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DISCOURS SUR LE PSAUME CVII.POURQUOI CE PSAUME NEST POINT EXPLIQUÉ ICI.
Ce psaume a été expliqué dans les psaumes cinquante-sixième et cinquante-neuvième, qui lui fournissent chacun sa dernière partie. Les titres sont bien différents, et tous deux néanmoins célèbrent David, ou plutôt le Christ dans son humilité, qui est la base de sa vaillance.
1. Je nai point cru, mes frères, quil fallût vous expliquer le psaume cent septième, car nous lavons fait déjà dans le psaume cinquante-sixième et dans le psaume cinquante-neuvième, dont les dernières parties forment celui-ci. En effet, la dernière partie du cinquante-sixième 1 fournit à celui-ci sa première
1. Ps, LVI, 12.
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partie, jusquau verset où il est dit: « Et que votre gloire soit étendue sur toute la terre 1»; depuis là jusquà la fin, cest la seconde partie du cinquante-neuvième; de même que la dernière partie du cent trente-quatrième est la même que celle du cent treizième, depuis le verset où il est dit: « Les idoles des nations sont de lor et de largent 2 »; de même encore que le treizème et le cinquante-deuxième, sauf quelques médiantes changées, ont les mêmes paroles depuis le commencement jusquà la fin. Dès lors, tout ce qui, dans le psaume cent septième, paraît quelque peu différer de ces deux autres psaumes, dont il est composé, nest point difficile à comprendre. Ainsi dans le psaume cinquante-sixième, il est dit : « Je chanterai, je jouerai de la harpe; lève-toi, ô ma gloire 3»; et dans celui-ci: « Je chanterai , je jouerai de la harpe dans ma gloire 4 »; car le met « lève-toi» ne sadresse à sa gloire quafin que lon chante, et que lon joue de la harpe à cette même gloire. De même encore: « Parce que votre miséricorde sest agrandie jusquaux cieux 5 », ou comme dautres ont traduit : « sest élevée »; et ici : « Parce que votre miséricorde est grande par-dessus les cieux ». Or, elle na grandi jusquaux cieux que pour être grande dans les cieux. Voilà le sens de cette expression : Super caelos, par-dessus les cieux. De même dans le cinquante-neuvième : « Je serai dans la joie, et je partagerai Sichem 7»; et ici : « Je serai élevé, et je partagerai Sichem 8». Doù lon peut voir que ce partage de Sichem est une figure prophétique de ce qui doit saccomplir après que le Seigneur aura été élevé en gloire, et la joie dont il est parlé tient à cette élévation; en sorte quil y a joie parce quil y a gloire. Aussi est-il dit ailleurs: « Vous avez converti mon deuil en joie, vous avez brisé mon cilice, et mavez fait une ceinture de joie 9». De même encore : « Ephraïm est la force de mon chef 10»; et ici : « Ephraïm est celui qui reçoit mon chef 11». Car nous prendre sous sa garde, cest nous fortifier; cest-à-dire quen nous adoptant il nous rend forts, parce quil
1. Ps. CVII, 6. 2. Id. CXIII, CXXXIV, 15. 3. Id. LVI, 8. 4. Id. CVII, 2. 5. Id. LVI, 11. 6. Id. CVII, 5. 7. Id. LIX, 8. 8. Id. CVII, 8. 9. Id. XXIX, 12. 10. Id. LIX, 9. 11. Id. CVII, 9.
fructifie en nous. Ephraïm en effet signifie fructifier. Quant à suscipere, recevoir, il peut se rapporter à lun ou à lautre, soit que nous recevions le Christ, soit que lui-même nous reçoive, lui qui est le chef de lEglise. Ceux qui sont appelés dans un psaume, « nos persécuteurs 1», sont appelés dans lautre, « nos ennemis 2 », et sont dès lors les mêmes individus. 2. Ce psaume nous montre que les titres empruntés à lhistoire peuvent très-bien sentendre dans le sens prophétique, selon le motif que nous découvrons dans la composition du psaume. Quoi de plus opposé, daprès lhistoire, que ce titre du psaume cinquante-sixième : « Pour la fin, naltérez rien; à David, pour linscription du titre, alors quil fuyait devant Saül dans la caverne »; et ce titre du cinquante-neuvième : « Pour la fin, à ceux qui seront changés, pour linscription du titre, à David, pour être une leçon, alors quil incendia la Mésopotamie, la Syrie, la Syrie Sobal, et que Jacob se retourna, et frappa douze mille hommes dans la vallée des salines ». A lexception de ces mots : « Pour linscription du titre, à David lui-même, et pour la fin », tout le reste est bien différent, puisque lun chante lhumilité de David, lautre sa vaillance; lun sa fuite, lautre ses victoires. Et toutefois les deux dernières parties de ces psaumes, dont les titres sont si différents, ont servi à composer celui-ci, ce qui prouve que les deux psaumes nont quun même but, non pas à sen tenir à la superficie de lhistoire, mais en sélevant à la hauteur de la prophétie, en faisant converger la fin de lun et la fin de lautre vers un seul chant, dont le titre serait: «Chant du psaume, pour David lui-même 3 », titre qui na rien de semblable aux deux autres, sauf ce seul mot : « A David lui-même ». Car Dieu a parlé jadis à nos pères, par le moyen des Prophètes, en beaucoup de manières et en beaucoup de circonstances 4, ainsi que la dit lEpître aux Hébreux. Et toutefois il a toujours annoncé Celui quil a envoyé depuis afin daccomplir les oracles des Prophètes: «Toutes les promesses de Dieu ont en lui leur vérité 5 ».
1. Ps. LIX, 14. 2. Id. CVII, 14. 3. Id. 7. 4. Hébr. I, 1. 5. II Cor. I, 20.
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