SERMON CLXXIV
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rte de l'église 38 - CH-1897 Le Bouveret (VS)

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SERMON CLXXIV. LA GRÂCE ET LE BAPTÊME DES ENFANTS

 

Prononcé dans la basilique de Célérine un jour de dimanche.

 

ANALYSE. — C'est pour nous sauver par sa grâce que le Fils de Dieu s'est fait homme. Or, 1° sans cette grâce, nous, ne pouvons faire aucun bien méritoire. L'humanité du Sauveur a-t-elle mérité à être unie dans sa personne à la divinité? Zachée, comme Nathanaël, n'a-t-il pas été regardé par Jésus-Christ avant de pouvoir le contempler? 2° Cette grâce prévenante n'est pas moins indispensable aux enfants; autrement Jésus ne serait pas pour eux Jésus. lis sont d'ailleurs souillés par le péché originel qu'efface en eux le baptême, pourvu qu'on le leur donne avec foi.

 

1. Nous venons d'entendre le bienheureux Apôtre Paul nous dire: « Une vérité humaine et digne de toute confiance, c'est que Jésus-Christ est. venu au monde sauver les pécheurs, dont je suis le premier ». — « Une vérité humaine et digne de toute confiance ». Pourquoi humaine et non pas divine? Cette vérité, sans aucun doute, ne mériterait pas toute confiance, si elle n'était divine en même temps qu'humaine. Elle est donc à la fois divine et humaine, comme le Christ est en même temps Dieu et homme. Si néanmoins nous avons raison de dire que cette vérité est humaine et divine tout à la fois; pourquoi l'Apôtre a-t-il mieux aimé l'appeler humaine que de l'appeler divine? Non, il ne mentirait pas en l'appelant divine; il a donc eu quelque motif de l’appeler plutôt humaine.

Eh bien ! il a choisi de préférence le rapport de cette vérité avec le Christ descendant parmi nous. C'est en qualité d'homme qu'il est venu dans ce monde; car en tant que Dieu n'y. est-il pas toujours? Où Dieu n'est-il pas, puisqu'il

 

1. I Tim. I, 15.

 

remplit, dit-il, et « le ciel et la terre (1) ? » Le Christ est indubitablement la Vertu et la Sagesse de Dieu. Or il est dit d'elle « qu'elle atteint avec force d'une extrémité à l'autre et qu'elle dispose tout avec douceur (2)». Aussi « était-il dans le monde, et le monde a été fait par lui, et le monde ne l'a point connu (3) ». Il était ici, et il y est venu ; il y était avec la majesté divine, et il y est venu avec la faiblesse humaine. Or, c'est parce qu'il y est venu avec la faiblesse humaine, qu'en parlant de son avènement l'Apôtre a dit : « C'est une vérité humaine ». Non, le genre humain ne serait pas délivré, si la Vérité divine n'avait daigné se faire humaine. N'appelle-t-on pas humain, d'ailleurs, un homme qui sait se montrer homme, surtout en donnant l'hospitalité ? Ah ! si on appelle humain celui qui reçoit un homme dans son logis, combien ne l'est pas Celui qui a reçu l'homme en lui-même?

2. Ainsi « une vérité humaine et digne de toute confiance, c'est que Jésus-Christ est venu au monde pour sauver les pécheurs ».

 

1. Jérém. XXIII, 24. — 2. Sag. VIII, 1. — 3. Jean, I, 10.

 

 

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Consulte l'Evangile; il y est écrit: « Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ». Si donc l'homme ne s'était perdu, le Fils de l'homme ne serait pas venu. Mais l'homme s'étant perdu, le Fils de l'homme est venu et l'a retrouvé. L'homme s'était perdu par sa liberté, Dieu fait homme est venu le délivrer par sa grâce. Veux-tu savoir ce que peut la liberté pour le mal? Rappelle-toi les péchés des hommes. Veux-tu savoir aussi quel secours nous apporte l'Homme-Dieu ? Considère en lui la grâce libératrice. Afin de connaître ce que peut la volonté humaine livrée à l'orgueil pour éviter le mal sans le secours divin, il n'est pas de moyen plus efficace que de la voir dans le premier homme, Or, ce premier homme s'est perdu, et que serait-il devenu sans l'avènement d'un autre homme? C'est à cause du premier que le second est venu: aussi c'est « la Vérité humaine » ; et nulle part ne se révèlent les douceurs de la grâce et la générosité de la toute-puissance divine avec autant d'éclat que dans la personne du Médiateur établi entre Dieu et les hommes, que dans Jésus-Christ fait homme (1).

