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PREMIER DISCOURS SUR LE PSAUME CI.

PREMIÈRE PARTIE DU PSAUME.

LES GÉMISSEMENTS DE L’ÉGLISE.

 

C’est un pauvre qui parle, et ce pauvre est Jésus-Christ, lequel a fait les richesses matérielles, les richesses de l’intelligence, les richesses de la vertu. S’il est pauvre, c’est qu’il s’est fait chair, et dès lors, revêtu de notre pauvreté; c’est donc nous qui parlons en lui dans notre psaume ; et dans le chef on doit reconnaître les membres. Que Dieu soutienne toujours ses membres, puisqu’il en est qui sont toujours dans l’angoisse. Mes jours se sont évanouis, parce que dans mon orgueil j’ai oublié de manger mon pain, ce pain du juste descendit du ciel. Mais par compassion les os, dans l’Eglise, s’attachent à la chair, ou les forts s’inclinent vers les faibles. La prédication de la vérité se fait parfois chez un peuple où le Christ est inconnu, c’est le pélican au désert; ou chez un peuple qui est retombé, c’est le hibou , dans les ténèbres et les masures; ou chez de vrais chrétiens, c’est le passereau sur le toit : ou bien encore le Christ serait le pélican qui rend, dit-on, la vie à ses petits qu’il arrose de son sang, et dans la solitude, parce que seul le Christ est né d’une vierge ; il serait le hibou par sa passion, qui eut lieu dans les ténèbres des Juifs, et le passereau sur le toit par sa résurrection. On reproche au Christ de manger avec les pécheurs, comme aux chrétiens d’encourager le vice par la promesse du pardon : comme si le désespoir n’était pas plus corrupteur encore, et comme si l’incertitude de la mort n’était pas un contre-poids. Dieu punit en effet l’homme pécheur, et non la créature qu’il n’a point faite à son image, qui ne craint rien, n’espère rien. Le Seigneur n’oublie rien, et de la poussière de Sion il fait sortir l’Eglise primitive. Hâtons-nous d’entrer dans la construction de Sion; quand elle sera achevée, il sera trop tard.

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DEUXIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CI.

DEUXIÈME PARTIE DU PSAUME.

LES CONSOLATIONS DE L’ÉGLISE.

Ceux qui ont les fers aux pieds, sont ceux que retient la crainte du Seigneur; or, le Seigneur écoute leurs gémissements; il délivre par sa grâce les fils des martyrs. Alors le nom du Seigneur fut annoncé en Sion ; l’homme comprit son avenir, tons les peuples bénirent le vrai Dieu ; la vie pure des hommes, la sainteté en Jérusalem a été le fruit de cette prédication. C’est par là que l’Eglise n répondu au Christ dans sa force, ou après la résurrection, et en rassemblant tes peuples dans l’unité. L’Eglise, nous dit l’hérésie, n’est plus celle de toutes les nations, cette Eglise a péri. Pourtant Jésus-Christ devait être avec elle jusqu’à la consommation des siècles; et si cette Eglise demande aujourd’hui de connaître ses jours peu nombreux, c’est que ces jours qui doivent se prolonger jusqu’à la fin des siècles, alors que l’Evangile sera prêché à tous les peuples, ne sont rien en comparaison de l’éternité, de ces années de Dieu, sans passé, sans avenir, qui ne s’écoulent point, car elles sont elles-mêmes Celui qui est. Ces années de Dieu passent de génération en génération, c’est-à-dire qu’elles sont le partage des saints de chaque génération, en Adam d’abord, puis chez les patriarches, puis chez les nations chrétien. nes, tandis que la terre doit finir ainsi que les cieux. Déjà ont péri par le déluge les cieux inférieurs; les cieux supérieurs ou les saints périront d’une manière corporelle, pour être revêtus d’immortalité, tandis que Dieu ne passera point. Ces cieux donc habiteront avec Dieu, et ces fils de ses serviteurs, sont nos bonnes oeuvres qui doivent nous préparer la véritable vie.

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DISCOURS SUR LE PSAUME CII.

SERMON POUR UNE FÊTE DES MARTYRS.

LES BIENFAITS DU SEIGNEUR.

