HOMÉLIE XX
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HOMÉLIE XX.

LE LENDEMAIN JÉSUS VOULANT S'EN ALLER EN GALILÉE, TROUVA PHILIPPE, ET IL LUI DIT : SUIVEZ-MOI. PHILIPPE ÉTAIT DE LA VILLE DE BETHZAÏDE, D'OÙ ÉTAIENT AUSSI ANDRÉ ET PIERRE. (VERS. 43, 44, JUSQU'AU VERS. 49.)

 

ANALYSE.

 

1. Vocation de Philippe. — D'une seule parole, Jésus l'entraîne à sa suite. — Philippe amène Nathanaël à Jésus.

2 Caractère de Nathanaël, sa prudence ; comment il est amené à la foi.

3. Les fidèles sont dans l'obligation de faire tout ce que Jésus-Christ veut et demande d'eux. — La joie d'avoir, connu Jésus consiste à lui obéir. — Il faut le nourrir quand il a faim, lui donner à boire quand il a soif. — Il ne rejettera point nos présents, quelque petits qu'ils soient. — L'ami reçoit avec plaisir tout ce que lui donne son ami, quelque peu considérable qu'il soit. — L'amour se montre non par les paroles, mais par les oeuvres.

 

1. Tout homme qui cherche avec soin fait quelque profit (1) : comme, il est écrit dans les Proverbes. Mais Jésus-Christ fait entendre quelque chose de plus , en disant : « Qui cherche, trouve ». (Matth. VII, 8.) Aussi y

 

1. Ou bien, selon l'hébreu : « Dans tout travail sera le profit » : ou comme la Vulgate : « Partout où l'on travaille, là est l'abondance » .

 

a-t-il lieu d'admirer que Philippe ait suivi Jésus-Christ. André vint à lui après avoir ouï Jean, et Pierre après avoir entendu André. Mais Philippe, sans avoir rien appris de personne, seulement sur ce que Jésus-Christ lui dit : « Suivez-moi », obéit sur-le-champ pour ne le plus quitter et l'annoncer lui-même aux [194] autres. Accourant auprès de Nathanaël, il lui dit: « Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la loi, et que lés prophètes ont prédit ». (Jean, I, 45.) Ne voyez-vous pas sa vigilance, son assiduité à lire les livres de Moïse, et qu'il était de ceux qui attendaient la venue de Jésus-Christ? En effet, ces paroles : « Nous avons trouvé », marquent un homme qui cherche continuellement.

« Le lendemain, Jésus voulant s'en aller en Galilée », Jésus-Christ, avant que quelqu'un se soit attaché à lui, n'appelle personne. Et ce n'est pas sans sujet; c'est l'effet d'une extrême sagesse et d'une très-grande prudence : s'il avait appelé des disciples avant qu'aucun se fût attaché à lui, ils se seraient peut-être retirés dans la suite; mais ayant d'eux-mêmes pris le parti de le suivre, ils sont demeurés, fermes. Or, s'il appelle Philippe, c'est parce qu'il lui était plus connu que les autres, étant né et ayant été élevé dans la Galilée. Jésus-Christ donc, après avoir reçu ces disciples, part pour en aller chercher d'autres, et il attire à soi Philippe et Nathanaël. Quant à celui-ci, il n'y a pas tant de quoi s'étonner, « la réputation de Jésus s'étant répandue par toute la Syrie » (Matth. IV, 24); mais il est surprenant que Pierre et Jacques et Philippe l'aient suivi , non-seulement parce qu'ils ont cru avant d'avoir vu des miracles, mais, encore parce qu'ils étaient de la Galilée, d'où il ne sortait point de prophète et d'où il ne venait rien de bon : car le peuple de ce pays était rustique, simple et grossier.

Mais en cela même Jésus-Christ a fait éclater sa puissance, lui qui d'une terre stérile et infructueuse a su tirer ses principaux disciples: Il y a donc de la vraisemblance que Philippe suivit Jésus, pour avoir vu Pierre faire de même et avoir entendu Jean; il est aussi à croire que la voix de Jésus-Christ avait opéré quelque chose en lui : car Jésus-Christ connaissait ceux qui étaient propres à son ministère. Mais l'évangéliste rapporte sommairement tout ceci. Que le Christ dût venir, Philippe le savait; mais que celui-ci fût le Christ, c'est ce qu'il ignorait et c'est aussi ce que je crois qu'il avait appris de Pierre ou de Jean-Baptiste. Au reste l'évangéliste nomme la patrie de Philippe, afin de vous apprendre que « Dieu a  choisi les faibles, selon le monde ». (I Cor. 1, 27.)

