SAINT MALACHIE II
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DEUXIÈME SERMON SUR LE SAINT ÉVÊQUE MALACHIE.

 

1. Il est certain que pendant que nous habitons dans ce corps, nous sommes éloignés du Seigneur (II Cor. V, 6); aussi, la pensée de ce triste exil et la conscience de nos péchés sont-elles bien propres à nous inviter à la tristesse bien plutôt qu'à la joie. Mais comme l'Apôtre nous engage à nous réjouir avec ceux qui sont dans la joie (Rom. XII, 15), c'est pour nous le jour. de nous laisser aller à tous les sentiments de la joie, nous avons, d'ailleurs, un motif de le faire. En effet, s'il est vrai, comme l'a senti le Prophète., que les justes se réjouissent en présence de Dieu (Psal. LXVII, 3), on ne peut révoquer en doute que Malachie qui, pendant le cours de sa vie mortelle, a su plaire à Dieu et s'est trouvé juste, ne soit au comble de la joie. Il a exercé devant lui son ministère (Eccl. XXIV, 14) dans la justice et la sainteté; ministre et ministère furent agréables à Dieu. Pourquoi n'en aurait-il point été ainsi? Il a prêché l'Évangile avec désintéressement, il l'a répandu dans toute sa patrie, et il a fini par triompher des moeurs barbares et farouches des habitants de l'Irlande; il a soumis, parle glaive de l'esprit, les nations étrangères au joug d'ailleurs léger du Christ; il a reculé les bornes de son héritage jusques aux confins du monde. O ministère fécond en résultats ! ô ministre fidèle ! N'a-t-il point été l'instrument dont le Père s'est servi pour accomplir les promesses qu'il avait faites à son fils? N'est-ce pas lui que le Père avait en vue quand il disait à son fils : « Je vous donnerai les nations pour héritage, et. j'étendrai votre empire jusqu'aux extrémités de la terre (Psal. II, 8)? » Combien volontiers le Sauveur reçut ce qu'il avait acheté, mais acheté au prix de son sang, des ignominies de la croix et des horreurs de sa passion ! Mais surtout avec quel plaisir il le reçut des mains de Malachie qui le servait pour rien! Ce qui lui plaisait dans son ministre, c'était le don gratuit, et dans son ministère, la conversion des pécheurs. Oui, ce qui le charmait dans son ministre, c'était, je le répète, un oeil simple, et ce qui lui plaisait dans son ministère, c'était le salut du peuple.

2. Après tout, si le ministère de Malachie avait été moins fructueux, le Seigneur n'en aurait pas moins abaissé des regards de complaisance sur son ministre et sur ses oeuvres, car ce qu'il aime c'est la simplicité, et sa justice consiste surtout à juger les oeuvres sur les intentions, et à apprécier l'état du corps entier, d'après celui de l’oeil. Mais les oeuvres du Seigneur sont grandes et proportionnées à toutes les volontés et à tous les désirs de Malachie (Psal. CX, 2) : Oui, elles ont été grandes, et nombreuses, et bonnes, mais elles étaient encore d'un bien plus grand prix, à cause de la pureté d'intention qui les inspirait. Quelle est l'oeuvre de piété que Malachie n'est pas faite? S'il était pauvre pour lui, il était riche pour les pauvres. C'était le père des opprimés. Il donnait avec bonheur, demandait rarement, et ne recevait qu'avec embarras. Un de ses plus grands soins fut de rétablir la paix là où elle était troublée, et il y réussit bien souvent. Vit-on jamais homme aussi tendre à la compassion, aussi prompt au secours, aussi indépendant dans la réprimande ? S'il avait un grand zèle, le zèle chez lui n'allait point sans la science qui en est la modératrice. On le voyait faible avec les faibles, mais il savait se montrer puissant parmi les puissants, résister aux superbes, frapper lés tyrans, et donner des leçons aux princes et aux rois. N'a-t-il pas, d'un mot de prière, privé de la vue un roi injuste, et ne la lui a-t-il pas rendue quand ce roi se fut humilié. C'est lui aussi qui livra à un esprit d'erreur, et les empêcha de faire le mal, des hommes qui avaient violé la paix, et qui leur fit conclure un nouveau traité de paix, après les avoir confondus et stupéfaits, par ce. qui leur était arrivé. C'est encore lui qui, dans l'autre camp, violateur à son tour des conventions mutuelles, fit servir, bien à propos à ses desseins un petit ruisseau sur les bords duquel vinrent échouer les projets des impies. Il n'était point tombé d'eau, il n'y avait eu aucune inondation, le temps ne s'était pas montré nuageux, nulle fonte de neiges ne s'était produite, et néanmoins un tout petit ruisseau se changea tout à coup en un fleuve immense ; on le voyait rouler ses eaux, grossir et déborder, et ceux qui voulaient pousser outre pour accomplir leurs mauvais desseins ne purent trouver un passage.