 

En nous appelant à bénir le Seigneur, le Prophète s’adresse à ce qu’il y a d’intérieur en nous, ou à notre âme, qui a toujours quelqu’un qui l’écoute et qui doit chanter intérieurement, au souvenir de nos péchés pour les désavouer, au souvenir des bienfaits de Dieu, lequel stimulait dans les martyrs l’espérance de retrouver dans le ciel la vie qu’ils donnaient pour Dieu. Ils ne lui reportaient que ses dons, il est vrai, et ne pas oublier ses dons, c’est lui en rendre grâce; s’il nous demande un culte, c’est pour nous attirer à lui. De nous-mêmes nous n’avons que le péché; de lui nous vient le calice du salut, ou la douleur qu’il faut subir en invoquant son nom. N’oublions, donc jamais: — Qu’il nous remet nos fautes, mais en nous imposant des peines qui nous ramènent à lui; — Qu’il guérit nos langueurs, pourvu que nous soyons patients dans nos peines dont il nous guérira certainement, comme le malade se laisse opérer par le médecin qui n’est pas sûr de le guérir; — Qu’il nous délivrera ainsi de la corruption en nous donnant te christ par qui nous sommes incorruptibles. —— Qu’il nous couronnera dans sa miséricorde, car la lutte qui nous donnera la couronne viendra de la grâce; — Qu’il nous rassasiera de bonheur, en nous donnant Dieu lui-même, dont nous ne sentons point ici-bas l’ineffable douceur, parce que notre corps est appesanti; — Qu’il renouvellera ce corps quand l’aigle sent son bec trop allongé par les années, pour laisser passage à la nourriture, il l’use sur la pierre et reprend par la nourriture de nouvelles forces; ainsi Dieu usera notre corps sur la pierre qui est le Christ et le revêtira de. jeunesse en le rassasiant des trois pains de l’Evangile ou de Dieu en trois personnes; — Qu’il fait miséricorde à ceux qui sont miséricordieux, et quand on lui amène la femme adultère, il écrit la loi sur la terre, pour marquer les vertus chrétiennes, et nous apprendre à chercher si nous ne sommes point coupables. Pour le juste nous n’avons que la miséricorde corporelle; à l’injuste pourtant nous devons faire aussi miséricorde, non parce qu’il est injuste, mais parce qu’il est homme, comice au juste, parce qu’il est juste. La vengeance n’est permise que quand elle est une juste correction infligée à ceux qui nous sont soumis; s’agit-il des puissants, endurons persécution. Dieu a montré à Moïse qu’il donnait la loi, afin que l’homme vit le nombre de ses fautes, et eût recours à l’aveu et à la grâce. Toutefois Dieu est lent à punir, parce qu’il nous invite à la pénitence, et pourtant nous remettons cette pénitence indéfiniment; et Dieu ne nous traite point selon nos offenses; chaque jour il nous protège comme le ciel protége la terre. Il met nos péchés au couchant pour n’y plus revenir, et sa grâce à un orient sans occident, Il sait que nous sommes faibles, que nos jours sont courts, que tout passe vite ici-bas, qu’il récompensera non ceux qui connaissent la loi, mais ceux qui en font les oeuvres, non point, seulement à l’extérieur, mais aussi de coeur.

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PREMIER DISCOURS SUR LE PSAUME CIII (1).

PREMIÈRE PARTIE DU PSAUME.

LE MONDE INVISIBLE DANS LE MONDE VISIBLE.

