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DISCOURS SUR LE PSAUME L.SERMON AU PEUPLE DE CARTHAGE.LA PÉNITENCE.
Culpabilité des chrétiens au théâtre, et prière à Dieu de les ramener comme David. La faute dun si grand homme nest un encouragement que pour les méchants. Profit quen doivent tirer les âmes de bonne foi. Danger de la prospérité, David persécuté demeure juste. Précaution contre le désespoir. David na point péché par ignorance, mais il implore la miséricorde et se fait justice à lui-même. Parabole de Nathan. La brebis du pauvre. La femme adultère obtient son pardon; comme pour David, son péché est toujours sous ses yeux. Dieu seul est sans péché. Souillure universelle. Dieu pardonne à quiconque se châtie. Les Ninivites. Lhysope on lhumilité aide à nous purifier. Lhomme humble écoute comme Jean-Baptiste. Dieu châtie en cette vie pour épargner en lautre. David en face dAbsalom et de Séméi. Union à lEsprit-Saint, au Verbe de Dieu. Sacrifice de la loi nouvelle; prière pour lEglise. Réprimons le péché dans nous et dans les autres.
1. La vue dune foule si nombreuse mimpose le devoir de ne point tromper son attente, et de ne pas surcharger sa faiblesse. Je vous demanderai seulement du silence et du repos, afin quaprès les fatigues dhier, jaie encore assez de voix et de force. Il faut croire que (547) dans votre charité, vous ne venez en si gram nombre aujourdhui, quafin de prier pour ceux quéloigne dici une folle et malheureuse passion. Nous ne parlons en effet ni des païens, ni des juifs, mais bien des chrétiens; non de ceux qui sont encore catéchumènes, mais de plusieurs qui sont baptisés, dont vous nêtes nullement éloignés par le baptême, mais à qui vous êtes loin de ressembler par le coeur. Combien de frères ne devons-nous pas pleurer aujourdhui, à la pensée quils courent après la vanité et les folies du mensonge 1, et négligent daller où ils sont appelés ! Quun accident quelconque les effraie au milieu du cirque, ils feront le signe de la croix; ils se tiendront là, marquant leur front dun signe qui devrait les en éloigner, sil était dans leur coeur. Demandons à Dieu que, dans sa miséricorde, il leur donne la lumière qui condamne ces folies, lamour qui les fuit, le pardon qui les oublie. Il est donc heureux pour nous que nous ayons chanté aujourdhui un psaume de la pénitence. Parlons même aux absents, votre mémoire sera pour eux notre voix. Ne négligez ni ceux qui souffrent, ni ceux qui languissent; mais, afin de les guérir plus facilement, conservez vous-mêmes votre santé. Que vos réprimandes les corrigent, que vos discours les consolent, que la sainteté de votre vie leur serve de modèle, et celui qui vous a pris en pitié aura aussi pitié deux. Car en vous retirant de si grands dangers, la bonté du Seigneur na pas été épuisée. Ils viendront par le chemin que vous avez pris, ils passeront où vous avez passé. Leur état est fâcheux, jen conviens; il est périlleux, ils courent à leur perte, à une mort certaine, puisquils connaissent le mal quils font. Il y a une différence, en effet, entre courir à ces folies quand on méprise la parole du Christ, et y courir quand on sait ce quil faut éviter. Mais notre psaume nous apprend à ne pas désespérer même de ceux qui en sont là. 2. En voici le titre: « Psaume à David, lorsque le prophète Nathan vint le trouver, après son adultère avec Bethsabée » ; car Bethsabée était femme et épouse dun autre homme. Nous ne le disons quavec douleur et en tremblant; et pourtant ce nest point pour quon en garde le silence, que le Seigneur la fait consigner dans lhistoire.
1. Ps. XXXI, 5. 2. Id, L, 1, 2.
Jen parlerai donc, non de plein gré, mais parce que jy suis contraint, et jen parlerai non comme dun modèle à imiter, mais comme dun motif de crainte. David, roi et prophète, qui devait être selon la chair laïeul du Seigneur 1, séprit de la beauté de cette femme étrangère, et commit un adultère avec elle. Les psaumes nen disent rien, mais le titre nous lindique, et nous le lisons plus à découvert dans le livre des Rois. Ces deux ouvrages sont canoniques, et tout chrétien doit y croire sans hésiter. Le crime fut commis et ensuite consigné dans 1Ecriture. David fit même tuer à la guerre le mari de cette femme; à ladultère il joignit le meurtre: et après ce crime le prophète Nathan lui fut envoyé, et envoyé par le Seigneur, pour lui reprocher un si grand forfait 2. 3. Voilà ce que les hommes doivent éviter; écoutons ce quils doivent imiter, sil leur arrive de tomber. Plusieurs, en effet, veulent bien tomber comme David, mais non se relever avec lui. Ce nest donc point lorsquil tombe, mais bien quand il se relève quil devient ton modèle, si tu es tombé. Veille donc à ne point tomber. Que la chute des grands ne soit point un sujet de joie pour les petits, mais que les petits craignent en voyant tomber les grands. Tel est le but de cette histoire, cest pour cela quelle est écrite, pour cela que lEglise fait souvent lire et souvent chanter ce psaume. Que les hommes qui ne sont point tombés lécoutent, afin de ne point tomber, et ceux qui sont tombés, afin de se relever. Le crime dun si grand saint nest pas couvert du silence; on le publie dans lEglise. Les coeurs dépravés lécoutent, et y cherchent un encouragement au péché, ils sefforcent dy voir une excuse pour le crime quils ont résolu de commettre, et non un moyen déviter celui quils nont pas encore commis. Ils disent en eux-mêmes: David la fait, et moi, pourquoi non? Et voilà quen se livrant au crime, parce que David la commis, cette âme devient plus criminelle que David lui-même. Je vais mexpliquer plus clairement, sil est possible. David ne sétait point, comme toi, proposé de modèle: il tombait sous le poids de la concupiscence, et non sous le patronage de la sainteté; tandis que toi, tu tenhardis au péché par lexemple dun saint; et, loin dimiter sa sainteté, tu nimites que sa chute.
