SERMON CLXXIII
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SERMON CLXXIII. LES CONSOLATIONS DE LA MORT  (1).

 

ANALYSE. — L'horreur que nous inspire la mort semble venir, premièrement, du danger que court l'âme en quittant ce monde pour aller dans un autre, et secondement de ce qu'elle est forcée de se séparer du corps, pour lequel elle ressent une invincible sympathie. Quelles ne sont pas ici les consolations que donne la pratique fidèle de la religion (2). Quand, en effet le chrétien meurt dans l'état où il doit être, premièrement, il passe à un monde incomparablement meilleur, et secondement il ne quitte momentanément son corps que pour le reprendre quand ce corps sera glorieusement transformé.

 

1. Lorsque nous célébrons les jours consacrés à nos frères défunts, nous devons nous rappeler et ce qu'il faut espérer et ce qu'il faut craindre. Il faut espérer, car « la mort des «saints est précieuse devant le Seigneur (1) » ; nous devons craindre aussi, car « la mort des pécheurs est horrible (2) ». Pour exciter l'espoir il est dit : « La mémoire du juste sera  éternelle (3) ; et pour pénétrer de frayeur: « Il ne redoutera point la parole affreuse (4) » . La parole la plus affreuse qui se puisse entendre

 

1. I Thess. IV, 12-17. — 2. Ps. CXV, 15. —  3. Ps. XXXIII, 22. — 4. Ps. CII, 7.

 

sera celle-ci, adressée à la gauche : « Allez au feu éternel ». Le juste ne redoutera point cette terrible parole; car il sera placé à la droite, parmi ceux à qui il sera dit : « Venez, bénis de mon Père, recevez le royaume (1) ».

Cette vie tient le milieu entre les biens extrêmes et les extrêmes maux; c'est un mélange de biens et de maux médiocres, de biens et de maux qui sous aucun rapport ne sont élevés au degré suprême. Aussi, de quelques biens que jouisse maintenant l'homme, ces biens ne sont rien, si on les compare aux biens éternels ;

 

1. Matt. XXV, 41, 34.

 

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et quelques maux qu'il endure; ces maux ne sauraient même être comparés aux éternelles flammes. Cette vie donc se passe en quelque sorte dans un milieu. Or, nous devons y retenir cette pensée que l'Evangile vient de nous faire entendre : « Celui qui croit en moi, quand il  serait mort, est vivant ». Voilà tout à la fois et la vie et la mort : « Celui qui croit en moi, quand il serait mort, est vivant». Que signifie : « Quand il serait mort, il est vivant ? » Fût-il mort de corps, il est vivant en esprit. Le Sauveur ajoute: « Or, quiconque vit et croit en moi, ne mourra pas de toute l'éternité (1) »Comment concilier ces mots : « Quand il mourrait », avec ceux-ci: «Il ne mourra pas ? » De: cette manière : « Quand il mourrait » dans le temps , « il ne mourra pas dans l'éternité ». Ainsi se résout cette question, pour ne point mettre en contradiction les paroles de la Vérité même, et pour édifier la piété. Par conséquent; tout condamnés à mort que nous sommes, nous vivons si nous croyons.

2. C'est surtout à propos de la résurrection des morts que notre foi diffère de la foi des gentils. Ils n'y croient absolument pas, attendu qu'il n'y a pas en eux de place pour cette foi. Le Seigneur, est-il écrit, prépare la volonté humaine pour y faire place à la foi (2). « Ma parole ne prend point parmi vous », disait aussi le Sauveur aux Juifs. Elle ne prend donc que parmi ceux où elle trouve à prendre. Or elle prend, cette parole saisissante, parmi ceux que Dieu ne laisse pas étrangers à ses promesses. Quand en effet il cherche une brebis égarée (3), il connait la brebis qu'il cherche; il sait de plus où la chercher, comment resserrer ses membres disloqués pour les rendre à la santé, comment enfin la rétablir de manière qu'elle ne se perde plus.

