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SERMON CLIX. AMOUR DE LA JUSTICE (1).

 

ANALYSE. — C'est dans les martyrs qu'on trouve l'amour véritable de la justice. En effet cet amour demande :  1° Qu'on le préfère à toutes les jouissances permises qu'offre la nature; il faut que la justice ait pour nous plus de charmes que tout le reste. Ce n'est pas assez, il faut 2° que nous fassions pour la justice ce qu'on ne fait pas ordinairement pour satisfaire ses passions, c'est-à-dire que pour elle nous bravions tous les supplices et la mort même. Or, c'est ce qu'ont fait magnifiquement les martyrs. Mais c'est à Dieu qu'il faut nous adresser, soit pour le remercier de l'amour que nous avons déjà pour la justice, soit pour lui demander ce qui nous manque encore.

 

1. Il a été hier longuement question de la justification que nous accorde le Seigneur notre Dieu ; c'était nous qui parlions, Dieu qui nous en faisait la grâce, et vous qui écoutiez. Il est vrai, le fardeau de chair corruptible dont nous sommes chargés en cette vie, fait

 

1. Rom. VIII, 30, 31.

 

 

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que nous n'y sommes point exempts de péché, et si nous disons que nous n'en avons point, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n'est point en nous (1); je le crois pourtant, votre charité a compris avec évidence que nous sommes justifiés autant que le comporte notre pèlerinage, puisque nous vivons de la foi, en attendant que nous soyons en face de l'heureuse réalité. Ainsi on commence par la foi, pour arriver à la claire vue; on franchit la route, afin de parvenir à la patrie. L'âme répète durant ce voyage : « Tous mes désirs sont devant vous, et mes gémissements ne vous sont point inconnus (2) ». Mais dans la Patrie on n'aura plus lieu de prier, il n'y aura place que pour la louange. Pourquoi pas pour la prière? Parce qu'on n'y manque de rien. On y voit ce qu'on croit ici; ce qu'ici on espère, on le possède là ; et l'on y reçoit ce qu'on demande ici.

Maintenant, toutefois il y a une perfection relative à laquelle sont parvenus les martyrs. Aussi, comme le savent les fidèles, la discipline ecclésiastique ne veut pas qu'on prie pour les martyrs lorsqu'on prononce leur nom à l'autel. On prie pour les autres défunts dont on fait mémoire; ce serait une injure de prier pour un martyr, puisque nous devons au contraire nous recommander à ses prières, attendu qu'il a combattu jusqu'au sang contre le péché. A des chrétiens encore imparfaits et néanmoins justifiés en partie, l'Apôtre dit dans son épître aux Hébreux : « Vous n'avez pas combattu encore jusqu'au sang en résistant au péché (3) ». Fils n'ont pas combattu encore jusqu'au sang, il est des hommes qui sont allés sûrement jusque-là. Les saints martyrs, sans aucun doute, et c'est à eux que s'appliquent ces mots de l'apôtre saint Jacques, dont on vient de faire lecture: « Considérez, mes frères, comme la source de toute joie, les diverses épreuves qui tombent sur vous (4) ». Ce langage s'adresse aux parfaits, lesquels peuvent dire aussi : « Eprouvez-moi, Seigneur, et tentez-moi (5). — Sachant, continue l'Apôtre, que l'affliction a produit la patience. Or, la patience rend les œuvres parfaites (6) ».

2. Nous devons en effet aimer la justice, et il y a, dans cet amour de la justice, des degrés qui marquent le progrès que l'on y fait. Le premier degré est de ne préférer rien

 

