PSAUME CXVIII-XXIV
Précédente Accueil Remonter Suivante


rte de l'église 38 - CH-1897 Le Bouveret (VS)

Accueil
Remonter
PSAUME CXVIII-I
PSAUME CXVIII-II
PSAUME CXVIII-III
PSAUME CXVIII-IV
PSAUME CXVIII-V
PSAUME CXVIII-VI
PSAUME CXVIII-VII
PSAUME CXVIII-VIII
PSAUME CXVIII-IX
PSAUME CXVIII-X
PSAUME CXVIII-XI
PSAUME CXVIII-XII
PSAUME CXVIII-XIII
PSAUME CXVIII-XIV
PSAUME CXVIII-XV
PSAUME CXVIII-XVI
PSAUME CXVIII-XVII
PSAUME CXVIII-XVIII
PSAUME CXVIII-XIX
PSAUME CXVIII-XX
PSAUME CXVIII-XXI
PSAUME CXVIII-XXII
PSAUME CXVIII-XXIII
PSAUME CXVIII-XXIV
PSAUME CXVIII-XXV
PSAUME CXVIII-XXVI
PSAUME CXVIII-XXVII
PSAUME CXVIII-XXVIII
PSAUME CXVIII-XXIX
PSAUME CXVIII-XXX
PSAUME CXVIII-XXXI
PSAUME CXVIII-XXXII

VINGT-QUATRIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.

IMPORTUNITÉ DES MÉCHANTS.

 

Haïr les méchants ne peut, selon la charité, s’entendre que de leurs oeuvres. Le Prophète les éloigne de lui afin d’approfondir la loi du Seigneur, dont il est détourné par leurs affaires du temps, par leurs querelles. Il demande à Dieu ce soutien qui est vie, c’est-à-dire vie éternelle, car Dieu réduit au néant ceux qui s’éloignent de lui. Tous ceux qui pèchent sont-ils prévaricateurs ?

 

1. Le passage de notre psaume, qu’il nous faut exposer selon la volonté de Dieu, commence ainsi : « J’ai haï les méchants, et aimé votre loi 1 ». Le Prophète ne dit point : J’ai haï les méchants, et aimé les justes; ou bien : J’ai haï l’iniquité et aimé votre loi ; mais après avoir dit : « J’ai haï les méchants », le Prophète en donne la raison dans ce qu’il ajoute : « Et aimé votre loi »pour nous montrer qu’il ne hait point dans les méchants cette nature qui en fait des hommes, mais bien l’iniquité qui les rend ennemis de cette loi qu’il aime.

2. « Vous êtes mon soutien et mon protecteur », ajoute le Prophète. « Soutien » pour

faire le bien, protecteur pour éviter le mal. Mais ajouter: «J’ai mis tout mon espoir dans votre parole », c’est parler en fils de la promesse.

3. Mais que signifie le verset suivant : « Méchants, retirez-vous de moi, et j’approfondirai les commandements de Dieu 3? » Il ne dit point: j’accomplirai; mais, j’approfondirai. C’est donc pour les connaître plus parfaitement qu’il veut éloigner de lui les méchants, et même qu’il les force à se retirer de lui. Car les méchants, qui nous servent à la vérité àsuivre les préceptes de Dieu, nous empêchent de les étudier, non-seulement quand ils nous persécutent, ou qu’ils prétendent nous quereller, mais aussi lorsqu’ils sont d’accord avec nous et nous témoignent de l’esti me, ils nous pressent de leur donner notre temps, de les aider dans leurs affaires temporelles, dans leurs convoitises vicieuses; ou bien ils oppriment les faibles, qu’ils forcent de porter leurs plaintes vers nous, alors que nous n’osons leur dire : « O homme, qui m’a établi

 

1. Ps. CXVIII, 113.— 2. Id. 114.— 3. Id. 115.

 

entre vous juge ou arbitre 1? » L’Apôtre lui-même a établi des ecclésiastiques pour connaître de ces causes, et défendu aux chrétiens de plaider au forum 2. A ceux qui, sans ravir le bien d’autrui, revendiquent le leur avec trop d’âpreté, nous ne disons pas même: Gardez-vous de toute convoitise, en leur remettant devant les yeux cet homme à qui l’on dit dans l’Evangile : « O insensé, cette nuit ton âme te sera ôtée, et à qui seront ces biens que tu as amassés 3? » Car lorsque nous leur tenons ce langage, ils ne nous quittent point, ils ne s’éloignent point; mais ils persistent, ils pressent, supplient avec bruit, et nous forcent à nous appliquer à ce qu’ils désirent plutôt qu’à étudier les commandements de Dieu que nous aimons. Quel profond ennui des embarras de ce inonde, et quel désir des saintes paroles a fait dire : « Méchants, éloignez-vous de moi, et je sonderai les préceptes de mon Dieu ? » Qu’ils me pardonnent, ces fidèles si pleins de déférence, qui nous requièrent si rarement pour leurs affaires temporelles, qui acceptent nos jugements avec une si grande docilité, qui nous consolent par leur obéissance, loin de nous fatiguer de leurs procès. Mais pour ces opiniâtres, qui ont des querelles sans fin, qui oppriment les bons en se riant de nos sentences, qui nous font perdre uni temps que nous devrions donner aux choses divines; pour ceux-là, dis-je, qu’il nous soit permis de nous écrier ici avec le corps du Christ : « Retirez-vous, ô méchants, et j’approfondirai les préceptes de mon Dieu ».

