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LIVRE TRENTIÈME. DOCTRINE ÉVANGÉLIQUE.

 

Nouvelles attaques de Fauste sur l'abstinence, le mariage, la virginité. — Augustin répond sur ces divers points, et justifie la doctrine évangélique.

 

CHAPITRE PREMIER. C'EST PAR MOÏSE ET PAR LES PROPHÈTES QU'A ÉTÉ INTRODUITE LA DOCTRINE DES DÉMONS, SELON FAUSTE.

CHAPITRE II. OBJECTION TIRÉE DE DANIEL ET DES TROIS ENFANTS.

CHAPITRE III. SI L'ABSTINENCE DE CERTAINS ALIMENTS EST UNE DOCTRINE PERVERSE, LES CATHOLIQUES S'EN RENDENT COUPABLES.

CHAPITRE IV. OBJECTION DE FAUSTE SUR LA VIRGINITÉ ET LE MARIAGE.

CHAPITRE V. DIFFÉRENCE ENTRE L'ABSTINENCE DES CATHOLIQUES ET CELLE DES MANICHÉENS.

CHAPITRE VI. LE SAINT RÉTABLIT LA VRAIE NOTION SUR LA VIRGINITÉ ET L'ABSTINENCE.

 

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CHAPITRE PREMIER. C'EST PAR MOÏSE ET PAR LES PROPHÈTES QU'A ÉTÉ INTRODUITE LA DOCTRINE DES DÉMONS, SELON FAUSTE.

 

Fauste. C'est de vous que Paul a écrit depuis longtemps : « Quelques-uns abandonneront la foi, s'attachant à des esprits d'erreur, à des doctrines de démons, parlant le mensonge avec hypocrisie, ayant la conscience cautérisée, défendant le mariage, ordonnant de s'abstenir des aliments que Dieu a créés pour être reçus avec actions de grâces par les fidèles (1) ». — Je ne t'accorderai jamais que Paul ait dit cela, à moins que tu ne conviennes d'abord que c'est à Moïse et aux Prophètes qu'on doit l'introduction de la doctrine des démons, qu'ils ont été les interprètes de l'esprit séducteur et méchant : eux qui défendent rigoureusement l'usage de la viande de porc et d'autres encore, qu'ils qualifient d'immondes. Vous avez donc, en premier lieu, à délibérer, à peser longtemps et mûrement, comment tout ceci doit s'entendre, si c'est au nom de Dieu, ou au nom du démon qu'ils ont parlé? Jusque-là ou Moïse et les Prophètes seront condamnés avec nous, ou nous serons absous avec eux. Car, pour le moment, vous n'êtes pas justes de nous faire passer pour des partisans de la doctrine des démons, nous qui n'interdisons qu'aux prêtres l'usage de la viande, tandis que vos Prophètes, et Moïse lui-même qui le premier a défendu, non-seulement aux prêtres, mais à tout le peuple sans distinction, la chair de porc, de lièvre, de hérisson, la sèche, le calmar et toutes les espèces de poissons privés d'écailles (2), passent à vos yeux pour avoir parlé, en cela, non d'après l'esprit séducteur, non d'après l'enseignement des démons, mais bien par l'inspiration de Dieu et de l'Esprit-Saint. Ainsi, tout en admettant par pure concession que Paul a dit cela, je ne me tiendrai cependant pour battu qu'autant que tu condamneras

 

1. I Tim. IV, 1-3. — 2. Levit. XI.

 

préalablement Moïse et les Prophètes : en sorte que tu te décides à faire par gourmandise ce que tu n'aurais peut-être jamais fait par conviction de raison et par amour pour la vérité : à blasphémer Moïse.

 

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CHAPITRE II. OBJECTION TIRÉE DE DANIEL ET DES TROIS ENFANTS.

