HOMÉLIE LIII
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HOMÉLIE LIII.

JÉSUS DIT CES CHOSES ENSEIGNANT DANS LE TEMPLE, AU LIEU OU ÉTAIT LE TRÉSOR : ET PERSONNE NE SE SAISIT DE LUI, PARCE QUE SON HEURE N'ÉTAIT PAS ENCORE VENUE. (VERS. 20, JUSQU'AU VERS. 30.)

 

ANALYSE.

 

1. Folie et endurcissement des Juifs.

2. Jésus-Christ, parlant aux Juifs, leur montre constamment son union avec Dieu, son Père. — Il les menace. — Quelques-uns croient en lui.

3. Pour acquérir le salut, lire les saintes Ecritures avec soin et non en passant : en les méditant on apprend, la vraie doctrine et la manière de bien vivre. — Fréquenter l'Eglise, unir la parole de Dieu ; si d'abord on n'en profite pas, un jour on en profitera. C'est déjà avoir fait quelque progrès que de se reconnaître misérable. — Cérémonies qu'on pratiquait anciennement pour lire la sainte Ecriture. — S'appliquer à l'étude de l'Ecriture sainte, du moins des saints Evangiles : utilité, fruits qu'on en retire.

 

1. Quelle folie que celle des Juifs ! Ils cherchaient avant la Pâque à prendre Jésus-Christ lorsqu'il était au milieu d'eux, ils ont souvent tenté de mettre leurs sacrilèges mains sur lui, ou de le faire saisir par d'autres : leurs desseins, leurs efforts sont vains et inutiles; et ils n'admirent pas encore sa vertu: et sa puissance ne les étonne, ne les effraie point encore, mais ils persistent dans leurs complots. En effet, qu'ils cherchassent continuellement les moyens de le prendre, c'est ce que l'évangéliste atteste par ces; paroles : « Jésus dit ces choses enseignant dans le temple, au lieu où était le trésor: et personne ne se saisit de lui, [357] parce que son heure n'était pas encore venue ». Il enseignait en maître dans le temple, ce qui devait les exciter davantage : ce qu'il disait les choquait, et ils lui faisaient un crime de ce qu'il se disait égal au Père. Car cette parole: « Le témoignage de deux hommes est véritable », ne signifie pas autre chose. Cependant, dit l'évangéliste, il enseignait dans le temple et en maître : et personne ne se saisit de lui, parce que son heure n'était pas encore venue, c'est-à-dire le temps opportun où il voulait être crucifié. Voilà pourquoi il n'a point été alors en leur pouvoir de le prendre; mais, s'ils n'ont pu assouvir leur passion, c'est par un effet de la sage dispensation du Sauveur. Déjà depuis longtemps ils voulaient l'arrêter, et ils ne l'ont pu; et ils ne l'auraient jamais pu prendre, s'il ne se fût livré lui-même entre leurs mains.

« Jésus leur dit encore : Je m'en vais et vous me chercherez (21) ». Pourquoi ne cesse-t-il de leur tenir ce langage? Pour toucher leur coeur, et pour les effrayer. Remarquez la frayeur que leur causait cette parole; car voulant le faire mourir pour se délivrer de lui, ils demandent où il va : tant leur paraissaient devoir être grandes les conséquences de cette mort. Il voulait aussi leur apprendre une autre chose, que ce ne serait point par un effet de leur violence qu'il serait crucifié, mais parce que les figures de l'Ancien Testament l'avaient annoncé longtemps auparavant, et par ces paroles il annonce sa résurrection. Ils disaient donc : « Est-ce qu'il se tuera lui-même? » Que leur répond Jésus-Christ? Pour leur ôter ce soupçon et leur faire connaître que c'était là un péché, il dit : « Pour vous autres, vous êtes d'ici-bas (23) », c'est-à-dire, il n'est pas étonnant que vous ayez ces sortes de pensées, vous qui êtes des hommes charnels, et qui n'êtes nullement capables de rien concevoir de spirituel ; mais moi, je ne ferai rien de semblable : « Je suis d'en-haut ». Pour vous, « vous êtes de ce monde ». Là encore, le Sauveur parle de pensées terrestres et charnelles. Il résulte de là que cette parole: «Je ne suis pas de ce monde », ne signifie pas qu'il n'a point pris une chair, mais qu'il est exempt de leur malice et de leur méchanceté. En effet, il dit aussi que ses disciples ne sont pas de ce monde (Jean, XV, 19), et toutefois ils avaient une chair. De même donc que saint Paul disant : « Vous n'êtes pas dans la chair » (Rom. VIII, 9), ne veut pas dire que ceux à qui il parle n'ont point de corps: ainsi Jésus-Christ, disant à ses disciples qu'ils ne sont pas du monde, veut seulement rendre témoignage de leur sagesse.

