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HOMÉLIE XVIII. EN ENTENDANT CELA, ILS FRÉMISSAIENT DE RAGE DANS LEUR CUR, ET ILS GRINÇAIENT DES DENTS CONTRE LUI. (CH. VII, 54, JUSQU'AU VERS. 25. DU CHAP. VIII.)
ANALYSE. 1. Martyre d'Étienne.
2. Dispersion de l'Église de Jérusalem. L'Evangile prêché dans Samarie. Simon le Magicien.
3. La différence qui avait paru autrefois entre les prestiges des magiciens de Pharaon et tes miracles de Moïse, se retrouve la même entre les oeuvres des apôtres et les enchantements de Simon le Magicien. Saint Pierre le réprimande et ne le punit pas; pourquoi?
4 Saint
5. Bonheur des campagnes qui possèdent une église.
1. Il est étonnant qu'ils n'aient pas pris de ces paroles occasion de le tuer, ruais que, dans la fureur où ils sont, ils cherchent encore un motif d'accusation. Ainsi les méchants sont toujours malheureux. Comme les princes des prêtres se disaient dans leur embarras : « Que ferons-nous à ces hommes? » de même ceux-ci frémissent en eux -mêmes. Et pourtant c'était Etienne qui aurait dû s'irriter, lui gui n'avait point fait dé mal, et qui souffrait, et était calomnié comme s'il en eût fait. Mais les calomniateurs n'en sont que mieux confondus, tant j'avais raison de vous dire que mal faire c'est souffrir! Cependant il n'a rien avancé de faux, il a dit la vérité. Ainsi, quand on nous accuse sales raison, nous ne souffrons réellement pas. Ils voulaient le faire mourir, mais non sur-le-champ; il leur fallait un prétexte plausible pour voiler leur crime. Mais quoi ? L'affront qu'ils recevaient n'était-il pas un motif plausible? Non ; ce n'était pas une injure de la part d'Étienne, mais l'accusation du prophète. Ou peut-être différaient-ils volontairement l'exécution du crime, comme avec le .
Pourtant s'il avait menti, il aurait fallu le renvoyer comme un fou. Mais il n'avait parlé ainsi que pour les attirer. Et comme, en mentionnant seulement la mort du
3. Et qui n'aurait pas pleuré cet agneau plein de douceur, lapidé et étendu mort? L'évangéliste lui a composé une digne épitaphe, en disant : « Puis, ayant fléchi les genoux, il cria d'une voix forte. Et ils firent ses funérailles avec un grand deuil». Mais reprenons ce qui a été dit plus haut: « Comme il était rempli de l'Esprit-Saint, levant les yeux au ciel, il vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu; et il dit. Voilà que je vois les cieux ouverts. Et ils se bouchèrent les oreilles et se précipitèrent tous ensemble sur lui ». Comment y avait-il là matière à accusation? Et cependant celui qui avait fait tant de prodiges, qui les avait tous vaincus par la parole, qui avait dit de si grandes choses, ils l'entraînent à leur gré et assouvissent sur lui leur (77) fureur. « Mais les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme nommé Saul ». Voyez comme on raconte en détail tout ce qui regarde Paul, afin de vous faire voir l'oeuvre de Dieu qui s'accomplira plus tard en lui. En attendant, non-seulement il ne croit pas, mais il frappe Etienne par ces milliers de mains homicides; et c'est ce que ces mots indiquent : « Or Saul était consentant de sa mort». Et ce bienheureux ne se contente pas d'une simple prière, mais il prie avec attention : « Ayant fléchi les genoux », dit-on. Aussi sa mort fut-elle divine; car jusqu'alors il était accordé aux âmes d'habiter les limbes. « Et tous furent dispersés dans les régions de la Judée et de la Samarie ». C'est sans crainte qu'ils se mêlent aux Samaritains, eux qui ont entendu dire: « N'allez point vers les gentils ». « Excepté les apôtres ». Par là on indique que, pour attirer les Juifs, les apôtres n'avaient point quitté la ville, ou qu'ils voulaient inspirer de la confiance aux autres. « Cependant Saul ravageait l'Église; entrant dans les maisons et entraînant des hommes et des femmes, il les jetait en prison». C'était là une grande fureur : être seul et entrer dans les maisons, tant il était prêt à donner sa vie pour la loi ! « Traînant des hommes et des femmes ». Voyez donc quelle licence! quelle injure ! quelle folie! Enhardi par le meurtre d'Étienne, il maltraite en mille manières ceux qui tombent entre ses mains. « Et ceux donc qui avaient été dispersés, passaient d'un lieu dans un autre, en annonçant la parole de Dieu ». «Or Philippe étant descendu dans la ville de Samarie, leur prêchait le
