|
|
PREMIER DISCOURS SUR LE PSAUME CI.PREMIÈRE PARTIE DU PSAUME.LES GÉMISSEMENTS DE LÉGLISE.
Cest un pauvre qui parle, et ce pauvre est Jésus-Christ, lequel a fait les richesses matérielles, les richesses de lintelligence, les richesses de la vertu. Sil est pauvre, cest quil sest fait chair, et dès lors, revêtu de notre pauvreté; cest donc nous qui parlons en lui dans notre psaume ; et dans le chef on doit reconnaître les membres. Que Dieu soutienne toujours ses membres, puisquil en est qui sont toujours dans langoisse. Mes jours se sont évanouis, parce que dans mon orgueil jai oublié de manger mon pain, ce pain du juste descendit du ciel. Mais par compassion les os, dans lEglise, sattachent à la chair, ou les forts sinclinent vers les faibles. La prédication de la vérité se fait parfois chez un peuple où le Christ est inconnu, cest le pélican au désert; ou chez un peuple qui est retombé, cest le hibou , dans les ténèbres et les masures; ou chez de vrais chrétiens, cest le passereau sur le toit : ou bien encore le Christ serait le pélican qui rend, dit-on, la vie à ses petits quil arrose de son sang, et dans la solitude, parce que seul le Christ est né dune vierge ; il serait le hibou par sa passion, qui eut lieu dans les ténèbres des Juifs, et le passereau sur le toit par sa résurrection. On reproche au Christ de manger avec les pécheurs, comme aux chrétiens dencourager le vice par la promesse du pardon : comme si le désespoir nétait pas plus corrupteur encore, et comme si lincertitude de la mort nétait pas un contre-poids. Dieu punit en effet lhomme pécheur, et non la créature quil na point faite à son image, qui ne craint rien, nespère rien. Le Seigneur noublie rien, et de la poussière de Sion il fait sortir lEglise primitive. Hâtons-nous dentrer dans la construction de Sion; quand elle sera achevée, il sera trop tard.
DEUXIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CI.DEUXIÈME PARTIE DU PSAUME.LES CONSOLATIONS DE LÉGLISE.Ceux qui ont les fers aux pieds, sont ceux que retient la crainte du Seigneur; or, le Seigneur écoute leurs gémissements; il délivre par sa grâce les fils des martyrs. Alors le nom du Seigneur fut annoncé en Sion ; lhomme comprit son avenir, tons les peuples bénirent le vrai Dieu ; la vie pure des hommes, la sainteté en Jérusalem a été le fruit de cette prédication. Cest par là que lEglise n répondu au Christ dans sa force, ou après la résurrection, et en rassemblant tes peuples dans lunité. LEglise, nous dit lhérésie, nest plus celle de toutes les nations, cette Eglise a péri. Pourtant Jésus-Christ devait être avec elle jusquà la consommation des siècles; et si cette Eglise demande aujourdhui de connaître ses jours peu nombreux, cest que ces jours qui doivent se prolonger jusquà la fin des siècles, alors que lEvangile sera prêché à tous les peuples, ne sont rien en comparaison de léternité, de ces années de Dieu, sans passé, sans avenir, qui ne sécoulent point, car elles sont elles-mêmes Celui qui est. Ces années de Dieu passent de génération en génération, cest-à-dire quelles sont le partage des saints de chaque génération, en Adam dabord, puis chez les patriarches, puis chez les nations chrétien. nes, tandis que la terre doit finir ainsi que les cieux. Déjà ont péri par le déluge les cieux inférieurs; les cieux supérieurs ou les saints périront dune manière corporelle, pour être revêtus dimmortalité, tandis que Dieu ne passera point. Ces cieux donc habiteront avec Dieu, et ces fils de ses serviteurs, sont nos bonnes oeuvres qui doivent nous préparer la véritable vie.
DISCOURS SUR LE PSAUME CII.SERMON POUR UNE FÊTE DES MARTYRS.LES BIENFAITS DU SEIGNEUR.
