HOMÉLIE VII
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HOMÉLIE VII.

CELUI-LA ÉTAIT LA VRAIE LUMIÈRE, QUI ILLUMINE TOUT HOMME VENANT EN CE MONDE. (VERSET 9.)

 

ANALYSE.

 

1. Il ne faut point chercher à comprendre ce qu'il y a d'incompréhensible en Dieu.

2. Vraie folie, vraie connaissance du Père et du Fils. — Folle et insensée doctrine des Sabelliens et des Marcelliens. — Contre les Anoméens. — Comment on obtient le pardon des péchés, et on les efface.

 

1. Si c'est par petites portions, mes très-chers enfants, que nous vous nourrissons du pain des saintes Ecritures, si nous ne vous le donnons pas tout à la fois, c'est afin que vous gardiez facilement chacun des morceaux que nous vous servons. Celui qui, construisant un édifice, met et entasse les pierres les unes sur les autres, avant que les premières qu'il a posées, soient jointes et liées ensemble, ne bâtit pas solidement; et les murs qu'il élève tomberont bientôt en ruines : celui au contraire qui attend que la chaux ait lié et consolidé les pierres, pour en joindre d'autres peu à peu, bâtit une maison stable, solide et qui dure longtemps. Nous imitons ces excellents architectes, et bâtissons de la même manière l'édifice du salut de vos âmes : autrement, nous craindrions que les dernières instructions n'effaçassent entièrement les premières de votre mémoire , puisque l'esprit ne peut tout à la fois tout comprendre et tout retenir. Que vient-on donc de vous lire aujourd'hui ? ces paroles : « Celui-là était la lumière qui illumine tout homme venant en ce monde »: l'évangéliste qui, parlant ci-dessus de Jean, disait qu'il était venu « pour rendre témoignage de la lumière », et qu'il était maintenant envoyé pour remplir ce ministère, élève tout à coup nos esprits, et nous fait monter jusqu'à cette existence , qui ne connaît point de commencement, et qui n'aura point de fin, de peur que ce qu'il avait dit de Jean, et que le subit et nouvel avènement d'un précurseur, qui venait pour rendre témoignage, ne donnât lieu à de mauvais soupçons touchant Celui

à qui il devait rendre témoignage.

Et comment, direz-vous, cette existence peut-elle n'avoir ni commencement ni fin 

 

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puisque c'est du Fils qu'il est ici parlé? mais c'est d'un Dieu que nous parlons, et vous di. tes: comment cela se peut-il? Et vous ne craignez pas , ou plutôt vous n'avez pas horreur de faire une pareille demande? mais si quelqu'un vous demande comment les âmes et les corps jouiront un jour d'une vie immortelle, vous vous mettez à rire, parce que, direz-vous, il n'est pas de l'esprit humain de raisonner en ces matières, mais seulement. de croire : ni d'examiner curieusement la parole, mais de tenir pour une démonstration suffisante la toute-puissance de celui qui parle : et si: nous vous disons que Celui qui a créé les âmes et les corps, et qui est sans comparaison au-dessus de toutes les créatures , n'a point de commencement, vous oserez nous demander comment cela se peut? Est-ce le fait d'une âme rassise, d'un esprit droit?

Vous avez entendu cette parole : « Celui-là était la vraie lumière ». Pourquoi tant de vains et d'inutiles efforts pour comprendre par la seule raison une vie qui n'a point de fin? Pourquoi chercher à connaître ce qui ne peut être connu? Pourquoi sonder ce qui est incompréhensible? Pourquoi soumettre à un examen ce qui échappe à tout examen ? Cherchez à remonter à l'origine des rayons du soleil, vous ne la trouverez point, et toutefois, vous ne serez ni fâché, ni chagrin de votre incapacité.  Pourquoi donc seriez-vous téméraires et inconsidérés dans de plus grandes choses ?

Jean, cet enfant du tonnerre, ce héraut spirituel, au moment où l'Esprit-Saint lui a fait entendre cette parole : « Il était », s'est tu et n’a point cherché à approfondir davantage : et vous,qui n'avez pas reçu de si grandes grâces, vous qui ne parlez que suivant les faibles lumières de votre raison , vous voulez en savoir plus que lui? Voilà pourquoi vous n'atteindrez jamais degré même de connaissance où il est parvenu.

