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HOMÉLIE PREMIÈRE. DIEU AYANT PARLÉ AUTREFOIS A NOS PÈRES EN DIVERS TEMPS ET EN DIVERSES MANIÈRES PAR LES PROPHÈTES, NOUS A ENFIN PARLÉ, EN CES DERNIERS JOURS, PAR SON PROPRE FILS, QU'IL A FAIT HÉRITIER DE TOUTES CHOSES, ET PAR QUI IL A MÊME CRÉÉ LES SIÈCLES. (I, 1, 2.)
Analyse.
1. Eloge de saint Paul. Il est plus grand que les prophètes. Grandeur du Fils de Dieu. 2. Paul réfute les ariens. Degrés de la grandeur du Christ.
3. Exhortation à la vertu. Ce qu'on fait à son prochain, on le fait à Dieu.
4. La médisance, l'envie, l'avarice, la colère retombent sur ceux qui s'en rendent coupables. Peines de l'enfer. Exhortation à l'aumône. Explication de ces paroles de l'Evangile : Facite vobis amicos ex mamona iniquitatis.
1. Qui, partout où abonde les péchés, on voit surabonder la grâce. (Rom. V, 20.) C'est ce que fait entendre le bienheureux Paul, eh commençant son épître aux Hébreux. Naturellement, les tortures, les persécutions auxquelles ils avaient été en butte de la part des méchants, devaient les rabaisser à leurs propres yeux, au-dessous des autres. Paul leur montre donc que ces persécuteurs mêmes leur ont fait obtenir une grâce surabondante. Au début même de son discours, il éveille l'attention de ses auditeurs, auxquels il dit : « Dieu ayant parlé autrefois à nos pères en divers temps et en diverses manières par les prophètes, nous a enfin parlé, en ces derniers jours, par son propre Fils ». Pourquoi Paul ne s'est-il pas comparé aux (454) prophètes? II les surpassait de toute la grandeur de sa mission. Mais il n'en fait rien et pourquoi? C'est qu'il ne voulait pas se glorifier; c'est que ses auditeurs n'étaient point parfaits; c'est qu'il voulait les relever davantage à leurs propres yeux, et leur montrer leur supériorité : Cest comme s'il disait : Quelle faveur si grande Dieu a-t-il fait à nos pères, en leur envoyant les prophètes? Il nous a envoyé à nous son Fils unique. Ces belles paroles : « En divers temps et en diverses manières », montrent que les prophètes eux-mêmes n'ont pas vu Dieu, tandis que le Fils de Dieu l'a vu. « J'ai », dit le Très-Haut, « multiplié les visions, et entre les mains des prophètes j'ai pris diverses figures». (Osée, XII, 10.) Nous avons donc sur nos pères deux avantages : Dieu leur a envoyé les prophètes tandis qu'il nous a envoyé son Fils ; les prophètes n'ont pas vu Dieu, et le Fils de Dieu l'a vu. Cette vérité, il ne l'expose pas tout d'abord; il la prouve par ce qui suit, en disant, à propos de l'humanité : « Dieu a-t-il jamais dit à quelqu'un de ses anges : « Tu es mon fils? » et. « Assieds-toi à ma droite (5, 13)?» Voyez ici l'habileté de l'orateur. Il commence par citer les prophètes, pour montrer notre supériorité. Puis, quand il a bien établi ce fait qui doit être tenu pour constant, il déclare que Dieu a parlé à nos pères, par la bouche des prophètes, et à nous, par la bouche de son Fils unique ; et s'il leur a parlé par la. bouche des anges (car les anges aussi se sont entretenus avec les juifs), notre supériorité est encore ici la même. Nous avons eu affaire au maître; ils n'ont eu affaire qu'aux serviteurs. Car les anges, aussi bien que les prophètes, sont les serviteurs de Dieu. C'est avec raison qu'il dit : « Dans ces derniers temps ». De telles paroles les relèvent et les consolent dans leur accablement. Et ailleurs : « Le Seigneur est proche, soyez sans inquiétude » (Philip. IV, 6) ; puis encore : « Maintenant notre salut est plus proche que, lorsque, nous avons cru ». C'est encore ainsi, qu'il procède en repassage. Que dit-il donc? Il dit que l'athlète qui s'est consumé, qui s'est épuisé dans la lutte, dès qu'il apprend la fin du combat, commence à respirer, envoyant arriver le terme de ses fatigues, et le commencement du repos. « En ces derniers jours, il nous a parlé en son Fils ».Voici cette parole qui revient. « Par » son Fils, répète-t-il, pour confondre ceux qui veulent que cela s'applique à l'Esprit-Saint. Ici, « en » signifie « par », comme vous voyez. Ces mots, « dans ces derniers temps », ont encore un autre sens. Lequel? Le voici. Il y avait. longtemps que nous devions être châtiés, que les grâces nous avaient abandonnés, que nous avions perdu tout espoir de salut, que nous nous attendions à voir fondre sur nous de toutes parts un déluge de maux. C'est alors que Dieu nous a donné davantage. Mais voyez les précautions oratoires de Paul. Il ne dit pas : Le Christ a parlé, quoique le Christ eut parlé en effet. Mais ses auditeurs étaient faibles d'esprit, et ne pouvaient encore entendre ce qui se rapportait au Christ. Il leur dit donc ; « Il nous a parlé en son Fils ». Que dis-tu là, Paul?. Dieu nous a parlé par son Fils! Oui sans doute. Mais où donc est la supériorité? Car tu as démontré que l'Ancien et le Nouveau Testament sont d'un seul et même auteur; la supériorité de celui-ci n'est donc pas grande. Voilà pourquoi il poursuit, et il s'explique en ces termes : « Et il nous a parlé en son Fils». Voyez comme Paul se met en cause et sur la même ligné que ses disciples, en disant : Il « nous » a parlé. Pourtant ce n'est pas à lui qu'il a parlé, c'est aux apôtres, et par eux, à beaucoup d'autres. Mais il les relève à leurs propres yeux, et leur montré qu'à eux aussi il leur a parlé. Et en même temps ce sont les juifs qu'il attaque; car presque tous ces hommes; auxquels les prophètes ont parlé, étaient de grands coupables et des monstres. Et ce n'est pas encore d'eux qu'il parle, mais il parle des bienfaits de Dieu à leur égard. Voilà pourquoi il ajoute: « Qu'il a institué son héritier universel ». Il parle ici de la chair: et c'est ainsi que David a dit: « Demande, et je le donnerai les nations pour héritage ». Car ce n'est plus Jacob qui est la part de Dieu ; ce n'est plus seulement Israël qui est son lot, mais l'univers est . à lui. Que veulent dire ces mots : « Qu'il a insti« tué son héritier?» Ces mots veulent dire qu'il l'a fait maître et Seigneur de toutes choses. C'est aussi ce que dit Pierre dans les Actes. « Dieu la fait Seigneur et Christ ». (Act. II, 36.) Ce nom « d'héritier,» a deux significations : il désigne le propre Fils, le véritable Fils de Dieu. Il veut dire aussi que son titre de maître ne peut lui être arraché. « Héritier universel », c'est-à-dire du monde entier. Puis il revient à ce qu'il a dit d'abord : Par lequel il a fait aussi les siècles. 2. Où sont ceux qui disent: Il était quand il n'était pas? Avançant ensuite par degrés, Paul s'élève bien plus haut : « Comme il est la splendeur de sa gloire et le caractère de sa substance, et qu'il soutient tout par la puissance de sa parole, après nous avoir purifiés de nos péchés, il est assis au plus haut du ciel, à la droite de la souveraine Majesté (3). Etant aussi élevé au-dessus des anges que le nom qu'il a reçu est plus excellent que le leur (4) ». O qu'elle, est grande cette sagesse de l'apôtre! Mais que dis-je? Ce n'est pas la sagesse de Paul, c'est celle du Saint-Esprit qu'il faut admirer ici. Ce n'est pas de son propre fonds qu'il a tiré ces paroles; il n'aurait pas trouvé par lui-même une telle sagesse. Où donc aurait-il appris ce langage ? Serait-ce dans son atelier, au milieu de ses peaux, et son couteau à la main ? Ah ! c'était une inspiration divine qu'un semblable langage. De telles pensées ne pouvaient éclore dans cette intelligence grossière et,simple qui ne dépassait pas celle des gens du peuple. Et pouvait-il en être autrement chez un homme dont les facultés étaient concentrées sur son commerce de peaux? C'était donc la grâce de l'Esprit-Saint qui opérait en lui, cette grâce qui choisit, pour montrer sa puissance, les instruments qu'il lui plaît. Voulez-vous amener un enfant jusqu'à une hauteur dont la cime touche au ciel même, vous le conduisez doucement et peu à peu par les pentes inférieures, puis, quand vous l'avez fait monter, vous lui dites de regarder en bas ; le voyez-vous saisi de vertige, troublé, comme si ses yeux étaient couverts d'un (455) brouillard, vous le