En nous appelant à bénir le Seigneur, le Prophète sadresse à ce quil y a dintérieur en nous, ou à notre âme, qui a toujours quelquun qui lécoute et qui doit chanter intérieurement, au souvenir de nos péchés pour les désavouer, au souvenir des bienfaits de Dieu, lequel stimulait dans les martyrs lespérance de retrouver dans le ciel la vie quils donnaient pour Dieu. Ils ne lui reportaient que ses dons, il est vrai, et ne pas oublier ses dons, cest lui en rendre grâce; sil nous demande un culte, cest pour nous attirer à lui. De nous-mêmes nous navons que le péché; de lui nous vient le calice du salut, ou la douleur quil faut subir en invoquant son nom. Noublions, donc jamais: Quil nous remet nos fautes, mais en nous imposant des peines qui nous ramènent à lui; Quil guérit nos langueurs, pourvu que nous soyons patients dans nos peines dont il nous guérira certainement, comme le malade se laisse opérer par le médecin qui nest pas sûr de le guérir; Quil nous délivrera ainsi de la corruption en nous donnant te christ par qui nous sommes incorruptibles. Quil nous couronnera dans sa miséricorde, car la lutte qui nous donnera la couronne viendra de la grâce; Quil nous rassasiera de bonheur, en nous donnant Dieu lui-même, dont nous ne sentons point ici-bas lineffable douceur, parce que notre corps est appesanti; Quil renouvellera ce corps quand laigle sent son bec trop allongé par les années, pour laisser passage à la nourriture, il luse sur la pierre et reprend par la nourriture de nouvelles forces; ainsi Dieu usera notre corps sur la pierre qui est le Christ et le revêtira de. jeunesse en le rassasiant des trois pains de lEvangile ou de Dieu en trois personnes; Quil fait miséricorde à ceux qui sont miséricordieux, et quand on lui amène la femme adultère, il écrit la loi sur la terre, pour marquer les vertus chrétiennes, et nous apprendre à chercher si nous ne sommes point coupables. Pour le juste nous navons que la miséricorde corporelle; à linjuste pourtant nous devons faire aussi miséricorde, non parce quil est injuste, mais parce quil est homme, comice au juste, parce quil est juste. La vengeance nest permise que quand elle est une juste correction infligée à ceux qui nous sont soumis; sagit-il des puissants, endurons persécution. Dieu a montré à Moïse quil donnait la loi, afin que lhomme vit le nombre de ses fautes, et eût recours à laveu et à la grâce. Toutefois Dieu est lent à punir, parce quil nous invite à la pénitence, et pourtant nous remettons cette pénitence indéfiniment; et Dieu ne nous traite point selon nos offenses; chaque jour il nous protège comme le ciel protége la terre. Il met nos péchés au couchant pour ny plus revenir, et sa grâce à un orient sans occident, Il sait que nous sommes faibles, que nos jours sont courts, que tout passe vite ici-bas, quil récompensera non ceux qui connaissent la loi, mais ceux qui en font les oeuvres, non point, seulement à lextérieur, mais aussi de coeur.
PREMIER DISCOURS SUR LE PSAUME CIII (1).PREMIÈRE PARTIE DU PSAUME.LE MONDE INVISIBLE DANS LE MONDE VISIBLE.Les oeuvres visibles du Seigneur ont un sens que nous devons chercher dons ce psaume. « Vous êtes infiniment grandi par moi ». Cette parole doit sentendre comme cette autre: Que votre nom soit sanctifié; ce nom toujours saint est sanctifié quand les hommes deviennent assez droits pour que Dieu leur plaise. Alors le nom du Seigneur est grandi quand nous le connaissons assez pour comprendre cette grandeur, et cette connaissance nous grandit à notre tour. Dieu sest revêtu de confession et de beauté, parce que lEglise, non pins que lâme, ne peut sapprocher de Dieu, quen avouant une laideur qui vient à lune du péché, à lautre de lidolâtrie. Toutefois le Christ; en mourant pour les impies, nous aimait malgré notre laideur; il sabaissait pour nous, et navait ni éclat ni beauté, afin de nous en donner, Il a fait les cieux, comme on déploie une peau, et cette peau signifie la mortalité, car elle fut donnée aux premiers coupables, devenus mortels par le péché. Cest encore lEvangile prêché par des hommes mortels et qui couvre la terre. La hauteur des cieux que Dieu couvre deau, cest la sainte Ecriture, et au-delà cette charité quil répand dans nos coeurs, et qui est bien supérieure à tous les autres dons. Les nuées sont une échelle pour lui, cest-à-dire que par les prédicateurs il conduit au ciel des Ecritures ceux qui écoutent avec docilité; malheur à ceux qui ne montent pas, et qui sont ou branches stériles, ou produisant des épines. Il est porté sur les ailes des vents ou des âmes qui sont un souffle de vie, et dont les ailes sont des vertus, La charité en Dieu ou la croix, a sa largeur dans les bonnes oeuvres, sa longueur dans la persévérance finale, sa hauteur dans lespérance des biens de lautre vie, sa profondeur dans les sacrements. Les esprits deviennent ses anges, quand ils portent ses messages : quelquefois il se sert du feu, comme il se sert de lhomme spirituel pour la prédication. LEglise est solidement fondée sur le Christ. Ecoutons la parole de Dieu de manière à porter pour fruit principal le pardon des offenses.
DEUXIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CIII.DEUXIÈME SERMON. DEUXIÈME PARTIE DU PSAUME.LE MONDE INVISIBLE DANS LE MONDE VISIBLE.
Dieu nous dérobe quelque peu ses enseignements, afin de nous stimuler à les chercher. Cette lumière dont il est revêtu, cest lEglise ; leau qui couvre les hauteurs du ciel, cest la charité; la terre fondée sur la solidité de Dieu, cest lEglise fondée sur le Christ, inébranlable comme lui. Cest encore lEglise qui n pour vêtement labîme ou les eaux de la persécution qui couvrirent jusquaux plus hautes montagnes, cest-à-dire Jusquaux Apôtres qui devenaient invisibles, mais demeuraient inébranlables. Mais la menace de Dieu a dissipé ces eaux de la persécution, et les empereurs sont devenus chrétiens. Dieu qui fait les montagnes et les vallées, a renversé lorgueil des persécuteurs qui ne prévaudront plus. Alors les eaux de la doctrine couleront du milieu des montagnes, cest-à-dire que les docteurs auront une doctrine commune, et nenseigneront rien qui leur soit propre. Quiconque parle de lui-même aboutit au mensonge.
TROISIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CIII.TROISIÈME SERMON. TROISIÈME PARTIE DU PSAUME.LE MONDE INVISIBLE DANS LE MONDE VISIBLE.
Les bêtes des forêts, qui boivent leau des vallées, sont les nations qui entrent dans 1Eglise pour être purifiées par les sacrements, ainsi que nous le montrent et larche de Noé qui renfermait des animaux purs et des animaux impurs, et le linceul de saint Pierre renfermant aussi des animaux impurs et tenant au ciel par les extrémités. Elles boiront les eaux qui passent ers cette vie, en attendant que le Verbe leur soit donné. Lonagre y vient comme le lièvre, cest-à-dire les grands esprits comme les faibles, parce quil y a des préceptes à la portée de tous. Les oiseaux qui habitent sur les montagnes sont les âmes tout àfait spirituelles, qui se nourrissent de la doctrine des Prophètes et des Apôtres. Elles ne se divisent point non plus que les oiseaux dans le sacrifice dAbraham, tandis que les animaux étaient divisés, cest là le symbole du schisme et de lhérésie, la fournaise du jugement met les uns à droite, les autres à gauche. Pour léviter, ressemblons aux oiseaux qui habitent les montagnes, les rochers, ou le Christ ; cest de là quils prêchent. Dieu donne la rosée de sa parole, ils la répandent en se proportionnant aux simples; delà cette terre arrosée de la grâce de Dieu. Cest lui encore qui produit le foin pour les animaux, et par là le salaire pour les ouvriers évangéliques, lherbe pour la servitude de lhomme ou la substance pour ceux qui ne font serviteurs de tous par la charité et lhumilité, que ne connaissaient point dabord ni Pierre ni les fils de Zébédée. Donnons la subsistance aux prédicateurs : le Seigneur eut une bourse pour recueillir et pour donner, se proportionnant à ceux qui devaient demander, comme il pâlit devant la mort pour se mettre au niveau de nos craintes. Dieu tire de la terre ou des ouvriers évangéliques, ta pain et le vin ou le Christ, et la grâce qui donne léclat des vertus. Les cèdres du Liban sont les grands du monde, et ils sont plantés par le Seigneur, quand ils deviennent chrétiens parfaits. Ces passereaux sont les lares ferventes qui abandonnent leurs biens si elles possèdent, leurs espérances et leurs désirs du lêtre sils sont certaine Pierre et André. Ces âmes font leurs nids