TOUSSAINT III
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TROISIÈME SERMON POUR LE JOUR DE LA TOUSSAINT. Comment les âmes saintes seront sans tache et sans ride.

 

1. Vous avez pu remarquer, parce que je vous ai dit dans mon dernier sermon, qu'il y a trois états pour les âmes saintes : elles sont ou dans leur corps mortel, ou sans leur corps mortel, ou avec leur corps glorifié. Dans le premier cas, elles sont encore militantes, dans le second elles sont cri repos, et dans le troisième elles jouissent d'un bonheur consommé. Dans le premier état elles se. trouvent sous la tente, dans le second sous les portiques, dans le troisième dans la maison même de Dieu. « Que vos tentes sont aimables, Seigneur Dieu des vertus (Psal. LXXXIII, 1) ! » Mais vos portiques sont encore bien plus dignes d'envie, selon ce que dit le Prophète, en ajoutant : « Mon dure soupire après les portiques du Seigneur, elle tombe en défaillance par l'ardeur de ses désirs; » Mais comme il y a place pour les défaillances dans ces portiques, selon ce que dit le prophète, il n'y a de bonheur parfait que pour ceux qui habitent dans votre maison, Seigneur. Aussi, mes frères, ne suis-je senti tout pénétré de joie et de bonheur, quand il m'a été dit que nous irions dans la maison du Seigneur (Psal. CXXI, 1). Si vous me demandez d'où nie vient cette assurance, je vous répondrai, c'est que je vois déjà un grand nombre des nôtres arrivés sous les portiques, n'attendant plus que le moment où ils doivent recouvrer leurs corps, et que le nombre de leurs frères soit complété, car ils n'entreront point sans nous, ni sans leur corps, loirs la bienheureuse demeure du ciel; je veux dire que les saints n'y entreront point isolément, ni l'esprit sans la chair. Il ne saurait y avoir, en effet, de félicité parfaite, tarit que l'homme à qui elle est donnée n'est pas lui tout. entier, noir plus qu'un état parfait pour l'Eglise , tarit qu'elle n'est pas parfaite elle-même. Voilà pourquoi, ainsi que je vous le disais dans mon dernier sermon, les âmes qui demandaient à Dieu la résurrection de leur corps ont reçu de, lui cette réponse : « Attendez avec patience quelque. temps encore, jusqu'à ce que le nombre de vos frères soit accompli (Apoc. VI, 11). » Ils ont déjà reçu chacun une robe, ils ne recevront la seconde que lorsque nous la recevrons nous-mêmes, selon ce que l'Apôtre affirme des patriarches et des prophètes quand il dit : « Dieu a voulu, par une faveur singulière qu'il nous a faite, qu'ils ne reçussent qu'avec nous l'accomplissement de leur bonheur (Hebr. XI, 40). » La première robe, dont je vous parlais tout à l'heure, n'est autre chose que la félicité et le repos des âmes, la seconde est l'immortalité et la glorification de leurs corps. Aussi entendez-les s'écrier : « Seigneur, vengez le sang de vos saints qui a été répandu (Apoc. VI, 10) ; » ce n'est pas qu'ils soient altérés de vengeance, ni ardents à la poursuivre ; mais c'est qu'ils soupirent après le jour de la résurrection et de la glorification de leurs corps, qu'ils savent bien ne devoir avoir lieu qu'au jugement dernier.

2. Mais d'où te vient donc cet excès d'honneur, ô chair misérable, chair fétide et repoussante, d'où te vient cet honneur, que des âmes saintes, que Dieu a faites à son image, rachetées de son rang, soupirent après toi, et n'attendent plus que toi? Que sans toi leur joie ne peut être complète, leur gloire ne saurait être achevée, leur félicité ne peut être consommée? Ce désir, qui leur vient de la nature, est si grand en elles, qu'il empêche; leur coeur de tendre en toute liberté vers Dieu, les retient en quelque sorte de force, les incline si violemment vers toi qu'il semble leur causer des rides. Aussi, saint Jean qui a été inspiré du Saint-Esprit pour nous donner plusieurs ouvertures sur l'état des âmes bienheureuses qui jouissent maintenant du bonheur et du repos, nous dit-il : « Elles sont. sans tache, devant le trône de Dieu (Apoc. XIV, 4), sans tache, dis-je, mais non sans ride, tant que n'aura pas lui le jour où le Christ doit se donner une Église glorieuse, n'ayant plus ni tache ni ride. Or, elle ne saurait se trouver sans tache parmi ceux qui combattent encore, car nul de nous n'est exempt de souillure, pas même l'enfant qui n'a passé qu'un jour sur la terre, où la vie, selon Job, n'est autre chose qu'un combat continuel (Job, VII, 1). Mais considérée dans ceux qui reposent maintenant sous l'autel du Seigneur, elle est bien sans aucune tache, selon ces paroles du Psalmiste : « Seigneur, qui demeurera dans votre tabernacle, ou qui reposera sur votre montagne sainte? Ce sera celui qui y entre sans tache (Psal. XIV, 1).» Il n'y a donc que celui qui se présente sans souillure qui se repose sur la montagne du Seigneur; quant à s'élever au dessus de la montagne, cela n'est donné qu'à, ceux qui seront exempts même de ride. Or, si vous voulez savoir quand les âmes saintes seront sans ride, quand les cieux se développeront comme une peau parfaitement tendue et ne faisant pas le plus petit pli, ce ne sera, soyez-en surs, que lorsqu'on suivra l'Agneau partout où il ira, car il faut, que les âmes qui doivent suivre l'Agneau s'étendent et se dilatent. Mais où va-t-il cet Agneau? Il atteint d'un bout du ciel à l'autre avec force, et y dispose toutes choses avec douceur.

