PSAUME CXIII
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EXPLICATION DU PSAUME CXIII. . « LORSQU'ISRAEL SORTIT DE L'ÉGYPTE, ET LA MAISON DE JACOB D'UN PEUPLE BARBARE, DIEU PRIT POUR SANCTUAIRE LA MAISON DE JUDA, ET ÉTABLIT SON EMPIRE DANS ISRAEL. »

 

1. Que Dieu avant de réclamer la foi, a prouvé sa puissance par les miracles. — En quel sens la race d'Israël a été le peuple de Dieu. — Royauté de Dieu signalée par des bienfaits.

2. Suite du même sujet. — Sens de quelques expressions figurées.

3. Sens de l'expression : Dieu d Abraham, et autres semblables. — Dieu invoqué au nom de sa gloire, exauce dans sa miséricorde.

4. Folie des idolâtres.

5. Qu'est-ce que bénir Dieu, être béni de Dieu? — Effets de la bénédiction divine avant l'Evangile et depuis que la sollicitude de la divine Providence est universelle. — Explication des mots les vivants, les endormis.

 

1. Le Psalmiste témoigne ici de la bonté de Dieu, de son infinie douceur. En quoi consiste cette bonté ? C'est que Dieu commence par nous donner des preuves de son pouvoir avant de réclamer notre adoration. Telle est la signification de ces paroles: « Lorsqu'Israël sortit de l'Egypte, Dieu prit pour sanctuaire la maison de Juda. » Alors, veut-il dire, il montra sa puissance par les miracles d'Egypte, par ceux du désert: alors aussi il prit possession de son peuple. Il avait tenu la même conduite avec Adam. D'abord il avait fait le monde et prouvé par là sa sagesse et sa puissance: ensuite il créa l'homme et exigea son adoration. De même encore le Fils unique de Dieu avait commencé par donner mille signes divers de sa mission

ayant de réclamer la foi. Voilà pourquoi il ne dit pas tout d'abord à ceux qui l'approchèrent les premiers, sans avoir encore aucun gage, aucune preuve de sa divinité: Croyez-vous que je puis faire cela? Il se bornait à montrer ses miracles. Mais quand il eut laissé dans chaque endroit de la Palestine des monuments de son pouvoir, guérissant les infirmes, chassant le  vice, discourant sur le royaume, promulguant les lois de salut, alors il exigea la foi de ceux qui l'approchaient. Les hommes veulent commander d'abord, et ensuite ils songent à faire le bien: mais Dieu commence par les bienfaits. Et à quoi servirait-il de rappeler tous ceux que nous lui devons, quand il est allé jusqu'à endurer le supplice de la croix, et n'est devenu (139) le maître du monde qu'après avoir donné cette marque de sa sollicitude? Le psaume fait allusion à la même chose, en disant : « Lorsqu'Israël sortit de l'Egypte, et la maison de Jacob du milieu d'un peuple barbare, Dieu prit pour sanctuaire la maison de Juda. » — Lors de la sortie d'Egypte, du départ, de la délivrance. Que s'il ne se borne pas à dire « d'Egypte » et ajoute « du milieu d'un peuple barbare, » c'est pour indiquer la sollicitude de Dieu par ce nom donné aux ennemis de son peuple. — En effet, les Hébreux n'auraïent pu échapper à la servitude de ce peuple dur, inhumain, barbare, s'ils n'avaient été assistés par une main puissante, par un bras invincible. Ils étaient plus farouches que des bêtes sauvages, plus durs que des bêtes féroces, ces hommes qui s'étaient vu frapper de tant de plaies sans céder. En disant «peuple barbare,» le Psalmiste montre l'infinie puissance de Dieu qui sut persuader à une nation barbare et inhumaine de laisser partir ses esclaves, puis l'y contraindre par la force, vaincre son obstination en la précipitant dans les flots, et délivrer ainsi son peuple.

