SAINT VICTOR II
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DEUXIÈME SERMON POUR LA FÊTE DE SAINT VICTOR  CONFESSEUR.

 

1. Mes frères bien aimés, réjouissez-vous dans le Seigneur qui, au milieu des bienfaits continuels de sa bonté, a donné au monde un homme dont les exemples contribuassent au salut de bien des gens. Oui, je vous le répète, réjouissez-vous de ce que, enlevé à nos regard, cet homme s'est rapproché de Dieu, et, peut ainsi, par son intercession, aider au salut de beaucoup plus de monde. Il y a maintenant auprès de Dieu un homme en considération de qui le Seigneur bon et miséricordieux, peut pardonner les péchés des hommes, et, de son côté, notre pieux et compatissant avocat a le temps, et se trouve en position d'intercéder pour nous, car le lieu où il est, est un lieu de paix, et ses jours, maintenant, sont des jours de repos. Il a paru sur la terre pour y être un exemple, et il a été repris par le ciel pour nous y protéger. Ici-bas, il nous forme à la vie, là haut, il nous invite à la gloire ; après nous avoir encouragés à l'ordre, il est devenu notre médiateur pour le royaume, mais quel excellent médiateur! Il ne demande plus rien pour lui, et n'a qu'un désir, mettre à notre service toute son ardeur à intercéder, et nous faire jouir de tous les fruits de son intercession. En effet, que pourrait-il rechercher pour lui-même, maintenant qu'il n'a plus besoin de rien ? Le Seigneur le conserve, le vivifie, le comble de bonheur et de gloire, rien ne saurait lui manquer désormais dans les gras pâturages où Dieu l'a placé. Nous célébrons aujourd'hui le jour de son glorieux départ pour le ciel, le jour de la plus grande joie de son âme, réjouissons-nous donc, et livrons-nous aussi à l'allégresse en ce jour. Il est entré dans les puissances du Seigneur, soyons-en heureux, puisqu'il est maintenant plus puissant pour notre salut.

2. Oui, c'est aujourd'hui que Victor a quitté son corps, le seul obstacle qui semblait s'opposer à ce qu'il entrât dans la gloire des Cieux; oui, c'est aujourd'hui que, dégagé et joyeux, il est entré dans le Saint des saints, et est devenu semblable aux saints dans la gloire. Aujourd'hui même, de l'humble et dernière place que, suivant le conseil du Sauveur, il avait préférée, il est monté plus haut à la voix du Père de famille qui l'y a invité comme un ami véritable, et il est dans la gloire avec tous ceux qui sont assis à la même table que lui. Aujourd'hui, méprisant le monde, triomphant du prince du monde, Victor s'élève au dessus du monde et va recevoir, de la main du Seigneur, la couronne de la victoire. Mais, s'il monte, c'est chargé de l'immense bagage de ses vertus, c'est brillant des triomphes qu'il a remportés, c'est éclatant des miracles qu'il a faits. Soldat émérite, il cesse aujourd'hui la lutte, et, après les sueurs et les fatigues où il vieillit, il entre dans un lieu de bonheur, et reçoit un trône et la couronne. Son âme va jouir à présent des biens au milieu desquels elle est établie (Psal. XXIV, 13). Vous me demandez où elle est maintenant? Elle est avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux. Oui, voilà avec qui et en quel lieu elle est assise, où elle est inondée d'un bonheur qui se manifeste par des chants de louanges. Voilà, dis-je, où elle est, plongée dans les délices, et parée de ses joyaux (Isa LXI, 10), fortifiée de fruits et soutenue avec des fleurs (Cant. II, 5), oui c'est là qu'elle trône, vide de soucis, inondée de délices, pleine de repos et de loisir, pour vaquer à la sagesse. Elle qui était assise et pleurait naguère sur le bord des fleuves de Babylone, se trouve maintenant à la source de vie, et passe sa vie sur le bord du torrent de volupté, dont le cours impétueux réjouit la cité de Dieu (Psal, XLV, 5). Elle a découvert la fontaine des jardins, le puits des eaux vives (Gant. IV, 15), et, nouvelle Samaritaine, elle boit à sa source même les eaux de la sagesse et du salut, afin de ne plus ressentir les tourments de la soif pendant toute l’éternité. Il lui est donné du fruit de ses mains, ses oeuvres font son éloge dans l'assemblée des juges (Prov. XXXI, 31), et sa gloire est dans le témoignage de sa conscience, de sa conscience, dis-je, non pas de celle d'un autre. Elle est assise au milieu des anges, parce qu'elle est digne de leur société; elle en a les brûlants désirs, l'éclatante pureté, et la belle chasteté. Elle est au milieu des apôtres, cette âme d'un homme vraiment apostolique; il n'y a pas de raison pour qu'elle se tienne à l'écart de la troupe des prophètes, puisqu'il a porté et glorifié dans son corps Celui même dont ils ont parlé dans leurs prophéties. Il ne faut pas non plus que notre Victor se croie déplacé dans le choeur victorieux des martyrs, lui qui n'a cessé d'immoler l'hostie vivante de son corps dans un dur martyre de tous les jours.