« Je vous ai donc dit que si vous ne croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans vos péchés (24) »; car si Jésus-Christ est venu pour ôter le péché du monde, et si le péché ne peut être effacé que par le baptême, nécessairement il faut que celui qui ne croit pas ait le vieil homme. En effet, celui qui ne veut pas le tuer et l'ensevelir par la foi, mourra avec lui, et avec lui ira recevoir la peine de ses péchés. Voilà pourquoi le Seigneur disait : « Celui qui ne croit pas, est déjà condamné » (Jean, III, 18), non-seulement parce qu'il ne croit pas, mais aussi parce qu'il va en l'autre monde avec ses premiers péchés. « Ils lui dirent : Et qui êtes-vous donc (25) ? » O l'étrange folie ! Après un si long temps, après avoir vu tant de miracles et entendu sa doctrine, ils lui font cette question : « Et qui êtes-vous? » Que leur répond donc Jésus-Christ? « Je suis le principe de toutes choses, moi qui vous parle » ; c'est-à-dire, vous êtes indignes d'entendre ma parole, bien loin d'apprendre qui je suis : car jamais vous ne me parlez que pour me tenter, et vous ne faites nulle attention à ce que je vous dis : et c'est pour cela que maintenant j'ai bien des reproches à vous faire. Voilà, en effet, ce que signifient ces paroles : « J'ai beaucoup de choses à dire de vous, et à condamner en vous (26) ». Non seulement à reprendre, mais encore à punir. Mais celui qui m'a envoyé, je veux dire mon Père, ne le veut pas: « Car je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver. Car Dieu n'a pas envoyé son Fils pour juger le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui ». (Jean, III, 17.) Si c'est donc là pourquoi Dieu m'a envoyé, et si Dieu est véritable, j'ai raison de ne juger personne maintenant, mais je m'attache à enseigner ce qui est nécessaire au salut, et non à faire des réprimandes. Au reste, Jésus-Christ dit cela, afin que les Juifs ne croient pas que lui, qui entend de si grandes choses, il manque de la force nécessaire pour les punir, ou qu'il ignore leurs pensées et leurs dérisions.

« Et ils ne comprirent pas qu'il parlait de son Père (27) ». O folie ! ô aveuglement ! Jésus ne cessait de parler de son Père, et ils [358] ne s'en apercevaient point ! Après quoi, n'ayant pu les attirer ni par un grand nombre de miracles, ni par sa doctrine et ses instructions, il les entretient enfin de son crucifiement et leur dit: « Quand vous aurez élevé en haut le Fils de l'homme », dit-il, « alors vous connaîtrez qui je suis, et que je ne parle point de moi-même, et que mon Père, qui m'a envoyé, est avec moi et ne m'a point laissé seul ». Jésus-Christ fait voir par là que c'est avec justice qu'il a dit : « Je suis le principe de toutes choses, moi-même qui vous parle ».

