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DISCOURS SUR LE PSAUME LXXX.SERMON AU PEUPLE DE CARTHAGE.LES PRESSOIRS DANS LÉGLISE.
On foule un pressoir et il en sort dune part une huile que lon conserve, dautre part un mare que lon rejette. En cette vie lolive pend à larbre qui porte ainsi le marc et lhuile, la séparation aura lieu au jugement, linjustice est le marc, la charité lhuile, et il y a aujourdhui injustice et charité. Le psaume est au cinquième jour de la semaine, au jour où Dieu tira des eaux les créatures, comme il tire les chrétiens des eaux du baptême, alors laffliction et le baptême préparent le discernement dès ici-bas. Recevez donc les biens den haut et donnez ceux den bas, à la prédication joignez loeuvre temporelle; prêchez fortement à chaque nouvelle lune ou nouvelle vie. Tel est le précepte pour Jacob et pour Joseph. Or, Joseph, qui signifie accroissement, saccrut en effet après le passage de la mer Rouge, fleuve du baptême, et par le baptême le Christ prit son accroissement chez les Gentils, en leur parlant une langue inconnue pour eux. Israël fut délivré dune dure servitude, comme les Gentils du péché. Toutefois nous sommes éprouvés aux eaux de la contradiction, et ces eaux sont les peuples qui barrèrent le passage à Samson ou au Christ, et dont la fureur fut brisée, voilà pour lhuile Voyons le marc. Il y a des dieux récents chez les païens, chez les hérétiques ariens et manichéens qui, divisés en apparence sont daccord à défigurer Dieu. Ce sont des renards se ménageant toujours une issue. Jésus tendit aux Pharisiens leurs pères un piège sur chacune des issues. Oui peut prendre au même piège les Manichéens, et attacher ces renards par la queue, ou par une doctrine postérieure, et y mettre le feu pour les incendier. Alors il ny aura plus dautre Dieu que celui qui est Israël ingrat a été livré aux désirs du coeur, de là tout ce qui est honteux, la servitude, la foi mentie, et le châtiment éternel. En vain on se rassure parce que lon appartient au Christ ; les crimes nentreront point dans le ciel. Le Christ fera donc le discernement, Ceux qui auront pris le Christ pour base, et bâti avec le crime seront exclus ; ceux qui bâtissent avec lor, largent, sont les élus ; ceux qui bâtissent avec le bois, la paille, ou avec des affections terrestres mais en demeurant attachés au Christ, seront sauvés. Avec le froment et le miel de la sagesse, les ennemis du Seigneur sont demeurés en arrière.
1. Nous avons entrepris, mes frères, de vous exposer ce psaume; puisse votre calme aider notre voix qui est quelque peu sourde: mais lattention des auditeurs me donnera des forces, avec le secours de Celui qui mordonne de parler. Ce psaume à pour titre: « Jusquà la fin, pour les pressoirs, au cinquième jour de la semaine, psaume pour Asaph lui-même ». Combien de mystères accumulés dans un seul titre ! de manière à nous montrer dès labord , lintérieur du psaume. En parlant du pressoir, nattendez pas que nous vous disions rien des cuves, des presses, des corbeilles: le psaume nen dit mot, ce qui nous indique tout particulièrement un mystère. En effet, si le psaume en parlait, il se trouverait des hommes pour croire quon doit entendre ces pressoirs dans le sens littéral, quil ny faut rien voir de plus, quil ny a là rien de figuratif, rien qui dessine quelque mystère; ce psaume, pourrait on dire, parle simplement des pressoirs, et vous allez imaginer je ne sais quelle allégorie. La lecture ne vous a rien laissé entendre de tout cela. Voyez donc dans ces pressoirs le mystère de lEglise, aujourdhui sur la terre. Dans un pressoir, trois objets arrêtent nos regards: une presse, et de cette presse il sort, dune part ce quil faut garder, dautre part ce quil faut rejeter. On presse donc, on foule, on écrase sous le pressoir; et de là sort invisiblement une huile qui se clarifie dans le vase, tandis quon voit le marc couler dans les rues. Fixez votre attention sur ce spectacle grandiose. Car Dieu ne cesse de nous donner de quoi contempler dans noire joie, et les folies du cirque nont rien de comparable avec ces spectacles, qui sont lhuile pour nous, tandis que le cirque est un marc impur. Vous entendez ces obstinés coasser leurs blasphèmes, et nous dire que les désastres sont plus fréquents depuis le christianisme; cest là, vous le savez, leur refrain layon. De là encore cet adage ancien dejà, qui date du christianisme: Dieu ne fait point pleuvoir, prenez-vous-en aux Chrétiens. Ainsi disaient les anciens, aujourdhui on dit: Il pleut trop, prenez-vous-en aux chrétiens. Il ne pleut pas, nous ne semons point; il pleut, nous ne battons iuoint. Esprits aveugles qui senorgueillissent de ce qui devrait les humilier, qui préfèrent le blasphème à la prière. Quand donc ils se livrent à ces discours, à ces bravades, à ces insolences, à ces obstinations, et quils le (256) font sans crainte, et hardiment, quils ne vous troublent point. Songez que les pressoirs abondent, et tâchez dêtre lhuile. Que ce marc tout noirci dignorance nous maudisse à son gré, quil nous insulte sur les places publiques où il est jeté; mais toi, dans le secret de ton coeur, où pénètre loeil de ton Père 1, sois une huile clarifiée dans la cuve. Tant que lolive pend à larbre, elle est parfois agitée par la tempête, mais elle nest point écrasée sous le pressoir; larbre porte à la fois, et ce quil faut rejeter, et ce quil faut conserver: mais quand elle est écrasée sous le pressoir, alors se fait la séparation, le discernement; on garde lun, on jette lautre. Voulez-vous connaître la force de ces pressoirs? Pour ne vous donner quun exemple des maux dont ils se rendent coupables ceux-là même qui en murmurent: Combien de vols de nos jours, disent-ils, combien dinnocents opprimés, combien de pillages du bien dautrui ! Dans ce pillage du bien dautrui, vous ne voyez que le marc; et vous ne remarquez point lhuile ou la charité qui donne aux pauvres de son propre bien. Il ny avait pas jadis tant de pillards des biens étrangers; mais il ny avait pas non plus tant de donateurs de leur propre bien. Sois donc une bonne fois plus attentif à ce pressoir, et ne tarrête pas à ce qui coule au dehors, tu trouveras mieux en cherchant. Examine, écoute, et vois faire à beaucoup ce qui attrista et fit retourner ce jeune homme riche, quand le Seigneur lui parla. Un grand nombre comprennent ce mot de lEvangile: « Allez, vendez ce que vous possédez, donnez-en le prix aux pauvres, et vous aurez un trésor dans le ciel, puis venez et suivez-moi 2 ». Combien nen vois-tu point pour agir de la sorte? Il en est peu, dis-tu. Ceux là néanmoins sont lhuile, et ceux qui usent bien de ce quils possèdent, sont lhuile aussi : réunis-les ensemble, et tu verras se remplir les greniers du père de famille. Tu vois un voleur tel que tu nen as jainas vu; vois aussi des prodigues tels que tu nen as jamais vus de semblables. Bénis donc les pressoirs; voilà que saccomplit la prophétie de lApocalypse: « Que le juste devienne plus juste encore, et que celui qui est souillé, se souille encore 3 ». Les pressoirs sont dans ces mots : « Que le juste devienne plus juste, et que celui qui est souillé, se souille encore ».