Qu'est-ce à dire « Dieu prit pour sanctuaire la maison de Juda ? » C'est-à-dire que cette maison devint son peuple fidèle, dévoué, consacré à son service. Ce mot sanctuaire s'employait ordinairement en parlant du temple, du saint des saints : c'est ainsi que Zacharie nous représente des hommes qui font la question suivante : « Le sanctuaire est entré ici : est-ce que nous jeûnerons?» (Zach. VII, 3.) il s'agit ici du retour de l'arche et des autres choses saintes. « Dieu prit pour sanctuaire la maison de Juda. » Auparavant le pays était impur et souillé , mais après le retour du peuple, la ville devint le sanctuaire de Dieu c'est-à-dire qu'elle fut sanctifiée par les cérémonies saintes, les sacrifices, le culte, et tout l'appareil de la religion. « Et établit son empire « dans Israël. » Ce n'est pas que tout l'univers ne fût déjà sous son empire, mais les Israélites devinrent alors plus particulièrement ses sujets. Ils entendaient les prophéties, ils écoutaient la voix de Dieu, et leurs intérêts étaient de sa part l'objet d'une attention spéciale. Il y a encore une autre raison qui justifie ce titre de peuple de Dieu : c'est que souvent pour obéir à Dieu, ils marchaient au combat, ou à quelque autre entreprise. Car après les avoir tirés des mains des barbares, affranchis de la tyrannie, de la servitude, sauvés d'un extrême péril et d'une erreur impie, il était devenu leur roi. Ailleurs il dit pour établir son droit et montrer qu'avant d'exiger rien d'eux, il avait commencé par payer de sa personne : « Est-ce que j'ai été  un désert pour la maison d'Israël, ou une terre en friche ? » Voici le sens de cette parole : ai-je été stérile pour vous ? Ne vous ai-je pas comblé de biens ? Ne suis-je pas allé jusqu'à changer l'ordre de la nature ? n'ai-je pas plié les éléments à votre service? Ne vous ai-je pas nourris sans vous imposer aucune des fatigues humaines ? Voilà pourquoi il dit : « Est-ce que j'ai été un désert pour la maison d'Israël ? » En d'autres termes, n'ai-je pas porté mille fruits pour elle ? délivrance d'Egypte, affranchissement de l'esclavage des barbares, prodiges, vivres dans le désert, partage de la Palestine, victoires sur les nations, trophées sans nombre, victoires multipliées, inconcevables merveilles, prodiges sur prodiges, fertilité de la terre, accroissement de population, gloire répandue par toute la terre, et mille autres bienfaits ? Voyez-vous les fruits de Dieu? Aussi le Prophète poursuit-il en disant « Est-ce que j'ai été une terre en friche ? » En d'autres termes : N'avez-vous pas reçu de moi mille bienfaits ? n'ai-je pas béni votre entrée et votre sortie, vos bergeries, votre bétail, votre pain, votre eau? ne vous ai-je pas mis en sûreté ? ne vous ai-je pas rendus indomptables, terribles, invincibles à tous ? tous les biens de la terre et du ciel n'affluaient-ils pas chez vous en abondance ? En effet, le roi se révèle surtout par l'intérêt, la sollicitude qu'il montre pour ses sujets.

2. C'est pour cela que le Christ a dit « le bon « berger... » qu'attendez-vous ? est honoré, courtisé ? non, « le bon berger donne sa vie « pour ses brebis. » En cela consiste l'autorité, en cela le talent d'un pasteur : à négliger ses propres affaires pour s'occuper de ses sujets. il en est d'un prince, comme d'un médecin ou plutôt ce qui est vrai de celui-ci l'est encore bien plus de celui-là. Le médecin consacre son art au salut d'autrui ; le prince y emploie jusqu'à ses propres périls. Ainsi fit le Christ, souffleté, crucifié, en butte à mille tortures ; d'où ce mot de Paul : « Le Christ ne s'est point  complu en lui-même ; mais, comme il est écrit : les outrages de ceux qui vous outrageaient sont tombés sur moi. » (Rom. XV, 3 ; Ps. LXVIII, 10.) En conséquence le Psalmiste (140) rappelle ici un bienfait ou plutôt trois, et même une infinité: la fin de la captivité en pays barbare, de l'exil, de la servitude, de tant de maux et de misères, et une multitude de miracles accomplis : puis il rapporte comment Dieu a choisi les Juifs pour sanctuaire, pour sujets, car ceci même est un bienfait, et des plus grands, que de les avoir admis au rang de ses sujets. « La mer le vit et s'enfuit ; le Jourdain retourna en arrière (3). » Voyons le langage s'élever et le bienfait grandir. A quoi bon parler des barbares et des gentils, quand la création elle-même céda, changea de face à la vue d'un tel guide, à la voix d'un pareil conducteur ? En effet rien ne résistait alors au peuple hébreu, afin que tous pussent juger que les événements ne se passaient point suivant l'ordre des choses humaines, que c'était une puissance divine et cachée qui opérait tant de miracles. Considérez la sublimité du langage, et comme elle est bien à sa place. Le Psalmiste ne dit pas : « reculé ni a fait place, mais bien la mer le vit et s'enfuit. » Par là il veut représenter la vitesse de cette retraite, le degré de cet effroi, la facilité de l'opération divine.

