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DEUXIÈME SERMON POUR LE JOUR DE LA PURIFICATION DE LA SAINTE VIERGE. Ordre de la procession du Christ dans le temple et manière dont elle s'accomplit.
1. Grâces soient rendues à notre Rédempteur qui nous a si généreusement prévenus des douceurs de ses bénédictions, qui a multiplié nos motifs de joie dans les mystères de son enfance. Il y a quelques jours à peine, nous célébrions sa Nativité, sa Circoncision et son Epiphanie, et aujourd'hui se lève encore un jour de fête pour nous, celui de sa Présentation au temple. En effet, c'est aujourd'hui qu'on offre au Créateur le fruit sublime de la terre, aujourd'hui que, par les mains d'une Vierge, est présentée à Dieu, dans son temple, une hostie de propitiation, une victime agréable; 'aujourd'hui qu'elle est portée par ses parents, et attendue par des vieillards. Aujourd'hui, en effet, Marie et Joseph viennent offrir un sacrifice de louanges, un vrai sacrifice matinal; Siméon et Anne le reçoivent. Voilà les quatre personnes qui ont fait la procession qui est aujourd'hui rappelée à notre souvenir, comme un jour de fête, sous les quatre vents du ciel. Comme nous devons, nous aussi, faire aujourd'hui cette procession avec un appareil de fête inaccoutumé a dans nos autres solennités; il ne me semble pas hors de propos de vous faire remarquer en quel ordre et de quelle manière elle se passe. Nous avançons deux à deux, tenant à la main un cierge allumé, mais allumé à un feu consacré d'abord à l'Eglise par la bénédiction du prêtre, non à un feu ordinaire. De plus, dans cette procession, les derniers sont les premiers, et les premiers sont les derniers, et, en parcourant les voies du Seigneur, nous célébrons dans nos chants la grandeur de sa gloire. 2. Ce n'est pas sans raison que nous nous avançons deux à deux. Nous voyons, en effet, dans l'Évangile (Luc. X, 1) que c'est ainsi que le Sauveur envoya ses disciples pour nous faire estimer la charité fraternelle et la vie commune. Celui qui voudrait marcher seul à son rang dans cette procession, en troublerait l'ordre, se nuirait à lui-même dans sa solitude, et gênerait en même temps les autres, ceux qui se mettent ainsi à l'écart sont des hommes charnels qui n'ont point l'esprit de Dieu (Jud. 19), et qui n'ont aucun souci de conserver l'unité d'un même esprit par le lien de la paix (Ephes. IV, 3). Mais, s'il n'est pas bon que l'homme soit seul, il ne faut pas non plus qu'il se présente à Dieu les mains vides. (Exod. XXIII, 15), car si on reproche
a Ces paroles ont trait à une objection que Abélard faisait à saint Bernard dans sa lettre V, où il disait : « Vous avez supprimé chez vous, à peu prés toute la pompe des processions. »
à ceux mêmes qui n'ont point trouvé de maître pour les employer (Matt. XX, 6), de demeurer à ne rien faire, à combien plus forte raison ceux qui sont loués mériteront-ils d'être blâmés s'ils ne font rien? «La foi sans les oeuvres n'est-elle pas une foi morte (Jacob. II, 26) ? » Nous devons donc accomplir les oeuvres que nous avons à faire, avec ferveur, et dans tous les désirs de notre âme, si nous voulons avoir des lampes ardentes dans nos mains, autrement craignons, si nous sommes tièdes, de causer des nausées à Celui qui s'exprime ainsi dans son Evangile : « Je suis venu apporter le feu sur la terre, et que désiré-je, sinon qu'il s'allume (Luc. XII, 49) ? » Il est bien certainement lui-même le feu béni, le feu sacré que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde, et qui est l'objet de nos bénédictions dans nos Eglises, selon ce mot du Psalmiste : » Bénissez le Seigneur dans vos églises, c'est-à-dire dans vos assemblées, (Psal. LVIII, 27). » Notre ennemi a aussi, car c'est un pervers imitateur des oeuvres de Dieu, notre ennemi, dis-je, a aussi son feu à lui, c'est le feu de la concupiscence de la chair, le feu de l'envie et de l'ambition, ce feu que le Sauveur n'est certes pas venu allumer, mais éteindre sur la terre. Si jamais quelqu'un ose se servir de ce feu étranger dans le sacrifice qu'il offre à Dieu, il périra dans son iniquité, eût-il Aaron même pour auteur de sa race. 3. Mais c'est peu de ce que nous avons dit de la vie commune, de la charité fraternelle, des bonnes oeuvres, et de la sainte ferveur, la vertu de l'humilité est plus grande encore, et nous est bien nécessaire aussi pour que nous nous prévenions les uns les autres par des témoignages de déférence et d'honneur (Rom. XII, 10), et que chacun de nous donne le pas sur lui non-seulement à ceux qui sont placés avant lui, mais à ceux qui sont plus jeunes que lui, car c'est en cela que consiste la perfection de l'humilité et la plénitude de la justice. Puis, comme Dieu aime celui qui donne le coeur gai (II Cor. IX, 7), et que le fruit de la charité est la joie dans le Saint-Esprit, chantons, comme il est dit, dans les voies du Seigneur, et célébrons la grandeur de sa gloire ; faisons entendre au Seigneur un cantique nouveau, parce qu'il a fait des merveilles. Dans tout cela, s'il s'en trouve par hasard un seul quine veuille point avancer, et qui ne cherche point à marcher de vertu en vertu, il faut qu'il sache, quel qu'il soit, qu'il est en station, non en procession; que dis-je, il recule au lieu de stationner, car dans le chemin de la vie, ne point avancer c'est reculer, puisque rien n'y demeure constamment dans le même état. Or, votre avancement à vous, mes frères, consiste, comme je vous l'ai dit bien souvent, à être convaincus que nous n'avons point encore atteint le but, à marcher sans cesse en avant, à tendre constamment vers quelque chose de mieux, et à mettre toujours nos imperfections sous les yeux de la miséricorde divine.
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