1. Matth. VI, 6. 2. Id. XIX, 21. 3. Apoc. XXII, 11.
12. Que signifie ce « cinquième du sabbat? » Quel en est le sens? Ayons recours aux premières oeuvres de Dieu, nous y trouverons peut-être de quoi élucider ce mystère. Le sabbat est le septième jour, alors que Dieu se reposa de tous ses ouvrages 1. Le jour qui suit le sabbat se nomme le premier jour, que nous appelons encore dimanche. Le second du sabbat est le second jour; le troisième tin sabbat est le troisième jour; le quatrième du sabbat est le quatrième jour; le cinquième du sabbat est le cinquième jour, depuis le dimanche; après vient le sixième du sabbat, ou sixième jour, et le sabbat lui-même est le septième jour. Voyez donc à qui sadresse le psaume. Il me semble quil sadresse à ceux qui ont reçu le baptême. Or, le cinquième jour Dieu tira les créatures de la substance des eaux; le cinquième jour donc, ou le cinquième du sabbat, Dieu dit: « Que les eaux produisent des créatures qui aient une âme vivante 2 ». Voyez donc en vous-mêmes, vous en qui les eaux ont produit des âmes vivantes. Cest vous qui appartenez aux pressoirs, et chez vous qui êtes le produit des eaux, il y a aussi de quoi garder, et de quoi rejeter. Car il en est beaucoup dont la vie ne répond point à la sainteté du baptême quils ont reçu. Combien en est-il qui ont préféré aujourdhui le cirque au théâtre? Combien qui ont reçu le baptême et qui occupent des loges sur le théâtre, ou se plaignent quon ne leur en fasse point? Ce psaume est « pour les pressoirs, ou cinquième jour du sabbat », cest-à-dire quon le chante « pour Asaph », à ceux qui sont sous le pressoir de laffliction, et au sacrement du baptême. Or, il y eut un homme du nom dAsaph, comme un Idithun, un Coré, comme dautres noms que nous trouvons dans les titres des psaumes. Toutefois la signification de ces noms indique souvent un mystère caché. Asaph signifie en latin assemblée. Donc, « cest pour les pressoirs, au cinquième du sabbat », que lon chante ce psaume « à Asaph », cest-à-dire, cest pour laffliction, qui établit le discernement, pour ceux qui ont reçu dans leau une naissance nouvelle, que lon chante notre psaume à lassemblée du Seigneur. Le premier mot du titre nous montre ce quil faut entendre par ces pressoirs: entrons maintenant, si cela vous est agréable, dans la maison où lon
1. Gen. II, 2 2. Id. I,20.
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travaille, cest-à-dire, pénétrons dans lintérieur du pressoir. Entrons, examinons, soyons dans la joie, dans la crainte; désirons et fuyons. Car ce sont là les sentiments qui vous vont assaillir dans lintérieur de cette maison, ou dans le texte du psaume, quand nous commencerons à vous le lire, et à vous dire avec le secours de Dieu, ce quil lui plaira de nous inspirer. 3. Vous donc, ô Asaph, ô sainte Eglise dc Dieu, « Tressaillez dans le Seigneur qui est notre soutien 2». Vous qui êtes ici assemblés aujourdhui, vous, lAsaph du Seigneur, puisque cest pour Asaph ou pour vous que lon chante ce psaume, « tressaillez en Dieu qui est notre appui ». Que dautres sépanouissent au cirque, vous, tressaillez en Dieu; que dautres tressaillent dans celui qui les trompe, vous, tressaillez dans celui qui vous soutient; que dautres tressaillent dans leur Dieu, qui est leur ventre, vous, tressaillez dans le Dieu qui vous soutient. « Poussez des cris devant le Dieu de Jacob ». Vous aussi, vous appartenez à Jacob, vous êtes même Jacob, le plus jeune peuple que sert le peuple aîné 1. « Poussez des cris devant le Dieu de Jacob ». Navez-vous point de paroles pour vous exprimer, ne cessez pas de tressaillir; avez-vous des paroles, chantez; nen avez-vous point, tressaillez. Lexcès de la joie, quand on ne trouve pas dexpressions suffisantes, se répand en tressaillements : « Tressaillez devant le Dieu de Jacob ». 4. « Recevez le psaltérion, et donnez du tambour 2 », « Recevez » et « donnez ». Quest-ce à dire « recevez ? » Quest-ce à dire « donnez? » « Recevez le psaltérion et donnez du tambour ». Saint Paul nous le dit quelque part dans ses épîtres, en se plaignant avec douleur, que nul ne lui avait fait aucune part « à raison du don fait et reçu 3 ». Quel est ce « don fait et reçu », sinon ce quil nous dit ailleurs : « Si donc nous avons semé parmi vous les biens spirituels, est-ce une grande chose, que nous recevions quelque peu de vos biens temporels 4?» Or, on fait le tambour avec un cuir, ce qui tient à la chair. Le psaume désigne donc les biens spirituels, et le tambour les biens du temps. Donc, ô peuple de Dieu, ô Eglise de Dieu, « Recevez le psaltérion, et donnez du tambour»; recevez les biens de lesprit, donnez ceux du temps.
1. Gen. XXV, 23. 2. Ps. LXXX, 1. 3. Philipp. IV, 15. 4. I Cor. IX, 11.
Cest là lexhortation que nous vous faisions à la solennité de votre saint martyr, de recevoir les biens de lâme, et de donner les biens temporels. Ces édifices, en effet, que lon élève pour un temps, afin dy recevoir les vivants ou les morts, sont nécessaires, mais dans cette vie qui sécoule. Car après le jugement, pourrons-nous emporter ces constructions au ciel? Et sans elles, pourtant, nous ne pouvons faire ici-bas ce quil faut faire pour gagner le ciel. Si donc vous désirez recevoir les dons de lesprit, soyez empressés à donner les biens temporels. « Recevez le psaltérion, et donnez du tambour »; recevez nos instructions, et donnez vos oeuvres. 5. « Le psaltérion est harmonieux avec la harpe ». Il me souvient davoir exposé à votre charité la différence entre le psaltérion et la harpe: ceux qui ont pris soin de la retenir, Pourront la reconnaître; ceux qui ne lont point entendue, ou retenue, pourront lapprendre. Ces deux instruments de musique, le psaltérion et la harpe, ont cette différence, que le psaltérion a dans sa partie supérieure cette concavité qui rend les cordes sonores: on touche en bas les cordes qui résonnent en haut. Dans la harpe, au contraire, ce bois concave est en bas. Lun donc paraît descendre du ciel, et lautre sélever de la terre. Or, du ciel vient la prédication de la parole de Dieu. Mais si nous convoitons les biens du ciel, ne demeurons pas en arrière des oeuvres terrestres; car « le psaltérion est,harmonieux, mais daccord avec la harpe ». Cest la répétition de ce qui est dit plus haut : « Recevez le psaume, et frappez du tambour ». Ici le psaltérion est mis pour le psaume, et la harpe au lieu du tambour. Toutefois, cest là pour nous un avertissement de répondre par des oeuvres temporelles à la prédication de la parole de Dieu. 6. « Sonnez de la trompette 1». Cest-à-dire, prêchez plus clairement et avec plus de confiance, et ne craignez point, comme le dit quelque part un prophète : « Crie, et fais retentir ta voix, comme léclat de la trompette. Sonnez de la trompette au commencement du mois de la trompette 2». Il était ordonné de sonner de la trompette au commencement de chaque mois. Les Juifs le font encore aujourdhui, sans en comprendre le sens mystique. Tout commencement de mois est une nouvelle lune, mais toute nouvelle
