I D. DE NOVEMBRE I
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PREMIER SERMON POUR LE PREMIER DIMANCHE DE NOVEMBRE. Sur ces paroles d'Isaïe : « Je vis le Seigneur assis sur un trône, etc. (Isa. VI, 1). »

 

1. « Je vis le Seigneur assis sur un trône élevé et sublime, et toute la terre était remplie de sa gloire (Isa. VI, 1 et 3). » Le Prophète en cet endroit nous dépeint une vision sublime. « J'ai vu, dit-il, le Seigneur assis. » C'était un beau spectacle, mes frères, et je déclare bienheureux les yeux qui ont pu le contempler. En effet, quel est l'homme qui ne désirerait pas, de toutes les ardeurs de son âme, voir de ses yeux la majesté de Dieu dans toute sa gloire? C'est l'unique ambition des saints : les anges eux-mêmes n'ont point d'autres désirs; et le contempler ainsi est toute la vie éternelle. Mais, mes frères, le même prophète eut une autre vision encore, où il vit le même Seigneur, mais d'une manière bien différente de la première. En effet, le même Isaïe, nous dit dans un autre endroit : « Nous l'avons vu, il était sans éclat et sans beauté, et nous l'avons regardé comme un lépreux, etc. (Isa. LIII, 2 et 4). » Il faut remarquer d'abord que la première vision est une faveur spéciale faite au Prophète, tandis que la seconde est la vision commune ; aussi, pour la première dit-il : « J'ai vu, » et pour la seconde, « nous avons vu, » afin de mieux faire comprendre que l'une des deux visions est commune à tous les hommes, tandis que l'autre est une faveur toute spéciale. En effet, Hérode lui-même vit le Seigneur sans éclat et sans beauté, et n'eût que du mépris pour lui : les Juifs le virent également, car ils purent aller même jusqu'à compter ses os; mais pour la vision béatifique , il est évident que le Prophète l'avait en vue quand il disait : « Otez l'impie, pour qu'il ne voie point la gloire de Dieu. »

2. Dieu donc, non-seulement a parlé, mais encore s'est montré aux hommes de bien des manières. Ainsi David l'a vu placé un peu au-dessous des anges (Psal. VIII, 6) ; Jérémie l'a vu sur la terre converser avec les hommes , Isaïe l'a vu, lui, tantôt assis sur un trône élevé, tantôt fion pas seulement au-dessous des anges, ou même parmi les nommes, mais il bous atteste qu'il l'a vu comme un lépreux, c'est-à-dire, non-seulement dans une chair, mais dans une chair semblable à une chair de péché. Et vous aussi, mes frères, si vous voulez le voir élevé sur un trône, il faut que vous le considériez auparavant dans ses humiliations. Oui, commencez par lever les yeux sur le serpent élevé à tons les regards dans le désert, si vous désirez voir le Roi assis sur son trône; il faut que cette première vision-là vous humilie avant que la seconde vous exalte; que l'une vous réprime et guérisse votre enflure, pour que l'autre remplisse et satisfasse votre désir. Le voyez-vous anéanti ? Ne le considérez pas d'un oeil oisif, car ce n'est pas d'un pareil oeil que vous pourrez le voir élevé sur son trône. Vous deviendrez semblables à lui quand vous le verrez tel qu'il est; soyez donc maintenant semblable à lui, en voyant ce qu'il est devenu pour vous, car si vous ne refusez pas de lui ressembler dans son humilité, il est sûr qu'il vous sera donné de lui ressembler dans la gloire. Jamais il ne souffrira que celui qui aura pratiqué ses tribulations soit privé de partager sa gloire. D'ailleurs, il est si éloigné de refuser d'admettre avec lui dalle son royaume celui qui a partagé sa passion, que le bon larron, pour l'avoir confessé sur la croix, fat admis le même jour avec lui dans le paradis: Voilà pourquoi aussi il disait à ses apôtres : «Pour vous, comme vous êtes demeurés fermes avec moi dans mes tentations, je vous prépare le royaume des Cieux (Luc. XXII, 28). » Ainsi donc, si nous souffrons aven lui, nous régnerons avec lui, pourvu, mes frères, que, en attendant, le Christ, mais le Christ crucifié, soit l'objet de nos pensées. Plaçons-le comme un cachet sur notre coeur, comme un sceau sur notre bras ; embrassons-le des deux bras d'une charité réciproque, et mettons-nous à sa suite par les pratiques d'une vie de piété ; car il n'y a pas d'autre route qui nous conduise à la vision de celui qui est le sa lut de Dieu: Mais alors il ne se montrera pas sans éclat et sans beauté, mais dans une clarté telle que sa Majesté remplira le monde entier.

3. Il est parfaitement juste que la première vision noua le montre, comme en hiver, non point sur son trône, mais dans un séjour moins élevé et plus humble. En effet, dans les grands palais, il y a ordinairement deux sortes d'habitations, l'une pour l'été, elle est placée en haut, l'autre pour l'hiver, elle se trouve en bas. Aussi, lorsque les coeurs de ses disciples étaient encore resserrés par les frimas et la brume de l’hiver, et que Pierre , non moins glacé de coeur que de corps, se réchauffait au brasier, ce n'était pas, pour le Sauveur, le temps de se placer ou plutôt de se montrer sur son trône. riais lorsque retentira ce cantique nouveau : « L'hiver est passé, les frimas se sont éloignés, déjà les fleurs se montrent dans nos contrées (Cana. II, 11 et 12); » alors le Seigneur montera sur son trône et habitera au plus haut des cieux.

4. Il faut donc croire que lorsque Isaïe s'exprimait comme il l'a fait, il avait vu d'un oeil prophétique la gloire de ce temps d'été, car il disait : « J'ai vu le Seigneur assis sur son trône élevé , etc. (Isa. VI, 1).» A votre avis, mes frères, quel était ce trône? Car le Très-Haut n'habite pas plus dans une demeure sensible que dans une habitation faite de mains d'hommes. il n'y a pas de matière corporelle qui puisse convenir pour un trône aussi sublime, fournir des matériaux à une pareille construction et sembler digne de devenir la demeure d'un pareil hôte. L'habitation spirituelle que la vraie Vie éternelle honorera de sa présence doit être construite avec des pierres vivantes. Si les gages, disséminés par la chute de ceux d'entre eux qui ont prévariqué, suffisent point pour l'achèvement d'un pareil édifice, qu'ils tirent de la poussière celui qui est dans l’indigence, et qu'ils élèvent le pauvre de dessus son fumier pour le placer avec les princes (Psal. CXII, 6 et 7), et le fassent servir à terminer le trône de gloire. Peut-être même le Prophète qui l'avait vu ce trône, nous le dépeint-il élevé et sublime, afin de nous montrer dans ce trône la sublimité et la stabilité des anges, ainsi que l'élévation miséricordieuse des hommes. La suite des paroles du Prophète semblent exiger aussi une attention toute particulière ; je m'en tiendrai donc pour aujourd'hui à ce que je viens dire.

 

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