1. I Jean, I, 8. — 2. Ps. XXXVII, 10. — 3. Héb. XII, 4. — 4. Jacq. I, 2. — 5. Ps. XXV, 2. — 6. Jacq. I, 3, 4.

 

de ce qui charme à l'amour de la justice. C'est bien là le premier degré. Mais que veux-je dire ? Que de tout ce qui charme, rien ne te charme comme la justice. Je ne te demande pas que rien autre ne te plaise, je demande que la justice te plaise davantage. Il faut l'avouer, il est bien des choses qui ont pour notre faiblesse un attrait naturel: ainsi le boire et le manger ont de l'attrait, quand on a soif et quand on a faim; ainsi la lumière encore, soit celle qui rayonne du haut du ciel quand le soleil est sur l'horizon, soit celle que projettent les étoiles et la lune, soit celle que répandent les flambeaux allumés sur la terre pour consoler nos yeux au milieu des ténèbres; ainsi encore une voix harmonieuse, des airs suaves et des parfums délicieux ; le toucher même est flatté en nous par tout plaisir sensuel. Or, parmi tous ces plaisirs qui affectent nos sens, il en est de permis; tels sont, comme je viens de le dire, les grands spectacles de la nature qui charment les regards; mais l'œil aime aussi les spectacles des théâtres, et si ceux-là sont permis, ceux-ci ne le sont pas. L'oreille se plait au chant harmonieux d'un psaume sacré; elle aime aussi le chant des histrions. L'un est permis, l'autre ne l'est pas. Les fleurs et les parfums, qui sont aussi l'oeuvre de Dieu, flattent l'odorat; il aspire également avec joie l'encens brûlé sur l'autel des démons. Ici encore tout n'est pas permis. Le goût aime des aliments qui ne sont pas interdits ; il aime aussi ce qu'on sert aux banquets sacrilèges des sacrifices idolâtriques. Il le peut dans le premier cas, il ne le peut dans le second. Il y a aussi des embrassements permis et des embrassements impurs. Vous le voyez donc, mes bien chers, parmi ces jouissances sensibles, il en est de permises et il en est d'interdites. Or, il faut que la justice nous plaise plus que les jouissances mêmes permises; oui, tu dois préférer la justice à ce qui te charme d'ailleurs même innocemment.

3. Afin de mieux comprendre encore, représentons-nous une espèce de duel intérieur. Aimes-tu la justice? Je l'aime, réponds-tu. Ta réponse ne serait pas sincère, si la justice n'avait pour toi quelque attrait ; on n'aime en effet que ce qui en a. « Mets tes délices dans le Seigneur (1) », dit l'Ecriture. Mais le Seigneur est la justice même. Nous ne devons

 

1. Ps. XXXVI, 4.

 

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pas en effet nous le figurer tel qu'une idole. Dieu est de la nature de ce qui est invisible; or ce qui est invisible est ce que nous avons de meilleur. Ainsi la fidélité est préférable au corps, préférable à l'or, préférable à l'argent, préférable aux trésors, préférable à des domaines, à une grande maison, aux richesses tous ces biens sont visibles, tandis que la fidélité ne l'est pas. A quoi donc comparer Dieu ? A ce qui est visible ou à ce qui est invisible? A ce qui est plus vil ou à ce qui est plus précieux? Parlons de ce qui est plus vil.

Tu as deux esclaves; l'un est laid de corps et l'autre d'une beauté ravissante ; mais le premier est fidèle et non pas l'autre. Lequel des deux préfères-tu, dis-moi? Je vois bien que tu aimes ce qui ne se voit pas. Or, préférer le serviteur fidèle, avec sa laideur corporelle, à l'esclave infidèle, quoique beau, n'est-ce pas se tromper et préférer la laideur à la beauté ? Non, à coup sûr, c'est au contraire aimer la beauté plus que la laideur; c'est faire moins de cas du témoignage des yeux du corps, que du témoignage des yeux du coeur. Que t'ont répondu les yeux du corps, quand tu les as interrogés? Que des deux esclaves l'un était beau et l'autre laid. Tu n'as pas voulu de cette déposition , tu l'as mise de côté. Fixant ensuite les yeux du coeur sur les deux esclaves, tu as vu que si l'un était laid de corps, il était fidèle, et que l'autre était infidèle avec sa beauté corporelle. Tu t'es prononcé alors: Est-il rien, as-tu dit, de plus beau que la fidélité, rien de plus laid que l'infidélité ?