Et pour qu'on n'aille pas croire que ces choses s'accomplirent par hasard ou dans un temps marqué par la nature, elles né se renouvelèrent pas: elles n'eurent lieu qu'une fois, sur l'ordre de Dieu et avec acception de personnes. La violence désordonnée des eaux devint à sa voix, comme une force animée et raisonnable, pour sauver les uns, perdre les autres, ensevelir ceux-là , faciliter le passage de ceux-ci. On peut observer la même chose au sujet de la fournaise de Babylone. Le feu, cet élément indiscipliné par nature se montra docile à la volonté de Dieu, lorsqu'il épargna ceux qui étaient dans la fournaise et s'élança sur ceux qui étaient alentour pour les consumer. « Le Jourdain retourna en arrière. » Voyez-vous que les miracles s'opèrent dans des temps et des lieux divers? Afin de montrer aux hommes que la puissance de Dieu est répandue partout, qu'aucun lieu ne l'enferme, Dieu fit éclater ses prodiges dans le désert, dans le pays des barbares et partout, tantôt en mer, tantôt sur les fleuves, tantôt à l'époque de Moïse, tantôt à celle de Jésus : partout les miracles accompagnaient le peuple de Dieu, afin que sa dureté et son aveuglement, cédant à la vertu de ces prodiges, devinssent capables d'accueillir avec docilité la vraie doctrine. « Les montagnes ont bondi comme des béliers et les collines comme des agneaux (l4). » Ici une importante question s'élève. Quelques-uns conçoivent des doutes, et disent: nous sommes instruits des événements pissés ; l'histoire nous apprend que la Mer Rouge s'entr'ouvrit à la sortie, que le Jourdain retourna en arrière au passage de l'arche : mais que les montagnes et les collines ont tressailli, c'est ce qu'aucune relation ne nous révèle. Que répondre à cela? Il faut répondre que le Prophète voulant représenter avec force l'allégresse , ainsi que la grandeur des miracles, prête aux choses inanimées elles-mêmes, les tressaillements et les soubresauts que la joie cause chez les êtres vivants. De là cette comparaison ajoutée « comme des béliers et comme des agneaux.» En effet, quand ces animaux se réjouissent; ils marquent leur plaisir par des trépignements. Ainsi donc, de même qu'un autre dit à propos de malheurs, que la vigne et le vin ont été dans le deuil (Is. XXIV, 7), non que la vigne puisse être dans l'affliction, mais afin d'indiquer un extrême abattement par cette hyperbole qui associe les êtres inanimés eux-mêmes à la douleur générale : de même le Psalmiste, en cet endroit., fait participer la création à la joie dont il parle, afin de montrer combien elle est grande. Ne disons-nous pas de même que la joie anime tout à l'approche d'un personnage illustre ? Vous avez rempli de joie notre maison, disons-nous: non pas que nous ayons en vue les murs, mais afin de représenter l'excès de l'allégresse. « Pourquoi, ô mer, as-tu fui? et toi, Jourdain, pourquoi es-tu retourné en arrière (5) ? » «Pourquoi avez-vous bondi, montagnes, comme des béliers, collines, comme des agneaux (6) ? » Il continue sous forme d'interrogation, et converse avec les éléments, en vertu de la même idée qui lui a dicté cette expression « bondir? » S'il pariait ainsi sans attribuer d'ailleurs le sentiment à ces choses, mais pour marquer comme je l'ai dit plus haut un excès de joie et de bienfaits, c'est dans le même sens qu'il leur adresse cette question : il ne croit pas qu'elles puissent lui répondre ni qu'elles sentent rien: il ne veut que donner plus d'énergie à son langage, et montrer ce qu'il y a d'extraordinaire dans les événements.