3. Il est donc assis maintenant, comme un soldat vétéran qui goûte, en sécurité, la douceur d'un repos dû à ses travaux; mais s'il est en pleine sécurité maintenant, c'est sur ce qui le concerne, car pour nous il ne cesse point d'avoir des inquiétudes, car il ne faut pas croire, qu'en dépouillant la corruption de la chair, il s'est, en même temps, dépouillé de tout sentiment de charité, non, non, il n'a point revêtu sa robe de gloire pour se revêtir en même temps de l'oubli de notre misère et de sa commisération. Le lieu où notre Victor habite maintenant n'est point la terre de l'oubli, ce n'est pas non plus la terre du travail, où il ait quelque chose à faire; en un mot, ce n'est pas non plus la terre, c'est le ciel. Est-ce que le séjour du ciel endurcit les âmes qu'il reçoit, ou bien leur enlève-t-il la mémoire, les dépouille-t-il de leur charité ? Mes frères, la largeur du ciel dilate les coeurs, au lieu de les resserrer , comble l'âme de joie, mais n'en aliène point les sentiments : il en étend les dispositions affectueuses, a lieu de les rétrécir. A la lumière de Dieu, la mémoire se rassérène, bien loin de s'obscurcir; à cette lumière on apprend ce qu'on ne sait point, au lieu d'oublier ce qu'on sait. Ces esprits célestes qui, depuis le commencement, habitent dans les cieux, méprisent-ils la terre, parce qu'ils ont le ciel pour séjour? Loin de là, ils la visitent et la fréquentent. Faut-il croire que parce qu'ils ne cessent de contempler la face du Père, ils en perdent le souvenir de leur ministère de charité? Non, non, tous ces esprits tiennent lieu de serviteurs et de ministres, envoyés pour exercer leur ministère en faveur de ceux qui doivent être les héritiers du salut (Hébr. I, 14). Eh quoi? Les anges vont et viennent pour secourir les hommes, et ceux qui sont des nôtres, ne nous connaîtraient plus, ne sauraient plus compatir aux maux par lesquels ils ont passé eux-mêmes? Ceux qui ne connaissent point la douleur ressentent néanmoins les nôtres, et ceux qui sont venus de la grande tribulation ne reconnaîtraient plus l'état par lequel ils ont passé? Je sais quel est celui qui a dit : « Les justes sont dans l'attente de la justice que vous me rendrez (Psal. CXLI, 8). » Or, Victor est un juste aussi, et certainement il attend comme les autres justes la récompense qui nous est réservée. Il n'est point. comme l'échanson du Pharaon gardant pour lui seul les bonnes grâces du roi qui lui avaient été rendues, et qui oublia son prophète demeuré en prison (Gen. XI, 23). Victor est le ministre du Christ, il marche sur les traces de son maître. Or le Christ n'a point oublié sa promesse, et il n'a point refusé de partager son royaume avec celui qui avait partagé sa passion. Le serviteur ne va pas contre son maître, Victor ne saurait donc faire autre chose que ce qu'il a vu faire au Maître. Il fait donc lui aussi ce que le Christ a fait.