2. Tant les Juifs étaient peu attentifs à ce que leur disait Jésus-Christ. « Lorsque vous aurez élevé en haut le Fils de l'homme » alors, dit-il, vous pensez me faire périr, vous débarrasser de moi: mais moi, je vous dis que c'est principalement alors que vous connaîtrez « qui je suis »; vous le connaîtrez par les prodiges et les miracles que je ferai, par ma résurrection, par votre ruine. En effet, toutes ces choses étaient bien propres à faire éclater la puissance du Seigneur. Il n'a point dit : Vous connaîtrez alors qui je suis; mais il dit Lorsque vous verrez que la mort n'aura point eu d'empire sur moi, qu'elle n'aura produit en moi nul changement, ni aucune altération, alors vous connaîtrez qui je suis, savoir, que je suis le Christ, Fils de Dieu, qui gouverne et. conduit tout; et qui ne suis pas contraire au Père. Voilà pourquoi il a ajouté : « Et je ne dis rien de moi-même ». Vous connaîtrez, en effet, ces deux vérités, et ma puissance, et mon union avec mon Père. Car ce mot : « Je ne dis rien de moi-même », montre l'égalité et l'unité de substance, et qu'il ne dit rien contre la volonté de son Père. Quand votre culte sera changé et aboli, et qu'il ne vous sera plus permis d'adorer le Père selon votre ancienne coutume (1), alors vous connaîtrez, qu'irrité contre ceux qui ne m'ont point écouté, il prend ma défense et me venge lui-même. C'est comme s'il disait : Si j'étais opposé et contraire à Dieu, il n'aurait pas conçu une si grande colère contre vous. Isaïe le déclare aussi : « Il livrera les, impies pour sa sépulture » (Isaïe, Luc, 9); et David: « Il leur parlera alors dans sa colère » (Ps. III, 5) ; et le Seigneur lui-même : « Le temps s'approche que votre maison demeurera déserte » (Match. XXIII, 38) ; écoutez de plus la parabole : « Que

 

1. C. à. d. Par des sacrifices et vos cérémonies légales.

 

fera le Seigneur de la vigne à ces vignerons? « Il fera périr misérablement ces méchants ». (Matth. XXI, 40.) Ne remarquez-vous pas que partout il parle de même, attendu qu'ils ne le croyaient point encore?

Que si le Seigneur doit les faire périr, comme véritablement il le fera (car il dit : « Ceux qui ne veulent point m'avoir pour roi, qu'on les amène ici, et qu'on les tue en ma présence). » (Luc. XIX, 27) ; pourquoi cette oeuvre, ne se l’attribue-t-il pas à lui-même, mais au Père? C'est pour s'accommoder à la portée des Juifs, et aussi pour honorer son Père. Voilà pourquoi il n'a point dit : Je laisse votre maison déserte, mais « votre maison demeurera déserte », parlant impersonnellement. Mais, avoir dit : « Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, et tu ne l'as pas voulu » (Luc, XIII, 34) ; et ajouter ensuite : « Elle demeurera »; c'est montrer assez qu'il est l'auteur de la désolation. Puisque, dit-il, mes bienfaits, ma sollicitude, ne vous ont pas déterminés à croire en. moi, les supplices vous feront connaître qui je suis.

« Et mon Père est avec moi ». De peur qu'ils ne. crussent que cette parole : « Celui qui m'a envoyé », marquait qu'il était moins grand que le Père, il ajoute : « Il est avec moi ». Car l'un de ces termes se rapporte à l'incarnation, l'autre à la divinité. « Et il ne m'a point laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable ». Jésus-Christ descend encore à un langage plus humain, combattant sans relâche ce que disaient les Juifs, qu'iil n'était point envoyé de Dieu, qu'il ne gardait pas le sabbat; il dit : « Je fais toua jours ce qui lui est agréable ». Par où il insinue que là violation du sabbat est agréable au Père. De même, lorsqu'on le menait à la croix, il dit: « Croyez-vous que je ne puisse pas prier mon Père? » (Matth. XXVI, 53.) Et toutefois, par cette seule parole: « Qui cherchez-vous ? » (Jean, XVIII, 4, 6), il les renversa tous par terre. Pourquoi donc né dit-il pas : Ne, croyez-vous pas que je puisse vous faire périr, quand il l'a prouvé par des faits? Il se proportionne à leur portée. Car il avait grand soin de montrer qu'il ne faisait rien de contraire à son Père. De même ici il parle à la manière des hommes et dans le même sens qu'il a dit : « Il ne m'a point laissé seul » ; il dit ici : « Je fais ce qui lui est agréable ».