 

Il y a d'ailleurs un passage de Daniel, relatif aux trois enfants, qui doit absolument vous confondre, s'il est prouvé que s'abstenir de certains aliments soit une superstition diabolique. On lit en effet que ces trois enfants, que vous admirez fort et que vous comptez au nombre des martyrs, s'abstinrent non-seulement des aliments interdits par la loi, mais de ceux mêmes qu'elle permettait (1). Et cependant, si le texte de l'Apôtre est authentique, ils suivaient en cela l'enseignement des démons. Bien plus, Daniel lui-même atteste, que, pendant trois semaines de jours, il jeûna, ne mangea pas de chair, ne but pas de vin, tout occupé à prier pour son peuple (2). Comment donc en vient-il, lui aussi, à se glorifier de la doctrine des démons et à tirer vanité des folles inspirations de l'esprit séducteur?

 

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CHAPITRE III. SI L'ABSTINENCE DE CERTAINS ALIMENTS EST UNE DOCTRINE PERVERSE, LES CATHOLIQUES S'EN RENDENT COUPABLES.

 

Mais que dirai-je de vous, c'est-à-dire des plus chrétiens d'entre vous, dont quelques-uns s'abstiennent tout à fait, non-seulement de porc, mais de tout quadrupède, voire même de toute espèce d'animal, et sont pour cela même proposés comme modèles par toute l'Eglise qui ne les voit qu'avec la plus grande vénération et ne leur refuse que le nom de Dieu? Et vous ne voyez pas, indociles que vous êtes, que si le témoignage de l'Apôtre est vrai et authentique, ces hommes sont le jouet

 

1. Dan. I, 12. — 2. Id. X, 2, 3.

 

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des doctrines des démons ! Et que dirons-nous de cette pratique dont personne n'oserait se dispenser sans raison, puisqu'elle est admise par tous, et qu'elle est observée chaque année avec l'exactitude la plus rigoureuse chez tous les catholiques dans le monde entier ? Je parle du Carême. Quiconque d'entre vous veut l'observer selon les règles, est obligé de s'abstenir de tout ce que le texte de l'Apôtre nous donne comme crée de Dieu -pour être reçu par nous abstinence que le même Apôtre appelle doctrine de démons. Eh bien ! mes très-chers, qu'en pensez-vous ? En célébrant ainsi les mystères de la passion du Christ, vous vivez donc selon la doctrine des démons, vous tombez dans les piéges de l'esprit séducteur, vous parlez le mensonge avec hypocrisie, vous avez la conscience cautérisée? Mais si aucun de ces reproches ne tombent sur vous, ils ne tombent pas davantage sur nous. Que signifie donc ce texte ? Par qui et contre ; qui devons-nous le croire écrit, puisqu'il n'est conforme ni aux traditions de l'Ancien Testament, ni aux prescriptions du Nouveau ? En effet, le Nouveau Testament veut que l'on s'abstienne de toute espèce d'aliments, comme votre propre exemple le prouve; l'Ancien ne l'exigeait que pour quelques-uns, mais l'exigeait pourtant; néanmoins, d'après vous, cette abstinence de presque toute espèce de chair est une ;doctrine de démons. Si c'est là votre foi, je vous le répète encore, condamnez Moïse, renoncez aux Prophètes, mais prononcez contre vous le même arrêt : car s'ils prescrivaient l'abstinence de quelques aliments, vous étendez, vous, cette abstinence à tous les aliments.

 

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CHAPITRE IV. OBJECTION DE FAUSTE SUR LA VIRGINITÉ ET LE MARIAGE.