3. Que n'avons-nous pas appris, que n'avons-nous point vu du zèle de cet homme et de la vengeance qu'il sut tirer de son ennemi, quelque doux et pacifique qu'il fût, et quelque riche en miséricordes qu'il se montrât avec tous ceux qui se trouvaient dans le malheur? On Pelât pris pour le hère de toutes ses ouailles, tant il ne vivait que pour elles toutes ; comme la poule qui rassemble ses poussins, il rassemblait tous ses peuples et les protégeait à l'ombre de ses ailes. Il ne s'inquiétait ni du sexe, ni de l'âge, n'avait égard ni au rang, ni à la condition; il ne faisait défaut à personne, et il ouvrait à tout le monde le sein de sa ,charité. Du fond de quelque affliction qu'on criât vers lui, cette affliction devenait la sienne, avec cette différence pourtant, qu'on le voyait aussi compatissant aux maux d'autrui, souvent même aussi impatient pour le prochain qu'il était patient pour lui-même. En effet, on le vit plusieurs fois, rempli d'un zèle ardent, s'élever avec force pour le prochain, contre ceux qui l'opprimaient, arracher les faibles à leurs ennemis, réprimer les forts pour les sauver également les uns et les autres. On le vit donc entrer en colère, mais ce ne fut jamais que dans la crainte de pécher, s'il ne le faisait point, selon le conseil du Psalmiste : « Mettez vous en colère, et ne péchez point (Psal. IV, 5). » La colère n'était point maîtresse de lui, mais lui se possédait toujours, était constamment maître de soi. Vainqueur de lui-même , il ne pouvait être vaincu par la colère. Il avait sa colère dans la main : l'appelait-il à lui, elle se présentait , mais ne lui échappait jamais, elle obéissait au premier signe, mais ne cédait pas à sa fougue naturelle. Enfin, il s'en servait, mais n'était jamais lui-même à son service. Il était d'une circonspection extrême et d'un soin très-grand à régler et à réprimer, non-seulement les mouvements de la colère , mais encore tous les mouvements de notre double nature ; car il n'avait pas tellement l'œil sur les autres, qu'il ne veillât point sur lui et s'exceptât seul de sa vigilance générale; il avait souci de lui, comme des autres, et veillait sur lui. Tout entier à lui-même et tout entier au prochain, on ne vit jamais la charité l'empêcher d'avoir l'oeil ouvert sur lui, ni le soin de son propre salut l'arrêter, ou seulement le retarder en quoi que ce soit, dans ce qui intéressait les autres. Si vous l'aviez vu au milieu des agitations de toutes sortes et des mille soins dont il était occupé, vous auriez cru qu'il n'existait que pour sa patrie, non pour lui ; mais si vous l'aviez vu ensuite seul et dans la retraite, il vous aurait semblé qu'il ne vivait que pour Dieu et pour lui-même.

