I TIMOTHÉE V
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HOMÉLIE V. JE VOUS DONNE CE PRÉCEPTE, MON FILS TIMOTHÉE, CONFORMÉMENT AUX PROPHÉTIES PRONONCÉES SUR VOUS, DE COMBATTRE AVEC ELLES LE BON COMBAT, AYANT LA FOI ET UNE BONNE CONSCIENCE ; QUELQUES-UNS L'AYANT REJETÉE ONT FAIT NAUFRAGE DANS LA FOI. (I, 18, 19 ET 20.)

 

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Analyse.

 

1. Quels sont ceux que l'on doit choisir pour l'épiscopat. — Ce qu'il faut entendre ici par ce mot de prophétie. — La foi et une bonne conscience sont deux choses qui se soutiennent mutuellement. — Une mauvaise vie a pour effet le naufrage dans la foi.

2. Les apôtres châtiaient eux-mêmes les incorrigibles; et livraient à Satan ceux qu'ils voulaient corriger. Ainsi Satan était leur serviteur, signe éclatant de la grâce qui opérait en eux. — L'Esprit-Saint marquait l'Eglise de même que la nuée marquait le camp des Hébreux.

3. Contre ceux qui s'approchaient de la sainte Communion indignement ou une seule fois dans l'année.

 

1. La dignité de l'enseignement et du sacerdoce est grande et admirable; il faut vraiment le suffrage de Dieu, pour trouver celui qui est digne de l'exercer. Ainsi en a-t-il été autrefois; ainsi en est-il encore, lorsque nous faisons ces choix en dehors de toute passion humaine, sans considérer rien de terrestre, ni l'amitié, ni la haine. En effet, bien que l'assistance de l'Esprit nous soit moins largement accordée qu'aux apôtres, il suffit de .la ,bonne volonté pour que le choix de Dieu s'opère, car les apôtres n'avaient point encore reçu le Saint - Esprit lorsqu'ils choisirent Matthias , mais ils s'en étaient remis à la prière, ils le firent entrer, au nombre des apôtres , sans avoir égard à aucun motif humain. Il en devrait être ainsi parmi nous : mais notre mauvaise volonté est telle que nous négligeons même les indices certains; lorsque nous négligeons ce qui est manifeste, comment Dieu nous découvrira-t-il ce qui nous est caché? Si vous n'êtes pas fidèles dans ce qui est petit, dit-il, qui vous confiera ce qui est grand et vrai? (Luc, XVI, 11.) Alors rien d'humain n'agissait, et les prêtres étaient choisis par le don de prophétie. Qu'est-ce à dire? C'est qu'ils étaient choisis par l'Esprit-Saint. La prophétie en effet ne consiste pas essentiellement à annoncer l'avenir, mais a aussi pour objet le présent, puisque Saül fut désigné par prophétie, tandis qu'il était caché ; car Dieu a des révélations pour les justes. Il y avait aussi une prophétie dans ces paroles : « Séparez-moi Paul et Barnabé » (Act. XIII, 2); et c'est ainsi que Timothée lui-même fut choisi.. Paul parle ici de plusieurs prophéties et peut-être de celle par laquelle il choisit Timothée, lorsqu'il le circoncit et le désigna, comme il l'écrit lui-même: « Ne négligez point la grâce qui est en  vous ». (I Tim. IV, 14.) Animant donc son zèle et le disposant au jeûne et aux veilles, il le fait souvenir de celui qui l'a choisi et qui l'a élu; comme s'il lui disait : C'est Dieu qui vous a désigné; il a eu confiance en vous; ce n'est point un suffrage humain qui vous a

fait ce que vous êtes, ne faites pas injure et honte au suffrage de Dieu.