1. Ps. LXXX, 4. 2. Isa. LVIII, 1.
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lune est une vie nouvelle. Quest-ce quune nouvelle lune? « Donc si quelquun est à Jésus-Christ, cest une nouvelle créature 1». Quest-ce à dire: « Sonnez de la trompette au commencement du mois de la trompette 2?» Prêchez en toute confiance une vie nouvelle, ne craignez point le bruit de lancienne vie. 7. « Parce que cest la loi en Israël, cest un décret établi par Dieu pour Jacob 3 ». La loi suppose un jugement. Car ceux qui ont péché contre la loi, seront jugés par la loi 4. Celui-là même qui a établi la loi, le Christ Notre-Seigneur, Verbe fait chair, « est venu », dit-il, « en ce monde pour exercer un jugement, afin que ceux qui ne voient point voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles 5». Quest-ce à dire, « afin que ceux qui ne voient point voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles » ; sinon afin que les humbles soient élevés, et les orgueilleux abaissés? Car ceux qui voient réellement ne seront point aveuglés, mais ceux qui croient voir seront convaincus daveuglement. Tel est leffet mystérieux du pressoir, que « ceux qui ne voyaient point voient, et e que ceux qui voyaient deviennent aveugles.» 8. « Cest un monument établi par le Seigneur dans la maison de Joseph 6 ». Courage, mes frères! Quest-ce que cria signifie? Joseph, en hébreu, signifie accroissement. Il vous en souvient, mes frères, vous savez que Joseph fut vendu en Egypte : cest le Christ qui passe chez les nations. Ce fut là que Joseph après tant dhumiliations fut élevé en gloire 7 ; comme le Christ après les douleurs des martyrs fut en honneur dans le monde. Donc Joseph désigne ici les nations; et il est appelé accroissement, parce que lépouse stérile a plus denfants que celle qui a un époux 8. « Cest un monument établi par le Seigneur dans la maison de Joseph, lorsquil sortit de la terre dEgypte ». Voyez ici, mes frères, le cinquième jour du sabbat. Quand Joseph sortit de la terre dEgypte, cest-à-dire quand ce peuple que Joseph avait multi plié, traversa la mer Rouge 9. Car alors les eaux produisirent des âmes vivantes 10. Car alors le passage du peuple à travers la mer Rouge ne figurait que le passage des fidèles à travers les eaux du baptême ; nous
1. II Cor. V, 17. 2. Saint Augustin nexplique pas cette page du verset : « Au jour de vos grandes solennités » . 3. Ps. LXXX, 5. 4. Rom, III, 12. 5. Jean, IX, 39. 6. Ps. LXXX, 6. 7. Gen. XXXVII, 28; XLI, 37. 8. Isa. LIV, I 9. Exod. XIV, 22-31. 10. Gen. I, 20.
en avons ce témoignage de lApôtre: « Je ne veux pas, mes frères, vous laisser ignorer ce que nos pères furent tous sous la nuée, que tous passèrent la mer, que tous furent baptisés, sous la conduite de Moïse, dans la nuée et dans la mer 1». Donc le passage de la mer Rouge navait dautre signification que le sacrement du baptême; et les Egyptiens qui poursuivaient les Israélites figuraient la foule de nos péchés passés. Vous voyez là des symboles transparents. Les Egyptiens passent, ils poursuivent: nos péchés nous suivent, mais jusquà leau seulement. Pourquoi donc, ô toi, qui es en retard, pourquoi redouter de venir au baptême du Christ, de traverser la mer Rouge ? Pourquoi rouge? Consacrée par le sang du Seigneur. Pourquoi noser venir? Ta conscience serait-elle déchirée par le souvenir de quelque faute grave, en proie aux remords, et te dirait-elle que ta faute est trop grave pour en espérer le pardon? Crains sans doute quil ne demeure en toi quelque faute, quun seul Egyptien ne survive. Quand tu auras traversé la mer Rouge 2, et que tu seras délivré de tes péchés par une main forte et puissante, tu auras part aux mystères que tu ne connais. sais point, ainsi quil en fut de Joseph, qui « au sortir de lEgypte cri tendit une langue à lui inconnue ». Tu entendras donc un langage que tu ne connaissais point, que savent et entendent ceux qui aujourdhui témoignent quils comprennent et quils connaissent. Tu apprendras où tu dois élever ton coeur: et tout à lheure quand jen parlais, plusieurs dentre vous ont témoigné par leurs acclamations quils comprenaient; les autres sont demeurés muets, parce quils entendaient une langue pour eux inconnue. Courage donc! quils se hâtent, quils passent la mer, quils apprennent. « Il entendit une langue inconnue pour lui ». 9. « Il a délivré ses épaules des fardeaux 3». Qui « a délivré les épaules du fardeau », sinon celui qui a dit: « Venez à moi, vous tous qui êtes accablés par le travail et les fardeaux 4? »Cest le même sous une autre figure. Ce que faisait dune part la persécution des Egyptiens, le fardeau des péchés le fait dautre part. « Il a délivré ses épaules du fardeau ». Et comme si lon disait: De quel fardeau? « Ses mains », répond le Prophète, « servaient
