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SAINT FURSY, ÉVÊQUE
Saint Fursy était évêque et Bède * passe pour avoir écrit sa vie. Il était parvenu à un haut degré de vertus
* Histoire d'Angleterre, l. III, c. XIX. La vision est rapportée dans la Chronique d'Hélinand, an 645.
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et de bonté lorsque sa fin approcha et qu'il rendit lesprit. Il vit alors deux anges venir à lui pour emporter son âme; il en distingua un troisième qui marchait en avant, armé d'un bouclier éclatant de blancheur et d'un glaive flamboyant; ensuite il entendit les démons crier : « Allons en avant et suscitons des combats en sa présence. » Ils s'avancèrent donc, et en se retournant, ils lancèrent contre Fursy des traits enflammés ; mais lange, qui allait en avant, les recevait sur son bouclier et en éteignait la flamme aussitôt. Alors les démons qui s'opposaient aux anges parlèrent ainsi : « Souvent il disait des paroles oiseuses, en conséquence, il ne doit pas, sans avoir été puni, jouir de la vie éternelle. » L'ange leur dit : « Si vous ne faites valoir contre lui des vices de premier ordre, il ne périra pas pour ceux qui sont de minime importance. » Alors le démon reprit: « Si Dieu est juste, cet homme ne sera pas sauvé : car il est écrit (Math., XVIII) « Si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme de petits enfants; vous n'entrerez point dans le royaume des cieux. » L'ange dit pour lexcuser « Il savait cela au fond du coeur; mais les pratiques des hommes lui firent garder le silence.. » Le démon lui répondit: « Puisqu'il fit le mal en cédant à lusage, qu'il subisse donc les effets de la vengeance du souverain juge. » Le saint ange dit : « Eh bien ! portons laffaire au jugement de Dieu. » Quand la lutte fut engagée, les adversaires des anges furent écrasés. Alors le démon dit : « Le serviteur qui aura connu la volonté de son maître et qui n'aura point exécuté ses ordres, sera battu de plusieurs coups » (Luc, XII). (108) L'ange lui répliqua: « En quoi donc cet homme a-t-il manqué à accomplir la volonté de son maître ? » « Il a reçu des dons de la main des méchants », dit le démon. L'ange lui répondit : « Il a cru que chacun d'eux avait fait pénitence. » Le démon reprit : « Il devait auparavant s'assurer qu'ils avaient persévéré dans leur pénitence, et alors recevoir les fruits qu'elle produisait. » L'ange répondit : « Portons laffaire au tribunal de Dieu. » Mais le démon succomba. Celui-ci suscita une nouvelle lutte et dit : « Jusqu'alors je redoutais la véracité de Dieu qui a promis de punir pour léternité tout péché qui n'est point expié sur la terre. Or, cet homme a reçu un vêtement d'un usurier, et il n'en a point été puni ; où donc est la justice de Dieu? » L'ange répliqua : « Taisez-vous, car vous ne connaissez point les secrets jugements de Dieu. Tant que la miséricorde divine espère des actes de pénitence de la part d'un homme, elle ne labandonne pas. » Le démon répondit : « Mais ici il n'y a aucun vestige de pénitence. » « Vous ignorez, reprit lange, la profondeur des jugements de Dieu. » Alors le diable frappa Fursy avec une telle force que par la suite, quand il fut revenu à la vie, il porta toujours la marque du coup : car les démons avaient saisi un de ceux qu'ils tourmentaient dans les flammes et le jetèrent sur Fursy, dont lépaule et la joue furent brûlées. Or, le saint reconnut que c'était lhomme dont il avait reçu le vêtement. Alors lange dit : « Ce que tu as embrasé te brûle : car si tu n'avais pas accepté un présent de cet homme qu'il n'a pas fait pénitence, tu n'aurais pas eu à endurer cette brûlure. » Et il reçut ce (109) coup, par la permission de Dieu, pour avoir accepté ce vêtement. Mais alors un autre démon dit : « Il lui reste encore une porte étroite où nous pourrons le. vaincre: « Vous aimerez le prochain comme vous-même. » L'ange répondit : « Cet homme a fait du bien à son prochain. » L'adversaire reprit : « Cela ne suffit pas, s'il ne la encore aimé comme soi-même. » L'ange lui dit : « Le fruit de la charité, c'est de bien faire ; car Dieu rendra à chacun selon ses oeuvres. » Et le démon reprit: « Mais pour n'avoir pas accompli le commandement de lamour, il sera damné. » Dans ce combat avec linfernale troupe, les saints anges furent vainqueurs. Le démon dit encore : « Si Dieu n'est pas injuste, et si la violation de sa loi lui déplaît, cet homme ne manquera pas d'être puni : car il a promis de renoncer au monde, et, au contraire, il a aimé le monde, malgré ce qui a été dit (Jean, I, 2) «N'aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde.» Le saint ange répondit : « Il n'aima pas les biens du monde, mais il aima à les distribuer aux indigents. » Le diable répliqua: « De quelque manière qu'on laime, c'est contraire au précepte divin. » Les adversaires ayant été confondus, le diable revint à là charge avec des accusations astucieuses : « Il est écrit, dit-il : « Si vous ne faites pas connaître au méchant son iniquité, je vous redemanderai son sang.» (Ezéch., II). Or, cet homme n'a pas annoncé, comme il le devait, aux pécheurs, de faire pénitence. » Le saint ange répondit: « Quand les auditeurs méprisent la parole de Dieu, la langue du prédicateur est liée, puisqu'il voit que les paroles qu'il a fait entendre sont méprisées. (110) C'est donc loeuvre de lhomme prudent de savoir se taire, quand il n'est pas temps de parler. » Dans toutes les circonstances de ce débat, la lutte fut excessivement vive, jusqu'à ce qu'enfin, d'après le jugement du Seigneur, les anges ayant triomphé et les ennemis ayant été vaincus, le saint homme fut environné d'une immense clarté. Bède ajoute encore qu'un des anges dit à saint Fursy: « Regardez le monde. » Et il regarda, et il vit une vallée ténébreuse et en lair quatre feux placés à une certaine distance lun de lautre. Alors lange lui dit : « Ce sont les quatre feux qui embrasent le monde. Le premier, c'est le feu du mensonge. Par là les hommes n'accomplissent en aucune manière la promesse qu'ils ont faite de renoncer au diable et à . toutes ses pompes. Le second, c'est le feu de la cupidité, qui fait préférer les richesses du monde à lamour des choses du ciel. Le troisième, c'est le feu de la dissension, qui engage à ne craindre pas de blesser lesprit du prochain par des vanités. Le quatrième, c'est le feu de la cruauté, on compte alors pour rien de dépouiller les faibles et de leur faire tort. » Bientôt ces feux qui se rapprochaient n'en firent plus qu'un et s'avancèrent sur lui. Il en fut effrayé et dit à lange : « Seigneur, ce feu s'approche de moi. » L'ange lui répondit « Ce que tu n'as pas allumé ne brûlera pas en toi; car ce feu traite chaque homme selon ses mérites. En effet,, si le corps brûle de voluptés illicites, il brûlera aussi dans les châtiments.» Enfin, saint Fursy fut ramené dans son propre corps en présence de ses proches qui le pleuraient, en le croyant mort. Or, il survécut encore quelque temps et finit sa vie dans la pratique des bonnes oeuvres.
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