Puis, après ce mot si redoutable de précepte, que lui dit-il ? — « Je vous donne ce précepte, mon fils Timothée ». Il lui donne ses ordres comme à son véritable fils, non comme une autorité despotique , non comme une puissance souveraine , mais il lui dit : « Mon fils Timothée».Il montre qu'il confie à sa garde la plus exacte, un dépôt qui n'est pas à nous, car nous ne nous le sommes pas approprié, .et c'est la grâce de Dieu qui nous l'a remis : La foi et une bonne conscience. Ce qu'il nous adonné, gardons-le. Car s'il n'était pas venu, la foi elle-même n'eût pas été trouvée, ni la vie pure que nous suivons par ses enseignements. Comme s'il eût dit: Ce n'est pas moi qui donne le précepte ni qui vous ai choisi ; c'est ce qu'il entend par « les prophéties prononcées sur  Timothée ». Ecoutez-les, obéissez-leur. Que lui a-t-il prescrit? De combattre avec elles le bon combat. Ce sont elles qui vous ont choisi; faites cette guerre pour laquelle elles vous ont choisi. Le bon combat; car il en est aussi un mauvais dont il a dit : « Comme vous avez fait de vos membres des armes pour le péché et l'impureté ». ( Rom. VI , 19. ) Ceux - là servent sous un tyran; vous, sous un roi. Et pourquoi donne-t-il à cette oeuvre lé nom de combat? Parce qu'une guerre terrible est allumée pour tous, mais surtout pour celui qui a la charge d'enseigner les autres; parce que nous avons besoin d'armes puissantes, du jeûne, des veilles, d'une veille incessante, parce que nous devons nous préparer pour le sang et les combats, paraître sur le champ de bataille et n'a voir aucun sentiment de lâcheté. « De combattre avec elles », lui dit-il ; car, comme dans les armées tous ne servent pas avec les mêmes armes, mais dans des corps différents; de même, dans l'Eglise, l'un a la fonction de maître, l'autre de disciple, un autre de simple fidèle; vous servez comme je vous l'ai dit.

Ensuite pour qu'il ne croie pas que c'est assez, il ajoute : « Ayant la foi et une bonne (293) conscience », car celui qui enseigne doit d'abord s'enseigner lui-même. De même qu'un général, s'il n'est d'abord excellent soldat, ne sera jamais un vrai général, de même en est-il de celui qui est instruit. Il dit ailleurs la même chose : « De peur qu'ayant prêché aux autres, je ne sois rejeté moi-même ». (I Cor. IX, 27.) — « Ayant », dit - il, « la foi et une bonne conscience », afin que par là il soit supérieur à tous les autres. Que ces paroles nous apprennent à ne pas dédaigner les avertissements de ceux qui sont au-dessus de nous, quand nous aurions à enseigner nous-mêmes. Car si Timothée, que nul de nous n'égale, reçoit des avertissements et des enseignements, quoiqu'il soit chargé d'enseigner, combien plus le devons-nous faire. — « Quelques-uns, l'ayant rejetée, ont fait naufrage dans la foi »: Sans doute, car celui qui dit adieu à la vie chrétienne se forme une croyance semblable à ses moeurs, et l'on en peut voir beaucoup qui de là sont tombés dans un abîme de, maux et se sont dévoyés jusqu'au paganisme. Afin de n'être pas tourmentés par la crainte de la vie future, ils s'efforcent de persuader à leur âme que tout est mensonger parmi nous. Et plusieurs se détournent de la foi, en cherchant à tout soumettre à leurs raisonnements. Car c'est ainsi que l'on fait naufrage, tandis que la foi est semblable à une barque impérissable; ceux qui s'en écartent font nécessairement naufrage.

2. Et l'apôtre l'enseigne par un exemple. « Au nombre desquels », dit-il, « sont Hyménée et Alexandre (20) »; et il nous enseigne ainsi la prudence. Voyez-vous comment, dès ce temps là, il existait de faux docteurs, des gens inquiets, qui refusent la foi et veulent tout chercher par eux-mêmes? Celui qui fait naufrage est dépouillé de tout; de même à celui qui a perdu la foi, il ne reste rien , ni point d'appui, ni port de refuge, ni une vie dans laquelle il puisse tirer quelque avantage de cet état, car, si la tête est gâtée, à quoi peut servir le reste du corps? Si la foi sans les moeurs est inutile, combien plus les moeurs sans la foi. Car, si Dieu dédaigne à cause de nous ses propres couvres, combien plus devons-nous, à cause de lui, dédaigner les nôtres. Il en est ainsi, lorsqu'un homme a perdu la foi ; il ne peut tenir nulle part, mais il flotte de côté et d'autre jusqu'à ce qu'enfin il soit englouti.. — « Que j'ai. livrés. à Satan », dit l'apôtre , « afin qu'ils apprennent à ne point blasphémer ». Vous voyez que c'est un blasphème que de soumettre à ses raisonnements les choses divines. Sans doute, car qu'est-ce que le raisonnement humain a de commun avec elles? Et comment Satan leur apprend-il à ne point blasphémer? S'il l'apprend aux autres, il devrait bien davantage se l'apprendre à lui-même ;,et s'il ne l'a pu jusqu'à présent, comment le ferait-il pour les autres?