sur les cèdres, cest-à-dire dans les monastères ou dans les Eglises que bâtissent les riches du monde. La foulque les guide, elle qui établit sur les rochers des mers, ou sur le Christ, un nid bas et solide. Cest encore au Christ que sattachent les passereaux. Les cerfs des montagnes sont les plus élevés dans la spiritualité; mais il y a aussi le hérisson couvert dépines ou de péchés légers, qui trouve son asile dans la pierre, qui devient ainsi avantageux pour tous. La lune est limage de lEglise, qui semble croître et renaître comme les générations. Le soleil cest le Christ qui se lève pour ceux qui comprennent la charité, mais non pour limpie; il connaît son couchant, cest-à-dire quil a bien voulu mourir. La nuit alors se ferma sur les Apôtres, et les lionceaux demandèrent leur proie, cest-à-dire que le diable demanda de les cribler, comme il demanda de tourmenter Job. Mais il doit demander, car tout pouvoir vient de Dieu. Mais à mesure que le jour se fait, les lions sétendent dans leurs tanières, ou cessent de persécuter lEglise; lhomme ou le chrétien fait son oeuvre, et la terre est remplie des créatures de Dieu par son Christ, ou dhommes renouvelés par la grâce.
QUATRIEME DISCOURS SUR LE PSAUME CIII.QUATRIÈME SERMON. QUATRIÈME PARTIE DU PSAUME.LE MONDE INVISIBLE DANS LE MONDE VISIBLE.
Dieu a tout fait avec une sagesse que plusieurs créatures ne peuvent comprendre, que nous ne pouvons méconnaître sans crime et qui serait notre flambeau si nous la cherchions sincèrement ; cette sagesse est le Verbe de Dieu. Dans ces créatures qui remplissent la terre, arrêtons-nous à lhomme nouveau, qui renonce au passé pour soccuper uniquement de lavenir mais pour arriver à cet avenir, il faut passer la mer dont leau stérile et amère renferme des reptiles grands et petits ; et nous la passerons dans les vaisseaux ou les Eglises que dirige le Christ. Il y a toutefois dans cette mer le dragon qui a empoisonné le genre humain à sa source, et don-t nous devons observer la tête ou repousser les premières suggestions, ce que nous ne pouvons faire que par Jésus-Christ notre vraie lumière. Job en observant cette tête, lui ferma son coeur et ne pécha point en paroles : sil désire un arbitre, cest la médiation du Christ. Le pouvoir du dragon est grand, mais il est le jouet des anges qui nous protégent contre lui; il est tombé et ne peut rien que Dieu ne permette. Prenons alors Jésus-Christ pour chef. Dieu donne le pain à toute créature; notre pain cest le Christ; celui du dragon, cest nous, si nous sommes éloignés du Christ., si nous devenons terre par nos goûts terrestres. Mais cette nourriture, Dieu doit la donner aux animaux, et au démon qui ne peut toucher à personne, si Dieu ne lautorise. Cette main que Dieu ouvre pour nous rassasier de ses dons, cest le Christ ; quil se détourne et nous sommes dans le. trouble ; et il se détourne quand nous présumons de nous-mêmes. Il nous retire notre esprit ou nos pensées humaines, et nous envoie le sien qui fait de nous des créatures nouvelles. Alors il se complaît dans ses oeuvres et nous fait travailler avec crainte ; les coeurs les plus impies sembrasent damour quand il les touche. Cette discussion dont il est parlé à la fin, cest la discussion de notre conscience, et dès lors notre confession. Alors les pécheurs disparaîtront de la terre, cest-à-dire que les hommes cesseront dêtre pécheurs.