4. A tous les plaisirs, à toutes les jouissances mêmes permises il faut donc préférer la justice ; et s'il est vrai que tu aies des sens intérieurs, tous ces sens sont portés pour elle. As-tu des yeux intérieurs? Contemple sa lumière : « En vous est la source de vie, et à votre lumière nous verrons la lumière (1) ». De cette lumière encore il est dit dans un psaume: « Illuminez mes yeux, de peur que «je ne m'endorme un jour dans la mort (2) ». As-tu aussi des oreilles intérieures? Ouvre-les à la justice. C'est ce que demandait celui qui criait: « Entende, qui a des oreilles pour entendre (3) ». As-tu dans l'âme encore une espèce d'odorat? Nous sommes partout, dit l'Apôtre, la bonne odeur du Christ (4) ». Il est

 

1. Ps. XXXV, 10. — 2. Ps. XII, 4. — 3. Luc, VIII, 8. — 4. II Cor. II, 15.

 

dit encore, en s'adressant au goût: « Goûtez et reconnaissez combien le Seigneur est doux (1) ». Quant au toucher spirituel, voici ce que l'Epouse publie de son Epoux : « De sa gauche il me soutient la tête et de sa droite il m'embrasse (2) ».

5. Revenons à l'espèce de duel que j'ai annoncé. Qui veut me répondre? J'interrogerai et je mettrai à même de constater si on préfère réellement la justice à tout ce qui flatte les sens corporels. Tu aimes l'or, il charme tes regards ; de fait, l'or est un métal beau, brillant, agréable à voir. Il est beau, je ne le nie pas, et le nier serait outrager le Créateur. Mais voici une tentation. Je t'enlève ton or, dit-on, si tu ne fais pour moi ce faux témoignage, et si tu le fais, je t'en donne. Tu ressens alors un double attrait. Auquel, dis-moi, donneras-tu la préférence? A ton attrait pour l'or, ou à ton attrait pour la vérité? A ton attrait pour l'or, ou à ton attrait pour déposer conformément à la vérité? L'or seul brille-t-il et la vérité ne brille-t-elle pas à sa manière ? Il faut, pour faire un vrai témoignage, être fidèle à la vérité. Si l'or brille, la fidélité n'a-t-elle pas aussi de l'éclat?... Rougis, ouvre les yeux: n'offriras-tu pas à ton Maître ce qui te charmait dans ton esclave? Quand, il y a un instant, je te demandais si tu préférais un bel esclave, mais infidèle, à un esclave laid, mais fidèle, tu m'as répondu conformément à la justice, tu as préféré ce qui était réellement préférable. Rentre en toi, car c'est de toi que maintenant il s'agit. Oui, tu aimes l'esclave fidèle; Dieu est-il indigne d'avoir en toi un fidèle serviteur? Quelle récompense si grande promettais-tu à ce fidèle esclave? Comme preuve de ton vif attachement et comme récompense suprême, la liberté. Oui, qu'assurais-tu de grand à ce fidèle esclave? La liberté temporelle. Et pourtant combien ne voyons-nous pas d'esclaves qui ne manquent de rien, et d'affranchis qui mendient ? Avant néanmoins de promettre cette liberté, tu exigeais que ton esclave te fût fidèle ; et tu n'es point fidèle à Dieu , quand il te promet l'éternité ?

6. Il serait trop long de faire également l'application à chacun des sens corporels; entendez de tous les autres ce que j'ai dit de la vue et préférez toujours les joies de l'esprit aux joies de la chair. Votre corps est-il attiré à des plaisirs

 

1. Ps. XXXIII, 9. — 2. Cant. II, 6.

 

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coupables; que votre âme s'attache aux charmes invisibles de la justice, toujours si belle, si chaste, si sainte, si harmonieuse et si douce, et ne l'observer point par contrainte. Vous ne l'aimez pas encore, quand c'est la peur qui vous y porte. Ce qui doit te détourner du péché n'est pas la crainte du châtiment, mais l'amour de la justice.

