CIRCONCISION II
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DEUXIÈME SERMON POUR LE JOUR DE LA CIRCONCISION DE NOTRE-SEIGNEUR. Sur les différents noms de Notre-Seigneur.

 

1. « Le huitième jour auquel l'Enfant devait être circoncis étant arrivé, on lui donna le nom de Jésus (Luc. II, 21). » Dès le principe, Dieu aime la mesure, et jamais ce qui s'en est écarté n'a plu à sa justice. Voilà pourquoi non-seulement il a tout créé lui-même avec poids et mesure, avec nombre et proportion, mais il a fait à l'homme une obligation de s'astreindre à la mesure, en lui disant : « Tu peux manger du fruit de tous les arbres du paradis, mais pour ce qui est de ceux de l'arbre de la science du bien et du mal, tu n'en mangeras point (Gen. II, 16 et 17). » C'était assurément là un précepte bien facile, une mesure bien large; l'homme outrepassa néanmoins la mesure qui lui était prescrite, et franchit les limites qui lui avaient été tracées. Aussi le Seigneur son Dieu détourna la face de lui, et c'est à peine s'il s'adoucit enfin à l'époque où parut Abraham son ami; il donna une nouvelle mesure, il promulgua sa loi, mais ce ne fut pas comme aux premiers jours. En effet, la première loi était pour éloigner le mal; la seconde fut pour le guérir; dans le principe, ce n'était qu'une défense, une barrière élevée contre la superfluité, alors ce fut un retranchement; le précepte eut pour but, par un remède mystérieux, de faire disparaître ce qui était de trop. Enfin, l'objet de la première loi fut un arbre dont l’homme ne devait point manger le fruit; l'objet de la seconde est son propre corps, sa chair même qu'il doit circoncire. On ne peut pas douter, il est vrai, que l'excroissance de Léviathan, je veux dire le venin de la concupiscence et l'attrait immodéré d'une volupté déréglée, n'eussent envahi le corps entier de l'homme, et rendu nécessaire une circoncision générale de tous les membres.

2. Mais le corps de l'homme est trop faible et son enfance trop délicate pour supporter une circoncision pratiquée dans tous ses membres à la fois. Dieu, par une disposition pleine de bonté, en a adouci la rigueur, et a réglé que la concupiscence serait châtiée dans le membre où elle fait sentir plus violemment ses ardeurs et sa malignité. En effet, dans la révolte de la chair contre l'esprit, c'est le seul membre dont le soulèvement est si violent, qu'il se porte, en dépit de tous les efforts de la volonté, à des mouvements déshonnêtes et coupables. La circoncision se pratiquait le huitième jour de la naissance, pour rendre à l'homme l'espérance du royaume des cieux, attendu que le retour du premier jour de la naissance semblait former comme une couronne. C'est pour la même raison qu'on célèbre encore l'octave de certaines fêtes, et que, dans son sermon sur la montagne, le Seigneur termine la huitième béatitude comme il avait terminé la première (Matth. V, 10), afin que la promesse du royaume des cieux, étant rappelée une seconde fois, nous figurât plus clairement encore une couronne.

3. Mais ce n'est point sans une bonne raison que l'Enfant qui nous est né reçut le nom de Sauveur à sa circoncision, attendu, qu'en répandant alors son sang pour nous, il commence à opérer notre salut. Il n'est pas nécessaire, pour un chrétien, de se demander pourquoi Notre-Seigneur Jésus-Christ voulût être circoncis; car la raison qui l'a fait circoncire est la même que celle pour laquelle il est né et pour laquelle il a souffert : ce n'est pas pour lui, mais pour les élus qu'il a fait tout cela; car il n'a point été conçu dans le péché; ce n'est point la chair du péché qui a été circoncise en lui, et ce n'est pas pour ses péchés, mais seulement pour les nôtres qu'il est mort. « Or ce nom, dit l'évangéliste, lui fut donné par l'Ange avant même qu'il fut conçu dans le sein de sa mère. » Il lui fut .donné, non imposé, attendu qu'il lui appartient de toute éternité. Il est le Sauveur par nature, et ce nom est inné en lui, plutôt qu'il ne lui est donné par un homme ou par un ange.

