PSAUME LXIV
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DISCOURS SUR LE PSAUME LXIV

SERMON AU PEUPLE.

LA DÉLIVRANCE.

 

 

Ezéchiel et Jérémie chantent le retour de Babylone à Jérusalem, d’où le crime du Calvaire a de nouveau banni les Juifs. Babylone ou confusion est la ville de Caïn, Jérusalem ou vision de la paie est la ville d’Abel. Ces deux cités mélangées ici-bas seront séparées par Dieu au jugement, Jérusalem à sa droite, Babylone à sa gauche. Nous sommes de Babylone par l’amour du monde, et de Jérusalem par l’amour de Dieu. — Ce Psaume est pour ceux qui commencent à sortir de Babylone, ou à aimer Dieu, à chanter Jérusalem, à l’habiter par le coeur. Ici-bas, quand nous soupirons après Jérusalem, la chair résiste, mais la mort sera détruite et la charité fera de nous un holocauste. Toute chair ou tons les hommes viendront au Seigneur; on leur a prêché l’idolâtrie, mais Dieu leur remettra leurs fautes par l’expiation du Calvaire, dont l’effet est figuré par l’entrée du grand prêtre seul dans le Saint des Saints, figure demeurée incomprise pour les Juifs incrédules. Bienheureux au contraire les hommes unis à Dieu par l’incarnation. Dieu leur donnera dans sa maison le spectacle de la justice. C’est le Christ qui doit nous exaucer, lui l’espoir de la terre et non d’une partie, l’espoir de la mer on du monde, où il nous prend dans ses filets. Soyons les bons poissons. Dieu prépare les montagnes on les apôtres, trouble le fond des mers, ou les coeurs impies, les amène au bien. Le monde révolté est vaincu. Dieu visite la terre, l’arrose, laisse croître l’ivraie jusqu’à la moisson, féconde le désert, multiplie le bercail. L’hymne de joie.

 

 

1. Le titre du psaume nous fait connaître ici la voix d’une sainte prophétie. Voici cette inscription : « Pour la fin, psaume de David, cantique de Jérémie et d’Ezéchiel au nom du peuple de la captivité, au moment du retour 1». Tous ne savent point ce qui se passa chez nos pères au temps de la captivité de Babylone, mais ceux-là seulement qui ont écouté ou lu avec soin les saintes Ecritures, Le peuple d’Israël fut donc captif, emmené de Jérusalem, et réduit en servitude à Babylone 2. Mais le saint prophète Jérémie annonça que ce peuple reviendrait de cette captivité, après soixante et dix années, qu’il rebâtirait cette même cité de Jérusalem, dont il avait pleuré la dévastation par ses ennemis 3. Or, en ce même temps il y avait, parmi ce peuple captif à Babylone, des Prophètes, et entre autres le prophète Ezéchiel. Ce peuple donc attendait que fussent accomplies les soixante-dix années, selon la prophétie de Jérémie. Il arriva, qu’après ces soixante-dix années, le temple se releva de ses ruines, et une grande partie de ce peuple revint de la captivité. Mais comme l’Apôtre a dit : « Toutes ces choses qui leur  arrivaient étaient des figures; elles ont été écrites pour nous instruire, nous qui vivons à la fin des temps 4», nous devons connaître

 

1. Ps. LXIV, 1. — 2. IV Rois, XXIV, 25. — 3. Jérém. XXIX, 11, et XXIX, 10. — 4. I Cor. X, 11.

 

d’abord ce qui est pour nous la captivité, ensuite la délivrance; nous devons connaître Babylone, dans laquelle nous sommes captifs, et Jérusalem, où nous aspirons à retourner. Ces deux cités sont réellement et littéralement deux cités. Cette Jérusalem, à la vérité, n’est plus habitée par les Juifs. Après la mort du Sauveur Sur la croix, ce crime fut vengé par de grands fléaux ; arrachés de ce lieu, où leur fureur insolente, leur délire impie avait éclaté contre leur médecin, ils furent dispersés parmi les nations, et leur terre échut aux chrétiens: alors s’accomplit ce que leur avait dit le Seigneur : « C’est pourquoi le royaume de Dieu vous sera enlevé, et donné à un peuple pratiquant la justice 1 ». En voyant des foules si nombreuses à la suite du Seigneur qui prêchait le royaume des cieux, et qui faisait des miracles, les princes de cette cité s’écrièrent : « Si nous le laissons ainsi, chacun le suivra, et les Romains viendront et nous extermineront nous et notre ville 2 ». Afin de ne point perdre la ville, ils mirent à mort le Seigneur, et ils la perdirent précisément à cause de cette mort. Donc cette cité de la terre était la figure d’une cité éternelle dans le ciel : mais dès que fut prêchée au grand jour la cité ainsi figurée, celle qui en était l’ombre fut rejetée: aussi n’y voit-on plus aujourd’hui

 

1. Matth. XXI, 43.  — 2.  Jean, XI, 48.

 

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ce temple qui avait été construit pour symboliser dans l’avenir le corps du Seigneur. Nous avons la lumière, la figure a passé: et toutefois nous sommes encore dans une certaine captivité: « Tant que nous sommes sous notre chair», dit l’Apôtre, « nous sommes éloignés du Seigneur 1 ».

2. Voyez aussi les noms de ces deux cités, Babylone et Jérusalem. Babylone signifie confusion, et Jérusalem, vision de la paix. Fixez votre attention sur la cité de confusion, pour comprendre la cité de la paix; supportez l’une et soupirez après l’autre. A quoi pouvons-nous distinguer ces deux cités? Pouvons-nous les séparer l’une de l’autre? Elles sont mélangées, et mélangées dès l’origine même du genre humain; elles doivent arriver ainsi jusqu’à la fin des siècles. Jérusalem a commencé par Abel, Babylone par Caïn; car les murailles de ces villes ne se sont élevées que plus tard. Cette Jérusalem était dans la terre des Jébuséens; car elle s’appelait d’abord Jébus 2, et la race des Jébuséens en fut chassée, quand le peuple de Dieu, délivré de 1’Egypte, fut introduit sur la terre promise. Babylone fut bâtie au milieu des régions de la Perse, et leva longtemps sur les autres nations sa tête orgueilleuse. Ces deux villes ont donc été bâties à des époques fixes, afin d’être la figure de ces autres cités commencées jadis, et qui doivent durer jusqu’à la fin des siècles, mais se séparer à la fin. Comment alors pouvons-nous les montrer, aujourd’hui qu’elles sont mélangées ? Dieu saura les discerner quand il mettra les uns à sa droite, les autres à sa gauche. Jérusalem occupera la droite et Babylone la gauche. Jérusalem entendra ces paroles : « Venez, bénis de mon Père, recevez le royaume qui vous a été préparé dès l’origine du monde». Babylone s’entendra dire : « Allez au feu éternel préparé au diable et à ses anges 3 ». Toutefois, avec la lumière de Dieu, nous pouvons donner des marques pour distinguer les pieux fidèles, même dès aujourd’hui, et les citoyens de Jérusalem des citoyens de Babylone. Ces deux cités subsistent par deux amours : Jérusalem par l’amour de Dieu, Babylone par l’amour du monde. Que chacun interroge son coeur, et il saura de quelle ville il est citoyen; et s’il reconnaît qu’il est de Babylone, qu’il