De là ces paroles de l'Apôtre: « Je parle humainement à cause de la faiblesse de votre chair. Comme vous avez fait servir vos membres à l'impureté et à l'iniquité pour l'iniquité ; ainsi maintenant faites-les servir à la justice pour votre sanctification (1)». Que signifie: « Je parle humainement?» Je dis ce qui est à votre portée. Or, lorsque vous avez fait servir vos membres à l'iniquité pour vous livrer à la débauche, est-ce la crainte qui vous poussait, ou bien est ce le plaisir qui vous attirait? Lequel des deux ? Répondez-nous; car si vous êtes sages aujourd'hui, peut-être ne l'avez-vous pas toujours été. Quand donc vous péchiez, quand vous vous plaisiez à pécher, était-ce la crainte qui vous y déterminait, ou la délectation que vous trouviez dans le péché? Vous me répondrez que c'était la délectation. Eh quoi c'est le plaisir qui attire au péché, et il faudra la crainte pour porter à la justice? Sondez-vous, examinez-vous. Ah ! que le tentateur qui m'en menace, enlève mon or; il y a dans la justice plus d'agrément et plus d'éclat. Que celui qui me promet de l'or, ne m'en donne pas; à l'or je préfère la justice, je trouve en elle plus de délices, plus d'éclat, plus de beauté, plus de charme, plus de douceur. Mais si on examine ainsi son coeur et qu'on triomphe dans cette espèce de duel, c'est qu'on a prêté l'oreille à ces mots de l'Apôtre : «Je parle humainement à cause de la faiblesse de votre chair » . C'est sans doute ici de l'indulgence pour la faiblesse, et j'ignore si jamais il s'est mis davantage à la portée des moins avancés.

7. C'est comme s'il se fût exprimé de la manière suivante: Je me place à votre niveau; vous avez livré vos sens à des plaisirs coupables, et c'est l'attrait du péché qui vous a conduits à les commettre; ainsi laissez-vous amener à faire le bien par les charmes et la douceur de la justice, aimez la justice comme vous avez aimé l'iniquité. Elle mérite d'obtenir que vous fassiez pour elle ce que vous avez fait

 

1. Rom. VI, 19.

 

pour l'iniquité. Voilà ce que signifie: « Je parle humainement » ; en d'autres termes, je dis ce qui est à la portée de votre faiblesse même.

L'Apôtre tenait donc quelque chose en réserve; mais quoi? Qu'est-ce donc qu'il différait de dire? Je l'exprimerai, si je le puis. Mets sur une balance la justice et l'iniquité : la justice ne vaut-elle pas autant que l'iniquité valait pour toi ? Ne faut-il pas aimer l'une autant que tu as aimé l'autre ? Quelle comparaison ! Plût à Dieu néanmoins qu'il en fut ainsi ! Tu dois donc à la justice davantage? Sans aucun doute. Tu cherchais le plaisir en faisant le mal; affronte la douleur pour faire le bien. Je le répète: Si tu as cherché le plaisir dans l'injustice, supporte la douleur en faveur de la justice: ce sera faire plus pour elle.

Voici, à l'âge dangereux un jeune libertin poussé par la passion, il a jeté les yeux sur une femme étrangère, il l'aime et veut en jouir, mais il veut que ce soit secrètement : ce jeune homme aime le plaisir, il craint davantage la douleur. Pourquoi en effet ce désir de n'être pas connu ? C'est qu'il a peur d'être saisi, enchaîné, conduit, enfermé, produit au grand jour, torturé et mis à mort, et c'est la crainte de tout cela qui le porte à se cacher tout en cherchant à satisfaire sa passion. Voilà pourquoi il épie l'absence du mari, craint même de rencontrer son complice et d'avoir un témoin de son crime. Il est évident qu'il obéit à l'attrait du plaisir; cet attrait néanmoins n'est pas assez puissant pour lui faire triompher de la crainte, de la torture et de la peur des supplices.

