CHAPITRE XXXVIII
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rte de l'église 38 - CH-1897 Le Bouveret (VS)

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CHAPITRE TRENTE-HUITIÈME. Le pape Zozime et les pélagiens. —  Persévérance des évêques d'Afrique. —  Les deux conciles de Carthage. —  Condamnation des pélagiens dans l'univers catholique. (417-418.)

 

Le pape Innocent, mort le 12 mars de l'année 417, avait été remplacé par Zozime, célèbre dans l'histoire de cette époque pour avoir tenu un moment le monde chrétien incertain entre l'Église africaine et le siège apostolique. La Providence permit qu'un peu de nuée environnât la chaire de Pierre, pour que l'univers y vît rayonner ensuite avec plus de joie le soleil de la vérité religieuse. Il faut bien considérer d'ailleurs que toutes les subtilités de la ruse accompagnaient l'expression des idées pélagiennes. Les meilleurs esprits pouvaient s'y tromper.

L'erreur et le mensonge ne reconnaissent jamais leurs défaites et en appellent toujours à des jugements nouveaux. La doctrine pélagienne, foudroyée par les anathèmes de Carthage et de Rome, releva la tête à l'avènement d'un nouveau pape; elle espérait gagner quelque chose à un changement de pontife. Venu à Rome après avoir été chassé de Constantinople, Célestius interjeta appel des jugements sous le poids desquels il était resté; il adressa au pape un mémoire (libellum) (1), sorte de profession de foi qui n'était pas de nature à changer sa position comme novateur; d'un côté, il confessait qu'il fallait baptiser les enfants pour la rémission des péchés, selon la règle,de l'Église universelle et l'enseignement de l'Evangile, reconnaissant comme nécessaire de suppléer à la faiblesse de notre nature par le bénéfice de la grâce; de l'autre, il niait le péché originel; Célestins ne jugeait pas conforme à la doctrine catholique la transmission du péché par les parents; « le péché, disait-il, ne peut être qu'un délit de notre volonté et non pas de notre nature. » Le disciple de Pélage étai fort clair sur ce point. La présence du siège apostolique ne l'intimidait point. Le saint évêque d'Hippone qui n'a que des paroles de vénération pour Zozime, nous dit que le souverain pontife, voyant Célestins se jeter en furie

 

1 On en trouve des fragments dans le deuxième livre du Péché originel, tome X.

 

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dans son erreur, voulut entreprendre de le ramener et de le prendre sur le terrain des questions et des réponses précises, au lieu de le frapper brusquement. Célestius semblait s'être soumis d'avance à des avertissements utiles, quand il avait écrit ces paroles dans son mémoire à Zozime : « Si quelque erreur vient à surprendre mon ignorance, comme il arrive aux hommes, que votre jugement la corrige. » Zozime agit donc avec Célestius, dit .Augustin, comme avec un homme enflé par le vent d'une fausse doctrine ; il l'invita à condamner ce que lui avait reproché le diacre . Paulin, dans l'assemblée de Càrthage, en 411, et à se soumettre aux lettres d'Innocent; l'hérésiarque se refusa à la première de ces demandes, et n'osa pas résister à la seconde ; il promit même de condamner tout ce que ce siège condamnerait. Selon Augustin, Zozime traita Célestius comme un frénétique, à l'égard de qui on use de douceurs pour lui donner du repos (1). Il maintint cependant l'excommunication prononcée par Innocent, et renvoya à deux mois la solution définitive de cette affaire, afin de se donner le temps d'écrire en Afrique et de recevoir les réponses.

Nous n'avons pas à nous demander pourquoi Zozime anathématisa tout d'abord Héros et Lazare , les deux célèbres dénonciateurs de Célestius, et pourquoi il accusa de précipitation Aurèle et les évêques d'Afrique, les plus illustres appuis du monde chrétien. Dans la lettre qu'il écrivait aux évêques africains en faveur de Célestius, le pontife de Rome citait l'exemple de Suzanne, faussement accusée et justifiée miraculeusement ; il disait qu'il ne fallait pas croire tout esprit, mais qu'il fallait examiner longtemps, lorsqu'il s'agissait de la foi d'un homme. Il était d'un meilleur esprit, ajoutait Zozime, de croire difficilement le mal une condamnation précipitée expose à d'incurables blessures. Enfin, après avoir donné aux évêques d'Afrique des leçons de prudence et de modération sous diverses formes, il les invitait à se défier de leur propre jugement, et à se soumettre davantage aux saintes Ecritures et à la tradition (2).

