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DEUXIÉME HOMÉLIE. Saint Jean Chrysostome au moment de partir pour l'exil.
AVERTISSEMENT.
Ce qu'il y a de bon dans ce discours se trouve déjà dans le précédent. Le reste ne parait pas digne de saint Chrysostome. Une chose cependant semble prouver l'authenticité de cette homélie. Dans son premier discours après son retour de l'exil saint Chrysostome dit : Vous vous souvenez que j'ai fait paraître au milieu de vous le bienheureux patriarche Job... Or, le patriarche Job figure en effet dans le discours qu'on va lire. Mais le faussaire pourrait avoir tiré le passage du discours authentique qui existait encore. Quoiqu'il en soit, ceux qui soutiennent que la pièce suivante est de saint Chrysostome sont obligés d'avouer qu'elle a subi de graves altérations de la part des copistes.
1. Heureux sujet d'entretien pour nous, mes frères, brillante réunion ! c'est la mer, vaste et spacieuse, aux flots pressés, mais que n'agitent pas les vents impétueux. Car elle est venue celle qui enfante la paix, qui éteint l'impétuosité des vents, La mère de Sion dira : un grand nombre d'hommes sont nés dans elle; et le Très-Haut lui-même l'a fondée. (Ps. LXXXVI, 5.) Mes chers petits enfants, on veut ma mort ! Et pourquoi craindrais-je la mort? Ma vie à moi, c'est le Christ, et mourir est mon gain. (Philip. I, 21.) Mais ils vous enverront en exil? C'est au Seigneur qu'appartient la terre, et tout ce qui la remplit. (Ps. XXIII, 1.) Mais la confiscation de mes biens? Nous n'avons rien apporté en venant au monde, il est évident que nous n'en pouvons rien emporter. (I Tim. VI, 7.) Mais vous savez bien, mes frères, pourquoi ils veulent me déposer. C'est que je n'ai pas déployé de tapisseries; c'est que je n'ai pas encouragé leur gourmandise qui engloutit tout; c'est que je ne leur ai offert ni or, ni argent. Or, ils me disent que j'ai mangé, que j'ai bu, que j'ai baptisé. Si j'ai fait cela, que l'anathème soit sur moi; que je sois retranché du nombre des évêques; que je ne sois pas admis parmi les anges, que je ne sois pas agréable à Dieu ! Mais si j'ai mangé, si j'ai baptisé, je n'ai rien fait qui ne fût de circonstance et à propos. Qu'ils déposent donc aussi l'apôtre Paul, pour avoir, après souper, conféré le baptême .au geôlier; qu'ils déposent donc le Seigneur lui-même, pour avoir, âpres souper, distribué la communion à ses disciples. Les flots s'amoncèlent et la tempête devient sinistre, et je vois les lances toutes prêtes; je suis comme un pilote, au milieu d'une grande tourmente; je suis assis à deux poupes, car le navire en a deux, l'Ancien et le Nouveau Testament, et, avec mes rames, je repousse les vagues furieuses; je ne dis pas avec des rames faites de bois, c'est avec la croix adorable du Seigneur que je change l'agitation en tranquillité. Le Seigneur commande, et l'esclave est couronné; voilà pourquoi il le laisse un moment à la merci du démon. Les hommes ne savent-ils pas que c'est par le moyen de ce qui est impur que le vase est rendu brillant de la plus grande pureté? Mes frères, je vous donne trois fondements de la sanctification; la foi, la tentation, la continence. Si vous dites que c'est la foi qui est le soutien, imitez le bienheureux Abraham, qui recueillit, dans une grande vieillesse, la maturité des fruits. Si vous dites que c'est la tentation qui est le soutien, imitez le bienheureux Job. Vous connaissez ses moeurs, vous avez appris sa patience, et vous n'ignorez pas sa foi. Si vous préférez dire que c'est la (319) continence qui est le soutien, imitez le bienheureux Joseph, qui fut vendu pour être conduit en Egypte ; ce pays était désolé par la famine, il l'en délivra. Il eut à subir la tentation que lui offrit une courtisane de l'Egypte, esclave de l'amour qu'elle éprouvait pour lui, assise à ses côtés : Dors, lui dit-elle, avec moi. (Gen. XXXIX, 7.) Elle voulait le dépouiller de sa continence sur cette terre d'Egypte, l'Egyptienne. Ici aussi il y a un Egyptien (1). Mais ni cette femme n'a supplanté le saint, ni l'Egyptien votre évêque; au contraire, on a vu se manifester à la fois la continence de l'homme libre, la noblesse des enfants et le dérèglement de la femme barbare. 