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DISCOURS SUR LE PSAUME XIV.LE VRAI JUSTE.
PSAUME POUR DAVID (Ps XIV, 1).
1. Le titre ne soulève aucune difficulté. « Seigneur, quel voyageur trouvera un abri sous votre tente (Ibid. ) ?» Quelquefois la tente ou tabernacle, se dit de la demeure éternelle; mais dans son acception propre, cest un logement de guerre; de là vient que les soldats se nomment contubernales, compagnons de la tente, comme si leurs tentes étaient contiguës. Une raison de plus de lentendre ainsi, cest quil est dit: « Quel voyageur trouvera un abri?» Sur la terre en effet nous sommes en guerre avec le démon, et nous avons besoin dune tente pour nous reposer. Cette tente désigne surtout notre foi à léconomie temporelle de lIncarnation qui sest accomplie en cette vie par notre Seigneur et pour notre salut. « Qui se reposera sur votre montagne sainte (Ps. XIV, 1 )?» Peut-être nous marque-t-il ici déjà la demeure éternelle, et par cette montagne faut-il entendre la charité suréminente du Christ dans la vie éternelle. 2. « Celui qui marche dans linnocence, et dont la vie est pure (Id. 2 ) ». Cest là une proposition quil va détailler. 3. « Qui dit la vérité quil a dans son coeur (Id. 3 ) ». Quelques-uns, en effet, ont sur les lèvres une vérité qui nest pas dans leur coeur. Ainsi, quun homme nous montre un chemin, quil sait être infesté par les voleurs, et nous dise: Dans cette voie, vous navez aucun voleur à craindre. Si en réalité nous ne rencontrons aucun voleur, il a dit une vérité qui (183) nétait pas en son coeur. Il pensait le contraire et a dit la vérité à son insu. Cest donc peu que la vérité soit dans notre bouche, si elle nest aussi dans notre coeur. « Dont la langue na point menti ». La langue est menteuse, quand il y a désaccord entre la parole extérieure et la pensée qui se cache dans notre coeur. « Qui na fait aucun mal à son prochain ». Ce mot de prochain, on le sait, doit sétendre à tous les hommes. « Qui nadopte point linjure que lon fait à ses frères (Ps. XIV, 3 ) », cest-à-dire, qui ne croit ni volontiers, ni témérairement aux paroles accusatrices. 4. « Celui dont la présence anéantit le méchant (Id. 4 ) ». La perfection pour lhomme cest que le méchant nait aucune prise sur lui, et quil ne soit rien à ses yeux, cest-à-dire que cet homme sache bien quil ny a point de méchant, à moins que lâme ne se détourne de léternelle et immuable beauté du Créateur, pour sattacher à cette beauté dune créature tirée du néant. « Mais il honore ceux qui craignent le Seigneur», comme le Seigneur le fait lui-même; car la sagesse commence par la crainte du Seigneur (Eccli. I, 16 ) ». Ce qui précède regarde les parfaits, et maintenant ce qui va suivre est pour ceux qui commencent. 5. « Celui qui sengage par serment envers le prochain, mais sans le tromper; qui ne donne point son argent à usure, et ne reçoit e point de présents contre linnocent (Ps. XIV, 4, 5 ) ». Ce ne sont point là de grandes vertus; mais celui qui ne peut les pratiquer pourra bien moins encore parler selon la vérité quil connaît en son coeur, sans employer sa langue à la fourberie, disant toujours au dehors ce quil croit être vrai, ayant dans la bouche : Oui, oui; non, non (Matt. V, 37 ). Il pourra moins encore ne pas nuire à son prochain, cest-à-dire à qui que ce soit, ne point écouter linjure contre ses frères: ces oeuvres sont de lhomme parfait, dont la présence anéantit les pervers. Bien que ces vertus soient moins élevées, le Prophète ne laisse pas de conclure ainsi : « Quiconque fait ces oeuvres, ne doit point déchoir dans léternité » ; cest-à-dire quil arrivera aux oeuvres plus parfaites, qui nous valent cette grande et inébranlable stabilité. Car ce nest probablement pas sans raison que le Prophète a passé dun temps à un autre, que la première conclusion est au passé, tandis que celle-ci est au futur. Dans la première, il disait : « Le méchant sest anéanti en sa présence »; et ici : « il demeurera ferme éternellement ».
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