Les oeuvres visibles du Seigneur ont un sens que nous devons chercher dons ce psaume. « Vous êtes infiniment grandi par moi ». Cette parole doit s’entendre comme cette autre: Que votre nom soit sanctifié; ce nom toujours saint est sanctifié quand les hommes deviennent assez droits pour que Dieu leur plaise. Alors le nom du Seigneur est grandi quand nous le connaissons assez pour comprendre cette grandeur, et cette connaissance nous grandit à notre tour. Dieu s’est revêtu de confession et de beauté, parce que l’Eglise, non pins que l’âme, ne peut s’approcher de Dieu, qu’en avouant une laideur qui vient à l’une du péché, à l’autre de l’idolâtrie. Toutefois le Christ; en mourant pour les impies, nous aimait malgré notre laideur; il s’abaissait pour nous, et n’avait ni éclat ni beauté, afin de nous en donner, Il a fait les cieux, comme on déploie une peau, et cette peau signifie la mortalité, car elle fut donnée aux premiers coupables, devenus mortels par le péché. C’est encore l’Evangile prêché par des hommes mortels et qui couvre la terre. La hauteur des cieux que Dieu couvre d’eau, c’est la sainte Ecriture, et au-delà cette charité qu’il répand dans nos coeurs, et qui est bien supérieure à tous les autres dons. Les nuées sont une échelle pour lui, c’est-à-dire que par les prédicateurs il conduit au ciel des Ecritures ceux qui écoutent avec docilité; malheur à ceux qui ne montent pas, et qui sont ou branches stériles, ou produisant des épines. Il est porté sur les ailes des vents ou des âmes qui sont un souffle de vie, et dont les ailes sont des vertus, La charité en Dieu ou la croix, a sa largeur dans les bonnes oeuvres, sa longueur dans la persévérance finale, sa hauteur dans l’espérance des biens de l’autre vie, sa profondeur dans les sacrements. Les esprits deviennent ses anges, quand ils portent ses messages : quelquefois il se sert du feu, comme il se sert de l’homme spirituel pour la prédication. L’Eglise est solidement fondée sur le Christ. Ecoutons la parole de Dieu de manière à porter pour fruit principal le pardon des offenses.

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DEUXIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CIII.

DEUXIÈME SERMON. — DEUXIÈME PARTIE DU PSAUME.

LE MONDE INVISIBLE DANS LE MONDE VISIBLE.

 

Dieu nous dérobe quelque peu ses enseignements, afin de nous stimuler à les chercher. Cette lumière dont il est revêtu, c’est l’Eglise ; l’eau qui couvre les hauteurs du ciel, c’est la charité; la terre fondée sur la solidité de Dieu, c’est l’Eglise fondée sur le Christ, inébranlable comme lui. C’est encore l’Eglise qui n pour vêtement l’abîme ou les eaux de la persécution qui couvrirent jusqu’aux plus hautes montagnes, c’est-à-dire Jusqu’aux Apôtres qui devenaient invisibles, mais demeuraient inébranlables. Mais la menace de Dieu a dissipé ces eaux de la persécution, et les empereurs sont devenus chrétiens. Dieu qui fait les montagnes et les vallées, a renversé l’orgueil des persécuteurs qui ne prévaudront plus. Alors les eaux de la doctrine couleront du milieu des montagnes, c’est-à-dire que les docteurs auront une doctrine commune, et n’enseigneront rien qui leur soit propre. Quiconque parle de lui-même aboutit au mensonge.

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TROISIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CIII.

TROISIÈME SERMON. — TROISIÈME PARTIE DU PSAUME.

LE MONDE INVISIBLE DANS LE MONDE VISIBLE.

 

