THAÏS
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SAINTE THAÏS, PÉCHERESSE

 

Thaïs; pécheresse, selon qu'il est rapporté dans les Vies des Pères *, était d'une si grande beauté que plusieurs ayant vendu pour elle tout ce qu'ils possédaient, se virent réduits à la dernière pauvreté; ses amants, jaloux les uns des autres, se livraient à des querelles si fréquentes que la porte de cette fille était très souvent arrosée de sang. Informé de cela, l’abbé Paphnuce prit un habit séculier et une pièce de monnaie, et étant allé trouver Thaïs en une ville d'Egypte on elle restait, il lui donna cet argent pour prix du péché qu'il feignait avoir dessein de commettre. Thaïs reçut l’argent et lui dit : « Entrons dans une chambre. » Quand il y fut entré, elle l’invita à monter sur le lit qui était couvert de riches étoffes,  et Paphnuce lui dit : « S'il (176) y a quelque chambre plus reculée, allons-y » Elle le conduisit dans plusieurs autres pièces, mais l’abbé répétait toujours qu'il craignait d'être vu. Alors Thaïs lui, dit : « Il y a une chambre où personne n'entre; mais si vous craignez Dieu, il n'y a point de lieu qui soit caché à sa divinité. » Quand le vieillard eut entendu. cela, il lui dit : « Vous savez donc qu'il y a un Dieu? » Et comme elle lui eut répondu qu'elle savait qu'il y a mi Dieu, et un royaume à venir, et même des tourments réservés aux pécheurs, il lui dit: « Si vous connaissez ces choses, pourquoi, en causant la perte de tant d'âmes, vous êtes-vous mise en état d'être condamnée avec justice, lorsque vous aurez à rendre compte devant Dieu non seulement de vos crimes, mais aussi des crimes des autres? » En entendant ces mots, Thaïs se jeta aux pieds de l’abbé Paphnuce et lui fit cette prière en versant des larmes : « Je sais, père, qu'il y a une pénitence, et j'ai confiance d'obtenir pardon par vos prières : je ne vous demande que trois heures de délai, et après cela j'irai où il vous plaira exécuter tout ce que vous me commanderez. » L'abbé lui désigna alors un endroit où elle devait se rendre ; puis elle rassembla tout ce qu'elle avait gagné par ses péchés, et après l’avoir fait porter au milieu de la ville, elle y mit le feu en présence de tout le peuple, en criant: «Venez tous, vous qui avez péché avec moi, venez voir comme je vais brûler ce que vous  m’avez donné. » Or, il y en avait pour une valeur de quarante livres d'or *. Quand elle eut tout brûlé, elle se rendit

 

* Le texte de J. de Voragine porte 400 livres, mais les Vies des Pères n'en marquent que 40. C'est sans doute une faute de copiste qui aura mis quadragintarum pour quadragenarum.

 

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à l’endroit que lui avait désigné l’abbé Paphnuce. Celui-ci trouva un monastère de vierges où il l’enferma dans une petite cellule dont il scella la porte avec du plomb. Il n'y laissa qu'une petite fenêtre par où on lui devait passer un peu de nourriture, et il commanda aux autres religieuses que tous les jours on lui portât un peu de pain et un tout petit peu d'eau. Le vieillard allait se retirer, quand Thaïs lui dit : « Où voulez-vous, père, que je répande l’eau que la nature rejette?» « Dans votre cellule, répondit-il, comme vous le méritez. » Comme elle demandait encore comment elle devait adorer Dieu, il répondit : « Vous n'êtes pas digne de prononcer le nom de Dieu, ni d'avoir sur les lèvres le nom de la Trinité, pas plus que d'élever vos mains au ciel, puisque vos lèvres sont pleines d'iniquité, que vos mains sont souillées d'ordures ; mais contentez-vous, étant assise, de regarder du côté de l’Orient et de répéter souvent ces paroles : « Vous qui,  m’avez formée, ayez pitié de moi. » Thaïs ayant passé trois années recluse de cette manière, Paphnuce eut compassion d'elle, et alla trouver l’abbé Antoine pour savoir si Dieu lui avait remis ses péchés. Quand il eut exposé l’affaire à saint Antoine, celui-ci convoqua ses disciples et leur commanda de passer la nuit suivante dans les veilles et la prière, chacun de son côté, avec l’espoir que Dieu révélerait à quelqu'un d'eux le motif pour lequel l’abbé Paphnuce était venu. Comme ils priaient sans relâche, l’abbé Paul, le principal disciple (179) d'Antoine, vit tout à coup dans le ciel un lit recouvert d'étoffes précieuses que gardaient trois vierges dont le visage était resplendissant de clarté. Ces trois vierges étaient la crainte de la peine future qui avait retiré Thaïs du vice, la honte des fautes commises qui lui avait valu le pardon, et l’amour de la justice qui l’avait portée aux choses du ciel. Et comme Paul disait qu'une si grande grâce était pour Antoine, une voix divine lui répondit: « Ce n'est point. pour ton père Antoine, mais pour la pécheresse Thaïs. » Paul ayant rapporté le matin cette vision et l’abbé Paphnuce ayant connu par là quelle était la volonté de Dieu, celui-ci se retira avec joie. Etant arrivé au monastère, il brisa le sceau de la porte de la cellule. Mais Thaïs priait qu'on la laissât encore recluse. Alors l’abbé lui dit : « Sortez, car Dieu vous a remis vos péchés. » Et elle répondit : Je prends Dieu à témoin que, depuis mon entrée ici, j'ai fait de tous mes péchés comme un monceau que j'ai mis devant mes yeux ; et de même que le souffle de ma respiration ne  m’a point quittée, de même aussi la vue de mes péchés n'a point quitté mes yeux, mais je pleurais constamment en les considérant. » L'abbé Paphnuce lui dit : « Ce n'est pas en considération de votre pénitence que Dieu vous a remis vos péchés, mais parce que vous avez toujours eu la crainte dans L'esprit. » Et quand il l’eut retirée de là, elle vécut encore quinze ans et reposa en paix.

L'abbé Ephrem voulut aussi convertir de la même manière une autre pécheresse. En effet, cette femme ayant excité avec impudence saint Ephrem à pécher, celui-ci lui dit : « Suis-moi. » Elle le suivit et quand (179) elle fut arrivée à un endroit où il y avait une multitude d'hommes, il lui dit. « Mets-toi là, afin que j'aie commerce avec toi. » « Et comment puis-je faire cela, reprit-elle, en présence de tant de monde? » Ephrem lui dit alors : « Si tu rougis des hommes, ne dois-tu pas rougir davantage de ton Créateur qui révèle ce qui se passe dans les ténèbres les plus épaisses? » Et elle se retira pleine de confusion.

 

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