon Dieu ».

 

1 Prov. IV, 27

 

 

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