1. Rom.I, 3 II Rois, XI, XII, 1-14.
Tu aimes en David ce que David hait en lui : tu te prépares au crime, tu pèches avec réflexion ; tu cherches dans le livre de Dieu une autorisation à la licence, et tu nécoutes la parole de Dieu que pour faire ce qui déplaît à Dieu. Voilà ce que na point fait David, Un prophète le reprit, un prophète ne le fit point tomber. Mais à dautres cette histoire est très-utile, et ils mesurent leur faiblesse sur la chute dun homme si fort; afin déviter ce que Dieu condamne, ils interdisent à leurs yeux jusquau regard peu dangereux; ils ne les arrêtent point sur la beauté dune chair étrangère, et ne se rassurent point avec une simplicité perverse; ils ne disent point: Jai regardé sans malice, avec bonté, cest par charité que jai regardé longtemps. Ils ont devant les yeux la chute de David, et ils comprennent que ce grand homme est tombé afin dapprendre aux petits à ne point regarder ce qui pourrait causer leur chute. Ils répriment la liberté de leurs regards: ils rie se familiarisent pas facilement, ne sentretiennent pas avec des femmes étrangères, ne lèvent point les yeux vers les appartements des autres, ni sur les terrasses voisines. Car David ne vit que de loin cette femme qui causa sa chute. La femme était loin, la luxure était proche. Ce quil voyait était loin de lui, ce qui le perdait était en lui. Il faut donc veiller à cette faiblesse de la chair, et se souvenir de ces paroles de lApôtre : « Que le péché ne règne pas dans votre chair mortelle 1 ». LApôtre na pas dit: Quil ny soit point; mais: « Quil ny règne pas ». Le péché est en toi, quand tu en ressens lattrait; il y règne, si tu y consens. Il faut réprimer lattrait charnel, surtout lorsquil nous porte à ce qui est défendu, à ce qui est funeste, et non lui lâcher les rênes. Il faut le dominer, et non pas en être dominé. Regarde sans crainte, si tu nas rien qui te porte au mal. Mais, diras-tu, je résiste avec force. Es-tu donc plus fort que David? 4. Un tel exemple nous dit aussi que nul ne doit sélever dans la prospérité. Il en est beaucoup en effet qui craignent ladversité et non la prospérité de cette vie. Or, la prospérité est plus dangereuse pour lâme que le malheur ne lest pour le corps. Lune commence à corrompre lesprit, afin que lautre le puisse abattre. Il nous faut donc, mes frères,
1. Rom. VI, 12.
redoubler de précautions contre la félicité. Aussi voyez comment la parole de Dieu cherche à nous prémunir contre toute sécurité, quand la félicité nous sourit. « Servez le Seigneur», nous est-il dit, « avec crainte et tremblement, et servez-le avec allégresse ». Avec allégresse, pour le remercier; avec crainte, pour éviter la chute. David ne pécha point quand il était en butte aux persécutions de Saül. Quand ce saint prophète avait pour ennemi Saül qui le fatiguait de ses poursuites, quand il fuyait çà et là pour ne pas tomber entre ses mains 2, il ne convoita point la femme dun autre, il ne fit point mourir lépoux après avoir débauché lépouse. Dans cette instabilité du malheur, son âme était dautant plus fixée en Dieu, quil paraissait plus malheureux. Le malheur a donc son utilité, et le fer du. médecin est plus utile que les amorces du démon. La disparition de ses ennemis lui donna la tranquillité; délivré de toute poursuite, son coeur senfla. Cet exemple doit donc nous faire craindre la félicité. « Jai rencontré », dit-il, «la tribulation et la douleur, et jai invoqué le nom de mon Dieu 3». 5. Mais le crime fut commis; que mes paroles soient donc un avertissement pour ceux qui ne sont point tombés, afin quils veillent à conserver leur innocence, et que les petits craignent, en voyant tomber un si grand saint. Sil est dans cet auditoire quelque pécheur à qui la conscience reproche quelque crime, quil écoute les paroles de ce psaume ; quil sonde la profondeur de cette plaie, mais quil ne désespère point de la puis. sauce du médecin. Le péché joint au désespoir, cest la mort certaine. Loin de vous de dire: Puisque jai commis telle faute je serai certainement réprouvé, Dieu ne me pardonnera point de si grands crimes, pourquoi nentasserai-je pas faute sur faute? Jouissons ici-bas de tous les plaisirs dans la volupté, comme dans la débauche : tout espoir de salut est perdu, jouissons au moins de ce qui est sous nos yeux, si nous ne pouvons posséder ce que promet la foi. Ce psaume est donc de nature à mettre sur leurs gardes ceux qui ne sont pas tombés encore, et à prémunir contre le désespoir ceux qui sont tombés. O pécheur, qui que tu sois, et qui hésites à faire pénitence de tes fautes, parce que tu désespères de ton salut, écoute les gémissements de David. Ce
1. Ps. II, 11. 2. I Rois, XXIV, 5, XXVI, 9. 3. Ps. XCIV, 3, 4.
nest pas le prophète Nathan que Dieu tenvoie, mais David lui-même, Ecoute ses cris, et crie avec lui; écoute ses gémissements, et gémis avec lui ; écoute ses pleurs, et joins-y tes pleurs; écoute-le qui se corrige, et prends part à sa joie. Si tu nas pu fermer ton coeur au péché, du moins ne le ferme pas à lespérance du pardon. Dieu envoie le prophète Nathan vers ce pécheur 1, vois lhumilité du roi. Il ne rejette point la leçon qui lui est faite, il ne dit pas : Oses-tu me parler ainsi à moi qui suis roi? Ce prince dans sa majesté écouta le Prophète; que le peuple dans son humilité écoute le Christ. 6. Ecoute aussi, toi pécheur, et dis avec David: « Ayez pitié de moi, ô mon Dieu, selon la grandeur de votre miséricorde 2». Implorer une grande miséricorde, cest avouer une grande misère. Quils nimplorent quune miséricorde légère ceux qui nont péché que par ignorance: « Ayez pitié de moi », dit David, « selon votre grande miséricorde ». Guérissez ma large blessure, par la puissance de vos remèdes. Mon mal est grand, mais jai recours à la puissance infinie. Une blessure aussi mortelle me jetterait dans le désespoir, si je ne trouvais un médecin aussi puissant. « Ayez pitié de moi, dans toute létendue de votre miséricorde; et dans la multitude de vos bontés, effacez mon péché ». Dire: «Effacez mon péché », revient à dire: « Ayez pitié de moi, mon Dieu». De même: « La multitude de vos bontés», a le même sens que: « Létendue de votre miséricorde». Parce que votre miséricorde est grande, vos miséricordes sont nombreuses, et de votre grande miséricorde viennent vos bontés infinies. Vous avez loeil sur les contempteurs pour les corriger, loeil sur les ignorants pour les instruire, loeil sur ceux qui avouent leurs fautes pour leur pardonner. Un homme a-t-il péché par ignorance? Quelquun déjà qui vous avait beaucoup offensé, qui avait fait des maux nombreux, « a trouvé miséricorde », nous dit-il, parce quil avait agi dans lignorance et dans lincrédulité 3». Mais David ne pouvait dire : « Jai agi dans lignorance », car il nignorait pas, que toucher à lépouse dun autre, est un crime, ni quil y a homicide à faire mourir le mari qui ignorait tout, qui nen témoignait pas la moindre colère. Il obtient donc miséricorde celui qui pèche par