prenez, vous le reconduisez plus bas, et vous lui donnez le temps de respirer, puis, quand il a repris ses sens, vous le faites alternativement remonter et descendre. Cette méthode, le bienheureux Paul l'a appliquée aux Hébreux, et partout, après l'avoir apprise de son Maître. Oui, telle est sa méthode : tantôt il élève, tantôt il abaisse les âmes de ses auditeurs, sans jamais leur permettre de rester longtemps dans le même état. Voyez comme il s'y prend dans,ce passage, et combien de degrés il leur fait d'abord gravir. Puis, quand il les a fait monter jusqu'au sommet de la piété, avant qu'un vertige ténébreux ne les saisisse, comme il les fait redescendre, comme il les laisse respirer, en leur disant : « Il nous a parlé en son Fils » ; et plus bas : « En son Fils qu'il a institué son héritier universel ». Quand on comprend cette filiation, on reconnaît que c'est le plus beau de tous les titres, et, quel qu'il soit, on reconnaît que ce titre vient d'en-haut. Voyez comme il commence par placer ses auditeurs à un degré inférieur, par ces mois: « Qu'il a fait héritier de toutes choses?» Car cette expression « qu'il a fait héritier » n'a rien de bien relevé. Puis il les fait monter plus haut, quand il leur dit : « Par qui il a même créé les siècles ». Enfin il les fait monter encore et jusqu'à une hauteur au-dessus de laquelle il n'y a plus rien, dans ce passage : « Comme il est la splendeur de sa gloire et le caractère de sa substance ». Oui : c'est jusqu'aux régions de la lumière matérielle, jusqu'aux régions mêmes de la splendeur qu'il les a fait monter. Mais avant qu'un brouillard couvre leur vue, voyez comme il les fait doucement redescendre, en leur disant : « Comme il soutient tout par la puissance de sa parole, après nous avoir purifiés de nos péchés, il est assis au plus haut du ciel, à la droite, de la souveraine Majesté ». Il ne s'est pas contenté de dire : « Il est assis au plus haut du ciel » ; il a ajouté : « Après la purification de nos péchés ». Voilà le mystère de l'Incarnation, ce mystère, d'humilité. Il s'élève ensuite en disant : « Il est assis au plus haut du ciel, à la droite de la souveraine Majesté ». Puis il prend un langage plus humble et il ajoute:«Étant aussi élevé au-dessus des anges que le nom qu'il a reçu est plus excellent que le leur ». Paul parle ici de ce qui se rapporte à la chair. Par ce mot: Son père l'a « fait» plus grand que les anges; l'apôtre ne parle point de sa filiation spirituelle ; car sous ce rapport, il n'a pas été fait ni créé , mais engendré. Il parle de sa filiation charnelle; car sous ce rapport, il a été fait et créé. Mais pour le moment il n'est pas question de son essence. Jean avait dit : « Celui qui vient « après moi m'a été préféré, parce qu'il était avant moi ». C'est comme s'il avait dit : Il est plus honoré, plus glorieux que moi. De même ici Paul dit à son tour : « Etant aussi élevé au-dessus des anges », c'est-à-dire, leur étant aussi supérieur en vertu et en gloire, que le,nom qu'il a reçu est plus excellent que le leur. Paul, remarquez-le bien, parle ici, de la chair, car ce nom de Dieu-Verbe; il l'a toujours possédé; ce n'est pas là un héritage qui lui est survenu avec le temps, et il n'est pas devenu meilleur que les anges, à dater du jour où il nous a purifiés de nos péchés, mais il leur a toujours été supérieur et incomparablement supérieur. Paul parle ici au point de vue de la chair. C'est ainsi qu'en parlant de l'homme, nous le rabaissons et nous l'élevons tour à tour. Quand nous disons. L'homme n'est rien, l'homme est terre, l'homme est poussière, nous prenons l'homme entier par son plus bas côté. Quand nous disons au contraire: L'homme est immortel et doué: de raison, il a quelque chose de céleste, nous prenons l'homme entier par son côté le plus noble. Il en est de même du Christ : tantôt c'est ce qu'il y a d'inférieur, tantôt c'est ce qu'il y a de supérieur en sa personne que Paul considère, pour établir le dogme de l'Incarnation et pour montrer en même temps sa nature immortelle. 