Les bêtes des forêts, qui boivent l’eau des vallées, sont les nations qui entrent dans 1’Eglise pour être purifiées par les sacrements, ainsi que nous le montrent et l’arche de Noé qui renfermait des animaux purs et des animaux impurs, et le linceul de saint Pierre renfermant aussi des animaux impurs et tenant au ciel par les extrémités. Elles boiront les eaux qui passent ers cette vie, en attendant que le Verbe leur soit donné. L’onagre y vient comme le lièvre, c’est-à-dire les grands esprits comme les faibles, parce qu’il y a des préceptes à la portée de tous. Les oiseaux qui habitent sur les montagnes sont les âmes tout àfait spirituelles, qui se nourrissent de la doctrine des Prophètes et des Apôtres. Elles ne se divisent point non plus que les oiseaux dans le sacrifice d’Abraham, tandis que les animaux étaient divisés, c’est là le symbole du schisme et de l’hérésie, la fournaise du jugement met les uns à droite, les autres à gauche. Pour l’éviter, ressemblons aux oiseaux qui habitent les montagnes, les rochers, ou le Christ ; c’est de là qu’ils prêchent. Dieu donne la rosée de sa parole, ils la répandent en se proportionnant aux simples; delà cette terre arrosée de la grâce de Dieu. C’est lui encore qui produit le foin pour les animaux, et par là le salaire pour les ouvriers évangéliques, l’herbe pour la servitude de l’homme ou la substance pour ceux qui ne font serviteurs de tous par la charité et l’humilité, que ne connaissaient point d’abord ni Pierre ni les fils de Zébédée. Donnons la subsistance aux prédicateurs : le Seigneur eut une bourse pour recueillir et pour donner, se proportionnant à ceux qui devaient demander, comme il pâlit devant la mort pour se mettre au niveau de nos craintes. Dieu tire de la terre ou des ouvriers évangéliques, ta pain et le vin ou le Christ, et la grâce qui donne l’éclat des vertus. Les cèdres du Liban sont les grands du monde, et ils sont plantés par le Seigneur, quand ils deviennent chrétiens parfaits. Ces passereaux sont les lares ferventes qui abandonnent leurs biens si elles possèdent, leurs espérances et leurs désirs du l’être s’ils sont certaine Pierre et André. Ces âmes font leurs nids sur les cèdres, c’est-à-dire dans les monastères ou dans les Eglises que bâtissent les riches du monde. La foulque les guide, elle qui établit sur les rochers des mers, ou sur le Christ, un nid bas et solide. C’est encore au Christ que s’attachent les passereaux. Les cerfs des montagnes sont les plus élevés dans la spiritualité; mais il y a aussi le hérisson couvert d’épines ou de péchés légers, qui trouve son asile dans la pierre, qui devient ainsi avantageux pour tous. La lune est l’image de l’Eglise, qui semble croître et renaître comme les générations. Le soleil c’est le Christ qui se lève pour ceux qui comprennent la charité, mais non pour l’impie; il connaît son couchant, c’est-à-dire qu’il a bien voulu mourir. La nuit alors se ferma sur les Apôtres, et les lionceaux demandèrent leur proie, c’est-à-dire que le diable demanda de les cribler, comme il demanda de tourmenter Job. Mais il doit demander, car tout pouvoir vient de Dieu. Mais à mesure que le jour se fait, les lions s’étendent dans leurs tanières, ou cessent de persécuter l’Eglise; l’homme ou le chrétien fait son oeuvre, et la terre est remplie des créatures de Dieu par son Christ, ou d’hommes renouvelés par la grâce.

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QUATRIEME DISCOURS SUR LE PSAUME CIII.

QUATRIÈME SERMON. — QUATRIÈME PARTIE DU PSAUME.

LE MONDE INVISIBLE DANS LE MONDE VISIBLE.

 

Dieu a tout fait avec une sagesse que plusieurs créatures ne peuvent comprendre, que nous ne pouvons méconnaître sans crime et qui serait notre flambeau si nous la cherchions sincèrement ; cette sagesse est le Verbe de Dieu. Dans ces créatures qui remplissent la terre, arrêtons-nous à l’homme nouveau, qui renonce au passé pour s’occuper uniquement de l’avenir mais pour arriver à cet avenir, il faut passer la mer dont l’eau stérile et amère renferme des reptiles grands et petits ; et nous la passerons dans les vaisseaux ou les Eglises que dirige le Christ. Il y a toutefois dans cette mer le dragon qui a empoisonné le genre humain à sa source, et don-t nous devons observer la tête ou repousser les premières suggestions, ce que nous ne pouvons faire que par Jésus-Christ notre vraie lumière. Job en observant cette tête, lui ferma son coeur et ne pécha point en paroles : s’il désire un arbitre, c’est la médiation du Christ. Le pouvoir du dragon est grand, mais il est le jouet des anges qui nous protégent contre lui; il est tombé et ne peut rien que Dieu ne permette. Prenons alors Jésus-Christ pour chef. Dieu donne le pain à toute créature; notre pain c’est le Christ; celui du dragon, c’est nous, si nous sommes éloignés du Christ., si nous devenons terre par nos goûts terrestres. Mais cette nourriture, Dieu doit la donner aux animaux, et au démon qui ne peut toucher à personne, si Dieu ne l’autorise. Cette main que Dieu ouvre pour nous rassasier de ses dons, c’est le Christ ; qu’il se détourne et nous sommes dans le. trouble ; et il se détourne quand nous présumons de nous-mêmes. Il nous retire notre esprit ou nos pensées humaines, et nous envoie le sien qui fait de nous des créatures nouvelles. Alors il se complaît dans ses oeuvres et nous fait travailler avec crainte ; les coeurs les plus impies s’embrasent d’amour quand il les touche. Cette discussion dont il est parlé à la fin, c’est la discussion de notre conscience, et dès lors notre confession. Alors les pécheurs disparaîtront de la terre, c‘est-à-dire que les hommes cesseront d’être pécheurs.