« Lorsqu'il disait ces choses, plusieurs [359] crurent en lui (30) ». Lorsque le Sauveur s'est abaissé et qu'il a parlé d'une manière simple et grossière, alors plusieurs ont cru en lui. Après cela, me demanderez-vous encore pourquoi Jésus s'abaisse ainsi à parler d'une manière simple et grossière? Mais l'évangéliste vous en a. manifestement fait connaître la raison par ces paroles : « Lorsqu'il disait ces choses, plusieurs crurent en lui ». Les faits mêmes semblent crier par sa bouche : Ne vous troublez pas, vous qui m'écoutez, si vous entendez des paroles basses et grossières; des hommes qui, après avoir entendu une si grande et si sublime doctrine, n'ont point été persuadés que celui qui l'enseignait était envoyé du Père, ne pouvaient guère être amenés à la foi par des choses- grossières. Et ceci est la justification de ce que le Sauveur pourra dire dans la suite de bas et de grossier.

Les Juifs crurent donc, non pas comme il aurait fallu, mais selon leur portée, grâce à cette simplicité de langage qui charmait et reposait leur esprit. En effet, que leur foi n'était point parfaite, l'évangéliste le fait voir après, en rapportant les outrages qu'ils firent à Jésus-Christ; et pourtant c'étaient les mêmes Juifs qui avaient cru; il le déclare ouvertement par ces paroles : « Jésus dit donc aux Juifs qui croyaient en lui : Si vous persévérez dans la créance de ma parole (31) » ; montrant qu'ils n'avaient point encore compris sa doctrine, et que seulement ils écoutaient ce qu'ils disaient; c'est pourquoi il parle avec plus de force, car il s'était d'abord contenté de dire simplement : « Vous me chercherez »; mais maintenant il ajoute : « Vous mourrez dans votre péché ». Et il leur fait connaître comment cela arrive : Quand vous serez morts, dit-il, dans votre péché, vous ne pourrez pas me prier, ni me demander grâce. « Ce que je dis dans le monde ». Par ces paroles, il déclare aux Juifs qu'il va passer vers les gentils. Mais comme ils n'avaient pas compris que c'était de son Père qu'il leur avait parlé auparavant, il leur en parla encore; et l'évangéliste montre la cause pour laquelle le Sauveur s'est servi d'expressions basses et grossières.

3. Si donc nous lisons avec beaucoup de soin et d'attention les saintes Ecritures, et non pas légèrement et en passant, nous pourrons acquérir le salut; si nous les étudions et les méditons assidûment, nous apprendrons la vraie doctrine et la manière de bien vivre. Qu'on soit dur et violent, qu'on ait une âme molle, qu'on soit lâche, qu'autrefois on n'ait nullement profité de cette lecture, maintenant, du moins, on en profitera et on en retirera quelque utilité, fût-elle imperceptible. En effet, si quelqu'un entre dans la boutique d'un parfumeur et s'y arrête un peu, même malgré lui, il sentira bon, il répandra une douce et agréable odeur; à plus forte raison la répandra-t-il, cette bonne odeur, celui qui fréquente l'Eglise. Car, comme de la paresse naît la paresse, de même du travail naît la force et la vigueur de l'âme. Encore que vous soyez chargé d'une multitude de péchés, que vous soyez impur, ne vous éloignez pas pour cela de nos saintes assemblées.