1. I Cor. X, 1, 2. 2. Ps. CXXXV, 12. 3. Id. CXXX, 7. 4. Matth. XI, 28.
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à la corbeille ». Par corbeille il entend ici loeuvre des esclaves; ainsi nettoyer, porter le fumier ou la terre, sont des oeuvres que font des esclaves au moyen dune corbeille: or, tout homme qui commet le péché, devient esclave du péché; et si le Fils de Dieu vient vous délivrer, vous serez vraiment libres 1. Les emplois abjects du monde sont bien désignés par des corbeilles; mais ces corbeilles, Dieu les remplit de morceaux de pain 2 : il remplit de morceaux de pain douze corbeilles, parce quil a choisi ce quil y a de plus vil selon le monde, pour confondre ce quil y a de plus élevé 3. Mais quand Joseph servait à la corbeille, il y portait la terre, parce quil faisait des briques. « Ses mains ont servi à la corbeille ». 10. « Dans la tribulation, tu mas invoqué, et je tai délivré 4 ». Toute conscience chrétienne doit se reconnaître ici ; et si elle a saintement traversé la mer Rouge 5, si dans sa fidélité à croire et à pratiquer, elle a compris une langue jusqualors inconnue, quelle sache que Dieu la exaucée dans la tribulation. Car cest une grande tribulation que dêtre accablée sous le fardeau du péché. Quelle joie pour une conscience qui en est délivrée! Te voilà baptisé, ta conscience, accablée hier, est soulagée aujourdhui. Dieu ta exaucé au jour de la tribulation, mais noublie pas la tribulation qui taccablait. Avant dapprocher des eaux sacrées, quelles nétaient point tes inquiétudes? Quels nétaient point tes jeûnes ? Et dans ton coeur, quelle amertume ! combien de prières saintes et ferventes? Tes ennemis sont tués, tes péchés détruits. « Tu mas invoqué dans la tribulation, et je tai délivré ». 11. « Je tai exaucé dans le secret de la tempête», non de louragan des mers, mais de la tempête du coeur. « Je tai exaucé dans le secret de la tempête ; je tai mis à lépreuve aux eaux de la contradiction 6». Cest là une vérité, mes frères: celui qui a été exaucé dans le secret de la tempête, doit être éprouvé aux eaux de la contradiction. Lorsquil a embrassé la foi, quil a été baptisé, quil est entré dans les voies de Dieu, quil a fait couler comme une huile pure dans le vase préparé, et quil sest séparé de cette lie qui coule vulgairement dans les rues, il trouve beaucoup de persécuteurs, beaucoup
1. Jean, VIII, 34, 36. 2. Matth. XIV, 20. 3. I Cor. I, 27. 4. Ps. LXII, 8. 5. Ibid. 5. Exod. XIV, 22.
dinsolents qui le méprisent, le dissuadent, le menacent dès quils le peuvent, qui teffraient, et vont jusquà labattre. Cest là leau de la contradiction. Je ne doute pas quil ny ait ici de ces menées, je me persuade quil est ici des fidèles, que leurs amis voulaient entraîner au cirque, à je ne sais quelle niaiserie dans cette solennité que nous célébrons ceux-ci peut-être les ont au contraire amenés à lEglise. Mais soit quils les aient amenés ici, soit quils aient refusé de les suivre au cirque, ils ont été mis à lépreuve aux eaux de la contradiction. Ne rougis point dannoncer ce que tu sais, et de défendre la foi contre les blasphémateurs. Si en effet Dieu texauce dans le secret de là tempête, cest que le coeur croit pour arriver à la justice; si tu es éprouvé aux eaux de la contradiction, cest quil faut confesser de bouche pour arriver au salut 1. A quoi est maintenant réduite cette eau de la contradiction ? Elle est presque desséchée. Nos pères en ont ressenti la violence quand les nations se soulevaient contre la parole de Dieu, contre les mystères du Christ. Leau se troublait alors, car lApocalypse nous montre que par les eaux il faut souvent entendre les peuples, quand à la vue des grandes eaux, et à cette question : Quest-ce que cela? on répond : « Ce sont les peuples 2 ». Nos pères ont donc passé par les eaux de la contradiction quand les nations frémirent, quand les peuples formèrent de vains complots, quand les rois de la terre se levèrent, et que les princes se liguèrent contre le Seigneur et contre son Christ 3. Ce frémissement des peuples, cétait le lion rugissant, barrant le passage à Samson qui allait chercher une épouse chez les étrangers, cest-à-dire au Christ qui descendait chez les Gentils pour sunir à lEglise, Mais que fit le Seigneur? Il saisit ce lion redoutable, puis le broya, le mit en pièces : ce ne fut dans ses mains quun jeune chevreau. Quétait-ce que toute la rage de ce peuple, sinon la langueur du péché? Détruisez cette cruauté, et les rois ne frémissent plus contre le Christ, les gentils ne lattaquent plus avec cette colère : nous trouvons au contraire chez les nations des lois favorables à lEglise, cest le rayon de miel dans la gueule du lion 4. Pourquoi craindrais-je cette eau de la contradiction qui est presque desséchée? Elle se tairait presque, si le marc
1. Rom. X, 10. 2. Apoc. XVII, 15. 3. Ps. II, 1, 2. 4. Jug. XIV, 5-8.
ne soulevait la contradiction. Quelle que soit la fureur des étrangers, si du moins les méchants dentre nous ne les secondaient point! « Je tai entendu dans le secret de la tempête, je tai mis à lépreuve aux eaux de la contradiction » .Vous vous souvenez de ce qui est dit du Christ, quil est né pour la ruine de plusieurs, comme pour la résurrection de plusieurs, et pour être un signe de contradiction 1. Nous le savons, et nous le voyons. La croix se dresse comme un signe, et on la contredit. On contredit à la gloire de la croix; mais la croix était surmontée dun titre que lon ne pouvait altérer. Car il est dit dans un psaume : « Pour linscription du titre, ne laltérez point 2 ». Cétait là un signe de contradiction, et les Juifs dirent à Pilate : « Nécrivez point roi des Juifs, mais écrivez quil sest dit roi des Juifs 3 ». Alors la contradiction fut vaincue, et Pilate répondit : « Ce que jai écrit, je lai écrit ». « Je tai exaucé dans le secret de la tempête, je tai mis à lépreuve aux eaux de la contradiction ». 12. Toutes les paroles du psaume, depuis le commencement jusquà ce verset, nous les avons entendues de lhuile du pressoir. Le reste est plus à déplorer et plus à craindre, car jusquà la fin il est question du marc du pressoir; et ce nest peut-être point sans raison que lon a placé ici une pause. Mais il est utile dentendre ces paroles, afin que celui qui se trouve avec lhuile sen réjouisse, et que celui qui est en danger de sécouler comme le marc du pressoir, soi t sur ses gardes. Ecoutez ces deux hommes: aimez lun, craignez dêtre comme lautre. « Ecoute, ô mon peuple, je te parlerai, et te convaincrai 4 ». Ce nest point à un peuple étranger, ce nest point à un peuple qui nappartienne pas aux pressoirs, que le Seigneur a dit : « Jugez entre ma vigne et moi 5. Ecoute, ô mon peuple, je te parlerai et te convaincrai ». 13. « Israël, si tu écoutais ma voix, il ny aurait point chez toi un Dieu nouveau 6». Un Dieu récent est un Dieu de fraîche date or, notre Dieu nest pas récent, il est de toute éternité, et sera dans léternité. Et si notre Christ est un homme récent, il est un Dieu éternel. Quy avait-il avant le commencement? Or, au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était