Où voulons-nous en venir, mes frères? Je parle à des âmes élevées dans la foi catholique ou reconquises à la paix catholique. Nous savons donc et nous sommes sûrs que le Médiateur établi entre Dieu et les hommes, que Jésus-Christ fait homme est, comme homme, de même nature que nous. Sa chair en effet n'est pas d'une autre nature que notre chair, ni son âme d'une autre nature que notre âme. Il s'est uni à la nature même qu'il a cru devoir sauver ; il a pris cette nature tout entière, mais non le péché, en sorte que cette nature est en lui toute pure. Elle n'y est pas seule toutefois. En lui est encore la divinité, le Verbe de Dieu; et comme on distingue en toi l'âme et le corps, ainsi l'on voit dans le Christ la divinité et l'humanité. Or, qui oserait dire que la nature humaine de ce divin Médiateur a commencé de mériter, par son libre arbitre, d'être unie à la divinité et de former ainsi, par l'alliance hypostatique de l'humanité et de la divinité, l'unique personne de Jésus-Christ? Nous pourrions soutenir que par nos vertus, que par notre conduite et nos moeurs nous avons mérité, nous, de devenir enfants de Dieu; nous pouvons nous écrier: Une loi nous

 

1.  I Tim. II, 5.

 

a été donnée, et nous serons admis au nombre des enfants de Dieu, si nous l'observons. Mais en Jésus-Christ le Fils de l'homme a-t-il vécu séparément d'abord, pour mériter par sa sagesse de devenir ensuite le Fils de Dieu? N'est-il pas vrai au contraire que son existence ne date que du moment même de l'incarnation? Car il est écrit: «Le Verbe s'est fait chair, pour habiter parmi nous ». Oui, quand le Verbe de Dieu, quand le Fils unique de Dieu a pris une âme et un corps humains; ni cette âme ni ce corps ne l'avaient mérité, ni n'avaient travaillé par leur énergie naturelle, à s'élever à un tel degré de gloire; le Fils de Dieu agissait d'une manière tout à  fait gratuite. Aucune partie de l'humanité du Sauveur n'a précédé l'incarnation; elle s'est formée par l'incarnation même. Une Vierge a conçu le Fils de l'homme médiateur : existait-il avant d'être conçu? Il n'a donc pas été d'abord un homme juste; et comment eût-il été juste, puisqu'il n'existait pas? Une Vierge l'a conçu, et le Christ a été formé par l'union du Verbe avec la nature humaine. Aussi est-il dit avec raison: « Nous avons vu sa gloire, comme la gloire que le Fils unique reçoit de son Père; il est plein de grâce et de vérité (1) ».

Tu aimes l'indépendance et tu voudrais dire à ton Père: « Donnez-moi l'héritage qui me revient (2) ? » Pourquoi t'abandonner ainsi à toi-même ? Ah ! Celui qui avant ta naissance a pu te donner l'être, est bien plus capable de te préserver. Reconnais donc le Christ; il est plein de grâce et il veut répandre en toi ce qui déborde en lui. Il te dit: Recherche mes dons, oublie tes mérites; jamais, si je faisais attention à tes mérites, tu n'obtiendrais mes faveurs. Ne t'élève pas; sois petit, petit comme Zachée.

3. Tu vas me dire : Si je suis petit comme Zachée, la foule m'empêchera devoir Jésus. Ne t'afflige point : monte sur l'arbre où Jésus a été attaché pour toi, et tu verras Jésus. Sur quelle espèce d'arbre monta Zachée? C'était un sycomore. Nos pays ne produisent pas ou reproduisent que rarement des sycomores ; mais cet arbre et son fruit sont communs dans ces contrées de l'Orient. Le fruit du sycomore ressemble à la figue, sans pourtant se confondre avec elle, comme le savent ceux qui en ont vu ou goûté; et à en croire l'étymologie

 

1. Jean, I, 14. — 2. Luc, XV, 12.

 

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du mot, le fruit du sycomore est une figue folle.