« Philippe ayant trouvé Nathanaël, lui dit . « Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la loi, et que les prophètes ont prédit; savoir, Jésus de Nazareth, fils de Joseph ». Philippe dit cela pour donner, par l'autorité de Moïse et des prophètes, plus de créance à sa prédication, et aussi pour rendre son auditeur docile et respectueux. Et comme Nathanaël était savant et très-zélé pour la vérité, ainsi que Jésus-Christ même en rend témoignage, et, que sa propre conduite le prouve, il le renvoie avec raison à. Moïse et aux prophètes, afin que, Jésus-Christ le recevant ensuite, le trouvât instruit. Si l'évangéliste appelle Jésus fils de Joseph, né vous en troublez point, alors on le croyait encore fils dé Joseph. Mais, Philippe, par où est-il certain que ce Jésus est celui que vous dites? Quelle preuve nous en donnez-vous? Ce n'est pas assez que vous le disiez. Quel prodige, quel miracle avez-vous vu? Il y a du risque et du péril à croire témérairement de si grandes choses. Quelle raison avez-vous donc? la même qu'André, dit-il; car André n'ayant ni assez de force, ni assez de capacité pour annoncer le trésor qu'il avait découvert, ni assez d'éloquence pour le faire connaître, amène son frère à celui qu'il a trouvé. De même Philippe n'explique pas comment ce Jésus est le Christ, ni en quoi, ni quand les prophètes l'ont prédit; mais il amène Nathanaël à Jésus, bien sûr que désormais il ne le quittera point, s'il a une fois entendu sa parole et sa doctrine.

« Nathanaël lui dit : Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth? Philippe lui dit : « Venez et voyez ».

« Jésus voyant Nathanaël qui le venait trouver, dit de lui : Voici un vrai Israélite, sans  déguisement et sans artifice ». Nathanaël avait dit : « Peut-il. venir quelque chose de bon de Nazareth? » Et Jésus le loue et l'admire : mais toutefois n'était-il pas plutôt à blâmer? Non, certes, ce qu'il avait dit n'était pas une marque d'incrédulité, ni un crime qui méritât une réprimande, mais c'était une chose digne de louanges. Comment et pour quelle raison ? Parce qu'il était plus versé dans les prophéties que Philippe. Il avait appris des Ecritures que le Christ devait sortir de Bethléem, et du même bourg,où était né David. Ce bruit s'était répandu parmi les Juifs, et longtemps auparavant un prophète l'avait prédit en ces termes : « Et toi Bethléem, tu n'es pas la dernière d'entre les principales villes [195] de Juda; car c'est de toi que sortira le chef qui conduira mon peuple d'Israël». (Mich. V, 2; Matth. II, 6 ; Jean, VII, 42.) Nathanaël donc, entendant dire que. Jésus était de Nazareth, se trouble, il chancelle, parce qu'il voit que ce que dit Philippe ne s'accorde pas avec 1a prédiction du prophète. Mais dans son doute même, considérez quelle est sa prudence et sa retenue; car il ne réplique pas sur-le-champ. Tu me trompes, Philippe, tu mens - non, je ne te crois point, je. n'irai pas le voir :.j'ai appris des prophètes qu'il doit sortir de Bethléem, et tu dis qu'il est de Nazareth : ce Jésus n'est donc pas celui que le prophète a prédit. Mais que fait-il? Il va lui-même le trouver, et ne convenant point qu'il soit de Nazareth , il montre en cela même son zèle, et son amour pour l'Ecriture, et qu'il n'est point capable de se laisser surprendre : il marque aussi qu'il désirait ardemment l'avènement du Christ, puisqu’il ne repoussa pas avec mépris celui qui lui annonçait cette nouvelle. C'est qu'il pensait que Philippe; se trompait vraisemblablement sur le lieu de la naissance.

2. Considérez encore, mes frères, combien il est réservé et modéré, dans le refus qu'il fait d'ajouter foi à ce que dit Philippe, et dans sa manière de l'interroger. Il ne dit pas : la Galilée ne produit rien de bon ; mais : comment peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » Philippe était aussi extrêmement prudent, il ne s'offense, il ne se fâche point de ce que Nathanaël contredit; mais néanmoins il persiste à vouloir l'amener à Jésus-Christ, et .dès le commencement il fait paraître sa fermeté apostolique : c'est pourquoi Jésus-Christ ,dit: « Voici un vrai Israélite, sans déguisement et sans artifice ». Un Israélite peut donc être menteur : mais celui-là ne ment pas; car son jugement est sans prévention : il ne dit rien par faveur ni par haine. :Pourtant, lorsqu'on demanda aux Juifs où devait naître le Christ, ils répondirent : à Bethléem, et s'appuyèrent de ce témoignage : « Et toi, Bethléem, tu n'es pas la dernière d'entre les principales villes de Juda ». Mais c'est avant d'avoir vu  Jésus qu'ils rendaient ce témoignage : après l'avoir vu; ils dissimulaient, par jalousie, leurs anciens propos, et disaient : « Mais pour celui-ci, nous ne savons d'où il est ». (Jean, IX, 29.) Nathanaël n'en usé pas ainsi, mais il reste ferme dans l'opinion qu'il avait de lui au commencement, à savoir, qu'il n'était pas de Nazareth.