Comment, direz-vous, ceux-ci n'avaient-ils point reçu l'Esprit-Saint? Ils avaient reçu l'Esprit de rémission, mais pas encore celui des miracles. Et la preuve qu'ils n'avaient pas reçu l'Esprit des miracles, c'est que Simon , témoin de ses effets, vint le demander. Quoique la persécution sévît alors , le Seigneur les en sauva néanmoins, en leur faisant comme un rempart de prodiges. Bien loin d'abattre leur courage, la mort d'Étienne n'avait fait que l'augmenter; c'est pourquoi les maîtres se dispersent, afin de mieux propager la doctrine. Et voyez encore comme ils jouissent, comme ils sont heureux. « Il y avait une grande joie dans la ville », quoique le deuil fût grand aussi. C'est ainsi que Dieu a coutume d'agir, mêlant la joie à la tristesse, afin de se faire mieux admirer. Mais la maladie de Simon était déjà vieille; voilà pourquoi elle ne se guérit pas. Et comment l'a-t-on baptisé? Comme le
3. Et pourquoi, étant baptisés, n'ont-ils pas reçu l'Esprit-Saint? C'est, ou parce que Philippe n'osait pas le donner , réservant cet honneur aux apôtres , ou (et cette opinion est préférable), parce qu'il n'avait pas un aussi grand pouvoir, bien qu'il fût des sept. Je pense que ce Philippe était certainement un des sept, le second après Etienne. Voilà pourquoi il baptise. Il ne donnait point l'Esprit à ceux qu'il baptisait; car il n'en avait pas le pouvoir ! Ce don n'appartenait qu'aux douze. Observez bien : les apôtres n'étaient pas sortis, mais on avait réglé que les disciples sortiraient, eux qui étaient inférieurs en grâce , puisqu'ils n'avaient pas encore reçu l'Esprit-Saint. Ils avaient reçu le pouvoir de faire des miracles, mais non celui de donner l'Esprit aux autres. C'était là le privilège des apôtres ; aussi voyons-nous qu'eux seuls, les Coryphées, et non les autres, l'exerçaient. « Or, Simon voyant que par l'imposition des mains des apôtres, l'Esprit-Saint était donné ». Il n'eût pas ainsi parlé s'il n'y avait pas eu quelque chose de sensible. Paul en fit autant quand ils parlaient les langues. Avez-vous vu la perversité de Simon? Il offre de l'argent; et cependant il n'avait pas vu Pierre opérer à prix d'argent; il n'agissait donc pas par ignorance, mais comme tentateur et afin d'établir une accusation. Aussi lui répond-on : « Il n'y a pour toi ni part ni sort dans tout ceci ; car ton coeur n'est pas droit devant Dieu ». Encore une fois il révèle la pensée, quand Simon croyait se cacher. « Fais donc pénitence de cette méchanceté, et prie le Seigneur qu'il te pardonne, s'il est possible, cette pensée de ton coeur. Car je vois que tu es dans un fiel d'amertume et dans des liens d'iniquité. « Simon répondant, dit : Priez vous-mêmes le Seigneur pour moi, afin qu'il ne m'arrive rien de ce que vous avez dit ». Quand il aurait dû se repentir du fond de son coeur et pleurer, il ne le fait que par manière d'acquit. « Qu'il te pardonne, s'il est possible ». Cela ne vent pas dire que la faute n'eût pas été pardonnée, si le coupable eût vergé des larmes ; mais c'est la coutume , même chez les prophètes, de ne point parler de pardon , de dénoncer d'une manière absolue le châtiment futur, et non de dire: Si vous faites telle chose, vous obtiendrez votre pardon. Pour vous , admirez comme au milieu du malheur, ils s'attachent à la prédication , loin de la négliger; et comment, ainsi que du temps de Moïse, la distinction s'établit entre les prodiges. La magie était pratiquée, et néanmoins les vrais miracles faciles à distinguer, bien qu'il ait dû ny avoir aucun possédé du démon, puisque depuis longtemps Simon troublait leur esprit par ses enchantements ; mais comme il y avait beaucoup de possédés, beaucoup de paralytiques, ces signes n'étaient donc pas vrais. Or, Pierre n'attirait pas seulement par les miracles, mais aussi par la parole, en prêchant le royaume du