Arrête maintenant les yeux sur mon modèle Zachée ; considère, je t'en prie, avec quelle ardeur il voudrait voir Jésus du milieu de la foule, et ne le peut. C'est qu'il était petit,et cette foule orgueilleuse; aussi cette foule, ce qui du reste arrive d'ordinaire, s'embarrassait elle-même et ne pouvait bien voir le Sauveur. Zachée. donc sort de ses rangs, et ne rencontrant plus cet obstacle, il contemple Jésus. N'est-ce pas la foule qui dit, avec ironie, aux humbles, à, ceux qui marchent dans la voie de l'humilité, qui abandonnent à Dieu le soin des outrages qu'ils reçoivent et qui ne veulent pas se venger de leurs ennemis : Pauvre homme désarmé, tu ne saurais même te défendre? Ainsi empêche-t-elle de voir Jésus; si heureuse et si fière d'avoir pu se venger, cette foule ne permet pas de voir Celui qui disait sur la croix : « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font (1) ». Aussi Zachée, le type des humbles, ne resta point, pour le voir, au milieu de cette multitude gênante; il monta sur le sycomore, l'arbre qui produit, avons-nous dit, comme des fruits de folie. Mais l'Apôtre n'a-t-il pas dit: « Pour nous, nous prêchons le Christ crucifié : pour les Juifs c'est un scandale, et pour les Gentils une folie (2) ? » voilà comme le sycomore. De là vient que les sages de ce monde prennent acte de la croix du Christ pour nous insulter. Quel coeur avez-vous, nous disent-ils, pour adorer un Dieu crucifié ? — Quel coeur avons-nous ? Nous n'avons pas votre -coeur, assurément; car la sagesse de ce monde est folie aux yeux de Dieu (3). Nous n'avons pas votre coeur. C'est le nôtre, dites-vous encore; qui est insensé. Dites ce qu'il vous plaira; nous allons monter sur le sycomore pour voir Jésus; car si vous autres ne pouvez le voir, c'est que vous rougiriez de monter sur cet arbre. O Zachée, saisis le sycomore; homme humble, monte sur la croix. Ce n'est pas assez d'y monter : pour ne pas rougir de la croix, imprime-la sur ton front, le siège de la pudeur; oui, c'est sur cette partie du corps qui rougit, qu'il te faut graver le signe dont nul ne doit rougir. Tu te ris de mon sycomore, ô gentil ; mais grâce à lui je vois Jésus. Tu t'en ris pourtant, mais parce que tues homme ; or la folie de Dieu

 

1. Luc, XXIII, 34. — 2. I Cor. I, 23. — 3. Ib. III, 39.

 

est préférable à toute la sagesse des hommes.

4. Le Seigneur aussi vit Zachée. Ainsi il vit et on le vit; mais il n'aurait pas vu, si on ne l'avait vu d'abord. Dieu n'a-t-il pas appelé ceux qu'il a prédestinés (1)? Et quand Nathanaël rendait déjà une espèce de témoignage à l'Evangile et disait: « De Nazareth que peut-il sortir de bon? » le Seigneur ne lui répondit-il pas : « Avant que Philippe t'appelât, lorsque tu étais encore sous le figuier, je t’ai vu (2) ? » Vous savez avec quoi les premiers pécheurs, Adam et Eve, se firent des ceintures; c'est avec des feuilles de figuier qu'après leur péché ils voilèrent leurs parties honteuses (3); car le péché même y avait imprimé la honte. Ainsi c'est avec des feuilles de figuier que les premiers pécheurs se firent des ceintures pour couvrir ces parties honteuses qui sont comme la source empoisonnée qui nous a donné la mort en nous donnant la vie, et cette mort a appelé Celui qui est venu chercher et sauver ce qui est perdu. Que signifie alors : « Quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu? » N'est-ce pas comme si le Sauveur eût dit : Tu n'accourrais pas à Celui qui efface les péchés, si d'abord il ne t'avait vu sous l'ombre même du péché? Ainsi pour voir, nous avons été regardés; pour aimer, nous avons été aimés. C'est mon Dieu, sa miséricorde me préviendra (4).