4. On le voyait calme au milieu du tumulte des affaires, et occupé jusque dans les heures qu'il donnait au repos. Comment, en effet, aurait-il pu demeurer oisif quand il était tout entier aux justices du Seigneur. Les affaires du peuple lui laissaient quelquefois un moment de répit, jamais il ne se reposait des saintes méditations; jamais il n'interrompait les doux loisirs de la contemplation. A ses heures de répit, ou il gardait le silence, ou, s'il parlait, il parlait peu. S'il levait les yeux, c'était pour remplir un devoir, autrement il les tenait baissés ou les repliait en lui-même. Car, et ce n'est pas un mince éloge parmi les sages, ses yeux étaient dans sa tête et n'en sortaient que pour obéir à la voix de la vertu. Son rire était un témoignage de charité, ou un appel à cette vertu, mais il était rare, il s'épanouissait sur les lèvres, mais il n'y éclatait jamais avec fracas; aussi témoignait-il de la joie de son coeur sans rien ôter, que, dis-je, en ajoutant au contraire à la grâce de son visage. Ce rire était si modeste, .qu'on ne pouvait le soupçonner de légèreté ; mais, si peu bruyant qu'il fût, il suffisait à dissiper de son joyeux visage, tonte ombre, tout nuage de tristesse. O don parfait! ô gras holocauste! quels services- pleins de grâces que ceux de son esprit ou de sa main? Quelle bonne odeur il exhalait devant Dieu dans le calme de ses prières! et quels parfums délicieux aussi pour ses semblables dans les sueurs et les fatigues de ses nombreuses occupations !

5. Voilà ce qui a rendu avec raison Malachie cher à Dieu et aux hommes, et lui a valu d'être admis aujourd'hui même dans la société des anges, et d'être, en effet, l'un de ceux dont il n'avait fait jusqu'alors que mériter de recevoir le nom. Jusqu'à ce jour, sa pureté. lui avait valu le nom d'ange, mais, plus heureux à présent, il en a plus que le nom, depuis qu'il partage la gloire et le bonheur de ces esprits bienheureux. Félicitons donc, mes frères, félicitons, comme il convient, notre Père, car s'il est conformé à la piété de pleurer la mort de Malachie, il n'est; pas moins conforme au même sentiment de nous réjouir avec lui de sa nouvelle vie. N'est-il-pas vivant en effet ? Oui, oui, il l'est , et sa vie est une vie heureuse. Aux yeux des insensés, il a semblé mourir, mais il est en paix ; et maintenant, devenu le concitoyen des saints, le familier de Dieu, il mêle ses chants aux actions de grâces, et répète : « J'ai passé par l'eau et par le feu, et vous m'avez conduit, Seigneur, dans un lieu de rafraîchissement (Psal. LXV, 12). » Il est vrai, il a passé par ces épreuves, en homme de coeur, et il l'a fait avec bonheur. Il a célébré en esprit sa pâque en véritable Israélite, et, en passant, il nous a parlé, il nous a dit : J'ai désiré d'un désir bien grand, manger cette pâque chez vous. Il a passé par l'eau et le feu, mais les épreuves n'ont pu le briser , ni les douceurs le captiver. Réjouissons-nous donc de ce que notre ange est, monté vers ses concitoyens, pour s'acquitter d'une ambassade pour les enfants de la captivité, nous concilier le coeur des bienheureux, et leur faire connaître les vœux de nos coeurs malheureux. Oui, réjouissons-nous, vous dis-je , et, livrons-nous à l'allégresse, car le choeur céleste possède maintenant un des nôtres qui aura notre bien à coeur, qui nous protégera par ses vertus, après nous avoir formés par ses exemples, et fortifiés par ses miracles.

