HILAIRE
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SAINT HILAIRE *

 

Hilaire vient d'hilarité, parce qu'il servit Dieu avec un coeur plein de joie. Ou bien Hilaire vient de altus, haut, élevé, et arès vertu, parce qu'il fut élevé en science et en vertu, durant sa vie. Hilaire viendrait encore de hylè, qui veut dire matière primordiale, qui fut obscure, et en effet, dans ses oeuvres, il y a grande obscurité et profondeur.

 

Hilaire, évêque de Poitiers, originaire du pays d'Aquitaine, brilla, comme Lucifer, entre les astres. Tout d'abord il fut marié et eut une fille; mais il menait la vie d'un moine sous des habits laïcs; il était avancé en âge et en science, quand il fut élu,évêque. Or, comme le bienheureux Hilaire préservait, non seulement sa ville, mais toute la France, contre les hérétiques, à la suggestion de deux évêques qui s'étaient laissé gâter par l’hérésie, il fut relégué en exil, avec saint Eusèbe, évêque de Verceil, par l’empereur fauteur des hérétiques. Enfin, comme l’arianisme jetait partout des racines, et que liberté avait été donnée par l’empereur aux évêques, de se réunir et de discuter sur les vérités de la foi, saint Hilaire étant venu, à la requête des susdits évêques qui ne pouvaient supporter son éloquence, il fut forcé de revenir à Poitiers.

 

* Bréviaire, sa vie.

 

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Or, avant abordé à file de Gallinarie *, qui était pleine de serpents, dès en y descendant, il mit par son regard, ces reptiles en fuite : il planta un pieu au milieu de l’île, et ils ne purent le franchir, comme si cette partie d'île eût été une mer et non la terre. A Poitiers, par ses prières, il rendit la vie à un enfant mort sans baptême. En effet il resta prosterné sur la poussière jusqu'à l’instant où l’un et l’autre se levèrent, le vieillard de sa prière et l’enfant des bras de 1a mort. Apia, sa fille, voulant se marier, Hilaire, son père, l’instruisit et l’affermit dans le dessein de sauvegarder sa virginité. Au moment où il la vit bien résolue, craignant qu'elle ne variât dans sa conduite, il pria le Seigneur avec grande instance de la retirer à lui de la vie de ce monde : et il en fut ainsi, car peu de jours après, elle trépassa dans le Seigneur. Il l’ensevelit de ses propres mains; en voyant cela, la mère d'Apia pria l’évêque de lui obtenir ce qu'il avait obtenu pour sa fille, il le f i encore, car, par sa prière, il l’envoya par avance dans le royaume du ciel.

En ce temps-là, le pape Léon, corrompu par la perfidie des hérétiques, convoqua un concile de tous lés évêques, moins saint Hilaire qui y vint pourtant. Le pape, l’ayant su, ordonna que, à son arrivée, personne ne se lèverait, ni ne lui ferait place. Quand il fut entré, le pape lui dit: « . Vous êtes Hilaire, Gaulois. » « Je ne suis pas Gaulois, répondit Hilaire, mais de la Gaule; c'est-à-dire je ne suis pas né dans la Gaule, mais je suis évêque dans la Gaule. » Le

 

* Isolotta d'Arbenga, petite île de la mer de Gênes.

 

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pape reprit : « Eh bien ! si vous êtes Hilaire de la Gaule, je suis, moi, Léon, le juge et l’apostolique du siège de Rome. » Hilaire dit: « Quand bien même vous seriez Léon, vous n'êtes pas le lion de la tribu de Juda, et si vous siégez en qualité de juge, ce n'est. pas sur le siège de la majesté *. » Alors le pape se leva plein d'indignation en disant : « Attendez un instant, je vais rentrer et je vous dirai ce que vous méritez. » Hilaire reprit. « Si vous ne rentrez pas, qui me répondra à votre place ? » Le pape dit: « Je vais rentrer aussitôt, et j'humilierai ton orgueil. » Puis étant allé où les besoins de la nature l’appelaient, il fut attaqué de la dyssenterie et il mourut misérablement en rejetant tous ses intestins. Pendant ce temps, Hilaire voyant que personne ne se levait pour lui faire place, s'assit avec calme et patience par terre en disant les mots du Psautier : Domini est terra, « la terre est au Seigneur, » et tout aussitôt, par la permission de Dieu, la terre sur laquelle il était assis s'exhaussa jusqu'à ce qu'il eût été aussi haut placé que les autres évêques. Quand l’on eut connu. la mort misérable du pape, Hilaire se leva et confirma tous les évêques dans la foi catholique, et il les renvoya pleins de fermeté en leur pays. Mais ce miracle touchant la mort du pape Léon est douteux, car l’Histoire ecclésiastique et l’Histoire tripartite n'en font pas mention : d'ailleurs la chronique ne place pas:un pape de ce nom à cette époque ; de plus saint Jérôme dit : que la sainte

 

* Jean Béleth rapporte ce propos dans son Rationale divinorum officiorum, ch. CXXII.

 

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Eglise Romaine est toujours restée immaculée et restera toujours sans être souillée par un hérétique. On pourrait cependant dire qu'il y a eu alors un pape de ce nom, mais qu'il n'a pas été canoniquement élu, et qu'il était tyranniquement intrus; ou même que c'était le pape Libère, fauteur de l’hérétique Constantin, qu'on aurait appelé Léon. Enfin après avoir fait une multitude de miracles, saint Hilaire, se sentant affaibli et connaissant que sa mort était prochaine, appela auprès de lui le prêtre Léonce qu'il chérissait tendrement; et vers le déclin du jour, il le pria de sortir, en lui recommandant, s'il entendait quelque chose, de l’en instruire. Celui-ci obéit et revint annoncer qu'il avait entendu des cris tumultueux dans la ville. Comme Léonce veillait en attendant son dernier soupir, à minuit Hilaire lui commanda encore de sortir et de lui rapporter ce qu'il entendrait. Ayant dit qu'il n'avait rien entendu, tout à coup une clarté extraordinaire, telle que le prêtre ne la pouvait supporter, éclata auprès d'Hilaire, et comme elle s'affaiblissait insensiblement, le saint rendit l’esprit au Seigneur. Il fleurit vers l’an 360, sous Constantin. La fête de ce saint tombe à l’octave de l’Epiphanie. Deux marchands possédaient en, commun une certaine quantité de cire : l’un d'eux avait offert sa. part à l’autel de saint Hilaire, l’autre ne voulant pas, offrir la sienne. Aussitôt la cire se partagea; une moitié resta au saint et l’autre revint à celui qui l’avait refusée.

 

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