5. Donc, après avoir fait entrer Zachée dans son coeur, le Seigneur daigna entrer lui-même dans sa maison et il, lui dit : « Zachée, descends vite, car il faut qu'aujourd'hui même je loge chez toi ». Cet homme regardait comme un grand bonheur de voir le Christ; c'était pour lui une immense et ineffable faveur de le voir, même en passant; et tout à coup il mérite de lui donner l'hospitalité. C'est la grâce qui se répand en lui, c'est la foi qui agit par amour; le Christ entre dans sa demeure, mais il habitait déjà son coeur. « Seigneur, s'écria alors Zachée, je donne aux pauvres moitié de mes biens, et si j'ai fait tort à quelqu'un, je lui rends quatre fois autant ». En d'autres termes : Si je conserve moitié, ce n'est pas pour garder, c'est pour restituer. Voilà ce qui s'appelle accueillir Jésus, l'accueillir dans son coeur. Ah ! le Christ était là, il était dans Zachée et c'est lui qui mettait sur les lèvres de celui-ci les paroles que cet homme lui adressait. L'Apôtre ne dit-

 

1. Rom. VIII , 30. — 2. Jean , I , 46 , 48. — 3. Gen. III, 7. — 4. Ps. LVIII, 11.

 

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il pas : « Que par la foi le Christ habite en vos coeurs (1) ? »

6. Mais c'était Zachée, c'était un chef de publicains , c'était un grand pécheur; et comme si elle n'eût rien eu à se reprocher, cette foule qui empêchait de voir Jésus, s'étonna et blâma le Sauveur d'être entré chez ce pécheur. C'était blâmer le Médecin d'être entré chez le malade. Aussi, pour répondre à ces pécheurs qui croyaient rire d'un pécheur, à ces malades qui se moquaient d'un homme guéri, le Seigneur s'écria : « Aujourd'hui cette maison est sauvée (2) ». Pourquoi y suis-je entré? Le voilà : « Elle est sauvée ». Elle ne le serait pas, si le Sauveur n'y était entré. Pourquoi, malade, t'étonner encore? Toi aussi, appelle Jésus, sans te croire en santé. Il y a espoir pour le malade que visite le Médecin; il n'y en a point pour celui qui se jette comme un furieux contre lui. Mais quelle n'est pas la fureur de celui qui va jusqu'à le tuer? Quelle bonté aussi, quelle puissance dans le Médecin qui fait avec son sang un remède pour le furieux qui l'a versé? Car ce n'est pas en vain que du haut de la croix où il était monté en venant chercher et sauver ce qui était perdu, il s'écriait : « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ». Ils sont en délire, mais je suis leur Médecin ; qu'ils frappent , je supporte les coups; je les guérirai, quand ils m'auront mis à mort. — Soyons donc du nombre de ceux qu'il guérit. « Une vérité humaine et digne de toute confiance, c'est que Jésus-Christ est venu au monde: pour sauver les pécheurs », grands et. petits; « pour sauver les pécheurs » ; car « le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ».

7. Dire que dans l'enfance Jésus ne trouve rien à sauver, c'est nier que le Christ soit Jésus pour tous les enfants fidèles. Oui, dire que dans l'enfance il n'y a rien à sauver pour' Jésus, c'est dire absolument que le Christ Notre-Seigneur n'est pas Jésus pour les enfants fidèles, en d'autres termes, pour les enfants qui ont reçu son baptême. Qu'est-ce en effet que signifie Jésus ? Jésus signifie Sauveur. Donc le Christ n'est pas Jésus pour ceux qu'il ne sauve pas, parce qu'en eux il n'y a pour lui rien à sauver. Maintenant, si vous pouvez entendre dire que pour quelques-uns

 

1. Ephés. III, 17. — 2. Luc, XIX, 1-10.

 

de ceux qui ont reçu le baptême le Christ n'est pas Jésus, je ne sais si votre foi est bien en règle. Ce sont des enfants, il est vrai, mais ils deviennent ses membres; ce sont des enfants, mais ils reçoivent ses sacrements; ce sont des enfants, mais ils partagent sa table pour avoir en eux le vie. Pourquoi me dire : Cet enfant a bonne santé, il est sans vice? S'il est sans vice, pourquoi cours-tu le porter au Médecin? Ne crains-tu pas que ce Médecin ne te réponde : Loin d'ici cet enfant, puisque tu le crois en bonne santé? Le Fils de l'homme n'est venu chercher et sauver que ce qui était perdu. Pourquoi me l'apporter, s'il n'est pas perdu ?