 

1. II Cor. V, 6.— 2. II Rois, V, 6 et Josué, XVIII, 28.— 4. Matth, XXV, 34, 41.

 

extirpe de son coeur les convoitises pour y planter la charité; s’il se reconnaît au contraire habitant de Jérusalem, qu’il endure la captivité et soupire après sa délivrance, Plusieurs, en effet, qui avaient pour mère la sainte Jérusalem, étaient retenus par leurs convoitises dans la corruption de Babylone, et leurs désirs corrompus en avaient fait des citoyens de cette ville: beaucoup en sont là aujourd’hui encore, et beaucoup après nous continueront à en être là sur cette terre; mais le Seigneur, qui a fondé Jérusalem, connaît ceux qu’il a prédestinés pour enêtre les habitants, bien qu’il les voie encore sous le joug du démon, attendant qu’il les rachète par le sang du Christ : il les connaît avant qu’ils se connaissent eux-mêmes. Telle est donc l’allégorie sous laquelle ce psaume est chanté. Aussi a-t-il dans son titre le nom de deux prophètes qui existaient aux jours de la captivité, de Jérémie et d’Ezéchiel qui chantaient, « lorsqu’ils commençaient à sortir ». Commencer à sortir, c’est commencer à aimer. Il en est beaucoup en effet qui sortent secrètement, et les affections du coeur sont les pieds de ceux qui sortent; et ils sortent de Babylone. Qu’est-ce àdire, de Babylone ? De la confusion. Comment sortir de Babylone ou de la confusion? Ceux qui étaient d’abord mélangés par de semblables désirs commencent à se distinguer par la charité; une fois séparés, ils ne sont plus dans la confusion. Et s’ils sont encore mélangés d’une manière corporelle, du moins ils sont séparés par leurs saintes aspirations. Ecoutons donc maintenant, mes frères, écoutons; et que nos désirs soient bien ceux de notre cité. Et quelle est donc la joie que nous chante le Prophète ? Comment raviveren nous tet amour de notre cité qu’un trop long éloignement nous a fait oublier? Mais c’est de là que notre Père nous a envoyé ses lettres, que Dieu nous a fait parvenir ses saintes Ecritures, lettres qui nous ont inspiré le désir du retour; car, aimer notre éloignement, c’était passer à l’ennemi, et tourner le dos àla patrie. Quel est donc l’objet de ces chants?

3. «C’est en Sion, ô Dieu, qu’il convient de chanter votre gloire 1 ». Sion est notre patrie; car Sion n’est autre que Jérusalem ; et vous devez connaître le sens d’un tel nom. De même que Jérusalem signifie vision de la paix, de même Sion signifie regard, ou vision

 

1. Ps. LXIV, 2.

 

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et contemplation. Je ne sais quel spectacle si grand nous est promis; et ce spectacle, c’est Dieu lui-même fondateur de la cité. Belle et splendide cité, dont le fondateur est plus splendide encore : « Il convient de chanter votre gloire, ô Dieu », dit le Prophète. Mais où? « En Sion », et non point à Babylone. Quiconque s’est mis en devoir d’en sortir, chante alors Jérusalem dans son coeur, d’après cette parole de l’Apôtre « Notre conversation est dans le ciel 1 » . « Quoique nous vivions  dans la chair », dit-il encore, « nous ne combattons pas selon la chair  2 ». Déjà nous sommes en Jérusalem par le désir, déjà nous avons jeté dans cette terre notré espérance comme une ancre, afin de ne point faire naufrage sur cette mer. De même, alors que nous disons avec raison qu’un navire est à terre dès qu’il est à l’ancre, il flotte à la vérité, mais il est en quelque sorte amené à terre, pour résister aux vents et aux tempêtes; ainsi contre les tentations de notre pèlerinage ici-bas, nous avons notre espérance fixée dans la cité de Jérusalem, et qui nous empêche d’être jetés contre les écueils. Celui-là donc chante en Sion, qui chante selon cette espérance ; qu’il dise alors : « C’est en Sion, ô Dieu,qu’il convient de chanter votre gloire»: oui, en Sion, non point à Babylone. Mais peut-être maintenant encore êtes-vous à Babylone. J’y suis, nous répond cet homme Plein d’amour, ce citoyen ; j’y suis, mais de corps seulement, et non de coeur. Ayant ainsi fait ces deux affirmations que j’y suis de corps et non de coeur: je ne chante point Babylone, car c’est mon coeur qui chante, et non point mon corps. Les citoyens de Babylone entendent, je le sais, ma voix corporelle ; mais le fondateur de Jérusalem entend les chants de mon coeur. De là vient que l’Apôtre exhortait les habitants à chanter des cantiques d’amour pleins de l’espérance de retourner à cette splendide cité, vision de la paix: «Chantez», leur disait-il, « chantez du fond de vos coeurs  à la gloire de Dieu ». Qu’est-ce à dire : « Chantez dans vos coeurs?» Ne chantez point de cette Babylone où vous êtes ; mais chantez de cette patrie d’en haut que vous habitez par l’espérance. Donc, « c’est en Sion qu’il convient, ô Dieu, de chanter votre gloire ». C’est l’hymne de Sion, et non l’hymne de Babylone, qui vous est agréable. Ceux qui

 

1. Philip. III, 20. — 2. II Cor. X, 3. — 3. Eph. V, 19.

 

chantent à Babylone, sont citoyens de Babylone, et ne chantent point pieusement, même quand ils chantent l’hymne de Dieu. Ecoute la parole de l’Ecriture : « La louange n’est pas bonne dans la bouche du pécheur 1. C’est en Sion, « ô Dieu, qu’il convient de vous bénir».

4. « C’est à Jérusalem qu’on s’acquittera des voeux qu’on vous aura faits ». Ici-bas

nous faisons des voeux, là haut nous les acquitterons. Qui donc fait ici-bas des voeux qu’il n’acquitte point? Celui qui ne persévère pas jusqu’à la fin dans les voeux qu’il a faits. Aussi le Psalmiste a-t-il dit ailleurs : « Faites des voeux au Seigneur votre Dieu, et accomplissez-les 2. C’est en Jérusalem que l’on tiendra ses voeux ». C’est là que nous serons entièrement, c’est-à-dire corps et âme, à la résurrection des justes; c’est là que nos voeux seront totalement accomplis ; non-seulement notre âme y sera, mais aussi notre chair, qui ne sera plus corruptible, car nous ne serons plus à Babylone, mais notre corps sera devenu céleste. Quel changement nous est promis? « Tous nous ressusciterons », dit l’Apôtre, « mais nous ne serons pas tous changés ». Il indique aussi ceux qui seront changés. «En un clin d’oeil, au son de la dernière trompette, car la trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles  désormais, c’est-à-dire dans leur intégrité, et nous serons changés ». Plus loin il nous explique en quoi consistera ce changement : « Il faut », dit-il, « que ce corps corruptible soit revêtu d’incorruptibilité, et que ce corps mortel soit revêtu d’immortalité, et après que ce corps de corruption sera revêtu d’incorruptibilité, que ce corps de mort sera revêtu d’immortalité, cette parole de l’Ecriture s’accomplira : La mort a été absorbée dans sa victoire. O mort, où est  donc ton aiguillon 3? » Dès que commencent à se former en nous les prémices de l’esprit qui nous font soupirer après Jérusalem, nous ressentons en notre chair corruptible bien des résistances qui deviendront insensibles quand la mort sera absorbée dans sa victoire. La paix régnera, il n’y aura plus de guerre. Or, le règne de la paix sera aussi le règne de cette cité qui est la vision de la paix. La mort ne nous sera donc plus un obstacle. Maintenant, combien n’avons-nous pas à lutter contre la mort! De là viennent