1. II Rois, XII, 1. 2. Ps. L, 3. 3. Tim. I, 13.
ignorance; mais celui qui pèche sciemment, obtient non pas une miséricorde quelconque, mais une grande miséricorde. 7. « Lavez-moi de plus en plus de mon « injustice». Quest-ce à dire: « Lavez-moi de plus en plus? » Cest que je suis beaucoup souillé. Lavez de plus en plus les péchés que jai commis en pleine connaissance, vous qui avez effacé les fautes que jignorais. Il ne faut pas désespérer de votre miséricorde. « Purifiez-moi de mon péché 1 ». Quel en sera le salaire? Cest un médecin, offre une récompense; cest un Dieu, offre un sacrifice. Que donneras-tu pour être purifié ? Vois celui que tu invoques; il est juste, et parce quil- est juste il hait le péché; parce quil est juste, il châtie le péché : tu ne saurais enlever à Dieu sa propre justice. Implore sa. miséricorde, mais considère sa justice : sa miséricorde pardonne au pécheur, mais sa justice châtie le péché. Quoi donc? Tu cherches la miséricorde, et le péché doit-il demeurer impuni? Que David nous réponde, que les pécheurs nous répondent, quils nous répondent comme David, et quils disent : Non, Seigneur, mon péché ne sera point impuni; je connais la justice de celui dont jimplore la miséricorde; mon péché ne sera point sans châtiment; mais, je vous en supplie, ne le châtiez point, car je veux le châtier moi-même : épargnez-moi, puisque je ne veux point mépargner. 8. « Car je reconnais mon iniquité, et mon crime est toujours devant moi 2 ». Je nai point rejeté en arrière ce que jai fait, je ne moublie point moi-même pour regarder les autres, je ne cherche point à ôter la paille de loeil de mon frère, quand il y a une poutre dans mon oeil 3 ; mon péché est toujours sous mes yeux, et non derrière moi. Il était derrière moi, quand est venu le Prophète qui ma exposé la parabole de la brebis du pauvre. Voici en effet ce que dit Nathan à David : «Un homme riche avait beaucoup de brebis; un pauvre son voisin nen avait quune seule quil élevait dans son sein et avec son pain; un étranger vint chez le riche qui, sans toucher à son troupeau, jeta un oeil denvie sur la brebis du pauvre son voisin, et la tua pour son hôte; qua mérité cet homme 4? » Dans son indignation David prononça une sentence, et ne sachant point que le Prophète le
1. Ps. L, 4. 2. Id. 5. 3. Matt. VII, 3. 4. II Rois, XII, 2-6.
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prendrait dans ses paroles, il dit que ce riche était digne de mort, et rendrait quatre brebis; sentence sévère, mais juste! Alors son péché nétait pas encore sous ses yeux, son action criminelle était derrière lui; il ne connaissait point encore sa propre faute, et il était sans pitié pour celle dun autre. Mais le Prophète, envoyé à dessein, remit sous les yeux du roi cette faute laissée en arrière, afin de lui faire comprendre quil sétait lui-même condamné par sa propre sentence. Il sétait servi de sa langue comme dun fer salutaire, pour ouvrir la plaie et la guérir. Ainsi en usa le Sauveur avec les Juifs, qui lui amenaient une femme adultère, pour lui tendre un piége, et qui y tombèrent eux-mêmes. «Cette femme», lui disaient-ils, « vient dêtre surprise en adultère: « or, Moïse nous a commandé de lapider ces « coupables; pour vous, quen pensez-vous 1?» il y avait là un double piége tendu à la sagesse du Seigneur: sil la condamnait à mort, il perdait sa réputation de douceur; sil la faisait renvoyer libre, il encourait leur calomnie et passait pour un violateur de la loi. Que répond le Sauveur? Il ne leur dit point: Quon la fasse mourir; il ne dit point : Quon la mette en liberté; mais: « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ». La loi était juste en décrétant la mort contre ladultère; mais donnez à cette loi juste des exécuteurs innocents. Vous considérez celle que vous amenez, voyez aussi ce que vous êtes. « A ces mots, ils sen allèrent lun après lautre ». Il ne resta que la femme adultère avec le Seigneur; que la malade avec le médecin; que la profonde misère avec la profonde miséricorde. Ceux qui lamenaient rougirent sans demander leur pardon; celle que lon amenait fut dans la confusion et fut guérie. « Le Seigneur lui dit: O femme, aucun ne vous a-t-il condamnée? et celle-ci : Aucun, Seigneur. Et le Seigneur: Et moi non plus, je ne vous condamnerai point, allez et ne péchez plus à lavenir » . Le Christ a-t-il donc agi contre sa loi? Car son Père navait pas donné cette loi sans lui. Si le ciel, la terre et tout ce qui est en eux, ont été faits par lui, la loi aurait-elle été écrite sans le Verbe de Dieu? Donc le Seigneur nagit point alors contre sa loi, non plus quun potentat nagit contre les lois, quand il fait grâce à des coupables qui avouent leurs crimes. Moïse était
1. Jean, VIII, 4 -11.
le ministre de la loi, le Christ en était le promulgateur; Moïse fait lapider comme juge, le Christ fait grâce en roi. Le Seigneur eut pitié de cette femme selon létendue de sa miséricorde, comme le demande le Prophète, comme il en supplie le Seigneur par ses cris et ses gémissements. Voilà ce que nont point fait ceux qui lui présentaient la femme adultère; et quand le médecin étalait leurs plaies sous leurs yeux, ils nont point demandé au médecin la guérison. Ainsi en est-il beaucoup qui ne rougissent point du péché, et qui rougissent de la pénitence. Incroyable folie : tu ne rougis point de la plaie, et tu rougis des bandes qui la couvrent? Nest-elle pas plus hideuse et plus fétide, quand elle est à nu? Va donc trouver le médecin, fais pénitence et dis-lui : « Je connais mon iniquité, et mon péché est toujours sous mes yeux ». 9. « Jai péché contre vous, contre vous seul, jai commis le mal en votre présence 1», Que veut dire cette parole? Est-ce que ladultère de cette femme et le meurtre du mari ne furent connus daucun homme 2? Tous ne savaient-ils point le crime de David? Que signifie : « Jai péché contre vous seul, jai commis le mal en votre présence? » Cest que Dieu seul est sans péché. Celui-là seul punit avec justice, qui na rien en soi que lon doive punir: il peut reprendre justement, celui en qui lon ne peut rien reprendre. « Jai péché contre vous seul, jai commis le mal en votre présence; en sorte que vos paroles seront justifiées et que vous vaincrez quand vous serez jugé ». A qui sadressent ces dernières paroles, mes frères? il est difficile de le voir. Assurément le Prophète sadresse à Dieu, et il est évident que Dieu le Père na pas été jugé. Quest-ce à dire: « Jai péché contre vous seul, jai commis le mal en votre présence, en sorte que vous serez justifié dans vos discours, et que vous vaincrez quand vous serez jugé? » Le Prophète voit dans lavenir le juge suprême qui sera jugé, le juste que jugeront les pécheurs, et qui sera vainqueur, parce quil ny aura en lui rien de condamnable. Seul de tous les hommes, lHomme-Dieu a pu dire avec vérité: « Si vous trouvez en moi un péché, dites-le ». Mais il y avait peut-être en lui quelque faute qui échappait aux hommes, et alors ils ne pouvaient trouver en lui ce qui existait réellement, bien que