Avait-il vu faire cela aux autres? L'avait-il vu faire à Philippe? Pensait-il que les apôtres ne connaissaient pas le motif de sa démarche? Aussi Pierre a-t-il raison d'appeler cela un don, quand il dit : « Que ton argent périsse avec toi, parce que tu as estimé que le don de Dieu peut s'acquérir pour de l'argent ! » Voyez-vous comme ils sont exempts de toute attache à l'argent? « Il n'y a pour toi ni part ni sort en ceci ; car ton coeur n'est pas droit devant Dieu ». Il agissait en tout par malice et il fallait être simple. « Fais donc pénitence, car je vois que tu es dans un fiel d'amertume et dans des liens d'iniquité ». Ces paroles sont pleines d'indignation. Il ne le punit point, pour que la foi ne fût pas imposée par nécessité, pour que la chose ne parût pas trop dure, pour produire des sentiments de pénitence, ou encore parce que pour le corriger il suffisait de l'avoir confondu, d'avoir révélé le fond de sa pensée et de l'avoir forcé de convenir qu'il était surpris. En effet, ces paroles « Priez vous-mêmes pour moi », sont un (79) interdite et un aveu. Voyez comment, malgré sa perversité, il croit quand il est confondu, et comment il s'humilie quand on le reprend une seconde fois. « En voyant les signes qui se faisaient il était frappé d'étonnement » ; montrant par là que tout ce qu'il faisait lui-même était supercherie. On ne dit pas qu'il s'approcha , mais qu'il « fut frappé d'étonnement ». Et pourquoi ne vint-il pas tout d'abord? Parce qu'il espérait rester caché , parce qu'il attribuait à l'art les miracles qui s'opéraient; mais quand il vit qu'il ne pouvait échapper aux apôtres , il s'approcha. « Car des esprits impurs sortaient d'un grand nombre de possédés, en jetant de grands cris ». C'était le signe de leur sortie; chez les magiciens c'était tout le contraire ; ils ne faisaient que serrer les liens. « Beaucoup de paralytiques et de boiteux étaient guéris ». Ici aucune supercherie : il fallait marcher et agir. « Et tous l'écoutaient en disant : Celui-ci est « la vertu de Dieu ». Ainsi s'accomplit la parole du
4. Considérez avec moi les conséquences providentielles de la mort d'Etienne. Les fidèles sont dispersés dans les pays de la Judée et de la Samarie , ils annoncent la parole, ils prêchent le
Voyez combien les voyages leur donnaient d'occupation ; mais ils ne les entreprenaient pas sans motifs. Nous devrions en faire de pareils. Mais que parlé-je de voyages? Beaucoup ont des villages et des campagnes et ne s'en inquiètent nullement. Ils déploient la plus grande sollicitude à se créer des salles de bains, à augmenter leurs prix, à se faire construire des cours et des maisons; quant à savoir comment les âmes sont cultivées, ils (80) n'en ont nul souci. Quand vous voyez des épines dans un champ, vous employez le fer et le feu, vous détruisez pour débarrasser la terre de cette peste; mais quand vous voyez les âmes des laboureurs pleines d'épines que vous n'arrachez pas, ne tremblez-vous pas, dites-moi, ne craignez-vous pas celui qui doit un jour vous en demander compte ? Ne faudrait-il pas que chaque fidèle construisît une église , eût un docteur pour conférer et avant tout travaillât à ce que tout le monde fût chrétien ? Comment, de grâce, un laboureur sera-t-il chrétien , quand il vous voit négliger ainsi votre propre salut? Vous ne pouvez pas- faire des prodiges et par là gagner les âmes? Soit :, mais employez les moyens qui sont à votre disposition : la bonté, l'autorité, la douceur, les caresses et le reste. Beaucoup construisent des marchés publics et des bains, mais point d'églises. Tout plutôt qu'une église. C'est pourquoi je vous exhorte et vous supplie, je vous demande comme une grâce, ou plutôt je vous impose comme une loi, de n'avoir aucune maison de campagne qui ne soit pourvue