 

1. Eccli. XV, 9. — 2. Ps. LXXV, 12. — 3. I Cor. XV, 51-55.

 

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ces sensualités de la chair, qui nous suggèrent tant de désirs coupables; et quand même nous n’y consentirions pas, il nous faut néanmoins lutter pour n’y point consentir. La convoitise de la chair nous a donc tout d’abord conduits sans résistance, puis entraînés malgré nos efforts. Puis est venu le secours de la grâce, et alors, sans pouvoir désormais nous conduire ou nous entraîner, elle a lutté contre nous; et après la lutte viendra la victoire. Si elle te livre aujourd’hui des assauts, du moins qu’elle ne te renverse pas; et quand la mort sera absorbée dans la victoire, la lutte alors cessera. Qu’est-il dit? « La mort sera notre dernier ennemi détruit ». J’accomplirai mon voeu. Quel voeu? Le même que l’holocauste. Or, on appelle holocauste ce qui est entièrement consommé par le feu; l’holocauste est donc le sacrifice où tout est brûlé; car olon signifie entièrement, et kausis, brûlure. Holocauste donc, brûlé entièrement. Que cette flamme nous gagne, flamme divine qui est en Jérusalem; que la charité nous embrase jusqu’à la consomption de tout ce qu’il y a de mortel en nous, et que tout ce qui nous fait obstacle s’en aille en sacrifice au Seigneur. De là vient qu’il est dit ailleurs:

« Dans votre amour, Seigneur, répandez vos bénédictions sur Sion, afin que s’élèvent les murailles de Jérusalem; alors vous accepterez le sacrifice de justice, les oblations et les holocaustes 2. C’est en Sion, ô mon Dieu, qu’il faut chanter votre gloire, et nos voeux pour vous s’accompliront en Jérusalem ». Ici nous cherchons si Jésus-Christ notre Seigneur et Sauveur ne nous serait point présenté commue le roi de cette cité : chantons donc jusqu’à ce que nous arrivions à quelque donnée plus claire. Déjà je pourrais vous dire à qui il est dit : « C’est vous, ô Dieu, qu’il convient de chanter dans Sion, et nos voeux pour vous s’accompliront en Jérusalem ». Mais, si je le disais, ce serait à moi plutôt qu’à l’Ecriture que l’on croirait; et peut-être ne me croirait-on pas. Ecoutons la suite.

5. « Exaucez ma prière », dit le Prophète, « c’est à vous que s’adressera toute chair 3 ».

Et le Seigneur nous dit qu’il a reçu la puissance sur toute chair 4. Il commence donc à paraître en roi, quand il est dit : « C’est à vous que toute chair doit s’adresser. Toute chair donc », dit le Prophète, « doit s’adresser

 

1. I Cor. XV, 26.— 2. Ps. L, 20, 21.— 3. Id. LXIV, 3.— 4. Jean, XVII, 2.

 

à vous ». Pourquoi toute chair doit-elle venir à lui? Parce qu’il a pris une chair. Où toute chair viendra-t-elle? Les prémices de la chair lui viennent d’un sein virginal : or, les prémices posées, le reste a dû suivre, et l’holocauste s’achever. Comment « toute chair? » Tout homme. Et comment tout homme? Veut-il nous prédire que tous croiront en Jésus-Christ? Les impies, qui doivent être damnés, ne seront-ils pas en grand nombre? Chaque jour bon nombre d’incrédules ne meurent-ils point dans leur infidélité? Com ment donc entendrons-nous: « Toute chair viendra vers vous? » Toute chair, dit le Prophète, la chair de toute race : de toute race donc la chair viendra vers nous. Qu’est-ce à dire : la chair de toute race? Est-il venu des pauvres, sans que vinssent aussi des riches? ou des hommes d’humble condition, sans que vinssent aussi des grands? ou des ignorants, sans que vinssent des savants? ou des hommes, sans que vinssent des femmes? ou des maîtres, sans que vinssent des esclaves? ou des vieillards, sans que vinssent des jeunes gens? ou des jeunes gens, sans que vinssent des adolescents? ou des adolescents, sans que vinssent des enfants ?ou des enfants, sans que l’on apportât des nouveau-nés? ou des Juifs (car c’est de là que vinrent les Apôtres, et tant de milliers d’autres, qui furent croyants 1 après avoir été persécuteurs), sans que vinssent des Grecs? ou des Grecs, sans que vinssent des Romains? ou des Romains, sans que vinssent des barbares? Et qui peut énumérer toutes les nations qui viennent à celui à qui s’adressent ces paroles: « C’est à vous que toute chair doit venir? Exaucez ma prière, car toute chair doit venir à vous ».

6. « Les paroles des méchants ont prévalu sur nous, et vous nous pardonnerez nos iniquités 2 » Que signifie: « Les paroles des méchants ont prévalu sur nous, et vous nous pardonnerez nos iniquités ? ». Que nous sommes nés sur cette terre, et que. nous avons rencontré des méchants dont nous avons écouté le langage. Que l’attention de votre charité m’aide à expliquer ma pensée. Tout homme apprend la langue du pays, de la contrée, de la ville où il est né; il est imbu de ses moeurs, de sa vie. Comment un enfant né parmi les païens n’adorerait-il pas la pierre, quand ce culte lui est inoculé par ses parents?