3. C'est parce qu'il s'agit d'un fait inouï et (141) contraire à l'ordre de la nature qu'il interroge, et fait ensuite la réponse. Quelle est cette réponse ? « La terre a été ébranlée à la présence du Seigneur, à la présence du Dieu de Jacob (7). » Ici encore ébranlement signifie surprise, étonnement, stupeur, et est destiné à faire ressortir la grandeur des événements. Puis, afin de montrer ce que vaut la vertu d'un homme, il recourt au nom du serviteur pour désigner le Maître. Ce que Paul signale comme la plus glorieuse prérogative qui ait été conférée aux saints de ce temps, en récompense de leur détachement à l'égard de toutes les choses terrestres. En effet , il ne se borne pas à faire mention du privilège, il en indique encore la raison , afin de révéler à son auditeur le moyen d'y participer. En quoi consiste ce privilège ? en ce que le Maître est désigné par le nom de ses serviteurs. De là cette parole : « Pour ce motif Dieu ne rougit point d'être appelé leur Dieu. » ( Hébr. XI, 16.) Mais comment s'appelait-il leur Dieu? En disant : « Je suis le Dieu d'Abraham, et le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob. » (Exode, III, 6.) . Plus haut, Paul indique le motif de cette appellation , en disant : « Et torrs ceux-ci sont « morts, n'ayant pas reçu les biens promis, « mais les voyant et les saluant de loin et confessant qu'ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre. » (Hébr. XI, 13.) Voilà le motif, et par là s'explique la suite : « Pour ce motif, Dieu ne rougit point d'être appelé leur Dieu. » Quel est ce motif? dites-moi. C'est qu'ils ont confessé qu'ils étaient étrangers et voyageurs, qu'ils n'avaient rien de commun avec ce monde; c'est qu'ils ont rompu avec les choses terrestres , et vécu ici-bas comme en exil. Qui changea la «pierre en des torrents d'eau, et la roche en des fontaines (8). » Quel pardon peuvent espérer encore, je vous le demande, les obstinés et les endurcis? Quand la roche et la pierre amollissent leur dureté pour obéir aux ordres de Dieu, l'homme doué du privilège de la parole, l'homme, le moins farouche des êtres, se montrera plus insensible ! Par roche il désigne ici un genre de pierre que le fer entame difficilement, et dont il peut tout an plus écorcher la surface. Eli bien ! la roche elle-même s'est amollie, a changé de nature pour ! livrer passage à une onde jaillissante. En effet, le Créateur de la nature sait aussi en déplacer les bornes, en bouleverser l'ordre : et il l'a fait plus d'une fois pour montrer que c'est lui qui a tiré toutes choses du néant. En conséquence, après avoir rappelé les anciens bienfaits de Dieu, ses prodiges, ses miracles, comment il mit fin à la servitude en pays barbare, comment il remit son peuple en liberté, bouleversa les éléments, répandit partout la joie, le Psalmiste l'invoque au secours de sa détresse présente, et se réfugie dans le même port. Ensuite comme ces anciens bienfaits n'avaient point été accordés au mérite, mais dus seulement à la bonté de Dieu, et octroyés en vue de son nom : « Afin que mon nom ne soit pas profané, » est-il écrit (Ezéch. XX, 9), afin aussi que tous fussent instruits par la vue des événements du pouvoir de la divinité, et en tirassent un enseignement, il fait valoir cette nouvelle considération, en disant : Quand bien même notre vie ne plaiderait pas pour nous, quand nos actions ne nous donneraient pas crédit auprès de vous, agissez pour votre nom, comme disait autrefois Moïse. Voici ces paroles, analogues à celles de ce personnage : « Non pas pour nous, Seigneur, non pas pour rions; mais donnez la gloire à votre nom (9). » Non pas pour nous, non pas pour nous rendre illustres ou renommés, mais pour manifester en tous lieux votre propre puissance. Mais si son nom est glorifié quand il nous prête aide et protection, il l'est aussi quand nous vivons dans la vertu et brillons par notre conduite. « Que votre lumière brille devant les hommes, « afin qu'ils voient vos belles actions, et qu'ils a glorifient votre Père qui est dans les cieux. » Comme il est glorifié par nos vertus, il est blasphémé par nos mauvaises actions. C'est ce qu'il indique par la bouche dit Prophète, en disant : « Mon nom est blasphémé à cause de vous parmi les nations. » (Isaïe, LII, 5.) N'ayant pas d'autre moyen de plaider la cause des hommes, le Psalmiste recourt au même moyen que Moïse.

Mais Dieu n'agit pas toujours de même dans sa sollicitude pour notre salut. S'il devait toujours opérer de même, beaucoup de tièdes deviendraient pires, parce qu'ils compteraient sur sa gloire comme sur un gage infaillible de sécurité et de salut pour eux-mêmes. Mais il n'en est pas ainsi. Car Dieu ne se soucie pas tant de sa gloire que de notre salut. S'il est des hommes qui méprisent la gloire, à plus forte raison en est-il ainsi de Dieu, qui n'a besoin d'aucune des choses que nous pouvons donner : mais comme je l'ai dit, le Prophète, (142) ayant rôle d'avocat emploie le moyen de justification dont il dispose, et le reproduit même à deux reprises, en disant : « Non pas pour nous, Seigneur, non pas pour nous ; » insistant ainsi sur l'indignité de ceux dont le salut est en question . « mais donnez la gloire à votre nom. » Quant à nous, nous méritons mille maux, mais faites en sorte que votre nom ne soit pas profané. « Pour votre miséricorde et votre vérité (10). » Un autre interprète dit : « A cause de votre miséricorde. » Vous le voyez, il n'ignore pas lui-même que souvent Dieu, dans son mépris pour cette première considération, n'envisage qu'une chose, l'amendement des pécheurs. Voilà pourquoi il ajoute : « Pour votre miséricorde et votre vérité. » En d'autres termes, à cause de votre miséricorde, secourez-nous: quand bien même vous vous souciez peu de la gloire qui vient des hommes, songez à votre miséricorde, à votre vérité. On peut en effet, on peut acquérir de la gloire par lé châtiment non moins que par la compassion. Mais ce n'est pas en cette considération que je vous sollicite, c'est au nom de votre miséricorde. Nous devrions glorifier votre nom par notre vie, notre conduite. Mais puisque nous nous sommes privés nous-mêmes de ce titre, aidez-nous par bonté, par miséricorde : « De peur que les nations ne viennent à dire : où est leur Dieu? »

4. J'entends bien des personnes, aujourd'hui encore, proférer le même veau : mais il est à craindre qu'elles ne parlent sans savoir ce qu'elles disent : autrement verrions-nous tant de rapines, d'injustices, de crimes de toute sorte?