Pourquoi donc les prophètes l'appellent-ils Nazaréen? (Matth. II, 23.) Parce qu'il avait été élevé à Nazareth, et qu'il y avait demeuré. Or, Jésus-Christ ne dit pas à Nathanaël : Je ne suis pas dé Nazareth, comme Philippe vous l'a dit, mais de Bethléem. Il passe sur cela, il ne lui en parle point, pour ne pas rendre d'abord suspect ce qu'il lui voulait dire. De plus, quand même il l'aurait persuadé qu'il était de Bethléem, toutefois ce n'était point là suffisamment prouver qu'il était le Christ. ne pouvait-il être né à Bethléem, sans être le Christ ? Bien d'autres y étaient nés. Il passe donc sur cela, et en déclarant qu'il avait été présent à leur entretien, il fait ce qui pouvait le mieux l'engager à croire. Lorsque Nathanaël eut dit : « D'où me connaissez-vous? Jésus lui répondit : Avant que Philippe vous eût appelé, je vous ai vu lorsque vous étiez sous le figuier (48) ». Considérez ce caractère ferme et rassis. Jésus-Christ ayant dit de lui : « Voici un vrai Israélite », il n'est pas enflé par ces louanges, ravi de ces éloges; il persiste à chercher et à examiner avec plus de soin : il veut voir clair. Nathanaël donc, comme homme, cherche et s'informe encore; mais Jésus comme Dieu répond : Je vous ai déjà vu auparavant car longtemps auparavant Jésus avait connu sa droiture et sa probité, non comme un homme qui l'aurait suivi, mais comme Dieu : Et maintenant je vous ai vu sous le figuier, lorsque nul n'y était avec vous, lorsque vous, Philippe, et vous, Nathanaël, vous étiez tous seuls, et que vous y partiez de moi en tète à tête. C'est pourquoi l'évangéliste dit : « Jésus le voyant de loin, dit :  Voici un vrai Israélite», pour, faire voir qu'avant même que Philippe arrivât, Jésus-Christ avait rendu ce témoignage, afin qu'il ne fût pas suspect. C'est aussi pour cela qu'il désigne et le temps, et le lieu, et l'arbre. S'il eût seulement dit Je vous avais vu avant que Philippe vînt près de vous, la chose aurait été suspecte; on aurait cri qu'il avait lui-même envoyé Philippe, et qu'il n'y avait rien de grand, rien d'extraordinaire dans ce qu'il disait: mais en désignant le lieu où Nathanaël parlait avec Philippe, le nom de l'arbre et le temps de l'entretien, il rend indubitable sa connaissance des choses les plus secrètes.

Mais ce n'est pas là seulement en quoi il lui manifeste qu'il est le Christ; il le fait encore d'une autre manière, c'est en lui rappelant ce [196] qu'il avait dit, savoir: « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth? » Voilà comment Jésus gagna Nathanaël et se l'attacha très étroitement; et aussi pour ne l'avoir pas blâmé d'avoir parlé de la sorte, et l'avoir même loué et admiré: Voilà par où Nathanaël connut que Jésus était véritablement le Christ; à savoir par la découverte qui lui fut faite de sa propre pensée et de ses sentiments, Jésus lui ayant montré qu'il voyait et savait parfaitement ce qui se passait dans son coeur; mais surtout parce qu'il ne le reprit pas de ce qu'il avait paru dire contre lui, et qu'au contraire il l'en loua. Jésus lui dit encore que c'était Philippe qui l'avait appelé, mais il passa sur le reste et ne lui parla point de ce qu'ils avaient dit ensemble, laissant cette tâche à sa conscience, et ne voulant point le confondre davantage.