3. Voulez-vous savoir où va encore l'Agneau, et, par conséquent, où les âmes bienheureuses doivent le suivre? écoutez : « J'ai cherché mon repos en tout (Eccl. XXXIV, 11). » Voilà quel est le repos du Seigneur, il n'est point: entrecoupé, il n'est pas restreint en quoi que ce soit, car il se réjouit en tout, c'est en tout qu'il goûte le bonheur, en tout qu'il cherche et trouve son repos. En effet, le bien lui plaît en lui-même d'abord, il lui plaît aussi par rapport au mal. Il aime la miséricorde et le jugement, et se complaît non-seulement dans la gloire des bons, mais aussi dans les supplices des méchants, parce qu'ils sont justes. Eh quoi, pensez-vous que l'âme de l'homme pourra entrer aussi. dans cette joie de son Seigneur, et dans son repos, au point de trouver aussi son bonheur en tout, sans qu'aucune affection particulière ne la tire et ne ride sa face, pensez-vous qu'elle puisse confondre à ce point ses sentiments avec les sentiments généraux de Dieu ? Oui, sans aucun doute, pour peu que dans les petites choses qui lui furent confiées, au temps de sa milice sur la terre, c'est-à-dire dans ses membres, dans ses sens, dans ses appétits qu'elle devait diriger, elle se soit montrée assez fidèle pour que, après cela, il n'y eût point de doute sur le degré de sa fidélité à son Seigneur. Que le serviteur du Christ sache donc posséder le vase de son corps dans un état de sainteté (I Thess. IV, 4), porter Dieu et le glorifier dans son corps (I Cor. VI, 20), et il peut être certain que le Seigneur qui est riche et libéral ne manquera pois d'établir sur de grandes choses, le serviteur qu'il aura trouvé fidèle dans de petites. Oui, il l'établira sur de grandes choses, car il  l'établira maître de toute sa maison, et le mettra à la tête de tous ses biens. Ne croyez pas, mes frères, que j'invente ce que je vous dis là, et ne le regardez point comme quelque chose d'incroyable, c'est la Vérité même qui a promis qu'il en serait ainsi, et nul ne saurait révoquer ses promesses en doute. Il est dit, en effet : « Heureux le serviteur que son maître, en arrivant, trouve agissant de la sorte. Je vous dis, en vérité, qu'il le mettra à la tête de tous ses biens (Matt. XXIV, 46). » Or le serviteur est établi sur tous les biens de son Seigneur quand il est jugé digne d'entrer en partage de sa joie, de se réjouir avec lui en toute occasion, de prendre part à son bonheur, et à ses jouissances. L'Apôtre a dit : « Celui qui s'attache au Seigneur devient un même esprit avec lui (I Cor. VI, 17). » Sa volonté, en s'attachant tout à fait à celle de Dieu, ne fait plus qu'une seule et même volonté avec elle, en sorte que non-seulement elle né trouve plus rien dans les créatures qui lui soit opposé, mais encore que tout se fait ou plutôt demeure à son gré.

4. Telle est donc la bonne espérance que nourrissent les âmes saintes, et bien qu'elles rendent des actions (le grâces pour la félicité au sein de laquelle elles goûtent le repos, elles font néanmoins encore monter leurs cris et leurs voeux vers le Seigneur pour obtenir 1a consommation du bonheur qu'elles attendent. C'est ce qui me faisait dire que, si elles étaient exemptes de toute souillure du passé, elles ne le sont point encore des rides de la contrainte; que si elles en sont arrivées aux actions de grâces, elles ne le sont pas encore aux paroles de louange, attendu qu'il n'y a que les parfaits pour louer relui qui est parfait, et pour le louer avec tout son héritage, alors qu'ils le loueront en même temps due chacun d'eux sera béni de Dieu. C'est pour cela que le Prophète semble s'être servi d'un mot au futur quand il a dit : « Bienheureux ceux qui habitent dans votre demeure, Seigneur, ils vous loueront dans les siècles des siècles (Psal. LXXXIII, 5). » En effet, saint Jean, dans son Apocalypse, n'entendit pas des chants de louange, mais des paroles de prières. Voici ce qu'il rapporte : «J'ai entendu, sous l'autel, la voix de ceux qui ont été tués. » Que disaient-elles? « Seigneur, vengez le sang de vos saints qui a été répandu (Apoc. VI, 10). » Or, ce langage n'est pas celui de la louange, mais celui de la prière. Jusques à quand nous tiendrons-nous autour de cet autel, et craindrons-nous de nous en approcher ? Si je ne me trompe, votre charité désire entendre l'explication du mystère que cache cet autel, et d'en sonder le secret et la sainteté. Mais, qui suis-je pour oser pénétrer dans le réduit des saints, et en scruter sans gêne le secret? N'ai-je pas lu quelque part que celui qui veut sonder la majesté de Dieu sera accablé par sa gloire (Prov. XXV, 27) ? Arrêtons-nous donc là aujourd'hui, si vous le voulez bien, mes frères, peut-être les saintes âmes qui habitent sons l'autel daigneront nous en ouvrir le mystère, non pas à cause de nos mérites, à nous qui frappons à la porte, mais en considération de Celui qui nous a aimés, et nous a lavés de nos péchés dans son sang, et nous reconnaîtront-elles comme étant du nombre de leurs concitoyens et des familiers de Dieu, et ne nous tiendront-elles point à l'écart de leur secret séjour, comme des étrangers et des esclaves.

 

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