CARÊME III
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MERCREDI SAINT
JEUDI SAINT

TROISIÈME SERMON POUR LE CARÊME. Du jeûne quadragésimal.

 

1. Mes bien-aimés, je vous prie d'observer avec toute la dévotion possible, le jeûne quadragésimal, non-seulement à cause de l'abstinence qui nous y est prescrite, mais aussi et bien plus encore, pour le mystère caché sous ce jeûne. Si nous avons jeûné le reste de l'année avec piété, pendant ce saint temps, nous devons le faire avec bien plus de piété encore. Si donc il y a quelque chose de plus rigoureux dans ce jeûne que dans les autres, n'est-il pas tout à fait indigne de vous de vous plaindre d'observances que l'Église entière pratique avec nous ? Jusqu'à ce jour, nous jeûnons seuls jusqu'à none, maintenant tout le monde, princes et rois, clercs et laïcs, nobles et roturiers, pauvres et riches, enfin tout le monde jeûnera avec nous jusqu'à vêpres. Je ne vous le rappelle, mes frères, que dans la crainte qu'il ne s'en trouve parmi vous qui n'observent pas avec assez de dévotion, le jeûne qui commence, découragés, en esprit, au souvenir des difficultés qu'ils ont éprouvées à pratiquer le premier jeûne. En effet, votre ennemi fait tout ce qu'il peut pour amoindrir notre holocauste, le priver du mérite de la piété, le rendre moins agréable à Dieu, empêcher notre âme de goûter les charmes de la joie spirituelle, et pour l'affaiblir, de même que l'indulgence affaiblira la loi du jeûne. Avertis de ses ruses, tenons-nous bien sur nos gardes contre lui. Puisque Dieu aime ceux qui lui donnent de bon coeur, et que notre âme, dans ces dispositions, s'ouvre davantage à l'espérance, ayons sous les yeux l'exemple de l'Église entière, afin de nous exciter à observer le jeûne avec le plus de dévotion possible.

2. Mais qu'ai-je besoin de vous parler de ceux qui partagent nos jeûnes? N'avons-nous point en matière de jeûne des modèles, que dis-je, des instituteurs excellents? Avec quelle dévotion devons-nous observer le jeûne qui nous vient, comme un héritage, de Moïse même, le saint à qui il fut donné, par une prérogative refusée aux autres prophètes, de s'entretenir avec Dieu face à face? Avec quelle ferveur ne devons-nous point le pratiquer, quand il nous est recommandé par Elie, le prophète qui a été enlevé au ciel dans un char de feu? Que de milliers d'hommes, depuis lors, ont succombé sous les coups de la mort, dont la loi est générale, et lui, protégé par la main de Dieu même, a échappé jusqu'à présent à ses atteintes. Mais si le jeûne est grand à nos yeux à cause de Moïse et d'Élie, qui sont grands il est vrai, mais qui néanmoins sont nos compagnons d'esclavage, combien plus doit-il l'être, en pensant qu'il nous est recommandé par Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui a jeûné lui-même aussi, pendant quarante jours et quarante nuits ! Quel est, je ne dis pas le moine, mais simplement le chrétien qui fera difficulté de pratiquer le jeûne dont le Christ lui a donné l'exemple. Après tout, nous devons imiter son jeûne avec d'autant plus de piété, mes frères bien-aimés, qu'il est plus certain que c'est pour nous, non pour lui, qu'il a lui-même jeûné.

3. Jeûnons donc, mes très-chers frères, jeûnons avec piété pendant ce saint temps de carême, comme des hommes qui n'ignorent pas que leur quadragésime se compose de plus de quarante jours, attendu que, pour nous, elle dure tout le temps de cette malheureuse vie, pendant laquelle, avec le secours de la grâce de Dieu, qui nous est assurée par les quatre évangiles, nous devons pratiquer les dix commandements de Dieu. Ceux qui,croient que ces quelques jours suffisent pour faire pénitence, se trompent étrangement, attendu qu'il est certain que la vie entière n'est donnée que pour cela. En effet, le Prophète a dit : « Cherchez le Seigneur , » non-seulement pendant quarante jours, (mais pendant tout le temps qu'on peut le trouver et invoquez-le pendant qu'il est tout près de vous (Isa. LV, 6).» Certainement ce ne sera plus le moment de l'invoquer, alors qu'il ne sera plus près de personne, et que pour les uns il sera présent, et pour les autres, infiniment éloigné. Mais ces mots mêmes, il est auprès de vous, indiquent, assez clairement que nous ne le possédons point encore; néanmoins on peut aisément le trouver et l'avoir. Qui est celui qui vous semble avoir été le plus prochain (le cet homme qui est tombé dans les mains des voleurs (Luc. X. 36)? N'est-ce pas celui qui a eu pitié de lui? Ainsi; puisque pendant tout ce temps de miséricorde, le Seigneur est tout proche, cherchez-le, mes très-chers frères, pendant qu'on peut le trouver, et invoquez-le tandis qu'il est tout, près de vous.

4. C'est donc avec la plus grande ferveur que pendant la présente quarantaine, nous devons rechercher celui qui en fait la meilleure partie, et qui est le mystère figuré par ce saint temps. En conséquence, si notre zèle s'est un peu ralenti pendant le reste de l'année, il est à propos qu'il se ranime dans la ferveur de notre esprit. Si nous n'avons péché due par la bouche, que la bouche seule observe le jeûne, mais si tous les autres membres de notre corps ont péché aussi, pourquoi ne jeûneraient-ils point comme elle? Que notre oeil jeûne donc, puisqu'il a porté le ravage dans notre âme : que notre oreille jeûne également, que notre langue, que nos mains, que notre âme elle-même jeûne aussi. Les yeux jeûneront en se privant de tout regard de curiosité et de pétulance, et expieront, en demeurant humblement baissés, tout le mal qu'ils ont fait en se portant librement partout. Les oreilles que le mal chatouille, se sèvreront de fables, de nouvelles, de tout entretien oiseux et de tout ce qui n'a point rapport au salut. La langue se privera de détraction et de murmure, de paroles inutiles, vaines ou bouffonnes, elle se privera également quelquefois, à cause de l'importance de la loi du silence, des choses mêmes qu'il semblerait nécessaire de dire. La main s'interdira non-seulement tout signe inutile, mais toute couvre qu'il ne lui est point prescrit de faire. Quant à l'âme, son jeûne, à elle, sera surtout de renoncer à ses vices et à sa volonté propre. Puisque sans ce jeûne tout le reste est rejeté de Dieu, « attendu, dit le Prophète, que votre volonté se trouve au jour de votre jeûne comme elle est les autres jours (Isa. LVIII, 3). »

 

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