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DISCOURS SUR LE PSAUME CIV.

LOUANGE A DIEU DANS SA BONTÉ.

 

Le titre indique le sujet du psaume, ou l’ordre prophétique intimé aux Evangélistes d’annoncer l’Evangile aux peuples de 1a terre. Le Prophète nous exhorte à louer Dieu par la parole et par les bonnes oeuvres, à nous tenir en sa présence, à te chercher toute notre vie, même après l’avoir trouvé, c’est-à-dire à nous attacher à lui par l’amour; en un mot, à le prendre pour notre héritage, à le servir pour lui-même ou par une charité parfaite. Voilà pour les chrétiens plus parfaits. Aux faibles il offre pour exemple la foi des patriarches et l’accomplissement des promesses qui leur étaient faites. Or, la foi fait de nous des enfants d’Abraham ; ce qui regarde le Nouveau Testament, ou héritage de la foi qui en est le précepte et le nerf. Le Prophète nous dit que ces promesses étaient pour mille générations, ce qui s’entend de la durée du monde, or, ces générations doivent avoir une fin; mais eu outre de la terre de Chanaan, il y a la terre du ciel qui est la récompense éternelle comme le Testament. Le Prophète nous raconte les bienfaits de Dieu envers ses élus qui vont de nation en nation, et en faveur desquels il châtie les rois de Gérare et d’Egypte ; il les appelle Christs, parce qu’ils étaient chrétiens par avance, et Prophètes parce qu’ils étaient des images du Christ. Il envoie Joseph en Egypte, pour y souffrir, et y enseigner la vraie sagesse. Il fit éclater en faveur de son peuple une protection qui stimula l’envie des Egyptiens, puis envoya Moïse et Aaron pour les délivrer par des prodiges tels que les ténèbres, les eaux changées en sang, les moucherons, la grêle qui brisa lea arbres, les sauterelles qui dévorèrent tout; tandis que les Hébreux s’enrichirent aux dépens de l’Egypte qui se réjouit de leur départ, quand elle vit les prodiges du Seigneur. Dieu les couvrit d’une nuée, leur envoya des viandes, fit jaillir l’eau du rocher, leur donna ainsi les biens du temps, afin qu’ils n’eussent d’autre soin que d’acquérir ceux de l’éternité. Cependant ce n’est point en vue de ces récompenses terrestres, mais bien par amour, que nous devons servir Dieu.

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DISCOURS SUR LE PSAUME CV.

LOUANGE A DIEU DANS SON PARDON.

 