 

1. Act. II, 41. — 2. Ps. LXIV, 4.

 

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Ce sont les paroles qu’il entend tout d’abord: il a sucé l’erreur avec le lait ; et comme ceux  qui lui parlaient étaient ses ancêtres, et que l’enfant qui apprenait à parler était tout jeune, comment ce jeune enfant pouvait-il ne point suivre l’autorité de ses ancêtres, et ne point regarder comme bien ce qu’il leur entendait louer ? Donc les nations converties àla foi du Christ, et se souvenant dans la suite des impiétés de leurs ancêtres, pouvaient dire avec Jérémie : « Vraiment nos pères ont « adoré le mensonge et la vanité, qui ne leur ont servi de rien 1» : parler ainsi, c’est renoncer à leur culte et aux sacrilèges impiétés de leurs ancêtres. Mais pour leur insinuer ce culte sacrilège, il a fallu la persuasion de ceux qui leur paraissaient une autorité d’autant plus plausible, qu’elle était consacrée par un âge plus grand; quiconque veut quitter Babylone pour venir à Jérusalem, doit faire cet aveu et dire : « Les discours des impies ont prévalu sur nous». Nos guides nous ont enseigné le mal et nous ont faits citoyens de Babylone; nous avons abandonné le Créateur pour adorer la créature; nous avons laissé celui qui nous a faits pour adorer ce que nous avons fait . « Les discours des impies ont prévalu sur nous » ; mais pourtant ne nous ont pas étouffés. Pourquoi ? « Vous nous pardonnerez nos iniquités ». Que votre charité veuille bien écouter. « Vous pardonnerez nos iniquités »; ne se dit qu’à un prêtre qui fait une offrande, pour l’expiation de l’impiété, et se rendre Dieu propice. On dit que l’impiété nous est remise, quand Dieu se rend propice à notre impiété. Qu’est-ce, pour Dieu, qu’être propice à notre impiété? C’est nous la remettre, nous en accorder le pardon. Mais, pour obtenir de Dieu le pardon, il faut un sacrifice propitiatoire. Le Seigneur notre Dieu nous a donc envoyé un prêtre qui est le nôtre ; il a pris en nous de quoi offrir à Dieu, c’est-à-dire les saintes prémices de notre chair dans le sein de la Vierge. Tel est l’holocauste qu’il a offert à Dieu : il a étendu ses mains sur la croix, pour dire : « Que ma prière s’élève comme l’encens en votre présence, que mes mains élevées soient comme  le sacrifice du soir 2». Car le Seigneur, vous le savez, fut mis en croix vers le soir : et alors nos impiétés ont été pardonnées, autrement elles nous eussent absorbés :.

 

. Jérém. XVI 19. — 2. Ps. CXL, 2.— 3. Matth. XXVII,46.

 

les discours des méchants ont prévalu sur nous: nous avions pour guides les prédicateurs d,e Jupiter, de Saturne, de Mercure. «Les discours des impies ont prévalu sur nous ». Mais que ferez-vous ? « Vous serez indulgent pour nos impiétés ». C’est vous qui êtes prêtre et victime, qui offrez et qui êtes l’offrande. Il est le prêtre qui a pénétré jusqu’au sanctuaire du voile qui est à l’intérieur, et seul de tous ceux qui ont porté une chair comme la nôtre, il intercède pour nous 1. Voilà ce que figurait chez le premier peuple, et dans le premier temple, cette entrée du grand prêtre seul dans le Saint des saints, alors que tout le peuple était debout au dehors: et celui qui pénétrait seul dans l’intérieur du voile, offrait le sacrifice pour le peuple qui se tenait au dehors 2. Pour qui le comprenait bien, c’est l’esprit qui donne la vie; pour qui ne comprenait pas, c’est la lettre qui tue. Tout à l’heure, à la lecture de l’Apôtre, vous avez entendu : « La lettre tue, mais l’esprit vivifie 3». Les Juifs, en effet, n’ont jamais compris ce qui avait lieu chez ce peuple, et ne le savent pas même aujourd’hui. Car c’est d’eux qu’il est dit : « Quand on lit Moïse, il y a un voile sur leur coeur 4 ». Or, ce voile est une figure:

la figure passera et fera place en eux à la vérité. Mais quand ce voile disparaîtra-t-il ? Ecoute l’Apôtre: «Quand ce peuple sera converti au Seigneur, le voile sera levé 5». Donc, tandis qu’ils ne sont point convertis au Seigneur, ils ont le coeur voilé en lisant Moïse. Voilà ce que figurait encore la face lumineuse de Moïse, « en sorte que les enfants d’Israël ne pouvaient fixer les yeux sur sa face vous l’avez entendu tout à l’heure dans la lecture ; et il y avait un voile entre la face de Moïse qui parlait, et le peuple qui écoutait sa parole. Ils écoutaient donc sa parole à travers le voile et sans voir sa face. Que dit alors l’Apôtre? « En sorte que les enfants d’Israël ne pouvaient fixer les yeux sur la face de Moïse. Ils ne pouvaient la contempler », dit-il, « jusqu’à la fin 6 ». Qu’est-ce à dire : « jusqu’à la fin? » Jusqu’à ce qu’ils comprissent le Christ. Car, l’Apôtre l’a dit : « Le Christ est la fin de la loi, pour justifier ceux qui croiront 7 ». Il est vrai qu’il y a une splendeur sur la face de Moïse, face corporelle

et mortelle : or, cette splendeur pourrait-elle

 

1. Hébr. VI, 19, 20. — 2. Id. IX, 7. — 3. II Cor. III, 6. — 4. Id. 15. — 5. II Cor. III, 16.— 6. Ibid. 17.— 7. Rom. X, 4.

 

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être durable pour l’éternité? Assurément elle doit disparaître à la mort. Mais la splendeur de la gloire et de la béatitude en Notre-Seigneur Jésus-Christ est éternelle. Tout cela n’était qu’une figure qui passait avec le temps, et ce que couvrait cette figure était la vérité. Aussi les Juifs lisent, mais sans comprendre le Christ; la portée de leur vue ne va point jusqu’à la fin, parce que le voile qu’ils rencontrent leur dérobe la vue de la lumière intérieure. Vois ici le Christ sous un voile. Notre-Seigneur lui-même a dit: « Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi  car c’est de moi qu’il a écrit 1». Or, après que nos péchés nous sont remis, ainsi que nos impiétés, par la vertu de ce sacrifice du soir, nous passons au Seigneur, et le voile est levé:

c’est pourquoi quand le Seigneur fut sur la croix, le voile du temple se déchira 2. « Exaucez ma prière, toute chair doit venir à vous. Les discours des impies ont prévalu sur nous, et vous nous remettrez nos impiétés ».

7. « Bienheureux celui que vous avez élu et adopté 3». Qui donc est choisi par lui et adopté? Qui est élu par notre Sauveur Jésus-Christ? Ou bien lui-même en sa chair, en son humanité serait-il élu et adopté? Alors ce langage s’adresserait à lui, comme Verbe de Dieu, qui était dès le commencement, ainsi que le dit l’Evangéliste: « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu 4 » ; car il est aussi Fils de Dieu, Verbe de Dieu, dont il est dit encore: « Toutes choses ont été faites par lui, et rien n’a été fait sans lui » : en sorte que ce serait à lui, Fils de Dieu devenu prêtre pour nous, après avoir adopté une chair, que s’adresserait cette parole : « Bienheureux celui que vous avez élu et adopté », c’est-à-dire bienheureux l’homme dont vous vous êtes revêtu, qui a commencé dans le temps, qui est né d’une femme, le temple en quelque sorte de celui qui est toujours éternel, et qui a été éternellement. Ou plutôt le Christ aurait-il adopté quelque bienheureux, et alors on désignerait, non pas au pluriel, mais au singulier celui qu’il a adopté? En effet, c’est un seul qu’il a adopté, car il n’adopte que l’unité. Il n’adopte ni les schismes, ni les hérésies, qui se divisent à l’infini; il n’y a point la l’unité que l’on puisse adopter. Mais ceux

 