DISCOURS SUR LE PSAUME CIV.LOUANGE A DIEU DANS SA BONTÉ.
Le titre indique le sujet du psaume, ou lordre prophétique intimé aux Evangélistes dannoncer lEvangile aux peuples de 1a terre. Le Prophète nous exhorte à louer Dieu par la parole et par les bonnes oeuvres, à nous tenir en sa présence, à te chercher toute notre vie, même après lavoir trouvé, cest-à-dire à nous attacher à lui par lamour; en un mot, à le prendre pour notre héritage, à le servir pour lui-même ou par une charité parfaite. Voilà pour les chrétiens plus parfaits. Aux faibles il offre pour exemple la foi des patriarches et laccomplissement des promesses qui leur étaient faites. Or, la foi fait de nous des enfants dAbraham ; ce qui regarde le Nouveau Testament, ou héritage de la foi qui en est le précepte et le nerf. Le Prophète nous dit que ces promesses étaient pour mille générations, ce qui sentend de la durée du monde, or, ces générations doivent avoir une fin; mais eu outre de la terre de Chanaan, il y a la terre du ciel qui est la récompense éternelle comme le Testament. Le Prophète nous raconte les bienfaits de Dieu envers ses élus qui vont de nation en nation, et en faveur desquels il châtie les rois de Gérare et dEgypte ; il les appelle Christs, parce quils étaient chrétiens par avance, et Prophètes parce quils étaient des images du Christ. Il envoie Joseph en Egypte, pour y souffrir, et y enseigner la vraie sagesse. Il fit éclater en faveur de son peuple une protection qui stimula lenvie des Egyptiens, puis envoya Moïse et Aaron pour les délivrer par des prodiges tels que les ténèbres, les eaux changées en sang, les moucherons, la grêle qui brisa lea arbres, les sauterelles qui dévorèrent tout; tandis que les Hébreux senrichirent aux dépens de lEgypte qui se réjouit de leur départ, quand elle vit les prodiges du Seigneur. Dieu les couvrit dune nuée, leur envoya des viandes, fit jaillir leau du rocher, leur donna ainsi les biens du temps, afin quils neussent dautre soin que dacquérir ceux de léternité. Cependant ce nest point en vue de ces récompenses terrestres, mais bien par amour, que nous devons servir Dieu.
DISCOURS SUR LE PSAUME CV.LOUANGE A DIEU DANS SON PARDON.
Ce psaume est la suite du précédent, en sorte que le premier nous montrerait la bonté de Dieu dans notre vocation à la grâce et à la gloire ; celui-ci, sa bonté dans le pardon de nos fautes. Le Prophète commence par ces mots Confessez au Seigneur, etc., ce qui sentend dune confession des péchés, quoique cette confession, à cause de lespérance du pardon, soit aussi une confession de louanges. Dieu fera donc miséricorde, mais en cette vie et non dans lautre, puisque le mauvais riche nobtint pas une goutte deau. Il se demande qui publiera tes louanges de Dieu, ou qui fera connaître laction de Dieu donnant aux fidèles le pouvoir daccomplir la loi. « Le jugement à garder, la justice à pratiquer », doivent sentendre dans, le sens de lorthodoxie de la foi, et des actions de justice, alors la justice deviendra jugement, ou les oeuvres seront conformes à la foi, ce qui nous montre que lon doit garder la justice en tout temps. Ce salut dans lequel Dieu nous visite, cest le Christ qui doit nous manifester la bonté de Dieu pour ses élus, et nous associer nous-mêmes à cet héritage. Le Prophète. confesse ensuite es prévarications des Juifs Nous avons péché comme nos pères, qui ne comprirent point que vos prodiges les appelaient à des biens éternels, et qui oublièrent vos bienfaits. Dieu ne les traita pas selon leur infidélité. Il les fit passer à travers la mer Rouge, figure de la rédemption par le baptême. Il engloutit les Egyptiens, et alors les Hébreux crurent en lui. Mais loin dattendre un bonheur spirituel, ils voulurent