1. Ps. L, 6. II Rois, XI, 4, 15.
dune manière cachée? Il dit ailleurs: « Voici le Prince de ce monde », celui dont loeil perçant voit les péchés de tous : « Voici le prince de ce monde», ce préposé de la mort qui en frappe tous les pécheurs : « Car la mort nest entrée dans lunivers entier que par la jalousie du démon 1 » ; « voici donc le m prince de ce monde » (disait Jésus-Christ la veille de sa passion), « et il ne trouvera rien en moi », rien de coupable, rien qui soit digne de mort, rien qui mérite condamnation. Et comme si on lui demandait: Pourquoi donc mourez-vous? il continue en disant: « Mais afin que le monde connaisse que je fais la volonté de mon Père, levez-vous, sortons dici 2 ». Je souffre, dit-il, sans le mériter, pour ceux qui le méritent, afin de faire vivre en moi ceux pour qui jendure si injustement la mort. Cest donc à ce juste sans péché que sadresse David, quand il dit: « Jai péché à lencontre de vous seul, jai fait le mal en votre présence, en sorte que vous serez justifié dans vos paroles, et vainqueur quand on vous jugera ». Vous êtes bien supérieur à tous les hommes, à tous les juges, et quiconque se croit juste, nest quinjuste auprès de vous; vous seul jugez dans la justice, et lon vous a jugé injustement, vous qui aviez le pouvoir de donner votre vie, comme le pouvoir de la reprendre 3. Vous triomphez donc alors quon vous-met en jugement. Vous surpassez tous les hommes, parce que vous êtes plus que tous les hommes, et que cest par vous que les hommes ont été faits. 10. « Jai péché contre vous seul, jai fait le mal en votre présence, en sorte que vous serez justifié dans vos paroles, et triompherez quand vous serez mis en jugement. Voilà en effet que jai été conçu dans liniquité 4 ». Comme si lon disait: Ceux-là sont vaincus qui ont agi comme vous, ô David; car ce nest pas un crime léger, une peccadille, quun adultère et un homicide: en est-il de même de ceux qui nont commis aucune faute depuis quils sont sortis des entrailles de leur mère ? Imputeriez-vous à ceux-là quelques péchés, en sorte quil ny ait pour triompher au jugement que celui dont vous venez de parler? David parle ici au nom du genre humain, il a vu les chaînes de tous, il a considéré en nous la mort qui se propage
1. Sag. II, 21. 2. Jean, XIV, 30, 31. 3. Id. X, 18. 4. Ps. L, 7.
il a vu liniquité à notre origine, et il sécrie: « Voilà que je suis conçu dans liniquité ». David était-il donc né de ladultère, lui fils de Jessé, homme juste, et de son épouse 1? Pourquoi dit-il quil est conçu dans liniquité, sinon parce que liniquité nous vient dAdam? Et lassujettissement à la mort sest formé de liniquité même. Nul ne vient au monde quil nentraîne avec lui sa peine, et le mérite de sa peine. Le Prophète a dit ailleurs: « Nul nest pur en votre présence, pas même lenfant qui est sur la terre depuis un jour 2 ». Car nous savons que le baptême du Christ a la force deffacer les péchés, et quil est institué pour la rémission des fautes. Si les enfants naissent avec une parfaite innocence, pourquoi les mères, les voyant malades, viennent-elles en hâte les apporter à lEglise? Quefface donc ce baptême, cette rémission? Je vois cet innocent qui pleure au lieu de sirriter. Quefface en lui le baptême? Que délie la grâce? Elle le délivre du péché transmis. Si cet enfant pouvait parler, il dirait; et sil avait lintelligence comme David, il répondrait: Pourquoi ne voir en moi que lenfant? Tu ne vois pas mes fautes à la vérité; « mais je suis conçu dans liniquité, et dans ses entrailles ma mère ma nourri du péché ». Car ce lien de la concupiscence ne se trouvait pas dans le Christ né de la Vierge, qui lavait conçu de lEsprit-Saint. On ne peut dire de celui-là quil est conçu dans liniquité, il ne peut répéter: « Dans ses entrailles, elle ma nourri du péché, cette mère », à qui lange avait dit: « LEsprit-Saint viendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre 3 ». Si donc les hommes sont conçus dans liniquité, sils sont nourris du péché dans les entrailles maternelles, ce nest point que lunion des époux soit un péché; mais parce qualors, ce qui a lieu, vient dune chair condamnée, et la condamnation de la chair cest la mort, et toute chair a son principe mortel. Aussi lApôtre ne dit-il point que notre corps doit mourir, mais quil est mort: « A la vérité le corps est mort à cause du péché, mais lesprit vit à cause de la justice 4 ». Comment pourrait naître sans les liens du péché ce qui est conçu, ce qui germe dans un corps que le péché a
1. I Rois, XVI, 18. 2. Job, XIV, 5, selon les LXX. 3. Luc, I, 35 4. Rom. VIII, 10.
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frappé de mort? Cette action, dès quelle, est chaste, nest point criminelle; mais lorigine du péché entraîne le châtiment qui lui est dû. Un époux, pour être époux, nen est pas moins mortel, et il nest mortel quà cause du péché. Le Seigneur aussi était assujéti à la mort, mais non cause du péché; il a pris sur lui notre peine, et a dès lors expié notre faute. Il est donc juste que tous meurent en Adam, et que tous vivent en Jésus-Christ 1. « Le péché », dit saint Paul, « est entré dans ce monde, et par le péché la mort ; ainsi la mort a passé en tous les hommes par celui-là seul en qui tous ont péché 2 ». Cest un arrêt, dit lApôtre : tous ont péché en Adam. Un seul enfant a pu naître dans linnocence, parce quil nétait point loeuvre dAdam. 11. « Voilà que vous avez aimé la vérité, vous mavez découvert ce quil y avait pour moi dincertain et de caché dans votre sagesse 3 » . « Vous avez aimé la vérité »; cest-à-dire, vous ne laissez point sans châtiment les péchés que vous couvrez du pardon. « Vous avez aimé la vérité »; et vous dispensez la miséricorde, de manière néanmoins à sauvegarder la vérité. Vous pardonnez à celui qui avoue sa faute, et vous lui pardonnez parce quil se châtie lui-même; ainsi sont daccord la miséricorde et la vérité: la miséricorde, parce que lhomme est délivré; la vérité, parce que le péché reçoit son châtiment. « Voilà que vous avez aimé la vérité; vous mavez découvert ce quil y avait pour moi dincertain et de caché dans votre sagesse ». Quy avait-il dincertain, quy avait-il de caché? Cest que Dieu pardonne même à de tels coupables. Rien daussi caché, rien daussi incertain. Cest dans cette incertitude que les Ninivites firent pénitence. Ils se dirent en effet, nonobstant les menaces du Prophète, nonobstant cette lugubre parole: « Dans trois jours Ninive sera détruite » ; ils se dirent quil fallait implorer la divine miséricorde; ils se dirent dans leur perplexité: « Qui sait si Dieu nadoucira point sa sentence et naura point pitié de nous? » Dire: « Qui sait », cest être dans lincertitude. Donc dans leur incertitude ils firent pénitence, et obtinrent une miséricorde incertaine; ils se prosternèrent et shumilièrent dans les larmes, dans le jeûne, dans le cilice et dans la cendre; ils gémirent, ils pleurèrent, et Dieu leur
