FRAGMENTS
Précédente Accueil Remonter Suivante

 

Accueil
Remonter
PSAUME XCIV
ENFANT PRODIGUE
SÉRAPHINS
FRAGMENTS
ABDIAS
ISAIE
SAINT-ESPRIT
CÉRÉMONIES
PSAUME LXXXIX
ÉCRITURE SAINTE I
ÉCRITURE SAINTE II
ECRITURE SAINTE III
TRADUCTEUR

FRAGMENTS.

 

SUR TOUS LES LIVRES DE L'ANCIEN-TESTAMENT.

 

Les Hébreux ont vingt-deux lettres dans leur alphabet, comme il paraît par la langue des Syriens et des Chaldéens qui en ont un pareil nombre, et dont le langage se rapproche de celui des mêmes Hébreux; car, quoique la figure des lettres des uns et des autres soit différente, elles ont cependant le même son et la même valeur. Les Samaritains même écrivent le Pentateuque de Moïse avec vingt-deux lettres, encore que leurs caractères soient différents de ceux des Hébreux, tant dans les points et les accents que dans la figure de chaque lettre; et personne n'ignore que et fut Esdras, fameux docteur de la loi, qui changea le premier les anciens caractères hébreux aussitôt après la captivité et le rétablissement du temple sous Zorobabel, et qui mit à leur place les lettres hébraïques dont nous nous servons aujourd'hui, les caractères des Samaritains ayant été jusqu'alors ceux dont les Hébreux se servaient. Aussi voit-on le grand nom de Dieu, qui n'a que quatre lettres, écrit avec ces anciens caractères en quelques exemplaires grecs de l'Ecriture. De plus, quand on fait le dénombrement des lévites et des prêtres dans le livre des Nombres, la supputation ne va qu'au nombre de vingt-deux, ce qui se rapporte figurément aux lettres de l'alphabet. Enfin nous voyons que les psaumes trente-six, cent dix, cent onze, cent dix-huit et cent quarante-quatre, quoique leur poésie soit fort différente, ne contiennent pas plus de vingt-deux lettres dans l’ordre de leur alphabet. Les Lamentations de Jérémie et son Oraison, avec le dernier chapitre des Proverbes de Salomon , qui commence par ces paroles : « Qui est celui qui pourra trouver une femme forte?» tout cela, dis-je, nous marque le même nombre de vingt-deux lettres de l'alphabet des Hébreux. Or il faut remarquer qu'il y a cinq lettres que les Hébreux écrivent différemment au commencement et à la fin des mots, et qu'ils appellent pour cette raison: les lettres doubles; savoir : caph, mem, nun, phe, sade. C'est aussi ce qui a donné lieu aux Juifs de regarder cinq livres de l’Ecriture comme des livres doubles, et de ne faire qu'un même volume des deux livres de Samuel, un autre des deux livres des Rois, un troisième des deux livres des Paralipomènes, un quatrième du livre d’Esdras et de Néhémias, et le cinquième de la Prophétie de Jérémie et de ses Lamentations. Comme donc le nombre de vingt-deux lettres suffit pour écrire en hébreu tout ce que nous voulons dire et pouvons penser, de même devons-nous aussi reconnaître vingt-deux livres de l'Ecriture, comme si c’étaient les premiers éléments d'une grammaire dont on se sert pour instruire, l'homme juste, encore enfant et imparfait, dans la loi de Dieu.

Le premier livre de l’Ecriture , que nous nommons la Genèse, porte le nom de Bresith chez les Hébreux. Ils appellent l'Exode Elle smoth, le Lévitique Vajecra, les Nombres Vaje dabber, le Deutéronome Elle adde barim. Ce sont là les cinq lettres de Moïse que les Hébreux appellent proprement thora, c'est-à-dire: la loi.

La seconde classe des livres de leur canon est celle de ceux qu'ils appellent Prophètes, et ils la commencent par le livre de Jésus, fils de Navé, que les Hébreux nomment Josué ben Nun (Josué, fils de Nun). Après celui-là ils font suivre les Juges, et ils le nomment Sophtim, n'en faisant qu’un même volume avec le livre de Ruth, parce qu'ils prétendent que cette histoire est arrivée dans le temps des juges. Le troisième livre de cette même classe s'appelle Samuel : nous le divisons en premier et en second livre des Rois. Le quatrième se nomme Malachim : c'est le troisième et le quatrième livres des Rois joints ensemble; et ils ont raison d'appeler ces livres Malachim, c'est-à-dire : les rois, plutôt que Malachoth, les royaumes, puisqu'ils ne contiennent pas l'histoire générale de plusieurs nations et de leurs empires, mais seulement l’histoire particulière des rois du peuple d'Israël, divisé en douze tribus. A ceux-là succèdent Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, et les douze petits Prophètes qu'ils nomment thare asra, deux et dix, dont ils font le huitième livre de cette seconde classe des livres des Prophètes.

