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SERMON LXIV. Tentations des religieux plus avancés. Leurs renards, c'est-à-dire, tentations le plus redoutables pour eux. Les hérétiques sont aussi des renards pour l'Église; il faut les prendre.
1. Je viens m'acquitter de la promesse que je vous ai faite. « Prenez-nous les petits renards qui ravagent les vignes, car notre vigne a fleuri (Cant. II, 15). » Les renards sont les tentations. Il est nécessaire qu'il y ait des tentations (II Tim. II, 5). Car qui sera couronné, sinon celui qui aura légitimement combattu? Or, comment combattre si personne n'attaque? Lors donc que vous entrez au service de Dieu, tenez-vous ferme dans sa crainte (Eccl. II, 1), et préparez votre âme à la tentation, assuré que tous ceux qui veulent vivre saintement en Jésus-Christ, souffriront persécution (II Tim. III, 12). Or, les tentations varient selon la différence des temps. Pour les commencements, qui sont comme les tendres fleurs des plantes nouvelles, il est certain qu'ils sont attaqués par la violence du froid dont nous avons parlé dans le discours précédent, et contre lequel nous avons averti les commençants de se tenir en garde. Quant à ceux qui sont plus avancés, les puissances ennemies n'osent pas s'opposer ouvertement à leurs saints exercices; mais elles ont coutume, comme des renards artificieux,de tendre secrètement des piéges, qui sont en apparence des vertus, mais, en effet, de véritables vices. Combien par exemple, en ai-je connus qui, entrés dans les voies de la vie, arrivés à un état même assez parfait, marchaient et s'avançaient avec courage et avec confiance dans les sentiers de la justice et qui se sont vus honteusement et malheureusement supplantés par les finesses de ces renards, ils ont gémi, mais bien tard, de voir les fruits des vertus suffoqués en eux. 2. J'ai vu un religieux qui courait bien dans les voies de Dieu, il fut attaqué soudain de cette pensée, qui était sans doute un de ces petits renards. A combien de mes frères, de mes parents, de mes amis, si j'étais en mon pays, pourrais-je faire part du bien dont je jouis seul maintenant? Ils m'aiment et ils se rendraient aisément à mes conseils. Pourquoi faire cette perte ? Il faut que je les aille trouver, et que, en sauvant plusieurs d'entre eux, je me sauve aussi avec eux. Pourquoi appréhenderais-je de changer de lieu ! pourvu que je fasse du bien, qu'importe en quel lieu je sois ? et d'ailleurs je ne saurais être en un meilleur lieu , qu'en celui où je recueillerai plus de fruit. Bref, ce pauvre malheureux s'en va et périt, plutôt comme un chien qui retourne à son vomissement, que comme un banni qui revient en son pays. Il se perdit sans sauver aucun de ceux qu'il pensait sauver. Voilà un petit renard, savoir, cette espérance trompeuse qu'il conçoit de gagner ses parents à Dieu, vous pouvez aussi par vous-mêmes, en remarquer en vous d'autres ou de pareils à celui-là. 3. Voulez-vous néanmoins que je vous en montre encore un ? Je vous en montrerai même jusqu'à trois et jusqu'à quatre, si je vois que cela vous rende vigilants pour prendre ceux que vous découvrirez peut-être dans votre vigne. Il arrive quelquefois qu'un religieux qui avance dans la vertu et sent que Dieu verse sur lui des grâces abondantes, conçoit un désir de prêcher, non pas ses parents et ses proches, selon cette parole «Je n'ai point eu d'égard, à la chair et au sang (Gal. I,16),» mais dans un mouvement plus pur et dans un dessein plus utile et plus généreux, il veut instruire indifféremment toutes sortes de 'personnes, il croit en cela faire preuve d'une grande prudence, car il craint de tomber dans la malédiction du Prophète, s'il retient caché le froment, et ne le distribue point aux peuples (Prov. n, 26), et d'aller contre l'Évangile, s'il ne prêche en public et sur les toits, ce qu'on lui a dit en secret