un bonheur temporel, et Dieu leur donna ce quils désiraient. Alors éclata le schisme de Dathan et dAbiron, que Dieu brûla avec leurs sectateurs. Ils firent un veau dor et oublièrent dans les châtiments des Egyptiens ce quils avaient à craindre. Dieu voulait les exterminer quand Moïse apaisa sa colère, puis ils méprisèrent, dans la terre quil leur donnait, le symbole du ciel; ils sinitièrent à lidolâtrie et Dieu ne fut apaisé que par le coup dont Phinéès frappa deux coupables. Cet acte damour pour le peuple devint louable. Nouveaux murmures qui amenèrent le doute et le châtiment de Moïse. Au lieu de détruire les nations de Chanaan ils se mêlèrent à elles, prirent leurs coutumes idolâtriques, firent des sacrifices humains, aigrissant ainsi le Seigneur, qui consentit encore à les sauver en vue de lalliance éternelle jurée à Abraham. Il leur fit donc trouver grâce devant ceux qui les tenaient captifs. Or, cest le diable qui nous tient en captivité. Jésus le chasse de nos coeurs afin que sédifie le temple ou lEglise de Dieu, dont le Christ est la pierre angulaire, appelant dans un même bercail ceux de la Circoncision et ceux de la Gentilité. Les Juifs qui lont repoussé accepteront lAntéchrist, mais les vrais fidèles seront sauvés par le Christ, notre Seigneur.
DISCOURS SUR LE PSAUME CVI.LES ÉTAPES DE LÂME CHRÉTIENNE.
Le titre du psaume Alleluia doit être toujours soit en notre bouche soit en notre coeur, et la confession qui en est le refrain doit avoir pour objet la divine miséricorde qui nous donne la vie durable des anges. Le peuple dIsraël ne doit point seul chanter ce cantique; il est le chant de tous ceux que Dieu a rachetés de la puissance de leurs ennemis, et quil a rassemblés de toutes les nations en les faisant passer par la mer Rouge du baptême, qui engloutit nos péchés. Quatre fois en effet nous y trouvons la recommandation de confesser la louange de Dieu , ce qui désigne les quatre étapes de lâme se dirigeant vers le Seigneur, et dès lors les quatre épreuves. La première est celle de lerreur et de la faim; lhomme ne sait où il doit aller, et il est affamé de vérité. La seconde est la difficulté de faire le bien, et Dieu nous en délivre en brisant les chaînes de nos passions. La troisième est celle de lennui ou du dégoût de la parole de Dieu. La quatrième est celle du gouvernement des âmes; épreuve des princes de lEglise, tandis que les autres Sont communes aux fidèles. Ainsi, dans la première épreuve, les Hébreux, qui figuraient les chrétiens, furent affamés, errants dans le désert; ils invoquèrent le Seigneur qui les délivra, les mit sur le chemin droit. Mais sur ce chemin du bien lâme éprouve la difficulté de le faire, car la connaissance du précepte multiplie le péché; quelle crie vers le Seigneur qui brisera ses fers. Vient alors le dégoût dont le Seigneur guérit son peuple en lui envoyant son Verbe, et ils publièrent ses oeuvres dans une sainte joie. La quatrième est un danger pour ceux qui sont dans la barque, trafiquant sur les grandes eaux, et pour ceux qui la conduisent. Tous doivent en appeler au Seigneur. Mais la tempête durera jusquà la fin des siècles. Combats au dehors, craintes an dedans, voilà le chrétien. Le Seigneur seul peut commander à lorage; et dès lors ne mettons point notre confiance eu nous-mêmes. Le peuple Juif fut arrogant et Dieu lui retira la prophétie , le sacerdoce , etc. Ainsi en est-il des hérétiques se séparant de lunité ; leurs princes sont frappés danathème, tandis que leurs questions insidieuses servent à manifester la vérité. Le vrai sage comprendra tout cela, mettra sa confiance dans le Seigneur et non dans ses propres mérites.
DISCOURS SUR LE PSAUME CVII.POURQUOI CE PSAUME NEST POINT EXPLIQUÉ ICI.