Ce psaume est la suite du précédent, en sorte que le premier nous montrerait la bonté de Dieu dans notre vocation à la grâce et à la gloire ; celui-ci, sa bonté dans le pardon de nos fautes. Le Prophète commence par ces mots Confessez au Seigneur, etc., ce qui s’entend d’une confession des péchés, quoique cette confession, à cause de l’espérance du pardon, soit aussi une confession de louanges. Dieu fera donc miséricorde, mais en cette vie et non dans l’autre, puisque le mauvais riche n’obtint pas une goutte d’eau. Il se demande qui publiera tes louanges de Dieu, ou qui fera connaître l’action de Dieu donnant aux fidèles le pouvoir d’accomplir la loi. « Le jugement à garder, la justice à pratiquer », doivent s’entendre dans, le sens de l’orthodoxie de la foi, et des actions de justice, alors la justice deviendra jugement, ou les oeuvres seront conformes à la foi, ce qui nous montre que l’on doit garder la justice en tout temps. Ce salut dans lequel Dieu nous visite, c’est le Christ qui doit nous manifester la bonté de Dieu pour ses élus, et nous associer nous-mêmes à cet héritage. Le Prophète. confesse ensuite es prévarications des Juifs Nous avons péché comme nos pères, qui ne comprirent point que vos prodiges les appelaient à des biens éternels, et qui oublièrent vos bienfaits. Dieu ne les traita pas selon leur infidélité. Il les fit passer à travers la mer Rouge, figure de la rédemption par le baptême. Il engloutit les Egyptiens, et alors les Hébreux crurent en lui. Mais loin d’attendre un bonheur spirituel, ils voulurent un bonheur temporel, et Dieu leur donna ce qu’ils désiraient. Alors éclata le schisme de Dathan et d’Abiron, que Dieu brûla avec leurs sectateurs. Ils firent un veau d’or et oublièrent dans les châtiments des Egyptiens ce qu’ils avaient à craindre. Dieu voulait les exterminer quand Moïse apaisa sa colère, puis ils méprisèrent, dans la terre qu’il leur donnait, le symbole du ciel; ils s’initièrent à l’idolâtrie et Dieu ne fut apaisé que par le coup dont Phinéès frappa deux coupables. Cet acte d’amour pour le peuple devint louable. Nouveaux murmures qui amenèrent le doute et le châtiment de Moïse. Au lieu de détruire les nations de Chanaan ils se mêlèrent à elles, prirent leurs coutumes idolâtriques, firent des sacrifices humains, aigrissant ainsi le Seigneur, qui consentit encore à les sauver en vue de l’alliance éternelle jurée à Abraham. Il leur fit donc trouver grâce devant ceux qui les tenaient captifs. Or, c’est le diable qui nous tient en captivité. Jésus le chasse de nos coeurs afin que s’édifie le temple ou l’Eglise de Dieu, dont le Christ est la pierre angulaire, appelant dans un même bercail ceux de la Circoncision et ceux de la Gentilité. Les Juifs qui l’ont repoussé accepteront l’Antéchrist, mais les vrais fidèles seront sauvés par le Christ, notre Seigneur.

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DISCOURS SUR LE PSAUME CVI.

LES ÉTAPES DE L’ÂME CHRÉTIENNE.

 

Le titre du psaume Alleluia doit être toujours soit en notre bouche soit en notre coeur, et la confession qui en est le refrain doit avoir pour objet la divine miséricorde qui nous donne la vie durable des anges. Le peuple d’Israël ne doit point seul chanter ce cantique; il est le chant de tous ceux que Dieu a rachetés de la puissance de leurs ennemis, et qu’il a rassemblés de toutes les nations en les faisant passer par la mer Rouge du baptême, qui engloutit nos péchés. Quatre fois en effet nous y trouvons la recommandation de confesser la louange de Dieu , ce qui désigne les quatre étapes de l’âme se dirigeant vers le Seigneur, et dès lors les quatre épreuves. La première est celle de l’erreur et de la faim; l’homme ne sait où il doit aller, et il est affamé de vérité. La seconde est la difficulté de faire le bien, et Dieu nous en délivre en brisant les chaînes de nos passions. La troisième est celle de l’ennui ou du dégoût de la parole de Dieu. La quatrième est celle du gouvernement des âmes; épreuve des princes de l’Eglise, tandis que les autres Sont communes aux fidèles. — Ainsi, dans la première épreuve, les Hébreux, qui figuraient les chrétiens, furent affamés, errants dans le désert; ils invoquèrent le Seigneur qui les délivra, les mit sur le chemin droit. Mais sur ce chemin du bien l’âme éprouve la difficulté de le faire, car la connaissance du précepte multiplie le péché; qu’elle crie vers le Seigneur qui brisera ses fers. Vient alors le dégoût dont le Seigneur guérit son peuple en lui envoyant son Verbe, et ils publièrent ses oeuvres dans une sainte joie. La quatrième est un danger pour ceux qui sont dans la barque, trafiquant sur les grandes eaux, et pour ceux qui la conduisent. Tous  doivent en appeler au Seigneur. Mais la tempête durera jusqu’à la fin des siècles. Combats au dehors, craintes an dedans, voilà le chrétien. Le Seigneur seul peut commander à l’orage; et dès lors ne mettons point notre confiance eu nous-mêmes. Le peuple Juif fut arrogant et Dieu lui retira la prophétie , le sacerdoce , etc. Ainsi en est-il des hérétiques se séparant de l’unité ; leurs princes sont frappés d’anathème, tandis que leurs questions insidieuses servent à manifester la vérité. Le vrai sage comprendra tout cela, mettra sa confiance dans le Seigneur et non dans ses propres mérites.

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DISCOURS SUR LE PSAUME CVII.