1. I Cor. XV, 22. 2. Rom, V, 12. 3. Ps. L, 8.
pardonna 1. Ninive demeura-t-elle sur pied ou, fut-elle renversée? Autres sont les pensées. des hommes, et autres celles de Dieu. Pour moi, je crois que la prédiction du Prophète fut accomplie. Voyez ce quétait Ninive, et comprenez quelle fut renversée: elle fut détruite du côté du mal, et reconstruite dans le bien; de même que Saul persécuteur dut être renversé, pour que sélevât Saul le prédicateur 2. Qui ne croirait que cette ville où nous sommes a été renversée pour son bonheur, si tous ces insensés quittaient leurs folies, pour revenir dans 1Eglise avec componction, et demandaient à Dieu pardon de leurs fautes passées? Ne dirions-nous pas alors: Où est cette Carthage dautrefois? Elle nest plus ce quelle était, elle est renversée; mais, pour être ce quelle nétait pas, elle est donc reconstruite ? Cest en ce sens quil fut dit à Jérémie: « Voilà que je tai établi pour arracher, pour détruire, pour renverser, pour dissiper, et ensuite pour édifier et planter 3». De là encore ce mot du Seigneur: « Je frapperai et je guérirai 4 ». Il frappe ce quil y a de grangréné dans le vice, il guérit la douleur de la blessure. Ainsi en usent les médecins: ils tranchent, ils frappent, ils guérissent; ils sarment pour frapper, ils prennent le fer et ne viennent que pour guérir. Mais comme les Ninivites étaient de grands coupables, ils dirent: « Qui sait? » Cette incertitude, le Seigneur en avait délivré David son serviteur. Quand, en face du Prophète qui lui reprochait son crime, il sécria: « Jai péché » ; aussitôt il entendit le Prophète, cest-à-dire lEsprit-Saint par la bouche du Prophète, qui, lui dit: « Votre péché vous est remis 5 ». Le Seigneur donc lui avait découvert ce quil y a dincertain dans sa sagesse. 12. « Vous me laverez avec lhysope », dit-il, « et je deviendrai pur 6 ». Nous savons que lhysope est une herbe peu élevée, mais curative: on dit que sa racine sattache à la pierre. De là vient quelle est choisie comme un symbole de la pureté du coeur. Toi aussi, embrasse la pierre, par la racine de lamour: sois humble devant ton Dieu qui est humble, afin de télever un jour avec ton Dieu glorifié., Tu seras lavé avec lhysope, lhumilité, du Christ te purifiera. Au lieu de mépriser la
1. Jean, III, 4-10. 2. Act. IX, 4. 3. Jérém. I, 10. 4. Deut. XXXII, 39, 5. II Rois, XII, 13. 6. Ps. L, 9.
bassesse de cette herbe, considère sa vertu médicale. Jajouterai ceci, que disent dordinaire les médecins, et dont les malades font lexpérience : cest que lhysope a la vertu de guérir les poumons. Or, le poumon est le symbole ordinaire de lorgueil; il senfle et se dilate par la respiration. Il est dit de Saul persécuteur ou de Saul lorgueilleux, quil courait pour lier les chrétiens, ne respirant que le meurtre 1 ; son poumon nétait point pur, et il respirait le meurtre, il respirait le sang. Mais écoute combien est pur celui qua lavé lhysope: « Vous me laverez avec lhysope et je serai pur; vous me laverez, et je serai plus blanc que la neige ». «Quand même », est-il dit ailleurs, « vos péchés seraient comme la pourpre, ils se blanchiraient comme la neige 2 ». Cest de ceux-là que le Christ se forme un manteau sans tache et sans ride 3. De là vient que sur la montagne son vêtement parut blanc comme la neige 4, et fut le symbole de lEglise pure de tout péché. 13. Mais où est lhumilité qui vient de lhysope ? Ecoutez la suite : « Vous ferez entendre à mon oreille la joie et lallégresse, et les ossements brisés tressailliront 5. Vous mettrez dans mon oreille la joie et lallégresse ». Je me réjouirai de vous entendre et non de parler contre vous. Tu es pécheur, ô homme, pourquoi ten défendre ? Tu veux parler : souffre que Dieu te parle, écoute, cède à la parole divine, ne te trouble point afin de ne point augmenter tes blessures : une faute est commise, ne la défends point, confesse-la sans lexcuser. Tu succomberas si tu te constitues lavocat de ta faute: tu nes pas un avocat irréprochable, ta défense ne peut être que malheureuse. Qui es-tu en effet, pour te défendre? Tu nes propre quà taccuser. Loin de toi donc ces excuses: ou, je nai rien fait; ou, quelle grande faute ai-je commise? ou, dautres lont faite ainsi que moi. Si, coupable dun crime, tu dis que tu nas rien fait, tu ne seras rien devant Dieu, tu ne recevras rien de lui : Dieu est tout prêt à taccorder le pardon, tu en fermes lissue jusquà toi : il est prêt à te faire grâce, ne lui oppose point ta défense comme une digue, ouvre-lui ton coeur par laveu. « Vous me ferez entendre la joie et
1. Act. IX, 1. 2. Isa. I, 18. 3. Eph. V, 27. 4. Matt. XVII, 2. 5. 5. Ps. L, 10.
lallégresse ». Que Dieu, mes frères, me donne dexprimer ma pensée. Les auditeurs sont plus heureux que les prédicateurs: quiconque sinstruit est humble, mais celui qui instruit les autres doit se mettre en garde contre lorgueil, contre toute volonté de plaire aux hommes, ce qui serait alors déplaire à Dieu. Ceux qui instruisent, mes frères, tremblent devant ces paroles, et je ne vous parle quen tremblant. Croyez-en à mon coeur que vous ne pouvez voir: mais puisse sadoucir en notre faveur, et nous être propice, celui qui connaît avec quel tremblement je vous instruis ! Mais lorsque nous lécoutons qui nous parle intérieurement, qui nous enseigne, alors nous sommes en sûreté, notre joie est sans crainte : nous avons un maître, nous cherchons sa gloire, nous le louons dans ses enseignements : sa vérité nous transporte à lintérieur où nul ne fait et nentend le bruit. Cest là que David trouvait sa joie et son allégresse. «Vous mettrez», dit-il, « dans mon oreille la joie et lallégresse ». Mais il écoute parce quil est humble. Celui qui écoute, qui écoute vraiment, sincèrement, celui-là écoute avec humilité, car toute sa gloire est dans celui dont il écoute la parole. Après avoir dit : « Vous mettrez dans mon oreille la joie et lallégresse, il nous montre ce quil en revient davoir écouté. Les ossements brisés tressailliront ». Les ossements brisés, les ossements de celui qui écoute, nont point ce faste et cet orgueil que surmonte difficilement en lui-même celui qui parle. De là encore lhumilité de ce grand homme dont le Christ a dit que nul ne fut plus grand parmi les enfants des hommes 1, et qui shumilia au point de se dire indigne de délier les cordons des souliers du Seigneur 2, de ce Jean-Baptiste, qui rendit toute la gloire à son maître et devint ainsi son ami. Et quand on le prenait pour le Christ, et quil pouvait se prévaloir et senorgueillir de cette erreur; non que lui-même se soit dit le Christ, mais quand il pouvait accepter cet honneur de la part des hommes qui voulaient spontanément le lui déférer 3, il repoussa ce faux honneur afin de trouver la vraie gloire; et voyez comme son humilité venait de ce quil écoutait: « Celui qui a lépouse » , dit-il, « est lépoux; mais celui qui se tient debout et qui écoute, est lami de