L'apôtre n'a point dit : Afin que Satan leur enseigne à ne point blasphémer; mais : « Afin qu'ils l'apprennent ». Ce n'est pas lui qui est l'auteur de cette couvre , elle s'opère par voie de conséquence; c'est ainsi qu'ailleurs l'apôtre dit du fornicateur : « Livrez-le à Satan » non afin que celui-ci sauve son âme, mais « afin que son âme soit sauvée ».(I Cor. v, 5.) Satan n'est pas le sujet du verbe. Comment cela se fait-il? De même que les bourreaux, forts misérables eux-mêmes , contiennent les autres dans le devoir, ainsi en est-il du mauvais esprit. — Et pourquoi ne les avez-vous pas punis vous-même, comme vous avez puni Barjésus, comme Céphas a puni Ananie, mais les avez-vous livrés à Satan ? Pour qu'ils soient instruits plutôt que punis. Paul a cependant de la puissance, comme le jour où il a dit : « Que voulez-vous? que je vienne vers vous avec la verge? » (I Cor. IV, 21 .) Et encore « Non pour que nous soyons approuvés, mais  pour que vous fassiez le bien », et encore « Non pour perdre, mais pour édifier ». (II Cor. XIII, 7, 10.) Pourquoi donc appeler Satan au châtiment? Pour qu'avec la vigueur et la sévérité de la peine, l'humiliation fût plus grande; ou plutôt les apôtres instruisaient eux-mêmes les infidèles et livraient à Satan ceux qui s'étaient écartés de l'Evangile. Cependant saint Pierre punit lui-même Ananie ? C'est qu'il était encore infidèle, puisqu'il tentait le Saint-Esprit. Afin que les infidèles apprissent qu'ils ne peuvent rester ignorés, les apôtres les ont punis par eux-mêmes; mais ceux qui étant instruits se sont dévoyés, ils les ont livrés à Satan, pour leur montrer que ce n'était pas à leur propre vertu, mais à la garde des apôtres qu'ils devaient d'être préservés de Satan, et que ceux qui s'emportaient à un orgueil insensé lui étaient livrés. Il en est ainsi des rois qui frappent eux-mêmes leurs ennemis étrangers et livrent aux bourreaux ceux qui sont leurs sujets.

 

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Paul montre que les choses se passaient ainsi par le soin des apôtres. D'ailleurs ce n'était pas une faible puissance que de pouvoir commander au démon; Paul montrait par là que celui-ci est asservi et cède malgré lui aux apôtres; signe très-propre à faire briller la grâce dont jouissaient les apôtres. Et comment les a-t-il livrés? Ecoutez-le. « Lorsque vous serez rassemblés », dit-il, « avec mon esprit et la force de Notre-Seigneur Jésus-Christ, livrez-le à Satan». (I Cor. V, 4, 5,) Il était chassé de l'assemblée des fidèles, séparé du troupeau, abandonné, dépouillé, livré au loup. Comme la nuée faisait reconnaître le camp des Hébreux, de même l'Esprit faisait reconnaître l'Eglise. Si donc quelqu'un en. était éloigné, il était consumé; et il en était éloigné par le jugement des apôtres. C'est ainsi que le Seigneur a livré Judas à Satan; car dès qu'il eut pris la bouchée de pain, Satan entra dans lui. (Jean, XIII, 26, 27.) Il faut conclure de cela, que ceux qu'ils voulaient convertir, ils ne les châtiaient pas eux-mêmes; mais ne le faisaient que pour ceux qui étaient incorrigibles; ou du moins qu'ils se rendaient plus redoutables, en les livrant à un autre pouvoir. Job aussi fut livré à Satan, mais ce n'était pas à cause de ses péchés, c'était pour accroître sa gloire.