3. Quoi donc? Est-ce que Jésus vit seulement Nathanaël, lorsque Philippe l'appela? ou ne l'avait-il pas vu auparavant avec cet oeil qui ne dort jamais ? certainement il l'avait vu : que, personne n'en doute. Mais Jésus n'a dû dire alors que ce qui était nécessaire. Nathanaël confessa donc que Jésus était le Christ, en voyant un signe évident de sa prescience; ses hésitations avaient prouvé sa sagesse ; son acquiescement démontra sa bonne foi. Car « il repartit à Jésus », dit le texte sacré: « Maître, vous êtes le Fils de Dieu, vous êtes le roi d'Israël (49) ». Ne voyez-vous pas là une âme qui subitement tressaille de joie? Ne voyez-vous pas un homme qui, par ses paroles, embrasse Jésus ? Vous êtes, dit-il, celui qui est attendu et désiré. Ne le voyez-vous pas s'étonner, admirer, tressaillir et bondir de joie?

Nous devons être aussi dans la joie, nous qui avons reçu la connaissance du Fils de Dieu; nous devons, dis-je , non-seulement nous réjouir au fond du coeur, mais encore marquer et exprimer au dehors notre joie par nos oeuvres mêmes. Mais cette joie, en quoi consiste-t-elle ? A être obéissants à celui que vous avez connu. Or, cette obéissance consiste à faire ce que veut Jésus-Christ : si nous faisons ce qui irrite sa colère, comment manifesterons-nous notre allégresse? Ne voyez-vous pas que celui qui a reçu son ami dans sa maison, fait tout avec joie, qu'il court de tous côtés, qu'il n'épargne rien; fût-il besoin de répandre même tout son bien, il est prêt à le faire, et cela uniquement pour plaire, à son ami. S'il n'accourait pas quand il l'appelle, s'il ne faisait pas toutes choses selon son désir et sa volonté, assurât-il même mille fois qu'il se réjouit de son arrivée, son hôte ne le croirait point, et ce serait avec raison : il faut en effet marquer sa joie par ses oeuvres et par ses actions.

C'est pourquoi Jésus-Christ étant venu chez nous, montrons que nous nous en réjouissons et ne faisons rien qui puisse lui déplaire et le fâcher; parons, ornons cette maison où il est venu: voilà ce qu'on doit faire quand on est dans la joie. Présentons-lui à manger ce qui est le plus de son goût : c'est là ce que doit faire celui qui est dans l'allégresse. Mais quelle est la nourriture que nous lui devons présenter? Il nous l'apprend lui-même : « Ma nourriture », dit-il, « est de faire la volonté de celui qui « m'a envoyé ».(Jean, IV, 34.) Donnons-lui à manger lorsqu'il a faim ; donnons-lui à boire lorsqu'il a soif : quand vous ne lui donneriez qu'un verre d'eau froide, il le recevra, car il vous aime : les présents de l'ami , quelque petits qu'ils soient, paraissent grands à un ami. Seulement ne soyez point paresseux, ni lents à donner; quand vous ne donneriez que deux oboles, il ne les rejettera point, mais il les recevra comme quelque chose de grand prix. En effet, n'ayant besoin de personne, et ces choses ne lui étant nullement nécessaires, c'est avec raison qu'il ne regarde point à la grandeur des dons, mais à l'intention et à la volonté de celui qui donne. Seulement faites voir que vous êtes content de l'avoir chez vous, qu'il n'est rien que vous ne soyez prêts à faire pour lui, et que sa présence vous réjouit.

Considérez quel amour il a pour vous; c'est pour vous qu'il est venu, pour vous il a donné sa vie. Et après de si grands bienfaits, il ne refuse même pas de vous prier. Car, dit saint Paul : « Nous faisons la charge d'ambassadeur pour Jésus-Christ, et c'est Dieu même qui vous exhorte par notre bouche ». (II Cor. v, 20.) Et qui est assez insensé pour ne pas aimer son Seigneur? Et ce que je dis là, je sais qu'aucun de vous ne le démentira de la bouche ni du coeur. Mais celui que l'on aime veut qu'on lui marque son amour, non-seulement par des paroles, mais encore par des oeuvres. Dire que l'on aime, et ne point faire ce qu'ont coutume de faire ceux qui aiment, c'est sûrement une chose bien ridicule et devant Dieu et devant les hommes. Puis donc qu'il est non-seulement inutile, mais encore [197] très-nuisible, de confesser Jésus-Christ seulement de bouche, et de le renoncer par ses oeuvres, je vous conjure, mes frères, de le confesser également par vos actes, afin que Jésus-Christ lui-même nous reconnaisse en ce jour, où il déclarera devant son Père ceux qui sont dignes « d'être reçus de lui ». C'est la grâce que je vous souhaite en Jésus-Christ Notre-Seigneur, par qui et avec qui la gloire soit au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

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