POURQUOI CE PSAUME N’EST POINT EXPLIQUÉ ICI.

 

Ce psaume a été expliqué dans les psaumes cinquante-sixième et cinquante-neuvième, qui lui fournissent chacun sa dernière partie. Les titres sont bien différents, et tous deux néanmoins célèbrent David, ou plutôt le Christ dans son humilité, qui est la base de sa vaillance.

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DISCOURS SUR LE PSAUME CVIII.

LE CHRIST ET JUDAS.

 

Prêcher le Christ tel qu’il est, c’est publier sa louange; or, on ne le regardait point comme Fils de Dieu quand la langue des méchants parla contre lui et lui rendit la calomnie au lieu de l’amour. A ce sujet distinguons six degrés différents. D’abord rendre le bien pour le mal, puis s’abstenir de rendre le mal pour le mal , c’est l’apanage des bons, et le Sauveur prie pour ses bourreaux ainsi que saint Etienne; et l’Evangile nous défend de rendre le mal pour le niai. Ensuite ne pas rendre le bien pour le bien comme les neuf lépreux qui ne remercient point le Sauveur, puis rendre le mal pour le bien comme il est dit dans notre psaume. Enfin rendre le bien pour le bien ne suffit point selon l’Evangile ; et rendre le mal pour le mal , ce peut être une justice qui était dans les permissions de la loi, mais qui pouvait engendrer te désir de la vengeance. Donc le Christ a reçu la calomnie en échange de ses bienfaits, et il priait pour ses calomniateurs, comme pour ses disciples, nous donnant l’exemple du pardon. Il était descendu pour les Juifs qui ont opposé la haine à son amour. Le Prophète, en forme de souhaits, prononce ici la sentence des coupables. — 1. Le diable est à la droite de Judas, qui en a fait le choix. — 2. Il sera condamné parce qu’il ne prie pas avec le Christ, et ne se repent point. — 3. Son épiscopat passa à un autre. — 4. Ses enfants orphelins, sa femme veuve, tous bannis et mendiants. — 5. L’iniquité de ses pères qu’il a imités retombe sur lui. Ces maux furent un châtiment pour Judas, même après sa mort, si les morts voient les choses de cette vie.

On peut appliquer ces châtiments au peuple Juif qui a repoussé le Christ pour être assujetti à Satan, peuple dont le royaume a perduré, dont l’épiscopat ou le Christ a passé aux nations, dont le royaume perdu devient comme un veuvage , dont les enfants sont bannis, dont les fautes ne sont point remises, dont les travaux sont dissipés parce qu’il ne travaille point pour le Christ, qui périt dans nue seule génération parce qu’il ne connaît point la régénération, dont la mémoire disparaît de là terre du Seigneur, qui oublie la miséricorde eu persécutant les membres du Christ, qui a choisi la malédiction en appelant sur lui et sur ses enfants le sang du Christ, et cette malédiction l’environne de toutes parts.

Le Prophète alors ou le Christ eu appelle à son Père pour les oeuvres de sa puissance, et alors lui tout à l’heure troublé, mis à mort, persécuté dans ses membres, insulté dans sa mort, se raffermit sous la main de Dieu qui le bénit, et chante sa résurrection dans cette Eglise qui bénit Dieu parmi les peuples.

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DISCOURS SUR LE PSAUME CIX.

SERMON AU PEUPLE.

LES PROMESSES DU SEIGNEUR.

 

