VITUS ET MODESTE
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SAINT VITUS ET SAINT MODESTE *

 

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Vitus est ainsi nommé de vie : or, saint Augustin dans son livre de la Cité de Dieu ** distingue trois genres de vie, savoir une vie d'action, ce qui se rapporte à la vie active; une vie de loisir, ce qui se rapporte au loisir spirituel de la vie contemplative, et une troisième, composée des deux autres. Et ces trois genres de vie résidèrent en saint Virus. Ou bien Vitus vient de vertu, vertueux.

Modeste, qui se tient dans un milieu, savoir, le milieu de la vertu. Chaque vertu tient le milieu entre deux vices qui l’entourent comme deux extrêmes. Car la prudence a pour extrêmes la ruse et la sottise; les extrêmes de la tempérance sont  l’accomplissement des désirs de la chair et toute espèce d'affliction qu'on s'impose; les extrêmes de la grandeur d'âme sont la pusillanimité et la témérité ; la justice a pour extrêmes la cruauté et l’indulgence.

 

Virus, enfant distingué et fidèle, souffrit le martyre en Sicile, à l’âge de douze ans. Il était souvent frappé par son père pour mépriser les idoles et pour ne vouloir pas les adorer. Le président Valérien, informé de cela, fit venir l’enfant qu'il fit battre de verges, parce qu'il refusait de sacrifier aux idoles. Mais aussitôt les bras des bourreaux et la main du préfet se séchèrent. Et ce dernier s'écria : « Malheur à moi ! car j'ai perdu l’usage de ma main. » Vitus lui dit: « Que tes dieux viennent te guérir, s'ils le peuvent. » Valérien lui répondit : « Est-ce que tu ne le pourrais pas ? » « Je le puis, reprit Vitus, au nom de mon Seigneur. » Alors

 

* Martyrologe d'Adon.

** Lib. XIX, II, 19.

 

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l’enfant se mit en prières et aussitôt le préfet fut guéri. Et celui-ci dit au père : « Corrige ton enfant, de peur qu'il ne périsse misérablement. » Alors le père ramena son enfant chez soi, et s'efforça de changer son coeur par la musique, par les jeux avec des jeunes filles et par toutes sortes de plaisirs. Or, comme il l’avait enfermé dans une chambre, il en sortit un parfum d'une odeur admirable qui embauma son père et toute sa famille. Alors le père, regardant par la porte, vit sept anges debout autour de l’enfant: «Les dieux, dit-il, sont venus dans ma maison », aussitôt il fut frappé de cécité. Aux cris qu'il poussa, toute la ville de Lucana fut en émoi, au point, que Valérien accourut et demanda au père de Vitus quel malheur lui était survenu. « J'ai vu, lui répondit-il, des dieux de feu, et je n'ai pu supporter l’éclat de leur visage. » Alors on le conduit au temple de Jupiter, et pour recouvrer la vue il promet un taureau avec des cornes dorées: mais comme il n'obtenait rien, il pria son fils de le guérir; et par ses prières, il recouvra la vue. Or, cette merveille elle-même ne lui ouvrait pas les yeux à la foi, mais au contraire il pensait à tuer son fils; un ange du Seigneur apparut alors à Modeste, son précepteur, et lui ordonna de monter à bord d'un navire pour conduire l’enfant dans un pays étranger. Il le fit; un aigle leur apportait là leur nourriture, et ils opéraient beaucoup de miracles. Sur ces entrefaites, le fils de l’empereur Dioclétien est saisi par le démon qui déclare ne point sortir si Vitus de Lucana ne vient. On cherche Vitus, et quand on l’eut trouvé, on le mène à l’empereur. Dioclétien lui dit: « Enfant, peux-tu (141) guérir mon fils ? » « Ce n'est pas moi, dit Vitus, mais le Seigneur. » Alors il impose les mains sur le possédé et à l’instant le démon s'enfuit. Et Dioclétien lui dit « Enfant, veille à tes intérêts et sacrifie aux dieux, pour ne pas mourir de malemort. » Comme Vitus refusait de le faire, il fut jeté en prison avec Modeste. Les fers dont on les avait garrottés tombèrent et le cachot fut éclairé par une immense lumière : cela fut rapporté à l’empereur, qui fit sortir et jeter le saint dans une fournaise ardente, mais il s'en retira intact. Alors on lâche, pour le dévorer, un lion furieux, qui fut adouci par la foi de l’enfant. Enfin on l’attacha sur le chevalet avec Modeste et Crescence, sa nourrice, qui l’avait constamment suivi. Mais soudain l’air se trouble, la terre tremble, les tonnerres grondent, les temples des idoles s'écroulent et écrasent beaucoup de personnes ; l’empereur lui-même est effrayé ; il fuit en se frappant avec les poings et dit : « Malheur à moi ! puisque je suis vaincu par un seul enfant. » Quant aux martyrs, un ange les délia aussitôt, et ils se trouvèrent sur les bords d'un fleuve, où après s'être arrêtés quelque temps et avoir prié, ils rendirent leur âme au Seigneur.

Leurs corps gardés par des aigles furent trouvés par une illustre matrone nommée Florence à laquelle saint Vitus en fit la révélation. Elle les prit et les. ensevelit avec honneur. Ils souffrirent sous Dioclétien qui commença à régner vers l’an du Seigneur 287.

 

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