Ce psaume a été expliqué dans les psaumes cinquante-sixième et cinquante-neuvième, qui lui fournissent chacun sa dernière partie. Les titres sont bien différents, et tous deux néanmoins célèbrent David, ou plutôt le Christ dans son humilité, qui est la base de sa vaillance.
DISCOURS SUR LE PSAUME CVIII.LE CHRIST ET JUDAS.
Prêcher le Christ tel quil est, cest publier sa louange; or, on ne le regardait point comme Fils de Dieu quand la langue des méchants parla contre lui et lui rendit la calomnie au lieu de lamour. A ce sujet distinguons six degrés différents. Dabord rendre le bien pour le mal, puis sabstenir de rendre le mal pour le mal , cest lapanage des bons, et le Sauveur prie pour ses bourreaux ainsi que saint Etienne; et lEvangile nous défend de rendre le mal pour le niai. Ensuite ne pas rendre le bien pour le bien comme les neuf lépreux qui ne remercient point le Sauveur, puis rendre le mal pour le bien comme il est dit dans notre psaume. Enfin rendre le bien pour le bien ne suffit point selon lEvangile ; et rendre le mal pour le mal , ce peut être une justice qui était dans les permissions de la loi, mais qui pouvait engendrer te désir de la vengeance. Donc le Christ a reçu la calomnie en échange de ses bienfaits, et il priait pour ses calomniateurs, comme pour ses disciples, nous donnant lexemple du pardon. Il était descendu pour les Juifs qui ont opposé la haine à son amour. Le Prophète, en forme de souhaits, prononce ici la sentence des coupables. 1. Le diable est à la droite de Judas, qui en a fait le choix. 2. Il sera condamné parce quil ne prie pas avec le Christ, et ne se repent point. 3. Son épiscopat passa à un autre. 4. Ses enfants orphelins, sa femme veuve, tous bannis et mendiants. 5. Liniquité de ses pères quil a imités retombe sur lui. Ces maux furent un châtiment pour Judas, même après sa mort, si les morts voient les choses de cette vie. On peut appliquer ces châtiments au peuple Juif qui a repoussé le Christ pour être assujetti à Satan, peuple dont le royaume a perduré, dont lépiscopat ou le Christ a passé aux nations, dont le royaume perdu devient comme un veuvage , dont les enfants sont bannis, dont les fautes ne sont point remises, dont les travaux sont dissipés parce quil ne travaille point pour le Christ, qui périt dans nue seule génération parce quil ne connaît point la régénération, dont la mémoire disparaît de là terre du Seigneur, qui oublie la miséricorde eu persécutant les membres du Christ, qui a choisi la malédiction en appelant sur lui et sur ses enfants le sang du Christ, et cette malédiction lenvironne de toutes parts. Le Prophète alors ou le Christ eu appelle à son Père pour les oeuvres de sa puissance, et alors lui tout à lheure troublé, mis à mort, persécuté dans ses membres, insulté dans sa mort, se raffermit sous la main de Dieu qui le bénit, et chante sa résurrection dans cette Eglise qui bénit Dieu parmi les peuples.
DISCOURS SUR LE PSAUME CIX.SERMON AU PEUPLE.LES PROMESSES DU SEIGNEUR.