Pour ajouter à la confusion autour de Zozime, de pieuses voix parties d'Orient venaient lui recommander la cause de Pélage. La présence

 

1 Du péché originel. liv. II, ch. 6.

2 Appendix, tome X, Œuvres de saint Augustin, édit. des Bénédictins, p. 98 et 99.

 

de Pélage à Jérusalem avait toujours empêché les évêques de la ville sainte de bien apprécier cette question; Prayle, ainsi que beaucoup d'autres, séduits par les adroits mensonges du moine breton, voyaient en lui un catholique dont on méconnaissait les sentiments, et le présentait comme tel à la justice du pontife de Rome ; c'est à Innocent que l'évêque de Jérusalem avait écrit; la lettre ne put être remise qu'à son successeur. Pélage adressait aussi au Pape une justification (1); il ne voulait pas que nul ne fût assez impie pour refuser aux enfants la rédemption commune à tout le genre humain, mais il trouvait toujours le moyen de laisser dans les obscurités du doute le dogme du péché originel. Tout en reconnaissant le secours de Dieu dans les bonnes actions de l'homme, il s'abstenait de définir ce secours; ce qui laissait à son hérésie une grande facilité. Pélage rappelait sa lettre à Innocent comme complément de l'exposition de sa foi; mais cette lettre même ne renfermait ni une croyance positive au péché originel ni une reconnaissance précise de la grâce : elle avait pour but de tromper les simples , selon l'expression de saint Jérôme (2) : Zozime écrivit donc aux évêques d'Afrique en faveur de Pélage, et nous comprenons très-bien que les équivoques du moine breton l'aient abusé; nous nous expliquons moins facilement sa méprise à l'égard de Célestius, dont l'audacieuse parole dédaignait les ressources de l'ambiguïté.

Dans sa lettre (3) sur Pélage , le pape parle d'abord de la profession de foi qu'il a reçue du moine breton, et dont la lecture a été publique. « Plût à Dieu, dit-il aux évêques d'Afrique, que l'un de vous eût pu assister à cette lecture ! Quelle fut la joie, quelle fut l'admiration des saints hommes qui étaient là ! Quelques-uns d'entre eux pouvaient à peine retenir leurs larmes, en songeant que de tels sentiments avaient été poursuivis. » En regard de ce Pélage, indignement attaqué, Zozime montre Héros et Lazare, qu'il appelle des tourbillons et des tempêtes (4). Il suppose que les évêques d'Afrique ont été trompés par les prélats des Gaules, dont la vieille habitude, dit-il , est d'attaquer l'innocence ; le pape cite des exemples de ces accusations calomnieuses.

 

1 Appendix, tome X, p. 96.

2  Commentaires sur Jérémie.

3 Appendix, tome X, p. 100.

4 Turbines Ecclesiae vel procellae.

 

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« Il ne convient pas à l'autorité épiscopale et surtout à votre prudence, dit Zozime aux «évêques d'Afrique, de s'arrêter à des bruits légers. Voilà Pélageet Célestius , qui, dans leurs lettres et leurs confessions de foi , sont au pied du Siège apostolique. Où est Héros? est Lazare ? noms qui doivent être couverts de honte par des faits et des condamnations. Où sont les jeunes gens, Timase et Jacques, qui ont fait connaître certains écrits, comme on le prétendait?.... Aimez la paix, chérissez la charité, attachez-vous à la concorde. Il est écrit: Vous aimerez votre prochain comme vous-même. Peut-on être plus prochain l'un de l'autre que lorsqu'on doit n'être qu'un dans le Christ? Tout vent qui arrive à vos oreilles n'est pas le messager de la vérité. » Zozime engage les évêques à prendre garde aux faux témoignages qui ont toujours produit de grands maux et qui n'avaient pas même épargné le Sauveur, hostie et pontife du monde entier. Il invoque les Écritures, qui recommandent de ne pas jurer légèrement. Les évêques d'Afrique doivent se réjouir d'avoir à reconnaître que des hommes, accusés par de faux témoins,, n'ont jamais cessé d'appartenir à la vérité catholique.

Quel deuil religieux les deux lettres de Zozime durent apporter à Carthage !

Nous voici à un moment solennel dans l'histoire de l'Église. Une grande mission est confiée par la Providence à la persévérante énergie de l'épiscopat africain , et cette mission sera dignement remplie : il appartiendra surtout au génie et à la sainteté d'Augustin de défendre la vérité. Il subsiste peu de traces des vigoureux efforts de l'évêque d'Hippone et de ses collègues pour éclairer Zozime. L'absolution de Pélage et de Célestius eût amené dans l'Église un trouble énorme; quelques lignes de saint Jérôme donnent à croire qu'Augustin avait songé à renoncer à l’épiscopat en cas de réhabilitation des deux hérésiarques. Jérôme écrivait au grand docteur après la victoire : « Vous avez résisté par l'ardeur de votre foi à la violence des vents, et vous avez mieux aimé, autant qu'il a dépendu de vous, vous sauver seul de l'embrasement de Sodome que de demeurer avec ceux qui périssaient.  Votre prudence comprend ce que je veux dire.»