et à l'oreille (Matt. X, 27). Mais c'est là un renard, et un renard d'autant plus dangereux en comparaison du premier, qu'il sait mieux se cacher et qu'il est plus fin. Voici néanmoins comment il le faut prendre. Moise dit : «Vous ne labourerez point avec le premier né du boeuf (Deut. XV, 20). » Ce que saint Paul interprétait ainsi : « N'élevez point au sacerdoce un nouveau converti, de peur que, s'enorgueillissant, il ne tombe dans la condamnation du Diable (I Tit. III, 6). » Le même apôtre dit encore : «Que personne ne doit s'ingérer, de lui-même, dans l'honneur de la cléricature, mais qu'il y faut être appelé de Dieu comme Aaron (Heb. V, 4). » Et ailleurs: « Comment prêcheront-ils, s'ils ne sont pas envoyés de Dieu (Rom. X, 15). » Et nous savons de plus que l'office d'un religieux, n'est pas d'enseigner, mais de pleurer (S. Hieron. contr. Vigil). De toutes ces raisons et autres semblables, je forme un filet, et je prends le renard, de peur qu'il ne détruise ma vigne. Car il est clair et indubitable par toutes ces autorités, qu'il ne convient point à un religieux de prêcher en public, que cela n'est point avantageux à un novice, et que ce n'est point permis à celui qui n'a point reçu mission pour cet effet. Quelle destruction de l'âme, n'est-ce donc point de violer en même temps ces trois règles ? Donc, toutes les pensées de cette nature, soit qu'elles vous viennent de vous-mêmes, soit de la suggestion du mauvais ange, regardez-les toujours comme un renard fin et rusé, c'est-à-dire comme un mal véritable coloré de l'apparence d'un bien. 4. Mais en voici encore un autre, combien la solitude a-t-elle vu de religieux, qui étaient bien fervents dans leurs monastères, et qu'elle a ensuite vomis tièdes, ou gardés contre la loi érémitique, non-seulement relâchés dans les conduits mais dissolus. Il a été évident à la vue d'un tel dégât causé dans leurs vignes, c'est-à-dire à la vue d'un si grand dérèglement de vie et de conduite, qu'un renard était passé par là. Ils croyaient que dans la solitude ils recueilleraient des fruits spirituels avec bien plus d'abondance que dans une communauté, où ils ne recevaient que des grâces ordinaires; ils s'imaginaient que cette pensée était bonne, mais l'événement montra que ce n'était qu'un renard qui ravageait leur vigne. 5. Que dirai-je de cette superstition et de ces abstinences blâmables de quelques-uns d'entre nous, qui nous tourmentent si souvent, et qui les rendent si incommodes? Toutes les divisions que ces singularités produisent, ne ruinent-elles pas la conscience de ceux qui pratiquent ces abstinences et ne détruisent-elles pas autant qu'elles peuvent, cette grande vigne plantée de la main de Dieu même, en détruisant l'union qui doit être entre vous tous? « Malheur à celui qui est cause du scandale (Marc. XXVI, 24) ! » Celui, dit le Sauveur, qui scandalisera l'un de ces petits (Marc. IX, 41). » Ce qui suit ces paroles est bien dur ; mais combien celui-là mérite-t-il d'être traité plus sévèrement, qui scandalise une si sainte compagnie ? Certes, celui qui est tel, quel qu'il soit, sera jugé d'une manière bien rigoureuse. Mais remettons cela à une autre fois. 6. Considérons maintenant, ce que dit l'Époux de ces petits et fins renards qui ravagent les vignes. Ils sont petits, non parce qu'ils ont peu de malice, mais parce qu'ils se glissent subtilement. Car cet animal est très-fin de sa nature, et très porté à nuire en secret. C'est pourquoi il me semble qu'il désigne fort bien certains vices très-subtils, qui se couvrent de la ressemblance des vertus, tels que sont ceux dont j'ai déjà donné quelques exemples, quoique en fort petit nombre. Car ils ne peuvent nuire que parce qu'ils veulent passer pour des vertus, à cause de quelque rapport qu'ils ont avec elles. Mais ce sont des pensées vaines des hommes, ou des suggestions des mauvais anges, des