4. Après que le Prophète a pour ainsi dire chassé de ses yeux ces mouches qui l’importunaient, il revient à celui à qui tout à

 

1. Luc, XII, 14. — 2. I Cor. VI, 1-6. — 3. Luc, XII, 20.

 

709

 

l’heure il disait: « Vous êtes mon soutien et mon protecteur, j’ai espéré en votre parole »; et continuant cette prière : « Protégez-moi », dit-il, « selon votre parole, et je vivrai, et ne me confondez point dans mon attente 1 ». Lui, qui avait dit: « Vous êtes mon soutien », implore de plus en plus cette protection et veut arriver à ce bien suprême pour lequel il a tant souffert ici-bas : il est plein de la confiance d’y trouver une vie plus réelle, qu’au milieu des fantômes d’ici- bas. Car c’est à propos de l’avenir qu’il est dit: « Et je vivrai », comme si l’on ne vivait point dans ce corps mortel, puisque ce corps est mort par le péché. Pleins de confiance dans la délivrance de notre corps, nous sommes sauvés par l’espérance, et cet objet de l’espérance que nous ne voyons pas, nous l’attendons par la patience 2. Mais cette espérance n’est point vaine, si l’amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné 3. Et c’est pour le recevoir avec plus d’abondance que le Prophète s’écrie en parlant au Père: « Ne me confondez point dans mon attente ».

5. Et comme si ou lui eût répondu silencieusement : Veux-tu n’être point confondu dans ton espérance? médite sans cesse mes ordonnances, le Prophète sent que la tiédeur de l’âme est un obstacle à cette méditation, et il s’écrie: « Soutenez-moi et je serai sauvé, et je méditerai sans cesse vos ordonnances 4».

6. « Vous avez méprisé», ou, pour traduire le grec plus exactement: « Vous avez réduit au néant tous ceux qui s’écartent de vos préceptes, parce que leur pensée est injuste 5 ». Si donc il s’écrie: « Soutenez-moi et je serai sauvé, et je méditerai vos ordonnances», c’est que Dieu réduit au néant tous ceux qui s’éloignent de ses préceptes. D’où vient cet éloignement? De l’injustice de leur pensée. C’est par la pensée que l’on approche, par elle que l’on s’éloigne de Dieu. Toute action, en effet, soit

1. Ps. CXVIII, 118.— 2. Rom. VIII, 10, 23-25. — 3. Id. V, 5.— 4. Ps. CXVIII, 117. — 5. Id. 118

 

bonne, soit mauvaise, vient de la pensée; c’est par la pensée que l’homme est innocent, comme par la pensée il est coupable. Aussi est-il écrit: «Une sainte pensée te sauvera 1 » comme on lit ailleurs : « Ce sont les pensées de l’impie que l’on examinera 2 ». Et l’Apôtre nous dit à son tour que les pensées nous accusent ou nous défendent 3. Où est le bonheur pour l’homme qui est misérable dans sa pensée, et comment ne serait point misérable celui qui est réduit à néant? Car l’iniquité est un vide étrange; et c’est avec raison qu’il est dit: « Qu’ils soient confondus, ces méchants qui font des choses vaines 4 »; c’est-à-dire, qui travaillent aussi vainement que s’ils étaient anéantis.

7. «J’ai regardé», dit ensuite le Prophète, ou «j’ai estimé», ou «j’ai envisagé comme prévaricateurs tous les pécheurs de la terre 5 ». On a traduit en effet de plusieurs manières ce verbe grec, elogisamen ; mais la pensée est profonde, et si Dieu nous vient en aide, nous tacherons de l’étudier avec plus de soin dans un autre discours. Car ce que le Prophète ajoute:

« C’est pour cela que j’ai aimé vos préceptes à jamais », lui donne encore plus de profondeur. L’Apôtre nous dit: « La loi produit la colère »; et pour nous donner raison de cette parole, il nous dit: « Où n’est pas la loi, il n’y a point de prévarication 6 », et nous montre ainsi que tous ne sont point prévaricateurs, puisque tous n’ont pas reçu la loi. Or, ce passage nous indique clairement que tous n’ont pas reçu la loi: « Ceux qui ont péché sans la loi, périront sans la loi 7». Que signifie donc cette parole : « J’ai regardé comme prévaricateurs tous les pécheurs de la terre?» Mais qu’il nous suffise d’avoir posé cette question, que nous éclaircirons dans un autre discours, de peur que celui-ci ne devienne trop long et ne nous oblige de la resserrer trop, sans y donner la clarté suffisante.

 

1. Prov. II, 11. — 2. Sag. I, 9. — 3. Rom. II, 15. — 4. Ps. XXIV, 4. — 5. Id. CXVIII, 119. — 6. Rom. IV, 15. — 7. Id. II, 12.

 

 

Haut du document

 

 

 

 

Précédente Accueil Suivante