LAncien Testament était le temps des promesses, le Nouveau est celui de laccomplissement. Ces promesses toutefois ne sont point pour lhomme qui reste dans le péché, simaginant que Dieu ise prend aucun soin de nos actions, lui qui a compté nos cheveux. Le garant de ces promesses, cest le Christ prophétisé dans notre psaume, comme Seigneur de David. Il est fils de David selon lEvangile et selon saint Paul ; et quand il passait sur le grand chemin, les aveugles, comprenant que ses actes comme fils de David sont transitoires, linvoquèrent sous ce nom et virent la lumière. Il est Seigneur de David comme Verbe de Dieu, et Verbe fait chair pour nous donner lespérance. Les Juifs pouvaient répondre que la Vierge doit mettre au monde Emmanuel, que cet Emmanuel est Seigneur de David, mais le fils de la vierge, fils de David. Ce Christ fils de David ayant été élevé en gloire, est devenu par là même Seigneur de David; et Dieu lui a donné un nom au-dessus de tout nom. Voilà ce quil nous faut croire sans le comprendre, autrement notre foi naurait pas de mérite. Le principal péché des Juifs est de navoir point cru en lui; de là vient que leurs péchés subsistent, puisque nulle faute ne peut être effacée que par la foi au Christ; et comme lobjet de la foi doit être invisible, voilà que le Fils de Dieu sest dérobé à nos regards par lascension, afin de former en nous la justice par la foi. Si nous ne voyons pas le Christ assis à la droite de son Père, nous voyons ses ennemis sous ses pieds, soit par le coup de sa justice, soit par le coup de sa miséricorde. En dépit des nations révoltées, le Seigneur les donnera à son Christ. Cest à partir de Sion que le Seigneur a commencé son règne par la prédication de lEvangile. Il règne au milieu de ses ennemis, Juifs, infidèles, hérétiques, à qui lon prêche la rémission des péchés, jusquà ce que toutes les nations soient entrées dans IEglise. Les disciples ont vu le Christ montant au ciel, nous le voyons régnant ssr tous les peuples. Quant à la forme de lesclave, limpie la vue, et il verra aussi celui quil a percé, mais non la forme divine. Alors nouas comprendrons que le principe est avec lui, Ou plutôt quil est en son Père, et sua Père en lui, quand les saints apparaîtront dans leur gloire pour la vie éternelle. Aujourdhui nous croyons au Christ que Dieu engendre dans le secret de sa gloire, et avant le temps. David pouvait dire aussi: je vous ai engendré du sein de la vierge, et pendant la nuit que bénirent les bergers. Le Christ ne peut être prêtre que selon lordre de Melchisédech, puisque le sacerdoce dAaron a cessé avec le temple et lholocauste. Le Seigneur à votre droite, et le prêtre à la droite de son Père; il doit briser sur la terre les têtes rebelles et orgueilleuses , car il est la pierre de Sion écrasant tout incrédule. Maintenant il juge, mais sans éclat; au dernier jour, il jugera ostensiblement; il ruine aujourdhui ce qui est du vieil homme, pour le réédifier dans la gloire; et lui qui a bu leau du torrent par une vie rapide, relèvera la tête dans sa splendeur.
DISCOURS SUR LE PSAUME CX.SERMON AU PEUPLE POUR LE JOUR DE PÂQUES.LES MERVEILLES DU SEIGNEUR.
LAlleluia de la terre est limage de lAlleluia du ciel ; et si les jours du Carême sont limage des misères de la vie, auxquelles viennent succéder les jours de joie, ainsi en sera-t-il de la joie éternelle, succédant aux douleurs de la vie présente. Tant que lon prêche les dix préceptes dans les quatre parties du monde, ce qui par la multiplication nous donne le nombre quarante, nous devons nous priver des plaisirs mondains, et si au nombre quarante on ajoute le dernier au nombre dix, nous obtenons cinquante, image de la récompense. La confession par laquelle commence notre Psaume est une confession de louange, et le Prophète la fait dans lassemblée des saints, alors que liniquité a disparu. Telle est la grande oeuvre du Seigneur, et nul ne va contre sa volonté, pas même limpie qui doit revenir à lui ou subir le châtiment ; cette grande maure est donc la justification de limpie ; oeuvre de véritable grâce, puisquelle ne vient point de nos mérites. Le Seigneur se réserve des temps pour ses prodiges et nous a dès ici-bas donné pour nourriture ce Verbe que nous posséderons éternellement. Il montrera aux saints la puissance de ses oeuvres ou la prédication de lEvangile; lui seul peut nous juger, et non les hommes qui ont jugé les martyrs; lui seul donne le rédempteur quil a promis. Ce testament éternel est bien le Nouveau, puisque lAncien nest plus. Loin de nous la Jérusalem terrestre avec ses promesses charnelles ; ne cherchons que la sagesse dont le commencement est la crainte de Dieu; celui-là a lintelligence, qui fait le bien, et sa récompense sera de siècle en siècle.
|