|
|
TRAITÉ V. On entreprend, d'expliquer, ce passage, de l'Apôtre ; Tout don , parfait et tout bien excellent, etc. Mais la meilleure partie de cette lettre ou de ce traité, semble manquer
1. Vous réclamez avec instance, ce. que j'avais promis sans précaution, ne faisant pas assez attention à la difficulté de la matière. Ajoutons-y la double difficulté qui survient, soit du côté du temps, soit de la comparaison que je fais de moi-même. Du temps, que se disputent d'autres travaux; de la comparaison, car, examinant ceux qui ont déjà traité cette matière, je reconnais sagement que j'ai agi avec trop peu de réflexion : j'aborde néanmoins la question dont. je vous ai promis la solution. Votre rôle maintenant sera de m'obtenir d'abord ce que vois exigez de moi, afin que je vous rende avec abondance ce que le mérite de vos prières m'aura procuré. « Tout bien excellent et, tout don parfait vient du Père des lumières ! » (S. Jac. I, 17.) Quoi donc ? Ce qui n'est pas parfait, ce qui n'est pas excellent, n'a-t-il pas la même origine? D'où sort-il donc, s'il ne vient pas de là? Qu'avez-vous que vous ne l'ayez reçu? Ce ne sont pas seulement les biens complets qui sont de Dieu, comme si ceux qui sont moindres dérivaient d'ailleurs; mais, ainsi que l'enseigne lApôtre : «Tout sort de Dieu. (Rom. XI, 36.) Rien n'est exclu dans ces paroles, car tous les biens étant de Dieu, tous sont parfaits et éminents. Que s'il en est ainsi, par ces paroles bien excellent et don parfait, on ne fait pas de distinction entre un bien moindre et, un bien pins grand, on exprime seulement et simplement ce qui est bien. Et comment tout bien est-il excellent et parfait, puisqu'il vient d'en haut? Qu'est-ce que venir d'en haut? « Descendant, » dit l'Apôtre, « du Père des lumières. » Comment pourrait-on concevoir que dans le Père des lumières il se trouvât quelque chose d'imparfait? Est-ce peut-être que «tout bien excellent et tout don parfait » viennent de lui, quoiqu'ils ne fussent pas en lui? Car comment ce qui serait en lui, pourrait-il descendre de son sein et s'éloigner de lui? Ce mot descendre ne signifie pas en effet un changement de lieu, il indique plutôt un affaiblissement de force. 2. Le Seigneur lui-même paraît aussi avoir distingué entre le parfait et le moins parfait. « Faites ceci, » dit-il, «et vous vivrez. » (Luc. X, 28.) « Que si vous voulez être parfait, allez, vendez tout, ce que vous avez, donnez-le aux pauvres et venez vous mettre à ma suite.» (Matth. XIX, 21.) Et l'Apôtre : « chacun a reçu de -Dieu son propre don : l'un en cette manière, l'autre en celle-là. » (I Cor. VII, 7.) Et encore: « Comme à des petits enfants dans le Christ, je vous ai donné du lait à boire et non de la nourriture solide : nous parlons de la sagesse parmi les parfaits. (I. Cor. III, 2). Pourquoi donc dit-on, en usant de distinction, que tout don parfait vient d'en-haut, alors que tout don n'est pas parfait, et quand il n'estpas un don parfait qui ne descende du ciel? Ou bien, si tout bien est excellent, si tout don est parfait, puce qu'il arrive d'en-haut, pourquoi ne pas parler d'un seul et même bien, de don et de donné, plutôt que dire tout don? Car tout ce qui est chez le Père des lumières, simple et uniforme, ne peut être considéré comme multiple. Que si dans le Père des lumières, il y a le très bon et, le parfait, en descendant en nous du Père des lumières, sont-ils moins bons et moins parfaits? Ce sentiment soumettrait l'immutabilité divine à la condition des choses variables : s'affaiblir, c'est changer. Comment donc ce qui est en lui peut-il descendre de lui? Mais, aussi ce qui n'est pas en lui, de quelle manière peut-il descendre de lui? ou, s'il descend de lui, comment n'est-il, point chose parfaite? Et puisque l'autorité de l'Ecriture nous enseigne qu'il est des choses plus parfaites et d'autres qui le sont moins, que signifie qu'on nous dise seulement que tout bien excellent et tout don parfait nous arrive du ciel, quand. il faut penser que tout bien en tire son origine ? Ensuite qu'expriment ces paroles : « donné » et « don, très-bon et parfait ? » Ces expressions indiquent une certaine distinction. Ou bien, les emploie-t-on pour mieux rendre et pour mieux faire sentir la pensée? 3. Voilà les difficultés que soulèvent en mon esprit, les paroles de ce passage : mais reprenons-en toute la suite, demandant à Dieu qu'il daigne lui-même nous expliquer ce qui s'y trouve d'obscur, et nous accorder de parler dignement de ses dons. « Tout don parfait, » etc. En premier lieu voici la distinction qui peut se trouver entre le « don » et ce qui est «donné. » Ce qui est « donné, » vous ne l'avez pas de vous-même; le « don » est ce qui n'est pas produit parle mérite. Vous recevez ce qui est « donné; » le « don, » devient une source de mérites pour qui l'a reçu. Vous vous servez de ce qui est « donné; » vous avez le « don » pour le faire fructifier.
Le reste manque dans le manuscrit.
|