1. Luc, II, 34. 2. Ps. LIX, 1. 3. Jean, XII, 18-22. 4. Ps. LXXX, 9. 5. Isa. V, 5. 6. Ps. LXXX, 10.
Dieu. Et le Verbe notre Dieu sest fait chair, afin dhabiter parmi nous 1. A Dieu ne plaise quil y ait en quelquun de nous un Dieu récent. Un Dieu récent est une pierre ou un fantôme. Ce nest point une pierre, diras-tu, cest un Dieu dor ou dargent. Cest bien avec raison que le Prophète a dit de ces divinités précieuses : « Les idoles des nations sont largent et lor», Elles sont précieuses, puisquelles sont dor et dargent; elles sont précieuses et brillantes, et pourtant elles ont des yeux pour ne point voir 2. Voilà des dieux récents. Quoi de plus récent quun dieu sorti dune boutique? Bien que depuis plusieurs années ils soient couverts de toiles daraignées: tout ce qui nest pas éternel est récent. Ceci soit dit aux païens. Un autre prenant en vain le nom du Seigneur son Dieu, sest fait du Christ une créature, un Christ inférieur et inégal au Père qui la engendré, un Christ quil appelle dune part Fils de Dieu, quand dautre part il nie quil soit Fils de Dieu. Sil est en effet le Fils unique du Père, il est tout ce quest le Père, et de toute éternité. Mais toi qui as imaginé dans ton coeur une autre doctrine, tu as fait un Dieu récent. Un autre encore sest fait un Dieu qui combat contre les puissances des ténèbres, qui craint lenvahissement, qui se défend contre la corruption ; qui est corrompu en partie, et veut arriver à lintégrité, sans pouvoir lacquérir, puisquil tient à ta corruption. Voilà ce que disent les Manichéens, qui se font aussi dans leurs coeurs un Dieu récent. Tel nest point notre Dieu, tel nest point ton partage, ô Jacob. Ton Dieu est le Dieu qui a fait le ciel et la terre, qui na pas besoin de tes biens, qui ne redoute pas les maux. 14. Beaucoup dhérétiques, à linstar des païens, se sont fait eux-mêmes des dieux de toutes sortes, se sont formé des idoles étrangères ; et sils ne les ont point placées dans leurs temples, ils ont fait pire en les élevant dans leurs coeurs, et en se faisant eux-mêmes les temples de divinités ridicules et mensongères, Cest une oeuvre importante que briser ces idoles, et préparer en nous-mêmes un sanctuaire au Dieu vivant, et non de fraîche date. Tous ces hérétiques, différents dopinions, se font aussi des divinités différentes ; ils déchirent par lerreur le symbole de la foi, et semblent se combattre, tandis
1. Jean, I, 1, 51. 2. Ps. CXIII, 4, 5.
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quils ne sécartent point des pensées terrestres, et que dans ces pensées terrestres ils sont tous daccord. Lopinion varie, la vanité est la même. Cest deux quil est dit dans un autre psaume: « Ils se sont liés par la vanité 1 ». Divisés par la diversité de leurs erreurs, ils saccordent néanmoins dans une même vanité. Or, vous le savez, la vanité doit être en arrière, dans loubli. Aussi lApôtre, oubliant ce qui est en arrière, cest-à-dire la vanité, pour savancer vers ce qui est devant lui, ou la vérité, sefforce de remporter la palme à laquelle Dieu la appelé den haut par Notre-Seigneur Jésus-Christ 2. Quoique ces hommes soient donc divisés en apparence, ils sont trop daccord pour leur malheur. Cest dans ce sens que Samson attacha les renards par la queue 3. Le renard avec ses artifices est le symbole des hérétiques, pleins de ruse et de fourberie, se cachant, pour mieux tromper, dans des tanières aux mille détours, et qui suffoquent par heur puanteur. Cest contre cette puanteur que saint Paul a dit : « Nous sommes en tout lieu la bonne odeur de Jésus-Christ 4 ». Cest encore de ces renards quil est dit dans les cantiques: « Prenez-nous ces petits renards qui ravagent les vignes, et qui se dérobent dans des cavernes tortueuses ». «Prenez-les pour nous », donnez-leur notre conviction ; car cest prendre un homme que le convaincre derreur. Des renardeaux contredisaient un jour le Sauveur, et lui disaient : « Par quel pouvoir faites-vous ces miracles ; et vous », leur dit-il, « répondez-moi un seul mot: doù vient le baptême de Jean? Du ciel ou des hommes?» Dans les tanières des renards il y a ordinairement une entrée et une sortie : or, voilà que le chasseur a placé ses piéges sur chacune de ces issues. « Dites-moi : vient-il du ciel ou des hommes ? » Ils comprennent que le piège est tendu de part et dautre ; et ils se disent en eux-mêmes: « Si nous répondons quil vient du ciel, il nous dira : Pourquoi donc navez-vous point cru en lui ? » Car Jean a rendu témoignage au Christ. « Si nous disons quil vient de la terre, le peuple nous lapidera, car on le regarde comme un Prophète ». Flairant donc le piège qui les menaçait de part et dautre, ils répondirent : « Nous nen savons rien ». Et le Seigneur :
1. Ps. LXI, 10. 2. Philipp. III, 13, 14. 3. Juges, XV, 4. 4. II Cor. II, I5. 5. Cant. II, 15.
« Ni moi non plus, je ne vous dis point par quel pouvoir jopère ces merveilles 1 » . Vous alléguez lignorance quand vous savez, et moi je ne vous enseigne point cc que vous cherchez. Vous navez osé sortir dans aucune direction, et vous êtes demeurés dans vos ténèbres. Obéissons donc, nous aussi, à cette injonction du Verbe de Dieu : « Prenez ces renardeaux qui ravagent nos vignes ». Voyons si nous pourrons en prendre quelques uns : plaçons nos piéges sur chaque entrée du terrier, afin que le renard soit pris, quelque route quil suive. Ainsi le Manichéen se fait un dieu nouveau; il adore dans son coeur ce qui ne fut jamais; posons-lui cette question: La substance divine est-elle corruptible ou incorruptible? Prenez le parti que vous voudrez, lissue qui vous plaira ; mais vous néchapperez point : si vous dites quelle est corruptible, vous serez lapidés, non par le peuple, mais bien par vous-mêmes. Si vous dites que Dieu est incorruptible, comment lincorruptible peut-il redouter le peuple des ténèbres? Que peut faire une race corruptible à celui qui ne lest pas? Que pouvez-vous répondre, sinon : « Nous ne savons ? » Or, si vous répondez ainsi, non par fourberie, mais bien par ignorance, ne demeurez point dans les ténèbres ; que le renard se change en brebis, quil croie au Dieu invisible, incorruptible, au Dieu qui nest point nouveau; au Dieu seul, et non au Dieu soleil, car nallons pas ouvrir un autre terrier au renard qui senfuit. Et toutefois nous ne redoutons point le nom de soleil, car il est dit dans nos saintes Ecritures, quil est « un soleil de justice, et que la santé est sous ses ailes 2 ». On cherche dans lombre un abri contre lardeur de ce soleil, on se retire sous ses ailes pour se défendre de ses feux : la santé est sous ses ailes. Tel est le soleil qui fera dire aux méchants : « Nous nous sommes donc égarés du sentier de la vérité, et la lumière de la justice na pas lui à nos yeux, le soleil ne sest point levé pour nous ». Ces adorateurs du soleil diront : « Le soleil ne sest point levé pour nous » : puisquen adorant ce soleil que Dieu fait lever sur les bons et sur les méchants, ils nont point fait lever sur eux ce soleil qui éclaire les bons. Chacun deux se fait donc, à sa fantaisie, un Dieu récent. Qui