1. Jean, V, 46. — 2. Matth. XXVII, 51. — 3. Ps. LXIV, 5. — 4. Jean, I, 1-3.

 

qui demeurent dans l’union du Christ, et qui sont ses membres, ne font en quelque sorte qu’un seul homme, dont l’Apôtre a dit: « Jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité dans la connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’homme parfait, à la mesure de l’âge de la plénitude du Christ 1 ». Un seul homme est donc adopté, qui a pour chef le Christ: « Car le Christ est lui-même le chef de l’homme 2». C’est encore là « cet homme bienheureux qui n’est point allé dans les conseils des impies 3 », et le reste qu’on lit dans le Psaume: c’est lui qui est adopté. Mais il ne l’est pas à l’exclusion de nous; car nous faisons partie de ses membres, nous sommes gouvernés par un même chef, nous vivons dans un même esprit, nous désirons tous la même patrie. Voyons donc si ce qui est dit du Christ, l’est aussi de nous, et nous concerne; interrogeons nos consciences, et pénétrons cet amour; si ce-t amour est faible et nouvellement éclos, car il a bien pu éclore dans quelque coeur, que celui-là arrache les épines qui croissent auprès, c’est-à-dire, les soucis du monde, de peur qu’ils ne viennent à s’accroître et à étouffer le germe sacré. « Bienheureux celui que vous avez élu et adopté». Soyons en lui et nous serons adoptés à notre tour; soyons en lui et nous serons élus.

8. Et que nous donnera-t-il? « Cet élu », dit le Prophète, « habitera dans vos tabernacles ». Telle est la Jérusalem que chantent ceux qui commencent à sortir de Babylone : « Il habitera dans vos tabernacles; nous serons comblés des biens de votre maison 4 ». Quels sont les biens de la maison de Dieu? Mes frères, imaginons un palais bien riche, qui regorge de richesses, où tout soit en abondance, où brillent des vases d’or et d’argent, qui renferme de nombreux serviteurs, de grands troupeaux, beaucoup de chevaux ; un palais enfin qu’embellissent les peintures, les marbres, les lambris dorés, les colonnes, les galeries, les appartements divers; voilà ce que l’on désire, mais lorsqu’on est encore dans la confusion de Babylone. Retranche tous ces désirs, habitant de Jérusalem, retranche tout cela ! Si tu désires le retour, que la captivité n’ait point de charmes pour toi. Es-tu sur le chemin du retour? Ne regarde point en arrière, ne t’arrête pas en chemin. Il ne manque pas d’ennemis qui te vanteront

 

1. Ephés. IV, 13. — 2. I Cor. XI, 3. — 3. Ps. I, 1. — 4. Id. LXIV, 5.

 

la captivité, l’éloignement: que les discours des méchants ne prévalent plus sur toi. Soupire après la maison de Dieu, soupire après les biens de sa maison; mais ne désire point ces biens que tu souhaites ordinairement dans ta demeure, ou dans celle de ton voisin, ou même dans celle de ton patron. Il est un autre bien qui est propre à la maison de Dieu. Qu’avons-nous besoin d’énumérer les biens de cette maison? Qu’il nous les indique celui qui chante son retour de Babylone: « Nous serons comblés»,dit-il, «des biens de votre maison». Quels sont ces biens? Nous avions élevé les désirs de notre coeur, jusqu’à l’or, l’argent, et ce qu’il y a de précieux: ne désirons rien de tout cela, c’est une charge plutôt qu’un soulagement. Méditons donc ici-bas ces biens de Jérusalem, ces biens de la maison du Seigneur, ces biens du temple du Seigneur ; car la maison du Seigneur est le temple même du Seigneur. « Nous serons comblés des biens de votre maison ; et votre saint temple est admirable à cause de la justice 1». Voilà les biens de la maison de Dieu. Le Prophète ne dit point : Votre saint temple est admirable dans ses colonnes, admirable dans ses marbres, admirable dans ses lambris dorés; mais admirable à cause de la justice. Vos yeux extérieurs peuvent se fixer sur le marbre et l’or, mais c’est l’oeil intérieur qui voit la beauté de la justice. Oui, dis-je, c’est à l’oeil intérieur que l’éclat de la justice est visible. S’il n’y arien de beau dans la justice, pourquoi aimer un vieillard juste? Qu’y a-t-il dans son corps qui flatte le regard? Des membres courbés, un front couvert de rides, une tète aux cheveux blancs, une faiblesse exhalant des plaintes continuelles. Mais ce vieillard décrépit n’ayant rien qui puisse plaire à tes yeux, charmera tes oreilles : par quelle mélodie? par quel chant? Si ses chants étaient beaux dans sa, jeunesse, avec l’âge tout a disparu. Le sonde sa parole aura peut-être des charmes pour toi, quand sa bouche dépouillée de ses dents ne laisse échapper que des sons incomplets? Toutefois s’il est juste, s’il n’ambitionne pas le bien d’autrui, s’il trouve sur son bien une part pour le pauvre, s’il a de bons conseils, une réflexion sage, une foi pure, s’il est prêt à immoler ses membres débiles pour rendre témoignage à la vérité, beaucoup de martyrs

 

1. Ps. LXIV, 6.

 

étaient en effet des vieillards. D’où viendra notre amour pour lui, qu’y a-t-il en lui qui charme nos yeux? Rien absolument. Il y a donc une beauté de justice, que voient les yeux de notre âme, qui nous porte à l’amour, à l’enthousiasme: voilà ce qui eut des charmes pour les hommes, dans ces martyrs dont les membres étaient déchirés par les bêtes. Mais alors que tout était souillé de sang, que les entrailles se répandaient sous les morsures des bêtes, n’était-ce point là une horreur pour les yeux? Qu’y avait-il d’aimable, sinon que ces membres déchirés et hideux couvraient une beauté de justice parfaite. Tels sont les biens de la maison de Dieu, prépare-toi à t’en rassasier. Mais pour t’en rassasier en arrivant dans ce palais, il te faut en avoir faim et soif dans ton pèlerinage ici-bas: que ce soit donc là ta faim et ta soif, parce que tels sont les biens de Dieu. Ecoute ce roi à qui l’on tient ce langage, qui est venu pour te ramener, qui s’est fait lui-même ta voie 1. Que dit-il? « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, parce qu’ils seront rassasiés 2 ». Le temple de Dieu est saint, admirable à cause de la justice. Et par le temple, mes frères, n’imaginez rien que vous-mêmes. Aimez la justice, et vous êtes le temple de Dieu.