1. Matt. XI, 11. 2. Marc, I, 7. 3. Luc, III, 15.
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lépoux ». Il dit quil est debout et quil écoute, non pas, quil tombe et quil parle. « Il est debout», dit-il, « et il écoute lépoux». Vous lentendez, il est debout, où donc est la joie et lallégresse ? Il continue aussitôt : « Il est debout, et il lécoute, et il tressaille de joie à la voix de lépoux 1. Quand jécouterai, vous me donnerez la joie et lallégresse, et les ossements jetés à terre tressailliront ». 14. « Détournez votre face de mes fautes, effacez toutes mes iniquités 2 » Déjà tressaillent mes ossements jetés à terre, déjà lhysope ma purifié , et je suis devenu humble. « Détournez votre face, non de moi, mais de mes péchés ». Car il dit ailleurs en suppliant: « Ne détournez point de moi votre face 3». Il ne veut donc point que Dieu détourne de lui sa face, mais il veut quil la détourne de ses péchés. Car Dieu voit tout péché dont il ne détourne pas sa face; sil le voit il le châtie. « Détournez donc votre face de mes fautes, effacez toutes mes iniquités». Il se rassure au sujet de son grand péché; il porte plus loin sa confiance, il veut que toutes ses fautes soient effacées : il met son espoir dans la main du médecin, dans cette grande miséricorde, quil a implorée au commencement du psaume: « Effacez toutes mes iniquités ». Dieu détourne ses regards, et cest ainsi quil les efface: en détourner son regard, cest les effacer; les voir, cest les écrire. Tu as entendu que Dieu efface nos péchés quand il sen détourne, écoute ce quil fait quand il les voit: « La face du Seigneur est sur tous ceux qui font le mal, afin deffacer de la terre jusquà leur souvenir 4 » ; parce quil nefface pas leurs péchés. Mais ici, que demande le Prophète? « Détournez vos regards de mes péchés ». Cette prière est sage, car lui-même ne détourne point les yeux de ses fautes, puisquil dit: « Pour moi, je connais mon péché ». Tu as donc le droit, tu fais bien de demander à Dieu quil détourne son regard de tes péchés, si tu nen détournes pas le tien; mais si tu rejettes ton péché en arrière, Dieu le tient présent sous ses yeux. Que ton péché soit donc toujours sous tes yeux, si tu veux que Dieu en détourne ses regards tu peux alors le demander en toute sûreté, et il texaucera. 15. « Créez en moi,, Seigneur, un coeur nouveau ». « Créez » ; le Prophète na point
1. Jean, III, 29. 2. Ps. L, 11 3. Id. XXVI, 3. 4. Id. XXXIII, 17. voulu dire par là: Faites en moi quelque chose de nouveau; mais comme il priait avec repentir, comme il était coupable dun crime, et quavant ce crime il était plus innocent, il nous montre ainsi la valeur de cette expression : « Créez. Et renouvelez au fond de mon âme lesprit de droiture ». Mon crime, dit-il, avait détruit et courbé la droiture de mon esprit. Il dit dans un autre psaume: « Ils ont, courbé mon âme 1 ». Et quand lhomme se penche vers les convoitises du temps, il se courbe en quelque sorte; quand il sélève aux biens den haut, de manière à trouver la douceur en Dieu, son coeur devient droit. « Combien est bon le Dieu dIsraël, pour ceux « qui ont le coeur droit 2 ! » Donc, mes frères, écoutez. Souvent Dieu châtie de ses péchés en cette vie lhomme auquel il pardonne pour lautre vie. David lui-même, à qui Dieu avait dit par son Prophète : « Votre péché vous est remis 3 », dut subir les châtiments dont Dieu lavait menacé à cause de sa faute. Son fils Absalon lui fit une guerre sanglante et le réduisit à dhumiliantes extrémités 4. Il marchait dans la douleur, dans laffliction et le mépris, tellement soumis à Dieu quil reconnaissait sa justice dans ces traitements, et confessait quil ne souffrait rien quil neût mérité. Déjà son coeur était redressé, et Dieu ne lui déplaisait point. Il entendit patiemment un homme qui linjuriait et lui jetait à la face des imprécations 5, un homme qui se déclarait son ennemi, et marchait avec les soldats de son fils rebelle. A ces malédictions jetées au roi, un des compagnons de David voulut courir sur cet insolent et le tuer; mais David le retint. En quels termes? « Cest Dieu», dit-il, « qui la envoyé pour me maudire ». Il reconnaît donc sa faute, il en approuve le châtiment, il ne cherche point sa propre gloire; il bénit le Seigneur du bien quil trouve en lui-même, il bénit le Seigneur des maux quil endure, il bénit le Seigneur en tout temps; la louange du Seigneur est toujours en sa bouche 6. Tels sont les hommes au coeur droit: bien différents de ces hommes dépravés qui se croient justes et Dieu pervers; qui jubilent quand ils font le mal ; qui blasphèment quand ils souffrent; qui sous le fouet de la tribulation sécrient dans leur âme dépravée : Dieu, que tai-je fait? En vérité, ils
1. Ps. LV, 7. 2. Id. LXXII, 1. 3. II Rois, XII, 13. 4. Id. XV, 10. 5. Id. XVI, 6. 6. Ps. XXII, 2.
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nont rien fait pour Dieu, ils ont tout fait pour eux-mêmes: « Renouvelez dans mes entrailles desprit de droiture ». 16. « Ne me repoussez point de votre présence ». Détournez vos regards de mes péchés, mais ne méloignez pas de votre présence. Il redoute le regard de Dieu, et néanmoins il invoque ce regard. « Ne méloignez pas de votre présence, et ne retirez pas de moi votre Esprit-Saint 1 ». Car le Saint-Esprit est dans celui qui avoue ses fautes. Que votre péché vous déplaise, cest là un don de lEsprit-Saint. Le mal plaît à lesprit impur, il déplaît à lesprit de sainteté: et quoique, dune part, tu demandes encore pardon à Dieu, néanmoins comme dautre part tu as en aversion le mal que tu as fait, lu es uni à Dieu, puisque tu hais ce quil hait. Ainsi, vous voilà deux contre la fièvre, le médecin et toi. Mais comme il nest pas au pouvoir de lhomme davouer et de punir par lui-même son péché, quiconque sirrite contre soi-même et se prend à dégoût, ne le fait que par un don de lEsprit-Saint. Aussi le Prophète ne dit point: Donnez-moi votre Esprit-Saint, mais: « Ne le retirez pas de moi. Ne retirez pas de moi votre Esprit-Saint ». 17. « Rendez-moi la joie de votre salut 2 ». « Rendez-la-moi », car je lavais avant de la perdre par le péché : « Rendez-moi cette joie de votre salut »; cest-à-dire de votre Christ. Sans lui, qui peut être guéri? Avant même quil fût né dune vierge, « le Verbe était au commencement, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu 3». Ainsi les anciens croyaient à lIncarnation dans lavenir, comme nous y croyons au passé. Les temps ont changé, mais non la foi. « Rendez-moi la joie de votre salut, et fortifiez-moi de votre souverain Esprit ». Plusieurs ont vu ici la Trinité, si lon envisage Dieu en lui-même et sans le mystère de lIncarnation. Il est écrit en effet : « Dieu est esprit 4 ». Ce qui nest point corporel et qui existe néanmoins ne peut être quesprit. Quelques-uns donc ont vu ici la Trinité, « lEsprit de droiture » serait le Fils 5, « lEsprit-Saint », le Saint-Esprit, et « lEsprit souverain», le Père. Que lon entende ainsi ces paroles, ou que dans cette expression : « Renouvelez dans mes entrailles lesprit de droiture », le Prophète ait parlé