4. Il est entré à présent dans ce ciel qu'il avait eu le bonheur de voir jadis entr'ouvert, et il contemple maintenant, à visage découvert, la gloire de Dieu ou il est noyé sans doute, mais où il n'a point oublié le cri des pauvres. O heureuse vision que celle où il est transformé en l'image même de ce qu'il contemple, en s'avançant de clarté en clarté, par l'illumination de l'esprit du Seigneur (II Cor. III, 18). Victor était bien petit encore pour la lutte, qu'il était grand déjà pour la victoire ; il était caché encore dans le sein de sa mère qu'il chassait déjà les démons, et, après avoir vécu au milieu des pécheurs, en marchant de vertu en vertu et de mérite en mérite, il a été enlevé de la terre au ciel. O homme d'une insigne sainteté ! qui s'est montré saint avant que d'être né, et Victor de fait avant de l’être de nom. Il était encore dans le sein de sa mère que déjà il triomphait de l'ennemi. O sainteté vénérable aux yeux des anges mêmes! C'est avec une ardeur égale, mais dans des dispositions bien différentes, que les bons anges recherchent sa société, et les mauvais la fuient. Je ne sais lequel des deux prouve davantage sa sainteté, de l'amour des uns, ou de la terreur des autres. Enfin, retenu par le corps sur la terre, mais habitant du ciel par l'esprit, il entendait les esprits célestes tantôt lui annoncer familièrement certaines choses, et tantôt charmer ses oreilles par les doux accent, de leurs voix. Oui, ô Victor, votre âme est une de ces pierres précieuses qui vous ont apparu sur la croix, car, on peut dire qu'elle est effectivement attachée à la croix, depuis le moment où, noyée dans la gloire divine, elle s'est revêtue de l'éclatante lumière qu'elle a trouvée. Celui qui l'avait animée de son esprit dans la lutte lui ouvre maintenant son sein après la victoire. O, âme victorieuse, qui, prenant votre essor comme le passereau, avez échappé aux piéges de ce monde! Jetez un regard sur les âmes que vous y avez laissées dans les filets et au milieu du danger, et tirez-nous-en par votre protection.

5. O soldat émérite, qui avez échangé les durs labeurs de la milice chrétienne contre le repos et la félicité des anges ! Jetez un regard sur vos compagnons d'armes, sur nous, dis-je, qui ne sommes que faiblesse et qu'inexpérience, et qui, aujourd'hui, au milieu des glaives ennemis et des puissances du mal, élevons la voix pour célébrer vos louanges. O illustre Victor, vous qui avez si glorieusement triomphé de la terre et; du ciel, en dédaignant d'un regard plein d'une noble fierté la gloire de l'une, et en ravissant, dans une pieuse violence, le royaume de l'autre! Du haut du ciel, abaissez les yeux sur les captifs de la terre, et mettez le comble à vos triomphes, en nous faisant sentir que vous avez enfin vaincu pour nous. Car, si votre nom vous vient de vos victoires, à nos yeux, il sera censé d'une vérité irrécusable s'il s'appuie sur notre délivrance. Il est évident qu'il manque quelque chose à la perfection du sens qu'il rappelle, tant que nous, qui sommes vôtres, nous ne sommes point délivrés. Qu'il est beau, qu'il est doux, qu'il est agréable, ô Victor, de chanter vos louanges, de vous honorer et de vous prier dans ce séjour d'affliction, et dans ce corps de mort. Votre nom et votre souvenir sont pour nous comme un rayon de miel aux lèvres des pauvres captifs. Oui, ceux qui se complaisent dans votre souvenir, semblent avoir le lait et le miel à la bouche. Eh bien donc, courageux athlète, doux patron, avocat fidèle, levez-vous, pour venir à notre secours, que, de notre côté, nous nous réjouissions aussi de notre délivrance, et que vous, du vôtre, vous recueilliez la gloire d'une victoire complète. Père tout-puissant, nous avons péché contre vous en devenant, pour vous, des enfants étrangers; mais nous nous sommes rapprochés de vous, en Victor; puisse-t-il triompher de votre courroux, comme il l'a fait de la cupidité, et nous rétablir fortement en grâce avec vous. O Jésus vainqueur, c'est vous que nous louons dans notre Victor, parce que nous n'ignorons pas que c'est vous qui avez été vainqueur en lui. Donnez-lui, ô très-bon Jésus, de se glorifier si bien de la victoire qu'il a remportée en vous, qu'il se souvienne encore de nous. Fils de Dieu, faites-le toujours se ressouvenir de nous, en votre présence, prendre en main et défendre notre cause, à notre redoutable jugement, Vous, mon Dieu, qui vivez et régnez avec le Père et le Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

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