9. « Exaucez-nous, ô Dieu notre Sauveur ». Il nous montre maintenant le Dieu qu’il invoque. Notre Sauveur est, à proprement parler, Notre-Seigneur Jésus-Christ. Nous voyons plus clairement de qui le Prophète avait dit : « Toute chair doit aller à vous. Exaucez-nous, ô Dieu notre Sauveur». Cet homme adopté peur le temple de Dieu, est multiple, et néanmoins unique. C’est dans la personne d’un seul qu’il a dit: « Ô Dieu, exaucez ma prière ». Et comme dans cet homme unique, il y en a plusieurs, il dit maintenant: « Exaucez-nous, ô Dieu notre Sauveur». Ecoute plus clairement que c’est de lui qu’il est question: « Exaucez-nous, ô Dieu, notre Sauveur, vous, l’espoir des confins de la terre et des îles lointaines ». Voilà pourquoi il est dit: « Toute chair doit venir à vous ». Elle vient de toutes parts. « Vous êtes l’espoir de tous les confins de la terre », non pas l’espérance d’un seul angle de terre, non pas l’espoir de la Judée seulement, non pas l’espoir de l’Afrique seule, non pas l’espoir de la Pannonie,

 

1. Jean, XIV, 6. — 2. Matth. V, 6.

 

non pas l’espoir de l’Orient ou de l’Occident mais « l’espoir de tous les confins de la terre et dans la mer bien loin »; oui, des confins de la terre. « Et dans la mer au loin» : c’est au loin, parce que c’est dans la mer. La mer est ici la figure die ce monde, amer à cause de la salaison, troublé par les tempêtes, et où les hommes guidés par leurs convoitises coupables et dépravées, sont devenus des poissons se dévorant les uns les autres. Voyez cette mer dangereuse, cette onde amère, aux flots meurtriers; voyez de quels hommes elle est remplie. Qui souhaite un héritage, autrement que par la mort d’un autre? Qui convoite un gain,sinon au détriment d’un autre? Combien veulent s’élever par la chute même des autres? Combien encore désirent que les autres vendent leurs biens, afin de les acheter? Quelle oppression mutuelle, comme on se dévore dès qu’on le peut ! Et quand un grand poisson en a dévoré un plus petit, il est à son tour dévoré par un plus grand encore. O poisson méchant, tu fais ta proie d’un plus petit, et tu deviens la proie d’un plus grand. Voilà ce qui arrive chaque jour et sous nos yeux: nous en sommes témoins, ayons-le en horreur. Gardons-nous d’en agir ainsi, mes frères, car c’est Dieu qui est l’espoir des confins de la terre. Et s’il n’était pas aussi- l’espérance, « au loin sur la mer », il ne dirait pas à ses disciples: « Je ferai de vous; des pêcheurs d’hommes 1 ». Déjà pris au milieu de la mer dans les filets de la foi, réjouissons-nous d’y nager encore à travers ces filets; car cette mer est houleuse encore, mais les filets dans lesquels nous sommes engagés seront tirés sur le rivage Ce rivage est le terme de la mer, et dès lors la fin du monde pour nous. Jusque-là, mes frères, vivons saintement dans ces filets; ne les déchirons point pour sortir dehors. Beaucoup d’autres ont rompu ces filets, et ont fait des schismes et sont allés au dehors. Ils ne pouvaient, disaient-ils, souffrir les poissons mauvais enfermés dans le filet; et voilà qu’ils sont devenus pires encore que ceux qu’ils disaient n’avoir pu tolérer. Ces filets, en effet, ont pris de bons et de mauvais poissons; car le Seigneur a dit: « Le royaume des cieux est semblable à un filet jeté dans la mer, et qui rassemble toutes sortes de poissons ; et lorsqu’il est plein on le retire, et, s’asseyant sur le rivage, on réunit les

 

1. Matth. IV, 19.

 

bons dans un vase, et on jette les mauvais il en sera ainsi », continue-t-il, « à la consommation des siècles ». Voilà qu’il nous montre le rivage, qu’il montre le terme de la mer. « Les anges viendront, et sépareront les mauvais du milieu des justes, et ils les jetteront dans la fournaise du feu : c’est là qu’il y aura pleur et grincement de dents 1». Courage donc, ô habitants de

Jérusalem, qui êtes dans les filets, qui êtes les bons poissons; tolérez les mauvais, mais ne

brisez point les filets : « Ils vous retiennent dans la mer, mais ils ne vous retiendront plus au rivage. Celui qui est l’espérance des confins de la terre, est aussi l’espérance au loin sur la mer ». Or, comme c’est sur la mer, c’est au loin.

10. « Il prépare les montagnes dans sa puissance 2»: non pas dans leur puissance. C’est lui en effet qui a préparé ces grands prédicateurs, qu’il appelle des montagnes; humbles en eux-mêmes, ils sont élevés en lui. Il prépare donc les montagnes dans sa puissance. Et que dit une de ces montagnes ? «  Nous avons reçu en nous-mêmes une réponse de mort, afin de ne point mettre notre confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts 3». Mettre sa confiance en soi-même, et ne point la mettre dans le Christ, c’est n’être point de ces montagnes qu’il prépare dans sa puissance. « C’est donc en sa puissance qu’il prépare les montagnes. Il se revêt de force». Je comprends la force: Mais « se revêtir», qu’est-ce? Ceux qui placent le Christ au milieu d’eux, l’environnent , c’est-à-dire qu’ils sont pour lui comme un vêtement. Nous l’avons tous communément, il est au milieu de nous : nous sommes pour lui un vêtement, nous tous qui croyons en lui; et comme notre foi n’est point l’oeuvre de nos forces, mais de sa puissance, il est donc « revêtu de sa force», mais non de notre vertu.

11. « C’est vous qui troublez le fond des mers 4 »,Voilà ce qu’il a fait: son oeuvre est visible. Il a préparé les montagnes dans sa puissance, et les a envoyées prêcher : il s’est environné de foi dans sa force, et la mer s’est troublée, le siècle s’est troublé, et s’est mis à persécuter les saints. « Environné de force, vous troublez le fond des mers ». Le prophète

 

1. Matth. XIII, 47-50. — 2. Ps. LXIV, 7. — 3. II Cor. I, 9. — 4. Ps. LXIV, 8.

 

ne dit point: Vous troublez la mer, mais « le fond de la mer ». Ce fond de la mer c’est le coeur des impies. De même que c’est jar le fond que l’on bouleverse avec plus de violence, parce que le fond contient tout ainsi tout ce qui est l’oeuvre de la langue, des mains, des puissances diverses, pour persécuter l’Eglise, vient du fond. Si la racine de l’iniquité n’était point dans le coeur, tout cela ne marcherait point contre le Christ. Il a troublé le fond, peut-être à dessein de l’épuiser : car en certains fléaux il a épuisé la mer jusqu’au fond, et en a fait un désert. C’est ce que dit un autre psaume : « Il a fait de la mer une terre sèche 1 ». Tous les impies et les païens qui ont embrassé la foi, étaient la mer, et sont devenus la terre : stériles d’abord à cause de l’eau salée, ils sont devenus fertiles en fruits de justice. « Vous troublez le fond des mers: et qui supportera le bruit de ses flots ? » Qu’est-ce à dire, « qui supportera? » Quel homme supportera le bruit des flots, les injonctions des puissances du monde? Mais d’où vient qu’on les supporte? C’est qu’il a préparé les montagnes dans sa puissance. Pourquoi donc se demander qui les supportera? Il veut dire : Par nous-mêmes nous ne pourrions supporter ces persécutions, si Dieu ne nous en donnait la force. « C’est vous qui troublez le fond de la mer : et qui supportera le bruit de ses flots? »

12. « Les nations seront dans l’effroi 2 ».  D’abord l’effroi pour les nations ; mais ces montagnes préparées dans la force du Christ, ont-elles été dans l’effroi? La mer s’est troublée, elle s’est ruée contre ces montagnes ses lames ont été brisées, et les montagnes sont demeurées inébranlables. « Les nations seront dans le trouble, toutes en proie à la crainte ». Déjà la crainte s’est emparée de toutes; ceux qui naguère étaient troublés, sont maintenant dans l’effroi. Les chrétiens, sans rien craindre, ont inspiré de la crainte. Ceux qui les persécutaient les redoutent. Car il a vaincu celui qui est environné de sa puissance; et toute chair vient à lui, au point d’effrayer les obstinés sur leur petit nombre. « Et tous ceux qui habitent les confins de la terre, seront dans la crainte à cause de vos miracles ». Car les Apôtres ont opéré des miracles qui ont jeté dans la crainte et amené à la foi les confins de la terre.