3. Bien des faits semblables se produisent même de nos jours. Car si les prêtres ne connaissent pas tous les pécheurs, tous ceux qui participent indignement aux saints mystères, Dieu les livre souvent lui-même à Satan. Lorsque les maladies, les trahisons, les douleurs et les calamités de toutes sortes nous arrivent, la cause en est là. C'est ce que dit Paul par ces paroles : « C'est pour cela que parmi vous plusieurs sont faibles et débiles, et que ceux qui l'ont mérité dorment ». (I Cor. XI, 30.) Et comment cela, dira-t-on, tandis que nous n'approchons qu'une fois chaque année de la sainte table? Et voilà ce qui est effrayant; c'est que ce n'est point la pureté de la conscience , mais l'intervalle écoulé qui détermine pour vous la convenance de cet acte; vous croyez que la prudence consiste à ne pas approcher souvent, ignorant que la communion indigne, ne fût-elle faite qu'une seule fois, vous a souillés, tandis qu'une communion dignement faite, même souvent répétée, vous sauverait. Ce n'est point témérité que d'approcher souvent; la, témérité c'est de le faire indignement, ne fût-ce qu'une fois dans la vie. Si nous sommes si insensés et si malheureux , c'est que , commettant mille péchés durant tout le cours de l'année, nous ne nous mettons point en peine de nous en laver, et nous croyons qu'il nous suffit de ne pas commettre de continuelles insolences, de ne pas fouler sans cesse aux pieds le corps du Christ, ne réfléchissant pas que ceux qui ont crucifié le Christ ne l'ont crucifié qu'une fois; mais un péché est-il moindre parce qu'il n'est commis qu'une fois ? Judas n'a trahi qu'une fois; eh bien ! Cela l'a-t-il sauvé?

Pourquoi donc arrêter sa pensée sur le temps où se fait une action? Que le temps de la communion soit pour vous le temps de purifier votre conscience. Le mystère accompli à Pâques n'est en rien supérieur à celui que nous accomplissons en ce temps; c'est un seul et même mystère, c'est toujours la pâque; vous le savez, initiés: la veille et le jour du sabbat, le dimanche et le jour de la fête des martyrs, c'est le même sacrifice qui est offert. « Chaque fois que vous mangez ce pain ou que vous buvez ce calice, vous annoncez la mort du Seigneur ». (Ib. 26.) L'apôtre ne limite point le temps du sacrifice. Pourquoi, dira-t-on, l'appeler la pâque ? Parce que c'est alors que le Christ a souffert pour nous.

Que personne donc n'approche en des conditions différentes dans un temps et un autre temps; c'est la même vertu du sacrifice, la même dignité, la même grâce, le même corps; cette hostie n'est pas plus sainte, cette autre inférieure en dignité. Vous le savez vous-mêmes, car vous ne voyez rien de nouveau, que ces tapisseries terrestres et cette foule parée. Ce que ces jours ont de plus que les autres, c'est qu'ils furent le principe du jour de notre salut, où le Christ a été immolé; mais quant aux mystères eux-mêmes, ils ne l'emportent point sur les autres. Comment donc, dites-moi, vous lavez-vous la bouche pour prendre une nourriture matérielle, et ne lavez-vous pas votre âme, mais demeurez-vous plein d'impureté pour approcher de la sainte table ? Les quarante jours de jeûne ne suffisent-ils pas, direz-vous encore, pour nous purifier des nombreuses immondices de nos péchés? Mais, dites-moi, à quoi servirait-il de nettoyer la place où l'on versera des parfums abondants, si, peu après les avoir répandus, on y jette du fumier? La bonne odeur ne disparaît-elle pas? C'est ce (295) qui nous arrive: nous nous sommes rendus selon notre pouvoir, dignes de l'Eucharistie au moment d'en approcher ; puis nous nous souillons de nouveau. Nous disons ceci de ceux qui peuvent se purifier réellement durant le Carême. Ne négligeons point notre salut, je vous en conjure. Car, dit l'Ecriture, l'homme qui s'éloigne de son péché et qui ensuite rentre dans les mêmes voies et fait les mêmes actions, « est comme le chien qui revient à son vomissement ». Que mon labeur ne soit pas inutile. Car c'est ainsi que nous pourrons être jugés dignes de ces récompenses que je souhaite que nous obtenions tous, en Jésus-Christ Notre-Seigneur, avec qui soient au Père et au Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, maintenant et toujours, et aux siècles des siècles. Ainsi soit-i1.

 

 

 

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