Aurèle se hâta de réunir le plus de collègues qu'il put, et dans une lettre collective, les évêques présents à Carthage supplièrent le pape de ne rien changer à la situation, et d'attendre des informations suffisantes. Ils lui rappelaient que Célestius avait été jugé devant eux; que l'affaire commencée et instruite en Afrique devait se terminer en Afrique, et lui peignaient avec force la gravité du péril. Dieu, qui veille sur l'Église, permit que Zozime, dans sa réponse , laissât les choses au même état jusqu'à l'année suivante. Zozime avait ordonné au diacre Paulin de prendre le chemin de Rome; les évêques d'Afrique crurent devoir retenir le diacre de Milan comme un témoin de la vérité. Au mois de novembre .(417), Carthage vit accourir une multitude d'évêques de la Proconsulaire , de la Numidie et de la Bizacène : c'étaient les provinces les plus voisines; on n'avait pas le temps de convoquer les évêques de tous les points de l'Afrique. Un concile de deux cent quatorze pontifes, ayant pour chef Aurèle et pour génie Augustin (1) , maintint les.décrets, antérieurs.

« Nous avons ordonné, disaient-ils , que la sentence contre Pélage et Célestius, descendue du siège du bienheureux apôtre Pierre, par le vénérable évêque Innocent, demeurera, jusqu'à ce qu'ils avouent, dans une confession de foi très-claire, que la grâce de Dieu, par Jésus-Christ Notre-Seigneur, nous aide dans chacun de nos actes, non-seulement,

pour connaître, mais encore pour faire la justice; de sorte que, sans cette grâce, nous ne pouvons rien penser, rien dire, rien accomplir:qui appartienne à la vraie et sainte piété (2). »

Les deux cent quatorze Pères de ce concile chargèrent le sous-diacre Marcellin de porter à Zozime leur lettre synodale; le sous-diacre de Carthage n'arriva à Rome qu'au commencement du mois de mars 148. Le 29 du mois d'avril , la réponse de Zozime arrivait à Carthage. Cette réponse (3), haute et brève, relevai la dignité du siège apostolique aux dépens de l'épiscopat africain , et laissait entendre quel pontife de Rome aurait pu ne pas communiquer l'affaire de Célestius à Aurèle et à ses collègues; elle annonçait pourtant:que toute chose resterait dans le même état.

Aurèle reçut cette lettre au milieu d'un nouveau concile qui devait être général; les provinces

 

1 ... Cui dux Aurelius, ingeniumque Augustinus erat. Saint Prosper, poème des Ingrats.

2 Prosp. Lib. Contra collat., cap. V, num. 3.

3 Appendix, tome X, Oeuvres de saint Augustin, p. 104.

 

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vinces de Bizacène, de Stèfe, de la Tripolitaine, de la Numidie, de la Mauritanie Césarienne, avaient envoyé leurs évêques au nombre de plus de deux cents. Le ter mai 418, tous ces pontifes, assemblés dans la basilique de Fauste, anathématisèrent en neuf canons (1) les doctrines pélagiennes. Ils informèrent (2) Zozime de leurs décrets, en le mettant en garde contre les pièges de l'ennemi.

La vérité était ainsi partie d'Afrique avec tous les caractères d'un assentiment universel et la plus imposante autorité. Qu'allait faire Zozime? Augustin attendit à Carthage sa réponse. Oh ! que de prières et de pleurs il dut répandre pour que Dieu éclairât de sa lumière le pontife de Rome et détournât de l'Eglise la calamité d'une division ! Ce n'est pas à son propre génie qu'il obéissait dans cette question l'adhésion de tant de saints et de savants évêques, et surtout les belles lettres du pape Innocent , lui apparaissaient comme l'infaillible interprétation des Ecritures. La loi d'Honorius contre les pélagiens , datée de Ravenne , le 30 avril (3) , lui fut sans doute d'un bon présage. Tillemont observe que saint Augustin appelle le rescrit d'Honorius une réponse; ce qui prouve que les évêques d'Afrique avaient demandé la loi à l'empereur. Baronius suppose gratuitement que Zozime sollicita cette loi ; la lettre de Zozime du 24 mars , si peu favorable aux décisions des évêques d'Afrique, rend inadmissible au contraire l'opinion de Baronius. Il y aurait plutôt quelque vérité à croire que le rescrit d'Honorius excita le pape à mieux creuser cette affaire.