1. Ps. L, 13. 2. Id. 14. 3. Jean, I, 1. 4. Id. IV, 24. 5. Cap.IV, n. 6, Hieronimus in Epist. ad Galat.
de lesprit de lhomme, que le péché a courbé, rendu tortueux, en sorte que lEsprit-Saint soit cet esprit principal, quil demande à Dieu de ne point lui ôter, et dans lequel il veut être affermi, aucun de ces deux sens nest contre la foi. 18. Mais voyez ce quil ajoute : « Fortifiez-moi », dit-il, « parle souverain Esprit ». En quoi veut-il être affermi? Parce que vous mavez accordé mon pardon, parce que jai la certitude que vous ne mimputerez point ce que vous mavez remis, cette faveur me donne la sécurité, cette grâce me fortifie, et je ne serai pas ingrat. Que ferai-je alors? « Jenseignerai vos voies aux méchants ». Moi, jadis impie, jinstruirai les impies, cest-à-dire quaprès avoir été méchant, je ne le suis plus, et que si vous ne retirez de moi votre esprit, si même vous maffermissez dans lesprit souverain, « jenseignerai vos voies aux méchants » .Quelles voies leur enseignerais-tu? « Les impies se retourneront vers vous 1 ». Si le péché de David est regardé comme une impiété, que les impies ne se livrent point au désespoir, puisque Dieu pardonne à limpie : mais à la condition quils se convertiront à lui, quils étudieront ses voies. Si lon ne voit point dans les péchés de David une impiété, et si limpiété est proprement lapostasie contre Dieu, si elle consiste à nadorer pas un seul Dieu, à ne lavoir jamais servi, ou à le quitter après lavoir servi, il y a comme exagération dans cette parole: « Les impies se tourneront vers vous». Telle est labondance de votre miséricorde, que ceux qui se convertissent à vous, non-seulement dentre les pécheurs vulgaires, mais aussi dentre les impies, ne doivent point désespérer. « Les impies, se retourneront vers vous ». Pourquoi ? Afin que leur foi leur soit imputée à justice, quand ils croiront en celui qui justifie limpie 2 . 19. «Délivrez-moi des sangs, Seigneur, Dieu de mon salut ». En mettant au pluriel le mot sang, le traducteur latin sest servi dune expression peu latine pour rendre la force du grec. Nous savons tous que le mot sang na pas de pluriel; et néanmoins comme le grec la mis au pluriel, non sans raison, et parce quil en était ainsi dans lhébreu, le pieux interprète a mieux aimé employer une expression moins latine quune autre moins exacte.
1. Ps. L, 15. 2. Rom. IV, 5.
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Pourquoi donc a-t-il dit au pluriel: « Délivrez-moi des sangs ? » Il a voulu montrer dans la pluralité du sang, comme dans lorigine de cette chair du péché, la pluralité de fautes. Cest dans le même sens que sain Paul, envisageant ces fautes sans nombre qu nous viennent de la corruption du sang et de la chair, sécriait : « La chair et le sang ne posséderont pas le royaume de Dieu 1 ». Et néanmoins, daprès lenseignement du même Apôtre, il est de foi que notre chair ressuscitera, et quelle méritera dêtre incorruptible selon cette parole: « Il faut que ce corps corruptible soit revêtu dincorruptibilité, et que cette chair mortelle soit revêtue dimmortalité 2 » . Comme donc cest du péché que vient cette corruption, elle donne son nom aux péchés; de même quon donne le nom de langue à cette parcelle de chair, à ce membre qui se meut dans la bouche quand nous articulons des mots distincts, et langue encore ce que profère cette langue; ainsi nous disons la langue latine ou la langue grecque; non que la chair soit différente, mais simplement le son. De même alors quon appelle une langue ce que produit une langue; de même on appelle sang liniquité qui vient du sang. Jetons donc les yeux sur le grand nombre diniquités, ainsi quil la dit plus haut : « Effacez toutes mes fautes ; et les attribuant à la corruption de la chair et du sang, « Délivrez-moi », dit-il, «des sangs»; cest-à-dire, délivrez-moi de mes iniquités, purifiez-moi de toute corruption. Dire alors : Délivrez-moi des sangs, cest témoigner le désir dêtre incorruptible : car la chair et le sang ne posséderont pas le royaume de Dieu, non plus que la corruption ne possédera lhéritage incorruptible. « Délivrez-moi des sangs, Seigneur, Dieu de mon salut ». Il nous montre ainsi que quand notre corps sera parfaitement sain, il ny aura en lui rien de cette corruption, que lon désigne sous le nom de chair et de sang : et que la santé du corps sera complète. Maintenant, en effet, comment dire quil est sain, ce corps qui tombe, qui est dans le besoin, qui est sans cesse tourmenté par la maladie de la faim ou de la soif? Voilà ce qui disparaîtra car les aliments sont pour lestomac, et lestomac pour les aliments 3, mais Un jour Dieu détruira lun et les autres. Dieu donnera au corps une beauté parfaite, la mort sera