L’Ancien Testament était le temps des promesses, le Nouveau est celui de l’accomplissement. Ces promesses toutefois ne sont point pour l’homme qui reste dans le péché, s’imaginant que Dieu ise prend aucun soin de nos actions, lui qui a compté nos cheveux. Le garant de ces promesses, c’est le Christ prophétisé dans notre psaume, comme Seigneur de David. Il est fils de David selon l’Evangile et selon saint Paul ; et quand il passait sur le grand chemin, les aveugles, comprenant que ses actes comme fils de David sont transitoires, l’invoquèrent sous ce nom et virent la lumière. Il est Seigneur de David comme Verbe de Dieu, et Verbe fait chair pour nous donner l’espérance. Les Juifs pouvaient répondre que la Vierge doit mettre au monde Emmanuel, que cet Emmanuel est Seigneur de David, mais le fils de la vierge, fils de David. Ce Christ fils de David ayant été élevé en gloire, est devenu par là même Seigneur de David; et Dieu lui a donné un nom au-dessus de tout nom. Voilà ce qu’il nous faut croire sans le comprendre, autrement notre foi n’aurait pas de mérite. Le principal péché des Juifs est de n’avoir point cru en lui; de là vient que leurs péchés subsistent, puisque nulle faute ne peut être effacée que par la foi au Christ; et comme l’objet de la foi doit être invisible, voilà que le Fils de Dieu s’est dérobé à nos regards par l’ascension, afin de former en nous la justice par la foi. Si nous ne voyons pas le Christ assis à la droite de son Père, nous voyons ses ennemis sous ses pieds, soit par le coup de sa justice, soit par le coup de sa miséricorde. En dépit des nations révoltées, le Seigneur les donnera à son Christ. C’est à partir de Sion que le Seigneur a commencé son règne par la prédication de l’Evangile. Il règne au milieu de ses ennemis, Juifs, infidèles, hérétiques, à qui l’on prêche la rémission des péchés, jusqu’à ce que toutes les nations soient entrées dans I’Eglise. Les disciples ont vu le Christ montant au ciel, nous le voyons régnant ssr tous les peuples. Quant à la forme de l’esclave, l’impie l’a vue, et il verra aussi celui qu’il a percé, mais non la forme divine. Alors nouas comprendrons que le principe est avec lui, Ou plutôt qu’il est en son Père, et sua Père en lui, quand les saints apparaîtront dans leur gloire pour la vie éternelle. Aujourd’hui nous croyons au Christ que Dieu engendre dans le secret de sa gloire, et avant le temps. David pouvait dire aussi: je vous ai engendré du sein de la vierge, et pendant la nuit que bénirent les bergers. Le Christ ne peut être prêtre que selon l’ordre de Melchisédech, puisque le sacerdoce d’Aaron a cessé avec le temple et l’holocauste. Le Seigneur à votre droite, et le prêtre à la droite de son Père; il doit briser sur la terre les têtes rebelles et orgueilleuses , car il est la pierre de Sion écrasant tout incrédule. Maintenant il juge, mais sans éclat; au dernier jour, il jugera ostensiblement; il ruine aujourd’hui ce qui est du vieil homme, pour le réédifier dans la gloire; et lui qui a bu l’eau du torrent par une vie rapide, relèvera la tête dans sa splendeur.

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DISCOURS SUR LE PSAUME CX.

SERMON AU PEUPLE POUR LE JOUR DE PÂQUES.

LES MERVEILLES DU SEIGNEUR.

 

L’Alleluia de la terre est l’image de l’Alleluia du ciel ; et si les jours du Carême sont l’image des misères de la vie, auxquelles viennent succéder les jours de joie, ainsi en sera-t-il de la joie éternelle, succédant aux douleurs de la vie présente. Tant que l’on prêche les dix préceptes dans les quatre parties du monde, ce qui par la multiplication nous donne le nombre quarante, nous devons nous priver des plaisirs mondains, et si au nombre quarante on ajoute le dernier au nombre dix, nous obtenons cinquante, image de la récompense. — La confession par laquelle commence notre Psaume est une confession de louange, et le Prophète la fait dans l’assemblée des saints, alors que l’iniquité a disparu. Telle est la grande oeuvre du Seigneur, et nul ne va contre sa volonté, pas même l’impie qui doit revenir à lui ou subir le châtiment ; cette grande maure est donc la justification de l’impie ; oeuvre de véritable grâce, puisqu’elle ne vient point de nos mérites. Le Seigneur se réserve des temps pour ses prodiges et nous a dès ici-bas donné pour nourriture ce Verbe que nous posséderons éternellement. Il montrera aux saints la puissance de ses oeuvres ou la prédication de l’Evangile; lui seul peut nous juger, et non les hommes qui ont jugé les martyrs; lui seul donne le rédempteur qu’il a promis. Ce testament éternel est bien le Nouveau, puisque l’Ancien n’est plus. Loin de nous la Jérusalem terrestre avec ses promesses charnelles ; ne cherchons que la sagesse dont le commencement est la crainte de Dieu; celui-là a l’intelligence, qui fait le bien, et sa récompense sera de siècle en siècle.

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