 

Que si Moïse et les Prophètes vous paraissent les interprètes de Dieu, et non des démons, quand ils établissent des distinctions entre les aliments; si c'est par l'inspiration de l'Esprit-Saint que Daniel jeûna trois semaines; si les trois jeunes hébreux, Ananias, Azarias et Mizaël, cédaient à un mouvement d'en haut quand ils donnaient la préférence aux herbes et aux légumes; si enfin tous ceux d'entre vous qui pratiquent l'abstinence ne cèdent pas à l'impulsion des démons; si ce n'est point par superstition, mais par obéissance à une loi divine, que vous vous abstenez de vin et de viande pendant le Carême: faites attention, je vous prie, prenez bien garde que ce ne soit chez Paul un acte de la plus insigne folie de regarder comme une doctrine de démons: toute espèce d'abstinence d'aliments et la défense du mariage. J'en dis autant de la consécration des vierges au Christ, qui serait aussi, selon lui, une doctrine de démons. Et vous, lisant cela, comme tant d'autres choses, sans réflexion, vous jetez vite les yeux sur nous ; et vous ne voyez pas que vos vierges sont prises dans les filets des démons, que vous êtes les prêtres des démons, vous qui excitez à l'envi ces vierges à embrasser cette profession, à tel point qu'on en compte presqu'autant que de femmes mariées dans toutes vos Eglises ? Pourquoi ne sortez-vous pas, vous aussi, de la voie où vous êtes entrés? Pourquoi tromper les malheureuses filles des hommes, si ce n'est pas la volonté du Christ, mais celle des démons, qui s'accomplit en elles ? Je voudrais que vous répondissiez d'abord à cette question : La doctrine des démons consiste-t-elle à faire des vierges, ou simplement à défendre le mariage ? Dans ce dernier cas, cela ne nous regarde pas : car, pour nous, celui qui défend le mariage, est aussi insensé que celui qui l'impose par force est impie et criminel. Mais si favoriser le mariage, ne pas s'opposer à celui qui veut l'embrasser, est encore, selon vous, une doctrine de démons, je me tais sur le danger que vous courez, mais je crains fort que l'Apôtre lui-même n'ait introduit à Iconium une doctrine de démons, quand il s'efforçait d'inspirer à Thècle, déjà fiancée, le désir de la virginité perpétuelle. Mais que dirons-nous du Maître, de l'auteur de toute sainteté, Jésus, l'Epoux-Vierge de toutes les vierges de profession, lequel, distinguant dans l'Evangile trois espèces d'eunuques, ceux qui sont nés tels, ceux que l'on a faits tels, et ceux qui se sont eux-mêmes rendus tels, donne cependant la préférence à ceux « qui », dit-il, « se sont eux-mêmes rendus eunuques à cause du royaume des cieux (1) » : indiquant par là les vierges et les jeunes gens, qui, ayant arraché de leur cœur le désir du mariage, jouent dans son Eglise le rôle des eunuques qu'on voit dans les palais? Quoi 1 cela vous semble-t-il aussi une doctrine de démons, une inspiration

 

1. Matt. XIX, 12.

 

de l'esprit séducteur? Mais qui donc vous parlera au nom de Dieu, s'il est démontré que Paul et le Christ sont des prêtres des démons? Je passe sous silence les autres apôtres du même Seigneur, Pierre et André, Thomas et Jean, Jean proclamé heureux entre tous pour n'avoir point connu les atteintes de Vénus; lesquels, d'une manière ou de l'autre, ont exalté et préconisé au nom de Dieu la profession de la virginité parmi les jeunes filles et les jeunes hommes, nous laissant, ainsi qu'à vous, le modèle pour former des vierges: Encore une fois, je n'en parle pas, puisque vous les avez exclus de votre canon et qu'il n'en coûte guère à vos esprits sacrilèges de leur prêter des doctrines de démons. Mais en direz-vous donc autant du Christ et de l'apôtre Paul qui (c'est une chose constante) a toujours préféré les vierges aux femmes mariées, et l'a prouvé de fait à l'occasion de la très-sainte Thècle ? Et si ce n'est pas une doctrine de démons que Paul enseigne à Thècle et que prêchent les autres Apôtres, qui pourra croire que Paul ait enseigné qu'engager à garder la virginité était entrer dans l'intention et dans la doctrine des démons ? En attendant, vous n'avez pas de raison de peuser que ce sont seulement les exhortations qui font les vierges, et non la défense du mariage. Ce dernier point est comme naturalisé chez nous: et ce ne serait pas seulement folie, mais délire, de penser qu'on peut empêcher par un règlement particulier ce qui est permis par la loi publique : je parle du mariage. C'est pourquoi nous exhortons les femmes qui en ont l'intention à y persévérer ; mais nous ne forçons point celles qui s'y refusent. Car nous savons tout ce que la volonté, tout ce que la nature elle-même a de force contre la loi publique, à plus forte raison contre une loi particulière à laquelle on peut toujours répondre : Je ne veux pas. Si donc il est permis de faire ainsi des vierges, nous sommes, nous aussi, irréprochables, si, au- contraire, c'est un crime d'en faire par quelque procédé que ce soit, vous êtes vous-mêmes criminels. En tout cas, je ne vois pas dans quelle pensée ou dans quel but, vous nous objectez ce chapitre.