anges de Satan qui se transforment en anges de lumière (II Cor. XI, 13), et pré parant leurs flèches dans leur carquois, c'est-à-dire en secret, afin d'en percer d'un lieu obscur ceux qui ont le coeur droit (Psal. X, 2). Aussi je crois qu'ils sont appelés petits, parce que les autres vices étant visibles, attendu qu'ils sont grossiers, ceux-ci étant plus délicats, ne sont pas si aisés à découvrir, ce qui fait qu'ils sont presque inévitables, si ce n'est pour les parfaits, et pour les personnes expérimentées et clairvoyantes qui savent discerner le bien du mal et surtout les esprits, et qui peuvent dire avec l'Apôtre : » Nous n'ignorons pas les ruses de Satan, ni ses pensées (II Cor. II, 11), » peut-être même, est-ce pour cela que l'Époux ne recommande pas de les exterminer, de les chasser ou de les tuer, mais de les prendre; c'est parce que ces petites bêtes spirituelles et fines doivent être observées avec toute sorte de soin et de vigilance, si on veut les prendre et les attraper dans leurs propres finesses. Lors donc qu'on en a découvert la malice, mis la fraude aujour, ou convaincu la fausseté, on peut fort bien dire que l'on a pris le petit renard qui détruisait la vigne. C'est ainsi, en effet, que nous disons qu'un homme est pris dans ses discours, comme on lit dans l'Évangile, que « Les Pharisiens s'assemblèrent pour prendre Jésus-Christ dans ses paroles (Matt. XXII, 15). » 7. Voilà donc, comment l'Époux ordonne de prendre les petits renards qui ravagent les vignes, c'est-à-dire de les surprendre, de les découvrir, de les convaincre. Il n'y a que cette espèce d'animal qui ait cela de particulier, qu'étant reconnu il ne nuit plus en sorte que le connaître c'est le vaincre. Car à moins d'être fou, qui se laisse tomber sciemment et volontairement dans un piège qu'il a découvert? Il suffit donc pour éviter ces sortes de vices, de les prendre, de les mettre au jour, puisque dès qu'ils paraissent, ils disparaissent. Il n'en est pas ainsi des autres. Car ils viennent à découvert, ils nuisent à découvert, ils s'assujettissent ceux mêmes qui les connaissent, ils surmontent ceux qui leur résistent parce qu'ils combattent à force ouverte, non par ruse et stratagème. Aussi contre ces bêtes furieuses qui attaquent ainsi ouvertement, ce qu'il faut, ce n'est pas les chercher, mais les dompter. Il n'y a que ces petits renards, qui sont extraordinairement dissimulés, qu'il suffit de tirer au jour, car ils sont couchés dans des tanières, et de surprendre dans leurs finesses, parce qu'aussitôt qu'on les connaît, ils ne font plus de mal. C'est donc pour cette raison, qu'il est ordonné de prendre ces renards et qu'on les appelle petits. Ou bien ils sont nommés ainsi, pour que, observant soigneusement les vices dans leur naissance et dans leur commencement, vous les preniez pendant qu'ils sont encore petits, de peur que s'ils grandissent ils ne nuisent davantage et ne deviennent plus difficiles à prendre. 8. Si nous entendons ces paroles dans un sens allégorique en sorte que les Églises soient les vignes, et les renards les hérésies, ou plutôt. les hérétiques mêmes, le sens simple et naturel est donc qu'on doit prendre les hérétiques plutôt que les chasser. Mais qu'on les prenne non par les armes, mais par des raisonnements qui réfutent leurs erreurs, et que, pour eux, s'il se peut, on les réconcilie avec l'Église catholique, et qu'on les ramène à la vraie foi. Car telle est la volonté de celui qui veut que tous les hommes soient sauvés, et viennent à la connaissance de la vérité (I Tim. XXI, 3). Il témoigne bien que c'est, en effet, là sa volonté, puisqu'il ne dit pas simplement, prenez les renards, mais « prenez-nous les petits renards. » Il veut donc qu'on les prenne pour lui et pour son Épouse, c'est-à-dire pour l'Église catholique, lorsqu'il dit, prenez-les-nous. C'est pourquoi lorsqu'un