C'est ainsi que`procède le diable : « il fait passer à ceux qui l'écoutent et lui obéissent les limites que Dieu nous, a prescrites, comme si nous pouvions aller beaucoup plus loin : mais après nous avoir fait pendre la grâce du Seigneur par les appâts de cette belle espérance, non-seulement il ne fait rien de plus pour nous, car comment le ferait-il, puisqu'il est le diable? mais il ne nous permet même pas de revenir à ce premier état, où nous étions en paix et en sûreté; il nous: fait au contraire errer de côté et d'autre, sans que nous puissions jamais nous fixer.

C'est. ainsi qu'il a chassé notre premier père du paradis. Il enfla son coeur de l'espérance d'une plus grande science et de plus grands honneurs, et lui fit perdre ainsi ceux dont il jouissait paisiblement : non-seulement Adam ne devint pas semblable à Dieu, comme il le,, lui faisait espérer, mais il le soumit au tyrannique empire de la mort : non-seulement Adam n'apprit rien pour avoir mangé du fruit de l'arbre défendu , mais encore il ne perdit pas peu de cette science qu'il avait, pour en avoir espéré une plus grande : car dans ce moment il commença à rougir de sa nudité, honte à laquelle il avait été supérieur jusqu'à sa faute. Donc la connaissance de sa nudité, le besoin où il fut désormais de se vêtir, ces malheurs et plusieurs autres furent une conséquence de sa curiosité.

Mais de peur qu'il ne nous en arrive autant, mes frères, soyons obéissants à Dieu , et gardons ses commandements : ne cherchons pas curieusement à approfondir davantage, pour ne pas perdre comme eux les grâces que nous avons reçues. Les hérétiques voulant chercher un commencement dans cette vie qui n'a point de commencement; ont perdu avec cette connaissance qu'ils n'auront jamais , celles qu'ils auraient pu acquérir. En effet, ils n'ont point trouvé ce qu'ils cherchaient, car ils ne le pouvaient pas, et ils ont perdu la vraie foi au Fils unique.

Pour nous ne sortons point des anciennes bornes que nos pères ont posées , et soyons soumis en tout aux lois que l'Esprit-Saint nous a tracées. Lorsque nous entendons : « Il était a la vraie lumière », ne cherchons rien de plus, nous ne pouvons en savoir davantage, ni atteindre plus haut. Si Dieu avait engendré son Fils comme les hommes engendrent, il y aurait nécessairement quelque espace de temps entre celui qui engendre et celui qui est engendré: mais puisqu'il l'a engendré d'une manière ineffable, propre et convenable à un Dieu, cessons de nous servir de ces expressions : « Avant » et « Après », car ce sont là des noms qui appartiennent au temps : mais le Fils est le créateur même de tous les siècles.

2. Il n'est donc pas son Père, direz-vous, mais son frère. Où est-elle, je vous prie, cette nécessité? Si nous disions que le Père et le Fils [137] sont sortis de différente racine, ou ne sont pas de même substance, vous pourriez avoir raison de parler de la sorte : mais si nous sommes bien éloignés de cette impiété, si nous disons que le Père est sans commencement, et n'a point été engendré, et que le Fils est véritablement sans commencement, mais qu'il est engendré du Père, en quoi cette idée conduit-elle nécessairement au langage impie que vous tenez? Car le Fils est la splendeur! or, la splendeur est comprise et renfermée dans la même nature dont elle est la splendeur. C'est pour cette raison que saint Paul, afin que vous n'alliez pas vous figurer qu'il y a un milieu entre le Père et le Fils, l'a ainsi appelé. C'est là, en effet, ce qu'exprime le nom de splendeur.

L'apôtre, après cet exemple, redresse les pensées absurdes qui pouvaient naître de là dans l'esprit des insensés. Que ce nom de splendeur, dit-il, que vous venez d'entendre , ne vous- donne pas lieu de croire que le Fils n'ait pas sa propre hypostase, c'est là un sentiment impie, une folie qu'il faut laisser aux sabelliens et aux marcelliens : mais nous , nous sommes bien éloignés de cette doctrine nous enseignons que le Fils existe dans sa propre hypostase : voilà pourquoi saint Paul, au nom de splendeur, joint celui de « caractère de sa substance » (Héb. I, 3) ; par où il marque qu'il a sa propre hypostase, et montre que sa substance est la même que celle dont il est le caractère. Un nom seul, comme je l'ai déjà dit, n'est pas suffisant pour apprendre aux hommes ce qu'ils doivent croire au sujet de Dieu. Il faut se tenir pour content si, après en avoir joint plusieurs ensemble , on sait tirer ensuite de chacun ce qui convient véritablement à la Divinité. C'est de tette manière que nous pourrons dignement glorifier Dieu ; je dis dignement, c'est-à-dire, autant qu'il est en nous et que nous en sommes capables.