 

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CHAPITRE V. DIFFÉRENCE ENTRE L'ABSTINENCE DES CATHOLIQUES ET CELLE DES MANICHÉENS.

 

Augustin. Apprends donc dans quelle pensée ou dans quel but nous vous objectons ce chapitre, puisque tu avoues que tu ne le vois pas. Ce n'est pas parce que vous vous abstenez de chairs: car, comme tu le dis, nos pères s'en sont aussi abstenus, de quelques-unes au moins, non pour les condamner, mais dans un but figuratif que vous ne comprenez pas, ce qui m'a obligé à traiter ce point avec l'étendue que j'ai jugée nécessaire, dans les premières parties de cet ouvrage. Les chrétiens (catholiques, et non hérétiques) s'abstiennent aussi, non-seulement de chairs, mais encore de certains fruits de la terre, non parce qu'ils les croient immondes, mais pour mortifier leur corps, et mieux humilier leur âme dans la prière. Les uns (c'est le petit nombre) s'en abstiennent toujours ; les autres seulement à certains jours et en certains temps, comme en Carême, par exemple, que presque tous observent plus ou moins, suivant la mesure de leur volonté ou de leur force. Mais vous, vous prétendez que la créature n'est pas bonne, vous la déclarez immonde, sous prétexte que c'est le démon qui forme les chairs avec le résidu le plus grossier de la matière du mal; et pour cela, vous les rejetez avec horreur, comme les liens les plus terribles et les plus immondes de votre dieu. Néanmoins, par condescendance, vous en permettez l'usage à vos auditeurs, que vous avez soin de distinguer de la racé des prêtres; comme l'Apôtre, aussi par condescendance, permet à certains fidèles, non pas tout acte conjugal, même celui qui a pour but la génération, mais celui qui se fait par incontinence, pourvu que ce soit entre époux (1). Car on ne permet -rien par condescendance, si ce n'est le péché. Voilà ce que vous pensez de l'usage de toute espèce de chair, ce que vous a appris votre hérésie, ce que-vous enseignez à vos auditeurs; mais tout en accordant, comme je l'ai déjà dit, qu'il faut avoir de la condescendance pour ceux-ci, parce qu'ils vous fournissent le nécessaire, vous ne dites pas qu'ils ne pèchent pas; seulement vous leur pardonnez leur péché. Quant à vous, vous vous tenez en garde là-dessus comme contre une contagion mauvaise, immonde; et voilà

 

1. I Cor. VII, 5, 6.

 