catholique instruit et versé dans ces matières, entreprend de disputer contre un hérétique, il doit se proposer en le réfutant de le convertir, et se rappeler cette parole de l'apôtre saint Jacques; que « celui qui retirera le pécheur de l'erreur où il est engagé, délivrera son âme de la mort et couvrira la multitude de ses péchés (Jacob. V, 20). » S'il ne veut pas revenir, et si après le premier et le second avertissement, on ne le peut réduire, parce qu'il est entièrement perverti, il faudra fuir sa compagnie selon le commandement de l'Apôtre (Tit. III, 10). Et il vaudra mieux, comme je crois, le chasser, ou le lier que le laisser ravager les vignes. 9. Toutefois que celui qui a vaincu et convaincu un hérétique, réfuté ses hérésies, distingué clairement et nettement la vérité d'avec la vraisemblance, montré par des raisons évidentes et irréfragables que ses dogmes sont corrompus. et enfin réduit au silence un esprit opiniâtre, qui s'élève contre la science de Dieu ne croie point n'avoir pas bien fait. Il n'a pas laissé de prendre le renard, quoique ce ne soit pas pour son salut, il fa pris pour YEpoux et pour l'Épouse mais d'une autre manière. Car si cet hérétique n'est pas sorti de sa fange, l'Église pourtant se trouve par, là confirmée dans la foi; or l'Époux se réjouit du progrès de l'Épouse, parce que la voix du Seigneur est notre force (II Esd. II, 18), et il prend part à nos avantages, puisqu'il daigne s'associer à nous avec tant de bonté en commandant qu'on prenne les renards, non pour lui seul, mais pour nous avec lui. « Prenez-nous, dit-il, les renards, » qu'y a-t-il de plus familier que cette parole? Ne vous semble-t-il pas qu'il parle là comme un père de famille, qui ne veut rien avoir en propre, mais qui possède tout en commun avec sa femme, ses enfants et ses domestiques ? Or celui qui parle ainsi est un Dieu, quoiqu'il ne parle pas comme Dieu, mais comme Époux. 10. « Prenez-nous les renards. » Voyez-vous combien est sociable en ses paroles celui qui n'a point d'associé en sa gloire? Il pouvait dire : Prenez-moi, mais il a mieux aimé dire, prenez-nous, afin de nous avoir pour compagnons dans cette capture. O douceur, ô grâce, ô force, de l'amour ! Est-il possible que le souverain de tout soit devenu l'un d'entre tous ? Qui a fait cela ? L'amour, qui ignore ce que c'est que rang et dignité, qui est riche en bonté, puissant en affection, efficace en persuasion: Qu'y a-t-il de plus violent que l'amour ? Il triomphe de Dieu même. Mais qu'y a-t-il aussi de plus doux? Etrange merveille, je vous prie, il est violent pour la victoire, et il est doux pour la violence quon lui fait. « Car il s'est anéanti soi-même (Philip. II, 7), » afin que vous sussiez que c'est un effet de son amour, si sa plénitude s'est répandue, si sa grandeur s'est abaissée, si sa singularité s'est associée. Avec qui, ô admirable Époux, avez-vous un commerce si étroit et si familier : « Prenez-nous ces renards, » dites-vous. Pour qui avec vous? Est-ce pour l'Église des Gentils? Elle est composée d'hommes mortels et pécheurs. Nous savons qui elle est, mais vous, qui êtes-vous, pour être si amoureux et si passionné de cette Ethyopienne (Num. XII, 1) ? Voue n'êtes pas un autre Moise, vous êtes plus que Moise. N'êtes-vous pas celui qui surpasse en beauté tous les enfants des hommes (Psal. XLIV, 3) ? J'ai trop peu dit. Vous êtes la lumière de la vie éternelle (Heb. I, 3), la splendeur et la figure de la substance de Dieu (Rom. IX, 5). Enfin vous êtes un Dieu élevé au dessus de toutes choses, et béni dans tous les siècles. Ainsi soit-il. NOTES DE HORSTIUS ET DE MABILLON. POUR LE LXIV SERMON sur le Cantique n. 8.