« Notre Dieu a fait dans le ciel et sur la terre tout ce qu'il a voulu (11): » Ici il redresse l'erreur des hommes déraisonnables. Attendu que beaucoup d'hommes méconnaissent l'existence de Dieu, il combat cette opinion en disant : « Notre Dieu a fait dans le a ciel tout ce qu'il a voulu. » Par conséquent, il l'a fait à bien plus forte raison sur là terre. Mais qu'est-ce à dire, il a fait dans le ciel tout ce qu'il a voulu? Il veut parler ou des puissances d'en-haut et des peuples innombrables qui habitent le ciel, ou de la facilité avec laquelle les ordres divins sont accomplis. Que si la terre offre beaucoup de désordre et de confusion, ne vous en étonnez point. Cela provient de la méchanceté des hommes, et non de l'impuissance de Dieu , dont les choses célestes montrent assez la force et le pouvoir. S'il n'en est pas ainsi sur la terre, la faute en est à ceux qui se rendent indignes.

On en trouvera encore une autre raison, si l'on considère que la longanimité s'oppose à ce que beaucoup d'actions reçoivent ici-bas la rétribution qui leur est due. Voilà pourquoi on voit des méchants obtenir l'avantage sur des justes : c'est que le bon Dieu ne veut pas demander sur-le-champ compte à chacun de ses fautes, sans cela notre espèce serait anéantie depuis longtemps. Ce passage signifie donc que Dieu est fort, puissant, capable de punir; les choses du ciel en sont la preuve : s'il ne punit pas, c'est qu'il use de longanimité, et veut attirer les coupables au repentir. « Les idoles des nations sont de l'argent et de l'or, des ouvrages de la main des hommes (12). Elles ont une bouche et elles ne parlent point, elles ont des yeux et elles ne verront point (13). Elles ont des oreilles et n'entendront point, elles ont des narines et ne sentiront point (14). Elles ont des mains sans pouvoir toucher, elles ont des pieds sans pouvoir marcher, elles ne crieront point avec leur gorge (15). Que ceux qui les font leur deviennent semblables (16).» Dans le psaume CV, pour montrer leur démence, il disait : « Ils ont sacrifié leurs fils et leurs filles aux démons. » (37). Ici il fait voir la stupidité de ces adorateurs d'une matière inanimée. Et il passe en revue tous les membres des idoles, afin de  compléter la dérision. Puis il poursuit en disant : « Que ceux qui les font leur deviennent semblables, et tous ceux qui s'y confient.» C'est vertu, en général, que de ressembler à Dieu : ici c'est un, malheur qu'il leur souhaite. Songez à ce que peuvent être ces dieux, quand on ne saurait rien souhaiter de pire à quelqu'un que de leur ressembler. Il s'y prend à merveille, on le voit, pour railler l'extrême folie des idolâtres et les couvrir de ridicule.

Et comment ne serait-il pas ridicule, je vous le demande, de rendre un hommage fidèle à une statue qui offre l'image de la suprême indécence? Qui voudrait voir une femme nue? Eh bien ! le démon ne nous guette pas moins auprès d'une représentation semblable. Les idoles sont des images tantôt de fornication, tantôt de sodomie. Que signifient cet aigle, ce Ganimède , cet Apollon qui poursuit une vierge, et tant d'autres figures abominables? (143) Partout luxure, partout incontinence, partout des représentations d'amours illicites et furieuses. Images, fêtes, solennités, mystères, toutes ces choses attestent, rappellent, enseignent des infamies, et non pas seulement des ordures, mais encore des homicides. C'est ainsi que l'on s'y prend pour apaiser ces démons. Là on ne trouve qu'incontinence, orgies, cruauté, barbarie, homicides : tels sont les seuls éléments des fêtes. Après avoir raillé, en conséquence, l'insensibilité des idoles, et l'aveuglement de ceux qui s'y confient, il en revient aux louanges de Dieu, en disant : « La maison d'Israël a espéré dans le Seigneur, il est leur auxiliaire et leur protecteur (17). La maison d'Aaron a espéré dans le Seigneur, il est leur auxiliaire et leur protecteur (18). Ceux qui craignent le Seigneur ont espéré dans le Seigneur, il est leur auxiliaire et leur protecteur (19).» Par là, il proclame à la fois la puissance de Dieu et son élévation incomparable au-dessous de tous les êtres. En mettant sous nos yeux ce que Dieu a fait pour le peuple Juif, il nous rappelle un double ou plutôt un triple bienfait. En premier lieu, Dieu a délivré les Juifs des démons; en second lieu, il s'est fait connaître; en troisième lieu il a prêté son assistance.