1. I Cor. XV, 5. 2. Id. 53. 3. I Cor. VI, 13.
absorbée dans sa victoire 1, il ny aura plus aucune corruption, nulle défaillance ne nous surprendra, les années ne nous changeront point, nul travail ne nous fatiguera, nous naurons besoin ni de viande pour réparer nos forces, ni de nourriture pour les soutenir. Toutefois nous ne serons privés ni daliments ni de breuvage; mais nous aurons pour nourriture et pour breuvage Dieu lui-même: cest le seul aliment qui nourrisse toujours et qui ne sépuise jamais. « Délivrez-moi des sangs, Seigneur, Dieu de mon salut ». Ce salut, nous en jouissons dès maintenant. Ecoutez lApôtre: « Nous sommes sauvés par lespérance ». Et voyez quil parlait du salut du corps: «En nous-mêmes nous gémissons dans lattente de ladoption des enfants de Dieu, qui sera la délivrance de notre corps; nous sommes en effet sauvés par lespérance; or, lespérance que lon verrait ne serait plus de lespérance; comment espérer ce que lon voit? Si donc nous ne voyons pas encore ce que nous espérons, nous lattendons par la patience 2 ». Celui qui persévérera jusquà la lin, et telle est la patience, celui-là sera sauvé 3; et voilà le salut que nous navons pas encore, mais que nous devons avoir. La réalité nexiste pas encore, lespérance est certaine. « Et ma langue alors publiera votre justice ». 20. « Seigneur, vous ouvrirez mes lèvres, et ma bouche publiera vos louanges 4. Vos louanges, parce que vous mavez créé ; vos louanges », parce que vous ne mavez pas abandonné, malgré mon péché; « vos louanges », parce que vous mavez averti de confesser ma faute; « vos louanges», parce que vous mavez purifié afin que je fusse en sûreté : « Vous ouvrirez mes lèvres, et ma bouche publiera vos louanges ». 21. « Si vous aviez voulu des sacrifices, je vous en aurais offert 5 ». Au temps de David on offrait à Dieu des animaux en sacrifice, mais il voyait les temps à venir. Nest-ce point nous que nous reconnaissons dans ces paroles? Ces sacrifices étaient des symboles qui annonçaient lunique sacrifice du salut. Dieu ne nous a donc pas abandonnés sans nous laisser un sacrifice que nous puissions lui offrir. Ecoute le Prophète soucieux de son péché, et cherchant à obtenir le pardon du crime quil a commis: « Si vous eussiez voulu des
1. I Cor. XV, 54. 2. Rom. VIII, 23 - 25. 3. Matt. X, 21; XXIV, 13 4. Ps. L, 17. 5. Id. 18.
sacrifices », dit-il, « je vous en aurais offert. Mais les holocaustes ne vous sont point agréables 1 ». Naurons-nous donc rien à offrir? Nous présenterons-nous ainsi devant Dieu? Comment alors lapaiser? Eh bien ! offre à Dieu, tu as en toi de quoi lui offrir. Ne va pas au loin chercher de lencens; mais dis: «En moi, Seigneur, sont les vux que je vous présenterai, les louanges que je vous offrirai 2». Ne cherche point un animal pour légorger, tu as en toi de quoi immoler à Dieu. « Le sacrifice que veut le Seigneur est une âme brisée, et Dieu ne dédaigne pas un coeur contrit et humilié 3». Le taureau, le bouc, le bélier, il les dédaigne; ce nest plus le moment de les offrir. On les offrait quand ils étaient des symboles, des promesses; mais la promesse a dû disparaître devant lobjet lui-même. « Dieu donc ne rejette pas un coeur contrit et humilié ». Dieu est élevé, tu le sais: si tu télèves, il séloignera de toi; si tu tabaisses, il sen approchera. 22. Voyez celui qui parle ici : il semblait que cette prière nétait que de David, et néanmoins voyez ici notre image, et la figure de lEglise. « Dans votre bonté, Seigneur, répandez vos faveurs en Sion 4 ». Soyez favorable à cette Sion. A quelle Sion ? A la cité sainte. Quelle est la cité sainte? Celle qui ne peut être cachée, qui est établie sur la montagne 5. En Sion est la contemplation, parce quelle contemple ce quelle espère. Sion signifie donc la contemplation, et Jérusalem vision de la paix. Vous vous reconnaissez donc en Sion et en Jérusalem, si vous attendez avec certitude lespérance à venir, et si vous êtes en paix avec Dieu. « Elevez les murs de Jérusalem. Seigneur, dans votre bonté, répandez vos faveurs en Sion; élevez les murs de Jérusalem ». Que Sion ne sattribue aucun mérite; mais vous, Seigneur, comblez-la de vos grâces : « Elevez les murs de Jérusalem », mettez les boulevards de notre immortalité, dans la foi, dans lespérance, dans la charité. 23. «Alors vous recevrez le sacrifice de justice 6. Maintenant pour nos fautes vous recevez le sacrifice dune âme brisée, dun coeur contrit et humilié, alors on ne vous offrira plus quun sacrifice de justice, uniquement des louanges. « Bienheureux ceux qui
1. Ps. L, 19. 2. Id. LV,12. 3. Id. L,19. 4. Id. 20. 5. Matt. V, 14. 6. Ps. L, 21.
habitent vos demeures, ils vous béniront éternellement 1 ». Voilà le sacrifice de justice. « Quant aux offrandes et aux holocaustes ». Quappelle-t-on holocaustes ? Loffrande entièrement consumée par le feu. Quand le corps de la victime était brûlé entièrement par le feu de lautel, ce sacrifice prenait le nom dholocauste. Que le feu divin nous consume entièrement, quune sainte ferveur nous absorbe. Quelle ferveur? « Nul ne peut se dérober à ses feux 2 ». Quelle ferveur encore ? LApôtre la dit: « Ayons la ferveur de lesprit 3 ». Non-seulement que notre âme, que notre corps aussi soit embrasé de ce feu de la divine sagesse, afin de mériter là haut limmortalité ; que notre holocauste sélève jusquà absorber la mort dans sa victoire 4. « On fera en votre honneur des offrandes et des holocaustes, et lon placera la chair des veaux sur vos autels ». Pourquoi des veaux? Quy choisira le Seigneur? Est-ce linnocence du jeune âge, ou laffranchissement du joug de la loi? 24. Nous voici, mes frères, par la grâce du Christ, à la fin du Psaume, non peut-être comme nous laurions voulu; mais, du moins, comme nous lavons pu. Il nous reste à vous adresser quelques mots sur les malheurs dans lesquels nous vivons. Car nous vivons en ce monde et il nous est impossible de nous séparer des désordres du monde. Il nous faut donc de la patience pour vivre au milieu des méchants, car les bons qui vivaient avec nous quand nous étions impies, nous ont supportés avec patience. Noublions pas ce que nous étions, ne désespérons pas de ceux qui sont aujourdhui ce que nous avons été. Toutefois, mes frères, dans une telle diversité de moeurs, et dans une si effroyable corruption, gouvernez vos maisons, gouvernez vos enfants, gouvernez vos familles. Autant nous sommes obligé de vous parler au nom de lEglise, autant le devoir vous oblige à veiller sur vos familles, afin que vous puissiez rendre un bon témoignage de ceux qui vous sont confiés. Dieu aime lordre. Cest une innocence bien fausse et bien perverse, que de lâcher les rênes aux péchés. Cest une indulgence bien inutile et même bien funeste que celle dun père pour un fils qui ressentira la sévérité de Dieu; et non-seulement le fils, mais avec
1. Ps. LXXXII, 5. 2. Id. XVII, 7. 3. Rom. XII, 11. 4. I Cor. XV, 51.
558 lui ce père dissolu. Quoi donc en effet? Sil ne péche point, nest-il pas cause des péchés de son fils, nest-ce pas à lui den arrêter les désordres ? Veut-il faire croire à ce fils quil commettrait les mêmes fautes, sil nétait trop vieux? Une faute que tu ne détestes pas dans ton fils est une faute qui te plaît; cest lâge qui te fait défaut et non la concupiscence. Surtout, mes frères, veillez sur ceux de vos enfants pour qui votre foi vous a fait demander le baptême. Mais peut-être un fils indigne méprisera les avertissements, les réprimandes, les châtiments de son père; eh bien ! accomplissez votre devoir, Dieu lui demandera compte du sien.
Ces cinquante premiers Psaumes ont été traduits par M. labbé MORISOT
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