4. Mais comment expliquer que le grand Prophète, qui a prédit tous les noms qu'on devait donner à. cet Enfant, ait précisément omis le seul dont, selon la parole de l'Ange et la remarque de l'Évangéliste « il fut appelé? » Isaïe a tressailli du désir de voir ce jour: il l'a vu, et il a été comblé de joie. C'était aussi dans un sentiment de reconnaissance envers Dieu et en célébrant ses louanges, qu'il s'écriait : « Un Enfant nous est né et un Fils nous a été donné : il portera sur son épaule la marque de la principauté; il sera appelé l'Admirable, le Conseiller, Dieu, le Fort, le Père du siècle à venir, le Prince de la paix (Isa. IX, 6). » Tous noms bien grands, sans doute, mais je ne vois pas parmi ces noms celui qui est au-dessus de tous les noms, le nom de Jésus, celui auquel tout genou fléchit. Peut-être tous les autres noms ne sont-ils après tout que ce nom-là, exprimé, délayé en plusieurs mots, s'il est permis de parler ainsi. Car il est question dans le Prophète de celui dont l'épouse des cantiques dit, dans une explosion. d'amour : « Votre nom est comme l'huile qui se répand (Cant. I, 2). »

5. Ainsi, dans tous ces noms réunis, vous avez le nom de Jésus, et le Christ n'aurait pu ni recevoir le nom de Jésus, ni être le Sauveur, s'il lui avait manqué un seul de ces noms. En effet, n'avons-nous pas éprouvé par notre propre expérience, combien il est vraiment admirable dans le changement de nos volontés? Car c'est dans ce changement, c'est lorsque nous commençons à rejeter ce que nous aimions, à gémir de ce qui nous faisait le plus de plaisir, à embrasser ce que nous redoutions le plus, à suivre ce que nous fuyions, et à appeler de tous nos veaux ce que nous craignions davantage, que nous commençons à être saints. Assurément, celui qui produit des choses si admirables est admirable lui-même. Mais il faut aussi qu'il se montre conseiller, pour nous faire choisir la pénitence et régler notre vie, de peur que nous n'ayons un zèle dépourvu de science, une bonne volonté privée de toute prudence. Il faut aussi que nous le trouvions Dieu dans la rémission de nos péchés passés, sans cela, il n'y a pas de salut possible, car nul ne peut remettre les péchés si ce n'est Dieu. Mais ce n'est point encore assez, il faut que nous éprouvions sa force dans la lutte contre nos ennemis, sa force, dis-je, qui empêche que nous ne soyons vaincus de nouveau par nos anciennes concupiscences, et que notre dernier état ne devienne pire que le premier. Vous semble-t-il à présent qu'il lui manque quelque chose pour être un Sauveur accompli? Oui, il lui manque quelque chose encore, il lui manque même la chose la plus importante, c'est qu'il faut qu'il soit le père du siècle à venir, afin que par lui nous puissions ressusciter pour l'immortalité, de même que, par notre père du siècle présent, nous avons été engendrés pour la mort. Ce n'est pas tout encore, il faut qu'il soit enfin le Prince de la paix et qu'il nous réconcilie avec son Père à qui il va remettre le royaume; sinon, nous pourrions ressusciter comme les enfants de perdition, non pour le salut, mais pour la damnation. Sans doute son empire doit s'étendre, afin qu'il puisse être appelé avec raison le Sauveur, à cause de la multitude de ceux qui doivent être sauvés par lui : et la paix sera sans terme, pour vous apprendre que le véritable salut est seulement celui qui ne peut redouter de cesser d'être un jour le Salut.

 

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