291. Je dis donc qu'on doit les prendre, mais non point par les armes. C'est aussi l'avis de saint Augustin dans sa lettre CXXVII. Ad Donat « Nous voulons. dit-il, corriger, non pas tirer les donatistes ; sans vouloir négliger d'user à leur égard de la discipline, comme ils le méritent, pourtant notre pensée n'est point de leur faire souffrir les supplices même qu'ils ont mérités. Réprimez donc leurs péchés, mais faites-le sans anéantir ceux qui doivent se repentir d'avoir péché, etc. » Le même père, dans ses lettres CLVIII, CLIV et CLX, aux préfets Marcellin et Apringins, les exhorte à punir les hérétiques, sans aller toutefois jusqu'à les frapper de mort, car ils ne doivent point oublier la vertu chrétienne de la douceur. Cependant dans la lettre XLVIII à Vincent, il montre, par de nombreux exemples, que les hérétiques ont été ramenés à la foi catholique par la crainte et par la vigueur des lois. Toutefois, il déclare que, quant à lui, il n'a pas toujours été de l'opinion qu'on dùt traiter les hérétiques avec rigueur, mais plutôt qu'on devait les persuader par la prédication. Cependant l'exemple et le sentiment des autres lui ont fait changer de manière de voir, et penser qu'on pouvait légitimement recourir aux lois, aux armes du pouvoir civil contre les hérétiques, à condition pourtant, qu'on ne le fasse que dans l'intention de les amener à résipiscence. Il s'appuie, pour soutenir cette opinion, sur la comparaison parfaitement juste d'un fou qui court se jeter dans un précipice, à qui on rend un véritable service en lui liant les pieds et les mains, et il confirme son dire par le fait d'un grand nombre de Circumcellions ramenés ainsi à l'Église. « Or, dit-il, jamais ils ne seraient revenus à de meilleurs sentiments sans ces lois qui vous déplaisent tant (il s'adressait à Vincent Rogatien), et par lesquelles ils ont été liés comme de vrais frénétiques qu'on garrotte. » Et plus loin il Continue: « Voilà donc les exemples qui m'ont fait revenir à l'avis de mes collègues. Car, pour moi, dans le principe, ma pensée était qu'on ne devait ramener personne de force à l'unité du Christ, qu'on ne devait procéder contre eux que parla parole, les combattre que par la discussion, les vaincre que par la raison, si on ne voulait point avoir dès chrétiens feignant d'être chrétiens, quand nous savons qu'au fond de l'âme ils sont, hérétiques. Telle était mon opinion, mais elle dut céder, sinon aux raisons, du moins aux nombreux exemples qui m'étaient apportés pour la combattre. En effet, an premier rang, on m'opposait ma propre ville épiscopale, qui, après 'avoir été tout entière dévouée aux erreurs de Dona;, revint à la vraie foi sous l'impression de la crainte que lui inspiraient les lois des empereurs. Or elle déteste maintenant votre erreur au point de faire douter qu'elle l'ait jamais partagée, etc. » Il nous apprend. par deux mots, dans la même lettre, pour quelle raison il voulait qu'on ajoutât la crainte et la violence à la force de la doctrine. « C'est que si on les instruit sans les forcer à entrer, il arrivera que, endurcis dans leur vieilles habitudes, ils n'en rentreront que plus difficilement encore dans les voies du salut. » Telle fut la doctrine de saint Augustin dont notre saint ne s'éloigne ordinairement pas. Aussi, dans son sermon LXVI, sur le Cantique n. 42, s'exprime-t-il ainsi : « Il faut non pas imposer mais persuader la foi Quoique, après tout, on me saurait douter qu'il vaut mieux encore contraindre les hérétiques par le glaive de celui qui ne l'a point reçu en vain, que de les laisse. dans leur erreur. » Par-là on voit qu'il n'est pas difficile de concilier les opinions différentes qu'ont eues les saints sur ce sujet. Ainsi on doit procéder par la douceur à l'égard de ceux dont la conversion semble facile; ceux-là, mieux vaut les éclairer que les contraindre. Mais pour ceux qui s'efforcent de répandre le venin de la perfidie dans le cour des autres, il faut les arrêter par la sévérité des lois. (Note de Horstius. )
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