Ils mettent dans la troisième classe les livres qu'ils nomment : hagiographes, savoir : Job, David, dont ils divisent les psaumes en cinq parties, quoiqu'ils ne les comptent que pour

un seul volume; puis Salomon, qui comprend le livre des Proverbes, qu'ils nomment Masaloth, c'est-à-dire, paraboles; le livre de l’Ecclésiaste, qu'ils appellent Coeleth; et le Cantique des cantiques, auquel ils donnent le titre de Sir Assirim. Le sixième livre de cette classe est Daniel, le septième Dabre Jamin, c'est-à-dire : le journal, que nous pourrions plutôt appeler : les chroniques de l'Ecriture, quoique nous lui ayons donné le titre de Paralipomènes , le partageant en deux livres. Esdras et Néhémias, divisés en deux livres chez les Grecs et les Latins, n'en font qu'un chez les Hébreux, qu'ils nomment Ezra. Enfin le neuvième et dernier livre est celui d'Esther.

Par cette supputation, nous voyons que les Hébreux ne comptent que vingt-deux livres dans leur canon : cinq de Moïse, huit de la classe des Prophètes, et neuf de celle des hagiographes. Il est vrai que quelques-uns comptent à part, parmi les hagiographes, le livre de Ruth et le Cinoth (les Lamentations), parce qu'ils prétendent qu’il faut diviser le canon des Ecritures en vingt-quatre livres : nous en avons une idée dans l'Apocalypse de saint Jean, qui nous représente vingt-quatre vieillards prosternés devant le trône de l'agneau et mettant leurs couronnes à ses pieds, pendant que les quatre animaux pleins d'yeux devant et derrière , c'est-à-dire : regardant le passé et l'avenir, se tiennent debout et disent incessamment « Saint, saint, saint est le Seigneur tout-puissant, qui était, et qui est, et qui sera. »

Ce prologue sur les Ecritures doit être regardé comme une tête armée, couverte d'un casque et propre à défendre tous les livres que je traduis d'hébreu en latin; et l'on doit remarquer que tous les autres qui ne sont pas compris dans le dénombrement que je viens de faire doivent être mis parmi les livres apocryphes. On se souviendra donc que le livre de la Sagesse, qu'on attribue ordinairement à Salomon, le livre de Jésus, fils de Syrach, celui de Judith , de Tobie et du Pasteur sont exclus du canon et du catalogue de l'Ecriture. J'en dis de même des livres des Machabées, dont j'ai vu le premier écrit en hébreu. Pour le second ,. il a été d'abord écrit, en grec, comme il est aisé de le reconnaître par le style du livre même et ses expressions toutes grecques.

Cela supposé, je vous conjure , lecteur, ne regardez point mon travail comme si je ne l’avais entrepris que pour condamner celui des anciens. Vous savez que chacun offre ce qu'il peut pour la construction du tabernacle de Dieu; que les uns donnent de l'or, de l'argent et des pierres précieuses, et que d'autres offrent du lin fin, de la pourpre, de l’écarlate et de l’hyacinthe : ce sera beaucoup pour moi si je puis seulement offrir des peaux et des poils de chèvre; quoique l'apôtre saint Paul nous enseigne que les choses qui paraissent en nous les plus méprisables ne laissent pas d'être les plus nécessaires. De là vient que toutes les richesses et toutes les beautés du tabernacle, pour marquer en figure la différence de l’Eglise d'à présent d'avec l’Eglise future et bienheureuse , n'étaient couvertes que de peaux et de cilices; de sorte que les choses les plus viles mettaient à couvert des injures de l'air celles qui étaient estimées les plus précieuses.

Lisez donc d'abord ma traduction des livres de Samuel et des livres des Rois (je dis ma traduction, car nous pouvons bien regarder comme nôtre un travail que nous mettons au jour après l'avoir corrigé et revu exactement), et lorsque vous y remarquerez beaucoup de ;choses que vous ignoriez auparavant, avouez, si vous avez de la reconnaissance, que je suis un

fidèle traducteur; ou, si vous êtes ingrat,dites que je n'ai fait qu'une paraphrase. Toutefois, quelque chose que vous en puissiez dire, ma propre conscience me rend le témoignage que je n'ai rien changé dans ma version de tout ce qui est contenu dans la vérité du texte hébreu. Si vous avez de la peine à me croire, lisez les exemplaires grecs et latins, et conférez-les avec ma traduction ; et quand vous rencontrerez des leçons et des choses différentes, interrogez quel Hébreu il vous plaira, et demandez-lui à laquelle des versions vous devez vous arrêter. Que s'il vous répond que la mienne est la véritable, je ne crois pas que vous le preniez pour un devin, encore que vous voyiez que nous nous sommes rencontrés dans une même explication.

Pour vous, ô servantes de Jésus-Christ, qui répandez sur la tête du seigneur Jésus, assis à table, le parfum précieux de votre foi, et qui ne cherchez point le Sauveur dans son sépulcre, sachant qu'il est retourné à son Père par son ascension glorieuse, c'est vous que je prie instamment de m'accorder le secours de vos prières, et de les opposer comme des boucliers aux traits de ces médisants qui déchirent ma réputation sans garder aucune mesure , et qui espèrent passer pour savants pourvu qu'ils puissent médire et parler désavantageusement des ouvrages des autres. De mon côté, je connais assez ma faiblesse, et je veux toujours me souvenir de cette belle maxime du Psalmiste : «J'ai dit en moi-même: Je veillerai sur ma conduite, pour ne point pécher par ma langue; je mettrai un frein à ma bouche tandis que le méchant s'élèvera contre moi. Je me suis tu, je me suis tenu dans l'abaissement, et n'ai pas même dit de bonnes choses. »

 

Haut du document

 

 

Précédente Accueil Remonter Suivante