d'une église. Ne me dites pas: Il y en a une tout près, dans le voisinage; la dépense serait grande et j'ai peu de revenus. Si vous avez quelque chose à donner aux pauvres, employez-le là; cela vaudra mieux. Nourrissez un docteur, un diacre, une assemblée de prêtres. Soyez à l'égard de l'Eglise comme vous seriez à l'égard d'une femme ou d'une fiancée, ou comme si vous mariiez votre fille: faites-lui une dot. Par là votre campagne sera comblée de bénédictions. Et en effet, quel bien lui manquera? Est-ce peu de chose, dites-moi, que le pressoir soit béni? Est-ce peu de chose que Dieu ait sa part et les prémices de tous vos fruits? Cela contribue à tenir les laboureurs en paix. Le prêtre en deviendra respectable : ce qui est utile à la sécurité du lieu. Il y aura là pour vous des prières continuelles, des hymnes, des communions, l'oblation tous les dimanches. Lequel est le plus admirable que d'autres construisent de magnifiques tombeaux pour que la postérité sache qu'un tel les a construits, ou que vous bâtissiez des églises? Pensez que jusqu'à l'arrivée du
5. Dites-moi : si un roi vous ordonnait de bâtir une maison où il dût loger, ne mettriez-vous pas tout en couvre ? Or, l'église que vous bâtissez est un palais pour le
Et quel avantage pourtant qu'au milieu d'un repos parfait un prêtre vienne dans une église, s'approche de Dieu, et prie chaque jour pour la maison, pour le domaine ! Est-ce peu de chose, dites-moi, que votre nom soit prononcé dans les saintes oblations, que chaque jour des prières montent vers Dieu en faveur de la localité? Quel profit pour vous et pour, les autres ! Peut-être y a-t-il des propriétaires voisins qui ont des intendants ; vous êtes pauvre et aucun d'eux ne daigne venir chez vous; mais ils pourront inviter le prêtre et le faire asseoir à leur table. Voyez-vous que de biens en résulteront? en attendant, votre demeure sera exempte de tout soupçon; on n'y accusera personne d'homicide, de vol; on n'y soupçonnera rien de semblable. Autre consolation encore, en cas de maladie ou de mort. L'amitié qui unira les membres de ces assemblées ne sera pas de circonstance et de hasard; ces assemblées elles-mêmes seront beaucoup plus agréables que celles qui ont lieu dans les solennités publiques. Non-seulement les réunions, mais ceux qui y président deviendront plus respectables à cause du prêtre. Vous entendez tout le monde dire que dans l'antiquité Jérusalem était plus honorée que toutes les autres villes, et non sans cause : la piété y régnait alors. En effet, partout où Dieu est honoré, il n'y a rien de mauvais; comme, au contraire, partout où il n'est pas honoré, il n'y arien de bon. Ce sera une grande sécurité devant Dieu et devant les hommes. Je vous en prie donc: mettez la main à l'oeuvre, non avec lenteur, mais avec zèle. Si celui qui sépare une chose précieuse d'une chose vile est comme la bouche de Dieu (Jér. XV, 19), quelle ne sera pas la bonté divine à l'égard de celui qui rend service à tant d'âmes, qui les sauve même et dans le temps présent et dans les temps à venir, jusqu'à l'avènement du
Formez un rempart contre le démon, et ce rempart c'est une église. Que de là sortent les mains qui doivent travailler, mais qu'avant d'aller au travail elles s'élèvent pour la prière. Ainsi le corps se fortifiera, l'agriculture sera féconde et on se délivrera de tous les maux. Il n'est pas possible d'expliquer un tel bonheur, à moins de l'avoir éprouvé. Ne dites pas que cela ne donne aucun revenu. Quelque décidé que vous soyiez, ne mettez pas la main à l'oeuvre si vous n'êtes pas convaincu que le profit en vaut mieux pour vous que toute la propriété ; n'entreprenez rien, si ce ne sont point là vos dispositions, si vous ne regardez cette tâche comme préférable à toutes les autres. Quel profit plus grand, que d'introduire des âmes dans l'aire céleste? Hélas ! vous ne savez donc pas ce que c'est que de gagner des âmes ! Ecoutez ce que le
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