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DISCOURS SUR LE PSAUME XIIILES BLASPHÈMES
POUR LA FIN, PSAUME POUR DAVID (Ps. XIII, 1 )
2. « Linsensé a dit dans son coeur : Dieu (181) nest pas n. Certains philosophes, que leur impiété et leurs sentiments faux et pervers sur la divinité signalent à lexécration, nont pas même osé dire : Dieu nest pas. Cette parole se « dit donc dans le cur », car celui-là même qui en a la pensée, noserait la prononcer. « Ils sont devenus pervers et abominables, par leurs affections », cest-à-dire, parce quils ont donné au monde leur amour, et non à Dieu ; ce sont les affections qui causent dans lâme une corruption et un aveuglement tels que linsensé puisse dire en son coeur: « Dieu nest pas ». Comme ils nont pas fait usage de la connaissance de Dieu, voilà que le Seigneur les a livrés au sens réprouvé (Rom. I, 28 )». « Il ny en a pas un qui fasse le bien, non, pas jusquà un (Ps. XIII, 1 ) ». Cette expression, « jusquà un », peut signifier ou avec celui-là seul, de manière à exclure tout homme, ou à lexception de celui-là seul, pour désigner Notre-Seigneur Jésus-Christ. Cest ainsi que nous disons dun champ quil va jusquà la mer, sans y comprendre la mer elle-même. Il est mieux dentendre que nul na fait le bien jusquà Jésus-Christ, car nul homme, sil nest instruit par Jésus-Christ même, ne peut faire le bien, puisque ce bien lui est impossible sans la connaissance de Dieu. 3. «Le Seigneur, du haut du ciel, a jeté les yeux sur les enfants des hommes, afin de voir sil en est pour comprendre et rechercher Dieu (Id. 2 ) ». Ceci peut sentendre des Juifs, que le Prophète appelle enfants des hommes, parce quils nadoraient quun seul Dieu, ce qui les rendait supérieurs aux Gentils, dont le Prophète me paraît avoir dit : « Linsensé a dit dans son coeur : Dieu nest pas », et le reste. Le regard du Seigneur seffectue par le moyen de ces âmes saintes, et qui sont marquées par cette expression de « ciel » ; puisque pour lui, rien ne lui échappe. 4. « Tous se sont égarés, et sont devenus inutiles (Id. 3 ) », cest-à-dire que les Juifs sont devenus comme les Gentils dont il est parlé plus haut. « Il nen est aucun pour faire le bien, il ny en a pas jusquà un ». Il faut donner à ces expressions le sens exposé plus haut. « Leur gosier est un sépulcre ouvert (Ibid. )». On peut voir ici les excès de lintempérance, ou, dans un sens allégorique, les pécheurs scandaleux qui tuent et qui dévorent en quelque sorte ce quils entraînent dans leurs dérèglements. Cest ainsi, mais dans un sens opposé, quil fut dit à Pierre; « Tue et mange», afin quil amenât les Gentils à sa croyance et aux saintes moeurs. « Leurs langues distillent le mensonge ». La flatterie accompagne toujours lintempérance et les autres vices. « Leurs lèvres recèlent un poison daspic (Ps. XIII, 3 ) ». Le venin désigne la fraude, et laspic tous ceux qui demeurent sourds aux préceptes de la loi, comme laspic à la voix de lenchanteur (Id. LVII, 5 ), ainsi quil est dit dans un autre psaume; « Leur bouche est pleine de malédiction et damertume ». Cest le venin de laspic. « Leurs pieds se hâtent pour répandre le sang (Id. XIII, 3 )»; ce qui désigne lhabitude invétérée du mal. « La meurtrissure et linfortune sont dans leurs voies ». Car toute voie du méchant est laborieuse et misérable. Aussi le Seigneur a-t-il dit : « Venez à moi, vous tous qui gémissez sous le poids du travail et de la douleur, et je vous soulagerai. Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur; car mon joug est doux, et mon fardeau léger (Matt. XI, 28 ) ». « Ils nont point connu la voie de la paix », de cette paix que désigne le Seigneur, par la douceur de son joug et la légèreté de son fardeau. « La crainte du Seigneur nest pas devant leurs yeux » ; sans dire que Dieu nest pas, ils nen craignent pas davantage le Seigneur. 5. « Ne comprendront-ils pas enfin, tous ces ouvriers diniquité?»Dieu les menace du jugement, « Ils dévorent mon peuple, comme on dévore un morceau de pain (Ps. XIII, 4 ) », cest-à-dire chaque jour; car le pain est la nourriture quotidienne. Ces dignitaires dévorent le peuple, qui en tirent leurs avantages, sans faire tourner leur ministère .à la gloire de Dieu, et au salut de leurs subordonnés. 6. « Ils nont point invoqué le Seigneur ». Car cest ne point linvoquer, que désirer te qui lui déplaît. « ils ont tremblé, où nétait pas la crainte (Id. 5 ) » ,cest-à-dire devant un dommage temporel. Car ils ont dit: « Si nous le laissons ainsi, chacun croira en lui, et les Romains viendront, et nous extermineront, nous et notre ville (Jean, XI, 48 )». Ils ont craint ce qui nétait point à craindre, la perte dun royaume terrestre, et voilà quils ont perdu le royaume des cieux, ce quils auraient dû redouter Ainsi en est-il de tous les avantages temporels; plus les hommes en redoutent la perte, et moins ils arrivent aux biens éternels. 7. « Le Seigneur habite avec la génération des justes (Ps. XIII, 6 ) », cest-à-dire quil nest point avec ceux qui aiment le monde. Car il y a injustice à négliger le Créateur du monde pour sattacher au monde, à servir la créature plutôt que le Créateur (Rom. I, 25 ). « Vous avez méprisé le dessein du pauvre, qui met son espoir dans le Seigneur (Ps. XIII, 6 ) », cest-à-dire, vous avez méprisé lhumble avènement du Christ, parce quil nétalait pas à vos yeux le faste du siècle; forçant ainsi ceux quil appelait à mettre leur espoir en Dieu, et non pas en des biens passagers. 8. « Qui fera sortir de Sion le salut dIsraël (Id. 7 ) ? » Sous-entendez, sinon celui-là même dont vous avez méprisé lhumilité! Car il viendra dans léclat de sa gloire pour juger les vivants et les morts, et mettre les justes en possession de son royaume; en sorte que si lhumilité de ce premier avènement a frappé daveuglement une partie dIsraël, pour donner lieu aux Gentils dentrer complètement dans lEglise; dans le second, tout Israël sera sauvé, selon la prédiction de saint Paul. Car cest encore en faveur des Juifs que lApôtre invoque ce témoignage dIsaïe : « De Sion viendra celui qui détournera de limpiété les enfants de Jacob (Isa. LIX, 20 )». Cest dans le même sens quil est dit ici : « Qui fera sortir dIsraël lauteur du salut ? Quand le Seigneur aura brisé les chaînes de la captivité de son peuple, Jacob sera dans la joie et Israël dans lallégresse (Ps. XIII, 7 )». Cest une répétition, comme beaucoup dautres ; car je pense que la joie de Jacob est identique à lallégresse dIsraël.
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