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SAINT LAMBERT *
Lambert était noble de naissance, mais plus noble encore par la pureté de sa vie. Dès ses premières années, il fut instruit dans les lettres ; sa sainteté le fit tellement aimer de tous qu'après la mort de Théodard, son maître, il mérita d'être promu à lévêché de léglise de Maestricht. Le roi Childéric laimait beaucoup et le préféra toujours aux autres évêques. Mais la malice des envieux prenant le dessus, ces impies, après lavoir chassé, le privèrent de lhonneur qui lui était dû et mirent Féramond sur son siège. Alors Lambert se retira dans un monastère où il passa sept ans dans lexercice des bonnes oeuvres. Une nuit qu'il s'était
* Etienne, évêque de Liège, a écrit la Vie de saint Lambert; ses Actes.
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levé pour prier, il fit involontairement du bruit sur le pavé. L'abbé dit en lentendant: « Que celui qui a fait ce bruit aille à linstant à la croix. » Tout aussitôt Lambert courut à la croix, nu-pieds et en cilice ; il y resta debout malgré la neige, la gelée et la glace, jusqu'à ce que labbé s'aperçut que le saint ne se trouvait pas avec les frères qui se chauffaient après matines. Un frère lui dit que c'était Lambert qui était allé à la croix; alors il le fit venir et lui demanda pardon avec les moines. Lambert ne se contenta pas d'avoir de lindulgence, mais il leur parla d'une manière sublime sur le mérite de la patience *. Après sept ans, Féramond fut expulsé et saint Lambert, par lordre de Pépin, fut réintégré dans son propre siège. Or, comme il était puissant en paroles et en exemples, de même que par le passé, deux méchants s'élevant contre lui, se mirent à le tourmenter gravement: mais ils furent tués, ainsi qu'ils lavaient mérité, par les amis du pontife. Dans. ce temps-là, Lambert adressa de vifs reproches à Pépin au sujet d'une femme de mauvaise vie qu'il gardait. Dodon, parent de ceux qui avaient été tués, et frère de cette femme, officier employé à la cour du roi, rassembla des soldats et entoura de toutes parts la maison de lévêque, dans lintention de se venger sur le saint de la mort de ceux qui avaient été tués. Un valet en ayant informé Lambert, qui était en oraison, celui-ci, plein de confiance dans le Seigneur, saisit une épée pour se défendre ; mais rentré en lui-même, il jeta le glaive, jugeant qu'il valait mieux
* Eteienne, c. II.
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vaincre en restant tranquille et en mourant que souiller ses mains sacrées dans le sang de ces impies. Alors lhomme de Dieu recommanda à ses gens de confesser leurs péchés et de souffrir la mort avec patience. Aussitôt les impies se ruèrent sur saint Lambert qui était prosterné en prière et le tuèrent vers lan du Seigneur 620. Quand les assassins furent retirés, quelques-uns des serviteurs du saint s'échappèrent et conduisirent secrètement, dans une nacelle, le corps de Lambert à léglise cathédrale où ils lensevelirent, accompagnes de tous les citoyens plongés dans la tristesse.
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