1. Matth. XXI, 23-27 ; Luc, X, 2, etc. 3. Malach. IV, 2. 4. Sag. V, 6. 5. Matth. V, 45.
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empêchera un coeur erroné de se faire des fantômes à sa guise ? Ils sont donc tous des renards liés par la queue, cest-à-dire quils saccordent dans une même vanité. De là vient que notre Samson, qui en hébreu signifie leur soleil, ou le soleil de ceux quil éclaire, et non de tous, commue celui qui se lève sur les bons et sur les méchants, mais le soleil de quelques-uns, le soleil de justice, car il figurait le Christ, attacha les renards par la queue, comme je commençais à vous le dire, et y mit une torche enflammée : ce feu devait porter lincendie, mais dans les moissons des étrangers. Donc les hérétiques, daccord dans des enseignements postérieurs et comme liés par la queue, traînent après eux une torche incendiaire, mais sans force pour nos moissons. « Le Seigneur, en effet, connaît ceux qui sont à lui, et tout homme qui invoque le nom du Seigneur, doit se retirer de liniquité. Or, dans un grand palais, il y a non-seulement des vases dargent et dor, mais aussi des vases de bois et dargile ; les uns sont en honneur, les autres méprisés. Si donc un homme se préserve de toute impureté, il sera un vase dhonneur, utile au Seigneur, et préparé pour toutes sortes de bonnes uvres 2 » ; et dès lors il ne craindra ni la queue des renards, ni leurs torches enflammées. Mais revenons à notre psaume. « Si tu mécoutes », dit le Prophète, « il ny aura en toi aucun Dieu nouveau ». Ce qui métonne, cest que le Prophète ait dit : « En toi », in te, et non pas, a te, de ta façon, comme si lidole était quelque chose dextérieur à lhomme : mais « en toi »dans ton coeur, dans le travail de ton imagination, dans lerreur qui tégare, tu porteras avec toi ton Dieu nouveau, en demeurant dans le vieil homme. « Si donc tu veux mécouter, moi », dit le Prophète, « parce que je suis celui qui suis , il ny aura en toi aucun Dieu nouveau; et tu nadoreras point un Dieu étranger ». Si ce Dieu étranger nest point en toi, «tu ne ladoreras point». Si quelque faux dieu naborde point ta pensée, tu nadoreras point un Dieu forgé par les hommes: « Il ny aura en toi aucun Dieu nouveau ». 15. «Cest moi qui suis en effet ». Pourquoi veux-tu adorer ce qui nest pas? « Je suis le Seigneur ton Dieu 4 » : parce que je suis
1. Juges, XV, 4. 2. II Tim. II, 19-21. 3. Exod. III, 14. 4. Ps. LXXX, 11.
celui qui suis. Cest moi, dit le Seigneur, qui suis dabord au-dessus de toute créature; et de plus que nai-je point fait pour toi dans le temps? « Cest moi qui tai tiré de lEgypte ». Cette parole ne sadresse point à Israël seulement, car nous sommes tous tirés de la terre dEgypte, tous nous avons traversé la mer Rouge, et les ennemis qui nous poursuivaient ont péri dans les eaux. Ne soyons point ingrats envers Dieu, nallons point oublier le Dieu qui subsiste, pour nous faire des dieux nouveaux. « Cest moi qui tai tiré de la terre dEgypte»,dit le Seigneur, «ouvre la bouche et je la remplirai ». Tu es à létroit en toi-même, à cause du dieu nouveau qui a envahi ton coeur : brise un vain simulacre et bannis de ta conscience un Dieu fictif : « Ouvre ta bouche » par la confession et par lamour; « et je la remplirai », car cest en moi quest la source de vie 1. 16. Voilà ce que dit en effet le Seigneur; mais quest-il dit ensuite? « Et mon peuple na pas entendu ma voix 2 ». Dieu ne parlerait point de la sorte à tout autre quà son peuple. Car tout ce que dit la loi, nous savons quelle le dit à ceux qui sont sous la loi 3. « Et mon peuple na pas entendu ma voix; Israël na pas fait attention à moi ». Qui a manqué dattention? pour qui? « Israël, pour moi ». O âme ingrate, âme qui existe par moi, âme que jai appelée, âme que jai amenée à lespérance, âme que jai purifiée de liniquité ! « Israël na pas fait attention à moi ». Ils sont baptisés, ils traversent la mer Rouge, mais ils murmurent pendant la route, ils contredisent, ils se plaignent, ils se laissent troubler par les séditions , ils nont quingratitude pour celui qui les a délivrés des poursuites de leurs ennemis, qui les a conduits à pied sec, à travers les eaux, par le désert, leur donnant la lumière pendant la nuit, lombre de la nuée pendant le jour : « Et Israël na point fait attention à moi ». 17. « Et je les ai livrés aux désirs de leurs coeurs 4 ». Voici le pressoir. Les issues sont ouvertes, le marc va couler. « Et je les ai livrés », non point à la pratique de mes préceptes; mais « cest aux désirs de leurs coeurs » que je les ai livrés. Cest la plaie dont parle saint Paul : « Dieu les a livrés aux désirs de leurs coeurs 5. Je les ai livrés aux
1. Ps. XXXV, 10. 2. Id. LXXX, 12. 3. Rom. III, 19. 4. Ps. LXXI, 13. 5. Rom. I, 24.
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convoitises de leurs coeurs, ils suivront leurs « désirs corrompus e. De là vient tout ce qui vous fait horreur, si toutefois vous êtes lhuile pure qui coule dans les vases mystérieux du Seigneur; si toutefois vous aimez ces vases, de là vient tout ce qui vous fait horreur, Les uns se font les champions du cirque, dautres de lamphithéâtre, celui ci vante une loge sur la place publique, celui-là le théâtre, lun est dans un sens, lautre dans un autre sens, un troisième défend ses dieux nouveaux : « Ils suivent la corruption de leurs pensées ». 18. « Si mon peuple mavait écouté, si Israël avait marché dans mes voies 1» Peut-être cet Israël se dit en lui-même : De toute évidence, me voilà prévaricateur, voilà que mon coeur mentraîne dans ses convoitises ; mais que faire ? cest là loeuvre du diable, cest loeuvre des démons. Quest-ce que le diable, et que sont les démons? Tes ennemis assurément. « Si Israël eût marché dans mes voies, jaurais anéanti tous ses ennemis 2 » . « Si mon peuple meût écouté », dit le Seigneur; comment peut-il être mon peuple sil ne mécoute point? « Si mon peuple meût écouté ». Quest-ce que « mon peuple? » « Israël ». Quest-ce à dire « sil meût écouté? » « Sil eût marché dans mes voies». Il se plaint, il gémit sous loppression de ses ennemis; et « jaurais réduit ses ennemis au néant, jaurais étendu ma main sur ses persécuteurs ». 19. Et maintenant quelle plainte peuvent-ils faire de leurs ennemis? Leurs plus grands ennemis sont eux-mêmes. Comment cela? Que dit ensuite le Prophète? Vous vous plaignez de vos ennemis, et vous-mêmes, quêtes-vous? « Les ennemis du Seigneur ont menti à la foi quils lui avaient donnée 3». Renonces-tu au démon? Jy renonce. Et ils reviennent à ce quils ont abjuré. Et pourtant à quoi donc as-tu renoncé, sinon aux actes mauvais, aux actes diaboliques, aux actes que Dieu condamne, aux vols, aux rapines, aux parjures, aux homicides, aux adultères, aux sacrilèges, aux sacrifices abominables, aux vaines curiosités? Cest à tout cela que tu as renoncé, et tout cela néanmoins te courbe et te. domine. Ton nouvel état devient pire que ton premier. Le chien retourne à son vomissement, et le pourceau lavé à son bourbier 4. «Les ennemis du Seigneur lui ont manqué de parole ».