6. Notre saint Pontife, qui avait souvent, en esprit de piété, offert au ciel des hosties pacifiques, a pénétré aujourd'hui par lui-même, en qualité de prêtre et d'hostie, sur l’autel du Seigneur. Notre prêtre nous ayant quittés, le rite de son sacrifice s'est changé en s'améliorant, la fontaine de ses larmes s'est tarie, et son holocauste tout entier se consomme dans la joie et l'allégresse. Béni soit le Seigneur Dieu de Malachie, qui a visité son peuple par le ministère d'un si grand pontife, et qui maintenant, après l'avoir rappelé dans la cité sainte, ne cesse de consoler notre captivité par le souvenir d'une pareille douceur. Que l'esprit de Malachie tressaille dans le Seigneur de ce que soulagé du poids de son corps matériel, il n'est plus alourdi par aucune substance terrestre ou matérielle, ni empêché de s'élever au delà de tous les êtres corporels et même incorporels, avec toute sorte de rapidité et de légèreté, et d'aller tout entier en Dieu, s'attacher à lui, et faire avec lui à jamais un seul et même esprit.

7. La sainteté doit être l'ornement de votre maison , Seigneur , de ce séjour où se garde le souvenir d'un si grand saint. Saint Malachie, conservez-la dans la sainteté et dans la justice , ayez pitié de nous, au milieu des misères si grandes et si nombreuses où nous nous trouvons plongés, pendant que nous célébrons le souvenir de votre excessive douceur. Le ciel vous a comblés de bien grandes grâces quand il vous a fait si petit à vos. yeux, et si grand à ceux de Dieu ; quand il a fait de si grandes choses pour, vous et sauvé votre patrie ; Dieu a fait de grandes choses pour vous, quand il vous a fait entrer dans sa gloire. Que votre fête, que vos vertus ont rendue bien légitime, nous devienne, par vos mérites et vos prières, une occasion de salut ! La gloire de votre sainteté que nous nous plaisons à, célébrer, est continuée par les anges, sera pour nous un digne motif de joie, si elle nous fait produire quelques  bons fruits. Puissiez-vous, en vous éloignant de nous, laisser quelques restes des fruits de votre esprit dont vous montez chargé vers les cieux, à nous qui sommes aujourd'hui assis à votre délicieux banquet.

8. Soyez donc pour nous, nous vous en prions, saint Malachie, un autre Moïse ou un second Elie, et laissez-nous quelque chose de votre esprit, puisque c'est dans leur esprit et dans leur vertu que vous êtes venus sur la terre. Votre vie est une règle de vie et de discipline, votre mort le port de la mort et la porte de la vie, votre mémoire la douceur même de l'onction et de la grâce, votre présence la couronne de gloire dans la main du Seigneur votre Dieu. O olivier fertile dans le champ du Seigneur ! huile de joie qui oint et qui brille, qui oint par les bienfaits et brille par les miracles ! faites-nous participer à votre onction et à votre lumière. O lis odoriférant qui pousse éternellement sous les yeux du Seigneur, qui fleurit et répand partout sa vivifiante et douée odeur; lis dont le souvenir est en bénédiction parmi nous et dont la présence est en honneur dans les cieux ! faites que ceux qui chantent vos louanges ne soient point frustrés de leur part de votre plénitude. O bel astre, lumière qui brille dans les ténèbres et qui éclaire notre prison de l'éclat de ses miracles et des rayons de ses vertus, lumière, qui réjouit la cité sainte, dissipez dans nos coeurs, par la splendeur de vos vertus, les ténèbres de nos vices. O étoile du matin, qui l'emportez d'alitant plus en clarté sur les autres étoiles que vous êtes plus proche du jour et plus semblable au soleil, daignez précéder nos pas, afin que nous marchions à la lumière comme de vrais enfants de lumière, non de ténèbres. O aurore, qui n'est encore que le point du jour pour notre terre, mais qui déjà brille comme le plein midi aux célestes plages, reçois-nous au sein de la lumière, de cette lumière dont tu es inondée et qui te fait briller au loin, hors de toi, et brûler doucement au dedans, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est Dieu et règne avec le Père et le Saint-Esprit pendant les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

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