Et de quoi, direz-vous, me servira-t-il d'y assister, si je ne profite pas de ce qu'on y enseigne? Ah ! si vous vous reconnaissez pécheur, si vous vous édites misérable, ce n'est point là un petit profit, ce n'est point là une crainte mal placée, ce n'est point là une frayeur inutile : si seulement vous gémissez de ne pratiquer point ce que vous avez entendu, un jour viendra que vous le pratiquerez. Car il est impossible que celui qui s'entretient avec Dieu et l'écoute, n'en retire pas quelque profit. Au moment de prendre le divin livre des Ecritures, nous nous recueillons et nous lavons nos mains. Ne voyez-vous pas combien de précautions avant même de commencer cette respectable lecture ? Si nous la continuons avec soin et avec attention, nous en rapporterons de grands fruits. En effet, si cette lecture ne nous inspirait de pieuses dispositions, nous ne nous laverions pas les mains; les femmes, qui ont la tête découverte, ne la couvriraient pas aussitôt de leur voile, en signe de recueillement intérieur; les hommes, dont la tête est couverte, ne la découvriraient pas. Voyez-vous que la posture extérieure est un témoignage de la piété qu'on a dans le coeur ? Ensuite, assis pour écouter, on pousse des gémissements, on condamne sa vie passée.

Appliquons-nous donc, mon cher auditeur, à la lecture de l'Ecriture sainte , du moins lisons avec soin les saints évangiles. A peine aurez-vous ouvert ce livre, que vous y verrez le nom de Jésus-Christ, et que vous l'entendrez parler : « Quant à la naissance de Jésus-Christ, elle arriva de cette sorte : « Marie, sa mère, étant fiancée à Joseph, se trouva [360] grosse, ayant conçu dans son sein » par l'opération « du Saint-Esprit, avant qu'ils eussent été ensemble ». (Matth. I, 18.) Or, celui qui entend ces paroles est tout à coup épris de l'amour de la virginité, il admire ce merveilleux enfantement, il s'élève au-dessus de la terre, il la quitte. Ce n'est point déjà une chose de médiocre importance, que le Saint-Esprit n'ait pas dédaigné de remplir une vierge de sa grâce, et un ange de lui parler et s'entretenir avec elle; toutefois ce n'est encore là que ce que l'on voit au commencement. Mais si vous continuez votre lecture jusqu'à la fin, bientôt vous rejetterez toutes les choses du siècle, vous rirez de tout ce qui est terrestre ; si vous êtes riche, vous ne ferez point de cas des richesses, quand vous aurez appris que cette femme d'un charpentier, logée dans une pauvre maison, est la mère du Seigneur; si vous êtes pauvre, vous ne rougirez point de votre pauvreté , lorsque vous apprendrez que le Créateur du monde n'a point rougi d'habiter une humble chaumière.

Si vous méditez ces choses, mon cher frère, vous ne volerez point, vous ne serez point avare, vous n'envahirez pas le bien d'autrui, mais plutôt, vous aimerez la pauvreté et vous mépriserez les richesses; par là, vous éloignerez de vous toutes sortes de maux et de vices. Et encore, lorsque vous verrez Jésus couché , dans une crèche, vous n'aurez plus envie de donner à votre fils un habit tissu d'or, ni à votre femme un lit orné d'argent; et, une fois libre de ces vaines préoccupations, vous ne vous livrerez plus à l'avarice et aux rapines qu'elles provoquent. Il vous en reviendra encore bien d’autres avantages que nous ne saurions présentement détailler, mais que connaîtront ceux qui feront cette expérience.

C'est pourquoi je vous exhorte, mes frères, à faire emplette des saints livres, à en étudier le sens et à le graver dans votre mémoire. Les Juifs, pour les avoir négligés, reçurent l'ord~e de les porter attachés à leurs mains. (Deut. VI.) Pour nous, nous ne les portons pas ans nos mains, mais nous les laissons dans nos demeures, au lieu de les graver dans nos coeurs, comme nous le devrions; car c'est de cette manière, qu'après avoir lavé nos souillures, nous obtiendrons les biens à venir, que je vous souhaite, par la grâce et la bonté de Notre Seigneur Jésus-Christ, par lequel et avec lequel gloire soit au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

 

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