Le Psalmiste parle ensuite séparément d'Israël, de la race sacerdotale, et de ceux des Gentils qui vinrent se joindre au peuple de Dieu. Ce n'est pas la même chose, en effet, qu'un prêtre et un simple particulier : le prêtre a un titre de plus. La division est donc en ce point justifiée par la prérogative de l'ordre sacerdotal.

5. Ensuite, voulant montrer que la Providence divine ne s'étendait point seulement sur la Judée, il fait mention également des étrangers, des païens réunis, et dit que le secours et la bénédiction sont devenus choses communes à tous. « Le Seigneur s'étant souvenu de nous, nous a bénis. Il a béni la maison d'Israël; il a béni la maison d'Aaron (20). Il a béni ceux qui craignent le Sei« gneur (21). » Qu'est-ce à dire : « Il a béni?» C'est-à-dire il a comblé de biens. L'homme peut aussi bénir Dieu, en disant, par exemple bénis, mon âme, le Seigneur. Mais celui qui bénit Dieu ne rend service qu'à lui-même; il ajoute à sa propre gloire sans obliger Dieu en aucune façon. Dieu, au contraire, en nous bénissant, nous rend plus glorieux sans y rien gagner lui-même. Rien ne manque, en effet, à la divinité : de sorte que, dans les deux cas, le profit est pour nous-mêmes. Mais comment les a-t-il bénis? Il leur a envoyé du pain du haut du ciel, il a fait jaillir pour eux l'eau d'un rocher, il a protégé leur entrée, leur sortie; il a multiplié leur bétail, leurs troupeaux, il les a nommés son peuple, il a fait de la prêtrise une royauté, il a donné la loi, il a envoyé ses prophètes. De là, ces assurances qu'on lit ailleurs : « Il n'a pas fait ainsi pour chaque peuple, et il ne leur a pas manifesté ses jugements. » (Ps. CXLVII, 9.) Et encore : « Quelle nation est assez sage pour que le Seigneur Dieu s'en approche? Les petits avec les grands. » (Deut. IV, 7.) C'est-à-dire qu'aucune race n'était privée de bénédiction, et que les mêmes grâces étaient répandues sur tous. « Que le Seigneur vous multiplie, vous et vos fils (22). » Encore une espèce de bénédiction, l'accroissement de la race. Le contraire est représenté par un autre comme un châtiment, en ces termes : « Nous avons diminué de nombre, et nous sommes bien peu par rapport à tous ceux qui habitent la terre. » (Dan. III, 37.) Même en Egypte, ils jouissaient de cette bénédiction ; malgré la foule des obstacles, les travaux, la misère, la barbarie de leurs tyrans, rien ne pouvait arrêter l'accomplissement de la parole divine, et la bénédiction produisit de tels effets qu'en deux cents années ils devinrent six cent mille. En cela consistait alors la bénédiction; aujourd'hui, sous le règne de la nouvelle loi, elle produit des effets bien plus relevés. Paul a dit : « Béni  Dieu, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle, des dons célestes dans le Christ ! » (Ephés. I, 3.) Et ailleurs : « Mais à celui qui est puissant pour tout faire bien au delà de ce que nous demandons ou concevons, à lui gloire dans l'Eg lise ! » (Ib. III, 20, 21.) Les prophètes de l'ancien temps, quand ils voulaient faire du bien à quelqu'un, avaient recours à la bénédiction qu'on a vue. Elisée fit présent d'un fils à la femme qui l'avait accueilli. Sous la nouvelle loi , les bienfaits sont autres et incomparablement plus grands. Ce n'est pas là ce que la marchande de pourpre demandait aux apôtres. Qu'était-ce donc? « Si vous n'avez pas jugé que je suis indigne devant le Seigneur, entrez et restez chez moi. » (Act. XVI, 15.)

