SERMON
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SERMON
LETTRES

SERMON Sur la semence de la parole de Dieu.

 

1. Je donnerai un autre sens aux paroles de l'Apôtre que vous venez d'entendre « vous entendez avec plaisir un insensé, vous qui êtes sages.» (II. Cor. XI, 19.) Saint Paul les prononçait, pour faire des reproches je les emploie pour faire des éloges. Je loue votre avidité, je lotie votre humilité, car vous désirez ardemment entendre la parole de Dieu, et vous daignez la recueillir avec respect, de ma bouche si peu propre à l'annoncer. Et, comme il est écrit, « remplis d'une sainte abondance, vous accueillez néanmoins celui qui est altéré.» (Deut. XXXIX, 19.) Voilà pourquoi j'ai dit : «vous supportez volontiers un insensé, vous qui ôtes sages : » ou plutôt, vous ne me supportez point, mais vous m'arrachez un discours. Vous m'avez donné l'ordre de le faire, vous m'en avez indiqué la matière, comme si je pouvais trouver en tout terrain des veines d'eau vive, et jeter la semence sur tous les ruisseaux, et comme si les paroles naissaient à mon gré sur mes lèvres. Plaise au ciel qu'il me soit fait selon votre confiance, que tous mes membres se changent en langue, et que je puisse dire avec le Prophète: « tous mes os diront: Seigneur, qui est semblable à vous ? » (Ps. XXXIV, 10.)

2. Pour moi, je ferai tout ce quine sera possible dans la circonstance actuelle, et je ne tiendrai point mes lèvres fermées. Prenez garde seulement, que la parole du Seigneur ne revienne pas vide vers moi, ou plutôt vers le Seigneur lui-même. Elle ne reviendra pas ainsi, pourvu qu'elle ne tombe pas le long du chemin, sur la pierre, ou au milieu des ,pives. Oui, dis-je, défiez-vous bien de ces obstacles qui sont les routes, les roches et les ronces. Le premier tire sa source de l'habileté de l'ennemi, le second, de la duplicité de notre coeur, le troisième, du grand nombre des soucis. Dans le premier, nous nous surveillons sans prudence, dans le second, nous nous cultivons avec paresse; dans le troisième, nous nous occupons avec trop de soin de ce qui regarde les autres. Dans le premier, nous résistons mollement; dans le second, nous ne poursuivons pas ce que nous avons entrepris; dans le troisième, nous nous attachons avec ardeur aux choses superflues. Dans le premier, notre pensée est molle; dans le second, elle est mobile; dans le troisième, elle est nuisible : ou plutôt, dans ce troisième obstacle, notre pensée est tout à la fois et molle et mobile et nuisible : molle dans les voluptés, mobile dans les richesses qui passent; nuisible dans les désirs inquiets et cupides. Car inquiets et fatigants sont les soucis et les désirs des biens qui s'écoulent; en effet, comme leur gain est difficile, leur flot est rapide et vain, leur résultat est nul, pour ne pas dire déshonnête.

 

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