3. Puis donc que le Christ nous a purifiés de nos péchés, restons purs et immaculés; cette beauté qu'il nous adonnée, cet éclat, gardons-nous d'en ternir la pureté : point de tache, point de ride, rien qui y ressemble! Les taches et les rides, ce sont les fautes même légères; ce sont les médisances, les injures, les mensonges. Mais que dise? Ce ne sont pas là des fautes légères; ce sont au, contraire des fautes graves et tellement graves qu'elles nous font perdre le royaume des cieux. Et voici comment : celui qui traite son frère d'insensé, encourt, est-il dit, le supplice de la géhenne. Or si telle est la peine qu'entraîne une injure qui semble si légère, et qui a l'air d'un jeu d'enfant, celui qui traite son frère d'homme sans moeurs, de misérable envieux; et qui l'accable d'outrages, à quel châtiment ne s'expose-t-il pas? Quoi de plus affreux que sa situation? Mais laissez-moi poursuivre, je vous prie. Si ce qu'on fait à la plus infime créature, c'est à Dieu qu'on le fait, si ce qu'on ne fait pas à la plus infime créature, c'est à Dieu qu'on ne le fait pas, n'est-on pas louable ou blâmable, comme si cette créature était Dieu lui-même? Ouf, c'est offenser Dieu que d'offenser son frère; c'est honorer Dieu que d'honorer son frère. 4. Apprenons donc à notre langue à parler, comme il faut que notre langue, est-il dit, s'abstienne de dire le mal. Nous ne l'avons pas reçue de Dieu pour en faire un instrument d'accusation, d'insulte et de calomnie. Nous devons nous en servir, pour chanter les louanges de Dieu, pour en faire l'instrument de la, grâce, pour édifier notre prochain, pour lui être utile. Vous avez médit de quelqu'un? Eh bien! qu'avez-vous gagné à vous faire tort ainsi à vous-même, à passer pour un médisant? Le mal, en effet, le mal ne s'arrête pas à celui qui en est victime; il remonte jusqu'à son auteur. L'envieux, par exemple, en croyant faire tomber les autres dans ses piéges, est le premier à recueillir le fruit de son injustice; il se dessèche, il se flétrit, et se rend odieux à tout le monde. L'avare dépouille les autres de leur argent, mais il se prive lui-même de toute affection; que dis-je ? il s'attire les malédictions de tout le monde. Or bonne renommée vaut bien mieux que richesse. L'une n'est pas facile à ôter; l'autre est facile à perdre. Il y a plus. N'ayez pas de fortune, on ne vous fait pas un crime de votre indigence; mais si vous n'avez (456) une bonne réputation, vous voilà en butte au blâme, à la risée, à la haine générale; vous voilà en guerre avec la société. L'homme irascible se punit en se déchirant lui-même avant de châtier celui qui est l'objet de sa colère. Peut-être même est-il réduit à se retirer, après s'être acquis la réputation d'un scélérat et d'un homme abominable, tandis qu'il rend plus intéressante la personne qu'il a attaquée. Quand l'objet de vos médisances, loin de vous rendre la pareille, vous loue et vous admire, c'est son éloge qu'il fait et non pas le vôtre. Car, je l'ai dit plus haut, si la médisance frappe d'abord son auteur, le bien profite d'abord à celui qui le fait. Oui, le bien et le mal que vous faites, commencent, et c'est justice, par tomber sur vous. L'eau salée, aussi bien que l'eau douce, remplit les vases dans lesquels on la puise, sans que sa source diminue; il en est de même du vice ou de la vertu : ils font le bonheur ou la perte de celui dont ils émanent. Voilà la vérité. Quelle parole pourrait décrire les peines ou les récompenses qui nous sont réservées dans l'autre vie? La parole ici est impuissante. Les récompenses dépassent toute idée et à plus forte raison, toute expression. Les peines ont des noms que nous sommes accoutumés à leur donner. Il y a, dit-on, pour les coupables, du feu, des ténèbres et un ver toujours dévorant, mais il n'y a pas seulement les peines énumérées ci-dessus; il y a des châtiments bien plus terribles encore. Voulez-vous me comprendre? vous devez tout d'abord faire la réflexion suivante. Dites-moi : S'il y a du feu, comment y a-t-il