Voyez-vous la différence, la diversité des (144) prières aux temps de l'Ancien et sous le Nouveau Testament? Le Christ a dit de même: « Réjouissez-vous de ce que vos noms ont été inscrits dans les cieux. » Et Paul : « Que Dieu vous remplisse de toute grâce et de toute gloire dans votre joie, afin que vous abondiez dans l'espérance et dans la vertu de l'Esprit-Saint. » (Rom. XV, 13.) Bénédiction dont la vertu est d'accorder des biens ineffables et n'a rien de terrestre. Paul dit encore : « Dieu écrasera Satan sous vos pieds promptement. » Mais aux temps de l'ancienne loi, quand les hommes étaient plus grossiers, c'étaient les choses sensibles qui formaient le tissu de la bénédiction, et la fécondité des femmes était regardée comme un bien incomparable. En effet, une fois que la mort eut été introduite à la suite du péché, Dieu voulant consoler notre espèce, et lui montrer que loin de vouloir l'exterminer, l'anéantir, il la rendrait au contraire bien plus nombreuse, prononça ces paroles : « Croissez et multipliez. » (Gen. IX, 1.) Mais la mort n'eut pas été plus tôt reconnue pour un simple sommeil, que la virginité devint un titre d'honneur. D'où ces mots de Paul : « Je voudrais que  tous les hommes fussent dans la continence, ainsi que moi. » Et encore : « Il est avantageux à l’homme de ne toucher aucune femme. » (I Cor. VII, 7.) Et ces paroles du Christ : « Il y  a des eunuques qui se sont faits eunuques en vue du royaume des cieux. » (Ib. V, 1; Matth. XIX, 12.) D'ailleurs, dès le principe, Dieu avait fait entendre qu'on a besoin de vertu et non d'une postérité nombreuse. Ecoutez en quels termes un sage dit : « Ne désirez point une troupe inutile d'enfants, s'ils n'ont pas la crainte de Dieu; et ne vous occupez pas de leur nombre. Car mieux vaut un que mille et mourir sans postérité que d'avoir des enfants impies; et mieux vaut un qui fait la volonté du Seigneur que mille qui transgressent la loi. » (Eccli. XVI, 4.) Mais les stupides Juifs, dans leur attachement à la chair, dans leur insouciance pour la vertu, disaient : « Que cherche Dieu, sinon la progéniture? » (Malach. II, 15.) Aussi, voulant leur montrer que ce n'est pas. cela qu'il cherche, en mille circonstances, il punit leurs vices par la mort. « Soyez bénis du Seigneur (23). » Remarquez ces derniers mots. Voilà, en effet, la bénédiction véritable. Il y a aussi des gens qui sont bénis parmi les hommes; mais les biens qui leur en reviennent sont humains. La suprême bénédiction, la voici : les hommes, bénissent, en ce sens qu'ils louent, célèbrent les hommes riches, puissants, glorieux. Mais c'est là une bénédiction temporaire, et inutile au moment même où elle se fait sentir : celle de Dieu est perpétuelle, et elle nous seconde dans les plus grandes choses. « Qui a fait le ciel et la terre. »

6. Voyez-vous le pouvoir de la bénédiction? Les paroles de Dieu deviennent des réalités. c'est une de ces paroles, du moins , qui a créé le ciel. « Par une parole du Seigneur, » est-il écrit , « les cieux furent établis, » (Psal. III, 2-6.) La parole dont il vous bénit, c'est cette parole puissante.

« Le Ciel du ciel est au Seigneur; la terre, il l'a donnée aux fils des hommes (24). » Que dites-vous ? Il a choisi le ciel pour en faire son séjour, et après s'être réservé l'étage supérieur, il nous a assigné cette terre pour habitation ? A Dieu ne plaise ! ce langage est celui de la condescendance. S'il en était ainsi que vous dites, comment subsisterait dès lors cette autre parole divine : « Est-ce que je ne remplis pas le ciel et la terre? dit le Seigneur. » (Jér. XXIII, 24.) Car ces deux choses sont contradictoires, si nous nous en tenons au sens qui s'offre tout d'abord , au lieu d'approfondir la doctrine qui y est renfermée. Que signifie donc ceci: « Le Ciel du ciel est au Seigneur : la terre, il l'a donnée aux fils des hommes?» C'est une expression de condescendance qui n'implique point que Dieu soit confiné dans le Ciel. Ce n'est pas. non plus parler dignement de lui que de dire : « Le ciel est son trône, et la terre son escabeau, (Isaïe LXVI, 4) : » encore le langage de la condescendance. Dieu embrasse tout, supporte tout, loin d'être assujetti à aucune condition de lieu, il domine lui-même et contient toutes choses; s'il est écrit que le ciel est sa maison , c'est parce que ce lieu est pur d'iniquité. Le ciel ne marque donc pas en cet endroit un séjour choisi, non plus que dans cet autre passage : « Il a marqué les limites des peuples selon le nombre des anges de Dieu, (Deut. XXXII, 8) ; » et dans celui-ci: « Il a choisi la maison de Jacob. » (Ps. CXXXIV, 4.) N'entendez point par là que les Juifs deviennent les siens, à l'exclusion des autres hommes,. abandonnés désormais de sa providence , et frustrés de son secours. Dieu est commun à tous les hommes. ce langage (145) n'est employé ici que pour marquer la tendresse particulière qu'il avait pour les Juifs, comme valant mieux, il faut bien le croire, que les autres hommes. En effet, qu'il ne les choisit pas à l'exclusion des autres, que sa sollicitude demeura toujours universelle, c'est ce que montrent et les faits d'avant Moïse, et tout ainsi bien ceux qui arrivèrent de son temps ; enfin ceux qui se passèrent successivement après lui. Le soleil , la terre , la mer, tout le reste fut donné à tous en commun par le Seigneur; chez tous il implanta pareillement la loi naturelle. Abraham était perse (1) : Dieu l'aima, le fit, changer de pays, il se servit de lui pour corriger les Egyptiens , les habitants de Chanaan , ceux qui venaient de la Perse; de son fil. et de son petit-fils pour rendre meilleures, autant qu'il lui appartient, beaucoup de peuplades voisines. Après la naissance de Moïse, il achemina les Egyptiens à la doctrine sainte par sa conduite envers les Juifs; de même les habitants de la Palestine, et ensuite ceux de Babylone : Ainsi, en disant: « Le ciel du ciel est au Seigneur, » le Psalmiste entend que le Seigneur se complaît, dans les habitants de ce séjour, parce qu'ils sont exempts de toute iniquité. Et vous-même, si vous ne restez pas attaché à la terre , si vous devenez un ange, vous monterez promptement au ciel et dans la maison paternelle; même avant le jour de la résurrection, vous voilà émigré d'ici-bas , et promu aux honneurs. Car de même que beaucoup de sénateurs conservent leur dignité, quoique vivant à la campagne; de même si vous voulez devenir citoyens du ciel, même en vivant ici-bas, vous jouirez de cette dignité. « Les morts ne vous loueront pas , Seigneur, ni tous ceux qui descendent dans l'enfer (25).»