 

1. Ps. LXV, 6. — 2. Id. LXIV, 8. — 3. Ib. 9.

 

13. « Vous répandrez la joie sur nos démarches au matin et au soir 1», c’est-à-dire:

vous nous les rendrez agréables. Que nous est-il promis dès cette vie? « Vous répandrez la joie sur les démarches du matin et du soir ». Nous marchons en effet le matin, comme nous marchons le soir. « Le matin »signifie la prospérité du siècle, et le soir » la tribulation du siècle, Que votre charité veuille bien le remarquer, l’une et l’autre servent d’épreuve à notre âme ; la corruption est l’écueil de la prospérité, comme l’abattement, de l’adversité. Aussi le matin est-il le symbole de la prospérité, parce que le matin a sa joie après les tristesses de la nuit. Mais les ténèbres sont tristes, alors que vient le soir : c’est pourquoi au soir du monde fut offert le sacrifice du soir. Gardons-nous donc de toute tristesse le soir, et de toute corruption le matin. Voilà je ne sais quel homme qui t’offre un bénéfice pour t’engager au mal, c’est là le matin; une forte somme d’argent te sourit, c’est le matin pour toi. Garde-toi de toute corruption, et tu auras une heureuse issue. Or, si tu as une issue, tu ne seras point pris au piége. Cette promesse d’un gain est en effet un appât sur un piège: tu es embarrassé, tu ne trouves point d’issue; tu es pris au piége. Or, le Seigneur ton Dieu t’a ouvert une issue pour échapper au piége du gain, alors qu’il dit dans son coeur : Je suis ton trésor. Ne t’arrête pas aux promesses du monde, tuais aux promesses du Créateur du monde : considère les promesses que fait le Seigneur, à tes oeuvres de justice, méprise celles que te fait un homme pour te détourner de la justice et t’amener à l’injustice. Ne considère donc point les promesses du inonde,mais celles du Créateur du monde; et tu pourras au matin t’échapper par l’issue que t’ouvre cette parole du Seigneur : « Que sert à l’homme de gagner le monde entier, s’il vient à perdre son âme 2? » Mais celui qui n’a pu te corrompre en te promettant de l’or, ni t’amener à l’iniquité, va recourir aux menaces, il va devenir ton ennemi, et te dire : Si tu n’agis selon mon gré, moi j’agirai, je t’en ferai repentir, tu auras en moi un ennemi. Quand il t’offrait un gain, c’était le matin pour toi; maintenant que le soir est venu, tu es triste. Mais celui qui t’a donné une issue le matin t’en donnera une le soir encore. De même qu’au flambeau du

 

1. Ps. LXIV, 9. — 2. Matth. XVI, 26.

 

Seigneur, lu as méprisé le matin du monde, que les souffrances du Seigneur te fassent aussi mépriser le soir, et dire à ton âme: Que peut me faire cet homme, que n’ait enduré pour moi mon Dieu? Gardons la justice, et ne consentons pas à l’iniquité. Qu’il sévisse contre ma chair, le piége sera brisé, et je volerai vers mon Dieu, qui me dit : « Ne crains point ceux qui tuent le corps, mais qui ne peuvent tuer l’âme 1 ». Et même au sujet du corps il nous donne une garantie, en disant : « Il ne périra pas un cheveu de votre tête 2 ». Il donne ici cette magnifique image : « Vous mettrez la joie dans mes issues du matin et du soir ». Si ces démarches en effet n’ont pour vous aucun charme, il vous en coûtera peu de sortir de là. Tu donneras tête baissée dans le gain qui t’est promis, si tu goûtes peu les promesses du Sauveur. Et derechef, tu céderas à la tentation et à la crainte, si lu ne trouves tes délices dans les douleurs qu’il a le premier endurées, pour te ménager une issue. « Vous mettrez la joie dans nos démarches du matin et du soir».

14. « Vous avez visité la terre et l’avez enivrée 3 ». Par où a-t-il enivré la terre ? « Quelle est la splendeur de votre calice qui enivre  4! Vous avez visité la terre et l’avez enivrée » : vous avez envoyé vos nuages qui ont épanché la rosée de la vérité, et la terre a été enivrée. « Vous avez multiplié ses richesses ». Par quel moyen avez-vous multiplié ses richesses? « Le fleuve du Seigneur a été rempli d’eau ». Quel est ce fleuve de Dieu? Le peuple de Dieu. Le premier peuple a été rempli de manière à arroser tout le reste de la terre. Ecoute le Seigneur qui promet des eaux: « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne et qu’il boive. Quiconque croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein 5 ». S’il y a des ruisseaux, il n’y a cependant qu’un fleuve; parce que dans l’unité tous n’en forment qu’un seul. Il y a plusieurs Eglises, et néanmoins une seule Eglise, plusieurs fidèles et une seule épouse du Christ; ainsi plusieurs écoulements ne forment qu’un seul fleuve. Beaucoup d’israélites embrassèrent la foi, et furent remplis de l’Esprit-Saint : puis ils se répandirent dans les nations et commencèrent à prêcher la vérité; et ce fleuve de Dieu, qui a été rempli d’eau, arrosa toute la terre.

 

1. Matth. X, 28. — 2. Luc, XXI, 18. — 3. Ps. LXIV, 10.— 4. Id, XXII, 5. —6. Jean, VII, 37, 38.

 

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« Vous avez ainsi préparé leur nourriture : parce que telle est votre préparation ». Ce n’est point parce qu’ils avaient bien mérité de vous, ceux à qui vous avez pardonné leurs péchés : leurs mérites étaient mauvais; mais vous l’avez fait à cause de votre miséricorde: « Comme c’est ainsi que vous préparez, vous leur avez préparé leur nourriture ».