des ténèbres? Voyez-vous combien ce feu est plus terrible que le nôtre; c'est un feu qui ne s'éteint pas. Aussi l'appelle-t-on le feu éternel. Pensons donc quel malheur c'est de brûler sans cesse, d'âtre plongé dans les ténèbres, de se répandre en gémissements, et de grincer des dents sans qu'on vous écoute. Si un homme bien élevé, jeté dans un cachot, trouve que l'odeur fétide de la prison, les ténèbres et la société des hommes de sang à elles seules, sont plus cruelles que la mort la plus affreuse, qu'est-ce donc, songez-y bien, de brûler toujours en compagnie des assassins qui ont infesté la terre, de briller sans rien voir, sans être vu de personne, en se croyant seul au milieu de toute cette foule de coupables? Au milieu de ces ténèbres profondes, ne pouvant apercevoir ceux qui seront près de lui, chacun de nous croira être seul à souffrir. Si les ténèbres suffisent pour troubler nos âmes oppressées, que sera-ce, dites-moi, lorsqu'à l'horreur des ténèbres se joindra l'horreur des tourments? C'est pourquoi, je vous en conjure, réfléchissez sans cesse à ces mystères de l'autre vie, et supportez l'ennui que peuvent vous causer mes paroles, polir n'avoir pas à supporter des supplices qui ne sont que trop réels. Car tout ce que je vous dis là s'accomplira de point en point. De tous ceux qui auront mérité d'être punis, pas un seul n'échappera au châtiment. Personne, ni père, ni mère, ni frère, ne pourra obtenir leur grâce, quelque puissante que soit sa parole, quelque grand que soit son crédit auprès de Dieu. « Le frère ne rachète pas; l'homme rachètera-t-il? » C'est Dieu qui donne à chacun selon ses oeuvres; ce sont nos uvres qui feront notre salut ou notre perte. « Faites-vous des amis avec l'argent de l'injustice » : c'est l'ordre du Seigneur, et nous devons obéir; que le superflu de nos richesses soit versé dans le sein de l'indigence ; faisons l'aumône, tandis que nous le pouvons : c'est se faire des amis avec de l'argent: laissons tomber nos richesses entre les mains des pauvres, pour que ce feu tombe et s'éteigne, pour que nous paraissions là-haut avec confiance. Ce ne sont pas ceux qui nous accueillent, ce sont nos oeuvres que nous trouverons là-haut pour nous défendre : que nos amis soient incapables de nous sauver, c'est ce que nous apprend ce qui vient ensuite. Pourquoi en effet le Christ n'a-t-il pas dit: Faites-vous des amis, pour qu'ils vous reçoivent dans lés demeures éternelles? Pourquoi nous a-t-il indiqué en outre le moyen de nous en faire? Ces mots avec « l'argent de l'iniquité » prouvent que ce sont nos richesses qui doivent nous faire des amis. Nous voyons par là que l'amitié à elle seule ne pourra nous défendre, si nous ne faisons provision de bonnes . oeuvres, si la justice ne préside. pas à l'emploi de ces richesses, injustement amassées. Ce que nous disons de l'aumône, doit s'appliquer non-seulement aux riches, mais aux pauvres. Celui-là même qui vit d'aumône doit prendre pour lui nos paroles. Car il n'y a pas, non il n'y a pas de pauvre, quelque pauvre qu'il soit, qui ne possède deux petites pièces d'argent. Le pauvre qui prend sur le peu qu'il a pour donner peu de chose, peut être supérieur au riche qui donne plus que lui. témoin la veuve. Car ce n'est pas à l'importance de la somme, mais au moyen et à la bonne volonté de celui qui donne que se mesure l'aumône. Ce qu'il faut toujours avoir, c'est la bonne volonté; ce qu'il faut toujours avoir, c'est l'amour de Dieu. Que ce mobile nous fasse toujours agir, et quelque modeste que soit notre avoir, quelque modeste que soit notre aumône, Dieu ne se détournera pas de nous, et notre offrande sera reçue de lui, comme si elle était riche et magnifique : c'est la bonne volonté, ce n'est pas le don qu'il regarde; et si notre bonne volonté lui parait grande, le souverain Juge nous accordé son suffrage et nous fait participer aux biens éternels. Puissent-ils devenir notre partage à tous, par sa grâce et sa miséricorde!
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