«Mais nous les vivants, nous bénirons le Seigneur dès maintenant et dans tous les  siècles (26). » Par « morts » il n'entend pas ici les trépassés, mais ceux qui sont décédés dans l'impiété , ou ceux qui ont vieilli clans le péché. Abraham, Isaac, Jacob, avaient déjà fini leurs jours, qu'ils vivaient encore, en ce sens que leur méritoire était honorée par les vivants. Quand Moïse prie pour le peuple placé sous sa conduite, il se sert de leurs noms pour émouvoir Dieu, il les adjoint à sa supplication. C'est encore en leur nom, que les trois enfants sollicitent leur délivrance. « Ne détournez pas

 

1 Saint Chrysostome ne signe par ce nom les Chaldéens, ainsi que dans d'autres passages Abraham venait de la Chaldée.

 

votre miséricorde de nous, à cause d'Abraham qui fut aimé de vous, d'Isaac votre serviteur, et d'Israël votre saint. » (Dan. III, 35.) Comment les appeler morts, eux qui jouissaient d'un pareil pouvoir? Le Christ a dit : « Laissez les morts ensevelir leurs morts. » (Matth. VIII, 22.) C'est pour cela que Paul appelle les défunts non pas les morts, mais: « Les endormis: Je ne veux pas que vous ignoriez , » dit-il, « mes frères , au sujet des endormis. » (I Thess. VI, 12.) Car le juste même trépassé n'est pas mort, il n'est qu'en état de sommeil. Celui qui doit être envoyé dans une  vie meilleure, n'est qu'endormi : celui qui doit. être traîné à la mort. éternelle , celui-là est mort, qu'il soit défunt ou en vie. Les uns descendent dans l'enfer, les autres monteront au ciel , et seront avec le Christ. Aussi le Prophète ne dit-il pas simplement: les vivants, mais « Nous les vivants , » se désignant ainsi lui-même. Et d'où vient cette addition? De ce que Paul s'est exprimé de même en disant « Nous les vivants, nous qui restons, nous n’arriverons pas les premiers en la présence du Seigneur. » (I Thess. IV, 16.) De même qu'ici , ce mot « Nous » ne permet pas d'appliquer la phrase à tout le monde, mais seulement aux fidèles , à ceux qui imitent la conduite de Paul , ainsi dans notre texte: « Nous les vivants, » doit s'entendre de ceux qui vivent dans la vertu , à la façon de David. « Dès maintenant et dans tous les siècles. » Voyez-vous comme la suite confirme cette interprétation, à savoir, qu'il parle de ceux qui vivent selon la vertu ? Personne ne vit ici-bas jusque dans l'éternité, c'est le privilège de ceux-là seuls, comme destinés à une immortalité glorieuse. Les pécheurs vivent aussi ; mais c'est dans les tourments, les supplices, les grincements de dents : les autres vivent dans tout l'éclat de la gloire, et leur seule occupation est d'offrir à Dieu les hymnes mystiques avec les puissances incorporelles. Tâchons d'obtenir cette vie afin de goûter le même bonheur, afin d'entrer en possession du partage que rien ne peut représenter, pas plus l'esprit que la parole , et dont l'expérience seule peut révéler les délices, desquelles puissions-nous tous jouir, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui gloire et puissance, maintenant et toujours , et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

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