1. Ps. LXXX, 14. 2. Id. 15. 3. Id. 16. 4. II Pierre, II, 20, 22.
Admirable patience du Seigneur I Pourquoi ne sont-ils point renversés? pourquoi le glaive. nen fait-il point justice? pourquoi la terre ne souvre-t-elle point pour les engloutir? pourquoi ne sont-ils pas consumés par le feu du ciel? cest que la patience du Seigneur est grande. Seront-ils néanmoins impunis? Loin de là. Quils ne se prévalent point sur la miséricorde du Seigneur, jusquà se promettre quil sera injuste en leur faveur. Ignores-tu que cette longanimité de Dieu est un moyen de tamener à la pénitence? Et toutefois, par la dureté, par limpénitence de ton coeur, tu amasses un trésor de colère, pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses oeuvres 1. Il ne rend pas toujours ici-bas justice, il la rendra alors. Le châtiment quil inflige ici-bas nest que pour un temps : ce quil doit infliger alors, à lincorrigible et à limpénitent, sera éternel. Et pour comprendre quils ne seront point impunis, écoute ce qui suit : « Les ennemis du Seigneur lui ont manqué de parole ». Mais, diras-tu, que leur a-t-il fait? Nont-ils pas la vie? ne peuvent-ils respirer, ni jouir de la lumière? ne boivent. ils pas aux sources deau? ne mangent-ils point des fruits de la terre? « Leur châtiment sera dans léternité ». 20. Que personne donc ne se flatte dappartenir au pressoir; son avantage est dêtre lhuile du pressoir. Avec des actions criminelles qui ne peuvent entrer dans le royaume des cieux, nallons pas nous le promettre, en disant : Jai le signe du Christ, les sacrements du Christ, je ne serai point effacé pour léternité; et si je dois être purifié, je serai sauvé par le feu. Que dit en effet lApôtre à propos de ceux qui sont sur la base? «Nul ne peut poser dautre fondement que celui qui a été posé, et ce fondement, cest Jésus-Christ ». Mais, ajoutent-ils, que dit ensuite lApôtre ? « Que chacun prenne garde à ce quil bâtit sur ce fondement. Lun bâtit en or, en argent, en pierres précieuses; un autre en bois, en foin, en chaume : le feu doit éprouver louvrage de chacun, car le jour du Seigneur le fera connaître, et il sera révélé par le feu. Celui qui aura bâti un ouvrage qui subsistera, en recevra la récompense » ; cest-à-dire celui qui aura élevé sur ce fondement un édifice avec des oeuvres
1. Rom. II, 4-6.
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de justice comme « lor, largent, les pierres précieuses ». Mais celui qui aura bâti avec le péché, comme, « le bois, le foin et la paille », à cause du fondement, il ne laissera pas « dêtre sauvé, quoiquen passant par le feu 1 ». Je préfère lexcès de crainte, mes frères, et ne veux point vous donner une sécurité trompeuse. Je ne vous donnerai pas ce que je nai point, je vous effraie, parce que je suis effrayé ; je vous donnerais plus de sécurité, si jen avais moi-même : je crains le le feu éternel, « Et leur châtiment sera dans éternité», dit le Prophète; ce que je ne comprends que du feu éternel, dont lEcriture nous dit ailleurs : « Leur feu ne séteindra pas, et le ver qui les ronge ne mourra point 2». Mais cest des impies quil est parlé, et non de moi, me dira quelquun; quelque pécheur,quelque adultère, quelque trompeur, quelque voleur, quelque parjure que je sois, jai pour base le Christ, je suis chrétien , je sais baptisé ; je passerai par le feu des expiations, mais je ne périrai point, à cause du fondement. Encore une fois, qui es-tu? Chrétien. Continue encore, que disais-tu? Coupable de vol, dadultère et de tous ces crimes dont lApôtre a dit, que « ceux qui les commettent ne posséderont point le royaume des cieux 3 ». Assurément, sans être corrigé de ces crimes, sans en avoir fait pénitence, peux-tu bien te promettre le royaume des cieux ? Je ne le pense point. « Car ceux qui commettent ces crimes nentreront point dans le royaume des cieux».Ignores-tu donc que la patience de Dieu tamène a la pénitence 4? En te flattant dillusoires espérances, par ta dureté, par limpénitence de ton coeur, tu te fais une provision de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses oeuvres. Considère donc le juge qui doit venir. Il a bien fait, et je lui en sais gré, de ne point nous avoir dérobé la sentence définitive; il na point expulsé les coupables pour tirer le voile ensuite. Il a voulu nous dire, par avance, ce quil voulait faire. « Toutes les nations seront rassemblées devant lui ». Et quen fera-t-il? « Il les séparera; il placera les uns à droite, les autres à gauche 5». Y a-t-il donc une place réservée au milieu ? Que dira-t-il à ceux de droite? « Venez, bénis
1. I Cor. III, 10-15. 2. Isa. LXVI, 24. 3. Gal. V, 21. 4. Rom. 1, 4. 5. Matth. XXV, 32.
de mon Père, recevez le royaume 1 ». Et à ceux de gauche ? « Allez au feu éternel, qui a été préparé pour le diable et ses anges 2 ». Si le feu ne teffraie point, que la compagnie teffraie. Si donc ces uvres ne doivent point posséder le royaume des cieux, ou plutôt, non point les oeuvres, mais ceux qui les commettent, car dans le feu il ny aura pas doeuvres semblables 3 ; et ceux qui seront dévorés dans les flammes ne commettront plus ni vol, ni adultère, mais « ceux qui les commettent ne posséderont point le royaume de Dieu » ; ces coupables ne seront donc point à la droite, en compagnie de ceux auxquels on dira : « Venez, bénis de mon Père, recevez le royaume, puisque ceux qui commettent ces crimes ne posséderont point le royaume de Dieu ». Mais sils ne sont point à la droite, il ne leur reste de place quà la gauche. Et que dira le juge à ceux de gauche? « Allez au feu éternel; car leur châtiment sera dans léternité ». 21. Expliquez nous, me diras-tu, comment ceux qui bâtissent sur ce fondement, avec le bois, le foin, la paille, ne doivent point périr, mais seront sauvés, et cependant comme par le feu. Cest là un passage difficile, et néanmoins jen dirai brièvement ma pensée. Mes frères, il y a des hommes qui ont pour le monde un souverain mépris, qui nont aucun goût pour les choses qui passent avec le temps, qui ne sattachent par aucune affection aux oeuvres terrestres, qui vivent dans la sainteté, la chasteté, la continence, la justice, qui ont peut être vendu tous leurs biens pour en donner le prix aux pauvres, ou bien qui possèdent comme sils ne possédaient pas, qui usent de ce monde comme sils nen usaient pas 4. Mais il en est dautres qui ont quelque attache daffection pour les biens que Dieu accorde à notre faiblesse. Tel qui ne prend point le bien dautrui, sattache au sien, de manière à se troubler de la moindre perte. Il ne convoite point lépouse dun autre, mais dans son affection pour la sienne, dans ses rapports avec elle, il ne garde plus cette prescription divine qui est la génération des enfants. Il ne sempare point du bien des autres, mais en exigeant ce qui est à lui, il en vient avec ses frères à un procès. Cest à ces gens que sadresse le reproche de lApôtre « Cest déjà une faute bien grave que vous ayez des procès entre