Que s'il est quelqu'un qui ose croire qu'il peut dignement parler de Dieu , et assurer qu'il le connaît comme on se connaît soi-même , personne assurément ne le connaît moins.

Instruits de ces vérités, soyons soigneux de bien retenir ce que nous ont appris du Verbe ceux qui, dès le commencement, l'ont vu de leurs propres yeux, et en ont été les ministres; et n'ayons pas la curiosité de chercher à en savoir davantage. Cette maladie cause deux grands maux dans celui qui en est infecte l'un, qu'il se tourmente vainement à chercher ce qu'il ne peut trouver; l'autre, qu'il irrite la colère de Dieu, en s'efforçant de renverser les  bornes qu'il a mises lui-même. Mais jusqu'à quel point cela excite sa colère, c'est ce qu'il n'est pas nécessaire de vous dire, puisque vous le savez tous.

C'est pourquoi, rejetons et fuyons la témérité et l'arrogance des hérétiques. Ecoutons la parole de Dieu avec crainte et avec tremblement, afin qu'il nous protège incessamment; car il dit : « Sur qui jetterai-je les yeux, sinon sur celui qui est doux et humble et paisible, et qui écoute mes paroles avec tremblement? » (Ps. LXVI , 2.) Rejetant donc cette vaine curiosité, brisons nos coeurs, pleurons nos péchés, ainsi que Jésus-Christ nous le commande : soyons touchés de componction au souvenir de nos crimes , et repassons exactement dans notre esprit toutes les fautes que nous avons commises jusqu'à présent : appliquons tous nos soins et toutes nos forces à nous en laver entièrement. Car Dieu nous a donné pour cela bien des voies et des moyens. « Déclarez le premier », nous dit-il, « vos iniquités, afin que vous soyez justifié ». (Is. XLIII, 26, Sept.) Et encore : « J'ai dit : Je confesserai au Seigneur contre moi-même mon injustice, et vous m'avez » aussitôt « remis l'impiété de mon coeur ». (Ps. XXXI, 6, Sept.) Repasser souvent ses péchés dans sa mémoire, et s'en accuser, c'est ce qui ne sert pas peu à en diminuer le poids et l'énormité.

Mais voici un second moyen de laver ses péchés encore plus efficace : Ne vous mettez point en colère contre celui qui vous a offensé; pardonnez à tous ceux qui ont commis des fautes contre vous. En voulez-vous apprendre un troisième ? Daniel va vous le donner, écoutez-le : « C'est pourquoi rachetez vos péchés par les aumônes, et vos iniquités par les oeuvres de miséricorde envers les pauvres». (Dan. IV, 24.) Il y en a encore un autre : c'est l'oraison fréquente, et la persévérance dans les prières qu'on fait à Dieu. Le jeûne également, s'il est joint à la douceur et à la charité envers le prochain, n'est pas d'une légère consolation, il contribue à la rémission des péchés, il éteint le feu de la colère de Dieu : « Car l’eau éteint le feu, lorsqu'il est le plus ardent, et l'aumône lave les péchés ». (Eccl. III, 33.) Marchons donc dans toutes ces voies : si [138] nous ne cessons pas d'y marcher, si nous employons tout notre temps et tous nos soins à ces pratiques, non-seulement nous laverons nos péchés passés, mais nous amasserons aussi de grands trésors pour l'autre monde. Car nous ne donnerons point de prise au diable, nous ne nous laisserons aller ni à la paresse, ni à une pernicieuse curiosité. Car le démon met à profit ces occasions, entre autres, pour susciter les folles recherches et les controverses dangereuses, une fois qu'il nous a surpris dans l'oisiveté et dans la mollesse, et qu'il nous voit négliger la vertu. Mais nous, soyons attentifs à lui fermer cette entrée, veillons et soyons sobres, afin qu'après nous être donné quelques petites peines dans cette vie qui est si courte, nous jouissions des biens immortels pendant toute l'éternité , par la grâce et pat la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui et avec qui soit la gloire au Père et au Saint-Esprit , dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

 

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