8. « Une vérité humaine et digne de toute confiance, c'est que Jésus-Christ est venu au monde ». Pourquoi y est-il venu? « Pour sauver les pécheurs». Il n'est venu que pour ce motif; ce ne sont pas nos mérites, mais nos péchés, qui l'ont attiré du ciel sur la terre. Il est donc venu réellement « pour sauver les pécheurs. — Tu l'appelleras Jésus », est-il dit. — Pourquoi « Jésus  ? Parce que c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés (1). — Tu l'appelleras Jésus ». Pourquoi « Jésus? » Quel est le motif de cette dénomination ? Le voici : « Parce que c'est lui qui sauvera son peuple ». De quoi ? « De ses péchés. Son peuple, de ses péchés ». Or, de ce peuple que Jésus « sauvera de ses péchés », est-ce que ne font point partie les enfants? Oui, oui, mes frères , ils en font partie. Croyez-le, soyez-en bien persuadés, c'est avec cette foi que vous devez présenter vos enfants à la grâce du Christ; sans elle en effet, vous les mettriez à mort en répondant pour eux. Pour. quoi, sans cette croyance, s'empresser de porter son enfant au baptême? Ce n'est pas être sérieux, c'est dire : Il a bonne santé, il n'a ni vice ni défaut; cependant je le présenterai au Médecin. Pourquoi? Parce que c'est la coutume. Ne crains-tu pas; que le Médecin ne te réponde : Sors d'ici avec lui; « ce ne sont pas ceux qui se portent bien, mais ceux qui sont malades; qui ont besoin du Médecin (2)?»

9. Je voudrais avoir recommandé à votre charité la cause de ces petits, incapables de parler pour eux-mêmes. Tous, et ceux mêmes qui n'ont pas perdu leurs parents, doivent être considérés comme des orphelins; et ces

 

1. Matt. I, 21. — 2. Ib. IX, 12.

 

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jeunes prédestinés, qui attendent leur salut du Seigneur, demandent le peuple de Dieu. pour tuteur. Le. genre humain tout entier a été empoisonné dans le premier homme par l'ennemi commun; et nul ne passe du premier Adam au second sans le sacrement de baptême. Adam vit encore dans les petits enfants qui n'ont pas reçu le baptême; le baptême leur a-t-il été conféré? C'est Jésus-Christ qui vit en eux. Ne pas voir Adam en eux, lorsqu'ils viennent de naître, c'est se mettre dans l'impossibilité devoir en eux le Christ après leur renaissance.

Pourquoi néanmoins, dit-on, un homme déjà baptisé et fidèle, à qui les péchés sont remis, engendrerait-il un enfant souillé par le péché du premier homme ? C'est que cette génération se fait par la chair et non par l'esprit. Or, ce qui naît de la chair est chair (1).

 

1. Jean III, 6.

 

Sans doute , « si l'homme extérieur se cor« rompt en nous, l'homme intérieur se rajeunit de jour en jour (1) ». Mais la génération des enfants n'est pas l'oeuvre de ce qui se rajeunit, elle est l'oeuvre de ce qui se corrompt. C'est pour ne pas mourir éternellement que tu as eu le bonheur de renaître après ta naissance; pour lui, il est né, mais il n'a pas eu encore le bonheur de renaître. C'est en renaissant que tu es arrivé à la vie; laisse-le donc renaître pour qu'il vive aussi ; oui, laisse-le, laisse-le renaître. Pourquoi cette opposition ? Pourquoi essayer par ces disputes nouvelles de briser l'antique règle de foi? Pourquoi dire que les petits enfants n'ont pas même le péché originel? Pourquoi le dire, sinon pour les tenir éloignés de Jésus ? Jésus pourtant te crie: « Laisse venir à moi ces petits (2) ». Tournons-nous, etc.

 

1. II Cor. IV, 16. — 2. Marc, X, 14.

 

 

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