PSAUME CXXXII
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EXPLICATION DU PSAUME CXXXII. 1 « QU’ Y A-T-IL JE. LE DEMANDE, DE BON OU D'AGRÉABLE? (AUTRE VERSION : QU'Y A-T-IL, JE LE DEMANDE, DE BON ET DE BEAU), SI CE N'EST QUE DES FRÈRES HABITENT ENSEMBLE UNIS ? »

 

ANALYSE.

 

Caractères et avantages de la concorde.

 

Il y a bien des choses moralement belles, qui ne sont pas agréables; d'autres, qui font plaisir. sont dépourvues de la grande et véritable beauté : quant à trouver ces deux qualités réunies, cela n'est pas fort aisé. Mais dans le fait qui nous occupe, les deux conditions se sont rencontrées : plaisir et grande beauté morale. C'est là en effet le principal apanage de la charité : outre son utilité, elle est aussi très-facile, et en même temps agréable à pratiquer. C'est donc bien elle que le Psalmiste célèbre encore ici. En effet, il ne parle pas simplement de la demeure que l'on occupe, ni de réunion dans une seule petite habitation, mais il parle d'habiter ensemble unis, c'est-à-dire dans la concorde et la charité; car il en résulte alors que plusieurs ne font qu'une seule et même âme. Puis, après avoir dit que cela était beau et agréable, il rend son discours encore plus clair, en mettant sous forme de comparaison ce qu'il vient de dire, et il emprunte des images matérielles capables de le présenter plus nettement à nos yeux. Et voyez quelles sont ces images : « C'est comme ce parfum qui, répandu sur la tête, descendit sur la barbe, sur la barbe d'Aaron (9), et jusqu'au bord de son vêtement (3). » En effet Aaron, en sa qualité de grand prêtre, se frottait de ce parfum, qui, ruisselant sur lui de tous côtés, le rendait très-gracieux à voir, en même temps qu'agréable et attrayant à cause de cette bonne odeur. Ainsi, veut dire le Psalmiste, comme Aaron frotté de ce parfum, offre un aspect brillant, un extérieur éclatant, qu'il est tout enveloppé d'une odeur suave, et qu'il est la joie des yeux qui le contemplent; de même cette union entre frères est une belle chose; et de même que ce spectacle non-seulement est beau à voir, mais encore réjouit les yeux, ainsi cette charité met la joie dans l'âme. « C'est comme la rosée de l'Hermon qui descend sur les montagnes de Sion (3). » Nouvelle image qu'il emprunte, fort gracieuse aussi, et propre à charmer l'esprit qui s'y arrête. les expressions qu'il emploie ne sont pas l'effet du hasard : avant la captivité , dix tribus avaient vécu séparées des deux autres : cette division était devenue la cause de nombreuses iniquités; elle avait jeté les Juifs dans les dissensions, les querelles elles guerres; afin donc que cet état de choses ne reparaisse point, il avertit le peuple, il lui conseille de ne plus (213) donner l'exemple de cette scission, mais d'habiter ensemble, de rester uni, d'obéir à un seul chef, à un seul roi, et de faire que la charité répande ses flots salutaires dès à présent et à jamais, semblable à la rosée qui pénètre partout. Il compare la charité à un parfum et à la rosée, voulant par le premier représenter la bonne odeur, et par la seconde, le repos et le charme de la vue. « Parce que c'est là que le « Seigneur a ordonné que fût sa bénédiction (4.). » Quel endroit désigne le mot : « Là? » L'endroit habité de la manière que l'on vient de dire, avec cet accord, cette bonne intelligence, cette union dont on a parlé. Car c'est là la bénédiction, comme le contraire est la malédiction. C'est pourquoi l'Ecriture loue ailleurs la même chose en ces termes : « L'amitié entre les frères, la concorde entre les proches, le mari et la femme ayant de la condescendance l'un pour l'autre. » (Eccli. XXV, 2.) Et autre part, se servant de figures pour donner à entendre leur force, elle s'exprime ainsi : « S'ils se couchent deux ensemble, ils seront réchauffés, et la corde qui est triple ne sera pas vite rompue. » (Eccle. IV, 11, 12.) En effet elle nous montre ici, et le plaisir et la force; elle nous fait voir que même dans leur repos leur plaisir sera grand, et que s'ils se mettent à agir, grande sera leur force. Elle dit encore : « Le frère secouru par son frère est comme une ville fortifiée. » (Prov. XII, 19.) Et Jésus-Christ nous déclare ceci : « Là où deux ou trois personnes sont réunies en mon nom, j'y suis au milieu d'elles. » (Matt. XVIII, 20.) C'est notre nature même qui le réclame. Aussi , lorsque Dieu forma l'homme au commencement, il dit : « Il n'est pas bon que l'homme soit seul « (Gen. II, 18); » et quand il fit cet être due l'on appelle la femme, il l'unit à l'homme par les liens étroits du besoin, et il nous rapprocha l'un de l'autre en mille manières. Ensuite le Psalmiste ajoute fort bien : « Et la vie dans l'éternité. » Car où est la charité, il y a grande sécurité, et grande assistance de la part de Dieu. En effet, elle est la mère des biens, elle en est la racine et la source, elle est la suppression des guerres, l'anéantissement des dissensions. C'est pour montrer cela qu'il ajoute : « Et la vie dans l'éternité. » Car de même que les dissensions et les querelles occasionnent les morts, et les morts prématurées; de même la charité et la concorde produisent la paix et font les coeurs unis; or, où il y a paix et union des âmes, l'existence est pleine de confiance et de sécurité. Et pourquoi parler de la vie actuelle? C'est encore la charité qui nous fait obtenir le ciel et les biens mystérieux, et elle est la reine des vertus. Puisque nous le savons, soyons diligents à en poursuivre la possession , afin de jouir des biens présents et des biens futurs : puissions-nous tous obtenir cette faveur, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel, gloire au Père ainsi qu'au Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Ainsi soit il.

 

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