FAUSTE XXVIII
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LIVRE VINGT-HUITIÈME. L’ÉVANGILE ET MANÈS.

 

Fauste nie qu'un Dieu ait pu naître. — Le Christ a pu mourir sans être né. — Augustin prouve que saint Matthieu est plus digne de foi que Manès. — Les deux pères de Joseph. — Sur Jésus il faut croire à ses disciples. — Il n'y a pas de raison de rejeter l'Ecriture.

 

CHAPITRE PREMIER. LE CHRIST A PU ÊTRE DIEU ET NAÎTRE, IL A DONC PU MOURIR SANS ÊTRE NÉ.

CHAPITRE II. A QUI CROIRE, DE SAINT MATTHIEU OU DE MANÈS ?

CHAPITRE III. LES DEUX PÈRES DE JOSEPH.

CHAPITRE IV. POUR CE QUI REGARDE JÉSUS, IL FAUT CROIRE A SES DISCIPLES PLUTÔT QU'A MANÈS.

CHAPITRE V. A QUOI SE RÉDUIT L'ARGUMENTATION DE FAUSTE, IL N'Y A AUCUNE RAISON DE REJETER LES ÉCRITURES.

 

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CHAPITRE PREMIER. LE CHRIST A PU ÊTRE DIEU ET NAÎTRE, IL A DONC PU MOURIR SANS ÊTRE NÉ.

 

Fauste. Mais il ne pouvait pas mourir, à moins d'être né. — Et moi je réponds : Il ne pouvait pas naître, à moins de ne pas être Dieu. Que s'il a pu être Dieu et naître, pourquoi n'a-t-il pas pu ne pas naître et mourir? Tu vois donc que, quand il s'agit de Jésus, il n'y a pas de profit à être logique ou à s'appuyer sur des arguments. Il faut plutôt s'en référer à ce qu'il a dit de lui-même et à ce qu'en ont dit ses Apôtres. Par conséquent il faut étudier sa généalogie, et voir si elle est d'accord avec elle-même, et non chercher dans sa passion une preuve de sa naissance : car il a pu souffrir sans être né, et être né et ne pas souffrir, surtout quand, de votre aveu, rien n'est impossible à Dieu : ce qui deviendrait faux, s'il était démontré qu'il n'a pas pu mourir sans être né.

 

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CHAPITRE II. A QUI CROIRE, DE SAINT MATTHIEU OU DE MANÈS ?

 

Augustin. Tu ne cesses de te poser des questions que ne t'adressent point ceux qui te réfutent. Personne ne te dit que le Christ ne pouvait mourir sans être né, puisqu'Adam est mort quoiqu'il ne fût point né. On te dit simplement : Le Christ est né puisque cela est dit, non par un hérétique quelconque, mais par le saint Evangile ; il est mort, puisqu'on le lit, non dans un livre hérétique quelconque, mais dans le saint Evangile; mais toi qui défends d'argumenter quand il s'agit de Jésus, qui veux qu'on s'en rapporte à ce qu'il a dit de lui-même, à ce qu'en ont prêché les Apôtres: si je cite les premières lignes de sols apôtre Matthieu, où sa naissance est racontée, tu t'écries aussitôt que ce récit n'est pas de Matthieu, bien que l'Eglise universelle, perpétuée des Apôtres jusqu'aux évêques d'aujourd'hui par une succession certaine, affirme qu'il est de Matthieu. Et, à ce livre, quel livre m'opposeras-tu? Peut-être un livre de Manès, où l'on nie que Jésus soit né d'une vierge. De même donc que je crois que ce livre est de Manès, parce qu'il a été conservé et transmis, depuis le temps où Manès vivait, jusqu'au moment présent, par ses disciples et la succession certaine de vos chefs; crois donc aussi que cet autre livre est de Matthieu, puisque l'Eglise l'a maintenu jusqu'à nos jours, depuis le temps où Matthieu vivait en personne, et cela à travers la suite des siècles et par une succession non interrompue. Et dis-moi un peu auquel nous devons plutôt ajouter foi : ou au livre d'un Apôtre qui a suivi le Christ pendant qu'il était encore sur la terre, ou à celui de je ne sais quel Persan qui est né si longtemps après? Mais, peut-être, nous montreras-tu un autre livre, qui porte le nom de quelque apôtre certainement choisi par le Christ et où tu liras que le Christ n'est pas né de Marie. Mais comme il faudrait nécessairement que l'un de ces deux livres fût menteur, auquel penses-tu que nous devions donner la préférence ? Est-ce à celui que l'Eglise, fondée par le Christ lui-même, propagée par les Apôtres et par leurs successeurs, jusqu'aujourd'hui, répandue dans le monde entier, approuve et reconnaît comme donné dès le commencement et conservé ; ou à celui que cette même Eglise ne connaît point et réprouve, quand il lui est présenté par des hommes tellement amis de la vérité, qu'ils louent le Christ d'avoir menti ?

 

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CHAPITRE III. LES DEUX PÈRES DE JOSEPH.

 

Ici tu vas nous dire: Examinons la généalogie dans deux livres de l'Evangile, et voyons si elle est d'accord avec elle-même. Nous avons déjà exposé dans une autre partie de cet ouvrage (1) ce qu'il y a à dire là-dessus. Tout ce qui vous intrigue, c'est que Joseph a eu

 

1. Voir liv. III, ch. III.

 

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deux pères. Quand même la pensée d'un père selon la nature et d'un père par adoption ne se serait pas présentée à votre esprit, vous n'auriez pas dû vous prononcer si facilement et si mal à propos contre une si grande autorité. Mais puisqu'on vous a fait sentir qu'il n'y a là aucune difficulté, croyez simplement à l'Evangile, et cessez plutôt vous-mêmes d'argumenter avec tant de malice et de perversité.