1. Matth. 34. 2. Id. 41. 3. Gal. V, 21. 4. I Cor. VII, 30, 31.
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vous 1 » Il ordonne toutefois que ces différends soient décidés dans lEglise, et non portés aux tribunaux; et il les condamne comme des fautes. Car alors un chrétien dispute pour des biens terrestres, beaucoup plus quil ne convient à un homme à qui le ciel est promis, Ce nest pas tout son coeur quil élève à Dieu, mais il en traîne une partie sur la terre. Enfin, sil se présente une occasion daller au martyre, ceux qui ont le Christ pour fondement et qui bâtissent avec lor, largent, ou les pierres précieuses 2, que disent-ils alors? Il mest bon de mourir et dêtre avec le Christ 3. Ils courent avec allégresse, et ne ressentent rien ou que très-peu de la faiblesse de la chair. Ceux au contraire qui aiment leurs biens, leurs palais, sont dans un trouble étrange; le foin, la paille et le bois sont en feu. Ils ont donc sur le fondement, du loin, de la paille et du bois; mais dans ce qui est permis, non dans ce qui est criminel. Je dis donc, mes frères, as-tu le fondement? Attache-toi au ciel, et foule aux pieds la terre. En agissant ainsi tu ne bâtis quen or, en argent, en pierres précieuses. Mais si tu viens dire : Jaime cette terre, je crains de la perdre; si cette perte qui te menace te cause de la tristesse, à la vérité tu ne préfères pas cette terre au Christ: car tel est ton attachement pour elle, que si lon te disait : Que préfères-tu, de la terre ou du Christ? malgré ton chagrin de la perdre, néanmoins tu préférerais le Christ que tu as choisi pour fondement : alors tu seras sauvé, mais par le feu. Ecoute encore : Tu ne peux conserver ton bien que par un faux témoignage. Léviter, cest avoir le Christ pour fondement, puisque la vérité la dit « La bouche qui ment, tue lâme 4 ». Donc ton amour pour la terre ne saurait te porter au larcin, ni au faux témoignage, ni à lhomicide, ni au parjure, ni à renoncer au Christ; si donc tu abjures tout cela par amour du Christ, cest lui que tu as pour base. Et toutefois ton attachement pour tes biens, ta douleur de les perdre, tont fait bâtir sur ce fondement, non plus avec de lor, de largent, des pierres précieuses; mais avec du bois, du foin, de la paille. Tu seras donc sauvé, lorsque ton édifice commencera à brûler, et dès lors comme par le feu. Que nul ne se persuade quen élevant sur ce fondement des adultères, des blasphèmes, des sacrilèges, des idolâtries, des
1. I Cor. VI, 7. 2. Id. III, 11. 3. Philipp. I, 23. 4. Sag. I, 11.
parjures, il pourra se sauver par le feu, comme si cétait là du bois, du foin et de la paille mais celui-là seulement qui bâtit avec lamour des choses temporelles, sur le fondement du royaume des cieux, ou plutôt sur le Christ, cet amour des biens de la terre brûlera, et lui sera sauvé, à cause de la solidité du fondement. 22. « Les ennemis du Seigneur lui ont menti », en disant : Je vais à votre vigne, sans toutefois y aller 1 : « et leur châtiment sera » non plus dans le temps, mais « dans léternité ». Quels sont ces ennemis? « Ceux quil a nourris du froment le plus pur 2 ». Vous savez quelle est cette fleur du froment dont se nourrissent plusieurs de ses ennemis, qui trahissent leur foi envers lui. « Il les a nourris de la fleur du froment ». Il leur a donné ses sacrements. Judas même fut nourri de ce pur froment, quand il reçut le morceau de pain 3. Cet ennemi du Seigneur a trahi sa foi, et son châtiment sera dans léternité. « Il les a nourris de la fleur du froment, et les a tu rassasiés du miel de la pierre». Les ingrats! « Et Dieu les a nourris de la fleur du froment, et rassasiés du miel de la pierre ». Au désert, cependant, ce fut de leau, et non du miel, que Dieu fit jaillir du rocher 4. Le miel est la sagesse qui pour le coeur est la plus douce de toutes les nourritures. Combien donc parmi les ennemis du Seigneur trahissent sa foi, après avoir été nourris non-seulement de la fleur du froment, mais aussi du miel de la pierre, ou de la sagesse du Christ? Combien trouvent leurs délices à goûter sa parole, à connaître ses sacrements, à pénétrer ses paraboles ! Combien sont ravis de ce miel qui nest pas dun homme en effet, mais de la pierre. Or, la pierre était le Christ 5. Combien sont rassasiés de ce miel, et sécrient : Quelle douceur! Y a-t-il rien de comparable? Peut-on rien dire ou rien comprendre de plus doux? Et pourtant, les ennemis du Seigneur lui ont menti. Je ne veux point marrêter davantage sur un sujet si affligeant ; et quoique le psaume se termine du ne manière si effrayante, remontons de la fin au commencement, et retournons à Dieu : « Tressaillez dans ce Dieu qui est votre soutien ».
Exhortation à venir lentendre le lendemain, et à mépriser les jeux séculaires.
23. Les spectacles des choses divines que
1. Matth, XXI, 30. 2. Ps. LXXX, 17. 3. Jean, XIII, 26. 4. Exod, XVII, 6. 5. I Cor. X, 4.
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vous admirez au nom du Christ, vous ont tenus sous la puissance de leur charme, et vous ont disposés non-seulement à désirer, mais à fuir. Ce sont là des spectacles utiles, salutaires, qui édifient sans détruire; ou mieux, qui détruisent et qui édifient; qui détruisent les dieux nouveaux, pour édifier notre toi, dans le Dieu qui est véritable, éternel. Nous supplions donc votre charité de venir demain encore. Dautres, nous dit-on, auront la mer dans le théâtre, et nous, en Jésus-Christ, le port du salut. Et comme après-demain, ou quatrième jour de la semaine. Il nous sera impossible de nous assembler dans léglise de Saint-Cyprien, à cause de la fête des saints martyrs, nous y reviendrons demain.
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