Après avoir reçu la lettre synodale du concile du 1er mai 448, le souverain pontife somma Célestius de comparaître devant lui; l'hérésiarque refusa et sortit de Rome. Alors Zozime, plein d'une vive ardeur pour la vérité qui venait de lui être révélée, écrivit aux évêques d'Afrique, et puis envoya aux quatre coins du monde une lettre (4) où il condamnait Célestius, Pélage et leur enseignement tout entier. C'était, disait-il, par un instinct de Dieu, auteur de tout bien, qu'il avait communiqué cette affaire aux évêques d'Afrique.

 

1 Tome II, Concil. Le concile de Carthage, du  1er mai 418, publia aussi dix canons sur la réunion des donatistes pour mettre fin à plusieurs difficultés entre les évêques.

2 Cette lettre est perdue ; saint Augustin en a donné des fragments (liv. à Bonif) , et Mercator en parle. Commonit.

3 Appendix, tome X, p. 105.

4 Cette lettre est perdue ; saint Augustin, saint Prosper, le pape Célestin, nous en ont conservé des fragments.

 

L'univers catholique reçut les décrets des conciles de Carthage. L'Eglise africaine n'eut jamais une plus grande joie ni un plus grand honneur. Une sorte de profession de foi de Zozime fut signée par tous les évêques de la terre, ce qui fait dire à saint Prosper que Zozime avait mis aux mains de tous les pontifes l'épée de saint Pierre; dix-huit évêques, la plupart italiens ou siciliens, refusèrent de souscrire à cette déclaration catholique; la déposition et l'excommunication les punirent de leur résistance. Ils avaient pour chef Julien, évêque d'Eclane en Campanie, ce Julien contre lequel Augustin combattra jusqu'à sa dernière heure. Frappés par tant de condamnations, les pélagiens sollicitèrent, mais en vain, un concile oecuménique comme pour éterniser une cause définitivement jugée. On vit les dix-huit évêques pélagiens, chassés de leur pays, promener leur défaite à travers le monde, chercher des amis à Constantinople, à Thessalonique, à Ephèse, et s'épuiser en efforts pour ressaisir une puissance brisée. Pélage, plus tard, condamné encore à Antioche, fut chassé de Jérusalem par l'évêque Prayle. Le nouveau Catilina , disait saint Jérôme, a été expulsé de la ville sainte.

Ainsi , l'Orient et l'Occident s'étaient unis dans une même réprobation de la doctrine pélagienne, et la foi chrétienne sortait triomphante d'une terrible épreuve. Saint Prosper, le poète de la grâce comme saint Augustin en est le docteur, accorde à l'évêque d'Hippone la gloire d'avoir contribué entre .tous à cette oeuvre immense. II dit qu'Augustin a donné à ses contemporains une lumière empruntée à la vraie lumière; que Dieu a été sa nourriture, sa vie et son repos; que l'amour du Christ a été sa seule volupté ; qu'en ne s'accordant aucun bien, il a trouvé tout en Dieu, et que la sagesse a régné dans le saint temple. Abordant ensuite la question pélagienne, le poète dit que, parmi les gardiens du troupeau sacré , Augustin est celui quia le plus travaillé et le mieux travaillé ; qu'il a arrêté l'ennemi, trompé ses ruses, coupé ses chemins; que de sa bouche des fleuves de livres ont coulé sur le monde, et que les doux et les humbles s'y sont abreuvés (1). Julien de Campanie fait à Augustin le beau et magnifique reproche d'avoir tout inspiré et tout dirigé contre les pélagiens. En présence d'un tel service rendu à la foi, il nous

 

1 De Ingratis.

 

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semble que des paroles de notre bouche affaibliraient la louange, et nous sommes heureux d'avoir à reproduire ici quelques lignes du grand homme de Bethléem adressées au grand homme d'Hippone.

« Courage, disait Jérôme à Augustin (1) ;votre nom est illustre dans l'univers. Les catholiques vous vénèrent et vous admirent comme le restaurateur de l'ancienne foi (2) ; et, ce qui est le signe de la plus grande gloire, vous êtes détesté par les hérétiques; ils me poursuivent d'une égale haine, et, ne pouvant

 

1 Lettre 225.

2 Conditorem antiquae rursum fidei.

 

nous tuer par l'épée, ils nous tuent par leurs souhaits. »

Augustin aimait sans doute à voir le nom de son cher Alype se mêler au sien sur les lèvres de Jérôme. « Je voudrais, » leur disait le vieux solitaire, et cette lettre est une des dernières qu'il ait écrites, « je voudrais avoir les ailes de la colombe pour m'envoler vers vous; Dieu sait avec quelle joie je vous embrasserais tous les deux, surtout en ce temps-ci où vous venez de donner le coup de mort à l'hérésie de Célestius (1). »

 

1 Lettre 202.

 

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