Voyons maintenant la justice et la beauté, la fidélité avec ses charmes; qu'elles se produisent ouvertement, qu'elles se montrent aux yeux du coeur et qu'elles embrasent de zèle leurs amis. Tu veux jouir de moi ? dira chacune d'elles: dédaigne tout autre chose, méprise pour moi tout autre plaisir. Tu obéis : ce n'est pas assez; voilà ce qu'elle conseillait humainement, à cause de la faiblesse de votre chair. Oui, c'est peu de mépriser pour elle tout autre plaisir; pour elle encore dédaigne tout ce qui te faisait peur ; ris-toi des prisons, ris-toi des fers, ris-toi des chevalets, ris-toi des tortures, ris-toi de la mort. En triomphant de tout cela, tu obtiens ma main, dit la justice. Et vous, mes frères, montez ce double degré pour prouver aussi combien vous l'aimez.

8. Peut-être rencontrons-nous quelques (48) fidèles qui préfèrent les attraits de la justice aux voluptés et aux joies des sens; mais parmi vous y a-t-il un homme qui méprise pour elle les châtiments, les douleurs et la mort? Contentons-nous au moins d'élever nos pensées à la hauteur de dispositions que nous n'osons nous flatter d'avoir. Où trouver ces dispositions ? Où les rencontrer ? Il y a sous nos yeux des milliers de martyrs en qui reluit ce véritable et sincère amour de la justice. C'est en eux que se vérifie cette recommandation

Considérez, mes frères, comme la source de toute joie, les afflictions diverses où vous pouvez tomber, sachant que l'épreuve de votre foi engendre la patience ; or la patience rend les oeuvres parfaites (1) ». Eh ! que manque-t-il à la patience pour rendre les oeuvres parfaites ? Elle est embrasée d'amour et de zèle, elle foule aux pieds tout ce qui flatte et elle se précipite en avant. La voici en face de difficultés, d'horreurs, d'atrocités, de menaces; elle foule encore tout cela, elle s'en rit et s'élance. Oh ! n'est-ce pas là aimer, marcher, mourir à soi et parvenir jusqu'à Dieu ? Qui aime son âme, la perdra; et qui pour moi l'aura perdue, la gagnera pour l'éternelle vie ». Voilà, voilà comment doit se préparer un ami de la justice, un ami de l'invisible beauté. « Dites en plein jour ce que je vous dis dans les ténèbres, et prêchez sur les toits ce que je vous confie à l'oreille (1)». Que signifie : « Publiez en plein jour ce que je vous dis dans les ténèbres ? » Annoncez avec confiance ce que je vous dis et ce que vous entendez au fond du coeur. « Et prêchez sur les toits ce

 

1. Jacq. I, 2-4. — 2. Matt. X, 39, 27.

 

que je vous confie à l'oreille». Que signifie encore : « Ce que je vous confie à l'oreille ? » Ce que je vous dis secrètement, parce que vous craignez encore de le confesser et de le publier. Que signifie enfin : « Prêchez sur les toits? » Vos demeures sont vos corps ; vos demeures sont vos organes charnels. Ah ! monte sur le toit, foule aux pieds la chair et prêche ma parole.

9. Avant tout cependant, mes frères, déplorez ce que vous étiez, et vous pourrez devenir ce que vous n'êtes pas encore. Ce que je dis est important : comment y arriver? Ce que je dis est la perfection la plus élevée, la perfection suprême: comment y atteindre ? Toute grâce , excellente et tout don parfait vient d'en haut et descend du Père des lumières, en qui il n'y a ni changement, ni ombre de vicissitudes (1) ». De lui vient ce qu'il y a de bon en nous, et de lui ce que nous n'avons pas encore. Vous manquez ? « Demandez, et vous recevrez. Si vous, dit le Sauveur, tout mauvais que vous soyez, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père, céleste accordera-t-il ce qui est bon à ceux qui l'implorent (2)? »

A chacun donc de s'examiner, et s’il trouve en lui quelque don qui ait rapport à la justification, qu'il en rende grâces à Celui qui en est l'auteur; et tout en lui rendant grâces de ce qu'il a reçu, qu'il lui demande ce qu'il n'a pas reçu encore ; car si tu gagnes à recevoir, lui ne perd rien à donner; et quelle que soit ton avidité, quelque dévorante que soit ta soif, tu pourras toujours te plonger dans cette source.

 

1. Jacq. I, 17. — 2. Matt. V, 7, 11.

 

 

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