2. Mes frères, le voleur ne va pas où il n'y a que de la paille, du foin et du bois, mais où se trouvent l'or, ou l'argent, ou les perles : de même le démon n'entre pas où se trouve un débauché, un impie, un ravisseur, un avare ; il cherche ceux qui vivent dans la solitude. Mes frères, est-ce que nous voulons donner à notre langue toute sa liberté en ce qui touche l'impératrice? Mais que dirai-je? Jézabel fait le tumulte, Elie prend la fuite; Hérodiade se réjouit, et Jean est dans les fers; l'Egyptienne ment, et Joseph est gardé en prison. S'ils m'exilent, j'imiterai Elie; s'ils me jettent dans la boue, je serai comme Jérémie; s'ils me précipitent dans la mer, je ferai comme le prophète Jonas; dans un lac, comme Daniel; s'ils me lapident, je serai comme Etienne; s'ils me tranchent la tête, je serai comme Jean le précurseur; s'ils me frappent de verges, ils feront de moi un autre Paul; si leur volonté est de me scier, un autre Isaïe. Qu'ils me scient donc avec une scie de bois, pour que je jouisse de l'amour de la croix. Celle qui est ensevelie dans son corps attaque l'homme affranchi de son corps; celle qui se plonge dans les baisas, dans les parfums, dans les embrassements d'un homme, combat la pureté immaculée de l'Eg
1. Théophile, évêque d'Alexandrie.
aujourd'hui elle m'a appelé Judas; hier, en toute liberté, elle s'est assise auprès de moi, et aujourd'hui, comme une bête sauvage, elle a bondi sur moi. Il vaudrait mieux voir le soleil s'éteindre, ne plus apercevoir la lune, que d'oublier les paroles de Job. En effet, lorsque Job souffrit un si grand coup, il se borna à s'écrier : Que le nom du Seigneur soit béni dans tous les siècles ! (Job, I, 21.) Quand sa femme lui cria : Maudissez Dieu, et mourez (Ibid. 11, 9, 10), il la réprimanda par ces paroles : Pourquoi parlez-vous comme une femme insensée? O ingratitude de la femme ! ô émollient des douleurs ! Est-ce que, quand tu étais malade toi-même, ô femme ! tu as entendu de telles paroles de la bouche de Job? Est-ce que, au contraire, par ses prières, par ses bons soins, il ne t'a pas enlevé ta maladie? Quand il vivait dans les palais des rois, quand il avait des richesses, quand il avait un train royal, tu ne disais rien de semblable; et maintenant que tu le vois assis sur le fumier, en proie aux vers, tu lui dis : Maudissez Dieu, et mourez. Ne lui suffisait-il pas de cette leçon dans le temps? Tu veux, par tes paroles, lui procurer un châtiment éternel! Mais que répond le bienheureux Job? Pourquoi parlez-vous comme une femme insensée? Si nous avons reçu les biens de la main du Seigneur, ne supporterons-nous pas aussi les maux qu'il nous envoie ? Mais que veut cette femme qui viole les lois? cette détestable, cette nouvelle, ou, je le dirai, cette nouvelle Jézabel, est-ce qu'elle ne crie pas en disant (1)........ Mais elle m'envoie consuls et tribuns, et elle ne fait que menacer. Et que m'envoie-t-elle? Des araignées de la part d'une araignée. O mes frères ! ô vous tous ! si les épreuves donnent la victoire, si les combats méritent la couronne, ainsi que le disait tout à l'heure Paul, inspiré d'en-haut : J'ai bien combattu, j'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi; ce qui me reste, c'est â attendre la couronne de justice qui m'est réservée, que me décernera, au grand jour du jugement, le Seigneur, le juste Juge (II Tim. IV, 7), à qui appartiennent la gloire et l'empire, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
1. Il y a une lacune dans ce texte.
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