Ainsi donc, consolons-nous les uns les autres, surtout par la méditation de ces vérités. Le coeur de l'homme peut sans doute ne pas s'affliger quand meurt ce qu'il a de plus cher; mieux vaut pourtant apaiser sa douleur, que de l'en voir exempt par inhumanité Quelle étroite union avait Marie avec le Seigneur! Elle n'en pleurait pas moins la mort de son frère. Pourquoi d'ailleurs s'étonner de voir pleurer Marie, quand le Seigneur pleurait lui-même ? On peut sans doute trouver étrange

 

1. Jean, XI, 25, 26. — 2. Prov. VIII, 35, sept. — 3. Luc, XV, 4.

 

qu'il pleurât ce mort, puisqu'il allait le rappeler à la vie (1) ; mais il ne pleurait pas tant le mort, ressuscité par lui, que la mort, attirée par le péché de l'homme. Si le péché n'avait ouvert la voie, la mort n'y serait pas entrée, et la mort du corps n'est venue qu'à la suite de la mort de l'âme. L'âme est morte en abandonnant Dieu, le corps est mort ensuite, abandonné de l'âme. C'est volontairement que l'âme a abandonné Dieu, et forcément qu'elle a quitté le corps. Il semble qu'il lui ait été dit; Tu t'es éloignée de Celui que tu devais aimer; éloigne-toi maintenant de ce que tu as aimé; Qui donc veut mourir ? Personne assurément; vérité si certaine qu'il fut dit au bienheureux Pierre lui-même: « Un autre te ceindra et te portera où tu ne veux point (2) ». Si d'ailleurs la mort ne présentait aucune amertume, les martyrs ne déploieraient pas grand courage.

3. L'Apôtre donc disait : « Je ne veux pas que vous soyez dans l'ignorance touchant ceux qui dorment, afin que vous ne vous attristiez pas comme les gentils qui n'ont point d'espoir ». Il ne dit pas simplement: « Afin que vous ne vous attristiez pas » ; il ajoute: « Comme les gentils qui n'ont point d'espoir», il est nécessaire de vous attrister ; mais dès que tu t'attristes, que l'espérance te vienne consoler. Eh ! comment ne pas t'affliger en voyant sans vie ce corps dont l'âme est la vie et que l'âme abandonne? Il marchait, et il est immobile; il parlait, et il est muet; dans ses yeux fermés ne pénètre plus la lumière; ses: oreilles ne s'ouvrent à aucun bruit; aucun des membres ne fait plus ses fonctions; plus rien pour faire marcher les pieds, pour faire travailler les mains, pour rendre sensibles les sens. N'est-ce point là une maison dont faisait l'ornement un habitant invisible ? Cet invisible l'a quittée et il ne reste plus que ce qui afflige le regard. Voilà ce qui inspire la tristesse.

Or, à cette tristesse il y a une consolation. Quelle est-elle ? La voici : « Le Seigneur lui-même, au commandement, à la voix de l'archange, et au son de la dernière trompette, descendra du ciel, et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront les premiers; ensuite nous qui vivons, qui sommes restés, nous serons emportés avec eux dans les nuées au-devant du Christ dans les airs ».

 

1. Jean, XI. — 2. Jean, XXI, 18.

 

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Sera-ce aussi provisoirement? — Non. — Pour combien de temps? « Et ainsi nous serons à jamais avec le Christ ». Arrière la tristesse , en présence d'une consolation si sublime ; que le deuil sorte du coeur, que la foi chasse la douleur. Convient-il qu'avec une espérance si haute le temple de Dieu soit dans la .tristesse? N'est-il pas habité par un excellent consolateur, par l'Auteur d'infaillibles promesses?

Pourquoi pleurer si longtemps un mort? Est-ce parce que le trépas est amer? Mais le Seigneur même l'a subi.

Assez pour votre charité: vous trouverez des consolations plus abondantes dans Celui qui ne quitte pas votre coeur. Ah ! qu'en daignant l'habiter il daigne aussi finir par le changer !

Tournons-nous, etc.

 

 

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