15. « Arrosez ses sillons ». Creusons d’abord des sillons qui seront ensuite arrosés

que notre coeur trop dur s’ouvre au soc de la parole de Dieu. « Arrosez ses sillons, multipliez ses fruits ». Voilà ce que nous voyons; les hommes croient, leur foi engendre d’autres croyants , et ces croyants d’autres croyants encore : il ne suffit point à l’homme d’être fidèle et de gagner l’unique nécessaire. Ainsi se multiplie la semence; on jette quelques grains et des moissons surgissent. « Arrosez ses sillons, multipliez ses produits, et le germe tressaillera pénétré de ses rosées 1 »; c’est-à-dire, avant peut-être qu’elle ne puisse recevoir toute l’eau du fleuve, «quand elle germera, elle tressaillera de sa rosée, ou de ce qui lui est convenable ». Aux enfants, en effet, ainsi qu’aux faibles, on ne donne qu’une faible rosée des mystères, parce qu’ils ne pourraient supporter la vérité dans sa plénitude. Ecoulez quelle douce rosée est donnée aux enfants à leur naissance, ou quand, nouvellement nés, ils sont le moins coupables : « Je n’ai pu», dit l’Apôtre, «vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes charnels, comme à des enfants en Jésus-Christ 2 » . Quand il dit : « Des enfants en Jésus-Christ », il parle d’enfants déjà nés, mais incapables de goûter cette abondante sagesse, dont il dit : « Nous prêchons la sagesse aux parfaits 3 ». Qu’il se réjouisse de ses gouttes de rosée, à sa naissance et pendant son accroissement; devenu parfait, il prendra la nourriture de la sagesse : de même que l’on donne d’abord du lait à un enfant et qu’il devient capable de nourriture; toutefois, c’est de cette nourriture, dont il était d’abord incapable, que s’est formé le lait. « Et quand elle germera, elle se réjouira de quelques gouttes de rosée ».

16. « Vous bénirez la couronne des années de votre bonté 4 ». C’est aujourd’hui le moment de semer, la semence croît, la moisson viendra ensuite. Et aujourd’hui, au milieu

 

1. Ps. LXIV, 11. — 2. I Cor. III, 1. — 3. Id. II, 6. — 4. Ps. LXV, 12.

 

54

 

de ces semailles, l’ennemi est venu semer la zizanie; et voilà que les méchants, les faux chrétiens, ont germé au milieu des bons; ils leur ressemblaient par la tige, mais non par le fruit. On appelle zizanie ces plantes qui à leur naissance, ressemblent au froment, comme l’ivraie et la folle avoine et tant d’autres qui leur ressemblent dans leurs premières tiges. De là vient que le Seigneur parlait ainsi à propos de la zizanie répandue « Son ennemi vint et sema de la zizanie au milieu du froment; or, après que l’herbe eut poussé et produit son fruit, la zizanie parut aussi. Donc c’est l’ennemi qui est venu semer la zizanie » : mais qu’a-t-il fait au froment? Ce froment n’est pas étouffé par l’ivraie ; au contraire, on a laissé l’ivraie pour laisser croître le froment. Car le maître lui-même dit à quelques ouvriers qui voulaient arracher la zizanie : « Laissez croître l’un et l’autre jusqu’à la moisson, de peur qu’en voulant arracher la zizanie vous n’arrachiez aussi le froment; mais au temps de la moisson je dirai aux moissonneurs : Arrachez d’abord la zizanie, faites-en des gerbes pour les brûler; mais amassez le froment dans mon grenier 1». Cette fin de l’année est la moisson du siècle. « Vous bénirez la couronne des années de votre bonté ». Lorsque tu entends couronne, cela signifie l’honneur de la victoire. Triomphe du démon, et tu seras couronné. « Vous bénirez la  couronne des années de votre bonté ». Il nous remet encore la bonté de Dieu sous les yeux , afin que nul ne se glorifie de ses mérites.

17. « Et vos campagnes seront pleines de fécondité, les confins du désert s’engraisseront, et les collines auront une ceinture de joie 2». Les campagnes, les collines, les confins du désert, tout cela désigne les mênies hommes. Dans les plaines tout est de niveau; donc, à cause de ce niveau, les peuples justes sont comparés à des campagnes. Ce sont des collines à cause de leur élévation; parce que Dieu élève jusqu’à sa sublimité ceux qui s’humilient. Les confins du désert désignent toutes les nations. Pourquoi confins du désert? Elles étaient désertes, en effet, puisque nul prophète ne leur était envoyé; elles étaient donc semblables au désert que nul homme ne traverse. Nulle parole de Dieu n’a été

 

1. Matth. XIII, 25-30. — 2. Ps. LXIV, 13.

 

envoyée aux Gentils. Les prophètes n’ont prêché qu’au peuple d’Israël. Alors vint le Seigneur, le froment dont ce peuple d’Israël embrassa la foi. Car le Christ disait à ses disciples : « Vous dites que la moisson est encore éloignée; levez les yeux, et voyez les campagnes qui blanchissent pour la moisson  1». Il y eut donc une première moisson, il y en aura une seconde à la fin des temps. La première moisson se composa de Juifs, parce que c’était à eux que les Prophètes étaient envoyés pour prêcher l’avènement du Sauveur. C’est pourquoi le Seigneur disait à ses disciples: « Voyez comme les campagnes blanchissent pour la moisson »: c’étaient les campagnes de la Judée. « D’autres », leur dit-il encore, « ont travaillé, et vous êtes entrés dans leurs travaux 2 ». Les prophètes ont travaillé pour semer, et vous, c’est avec la faux que vous entrez dans leurs labeurs. La première moisson est donc faite, et c’est de ce premier froment qui fut alors purifié, que l’on a ensemencé toute la terre, pour produire cette autre moisson que l’on doit recueillir à la fin des temps. Dans cette seconde moisson, il a été semé de l’ivraie, de là le travail actuel. De même que dans la première moisson les Prophètes travaillèrent jusqu’à l’arrivée du Sauveur : ainsi, daus cette seconde, ont travaillé les Apôtres, et travaillent tous les prédicateurs de la vérité, jusqu’à la fin des siècles, alors que le Seigneur enverra ses anges pour la récolte. C’était donc tout d’abord le désert, mais « les confins du désert se sont engraissés ». Voilà que dans les endroits où les Prophètes ne s’étaient pas fait entendre, on a reçu le Seigneur des Prophètes : « Les confins du désert s’engraisseront, et les collines auront une ceinture de joie ».

18. « Les béliers dans les troupeaux ont été environnés 3» : il faut sous-entendre « de joie ». La joie qui faisait une ceinture aux collines, environnait aussi les béliers. Et ces béliers sont les mêmes que les collines. Collines à cause de la sublimité de la grâce; béliers, comme chefs du bercail. Donc les béliers ou les Apôtres ont été environnés de joie, ils ont tressailli devant leurs moissons, ils n’ont pas travaillé en vain ni prêché inutilement. « Donc les chefs des troupeaux ont été environnés, et les vallées donneront des

 

1. Jean, IV, 35. — 2. Id. 38. — 3. Ps. LXIV, 14.

 

55

 

blés en abondance »; et les peuples humbles parieront des fruits nombreux « Ils crieront », et à cause de ces cris ils produiront du froment en abondance. Que doivent-ils crier? « Ils chanteront une hymne ». Autre chose est de crier contre Dieu, et autre de chanter une hymne; autre de proférer des chants sacrilèges, autre de chanter les louanges de Dieu. Proférer le blasphème, c’est produire des épines; chanter une hymne, c’est produire du froment.

 

 

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