 

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CHAPITRE IV. POUR CE QUI REGARDE JÉSUS, IL FAUT CROIRE A SES DISCIPLES PLUTÔT QU'A MANÈS.

 

Quant à ce que dit Fauste qu'il faut chercher ce que Jésus a dit de lui-même, qui ne le trouvera juste ? Mais peut-on le savoir autrement que par le récit même de ses disciples ? Et si on ne les croit pas quand ils proclament que Jésus est né d'une vierge, comment les croira-t-on quand ils exposeront ce qu'il a dit de lui? Car si on nous produit quelques écrits comme étant du Christ même, sans aucun témoignage à l'appui, je demanderai comment il a pu se faire, si cela est, que ces écrits n'aient point été lus, point acceptés, point regardés comme la plus haute des autorités dans l'Eglise même du Christ, laquelle, à partir de lui, par les Apôtres et la succession des évêques, s'est propagée et étendue jusqu'à ces temps; quand elle-«-vu s'accomplir en elle bien des choses prédites autrefois et quelle doit voir sans aucun doute la réalisation de ce qui est encore annoncé pour l'avenir? C'est que si de tels écrits étaient produits, il faudrait examiner par qui. S'ils provenaient du Christ lui-même, ils auraient sans doute pu tout d'abord être communiqués à ceux qui étaient attachés à sa personne, et, par leur moyen, parvenir à d'autres. Or, si cela était arrivé, ils auraient joui d'une incontestable autorité à travers toute la succession de chefs et de peuples dont je viens de parler. Quel est donc l'homme assez insensé pour croire à une lettre du Christ produite par Manès, et ne pas croire aux actions et aux paroles du Christ écrites par Matthieu? Ou, s'il doute que Matthieu lui-même les ait écrites, pour ne pas croire de Matthieu ce qu'il en trouve admis dans l'Eglise qui s'est manifestée, dès le temps de Matthieu jusqu'à nos jours, par une série de successions non interrompues; et croire à je ne sais quel personnage venu de Perse, par un chemin oblique, plus de deux cents ans après, et cherchant à persuader que c'est lui qu'il faut croire de préférence sur les paroles et les; actions du Christ : quand l'apôtre Paul lui-même, appelé par une voix du ciel après l'ascension du Seigneur (1), n'eût obtenu aucune créance dans l'Eglise, s'il n'avait pas trouvé les Apôtres en personne, pour comma., niquer avec eux, conférer sur l'Evangile, el prendre rang dans leur société? Mais assurée qu'il prêchait ce que prêchaient les Apôtres, qu'il vivait dans leur communion et dans leur société, qu'il faisait les mêmes miracles qu'eux, qu'il était d'ailleurs recommandé par le Seigneur, elle lui accorda une autorité telle qu'elle écoute aujourd'hui ses paroles, comme si le Christ parlait par sa voix, ainsi que Paul le dit lui-même avec beaucoup de vérité (2). Et Manès s'imagine que l'Eglise du Christ doit le croire quand il parle contre les Ecritures établies sur une autorité si grande, si régulière, surtout après la recommandation qui y est si formellement faite, de regarder comme anathème quiconque lui prêche un autre Evangile que celui qu'elle a reçu (3) !

 

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CHAPITRE V. A QUOI SE RÉDUIT L'ARGUMENTATION DE FAUSTE, IL N'Y A AUCUNE RAISON DE REJETER LES ÉCRITURES.

 

Mais je donne, dit notre adversaire, une raison qui prouve qu'il ne faut point croire à ces Ecritures. Et tu n'argumentes pas? Néanmoins tu es battu, même dans ton argumentation. Car elle se réduit toute à dire qu'en dernier résumé l'âme doit croire qu'elle est misérable en ce monde, parce que sa misère vient en aide à son Dieu, et l'empêche de perdre son royaume; que la substance de ce Dieu est tellement sujette au changement, à la corruption, au dommage et à la souillure, qu'une, partie d'elle-même né saurait être purifiée,et que, bien que ce Dieu la sache sortie innocente de ses propres entrailles, exempte de tout péché, il la mêle à une fange horrible et la punit du supplice éternel du globe. Voilà Où aboutissent tous vos arguments et toutes vos fables. Et plût à Dieu que leur dernier terme fût là, et non dans votre coeur et sur vos lèvres, et que vous cessassiez enfin de penser.

 

1. Act. IX. — 2. II Cor. XIII, 3. — 3. Gal. I, 8, 9.

 

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et de proférer de si exécrables blasphèmes ! Mais, dit Fauste, c'est par ces Écritures mêmes que je prouve qu'il ne faut point les croire, parce qu'elles se contredisent elles-mêmes. Pourquoi ne pas plutôt dire qu'il ne faut y croire nulle part, pas plus qu'à des témoins qui varient et se combattent eux-mêmes? Mais, reprend-il, j'y choisis ce que j'y vois de conforme à la vérité. A quelle vérité? Dis donc à ton chimérique système, dont le commencement est la guerre contre Dieu; le milieu, la souillure de Dieu; la fin, la condamnation de Dieu. — Nulle part, dis-tu, on ne croit à des écrits qui se contredisent eux-mêmes. — Voilà ce que tu te figures, parce que tu ne comprends pas ; on te l'a démontré pour tout ce que tu as dit jusqu'ici; on te le démontrera pour tout ce que tu pourras dire encore. Nous n'avons donc aucune raison de ne pas croire à ces Ecritures, revêtues d'une si grande autorité; et c'est évidemment la principale raison pour laquelle nous anathématisons ceux qui nous prêchent autre chose.

 

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