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pourquoi nous vous appliquons ce texte de l'Apôtre, à cause des paroles qui suivent celles par lesquelles tu as terminé la citation de ce chapitre. Et tu le savais bien, je pense; tu as d'abord passé ces paroles sous silence, pour nous dire en concluant: « Je ne vois pas dans quelle pensée ou dans quel but vous nous objectez ce chapitre » ; aimant mieux ne pas dire ce but que de l'exprimer. En effet, après avoir dit : « Ordonnant de s'abstenir des aliments que Dieu a créés pour être reçus avec actions de grâces par les fidèles », l'Apôtre ajoute: « Et par ceux qui ont connu la vérité; car toute créature de Dieu est bonne, et on ne doit rien rejeter de ce qui se prend avec actions de grâces, parce qu'il est sanctifié par la parole de Dieu et par la prière (1) ». Voilà ce que vous niez; voilà l'esprit, l'intention, la croyance dans lesquels vous vous abstenez de ces sortes d'aliments, vous les regardez comme mauvais, comme immondes; non par signification, mais par nature. En quoi vous blasphémez évidemment celui qui les a créés ; et voilà ce qui appartient à la doctrine des démons. Ne vous étonnez donc pas que l'Esprit-Saint ait prédit cela de vous si longtemps d'avance.

 

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CHAPITRE VI. LE SAINT RÉTABLIT LA VRAIE NOTION SUR LA VIRGINITÉ ET L'ABSTINENCE.

 

D'un autre côté, si vous conseilliez la virginité conformément à l'enseignement de l'Apôtre: « Celui qui marie sa fille, fait bien;  et celui qui ne la marie pas, fait mieux (2) » ; en sorte que vous reconnaissiez que le mariage est bon, mais que la virginité est meilleure, comme le fait l'Eglise qui est la vraie Eglise du Christ : si cela était, dis-je, l'Esprit-Saint ne vous aurait pas ainsi signalés d'avance comme « défendant le mariage (3) ». Car celui-là défend une chose qui la déclare mauvaise, et non celui qui, la reconnaissant comme banne, lui en préfère une meilleure. Enfin, vous avez surtout en horreur l'acte du mariage,

 

1. I Tim. IV, 3-5. — 2. I Cor. VII, 38. — 3. I Tim. IV, 3.

 

celui qui seul est honnête et vraiment conjugal, celui qui est inscrit dans les tables matrimoniales, et a pour but de donner des enfants c'est donc moins la passion de la chair que le mariage légitime que vous défendez. Car, on peut s'unir pour satisfaire la passion; mais on se marie pour avoir des enfants. Et ne dites pas que si vous n'interdisez pas le mariage, c'est par tolérance et pour sauver les bons rapports avec vos nombreux auditeurs qui ne voudraient pas ou ne pourraient pas vous obéir. Car, d'une part, l'interdiction du mariage fait partie de votre enseignement erroné, et, de l'autre, votre tolérance n'est qu'une concession faite aux besoins de la société. Et voilà la raison que j'avais différé de vous dire, pour laquelle vous jugez à propos d'admettre la mort du Christ, même fausse, même simulée, et point du  tout sa naissance. En effet, vous proclamez, vous exaltez la mort comme séparation de l'âme, c'est-à-dire de la nature de votre dieu, du corps de ses ennemis, autrement, de l'ouvrage du démon; et par conséquent vous trouvez bien que le Christ l'ait consacrée par son exemple, non en mourant, mais en feignant de mourir. Mais comme, selon vous, la naissance enchaîne votre dieu, au lieu de l'affranchir, vous ne voulez pas que le Christ l'ait subie, même en apparence; en sorte que, si Marie se fût livrée à un homme et ne fût pas devenue mère, elle ne vous déplairait pas comme elle vous déplaît pour avoir enfanté en restant vierge. Vous voyez donc quelle distance il y a entre ceux qui exhortent à la virginité comme à un bien plus grand, par préférence à un moindre, et ceux qui défendent le mariage et se déchaînent contre l'acte destiné à la propagation de l'espèce humaine, le seul vraiment conjugal; quelle distance il y a encore entre ceux qui s'abstiennent des aliments, dans un but religieux ou pour châtier leur corps, et ceux qui s'abstiennent des aliments que Dieu a créés, en disant que Dieu ne les a pas créés. Par conséquent, la première doctrine est celle des Prophètes et des Apôtres, et la seconde celle des démons menteurs.

 

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